Mardi 1 octobre 2024, SMART IMPACT reçoit Daniel Yamba (Cofondateur, Dr. Jonquille & Mr. Ail) , Valérie Paumier (Fondatrice, Résilience Montagne) et Nicolas Walker (Avocat associé, Cabinet Reed Smith)
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00:00Bonjour, bonjour à toutes et à tous. Bienvenue, c'est Smart Impact, l'émission de la transformation environnementale et sociétale de notre économie.
00:14Et voici le sommaire. Mon invité, c'est Valérie Paumier, la fondatrice de Résilience Montagne. Avec cette association, elle forme et alerte les professionnels
00:24du tourisme, du ski et de l'immobilier sur les enjeux du réchauffement climatique. Dans le zoom de cette émission, la loi Industrie Verte,
00:32dans le collimateur des associations Zero Waste et Notre Affaire à Tous, faut-il forcément détricoter le droit de l'environnement pour faciliter
00:41la réindustrialisation. Et puis dans notre rubrique consacrée aux start-up éco-responsables, je vous présenterai Dr Jonquil et Mr Haï, qui veut démocratiser
00:51le jardinage pour tous grâce à une appli. Vous verrez, voilà pour les titres. C'est parti, c'est Smart Impact.
01:03L'invité de Smart Impact, c'est Valérie Paumier. Bonjour.
01:06Bonjour.
01:07Bienvenue, vous êtes la fondatrice de Résilience Montagne. Alors c'est quoi, c'est une association, c'est ça ?
01:12Oui, une association.
01:13Vous l'avez créée quand et pourquoi ?
01:14J'ai créé pour travailler l'impact du réchauffement climatique en montagne, les causes et conséquences, et puis trouver des solutions quand il y en a.
01:23Oui, donc vous l'avez créée, je crois, en 2018. Vous êtes basée à Annecy. Un mot de votre histoire personnelle ? J'ai presque envie de dire que vous êtes une repentie.
01:33Est-ce qu'on peut employer ce terme-là ?
01:35Une transfuge.
01:35Oui, une transfuge, oui. Expliquez-nous.
01:37Oui, je dis qu'il n'est jamais trop tard pour essayer de mieux faire et ça me va bien. Je viens du milieu des affaires. J'ai œuvré à bétonner les montagnes, à investir en montagne et à travailler l'attractivité des territoires de montagne d'un point de vue touristique, globalement.
01:53Voilà, donc j'ai fait partie du problème.
01:55Et la prise de conscience, elle date de quand ? Elle se fait comment ? Grâce à qui ?
02:01En 2016. Ce n'est pas très vieux. J'assiste à une conférence aux mines à Paris et un certain monsieur, Jean Covici, parle d'effondrement et d'impact carbone.
02:14Et je le mets dans ma vie et je me dis, oh, mais en fait, je participe à ça et je suis en train de scier la branche sur laquelle on est tous assis et je ne peux plus vivre avec.
02:24D'accord. Et donc, il y a vraiment cette bascule, ce choix professionnel majeur de créer cette association. Vous formez, vous sensibilisez. Quels sont vos leviers d'action ?
02:38Oui, sensibiliser, amener un débat contradictoire, ne pas laisser ce qu'on appelle les experts du ski ou de la montagne ou du tourisme, qui pour moi sont des lobbyistes, en fait.
02:48J'aime bien amener le contradictoire sur la vérité des territoires de montagne. Et puis, conférences, débats, pas mal de lobbying, travail avec beaucoup d'associations en montagne qui s'érigent contre des projets anachroniques,
03:01des recours juridiques beaucoup pour faire respecter la loi. Les recours ne sont pas militants, c'est juste de faire respecter la loi, en fait. Et voilà, tout ça.
03:09Comment vous êtes reçu ? Ce n'est pas toujours bien, j'imagine.
03:14Dans certaines stations, je suis menacée de mort. Mais au moins, c'est comme ça. La vérité, quelquefois, est dure à entendre. Et puis, quelquefois, plutôt bien.
03:22Les grandes écoles, les étudiants sont très ouverts à ce genre de discussion. Je suis pas mal appelée dans les grandes écoles. Dans des cabinets ministériels, ils savent, mais ils ont besoin de données techniques par territoire.
03:36Les associations d'habitants, il y en a partout aujourd'hui en montagne. Et ces gens-là ont besoin d'information.
03:42Alors, ça ne me surprend qu'à moitié que vous puissiez subir des menaces, parce que ça existe là et ça existe dans d'autres secteurs et dans d'autres circonstances.
03:53Mais ce qui m'étonne, en revanche, c'est peut-être le retard de prise de conscience. Je suis peut-être à côté de la plaque, mais ceux qui vous menacent, ils ne veulent rien voir ?
04:03Ou alors ils sont conscients que c'est en train de changer et ils se disent de toute façon on n'a pas d'autre option ?
04:07En revanche, je dirais qu'il y a tout. Il y a encore des personnes qui ignorent. Il y a pas mal de climato-scepticisme en montagne.
04:13Quand on est dans un village reculé, dans un fond de vallée, qui donne l'info ? Un maire ? Un affairiste qui est là ? Il y a beaucoup de déni.
04:22Et le déni, je le comprends, parce que la vérité fait peur. Les modèles vont s'arrêter. Et puis, il y a un besoin ou une envie de continuer comme avant, parce qu'il n'y a pas de modèle de remplacement.
04:34Oui, mais il y a quand même tout ce qu'on voit. On habite en montagne, on voit les glaciers qui reculent. Il y a malheureusement des épisodes climatiques extrêmes de plus en plus fréquents.
04:50Parfois, pas toujours, mais de plus en plus violents, mais surtout de plus en plus fréquents.
04:54Mais en fait, il n'y a pas non plus de volonté politique de changer, de transformer, de transitionner ou d'adapter. On est plutôt dans un modèle politique de collectivité publique qui conforte le modèle.
05:06Les subventions, par exemple, vont pour conforter et fabriquer la neige. On ne parle pas réellement d'adaptation et de sécurité au sens propre du terme, qui est la sécurité des villages.
05:17Alors que vous dites qu'il faut sortir du modèle ? Mais sauf que c'est le modèle qui a apporté de la prospérité à ces territoires depuis 60 ans.
05:26Et puis qui rapporte de l'argent. Comment parler de transition quand ce modèle est aussi bénéficiaire pour quelques personnes ? Mais on n'a pas le choix.
05:33Qu'est-ce qu'on fait ? Est-ce qu'on attend d'être au bout du mur et les habitants des territoires vont devoir partir parce qu'il n'y aura pas eu de planification ou d'hiérarchisation des besoins ?
05:43Qu'est-ce qu'il faut faire ? Autant en parler avant, plus on est en amont de la fin, à pouvoir au moins en discuter, plus on limite la casse.
05:51Parce que là, j'allais faire le parallèle avec la fermeture des mines. Sauf que la fermeture des mines, elle fermait et puis il n'y avait rien d'autre.
05:57Là, il y a des alternatives. C'est-à-dire qu'on peut, oui ou non d'ailleurs, inventer d'autres activités pour permettre quand même à la montagne de rester attractive et d'attirer du monde.
06:06La montagne est devenue un produit comme un autre à vendre. Qu'est-ce qui remplacera le modèle du ski ? Rien. Rien ne rapportera autant d'argent que l'industrie du ski.
06:18Est-ce qu'il faut remplacer un modèle qui n'est pas si bon que ça et qui dépend d'une saisonnalité par un autre ? Est-ce qu'on doit étendre des saisons ?
06:29Est-ce qu'on doit plutôt parler habitabilité du territoire ? Parce qu'à plus 4 degrés, comme on nous dit de nous adapter à plus 4, qu'est-ce qu'on fait à plus 4 dans un village reculé quand il n'y a même plus d'autonomie alimentaire ?
06:40En fait, la question, c'est l'habitabilité uniquement.
06:43Sur quels leviers on peut agir ? Qu'est-ce qui pollue plus dans le modèle actuel ? Ce que je vois d'ici, par exemple, quand on parle de sport, d'événements sportifs, c'est toujours les transports.
06:55Est-ce que c'est vrai aussi pour la montagne ?
06:57En fait, on est dans des villages qui sont les plus loin en temps et en kilomètres des premiers ravitaillements et des premiers accès.
07:03On n'est pas comme en Suisse où il y a un réseau ferroviaire hyper développé.
07:0660% des émissions viennent de la mobilité, environ.
07:10Et il y a certaines destinations qui ont comme cible 80% des clientèles étrangères qui arrivent par avion.
07:17Donc ça, on le sait. C'est un fait et on va dire que c'est des données techniques.
07:20Le deuxième facteur des émissions, ce sont les passoires thermiques.
07:24Les plus de 3 millions de lits touristiques sont des passoires thermiques.
07:28On devrait aujourd'hui mettre le paquet sur la rénovation énergétique.
07:33Mais moi, je vois philosophiquement qu'on doit aujourd'hui parler de montagne et de contemplation.
07:39Changer les récits, ne pas faire croire qu'il y a de la neige, ne pas vendre du ski à tout prix.
07:43Et puis faire aimer cette montagne telle qu'elle est aujourd'hui.
07:47Parce que le modèle économique de remplacement n'est pas là.
07:50Donc oui, il y a des leviers, mais ils sont politiques.
07:54Justement, vous parliez de la neige. Faire croire qu'il y a de la neige, ça veut dire quoi ?
07:58Ça veut dire qu'aujourd'hui, il y a des enjeux de partage de l'eau, d'assèchement des nappes phréatiques. De quoi on parle ?
08:06Quand on conforte le modèle du ski en montagne, on construit des bassines d'altitude pour fabriquer la neige.
08:12Les bassines, s'il y en a quelques-unes qui sont remplies par ruissellement, elles sont remplies par captage des sources et des temps.
08:18Les Alpes sont les châteaux d'eau douce et d'eau potable de l'Europe.
08:21Qu'est-ce qu'on fait de l'eau d'un point de vue hiérarchisation des besoins ?
08:24Sachant que la montagne, c'est aussi l'agriculture. Il y a énormément d'agro-pastoralisme.
08:29Qu'est-ce qu'on fait de ça ? Et puis d'un point de vue énergétique, combien coûte de fabriquer cette neige ?
08:33Et jusqu'où le modèle est rentable pour continuer à investir dans ce modèle ?
08:38On a 93% des Français qui ne skient pas, mais tous les foyers fiscaux qui contribuent à l'impôt paient ces infrastructures-là.
08:46C'est juste poser la question de qu'est-ce qu'on fait de ce modèle ?
08:49Et donc préparer la transition, mais préparer la transition vers quoi ?
08:53J'essaie de me projeter, parce que j'aime bien sortir des discours qui sont anxiogènes ou culpabilisateurs,
09:00et on est un peu dans ce modèle-là depuis quelques minutes.
09:04Je comprends très bien qu'il faille faire le constat, mais on se projette vers quel modèle ?
09:08Ça veut dire quoi ? C'est forcément des territoires moins peuplés, moins économiquement rentables ?
09:17Vous voyez ce que je veux dire ? C'est quoi le modèle ?
09:19Si c'est anxiogène...
09:20Parce qu'il faut aussi donner envie de faire tout ça.
09:22Oui, parce que le discours peut être beau.
09:24Oui, c'est anxiogène, parce que la réalité, les faits sont là.
09:27Quand on voit un glacier fondre, c'est plutôt anxiogène, parce que c'est notre eau potable qui se barre quand même.
09:32Vers quoi aller ? Plus on construit de lits touristiques, plus les villages se dépeuplent.
09:37C'est-à-dire que le modèle n'est pas bon, en fait.
09:39Il y a une gentrification énorme, les prix sont tellement élevés que les habitants eux-mêmes s'en vont.
09:44Quand on parle aujourd'hui d'impact du réchauffement climatique, on devrait se désaisonaliser d'une industrie qui va s'arrêter.
09:50C'est logique, en fait.
09:51Ça veut dire repeupler des villages à l'année et trouver par territoire, parce que la solution n'est pas bonne partout.
09:57Par territoire, quelle est la jauge d'habitants permanents, de quoi on vit ?
10:01Et ça, ça passe par des moratoires, précisément, comme des petites conventions citoyennes du climat, mais par territoire.
10:07A 1000 mètres, on ne parle pas du même phénomène et des mêmes problématiques à 2500 mètres d'altitude.
10:13Et c'est ça qu'on devrait au moins mettre en place, au moins de la discussion entre tous les acteurs économiques.
10:18Et puis se dire que l'histoire est belle, puisque la page est blanche.
10:22Finalement, l'histoire est à réécrire.
10:26Elle ne sera peut-être pas aussi prospère financièrement, mais est-ce qu'on a le choix ?
10:31Merci beaucoup Valérie Pommier.
10:33C'était passionnant de découvrir votre travail avec Résilience Montagne pour sensibiliser au futur.
10:40Tiens, d'ailleurs, un tout petit mot quand même, parce que j'allais oublier, il y a les JO d'hiver en 2030.
10:47C'est le vieux modèle qu'on continue de promouvoir, ou alors c'est l'occasion de commencer à promouvoir le changement à transition ?
10:55Alors, changer le modèle en injectant des milliards dans ce modèle,
11:02sachant qu'il est mort, je ne suis pas sûre qu'on rende service au territoire de Montagne.
11:06On va devoir faire croire en 2030 au monde entier qu'il y a de la neige partout et que les paysages sont magnifiques,
11:13avec une fin à ce modèle.
11:16Moi, je ne suis pas sûre qu'on rende service au territoire de Montagne et qu'on puisse parler transition en confortant ça.
11:22C'est dommage parce que si on budgette 4-5 milliards dans ce truc-là,
11:26on devrait, sans condition de JO, plutôt parler adaptation avec ces 4-5 milliards,
11:32parce qu'aujourd'hui les montagnes s'écroulent littéralement, les cours d'eau sortent, il y a des crues torrentielles partout.
11:38Et finalement, je me dis que si ces JO en 2030 ont lieu, ce sera une bonne nouvelle,
11:42ça voudrait dire que les fonds de vallée sont toujours accessibles et qu'il n'y a pas eu d'éboulement majeur qui ne permette plus d'atteindre les villages.
11:48Merci beaucoup Valérie Pommier, résilience montagne. On passe tout de suite au Zoom de ce Smart Impact.
11:54Le Zoom de Smart Impact consacré à la loi Industrie verte, critiquée par plusieurs associations de défense de l'environnement.
12:08On en parle avec Nicolas Walker. Bonjour.
12:10Bonjour.
12:11Bienvenue. Vous êtes avocat en droit public associé au cabinet Reed Smith.
12:14Décrets d'application de cette loi qui ont été publiés le 5 juillet dernier.
12:18On va déjà expliquer les objectifs. Quels sont les principaux objectifs de la loi Industrie verte ?
12:24La loi Industrie verte qui avait été votée en octobre l'année dernière avait un certain nombre d'objectifs à l'instar de ce qui a été fait aux Etats-Unis avec l'IRA.
12:34Inflation Reduction Act.
12:36Absolument, à l'instar de ce qui se fait aussi au niveau européen avec la politique industrielle de l'Europe.
12:41Le principal objectif de cette loi c'est de réindustrialiser la France.
12:45C'est-à-dire de relocaliser de la production industrielle en France.
12:49De passer aussi par des financements publics pour l'industrie.
12:52Pour les industries jugées les plus vertueuses pour la transition écologique et énergétique.
12:56Et aussi de s'attacher à une commande publique plus soignée.
13:00En tout cas plus orientée vers une démarche environnementale vertueuse.
13:03Quels secteurs industriels sont particulièrement concernés par cette loi ?
13:08Tous les secteurs sont concernés.
13:12Mais dans la pratique il est vrai qu'il y a certaines activités à laquelle l'Etat a attaché une importance stratégique.
13:19Notamment tout ce qui touche à la transition énergétique.
13:23Donc ça veut dire la production de batteries.
13:25Pour décarboner l'Europe il faut alimenter en batteries.
13:28Donc il faut les produire.
13:30Elles sont lourdes en métaux lourds.
13:32Donc on doit avoir une activité de production de batteries.
13:36Tout ce qui touche aussi aux panneaux photovoltaïques, au solaire, à l'éolienne.
13:40Le nucléaire aussi.
13:42Et après la pandémie de la Covid, on s'est rendu compte aussi qu'on avait des sujets de dépendance.
13:48Dépendance de production étrangère.
13:50Notamment en matière de médicaments.
13:52En matière de biens de la consommation.
13:54Donc il y a ces doubles enjeux.
13:56De favoriser la transition écologique.
13:58Mais aussi de favoriser une production stratégique locale.
14:01Avec des difficultés.
14:03Au moment où on enregistre cette interview.
14:05On apprend que l'entreprise Insecte.
14:07Qui fait de la protéine à base d'insectes.
14:11A demandé une procédure de sauvegarde.
14:14C'est des nouveaux secteurs.
14:16Alors qu'elle a déjà bénéficié de beaucoup d'argent public.
14:18Et d'investisseurs d'ailleurs.
14:20C'est des modèles qui peuvent être fragiles ?
14:23C'est ça qu'il faut retenir ?
14:25Tout à fait.
14:26L'État en quelque sorte est obligé de trancher.
14:29Entre là où on investit de l'argent public notamment.
14:31On ne l'investit pas.
14:33On peut tout faire pour qu'une industrie réussisse.
14:35Mais il ne faut pas oublier que c'est un écosystème.
14:37Il faut un bassin d'emploi.
14:38Il faut un bassin de formation.
14:40On ne forme plus en France au métier d'Emmanuel.
14:42Il faut que tout cet univers marche ensemble.
14:44Pour qu'une entreprise réussisse.
14:46L'enjeu reste néanmoins.
14:48Que la France demeure un territoire attractif.
14:50Pour l'investissement industriel.
14:52C'est ça qu'on cherche à faire.
14:54Investissement industriel.
14:56Mais aussi protection environnementale.
14:58La loi s'appelle Industrie verte.
15:00On va rentrer dans la partie critique des associations.
15:03Que prévoit la loi pour associer ces deux objectifs ?
15:09Souvent on a tendance à opposer l'écologie et l'industrie.
15:14C'est une vision qu'on a pu avoir par le passé.
15:16Je ne pense pas qu'il faille y voir une opposition.
15:20Pour faire les industries de demain.
15:23Pour faire les industries qui vont aider l'Europe
15:25à atteindre la neutralité carbone.
15:27Il faut produire.
15:28Il faut passer par une production industrielle.
15:29Il faut passer par des productions industrielles locales.
15:31Ce que cherche à faire la loi, tant bien que mal,
15:35c'est de simplifier les procédures administratives pour les industriels.
15:39On constate qu'en France, en moyenne,
15:41on passe deux ans à faire une instruction administrative
15:44d'un projet stratégique majeur industriel.
15:46Ce que les industriels jugent trop long, trop coûteux.
15:49Pour répondre à cet enjeu-là,
15:51l'Etat a beaucoup simplifié les procédures administratives.
15:55Il y a trois décrets qui sont incriminés par les associations Zero Waste
16:01et Notre Affaire à Tous.
16:04Sur quoi portent les critiques ?
16:07Je ne conseille pas les associations en cause.
16:11Les écrits ne sont pas encore publics.
16:13Un certain nombre de communiqués de presse ont été publiés.
16:16Les griefs sont au nombre de trois essentiellement.
16:20D'abord, en critique, un aspect assez technique dans l'environnement.
16:25Il touche aux installations classées,
16:27aux activités industrielles autorisées par les préfectures.
16:31Auparavant, on exigeait aux industriels des garanties financières.
16:35Notamment au moment de la mise à l'arrêt d'une activité.
16:39Pour éviter que l'Etat se trouve avec la note.
16:42On avait réfléchi.
16:44Beaucoup d'industriels trouvaient ça comme un frein à l'investissement.
16:47On constatait aussi qu'on les mettait peu en oeuvre,
16:50ces garanties financières.
16:52On les a supprimées.
16:54Ce que les associations estiment comme un recul de la protection,
16:57notamment financière, de l'Etat en matière de la protection environnementale.
17:00Le deuxième sujet critiqué touche aux espèces naturelles dites protégées.
17:06On a en Europe des listes d'espèces, de faunes et de flores protégées,
17:10car en voie de disparition.
17:12On interdit à ce qu'on perturbe leurs habitats, leurs aires de réproduction.
17:17La loi, dans son objectif de simplification,
17:20pourrait mettre en danger certaines de ces espèces ?
17:23Par différents moyens de procédure, dont le détail n'est pas très important,
17:27on permet de qualifier à l'avance certains projets industriels,
17:31dites stratégiques.
17:33On permet d'outrepasser certaines de ces protections.
17:37Ce n'est pas tout à fait vrai.
17:39On doit garantir un niveau de protection minimum.
17:41Il sera peut-être un peu plus faible ?
17:43Plus facile, plus vite et plus automatique.
17:47Il y a aussi un principe qui est très important.
17:50La terminologie fait parfois grincer des dents,
17:53mais c'est le principe du polver payer,
17:55ou alors de la responsabilité élargie du producteur.
17:58Est-ce que la loi grignote ce principe ou pas ?
18:01Ce que disent les associations, effectivement, c'est oui.
18:05En tout cas, on peut constater un affaiblissement procédurier
18:10peut-être de ces aspects-là.
18:13Le principe, en revanche, n'est pas remis en cause.
18:17Le fond de nos droits n'a pas changé.
18:19Le polver doit être celui qui assume les conséquences.
18:22On a pu remanier certains aspects plus ou moins administratifs du processus,
18:27mais il n'en reste pas moins que les associations y voient
18:30une sorte de non-respect du principe de la non-régression en matière environnementale.
18:34Qu'est-ce qui va se passer ?
18:36Il y a des procédures qui vont être lancées.
18:38On sait que notre affaire à tous a porté un certain nombre de procédures.
18:42On rentre dans un processus judiciaire ?
18:44Tout à fait. On est au stade de ce qu'on appelle le recours gracieux.
18:47On est allé demander au gouvernement de prendre une nouvelle décision,
18:50de revenir sur les décrets qui ont été pris.
18:53En règle générale, ça ne se fait pas comme ça.
18:55Donc, on porte un recours juridictionnel devant le Conseil d'État,
18:58qui est la Cour administrative suprême française.
19:01Le Conseil d'État va être amené à juger si les décisions prises par le gouvernement,
19:06si ces aspects de remaniement de procédures sont ou non légales.
19:10Je vais me placer du côté des associations et par ma question aussi du côté de l'État
19:18et de cet objectif de réindustrialisation.
19:21Est-ce qu'il faut forcément détricoter le droit de l'environnement
19:26pour atteindre l'objectif de réindustrialisation ?
19:28Ou est-ce qu'on peut faire en sorte que ce soit compatible ?
19:33Je pense qu'il ne faut pas tout défaire.
19:36Nous avons dans notre droit, notamment dans l'environnement, une surproduction des normes.
19:40On a des régimes qui se complexifient, qui se multifient.
19:43D'ailleurs, c'est une des critiques des industriels qui s'implantent en France.
19:46Pour ma part, mieux appliquer les normes que nous avons déjà,
19:50peut-être mieux aussi penser et réfléchir à la question des sanctions,
19:54qui en France sont bien inférieures à ce qu'on voit aux États-Unis, en Angleterre, en Allemagne.
19:59Ça permet de concilier ces deux enjeux sans forcément passer,
20:04mais c'est une habitude française, par une réforme constante de nos textes.
20:08Donc on empile des normes sans appliquer les précédentes.
20:13C'est ce que je comprends un petit peu de votre réponse.
20:17Si on compare la France au reste de l'Europe ou à un marché comme peut-être l'Amérique du Nord,
20:23notre droit de l'environnement se situe où ?
20:25Il est plus protecteur, plus restrictif ou alors plus souple vis-à-vis des grands industriels ?
20:33Déjà, je pense qu'il faut se placer un peu sur le territoire européen.
20:37Les normes sont très harmonisées en quelque sorte maintenant.
20:40Donc je dirais qu'on a un niveau de protection minimum en Europe qui est quand même très élevé,
20:44notamment par rapport à nos confrères anglais, certainement par rapport à nos confrères américains.
20:49Mais c'est ce que l'Europe cherche, à juste titre,
20:52c'est qu'on soit leader sur le marché mondial sur ces aspects-là
20:57et qu'on impose finalement notre vision de protection de l'environnement
21:01et qu'on fait de l'Europe un territoire de l'industrie dite 3.0 ou 4.0,
21:07c'est-à-dire une industrie d'herculeuse qui cherche à décarboner
21:11tout en conciliant les enjeux de protection de l'environnement.
21:13C'est une conciliation qui n'est pas toujours évidente,
21:16mais c'est la tendance qu'on voit en Europe aujourd'hui.
21:18Et le pari qui est fait, c'est peut-être des contraintes aujourd'hui,
21:22mais ce sera un atout à moyen terme ?
21:27C'est le pari effectivement que le gouvernement prend.
21:30On en fait de nos normes environnementales une force,
21:33on en fait de nos capacités de production vertueuses sur le plan écologique une force.
21:39Il faut que cela soit accompagné par d'autres mesures,
21:41c'est-à-dire qu'il faut que la commande publique suit,
21:44on doit acheter ce qu'on produit localement,
21:46il faut aussi qu'on réfléchit à la question des tarifs,
21:49du dumping écologique qu'on voit sur le plan européen.
21:52Si on veut fabriquer par exemple des voitures électriques en France,
21:55il faut qu'on arrête en quelque sorte de les importer d'ailleurs.
21:58Donc il y a toute une logique globale à réfléchir,
22:01qui fait qu'effectivement le pari à moyen terme,
22:04c'est que la France reste un territoire attractif pour les industriels.
22:07Merci beaucoup Nicolas Walker et à bientôt sur Be Smart For Change.
22:12On suivra évidemment le destin judiciaire de cette loi, de ce texte industrie verte.
22:20On passe à notre rubrique consacrée aux start-up éco-responsables.
22:26Tiens, on va parler jardinage.
22:34Smart Ideas avec Daniel Yamba, bonjour.
22:36Bonjour Thierry.
22:37Bienvenue, vous êtes le co-fondateur de Dr Jonky et Mister High.
22:41Déjà bravo pour le nom, c'est un surnom de boîte.
22:43Vous l'avez créé en 2019 avec trois amis d'enfance, c'est ça ?
22:47Gaël, Hugo, Théo.
22:49C'est quoi le point de départ, racontez-nous ?
22:51Le départ, on était au Jardin des plantes de Madrid
22:54et puis on s'est dit qu'on allait créer une entreprise tous ensemble.
22:58Et vraiment, on avait cette envie de proposer quelque chose tombé vers l'écologie.
23:04Et on s'est rendu compte que le jardinage était un médium hyper intéressant
23:08puisque ça permet de cristalliser pas mal de problématiques,
23:12la conquête de la biodiversité,
23:14et puis la proposition de modes de production et de consommation plus durables.
23:18Donc Dr Jonky et Mister High, c'est quoi ?
23:20C'est une appli, une application ?
23:22Oui, c'est une application mobile.
23:24C'est avant tout aussi l'ambition d'amener un maximum de personnes
23:27à s'intéresser au jardinage.
23:29Et donc on accompagne de la semence à la récolte, du semis à la récolte.
23:33Donc aussi bien sur l'application mobile
23:35et également en proposant des produits adaptés, personnalisés
23:38aux jardiniers, à leurs besoins, sur toutes les étapes du jardinage.
23:42Et alors, c'est quoi l'enjeu ?
23:44Alors je vois bien l'enjeu, le plaisir du jardinage.
23:47Enfin voilà, ça j'ai aucun souci là-dessus.
23:50Mais ça veut dire quoi ?
23:52Ça veut dire qu'on peut, sur nos terrasses, sur nos jardins, sur nos balcons,
23:56on pourrait produire d'une certaine façon ?
23:58Il y a cet enjeu derrière ?
23:59Bien sûr.
24:00Bien sûr, il y a un enjeu de production.
24:03Donc on va produire des légumes, on va mieux manger,
24:06on va également faire des économies.
24:08Et puis il y a également un intérêt très important,
24:11c'est sur la biodiversité, pour favoriser la biodiversité.
24:14Les jardins, il y en a partout, sur tout le territoire français.
24:17Ça représente tout de même un million d'hectares.
24:21Et c'est une super opportunité pour proposer des corridors de biodiversité.
24:26Donc on va pouvoir créer des espaces qui vont être hyper intéressants
24:31pour les pollinisateurs, et puis également pour les fleurs,
24:36pour favoriser le brassage génétique.
24:39Si on prend par exemple les coquelicots,
24:41ils n'ont pas besoin de passer d'un jardin à un autre
24:44pour mixer les variétés, et pour renouveler leurs gènes,
24:48pour s'adapter aux enjeux contemporains, aux changements climatiques,
24:52et également pour être plus productif.
24:55Et puis ça fait du bien de jardiner.
24:57C'est bon pour le bien-être et pour le moral, il faut aussi dire ça.
25:00Est-ce que vous donnez des conseils de jardinage écologique,
25:07c'est-à-dire favoriser la permaculture ?
25:10Oui, c'est au cœur du projet.
25:13On propose notamment sur l'application mobile des associations.
25:16Quand vous allez mettre une plante, on va vous proposer la plante compagne
25:20qui va être utile pour protéger tout le jardin, pour fertiliser.
25:23On propose également des techniques, des méthodes pour fertiliser
25:28plus responsablement, et puis également pour se protéger des maladies
25:33et des ravageurs avec des solutions biologiques.
25:36Vous avez annoncé une levée de fonds de 850 000 euros,
25:39c'était au mois de mai dernier, auprès d'investisseurs nantais.
25:43C'est ça ? C'est d'abord une histoire nantaise ?
25:45On va dire plus régionale.
25:47C'est des investisseurs effectivement nantais, vendéens et raînés.
25:52Et puis on est également accompagnés par des institutions plus nationales
25:56comme la BPI.
25:57Oui, ça c'est important.
25:59C'est quoi votre ambition à 5 ans ?
26:01L'entreprise est toute jeune, elle a 4-5 ans, c'est ça ?
26:05C'est ça, 5 ans.
26:06Vous voyez où c'est, simplement développer l'appli ou alors autre chose ?
26:12Avoir des boutiques ?
26:14On est plutôt un acteur du digital, même si on ne se met pas de barrière.
26:18Mais l'idée c'est effectivement développer la connaissance sur les jardins.
26:22Donc avoir cette base de connaissances qui va nous permettre de proposer
26:25des solutions qui vont être adaptées aux différents jardiniers
26:28en fonction de leur espace, en fonction de leurs problématiques.
26:32Et vraiment cette ambition sociétale et environnementale
26:35d'amener un maximum de personnes à jardiner
26:38pour à terme s'intéresser aux grands principes de l'écologie
26:42et à l'écologie en général.
26:44Et à la défense de la biodiversité évidemment, merci.
26:47Exactement.
26:48Beaucoup, Daniel Yamba, bon vent à Dr Jonqui et Mr Hai.
26:52Voilà, c'est la fin de ce numéro de Smart Impact.
26:54Merci à toutes et à tous de votre fidélité à Be Smart for Change.
26:59Salut !
27:05Sous-titrage Société Radio-Canada