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Mardi 22 octobre 2024, SMART IMPACT reçoit Marion Chambon (Doctorante, SECOPOL) , Benjamin Bir (Cofondateur et PDG, Inga) , Katia DAYAN (Présidente fondatrice, Les papillons de jour, entreprise adaptée) et Aliénor Rivière (Doctorante, CNRS)

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00:00Bonjour à toutes et à tous, bienvenue, c'est Smart Impact, l'émission de la transformation environnementale et sociétale de notre économie et voici le sommaire.
00:16Mon invité, c'est Katia Daillon, la fondatrice des Papillons de Jour, une agence de communication adaptée ou comment faire profiter les entreprises des compétences intellectuelles des personnes en situation de handicap.
00:28Dans le débat de notre émission, on va mettre à l'honneur deux doctorantes, deux scientifiques récompensés par le prix L'Oréal UNESCO pour les femmes et la science.
00:37Et puis dans notre rubrique qui est consacrée aux startups éco-responsables, on va découvrir les éponges réutilisables créées par INGA.
00:46Voilà pour les titres, on a 30 minutes pour les développer. C'est parti !
00:49L'invité de Smart Impact, c'est Katia Daillon, bonjour.
00:58Bonjour.
00:59Bienvenue, vous êtes la fondatrice, la présidente des Papillons de Jour, créée en 2010, première agence de communication adaptée en France.
01:08Je voudrais qu'on revienne à l'origine, pourquoi vous créez une agence de communication adaptée ?
01:12Alors adaptée, c'est-à-dire que nous sommes une entreprise adaptée parce que par rapport à la loi de 2005 sur l'obligation d'emploi de 6% de personnes en situation de handicap,
01:21qu'a instauré Monsieur Jacques Chirac, et bien vous avez un modèle économique par rapport à ça, vous avez tous les centres de travail, C.A.T. et Z.A.T. et des entreprises commerciales qui sont des entreprises adaptées.
01:32Une entreprise adaptée, elle a l'obligation d'employer, alors au départ c'était 80% de salariés en situation de handicap,
01:41et c'est passé aujourd'hui à 50% de salariés en situation de handicap.
01:45Donc vous faites ce choix, qui est un choix de structure, c'est vraiment la structure de l'entreprise, pour une agence de communication.
01:53Elle vous a regardée comme une extraterrestre quand vous avez lancé ?
01:57Oui, comme une extraterrestre, oui tout à fait.
01:59En fait, j'avais besoin de parler du handicap plein visible, et j'avais besoin de casser les tabous.
02:07Et je me suis dit, la communication c'est un métier aujourd'hui, et c'est vaste, et c'est vraiment beaucoup de compétences, à travers tout ce que l'on peut faire dans une agence de com,
02:18et d'être en situation de handicap, d'être handicapé, à un moment donné, ne veut pas dire qu'on n'a pas de compétences.
02:25Donc on est tout à fait capable aujourd'hui de faire des créations dans une agence de communication, en étant en situation de handicap.
02:33Donc j'avais vraiment besoin de créer un modèle économique qui n'existait pas, qui n'existait pas dans le sens où l'activité d'agence de communication 360 n'existait pas.
02:43Et du coup, ça fonctionne, parce que tous les salariés qui sont en situation de handicap chez moi, sont tous des personnes qui ont, au-delà du handicap, des professions et des métiers, des vrais métiers.
02:57Alors encore plus aujourd'hui, parce qu'on est sur l'IA et sur les nouvelles technologies, donc ce sont des personnes qui aujourd'hui font déjà le métier qu'elles aiment, que ce soit des motion designers, des journalistes, des créas, des infographistes, des web designers, des développeurs aussi.
03:15Et donc du coup, depuis plus de 14 ans maintenant, les papillons de jour, ça fonctionne et avec le temps on s'est aperçu que oui, c'est pas parce qu'on est handicapé qu'on n'a pas de compétences en fait.
03:31Mais bien sûr, enfin je dis mais bien sûr.
03:34C'est juste lunaire en fait.
03:35Mais oui c'est lunaire, sauf que vous avez été confronté à ça.
03:37Ah oui ?
03:38Au quoi ? Au scepticisme ?
03:41On n'en parlait pas avant.
03:43Je parle de votre rapport aux clients. Est-ce qu'il y a des clients qui étaient réticents ou finalement pas du tout ?
03:50Alors réticents, non. Pour moi c'est un côté un peu négatif. Interpellés, oui, en revanche. Interpellés en me disant vous êtes une entreprise adaptée, on va vous faire travailler.
04:00Donc pour nous, c'est le moyen de justement se s'ostraire à cette obligation d'emploi, à cette amende.
04:07Il y avait aussi pour vos clients le fait de respecter la loi.
04:11Voilà, de respecter la loi, de créer de l'emploi indirect. Mais c'est surtout, les entreprises adaptées, c'est vraiment un modèle sur des tâches chronophages, redondantes.
04:20Oui, on est rarement dans le créatif ou dans l'intellectuel.
04:24Voilà, c'est ça, pardon. Et là, ils étaient interpellés. Donc ils poussaient un petit peu la bête, sans parler vulgairement, en disant ok, si vous êtes une agence de com, alors allons-y.
04:36C'est la semaine européenne pour l'emploi des personnes handicapées qui démarre le 18 novembre et vous lancez une campagne de sensibilisation sur les discriminations.
04:44Alors là, on est en pleine cohérence, mais sous quelle forme, elle va prendre cette campagne ?
04:49Alors déjà, c'est une campagne qui va être sous forme d'affichage de réseaux sociaux, beaucoup de médias aussi.
04:54Parce que du coup, au bout de 14 ans, c'est un constat. Nous, notre particularité, c'est sensibiliser, créer des campagnes de sensibilisation dans les entreprises.
05:02Parce qu'avec le temps, les clients nous le demandent, grandes entreprises ou petites entreprises.
05:06On nous demande aujourd'hui de travailler en interne avec les collaborateurs pour les sensibiliser aux handicaps, à tous ces sujets sociétaux, la discrimination et autres.
05:16Donc on forme, on adapte aussi l'ADN de l'entreprise par rapport aux salariés, pour un petit peu rebooster tout ça.
05:23Et on crée des outils pour casser les tabous et casser les peurs qu'on pourrait avoir si on devait en parler.
05:32Et aussi faire en sorte que les salariés d'une entreprise aient confiance pour aller se déclarer quand elles ont une reconnaissance handicap.
05:40Sans se dire, je vais être virée, on va me regarder bizarrement, voilà tout ça.
05:46Les discriminations les plus présentes, c'est quoi ? Ça va de l'accessibilité au salaire ?
05:53Alors, les salaires, non. En tout cas, je n'en ai pas entendu parler. Je touche ma tête, s'il vous plaît.
06:00L'accessibilité, oui. Parce que malgré tout, qu'est-ce qui est fait concrètement, dans le concret ?
06:07Le carbone, c'est bien, tout ça c'est bien, la planète, c'est super.
06:11Mais au quotidien, comment fait-on pour aller travailler ? Comment fait-on pour prendre le métro, le train, le bus ?
06:17Comment fait-on pour se déplacer ? Mais ça n'est pas que pour les handicapés.
06:22C'est aussi moi, demain je vais au ski, je me casse une jambe.
06:25C'est une femme enceinte, c'est une femme avec une poussette et des gosses.
06:30C'est tout ça en fait l'accessibilité. Ce sont les personnes âgées aussi.
06:35Donc voilà, il y a ça. Et au bout de 14-15 ans, cette année, la campagne va être un peu, pas trash, mais un petit peu pour dire,
06:42ben voilà, on a commencé nos campagnes de sensibilisation, nous papillons de jour,
06:46en traitant beaucoup de sujets, y compris les enfants, y compris le harcèlement scolaire,
06:51y compris tous ces sujets humains en réalité, j'ai rien inventé, j'en parle, c'est tout.
06:56Et on essaye d'avancer. Parce qu'aujourd'hui, le constat c'est quoi ?
07:01Concrètement, on est toujours à une seule ligne de 2 métros, qui est la ligne 14, qui est accessible, concrètement en 2024.
07:11Donc c'est pour ça que vous avez choisi d'être un peu coup de poing, un peu trash ?
07:13Ouais, concrètement c'est lunaire aujourd'hui, ce qui se passe dans les établissements scolaires.
07:18Malgré la volonté du gouvernement à créer de l'emploi pour les AESH qui sont des accompagnatrices,
07:25des personnes qui vont suivre pendant toute la journée des enfants qui sont en situation de handicap à l'école.
07:31On crée des classes Ulysse, l'Etat verse des budgets dans les écoles. Que font l'école ? Que fait l'école ?
07:37Le harcèlement, c'est pareil. On envoie son enfant à l'école, il revient, il est harcelé, maltraité, insulté, malmené.
07:48Et en fait, c'est lui qui doit quitter l'établissement. Et le harceleur qui doit rester ?
07:53C'est bien de parler de ces sujets concrètement ? Concrètement, qu'est-ce qui est fait ?
07:58Alors, il y a quand même une amélioration, si j'en crois.
08:01Alors, on ne va pas être négatifs.
08:02Voilà, notamment sur l'emploi. Je vous ai donné ce chiffre, 12% des personnes en situation de handicap au chômage en 2023.
08:09Alors évidemment, il y a deux façons de voir ce chiffre.
08:11Ça reste beaucoup plus que le chômage moyen, mais c'est aussi le taux le plus bas depuis 8 ans.
08:19Et là, je voudrais qu'on parle d'un portail que vous avez créé qui s'appelle Atlas Jobs.
08:24À qui il s'adresse, justement ? Comment il fonctionne ?
08:26Alors, Atlas Jobs, c'est vraiment le portail de l'emploi, de la zéro différence.
08:30C'est un portail où toutes les personnes peuvent s'inscrire, demandeurs d'emploi, en situation de handicap ou pas.
08:37Et du coup, c'est un portail qui va accompagner et l'employeur et le futur salarié.
08:45Dans un accompagnement très spécifique, parce que l'ERH aujourd'hui ne sait pas forcément comment.
08:51On n'a pas le temps, on explique, on forme l'ERH.
08:54Comment aujourd'hui recruter une personne qui va être en situation de handicap, tout en gardant ses objectifs, voilà.
09:02Et le salarié a pouvoir parler en toute transparence de son handicap, parce qu'il a des compétences, parce qu'il a une fiche de poste,
09:11parce qu'il a les compétences pour travailler dans ce poste et que son handicap ne va pas être un frein à son emploi.
09:18Et cette évolution sur le marché de l'emploi, vous le ressentez vous aussi ?
09:24Oui, il y a beaucoup d'efforts qui ont été faits parce qu'il faut rester positif.
09:27Mais oui, bien sûr, on en parle plus.
09:32On frappe, on tape sur la table, on parle de handicap invisible, on parle de compétences intellectuelles, on parle de maladies auto-immunes.
09:39Et puis aujourd'hui, on a des moyens, on a des outils pour faire que, même si quelqu'un est non-voyant ou malentendant,
09:46il puisse exercer un métier normalement, tout simplement.
09:50Donc voilà, en fait.
09:52Merci beaucoup Catherine Zayand et à bientôt sur Be Smart For Change.
09:56On passe à notre débat, deux femmes scientifiques à l'honneur.
09:59Le débat de ce Smart Impact consacré aux prix Jeunes Talents France L'Oréal UNESCO pour les femmes et la science avec deux invitées.
10:14Aliénor Rivière, bonjour.
10:15Bonjour.
10:16Bienvenue, vous êtes doctorante au laboratoire de physique et mécanique des milieux hétérogènes CNRS et ESPCU.
10:23C'est une école d'ingénieurs à Paris.
10:25Marion Chambon, bonjour.
10:26Et bienvenue, vous êtes également doctorante à l'unité mixte de recherche santé et services des écosystèmes polynésiens à l'université de la Polynésie française.
10:34Vous faites partie des 35 doctorantes et post-doctorantes qui ont été mises à l'honneur à l'occasion de ce prix des Jeunes Talents, 18ème année qu'il est remis ce prix.
10:44On va évidemment prendre le temps de découvrir vos travaux.
10:48Mais question générale sur la place des femmes dans la recherche scientifique.
10:53Est-ce que, déjà, vous êtes minoritaire dans vos promotions, Aliénor ?
10:56Alors, en ce qui me concerne, oui, très largement.
10:58Ultra minoritaire, même ?
10:59En tout cas, dans mon domaine de recherche, oui, totalement.
11:02Bon, après, ça ne veut pas dire qu'on ne nous laisse pas la parole quand même et qu'on ne peut pas faire de recherche de qualité, finalement.
11:07Mais en tout cas, moi, en physique et en mécanique, le sujet qui est rattaché à mon domaine, effectivement, il y a assez peu de femmes.
11:17Et vous, Marion ?
11:19Alors, moi, j'ai fait un cursus pharmacie.
11:21Et au début, d'après les chiffres, on était une majorité féminine.
11:24Et ensuite, moi, j'ai poursuivi mon parcours en recherche.
11:28Et là, à ce moment-là, on est beaucoup moins nombreuses, effectivement.
11:32À partir du moment où vous basculez dans le domaine de la recherche scientifique, il y a un peu moins de femmes.
11:38Est-ce que vous avez vécu, subi le sexisme dans ce choix ?
11:43C'est-à-dire que des, je ne sais pas, l'école ou les choix de filières professionnelles et de filières étudiantes ?
11:52Je commence avec vous.
11:53Alors, moi, il me semble qu'en termes d'orientation, déjà au niveau du lycée, on ne m'a pas tout de suite orientée vers des études de santé,
12:01alors que c'était ce que je voulais faire et c'est ce que j'ai fait.
12:04Et après, dans la recherche, dans la vie de tous les jours, on est parfois dans des environnements qui sont très masculins,
12:09où ça peut être difficile, après, de s'imposer et de se sentir légitime.
12:13Et vous, Aliénor Rivière, vous avez fait face à ce sexisme volontaire ou parfois même involontaire, peut-être ?
12:19Non, moi, j'ai eu la chance, au contraire, d'être beaucoup soutenue, que ce soit par ma famille ou par mes profs.
12:25Et puis, même ensuite, dans les études supérieures, moi, j'ai fait l'école normale supérieure.
12:29J'ai été pas mal poussée par même beaucoup de femmes, en fait, des doctorantes de l'époque, post-doctorantes, chercheuses,
12:37qui m'ont encouragée, au contraire.
12:39Alors, peut-être que ça a compensé un biais de base, mais moi, j'ai eu la chance d'être beaucoup soutenue, au contraire.
12:45C'est très bien. Alors, on va rentrer dans le détail de ce sur quoi vous travaillez l'une et l'autre.
12:51Aliénor Rivière, je commence avec vous.
12:52Vous modélisez les bulles océaniques. J'ai lu ça, je me suis dit « Waouh ! »
12:56C'est quoi une bulle océanique, déjà, pour commencer ?
12:58En fait, c'est très simple. C'est juste une bulle d'air dans de l'eau.
13:01Vous pouvez imaginer l'eau champagne, par exemple.
13:03Mais dans le contexte de l'environnement, ça va être une vague qui va déferler,
13:07donc ça veut dire qu'il casse, et qui injecte de l'air dans l'eau.
13:10Donc, c'est en fait des bulles, tout simplement.
13:12Et donc, moi, je regarde, en particulier, quand ces bulles rentrent dans l'eau,
13:16comment est-ce qu'elles sont déformées et comment elles se cassent en plein de fragments.
13:19Et ça, bon, ça a l'air assez ésotérique, comme ça.
13:22Mais la raison pour laquelle ça intéresse les gens, c'est qu'en fait,
13:24ces bulles vont contribuer énormément à stocker du CO2, par exemple,
13:29qui est quelque chose qui nous intéresse beaucoup, dans les océans.
13:32Donc, c'est un lien…
13:33À 40%, quelque chose comme ça.
13:35Les bulles, pardon, je vous ai interrompu, donc on n'a pas entendu.
13:37Les bulles stockent 40% du CO2 des océans, c'est ce que je comprends.
13:41Elles sont capables de transférer du CO2 qui est dans l'atmosphère vers les océans.
13:46Et donc ça, c'est un phénomène assez naturel.
13:50Mais la contribution des bulles est de l'ordre de 40%.
13:52D'accord.
13:53Donc ça, c'est non négligeable.
13:54Si vous supprimez les bulles, les océans stockeraient beaucoup moins le CO2.
13:57Oui. Et donc, ça m'amène à la question suivante.
13:59Le lien avec des modèles climatiques, des modèles climatiques que vous souhaitez améliorer,
14:04c'est un peu ça, l'objectif de la recherche ?
14:06Exactement.
14:07Donc, en fait, l'objectif, bien sûr, aujourd'hui,
14:09c'est d'avoir des modèles climatiques qui soient de plus en plus performants et précis.
14:13Et dans ces modèles climatiques, il y a des termes qui vont modéliser
14:17à quel point, par exemple, le CO2 est stocké dans les océans.
14:20Et donc, nous, ce qu'on fait, c'est qu'on va modéliser combien est-ce qu'il y a de bulles,
14:24quelle est leur taille, quel est leur nombre.
14:27Et comme ça, si vous êtes capable de connaître ces informations-là,
14:30alors vous remettez ces informations dans les modèles et vous les améliorez.
14:34Marion Chambon, vous travaillez sur les soins de la peau, c'est ça ?
14:39C'est ça.
14:40Votre domaine de recherche, expliquez-nous.
14:41Alors, j'étudie cinq plantes qui viennent de Polynésie française
14:44et qui sont utilisées en médecine traditionnelle,
14:47plus particulièrement pour les soins de la peau.
14:49Et donc, nous, on souhaite les valoriser pour faire des produits,
14:51ensuite, cosmétiques ou pharmaceutiques.
14:53Et dans l'idée, ce projet est né d'un constat.
14:56En Polynésie française, on a des plaies et des brûlures qui ont beaucoup de mal à cicatriser.
15:00Et ce, pour plusieurs raisons.
15:02D'une part, à cause du climat qui est très chaud et très humide.
15:05Il y a aussi un fort taux de diabète dans la population.
15:08Et c'est aussi dû à un accès aux soins qui est parfois limité dans ces îles.
15:12Donc, l'idée, c'est de s'inspirer un peu de ces médecines traditionnelles
15:15et d'étudier des plantes locales pour ensuite concevoir des produits
15:19à partir de procédés plus écologiques
15:21qui permettront ensuite de répondre à ces problématiques de santé.
15:24Alors, de quelles plantes on parle ?
15:26Et puis, peut-être, quelles vertus potentielles ont-elles ?
15:30Alors, parmi les cinq plantes, on a, parmi les plus connues, le tiare,
15:35qui est utilisé pour le monoeil.
15:37Le curcuma, qu'on consomme également dans l'alimentation.
15:40Les feuilles et l'amande de Tamanu, qu'on fait sécher au soleil,
15:44qui permettent de faire une huile qui est très efficace pour la cicatrisation.
15:47Et ensuite, il y a deux plantes qui sont indigènes en Polynésie
15:50et qui n'ont jamais été étudiées d'un point de vue chimique ou biologique.
15:54Donc, on a le touhou et le hora.
15:57Et donc, vous dites que c'est des plantes traditionnelles.
16:01Donc, on sait quels bienfaits elles peuvent avoir.
16:05Mais vous, vous vous dites quoi ?
16:06Vous vous dites qu'on peut augmenter encore l'usage ?
16:11Comment on va faire ?
16:13Découvrir peut-être d'autres bienfaits de ces plantes ?
16:15C'est ça l'objet de votre recherche ?
16:16Donc, elles ont un bienfait, effectivement, en médecine traditionnelle.
16:19Et nous, on cherche à prouver de manière scientifique
16:21qu'elles sont effectivement efficaces.
16:23Et donc, l'idée, c'est de faire des tests biologiques, d'une part.
16:26Donc, de regarder la cicatrisation,
16:28mais aussi les activités anti-inflammatoires, anti-oxydantes
16:31et aussi anti-cancéreuses.
16:33Et d'autre part, de faire des analyses chimiques
16:35pour regarder les molécules qui sont présentes dans ces plantes
16:38et essayer d'expliquer quelles molécules pourraient avoir quelle activité.
16:41Et donc, vous faites partie, je l'ai dit, en préambule,
16:44des 35 doctorantes et post-doctorantes qui ont été choisies
16:49et qui ont reçu ce prix Jeunes Talents France L'Oréal UNESCO.
16:52Qu'est-ce que ça change pour vous ?
16:53Il y a de l'argent ? Il y a une dotation ? Il y a de l'aide ?
16:56Expliquez-nous ce que ça peut changer, Aliénor Rivière, pour commencer.
17:00Il y a plusieurs choses, effectivement.
17:01Il y a un soutien financier qui est une chance assez extraordinaire
17:05parce que ça nous permet ensuite d'être indépendants d'une certaine façon,
17:08d'aller en conférence, de pouvoir aller visiter des laboratoires
17:11pour donner des séminaires.
17:1315 000 euros de dotation, c'est ça ?
17:15Oui, pour les doctorantes, c'est ça.
17:16Et ça change vraiment la donne ?
17:18Ah oui, c'est énorme, oui.
17:20Par exemple, moi, je vais commencer un post-doctorat
17:23et je ne sais pas encore si je vais pouvoir avoir de l'argent
17:26pour aller en conférence, aller aussi en formation.
17:29Et donc là, je sais que grâce à cette dotation, je peux m'inscrire
17:32parce que dans tous les cas, j'aurai les moyens financiers pour y aller.
17:35Donc ça, c'est un soutien assez important.
17:38Et il y a un programme de formation au leadership.
17:41J'ai vu ça.
17:43C'est intéressant parce que je suis sûr qu'on s'adresserait à des doctorants,
17:48on ne leur aurait pas proposé.
17:49Vous voyez ce que je veux dire ?
17:50Vous l'avez ressenti, ça ?
17:52Est-ce que vous ressentez le besoin de cette formation ?
17:55Je commence avec vous, Aliénor.
17:57Moi, j'étais assez surprise, mais effectivement, ça m'a apporté beaucoup.
18:00Parce que ce n'est pas du tout des formations auxquelles on a accès en général.
18:04Donc je trouve que c'est vraiment très intéressant de s'ouvrir
18:07et de voir d'autres formes de formation qui peuvent, effectivement,
18:10je pense, être utiles pour la suite.
18:12Qu'est-ce qu'on apprend dans un programme de formation au leadership, Marion ?
18:16Moi, tout comme Aliénor, c'est des formations que je n'avais pas suivies
18:19au cours de mon cursus universitaire.
18:21Moi non plus, je n'ai jamais suivi de formation au leadership.
18:24J'en aurai sans doute besoin, d'ailleurs.
18:26Mais je pense que c'est très utile dans des métiers
18:28où on peut être amené à encadrer d'autres étudiants plus tard
18:30ou encadrer du personnel.
18:32Et donc, effectivement, on a suivi la formation au leadership,
18:35en management, également en négociation.
18:38Et en fait, ça nous apprend un peu à avoir une vision de ce qu'on veut faire plus tard
18:42et essayer de le mener à bien et de partager cette vision-là avec d'autres
18:46pour ensuite mener notre équipe à aboutir et à avoir des résultats.
18:50Est-ce que derrière l'idée de ce Prix Jeunes Talents
18:54et donc de cette formation au leadership,
18:56il n'y a pas aussi le fait que vous allez devoir vous imposer
19:00dans des mondes qui sont majoritairement masculins ?
19:02Je ne sais pas si c'est verbalisé, ça, ou si vous l'avez ressenti
19:06pendant la formation, Marion.
19:08Si, si, tout à fait. On en discute beaucoup pendant la formation,
19:11déjà entre nous et avec les formateurs.
19:13Et l'idée, c'est effectivement de s'imposer
19:16et de pouvoir prétendre après à des postes un peu plus haut gradés
19:19et être après à une majorité peut-être féminine dans ces milieux-là.
19:24Vous ressentez l'importance des rôles modèles ?
19:27Vous l'avez un peu évoqué tout à l'heure, Aliénor Rivière,
19:30sur finalement, il n'y a peut-être pas d'ailleurs que des femmes,
19:33mais celles et ceux qui vous ont poussé à aller dans cette direction
19:37d'une carrière scientifique.
19:39C'est important pour vous d'avoir des rôles modèles ?
19:41Moi, je pense que c'est effectivement important parce que ça permet de se projeter.
19:44Je sais qu'il y a des femmes pour qui c'est plus important
19:46d'avoir des rôles modèles féminins que masculins.
19:49Le métier de la recherche, c'est quelque chose qu'on a du mal à appréhender, je pense,
19:54et donc avoir la possibilité d'identifier quelqu'un qui fait de la recherche aujourd'hui
19:59qui n'est pas un barbu derrière un ordinateur avec une blouse.
20:03On n'a rien contre les barbus derrière les ordinateurs.
20:06Bien sûr que non, mais c'est sûr que ça nous permet de mieux appréhender
20:10ce que c'est qu'un métier de chercheur et de pouvoir potentiellement se projeter.
20:15Et vous avez conscience que vous êtes en train de devenir des rôles modèles ?
20:18Peut-être, je ne sais pas.
20:20Si, le simple fait de faire partie de ces lauréates.
20:23En tout cas, j'espère.
20:24J'espère, peut-être que ça va inspirer des jeunes filles, des lycéennes
20:29ou des étudiantes qui se disent, tiens, une carrière scientifique, c'est pour moi aussi.
20:33Espérons-le.
20:34Moi, pour ma part, c'était effectivement le cas quand j'ai voulu candidater à ce prix.
20:39Il y en a d'autres à l'Université de la Polynésie française qui l'ont reçu avant moi
20:43et qui m'ont inspirée à candidater, qui m'ont encouragée.
20:46Et je pense que c'est en partie aussi grâce à elles, grâce à leur prix que j'ai le mien.
20:51Tiens, d'ailleurs, ça me fait penser à une question.
20:53Est-ce qu'il y a un réseau des anciennes lauréates de ce prix ?
20:57Oui, totalement.
20:58Et d'ailleurs, je pense que c'est quelque chose qui apporte le prix lauréal, justement.
21:03C'est cette mise en réseau, à la fois au niveau d'une génération, disons,
21:07comme on a eu la dernière semaine, qui est une grande richesse.
21:11Et je pense que ça nous permet pour la suite.
21:14C'est plus de 4 000 femmes qui ont été récompensées par la Fondation
21:17et dont on est mis en relation via une application et un site internet
21:21où on peut échanger avec elles, on peut prendre contact.
21:24Et on peut également participer à d'autres formations pour continuer à s'améliorer toujours.
21:29Oui, et il y a des... Est-ce qu'il y a même des liens de business ?
21:32À nous, mais nous. Vers un business ou pas ?
21:35Pour Marion Chambon, je le vois bien, mais pour vous, Aliénor ?
21:39Qu'est-ce que vous voulez dire par un business ?
21:40Je ne sais pas. Créer une entreprise.
21:43Créer une entreprise. En tout cas, ce qui est sûr, c'est que ça met en relation
21:46avec des gens qui sont scientifiques, qui sont extrêmement compétentes.
21:49Donc je suppose qu'effectivement, si vous voulez peut-être créer une entreprise
21:54ou en tout cas un laboratoire, créer des liens, c'est sûr que ça va vous mettre en relation
21:57avec des personnes compétentes dans des domaines variés.
22:00C'est votre ambition, à vous, ou vous voulez vraiment rester dans le domaine de la recherche ?
22:03Moi, je serais plutôt restée dans le domaine de la recherche.
22:06Mais pour autant, même dans ce domaine-là, c'est un métier où les relations humaines sont très importantes.
22:11Et donc, être conseillée à tout moment de sa carrière et créer même des collaborations, c'est très important.
22:17Et donc, pouvoir profiter, bénéficier de ce réseau des L'Oréal du prix Jeunes Talents France L'Oréal Unesco pour les femmes et la science.
22:25Merci encore. Merci à tous les deux d'être venus parler de vos domaines respectifs de recherche.
22:31On passe à notre rubrique consacrée aux startups.
22:37Smart Ideas avec Benjamin Birre. Bonjour.
22:42Bonjour.
22:43Bienvenue. Vous êtes le président, le cofondateur d'Inga, créée en 2021. La commercialisation a commencé fin 2022.
22:50Je vais citer vos cofondateurs, cofondatrices Marion Ongui, Thibaut Chaussy et Christophe Terrain.
22:55C'était quoi l'idée de départ ?
22:56L'idée, c'était créer une boîte de produits ménagers textiles lavables qui donne envie de passer du jetable au durable.
23:03Et l'éponge s'est imposée comme le produit star.
23:06Aujourd'hui, on dirait plus qu'on est une marque qui s'impose comme la référence des éponges lavables.
23:10Il n'y a pas que des éponges dans votre gamme.
23:13Non. On a toute une gamme d'éponges, quatre éponges différentes. On a aussi un essuie-tout.
23:17Et on avait au début des cotons, des maquillés, des mouchoirs qu'on a un petit peu mis dans le souterrain, on va dire.
23:22Un peu mis de côté. Je voudrais qu'on revienne au départ parce que c'est intéressant avec une campagne de financement participatif qui a vraiment lancé Inga.
23:29Comment ça s'est passé ?
23:30En fait, le but, c'est de faire une campagne qu'on appelle cette pré-vente sur Ulule.
23:34Le but, c'est d'en faire une très grosse puisqu'on le voyait comme un tremplin.
23:37Et aussi, ça permet de tester pas mal de choses, voir quels sont les produits qui plaisent, quelles sont les couleurs qui plaisent et de ne pas avoir de problème de stock.
23:44Parce que quand on lance 4 produits, 4 couleurs, 16 REF, il faut savoir se stocker à l'avance.
23:49Et puis, c'est un gros proof of concept, on va dire.
23:52Oui, le fait de finalement tester un produit auprès des clients et puis on se crée une première communauté.
23:59Il y a combien d'éponges jetées chaque année ?
24:02C'est une très bonne question. Grosso modo, on est sur une quinzaine d'éponges par foyer en France.
24:10Donc, plus de 250 millions d'éponges jetées chaque année.
24:14J'avoue que je connaissais par cœur tous ces chiffres.
24:17Mais c'est assez vertigineux.
24:18Et donc, vous, l'alternative, cette éponge qui est lavable, on va l'utiliser combien de temps ?
24:24Nous, on garantit un an.
24:25Voilà, exactement.
24:26Nous, on garantit un an à condition qu'on ne frotte pas comme un fou sur des couteaux à dents ou sur une scie et qu'on la lave régulièrement.
24:32Nous, on garantit un an, 52 lavages.
24:34En gros, en partant du principe que c'est un lavage par semaine.
24:36Un lavage par semaine.
24:37Mais ça peut tenir beaucoup plus longtemps.
24:38C'est ce que vous conseillez.
24:40Il y a cet avantage-là, évidemment, tout simplement de matière produite, de déchets non produits.
24:48Et ensuite, est-ce qu'il y a moins de bactéries ?
24:50Parce que moi, je pense toujours à ça, quand je vois une éponge qui est là depuis je ne sais combien de temps au bord de l'évier.
24:55Est-ce qu'il y a à l'intérieur de l'éponge ? Il y a moins de bactéries ?
24:57On va vous engager au marketing.
24:59Non, exactement.
25:00Je l'utilise.
25:02Non, mais ça, c'est un des gros avantages.
25:04C'est qu'elle est plus hygiénique parce qu'on la lave.
25:06Donc, en fait, une éponge, c'est souvent humide.
25:08Il y a une prolifération de bactéries par milliards.
25:10Le fait de pouvoir laver au lave-linge ou au lave-vaisselle fait que, justement, ça supprime les bactéries.
25:14Mais il y a d'autres avantages.
25:15On est aussi plus efficaces que les éponges jetables.
25:17Comment ça ?
25:18Alors, on a eu une enquête par UFC Que Choisir qui nous a donné la note de 16,6 sur Orvin,
25:23là où les deuxièmes, une marque d'éponges jetables très connue, ont 15,5.
25:28Alors, comment vous êtes plus efficaces ?
25:30Ça s'évalue sur quoi ?
25:32Sur ma capacité à essuyer, à gratter et à se maintenir dans le temps.
25:37Grosso modo, c'est un peu les trois critères et la non-dégradation de l'éponge.
25:41Mais nous, notre but, c'était avant tout d'être au moins aussi efficaces que le jetable.
25:45On est contents.
25:46On en est apparemment encore plus.
25:48Mais c'est ça qui compte pour convaincre les gens.
25:50Parce qu'on a beau faire quelque chose de plus joli, de meilleur pour la planète, d'économique,
25:55mais au final, c'est l'efficacité.
25:57Il ne faut pas structurer nos casseroles.
25:59On est bien d'accord.
26:00Vous en êtes où du développement de l'entreprise aujourd'hui ?
26:03Ça marche plutôt bien aujourd'hui.
26:04On est contents.
26:05On a un site internet qui marche très bien.
26:06On s'est lancé en grande distribution au début d'année.
26:08On fait entre 10 et 35 % de parts de marché en fonction des magasins.
26:11Et dans les enseignes où on est au national, Cora et Monoprix, entre 12 et 15 % de parts de marché,
26:16avec beaucoup moins en linéaire, ce qui est assez intéressant.
26:18Et on est leader sur Amazon.
26:19Quand je parle de marché, je parle évidemment lavable plus jetable.
26:22Notre marché auquel on s'attaque, c'est évidemment le marché de l'éponge jetable.
26:25Donc, ça marche plutôt bien, voire très bien.
26:28Et on est contents.
26:30Une enseigne comme Monoprix, elle teste beaucoup de nouveaux produits dans cet univers
26:36de l'éco-responsabilité.
26:38Le défi, c'est de durer.
26:40Alors, notre grande fierté chez Monoprix, c'est qu'on a fait en deux mois le chiffre d'affaires en sell-out
26:45qui nous avait donné pour objectif sur l'année entière.
26:48Donc, ça marche plutôt bien, voire très bien.
26:51Chez Monoprix, mais partout.
26:52C'était vraiment notre grand défi en fait.
26:53Se dire, ok, on va chez Monoprix.
26:55C'est une cible, on va dire, très urbaine, un peu évidente.
26:58Mais quand on est rentré chez Cora, c'était ça le vrai défi parce que c'est très mass market.
27:02C'est très monsieur et madame tout le monde.
27:04Et notre enjeu, nous, c'est ça.
27:05C'est de convertir tout le monde.
27:07Et la réussite chez Cora, c'est encore plus important, j'ai envie de dire.
27:11Parce que ça montre que tout le monde peut et a envie d'acheter des éponges durables et lavables.
27:16Merci beaucoup Benjamin Birre.
27:18Et bon vent à Inga.
27:20Voilà, c'est la fin de ce numéro de Smart Impact.
27:22Un grand merci à toutes et à tous de votre fidélité à Be Smart For Change.
27:27C'est la chaîne des olatieux et des olatieuses.
27:28Salut !

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