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Lundi 21 octobre 2024, SMART IMPACT reçoit Benjamin Bir (Cofondateur et PDG, Inga) , Francesco Bellino (Directeur associé et partenaire, Boston Consulting Group) , Charlotte Degot (Présidente et cofondatrice, CO2 AI) et Isabelle Delon (Directrice générale clients et services, SNCF)

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00:00Bonjour, bonjour à toutes et à tous, bienvenue, c'est Smart Impact, l'émission des entreprises à impact positif et voici le sommaire.
00:14Mon invité, c'est Isabelle Delon, directrice générale client et territoire de SNCF Réseau.
00:20Décarbonation, nouvelle ligne, digitalisation, bilan des Jeux Olympiques et Paralympiques au programme dans une minute.
00:26Le débat de ce Smart Impact, il sera consacré au coût de l'inaction climatique, à la nécessité de construire un baromètre de la décarbonation,
00:37un outil pour flécher les investissements stratégiques indispensables pour réussir cette transition.
00:42Et puis, dans notre rubrique « Start-up, la bonne idée du jour », elle est signée.
00:46Petite mue qui veut sensibiliser au handicap invisible et aider les entreprises à mieux accompagner leurs salariés qui en souffrent.
00:54Voilà pour les titres, on a 30 minutes pour les développer, c'est parti.
01:04L'invité de Smart Impact, c'est Isabelle Delon, bonjour.
01:07Bonjour.
01:08Bienvenue, vous êtes la directrice générale client et territoire de SNCF Réseau, on va commencer par définir le rôle, la mission de SNCF Réseau, c'est quoi ?
01:15Bien entendu, c'est un gestionnaire de réseau en fait, SNCF Réseau.
01:20Pour peut-être donner une image, c'est 50 000 salariés qui vont travailler tous les jours, 24h sur 24 et toute l'année 7 jours sur 7,
01:29pour entretenir le réseau, le moderniser et faire rouler 15 000 trains par jour.
01:36Et donc c'est vraiment un rôle plutôt dans l'ombre qui permet de faire voyager tous les français mais aussi les marchandises qui sont utilisées bien sûr aussi par les français.
01:47Oui donc pas en contact direct avec les clients mais s'il n'y a pas, si vous n'êtes pas à SNCF Réseau et pas là, les trains ne circulent pas.
01:52Alors nos clients à nous, ce sont les transporteurs ferroviaires, donc les transporteurs ferroviaires de voyageurs, les transporteurs ferroviaires de frais.
01:58Nous avons plus de 50 clients mais on est vraiment dans une relation dite B2B et notre rôle c'est vraiment d'accompagner tous ces transporteurs à développer plus de trains sur le réseau,
02:07au bénéfice des français, au bénéfice de la décarbonation et donc vraiment notre rôle il est là, développer plus de trains.
02:15Avec un certain nombre de grands projets dont on va parler mais je voudrais qu'on reprenne ce mot justement de décarbonation avec un chiffre,
02:24c'est l'ADEME qui nous dit que voyager en train ça émet 26 fois moins d'émissions de CO2 que la voiture, 65 fois moins que l'avion, que la voiture thermique j'imagine,
02:33mais bon voilà pour être un peu précis. Qu'est-ce qu'on peut dire du train sur l'avenir de la décarbonation ?
02:40C'est un peu le point central, quel que soit le mode de transport, il y a un moment il va être au cœur de cette intermodalité dont on peut parler ?
02:48Je pense que c'est une constante qu'on retrouve depuis plusieurs années et qui reste dans les propos y compris de notre nouveau ministre des transports ces derniers jours.
02:57On dit que le train c'est la colonne vertébrale des mobilités et l'objectif est d'inciter le plus de voyageurs à prendre le train,
03:06mais aussi d'inciter le plus possible des industriels à utiliser le train comme un moyen de transport efficace dans leur logistique.
03:14Et tout ça contribue à la décarbonation, bien entendu avec le chiffre que vous avez donné on le voit tout de suite,
03:19ça contribue aussi à consommer moins d'énergie puisqu'un train ça consomme 6 fois moins d'énergie aussi qu'un autre moyen de transport,
03:26notamment qu'un camion qui va utiliser aujourd'hui des moyens carbonés en fait de transport.
03:31Et puis c'est aussi, on oublie souvent cette notion, ça consomme moins d'espace le train, moins d'espace.
03:38On a le réseau ferroviaire qui rentre dans le cœur des villes, moins de place que le réseau routier pour transporter plus de personnes.
03:46Ça c'est un enjeu important parce qu'on va parler des nouveaux projets et des critiques qui peuvent être exprimées sur certains nouveaux projets,
03:51notamment sur l'artificialisation des sols.
03:54Mais je reviens à cette idée d'intermodalité ou de multimodalité, c'est-à-dire que ça suppose que vous vous coordonniez avec d'autres moyens de transport pour décarboner.
04:03C'est pas seulement SNCF Réseau tout seul dans son coin qui va y arriver.
04:07Alors nous, SNCF Réseau, on est vraiment là pour faire augmenter le trafic et la circulation de trains sur le réseau, donc ça c'est vraiment la priorité.
04:15Bien entendu, on s'associe avec tous les partenaires, qu'ils soient transporteurs, mais aussi les autorités organisatrices de mobilité, les métropoles, les régions, l'État,
04:24pour développer plus de trafic et bien sûr pour mieux coordonner l'ensemble des offres avec le car, avec le bus, avec le métro, le tramway et bien sûr aussi le vélo.
04:35Les gares sont aussi des lieux de connexion comme on dit chez nous, donc plus de vélos, plus de solutions pour finalement optimiser l'utilisation du train
04:44qui est un très bon moyen de transport mais qui ne va pas partout.
04:47Et donc il faut aussi penser à ceux qui n'ont pas une ligne ferroviaire ou une gare à côté de chez eux.
04:51Alors il y a effectivement beaucoup de grands projets qui sont pilotés par SNCF Réseau.
04:55Est-ce que vous pouvez nous en citer quelques-uns juste pour qu'on se balade un peu dans différentes régions de France ?
05:01C'est quoi les 3-4 grands projets que vous menez en ce moment ?
05:04Si je peux me permettre, il y a les grands projets, mais on oublie souvent de parler du réseau existant qui a énormément besoin d'être modernisé.
05:12Les petites lignes notamment ?
05:14Tout le réseau, les grandes lignes, les petites lignes, on a besoin de moderniser le réseau parce qu'on oublie qu'on l'a construit pour une grande partie il y a très longtemps, le réseau ferroviaire.
05:24On le modernise régulièrement mais qu'il faut pour avoir une bonne qualité de service et pour développer plus de trafic, il faut moderniser ce réseau, le renouveler.
05:32Et 28 000 km de ligne, ça c'est le réseau d'aujourd'hui, ça nécessite régulièrement des investissements.
05:38C'est aujourd'hui un peu plus de 3 milliards d'euros d'investissement par an.
05:42Pour moderniser davantage et améliorer la qualité de service, si on veut développer plus de trains, c'est d'abord investir sur ce réseau.
05:49La priorité c'est ça ?
05:50Pour nous, c'est ça la priorité.
05:52Médiatiquement, c'est vrai qu'on voit la lumière des grands projets.
05:55Médiatiquement, c'est toujours plus intéressant de parler des nouveaux projets, mais je pense qu'il faut penser à tous les voyageurs qui utilisent le réseau existant.
06:01On est bien d'accord.
06:02Mais il y a aussi des grands projets.
06:04Sur les grands projets, bien sûr, on pense à des projets qui sont à la fois de deux types, je dirais.
06:09Il y a des projets de ligne à grande vitesse.
06:11On a entendu parler des grands projets sud-ouest notamment.
06:14Ce qui est intéressant dans ce projet, c'est que c'est non seulement un projet de ligne à grande vitesse pour permettre d'aller de Paris jusqu'à Toulouse en grande vitesse,
06:22mais c'est aussi un projet qui permet d'améliorer la desserte ferroviaire de Bordeaux et de Toulouse.
06:29C'est-à-dire que dans le projet, il y a aussi des objectifs de développer les transports ferroviaires de proximité au sud de Bordeaux et au nord de Toulouse,
06:37où il y a de très gros besoins de mobilité.
06:39Pour les embouteillages à Bordeaux, on ne peut que confirmer.
06:43Voilà, vous comprenez.
06:44Et pourtant, la région Nouvelle-Aquitaine et la métropole de Bordeaux ont déjà augmenté l'offre significativement, sans faire d'investissement particulier sur les réseaux.
06:52Et aujourd'hui, c'est à peu près 6 000 voitures en moins par jour qui circulent autour de Bordeaux grâce au renforcement des trains, finalement, dans la métropole bordelaise.
07:02Donc ça va permettre aussi d'améliorer le service autour de ces grandes îles.
07:07Parce que ce projet sud-ouest, Bordeaux-Toulouse, évidemment, tous les nouveaux projets, on peut dire, sont forcément critiqués.
07:15Mais il y a cette critique que j'évoquais tout à l'heure sur l'artificialisation des sols.
07:19Il y a un certain nombre d'associations de défense de l'environnement qui critiquent, qui disent qu'il n'y en a pas besoin.
07:24Qu'est-ce que vous répondez à ça ?
07:25Alors, d'abord, nous, SNCF Réseau, là, on est au service de ce projet.
07:30Nous sommes maîtrises d'ouvrage de ce projet.
07:32Évidemment, cette décision de construire un projet de ligne nouvelle, elle appartient à l'État et aux collectivités qui ont porté ce projet et qui ont réalisé...
07:44C'est notre rôle, à nous, de préparer toutes les autorisations environnementales qui permettent de réaliser de tels projets.
07:51Donc, nous, notre rôle est d'appuyer, finalement, les collectivités et l'État qui décident de faire un tel projet
07:58et de s'assurer que notre projet est en conformité avec les conditions environnementales.
08:05J'entends vos arguments, mais ce qui est intéressant, c'est que, d'un côté, on nous dit que le train, c'est l'outil de la décarbonation.
08:12Et, de l'autre, on a ces mouvements quand une nouvelle ligne TGV se construit.
08:18Moi, je cherche la logique, la cohérence. Et vous ?
08:22Alors, la cohérence, moi, je peux peut-être donner un exemple.
08:25C'est que, regardons la France, regardons l'Italie et regardons l'Espagne, qui ont énormément investi sur leur réseau TGV.
08:32Et regardons le report modal qui a été constaté.
08:36C'est-à-dire les voitures ou l'avion et le train.
08:40On regarde sur Paris-Lyon. Aujourd'hui, il n'y a plus d'offres aériennes entre Paris et Lyon.
08:45Tous les transports, finalement, entre Paris et Lyon vont se faire par le TGV.
08:49Je pense quand même qu'on peut dire que c'est vraiment gagnant d'un point de vue décarbonation.
08:54Si on regarde l'Italie, entre Milan et Rome, on est exactement dans la même situation.
08:58Et l'Espagne est en train de développer très fortement son offre à grande vitesse avec les mêmes effets.
09:03Ça, on est gagnant tout de suite.
09:05Bon, il nous reste une minute. C'est passé trop vite.
09:07Je voulais quand même qu'on dise, parce que je l'ai promis dans les titres, qu'on dise un mot du bilan des Jeux olympiques et paralympiques.
09:11Qu'est-ce que ça a représenté pour la SNCF ?
09:14Je crois que le mois de juillet n'a pas été top et le mois d'août a été réussi.
09:19Alors, moi, je dirais quand même que ça a été un formidable succès, les Jeux olympiques.
09:24On s'est organisé, préparé depuis des années, des mois.
09:28On s'est entraîné pour organiser finalement des services de transports performants pour transporter les voyageurs du monde entier pour venir assister aux épreuves.
09:38Et le résultat est exceptionnel.
09:40C'est-à-dire que tout le monde a apprécié la qualité des services et des transports publics qui ont été proposés.
09:46Tout le monde a vraiment joué le jeu.
09:49Et ce qu'on peut dire quand même, c'est qu'on a des taux de ponctualité les meilleurs de l'année.
09:55On en rêve toute l'année.
09:56Mais c'était sur le nombre de voyageurs transportés.
09:58Il y a eu un petit effet down en juillet et un rattrapage en août, c'est ça ? En quelques mots.
10:03Il y a deux effets, effectivement.
10:05C'est qu'au mois de juillet, je crois que tous les services de transport l'ont constaté.
10:09Des entreprises ont appelé à faire du télétravail et à limiter les déplacements.
10:14Et donc, on a eu une petite baisse des déplacements en juillet.
10:17Dans la mesure où il était plutôt déconseillé de circuler en plein Paris ou à proximité du Stade de France, par exemple.
10:24Nous sommes nous-mêmes installés à Saint-Denis.
10:26Et on nous avait déconseillé pendant la période des JO les deux semaines d'épreuve de ne pas être sur site.
10:31Mais voilà, ça a été rattrapé.
10:35Et globalement, on constate quand même une envie de train de tous les Français.
10:40Et notre ambition, c'est de répondre à cette envie avec plus de train.
10:43Merci beaucoup, Isabelle Delon.
10:45Et à bientôt sur BeSmart.
10:47For Change, on passe à notre débat.
10:48Le coup de l'inaction climatique au programme.
10:55C'est le débat de Smart Impact.
10:58On va parler du coup de l'inaction climatique, de la nécessité de construire un baromètre de la décarbonation.
11:05Je vous présente mes invités tout de suite.
11:06Charlotte Degault, bonjour.
11:07Bonjour.
11:08Bienvenue.
11:09Vous êtes présidente cofondatrice de CO2 AI, plateforme d'action pour le développement durable.
11:13Et j'accueille également Francesco Bellino.
11:16Bonjour, bienvenue.
11:17Bonjour.
11:18Vous êtes directeur associé partenaire au Boston Consulting Group.
11:20Et vous avez publié un rapport sur ce thème, cette importance d'un baromètre de décarbonation.
11:26C'était au mois de septembre dernier.
11:28Peut-être un mot du constat pour commencer.
11:30Le coup de l'inaction climatique.
11:31Je commence avec vous, Charlotte Degault.
11:33Est-ce qu'on a pu le modéliser, ça ?
11:35On s'en rend compte un peu intuitivement les uns et les autres.
11:38Encore en ce moment, on enregistre cette émission.
11:40Il vient d'y avoir des inondations dramatiques en Ardèche.
11:44Donc, intuitivement, on le ressent.
11:45Mais est-ce qu'on a pu le modéliser ?
11:47On le ressent.
11:48On sait que le coût de l'inaction climatique est bien plus élevé que le coût de la transition.
11:52Et donc, on a en fait zéro raison de ne pas accélérer.
11:57Avec Francesco, on publie tout juste cette étude
11:59où on a interrongé plus de 2000 entreprises qui représentent 45% des émissions mondiales.
12:04On s'est concentré sur les entreprises les plus grosses pour représenter celles qui émettent le plus.
12:10Et ce qu'on voit, c'est que si elles se mettent à l'action
12:14et qu'elles bougent sur leur trajectoire de décarbonisation,
12:18non seulement elles tirent des bénéfices liés à la décarbonisation en soi,
12:22mais en plus, elles tirent des bénéfices financiers
12:24de l'ordre en moyenne de 200 millions de bénéfices annuels nets.
12:28Ça, c'est un levier, évidemment, un argument évidemment très important.
12:33Perte de 20% du PIB mondial d'ici 2100 en cas d'absence de lutte contre le réchauffement.
12:40Francesco Bellino, est-ce qu'il y a une prise de conscience ?
12:43Parce qu'on se dit, ok, on est tous confrontés à des catastrophes climatiques.
12:48On se dit, bah oui, il faut faire quelque chose.
12:49Sauf qu'ensuite, quand il faut activer les investissements,
12:52que ce soit au niveau privé, les entreprises ou public, les États, c'est plus compliqué.
12:57Vous avez mentionné le chiffre de 20% du PIB.
13:00Il est massif.
13:01Il est à 2100.
13:03Et souvent, une des difficultés sur ces notions d'inaction,
13:06c'est qu'on se projette dans un avenir.
13:08Et c'est sûr que travailler aujourd'hui pour 2100,
13:10ça paraît toujours conceptuel pour les gens.
13:12En même temps, quand on parle de coûts de l'inaction,
13:15c'est une réalité aujourd'hui.
13:17Vous prenez en France, les assureurs payent tous les ans des dédommagements
13:24pour catastrophes naturelles.
13:26Vous l'avez dit, c'est d'actualité aujourd'hui.
13:28Dans les années 2000, les assureurs français payaient 2,7 milliards par an
13:34à cause des catastrophes naturelles.
13:37Sur les années 2010, c'était 3,7 milliards.
13:40Un milliard de plus en moyenne par an.
13:43En 2023, plus de 6 milliards.
13:45Donc aujourd'hui, c'est important,
13:47notamment sur la fréquence et l'ampleur de ces catastrophes naturelles,
13:51de se rendre compte que c'est un sujet actuel.
13:54Et c'est un levier d'action.
13:57Vous avez aujourd'hui des entreprises, effectivement,
13:59qui en prennent conscience, qui commencent à le voir dans leur bilan,
14:02ce coût d'inaction,
14:04et qui, du coup, mettent en regard des investissements
14:07pour s'y préparer au mieux, mais aussi pour atténuer le futur.
14:10Est-ce que ça se ressent, par exemple, sur les infrastructures,
14:15les infrastructures routières, ferroviaires, mondiales ?
14:18On sait à quel point elles sont exposées aujourd'hui ?
14:21Les deux secteurs où, finalement, on en parle le plus,
14:25parce que, comme vous le dites, on le sent et on le ressent,
14:27c'est les infrastructures.
14:2930% des grandes infrastructures mondiales
14:32sont aujourd'hui exposées aux effets du changement climatique.
14:37Quand on parle infrastructure, on pense routes, on pense ponts.
14:42Les infrastructures électriques aussi sont un élément clé.
14:45J'étais récemment avec un grand dirigeant d'entreprise
14:49qui travaille sur les infrastructures électriques,
14:51qui disait que tous les systèmes, par exemple,
14:53qui ont été conçus dans les années 60-70 pour durer 80 ans,
14:57en raison du changement climatique,
14:59ont plutôt une durée de vie de 50 ans.
15:02Ce qui veut dire un besoin de renouvellement massif en infrastructures.
15:07Le deuxième secteur qui, je pense, est important à avoir en tête,
15:10c'est l'agriculture.
15:12Vous parlez aujourd'hui, à la plupart des agriculteurs,
15:14ils ne savent plus ce qu'est une année normale, climatiquement,
15:17puisque ça fait des années que rien ne se ressemble.
15:20L'exceptionnel est devenu la norme.
15:22Le GIEC a pas mal modélisé sur un avenir plus proche que 2100.
15:27Ils ont pris à 2050 l'évolution aussi pour l'agriculture.
15:31Vous prenez une denrée essentielle pour l'industrie,
15:35aussi agroalimentaire comme le blé.
15:37On anticipe, à cause du changement climatique,
15:40une hausse des coûts de blé de 30% à 2050.
15:43C'est des réalités économiques dont, aujourd'hui,
15:45les entreprises commencent à prendre l'ampleur
15:50et commencent aussi à agir pour y faire face.
15:53Je reviens au rapport sur lequel vous avez travaillé ensemble,
15:59avec un constat, le fait de rendre l'action climat et biodiversité plus visible.
16:05Ça, ça vous semble un enjeu majeur aujourd'hui ?
16:08Si on ne réduit pas et si on n'est pas capable de mesurer ce qu'on réduit,
16:15on ne continue pas les efforts.
16:19C'est valable pour n'importe quel type d'effort dans la vie.
16:23C'est ce que les Américains disent,
16:24« What gets measured gets done ».
16:26Il faut mesurer et quantifier ce qu'on réduit pour pouvoir le valoriser.
16:30C'est plus difficile sur la biodiversité ?
16:32C'est plus difficile sur la biodiversité.
16:34C'est déjà très difficile sur le carbone, honnêtement.
16:37Mais la biodiversité, c'est encore plus intangible.
16:39C'est encore plus difficile de mesurer et de réduire.
16:43En plus, on parle d'échelle locale sur la biodiversité.
16:47C'est des dimensions de complexité qui s'additionnent.
16:50Quand on parle de baromètre de la décarbonation,
16:52quelle forme il pourrait prendre ce baromètre ?
16:54C'est exactement ce qu'on fait avec Francesco depuis quatre ans.
16:57C'est le fait de venir mesurer à grande échelle,
17:00comme je le disais, 2 000 entreprises, plus de 40 % des émissions mondiales.
17:03Vous évaluez la trajectoire en quelque sorte ?
17:08Exactement.
17:09On évalue la trajectoire en demandant aux entreprises
17:11où est-ce qu'elles en sont de la mesure, parce que c'est la base,
17:13et puis où est-ce qu'elles en sont des progrès
17:15de décarbonisation et de réduction.
17:17Ce qu'on voit, c'est que malheureusement,
17:19le constat n'est pas très positif.
17:21On ne voit pas d'accélération sur ni la mesure ni la réduction.
17:26On voit plutôt une décélération.
17:28On discutait sur ce plateau avec Bertrand Badré,
17:32l'ancien directeur de la Banque mondiale,
17:34qui disait qu'il avait parfois, sur les levées de fonds notamment,
17:38sur la capacité à mobiliser de l'argent,
17:41une petite musique depuis 6-8 mois qui était « La mode est passée ».
17:45Vous voyez ce que je veux dire ?
17:46Je trouve ça désastreux.
17:48J'ai mes cheveux qui s'aérissent sur le crâne.
17:51Est-ce que vous entendez, est-ce que vous ressentez ça, vous aussi ?
17:54Je commence avec vous, Charlotte de Gaulle,
17:55et je vous poserai la même question après.
17:56Je ne pense pas que la mode soit passée.
17:58Déjà, ce n'est pas une mode, on le rappelle, mais bon.
18:00On est bien d'accord, ce n'est pas une mode.
18:02C'est là pour durer, malheureusement, le changement climatique.
18:04Mais je ne pense pas que la mode soit passée.
18:07Je pense qu'en revanche, c'est difficile,
18:09et les entreprises s'en rendent compte.
18:10Faire des progrès, ça prend du temps, ça prend des investissements,
18:14ça prend du focus stratégique de la part des équipes dirigeantes.
18:17C'est pour ça que ça ne bouge pas en un claquement de doigts.
18:21Votre avis là-dessus ?
18:23Pour moi, il y a deux choses qui sont en train de changer.
18:28La première est une notion de maturité.
18:31Je travaille beaucoup, par exemple, avec des directeurs financiers
18:37qui sont très confrontés à tous les sujets de l'allocation de moyens,
18:41d'investissement, de reporting.
18:43J'avais un directeur financier récemment qui me disait
18:46qu'on est en train de faire dans le développement durable,
18:48même en termes de reporting et d'action,
18:50ce qu'on a fait sur la finance pendant 70 ans,
18:55on essaie de le faire en 10 ans, et on doit le faire.
19:00Je pense que c'est normal.
19:02Tout comme tout nouveau secteur,
19:08c'est normal qu'à un moment, il y ait des grandes poussées,
19:11des moments de maturité.
19:13Je pense que beaucoup d'entreprises aujourd'hui
19:15comprennent mieux la différence entre ce qui est volontariste
19:20ou du greenwashing versus ce qui a vraiment de l'impact.
19:24Je pense que les entreprises sont plus sages dans ce qu'elles disent,
19:28dans ce qu'elles mettent en avant.
19:30En parlent peut-être moins, et parfois ce n'est pas plus mal,
19:33parce qu'en moins elles parlent des bonnes choses.
19:35Après, l'autre facteur d'évolution,
19:37et là où je vous rejoins sur le côté de la crainte,
19:40c'est le contexte économique.
19:42Au fur et à mesure où le sujet du pouvoir d'achat
19:46monte en puissance,
19:48où certains commencent à parler de crise économique,
19:51c'est sûr que dans la tête d'un dirigeant ou d'une entreprise,
19:55l'équation devient plus compliquée.
19:58Mais c'est une des valeurs du rapport,
20:00qui est comment, à un moment, on sort de cette opposition.
20:04Est-ce que l'entreprise doit aller chercher l'argent ou l'environnement ?
20:08Et comment on arrive à réconcilier les deux dimensions ?
20:11C'est ce que vous disiez dès le début.
20:13Ça peut rapporter à relativement court terme des bénéfices.
20:16Le rôle de l'IA, il nous reste deux minutes trente,
20:18il faut qu'on l'aborde évidemment, et c'est important.
20:20Face à cette complexité,
20:22la bonne utilisation de l'intelligence artificielle, c'est un levier ?
20:26C'est clairement un levier, parce qu'on voit bien,
20:28c'est complexe, c'est long,
20:29donc tout ce qui nous rend plus efficace,
20:30et qui nous permet d'aller plus vite, c'est essentiel.
20:33Et l'intelligence artificielle,
20:34sur les sujets de comptabilité carbone,
20:36c'est un levier incroyable.
20:38On le voit dans l'étude, on pose la question,
20:40il y a un facteur de 4,5 entre les entreprises
20:43qui utilisent l'intelligence artificielle
20:45et celles qui ne l'utilisent pas,
20:46sur leur capacité à aller chercher des bénéfices
20:49de décarbonisation et des bénéfices financiers, important.
20:52Pourquoi ? Parce qu'en deux mots,
20:54l'intelligence artificielle, ça permet de faire,
20:56à très grande échelle, de manière très efficace,
20:58une comptabilité carbone de qualité
21:00qui permet de prendre les bonnes décisions.
21:02Par exemple, avec CO2 AI,
21:04on travaille avec Rekit Bankeaser,
21:06une entreprise, on achète tous des produits de Rekit chez nous,
21:09ils font de la lessive, des produits pour la vaisselle, etc.
21:12Des produits, en fait, très complexes
21:14à fabriquer et à décarboner.
21:16Et avec l'intelligence artificielle,
21:18on a réussi à quantifier les émissions,
21:19de manière précise, de 25 000 produits en 4 mois.
21:22Donc on passe un cap en termes de qualité de la donnée
21:26et derrière, d'être capable de comprendre
21:28comment est-ce qu'on réduit l'empreinte carbone
21:30d'un produit une fois qu'on a la bonne donnée.
21:34Oui, ça rejoint ce que Francesco vient de nous dire.
21:36C'est-à-dire que, comme on doit faire en 10 ans
21:38ce qu'on n'a fait pas auparavant en 70,
21:40grosso modo, sans cet outil, c'est quoi ?
21:43Impossible ? Trop compliqué ?
21:45C'est des mois, voire des années de travail,
21:47pour faire l'équivalent de ce qu'on fait aujourd'hui.
21:49C'est la question bateau sur l'IA,
21:51mais elle se pose aussi en la matière.
21:53C'est-à-dire qu'il y a un moment où c'est l'humain
21:56qui va faire le choix,
21:57le levier sur lequel il va appuyer,
22:01vous voyez ce que je veux dire.
22:03Comment aller contre ce que l'intelligence artificielle propose ?
22:07Comprenez ma question, parce que c'est très compliqué.
22:09On se dit, on a un outil, par exemple,
22:11moi je pense à ça pour la santé, par exemple.
22:13Une IA qui va proposer un diagnostic,
22:15quel médecin va oser aller contre ?
22:17Qui prend la décision stratégique ?
22:19Voilà ma question.
22:20L'humain, toujours.
22:21Vraiment ?
22:22Bien sûr.
22:23En tout cas, dans ce que nous on fait
22:25et la manière dont on travaille avec les entreprises,
22:27l'idée c'est d'utiliser l'intelligence artificielle
22:29pour leur donner des suggestions, des informations.
22:31Et puis après, il faut confronter ça aussi
22:33à ce qui est faisable,
22:34à ce que les fournisseurs peuvent fournir
22:36comme type de matière première.
22:37Est-ce qu'ils sont capables de passer à du recyclé rapidement ou pas ?
22:40Et de confronter ça à la réalité,
22:43pour faire le plus vite,
22:44le plus optimal en termes de décarbonisation
22:47et d'enjeux aussi économiques.
22:50Mais ouais, donc…
22:51Gardons la main.
22:52Gardons la main.
22:53Merci beaucoup.
22:54Merci à tous les deux d'être venus nous présenter
22:56les résultats de ce rapport.
22:58Et à bientôt sur Smart Impact.
23:02Voilà tout de suite notre rubrique Startup.
23:11Smart Ideas, notre rubrique consacrée aux startups
23:14éco-responsables et socialement responsables
23:16également avec Alice Devese.
23:17Bonjour.
23:18Bienvenue.
23:19Vous êtes la fondatrice de Petite Mue,
23:21entreprise créée en 2022.
23:23Avec quelles idées présentez-nous votre entreprise ?
23:26Alors du coup, oui, effectivement,
23:28Petite Mue, on existe depuis deux ans et demi.
23:30Donc je suis la co-fondatrice de Petite Mue
23:32et on l'a créée avec Annaëlle Marzolière,
23:34puisqu'il n'y avait aucun média sur le sujet du handicap invisible.
23:38Et on est toutes les deux concernées.
23:40Donc moi, j'ai une sclérose en plaques,
23:41Annaëlle a des troubles psy.
23:43Et on s'est dit, ce serait sympa d'avoir un média
23:45avec des interviews, des podcasts
23:47où on donne la parole aux personnes directement concernées
23:49et aux proches aidant également.
23:51Et puis la bande dessinée,
23:52pour sensibiliser de manière plus ludique également
23:55et vulgariser certains concepts des fois
23:57qui sont difficiles à comprendre.
23:58Handicap invisible, vous en avez cité deux,
24:00mais de quoi on parle ?
24:02Alors, handicap invisible,
24:03on va parler de toutes les maladies chroniques
24:05comme le cancer, l'endométriose,
24:06les maladies auto-immunes
24:08avec le diabète de type 1, maladie de Crohn, etc.
24:10Les troubles psychologiques et psychiatriques
24:12qui sont aujourd'hui les plus stigmatisés,
24:13les plus compliqués
24:14pour sensibiliser notamment dans les entreprises,
24:16parce qu'on intervient beaucoup dans les entreprises.
24:18On a les troubles du neurodéveloppement
24:20et puis les troubles visuels et auditifs partiels également.
24:22Vous intervenez dans les entreprises,
24:24ça concerne potentiellement toutes les entreprises
24:26même si elles ne s'en doutent pas
24:30ou peut-être pour certaines ne veulent pas le voir.
24:33Effectivement, aujourd'hui on sait qu'il y a 11%
24:35de la population en emploi qui est reconnue handicapée.
24:38Il y a moins de 3,5% des personnes
24:41qui sont déclarées en entreprise.
24:43Parce que quand on a un handicap invisible,
24:44c'est très facile de le cacher.
24:45Ça ne se voit pas.
24:46Et on le cache parce qu'il y a plusieurs freins
24:48qui sont légitimes aussi à ne pas forcément en parler.
24:50C'est quand même la première cause de discrimination
24:51aujourd'hui dans les entreprises.
24:53Sauf que si on n'en parle pas,
24:54on a une stratégie de surcompensation
24:56et ça ne finit jamais bien pour son maintien dans l'emploi
24:58ou même plus important pour sa santé.
25:00Donc l'objectif c'est de créer un climat de confiance
25:02dans les entreprises
25:03pour que les personnes se sentent à l'aise d'en parler.
25:05Que peuvent-elles faire ?
25:07Vous vous intervenez en entreprise,
25:08c'est quoi ? C'est de la sensibilisation ?
25:10Quels conseils vous donnez à un chef d'entreprise,
25:13à un ou une DRH,
25:15pour finalement commencer à s'intéresser
25:21et surtout à agir sur cette question ?
25:23C'est une bonne question
25:24parce que chacun a pas mal d'idées là-dessus
25:26mais je pense qu'il faut vraiment parler du handicap
25:28très simplement.
25:29Éviter d'avoir toujours des mots compliqués,
25:31de faire toujours attention.
25:32On ne communique pas non plus qu'une fois dans l'année,
25:34c'est des actions à faire tous les mois.
25:36C'est aussi sensibiliser tout le monde
25:38parce qu'il suffit d'un manager, une manageuse
25:40ou un de ses collègues
25:42qui nous fait une réflexion type
25:44« Ah bah t'as de la chance, tu as du télétravail,
25:46ah bah tu peux partir plus tôt »
25:47pour bloquer la personne.
25:48Donc c'est un effort commun.
25:50Et puis mettre du budget aussi dessus
25:52parce qu'aujourd'hui on n'a pas forcément
25:54beaucoup dans les entreprises.
25:55Mais ça c'est important de prendre du temps
25:57et mettre de l'argent pour sensibiliser.
25:59Je vous avais reçu au printemps dernier
26:01et on s'était placé dans la perspective
26:03des Jeux Olympiques et Paralympiques.
26:05Quel bilan vous en faites ?
26:07Il y a eu pour les Jeux Paralympiques
26:09un moment d'enthousiasme
26:12public qui était aussi fort
26:14que celui des Jeux Olympiques.
26:16Quel bilan vous en faites, vous ?
26:18Alors le bilan qu'on voit,
26:20déjà j'ai trouvé que les Jeux Paralympiques
26:22c'était, enfin je les ai trouvés très bien.
26:24On en a beaucoup parlé,
26:26on a fait en sorte qu'il y ait beaucoup d'accessibilité aussi.
26:28Enfin moi j'ai eu des retours de personnes
26:30avec un handicap invisible ou fauteuil roulant
26:32qui ont dit que c'était plutôt bien accessible.
26:34On n'a pas trop entendu parler d'handicap invisible.
26:36Pendant la cérémonie d'ouverture,
26:38juste une petite phrase en disant
26:4080% des handicaps sont invisibles.
26:42Juste dans ce discours, je pense que ça aurait pu avoir un vrai impact.
26:44On n'en a pas trop parlé.
26:46Par contre, j'ai regardé dans les diffusions
26:48des sports, on en parlait quand même
26:50sur les plateaux, donc il y a eu cet effort-là.
26:52Par contre l'après Paralympique,
26:54il est quand même un petit peu décevant parce qu'on a
26:56toujours dit qu'elle va être l'héritage, etc.
26:58Le gouvernement a oublié de nommer
27:00un ministre du handicap, alors qu'il y avait toujours eu
27:02un ministre du handicap avant.
27:04Ils se sont rattrapés, c'est vrai.
27:06Grâce aux associations d'ailleurs
27:08et les postes qui ont été faits.
27:10Pareil, le budget aujourd'hui a diminué
27:12pour le handicap et la réinsertion des personnes
27:14en situation d'handicap
27:16dans la vie professionnelle.
27:18Il y a eu pas mal de choses. On attendait quand même
27:20pas mal de changements qu'on n'a pas forcément eus.
27:22Après, dans les mentalités
27:24des personnes, ça a dû avoir un impact
27:26parce que j'avais l'impression que pendant
27:28deux semaines, mon monde était un peu le monde de tout le monde.
27:30C'est quand même agréable.
27:32Sinon, je pense que les Jeux Paralympiques
27:34en eux-mêmes étaient quand même réussis.
27:36Mais il y a une sorte d'essai
27:38à transformer, c'est-à-dire d'élan
27:40à faire
27:42perdurer le plus longtemps possible. Merci
27:44beaucoup Alès Devesse et bon vent
27:46à Petite Mue. Voilà, c'est la fin
27:48de ce numéro de Smart Impact.
27:50Merci à toutes et à tous de votre
27:52fidélité à Be Smart For Change.
27:54Je vous dis à demain.
27:56Tout simplement. Salut.

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