• il y a 2 ans
Mardi 19 septembre 2023, SMART IMPACT reçoit Olivier Boucher (Climatologue, Directeur adjoint de l’institut Pierre Simon Laplace, Directeur de recherche au CNRS) , Sheryline Thavisouk (Cofondatrice, Papondu) et Justine Lecallier (COO, Circul'Egg)

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Transcription
00:00 [Musique]
00:07 Bonjour, bonjour à toutes et à tous.
00:09 Bienvenue, c'est Smart Impact, l'émission des entreprises à impact positif.
00:14 Voici le sommaire avec deux grands thèmes.
00:15 Mon invité, c'est Justine Lecallier, la directrice des opérations de Circul-Egg.
00:20 Cette entreprise qui revalorise les coquilles d'œufs
00:24 vient de recevoir le prix Ono BHF des jeunes entrepreneurs.
00:27 Notre Zoom, il porte sur les effets des nouvelles règles du transport maritime
00:31 qui ont permis de réduire de plus de 80% la pollution de soufre des navires.
00:37 Ont-elles paradoxalement contribué au réchauffement de l'océan ?
00:42 La revue Science émet cette hypothèse.
00:44 Voilà pour les titres.
00:45 On a 30 minutes pour les développer.
00:46 C'est parti.
00:48 [Musique]
00:54 Bonjour Justine Lecallier, bienvenue.
00:56 Bonjour.
00:57 Vous êtes donc la directrice des opérations de Circul-Egg
01:00 avec son créateur Yacine Kabech qu'on avait reçu ici même il y a quelques mois,
01:05 voire quelques années.
01:05 Vous avez reçu le prix Ono BHF des jeunes entrepreneurs
01:09 dont BeSmart est partenaire, le prix de l'encouragement, c'est ça ?
01:12 Exactement.
01:14 On va dire un mot de ce que ce prix peut représenter pour une entreprise comme la vôtre.
01:17 Mais d'abord, je voudrais qu'on…
01:18 Il y a sans doute pas mal de téléspectateurs qui ne connaissent pas Circul-Egg.
01:22 C'est quoi ?
01:23 Circul-Egg, c'est une entreprise effectivement créée en avril 2020.
01:26 Notre mission, c'est de donner une seconde vie à tous les coproduits de l'industrie agroalimentaire,
01:31 en commençant par les coquilles d'œufs,
01:32 pour vraiment recréer du lien entre des filaires industriels qui n'existaient pas avant
01:35 dans une démarche circulaire et locale.
01:37 Et concrètement, on s'est attaqué aux coquilles d'œufs
01:39 puisqu'il y a 40 000 tonnes de coquilles qui sont rejetées chaque année en France
01:42 par l'industrie agroalimentaire.
01:43 On a développé un procédé industriel breveté pour récupérer la coquille d'œuf,
01:49 la décontaminer, la séparer.
01:51 On sépare la coquille de la membrane
01:53 et avec la coquille et la membrane, on en fait de nouveaux ingrédients à très haute valeur.
01:55 Parce que c'est riche en fait une coquille d'œuf ?
01:57 Exactement, il y a énormément de trésors derrière une coquille d'œuf.
02:01 En fait, déjà il y a la coquille externe qui contient du carbonate de calcium.
02:05 C'est un minéral qu'on retrouve dans beaucoup d'applications,
02:07 à la fois dans les matériaux, comme un agent de charge.
02:11 Et aujourd'hui, la plupart du carbonate de calcium provient de l'extraction des carrières de calcaire,
02:14 donc il y a un impact important.
02:16 On propose une alternative biosourcée recyclée.
02:19 Ensuite, on peut l'utiliser comme apport calcium dans l'alimentation.
02:22 Et puis il y a surtout cette petite membrane interne,
02:24 qu'on en écaille un œuf.
02:25 Qu'on a parfois du mal à retirer.
02:26 Exactement, qui est très embêtante.
02:27 Et bien ça, c'est cette membrane qui a énormément de valeur ajoutée,
02:31 puisqu'elle contient ce qu'on appelle du collagène,
02:33 de l'acide hyaluronique, de la chondroéthine sulfate.
02:36 Donc des mots qui peuvent sonner barbares,
02:37 mais en fait c'est des biomolécules d'intérêt
02:39 qui ont des propriétés prouvées cliniquement sur la diminution des douleurs articulaires,
02:42 sur la beauté de la peau et des cheveux.
02:44 Oui, donc j'entends collagène, je pense effectivement tout le secteur de la beauté, de la cosmétique.
02:51 Si on fait un peu la liste des secteurs qui sont d'ores et déjà intéressés
02:55 par ce que propose CirculEgg ?
02:58 Alors effectivement, on est un peu multisecteur.
02:59 Nous, on est des ingrédientistes.
03:00 Pour la membrane, on va l'adresser en priorité au secteur du complément alimentaire,
03:04 sur les axes beauté effectivement et articulaire,
03:07 comme une source de collagène qui vient remplacer aujourd'hui le collagène.
03:10 C'est un marché qui est en plein boom.
03:11 Mais la plupart du collagène, ce que les consommateurs ne savent pas,
03:15 c'est que la plupart du collagène provient souvent d'extractions bovines, porcines ou marines,
03:19 issus d'Amérique latine, et souvent d'élevages intensifs,
03:22 qui peut amener même à la déforestation.
03:24 Il y a eu un article de Guardian qui montrait les liens entre le boom du collagène
03:27 et les déforestations en Amérique latine,
03:29 parce qu'il y avait des élevages bovins spécialement pour produire du collagène.
03:33 Nous, on propose une source locale, biosourcée, végétarienne de collagène pour ces secteurs-là,
03:37 et aussi la paix de food, et même la nutrition pour sportifs, et la coquille externe.
03:42 Donc là, c'est les matériaux, plutôt comme je le disais, la peinture, le revêtement de sol, le verre.
03:47 On peut le mettre dans énormément d'applications.
03:48 - Donc, c'est vraiment intéressant, parce qu'on est dans des enjeux de relocalisation,
03:53 de souveraineté, d'une certaine façon, disons les mots,
03:56 et, effectivement, d'impact environnemental beaucoup plus faible, avec ce que propose Circulate.
04:02 Vous avez donné le chiffre de 40 000 tonnes de coquilles générées chaque année.
04:06 Il faut savoir que la France, alors, on fait le match avec l'Allemagne,
04:08 mais le premier producteur européen d'œufs.
04:12 - Oui, clairement.
04:13 - Donc, c'est un marché gigantesque.
04:15 Et ce sont les casseries d'œufs, c'est ça, qui s'occupent de séparer la coquille du contenu.
04:23 Ce sont vos partenaires, vos fournisseurs.
04:26 Comment ça se passe avec les casseries d'œufs ?
04:28 - Donc, effectivement, les casseries, souvent, c'est un métier inconnu du grand public.
04:32 C'est ces usines qui cassent les œufs.
04:34 Eux, c'est vraiment nos partenaires qui nous fournissent la matière première.
04:37 On est vraiment... On veut mettre en place avec eux un partenariat gagnant-gagnant,
04:41 puisque l'idée, c'est qu'aujourd'hui, en fait, ils doivent payer pour s'en débarrasser de ces coquilles d'œufs,
04:45 et souvent, c'est des valorisations à faible valeur ajoutée,
04:48 voire un impact négatif comme l'incinération ou l'épandage.
04:52 Et surtout qu'elles ont une pression réglementaire des autorités sanitaires
04:55 qui les poussent à trouver d'autres alternatives plus durables pour valoriser leurs coquilles.
04:58 C'est-à-dire qu'elles n'ont pas le droit de juste prendre leurs coquilles,
05:01 les mettre sur les sols agricoles, parce qu'avec la grippe aviaire, en plus,
05:03 il y a des risques de contamination des sols.
05:05 Et donc, elles, elles ont un enjeu.
05:07 Nous, on répond...
05:07 - Vous leur rachetez ou ils vous donnent cette matière première ?
05:10 - Aujourd'hui, on a mis en place un partenariat où on récupère gratuitement la coquille d'œufs.
05:14 Mais demain, on veut mettre en place, dès lors qu'on atteint une rentabilité suffisante,
05:18 ça fait partie aussi des ambitions de Circulate,
05:20 que c'est mettre en place un partenariat gagnant.
05:22 On les revalorise, on rehausse toute la filière agricole.
05:24 On ne sait pas encore quel modèle ça va prendre.
05:26 Est-ce que ça va prendre le modèle d'un rachat de la matière première ?
05:28 Est-ce que ça va prendre un modèle de "June Venture" ?
05:30 Puisqu'en fait, on a pour ambition d'installer des modules à la sortie de toutes les casseries,
05:34 que ce soit en France, mais aussi en Europe, voire aux États-Unis et en Asie.
05:37 - Logique de circuit court, évidemment.
05:38 - Exactement.
05:39 Et donc là, on peut penser à des modèles,
05:40 on peut être très créatif dans les modèles à mettre en place avec nos partenaires.
05:43 - Cette volonté, finalement, de faire bénéficier l'écosystème de l'innovation Circulate,
05:49 ça va jusqu'aux éleveurs ?
05:50 - Oui, c'est l'idée, effectivement.
05:51 L'idée, c'est qu'on arrive à remonter toute la filière
05:54 et qu'on rétribue aussi les éleveurs pour les encourager aussi dans une transition agroécologique.
05:59 On sait qu'aujourd'hui, dans la filière agricole, chaque centime compte.
06:02 S'ils n'ont pas forcément beaucoup d'aide pour changer vers un modèle plus respectueux
06:06 que ce soit du bien-être animal, mais aussi des pratiques.
06:09 Nous, si on peut les encourager avec notre business model à aller vers ces filières,
06:13 on aimerait bien pouvoir remonter jusqu'aux éleveurs.
06:15 - Alors, vous clôturez une levée de fonds importante, 5 millions d'euros, c'est ça ?
06:20 - Exactement.
06:20 - Avec quelle idée ?
06:23 C'est un financement de l'industrialisation de Circulate ?
06:27 On en est à cette étape de votre histoire ?
06:29 - Oui, on avait déjà fait une première levée de fonds il y a deux ans maintenant.
06:32 Là, on clôture effectivement cette deuxième avec un fonds d'investissement,
06:36 un pacte de référence notamment, et des business angels clés dans le secteur des industries qui nous intéressent.
06:42 Et cette levée de fonds va nous servir à financer l'ouverture de notre première usine,
06:46 qui aura lieu officiellement en novembre prochain.
06:49 Ça fait un an qu'on travaille dessus avec les travaux qui ont été effectués cette année.
06:53 La première ligne sera opérationnelle en novembre.
06:56 Et d'ailleurs, on fait une journée d'inauguration.
06:59 Vous êtes le bienvenu.
07:00 - C'est gentil, merci pour l'invitation.
07:03 Vous avez choisi la Bretagne, le site est situé à Janzé. Pourquoi ce choix ?
07:08 - Alors déjà, il y a les poulets de Janzé.
07:09 Janzé, c'est une très belle région.
07:11 Et parce que c'était stratégique.
07:13 L'idée, c'était d'être au barricentre entre toutes les casseries partenaires.
07:17 En fait, aujourd'hui, on travaille déjà avec les plus grosses casseries.
07:20 C'est un marché très concentré qui représente déjà 80% du volume de coquilles rejetées.
07:24 Et elles sont toutes situées en Bretagne, Pays de la Loire, Normandie.
07:27 Donc Janzé, c'est vraiment à équidistance entre ces casseries.
07:31 - Ça correspond à l'objectif de Circuit Court dont vous parliez tout à l'heure.
07:35 Combien de tonnes de coquilles d'œufs cette usine sera susceptible de traiter chaque jour ?
07:41 Parce que c'est en jours, c'est tonnes, jours.
07:43 - Exactement. Alors ça va être une montée en cadence progressive.
07:46 Au début, on parle en shift, donc en équipe de travail.
07:51 Donc sur une équipe de travail, on sera capable de traiter 5 tonnes sur la première ligne.
07:54 A terme, on pourra traiter jusqu'à 50 tonnes par jour de coquilles d'œufs sur cette usine.
08:00 Sachant que c'est qu'une étape intermédiaire, puisque comme je vous l'ai dit, l'objectif final,
08:03 et ça c'est en cours de développement, c'est un programme de recherche-développement qu'on a,
08:06 c'est d'installer des modules directement à la sortie des casseries
08:09 pour s'adapter aux cadences des casseries.
08:12 C'est-à-dire qu'on serait en flux tendu.
08:14 - Quand vous dites des modules, ça veut dire qu'on crée quand même une usine à côté,
08:19 plus petite que celle que vous avez créée là ?
08:21 C'est quoi l'idée derrière ces modules ?
08:23 - Pour faire très schématiquement, c'est d'avoir des containers, un modèle plug and play,
08:26 des containers qu'on puisse facilement dupliquer.
08:29 Donc aller à la sortie de la casserie, il y a de l'espace foncier disponible,
08:32 on viendrait installer notre container,
08:34 et ce container, il y aurait une vis sans fin qui relierait la casserie à notre module,
08:42 et pour récupérer les coquilles directement à la sortie de la casserie,
08:46 et ensuite dupliquer ce modèle très facilement à l'échelle internationale.
08:50 - Dans cette usine de Genzé, il y a combien d'emplois créés ?
08:53 Est-ce que c'est très automatisé ? Est-ce qu'il y a quand même des emplois ? Et si vous voulez, quels ?
08:59 - Oui, alors effectivement, le but, c'est d'automatiser au maximum.
09:02 Néanmoins, il y aura un grand centre de recherche et développement qu'on va développer,
09:05 puisqu'en fait, ce qu'il faut dire, c'est que si Genzé, à terme, deviendra un centre de recherche,
09:09 on va valoriser d'autres coproduits. On ne veut pas s'arrêter à la coquille d'œuf.
09:12 Donc au total, d'ici l'année prochaine, il y aura déjà au moins une bonne quinzaine d'emplois créés,
09:17 et à terme, il y aura une cinquantaine de personnes employées sur ce site pour nos projets de recherche.
09:20 - Alors justement, d'autres coproduits de l'agriculture, ça pourrait être quoi ?
09:24 Sans livrer de secrets ?
09:26 - Oui, on regarde.
09:27 Déjà, il faut savoir qu'il y a 12 millions de tonnes de coproduits
09:30 qui sont rejetés chaque année en France par l'industrie agroalimentaire,
09:32 et 80% sont dits faiblement valorisés, surtout à destination de l'énergie ou utilisés comme fertilisants.
09:37 Donc il y a un large choix disponible.
09:39 Nous, notre procédé, on pense qu'il peut s'adapter à différents types de coproduits,
09:43 notamment dans les minéraux.
09:45 Alors on pourrait devenir un expert des minéraux biosourcés,
09:48 avec d'autres coproduits à coque, notamment, qui pourraient être valorisés.
09:52 Ça, c'est des pistes qu'on creuse un petit peu avec nos partenaires.
09:55 - Je le disais en présentation, vous avez reçu ce prix de l'encouragement
09:58 Odo BHF des zones entrepreneurs.
09:59 Qu'est-ce que ça représente pour une jeune entreprise comme la vôtre ?
10:02 - Alors nous, le concours Odo BHF, je crois que c'était la deuxième édition.
10:05 On en avait entendu parler dès la première édition, et c'est un concours déjà très prestigieux.
10:09 On a pu pitcher devant des experts dans leur domaine de référence.
10:14 Pour en citer quelques-uns dans notre jury, il y avait Sophie Lacoste,
10:17 Philippe Odo, bien sûr, Michael Benailloux,
10:19 donc des personnes vraiment des monstres dans leur domaine d'activité.
10:22 Donc c'était assez impressionnant.
10:23 Ça nous a permis aussi de renforcer la légitimité dans notre projet
10:27 et de gagner en visibilité.
10:29 Et bien sûr, il y a une dotation financière qui n'est pas négligeable.
10:32 - Merci beaucoup Justine Lecallier.
10:34 A bientôt sur Vif Mard, Bonvent à Circul-Egg.
10:37 On passe au Zoom de ce Smart Impact.
10:40 On cherche les causes du réchauffement de l'océan.
10:43 Le Zoom de ce Smart Impact, on parle du réchauffement de l'océan.
10:53 Bonjour Olivier Boucher, bienvenue.
10:54 - Bonjour.
10:55 - Vous êtes climatologue, directeur adjoint de l'Institut Pierre-Simon Laplace
10:59 et directeur de recherche au CNRS.
11:02 Je propose qu'on fasse peut-être ensemble le constat pour démarrer
11:06 du réchauffement de l'océan.
11:08 On parle de quoi ?
11:09 Est-ce que c'est une accélération à laquelle on est en train d'assister ?
11:12 - Donc on a bien sûr un climat qui se réchauffe
11:14 et donc des océans qui se réchauffent de manière assez continue.
11:18 Bien sûr, il y a des années avec un petit peu plus de réchauffement,
11:20 des années avec un peu moins de réchauffement.
11:21 Mais ce réchauffement, il est continu.
11:23 Je ne pense pas qu'on puisse parler d'accélération.
11:26 Par contre, il est lancé, il ne va pas s'arrêter tout de suite.
11:29 Ça va continuer et donc c'est effectivement un souci.
11:31 - Oui, parce que quand on...
11:32 Les phénomènes climatiques profonds, évidemment,
11:36 ils sont anticipables longtemps à l'avance et ils ont des effets de très long terme.
11:40 C'est pour ça que les équations de transformation environnementale sont si compliquées.
11:47 Il y a un effet de ce réchauffement...
11:50 Je vois bien qu'on détaille un peu les effets du réchauffement océanique.
11:54 On l'a vu avec la tempête d'Agnès récemment.
11:57 Qu'est-ce qui s'est passé en Méditerranée ?
11:59 À quel point une eau plus chaude peut alimenter des phénomènes de tempête ?
12:03 - Alors en plus du réchauffement, on a aussi des vagues de chaleur marine,
12:07 donc des réchauffements assez extrêmes par endroit, par saison.
12:12 Et donc on en a connu plusieurs cet été dans l'Atlantique Nord,
12:15 mais aussi dans la Méditerranée.
12:17 Et bien sûr, ça, ça alimente des tempêtes,
12:20 et en particulier pour ce qui est de la Méditerranée et de la tempête d'Agnès que vous citez,
12:24 un phénomène qu'on appelle des médikénes, des sortes d'ouragans de la Méditerranée.
12:27 - Méditerranéens, hurrikénes. - Voilà.
12:30 Et donc celui-là était particulièrement puissant.
12:32 Et surtout, il y a un phénomène de persistance.
12:34 Donc il reste au même endroit pendant longtemps,
12:38 et donc vous avez des cumuls de précipitations qui peuvent devenir très extrêmes.
12:42 - C'est-à-dire qu'il vient se recharger en quelque sorte en mer ?
12:45 Est-ce qu'on peut dire ça comme ça ?
12:47 - Donc la tempête, là, elle était en deux phases.
12:50 Elle est d'abord allée en Grèce, et puis après, où elle a déjà fait pas mal de dégâts,
12:53 et puis après, effectivement, elle s'est rechargée à nouveau en humidité.
12:56 Et puis il y a eu des cumuls de précipitations très importants aussi en Libye.
13:01 - Parce que l'eau plus chaude de la mer Méditerranée fait que la tempête se nourrit plus facilement ?
13:08 - Voilà, l'eau plus chaude va évaporer plus facilement.
13:11 Vous allez avoir plus de vapeur d'eau dans l'atmosphère,
13:14 et cette vapeur d'eau va venir nourrir la tempête,
13:17 puisque quand la vapeur d'eau se condense et devient nuage, puis devient pluie,
13:21 elle dégage de l'énergie, elle dégage de la chaleur,
13:24 qui permet d'alimenter justement la convection et donc la tempête.
13:28 - Alors voilà, pour le constat, parmi les causes, il y a cette surprise, mauvaise surprise.
13:34 On pourrait trouver dans les nouvelles règles du transport maritime,
13:39 qui abaissent depuis 2020 les teneurs en souffre du fioul utilisé par les bateaux.
13:44 C'est la revue Science cet été qui a émis cette hypothèse.
13:48 Déjà, là on va essayer de se faire comprendre, surtout vous d'ailleurs, des Béotiens que nous sommes,
13:55 de quel phénomène on parle ?
13:57 - On ne va pas faire le lien trop rapide entre le réchauffement des océans et ce phénomène,
14:02 mais qui est bien réel, puisqu'il y a effectivement une nouvelle réglementation
14:06 qui impose de diminuer le contenu en souffre des fiouls.
14:10 Il faut savoir que les navires fonctionnent avec du fioul lourd, du mazout, comme on l'appelle parfois,
14:15 et il est très chargé en souffre, et quand on brûle ce combustible, il génère beaucoup de particules.
14:22 Des petites particules, de submiques très petites.
14:25 - Donc ça c'est une pollution avérée, donc on cherche à se débarrasser.
14:29 - C'est une pollution de l'air, c'est pas bon, on respire, ça cause des maladies,
14:33 en particulier quand les bateaux sont dans les ports, mais aussi quand ils sont dans les zones contières,
14:37 parce qu'ensuite vous avez du vent et vous allez aussi respirer ces particules.
14:40 Donc c'est une bonne idée de réduire le contenu en souffre de ces fiouls,
14:45 de manière à améliorer la qualité de l'air.
14:48 Donc ça, c'est une législation qui date des années 2020,
14:54 mais ce qu'on se rend compte aussi, c'est que ces particules,
14:57 elles servent de noyaux de condensation pour former les nuages.
15:01 Les nuages, ce sont des gouttelettes d'eau liquide qui viennent se former sur ces petites particules.
15:07 - Et donc quand ces particules étaient émises en mer,
15:10 c'est-à-dire si on prend le trajet d'un super-tanker par exemple,
15:15 avec du fioul souffri, il va favoriser la création de nuages, c'est ce que je comprends de votre explication.
15:21 - Voilà, tant qu'on avait du fioul souffri, on générait beaucoup de particules,
15:24 et on allait former des nuages qui contenaient plus de gouttelettes,
15:29 et donc qui étaient plus réfléchissants.
15:31 Et donc maintenant qu'on a réduit ces concentrations en particules,
15:36 on va avoir des nuages qui vont revenir comme ils étaient avant,
15:38 c'est-à-dire avec moins de particules et un petit peu moins réfléchissant.
15:42 Donc ça veut dire qu'ils réfléchissent moins du rayonnement solaire vers l'espace,
15:47 et donc un petit réchauffement supplémentaire pour l'océan.
15:51 - Alors, on dit « hypothèse émise par la revue « Science », ça veut dire quoi ?
15:54 Ça veut dire qu'il y a eu là, parce que c'est récent cette législation, vous l'avez dit, 2020,
15:59 on s'est posé la question cet été notamment dans certaines zones particulières,
16:04 d'un lien entre l'absence ou la réduction du soufre dans le fioul
16:09 et le réchauffement de l'océan à cet endroit-là.
16:12 Est-ce que ça peut être aussi précis que ça ?
16:15 - Oui, c'est assez précis parce qu'on a des mesures satellitaires,
16:19 et puis tous ces bateaux, vous parliez de supertankers,
16:22 ils voyagent un petit peu toujours dans les mêmes couloirs.
16:25 - Oui, il y a des autoroutes maritimes.
16:27 - On sait où ils sont, et donc on peut regarder ces couloirs avec l'imagerie satellitaire.
16:31 On peut comparer à la période avant les années 2020, quand on avait l'ancien fioul, si vous voulez.
16:36 On peut aussi comparer les couloirs et puis juste à côté des couloirs,
16:39 et on voit bien que les propriétés des nuages sont différentes,
16:42 et que les nuages, maintenant, sont un petit peu moins réfléchissants.
16:45 Donc il y a une étude qui a été publiée cet été, et ça c'est très robuste, je pense.
16:49 Ce n'est pas une hypothèse, c'est un fait.
16:52 Par contre, ce qui est beaucoup plus incertain, c'est l'ampleur de ce phénomène.
16:56 - C'est-à-dire le niveau de réchauffement, par exemple ?
16:58 - Voilà. Si on veut ensuite traduire ça en niveau de réchauffement,
17:01 c'est un petit peu plus compliqué.
17:03 Il y a des incertitudes, et donc on peut faire un petit calcul,
17:06 mais on voit que ça contribue bien sûr au réchauffement, mais ce n'est pas non plus un terme majeur.
17:10 - Quand une étude comme celle-là paraît,
17:13 il y a vous, les scientifiques, qui nous alertez depuis, parfois,
17:18 pour vous, je ne sais pas, mais pour la communauté, on va dire, des décennies,
17:22 sur les risques du réchauffement climatique, souvent en prêchant dans le désert,
17:26 vous êtes montré du doigt, vous êtes critiqué sur les réseaux sociaux,
17:30 il y a des campagnes qui sont très très dures, parfois, pour les scientifiques.
17:33 Quand une information comme ça paraît, comment elle est perçue ?
17:36 Comment elle peut être utilisée, justement, par ceux qui veulent dénigrer la réalité du réchauffement climatique ?
17:42 Vous voyez ce que je veux dire ?
17:43 "Ah bah oui, on interdit le souffle dans le fioul maritime", regardez l'effet inverse !
17:48 - Oui, là, on a effectivement une situation un petit peu particulière,
17:51 puisqu'on n'a pas de synergie entre ces deux effets.
17:55 On a, c'était vraiment, soit on a une meilleure qualité de l'air, soit on a un climat qui se réchauffe.
17:59 - Qu'est-ce qu'on choisit ?
18:00 - Voilà, qu'est-ce qu'on choisit ? Malheureusement, la vie n'est pas toujours simple.
18:03 Là, je pense qu'il faut quand même améliorer la qualité de l'air, c'est important.
18:07 Et après, on a aussi d'autres leviers pour jouer sur le réchauffement climatique.
18:11 Il faut, bien sûr, réduire les émissions.
18:13 Ces bateaux, ils contribuent aussi au réchauffement climatique,
18:15 parce qu'ils émettent du dioxyde du carbone, du CO2, donc il faut aussi réduire ces émissions de CO2.
18:20 - Cette mesure de réduction, finalement, de la part de soufre dans le fioul maritime,
18:27 elle avait été bien appliquée par le secteur, partout sur la planète.
18:33 Comment ça a été accueilli ?
18:35 Parce qu'avec une étude comme celle-là, j'imagine que certains gros opérateurs vont dire,
18:39 qu'est-ce qu'on fait, on arrête, on continue ?
18:42 - Je pense maintenant que c'est lancé, ça ne va pas s'arrêter.
18:45 Mais effectivement, l'Organisation maritime internationale,
18:47 c'est un organisme international qui n'est pas vraiment régulé par les gouvernements.
18:51 Ils ont pris cette décision, je pense, parce que déjà, c'était réalisable.
18:55 On sait désulfuriser le fioul.
18:58 Et puis, ils voulaient donc effectivement faire quelque chose pour la qualité de l'air, et c'est bien.
19:03 Mais l'impact sur le réchauffement n'a peut-être pas été réfléchi jusqu'au bout.
19:07 Et donc maintenant, c'est pour ça que c'est important de travailler sur le CO2.
19:10 - Est-ce que vous préconisez de remettre un peu plus de soufre dans le fioul maritime ?
19:14 - Je ne dirais pas jusque-là. Après, peut-être ce qu'on aurait pu faire,
19:18 c'est réfléchir à avoir peut-être différents types de fioul suivant là où est le bateau.
19:23 Parce que quand il est au milieu du Pacifique, c'est vrai que la qualité de l'air n'est pas un sujet,
19:28 vraiment, parce que ces particules, elles ne restent pas très longtemps dans l'atmosphère.
19:31 Elles retombent beaucoup plus rapidement.
19:33 Par contre, quand le bateau n'est pas très loin des côtes ou dans les ports,
19:36 là, effectivement, il faut absolument désulfuriser.
19:39 - Ce soufre, certains chercheurs disent qu'on pourrait l'injecter dans la stratosphère
19:43 pour créer un effet miroir. Vous en pensez quoi de cette idée ?
19:47 - Donc ça, c'est vraiment le plan B, voire le plan C.
19:50 C'est-à-dire que ce n'est pas désirable. Ça a tout un tas d'effets secondaires.
19:56 Mais on pense que, dernier recours...
19:59 - C'est-à-dire que si les solutions qui ont été mises en place ne sont pas suffisantes
20:03 et qu'on a un niveau de réchauffement trop important, on pourrait en arriver là ?
20:08 - Si, en 2050 ou en 2070, on se retrouve avec 3 degrés de réchauffement.
20:13 C'est plutôt pour la fin du siècle.
20:15 Je pense qu'on réfléchira peut-être à deux fois.
20:18 On se posera la question de savoir si on peut refroidir le climat de manière artificielle.
20:22 Une des techniques qui est proposée, c'est d'injecter ces particules,
20:26 non pas à la surface de la planète, là où on peut les respirer,
20:29 mais beaucoup plus haut dans l'atmosphère.
20:31 - Quand on dit stratosphère, on est à quelle...
20:33 - On est à 15 km, à peu près, dans les tropiques,
20:36 un peu moins dans les moyennes et hautes latitudes,
20:38 mais on injecterait les particules à ces altitudes-là.
20:42 - Qu'est-ce qui se passerait ? Comment ça marche ?
20:44 - Ces particules interagissent avec le rayonnement solaire
20:47 parce qu'elles sont de taille très petite.
20:49 C'est une taille qui est très proche de la longueur d'onde du rayonnement solaire,
20:53 de l'ordre de 500 micromètres.
20:55 Et ces particules sont plus petites,
20:58 plutôt de 0,5 micromètre, 550 nanomètres.
21:04 Elles interagissent de manière assez efficace avec le rayonnement solaire
21:09 et le diffusent un peu dans toutes les directions,
21:12 mais en particulier vers l'espace.
21:14 Vous avez plus de rayonnement solaire qui repart vers l'espace.
21:17 En temps normal, en moyenne, il y en a à peu près 30 %.
21:19 Là, on ferait en sorte qu'il y en ait peut-être 31 %.
21:22 Et donc, moins de rayonnement solaire qui vient être absorbé par la planète.
21:26 Quelque part, on vient contrecarrer l'effet de serre.
21:29 Mais c'est loin d'être une solution parfaite.
21:31 Il y a toutes sortes d'inconvénients.
21:33 Il y a un petit côté apprenti sorcier quand on lit ça.
21:38 Mais vous dites quoi ?
21:39 Vous dites qu'il ne faut pas se priver de rechercher,
21:44 d'avancer dans cette direction-là au cas où, c'est ça ?
21:47 Il ne s'agit pas de déployer ça ni aujourd'hui, ni demain, ni même dans 10 ans.
21:51 Je pense que la priorité, c'est vraiment de réduire les émissions
21:54 de dioxyde de carbone et des autres gaz à effet de serre.
21:57 Mais il ne faut pas s'interdire de faire la recherche
21:59 parce que le temps de la recherche se fait sur le temps long.
22:02 Donc, on a besoin d'accroître le niveau de connaissance
22:06 sur ces techniques-là aussi, même si elles sont très imparfaites.
22:09 On parle de techno-solutionnistes.
22:11 Il y a d'autres techniques similaires sur lesquelles, selon vous,
22:15 il faut travailler, même si ce n'est pas la priorité ?
22:20 Oui, il y a quelques techniques, mais on a vite fait le tour.
22:25 Il y a celle-ci et une autre technique qui consisterait
22:27 à rendre ces nuages maritimes plus brillants,
22:30 mais cette fois-ci en injectant des particules
22:32 qui ne sont pas des particules de soufre du haut bateau,
22:35 mais qui seraient plutôt des particules de sel marin.
22:37 Ça ne paraît pas impossible, mais c'est plus compliqué sans doute.
22:40 Après, il y a une autre classe de technique
22:43 sur laquelle il faut aussi faire la recherche,
22:45 qui est la captation du CO2 atmosphérique,
22:47 c'est-à-dire comment aller rechercher le CO2 dans l'atmosphère.
22:50 Bien sûr, c'est plus facile de ne pas l'émettre.
22:52 Il faut commencer par là, mais quand il y en a trop,
22:55 et puis dans certains cas, c'est quand même difficile
22:57 de ne pas émettre du CO2, l'idée,
22:59 c'est d'aller essayer d'en rechercher.
23:01 C'est extrêmement coûteux et ce n'est pas facile.
23:04 Merci beaucoup Olivier Boucher, c'était passionnant.
23:06 A bientôt sur Bsmart.
23:08 On passe à notre rubrique consacrée aux start-up éco-responsables,
23:11 c'est Smart Ideas.
23:13 Smart Ideas, la bonne idée du jour,
23:21 elle est signée Gauthier de Carquet, bonjour.
23:23 Bienvenue, vous êtes le co-fondateur de Send to Green,
23:26 créé en avril 2022 avec Wissal Ben Moussa et Benjamin Rombaud.
23:31 Et avec quelle idée ? C'est quoi l'idée de départ, dites-moi ?
23:34 Effectivement, avec une idée assez simple,
23:36 qui est celle de lutter contre la désertification.
23:39 Alors pourquoi ? Parce qu'il y a déjà plusieurs années de ça.
23:42 On est parti d'un constat, c'est que la désertification,
23:45 ce phénomène qui fait avancer les déserts petit à petit,
23:48 nous fait perdre à l'humanité
23:50 entre 13 et 15 millions d'hectares chaque année.
23:53 Alors 13 millions, on a un peu de mal à se représenter ce que ça veut dire,
23:56 mais c'est l'équivalent de 1 ou 2 terrains de foot
23:59 qui disparaissent toutes les 5 secondes.
24:01 Donc c'est assez colossal en fait.
24:03 Et nous, on s'est dit qu'au regard des enjeux alimentaires,
24:07 des enjeux de dérèglement climatique,
24:09 il fallait absolument lutter contre ce phénomène-là.
24:11 Oui, parce que vous l'avez dit, double enjeu, l'alimentaire,
24:14 mais aussi ce sont des puits de carbone qui disparaissent aussi
24:17 à chaque fois que le désert avance.
24:19 C'est exactement ça, en fait.
24:21 Tous ces enjeux sont liés, donc vous pouvez l'imaginer.
24:24 Mais la FAO dit qu'on aura besoin de 2 milliards d'hectares
24:27 de terres agricoles en plus,
24:29 et dans le même temps, nos forêts doivent être protégées,
24:32 nos terres agricoles disparaissent avec cette désertification.
24:35 Et donc nous, on s'est dit que plutôt que d'aller chercher
24:37 ces nouvelles terres agricoles dans les forêts,
24:39 il fallait les régénérer à partir de ces terres arides
24:42 qui sont aujourd'hui considérées comme impropres
24:44 à toute forme d'agriculture,
24:46 et donc de réintégrer ces terres arides
24:48 dans le paradigme de l'agriculture mondiale.
24:50 - Ok, donc ça c'est le point de départ,
24:52 sauf qu'ensuite il y a la réalisation, il faut trouver de l'eau,
24:54 évidemment, par définition.
24:56 Donc comment vous faites, c'est quoi le principe ?
24:58 - Alors nous, on a travaillé pendant 3 ans
25:00 pour essayer de mettre en place une solution en 3 temps,
25:03 mais qui se base effectivement sur du dessalement d'eau,
25:06 donc d'eau de mer ou d'eau saumâtre,
25:08 l'eau saumâtre étant une eau qui a une certaine salinité
25:11 comprise dans les sols, et qui fonctionne à énergie solaire.
25:14 Et donc c'est là où, dans le désert, ça devient intéressant
25:16 puisque ce dessalement va nous permettre
25:19 de faire venir de l'eau dans nos plantations
25:21 pour ensuite justement pouvoir commencer le processus
25:23 de régénération des sols.
25:25 - Mais donc ça veut dire, non pas forcément,
25:27 puisqu'il y a les eaux saumâtres, il ne faut pas forcément
25:29 être à proximité d'une côte pour que ça fonctionne ?
25:31 - Non, alors on n'est pas obligé d'être
25:33 en proche-proche littoral.
25:35 En fait, aujourd'hui nos plantations, elles se situent
25:37 entre 0 et 20 km des côtes.
25:39 Pourquoi ? Puisque, alors des poches d'eau saumâtre,
25:42 il y en a un peu partout. En revanche, on s'attarde
25:44 beaucoup à la régénération des nappes,
25:46 au renouvellement des nappes,
25:48 parce qu'aujourd'hui, l'eau salée de la mer
25:50 est considérée comme une ressource infinie.
25:52 En revanche, l'eau salée saumâtre
25:54 est forcément plus finie,
25:56 donc elle se renouvelle à un certain rythme.
25:58 Et on pense qu'aujourd'hui,
26:00 c'est pas parce qu'aujourd'hui
26:02 elle n'est pas utilisée que demain elle ne le sera pas.
26:04 Et donc on s'attarde beaucoup à utiliser des nappes
26:06 qui peuvent se recharger assez rapidement.
26:08 Ce qui fait qu'en fait, on est entre 0 et 20 km des côtes
26:11 au Maroc, donc dans notre premier pays d'implantation.
26:13 Pourquoi ? Puisque les intrusions marines
26:15 vont permettre ce renouvellement, finalement.
26:17 D'accord. Alors vous avez répondu à la question
26:19 que j'allais vous poser. Où sont situées vos premières plantations ?
26:21 Et surtout, qu'est-ce qu'on y trouve ?
26:23 Vous ne plantez pas n'importe quoi, j'imagine.
26:25 Il faut des plantes peut-être plus résistantes,
26:27 plus résilientes face aux conditions désertiques ?
26:30 Exactement. Alors, effectivement,
26:32 aujourd'hui on est présent au Maroc,
26:34 puisqu'on est une start-up franco-marocaine.
26:37 Et on déploie aujourd'hui à plus grande échelle
26:40 dans la région de laquelle est originaire
26:43 Ouissal Ben Moussa.
26:45 On sait que Ouissal a un passé de culture du désert
26:48 assez riche, c'est quelqu'un de très doué là-dessus.
26:50 Donc c'est autour aussi de ces connaissances
26:52 qu'on a construit l'entreprise.
26:54 Mais effectivement, quelle culture fait-on ?
26:57 Alors, on s'est beaucoup inspiré des oasis.
27:00 Beaucoup tendent à croire que les oasis
27:02 sont des écosystèmes naturels. Or, pas du tout.
27:04 C'est des écosystèmes complètement construits
27:06 et maintenus par l'homme.
27:08 Et qui, d'ailleurs pour les plus anciens,
27:10 ont plus de 7000 ans, qui se trouvent en Arabie Saoudite.
27:13 Et en fait, ces oasis-là, ils fonctionnent
27:15 sur un principe qui aujourd'hui revient,
27:18 redevient de mode, qui est l'agroforesterie.
27:21 Alors l'agroforesterie, c'est la bonne combinaison
27:24 d'espèces d'arbres entre elles et d'espèces de cultures.
27:27 L'idée étant en fait de créer des symbioses
27:29 entre les végétaux pour que chacun puisse
27:31 se rendre service et in fine,
27:33 permettre la création d'un écosystème
27:35 beaucoup plus résilient.
27:37 Et on va terminer, il nous reste une minute.
27:39 Vous avez annoncé en février dernier
27:41 une levée de fonds de 2 millions de dollars.
27:43 La stratégie c'est quoi ?
27:45 C'est de démultiplier évidemment des plantations.
27:47 Qu'est-ce que vous allez faire de cet argent ?
27:50 Effectivement, on a annoncé une levée de fonds
27:52 qui va nous permettre trois choses.
27:54 La première, c'est de mettre en place
27:56 un prototype industriel de démonstration
27:58 qui permettra d'être une base de réflexion pour la suite.
28:01 La deuxième, c'est de continuer bien sûr
28:03 à faire de la recherche et du développement
28:05 puisqu'il y a tout un aspect de régénération des sols
28:07 qui est très important.
28:09 C'est-à-dire du déchet, du dessalement.
28:11 Et la troisième option, c'est de mettre en place
28:13 des plantations à beaucoup plus grande échelle.
28:15 Alors pour ça, on se rapproche d'industriels,
28:18 notamment d'industriels dans l'hydrogène vert
28:20 puisqu'on partage des contraintes communes avec eux,
28:22 notamment sur le dessalement d'eau et les zones arides.
28:24 L'idée étant d'utiliser ces grands projets
28:27 pour recréer ces oasis à très très grande échelle.
28:30 Merci beaucoup Gautier de Carcouet et bon vent à Scent2Green.
28:34 Voilà, c'est la fin de ce numéro de Smart Impact.
28:36 Merci à toutes et à tous de votre fidélité.
28:38 A la chaîne des Audacieuses et des Audacieux.
28:40 Salut !
28:42 [Musique]