Mercredi 20 novembre 2024, SMART IMPACT reçoit Paul Duan (Fondateur et président, Bayes Impact) , Thomas Guyot (Cofondateur, Traace) , Solène Garcin-Charcosset (directrice de l'activité RSE, Tennaxia) et Ronan Decroix (Cofondateur, Fooh Tempeh)
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00:00Bonjour à toutes et à tous, bienvenue, c'est Smart Impact, l'émission de la transformation environnementale et sociétale de notre économie.
00:15Et voici le sommaire. Mon invité, c'est Paul Dehaene, le fondateur et président de Base Impact, l'un des pionniers du mouvement Tech for Good.
00:22Il vient nous parler de Case AI, créé pour faciliter la mission des organisations d'intérêt général, qu'elles soient publiques ou privées.
00:29Le débat de ce Smart Impact, il portera sur la préparation des entreprises françaises à l'entrée en vigueur de la CSRD, le bilan extra-financier près d'une entreprise sur deux.
00:38Encore des doutes sur le fond et la forme de ce rapport de durabilité. Et puis dans notre rubrique Start-up, je vous présenterai Food MP et sa cuisine végétale, bio et française.
00:50Voilà pour les titres, c'est parti.
00:52L'invité de Smart Impact, c'est Paul Dehaene. Bonjour.
01:01Bonjour.
01:02Bienvenue. Vous êtes le fondateur, le président de Base Impact. C'est quoi d'ailleurs ? C'est une entreprise, une association, une ONG ?
01:08C'est une ONG, donc c'est sur un format associatif en France, qui a pour mission de mettre la technologie, en particulier l'intelligence artificielle, au service du bien commun.
01:17Ça passe par quelles initiatives ? On va parler de votre dernière innovation, mais ça passe par quelles initiatives ?
01:22Concrètement, on travaille avec d'autres ONG ou des services publics sur des solutions technologiques qui vont les aider à être, par exemple, plus efficaces ou à mieux servir leur public cible,
01:32notamment avec notre nouvelle plateforme Case AI, qui vise à outiller les travailleurs sociaux et les conseillers de terrain dans leur mission.
01:41Alors justement, cette plateforme qui est personnalisable, on reviendra sur l'aspect personnalisable. Pourquoi, comment vous l'avez créée ?
01:51Alors pourquoi, c'est sur un constat simple, c'est qu'il y a des millions de personnes qui bénéficient d'une manière ou d'une autre d'un accompagnement, du service public,
02:00qui soient en besoin d'une assistance. Et en face, les personnes qui répondent à ce besoin, ce sont les travailleurs de terrain, les travailleurs sociaux, les conseillers.
02:09Par exemple, les conseillers à France Travail, ça peut être des infirmiers, des infirmières. En fait, toutes ces personnes-là de terrain qui sont en première ligne, majoritairement,
02:18font de l'excellent travail, mais souffrent souvent d'un manque de moyens, d'un manque de ressources, d'un manque de temps.
02:23D'ailleurs, il y a une étude britannique qui a montré que 85% des travailleurs sociaux souffrent de stress lié à la charge de travail et ont des signes de burn-out.
02:30Et c'est justement là-dessus que nous, on est convaincus qu'avec l'intelligence artificielle générative, on peut les épauler en primachant du travail, en leur faisant gagner du temps,
02:39et donc en libérant aussi du temps pour l'accompagnement humain. Et derrière, c'est comme ça qu'on peut faire en sorte que les gens qui sont dans le besoin peuvent avoir l'aide qu'ils nécessitent.
02:49Qu'est-ce que cette plateforme permet de faire ?
02:52Case.ai, c'est une plateforme qui s'intègre avec les données de votre système de gestion de bénéficiaires et qui, derrière, va pouvoir aider les travailleurs sociaux en résumant les dossiers,
03:02en derrière proposant des plans d'action. Et ces plans d'action, ils sont donc personnalisés à la fois en fonction de la méthodologie de votre organisation,
03:09mais aussi en fonction de votre catalogue de services pour que ça propose vraiment des plans d'action qui collent vraiment avec ce que les travailleurs sociaux de votre organisation feraient.
03:18Donc ça veut dire que c'est une plateforme qui est proposée gratuitement ? Moi, j'essaie de comprendre. Vous êtes une ONG, donc vous bénéficiez de dons, et ça vous permet de développer un produit comme celui-là ?
03:32C'est ça. Donc nous, on a un modèle hybride. C'est-à-dire qu'en tant qu'ONG, on reçoit des dons. D'ailleurs, la fondation Google.org nous a fait un gros don de près de 2 millions de dollars pour financer la R&D sur cette plateforme,
03:43donc c'est un produit technologique assez conséquent. Mais derrière, nous, on met à disposition un open source. C'est-à-dire que n'importe qui peut le télécharger, l'utiliser, etc.
03:52Ensuite, derrière, j'utilise un modèle hybride parce que tout le monde n'a pas forcément envie de télécharger un code source, de le faire tourner, de le déployer soi-même.
04:00Et donc, on propose, nous, sur un format d'abonnement, derrière, une version packagée où tout ça, c'est clé en main. Et donc ça, là-dessus, avec un modèle de revenu qui est associé.
04:09Quand vous dites personnalisable, à quel point c'est personnalisable ?
04:12Alors, c'est très personnalisable. C'est-à-dire que derrière, en fait, c'est facile pour une organisation. Donc imaginez, par exemple, que vous êtes une association qui aide les enfants placés.
04:20Il y a tout un tas de méthodologies, de guides que, par exemple, vous pourrez fournir à vos nouveaux employés parce qu'il ne faut pas le faire n'importe comment.
04:28Vous pouvez le faire aussi en fonction d'une méthodologie qui vous est propre. Tout ça, c'est quelque chose qu'on peut enseigner à Case.ai.
04:35Et qui fait que, derrière, lorsque le Traversocio utilise l'outil, les recommandations qui sont proposées collent vraiment avec ces instructions-là.
04:44Oui. Vous travaillez aussi avec l'association e-Enfance, par exemple, qui lutte contre le harcèlement et les violences numériques et qui utilise déjà cette plateforme ?
04:53Alors, on est en cours de travail.
04:55Vous êtes en cours d'élèvement, c'est ça ?
04:56Oui, parce que e-Enfance est également en train de changer leur système de gestion des cas.
05:01Ce sont des choses qui prennent du temps.
05:03Mais, effectivement, on travaille avec eux pour aider à faire en sorte qu'e-Enfance puisse faire face à la montée assez exponentielle des appels.
05:12Alors, c'était la question que j'allais vous poser.
05:14Parce qu'en fait, ce qui est compliqué, c'est qu'on est dans de l'accompagnement qui veut être le plus pointu, le plus humain, le plus précis possible.
05:25Sauf que quand on est confronté à une association, à une masse grandissante d'appels ou de données, on est perdu, c'est ça le constat ?
05:33En fait, malheureusement, c'est un constat dans le social.
05:35C'est que ça arrive fréquemment, par exemple, que vous ayez une montée de...
05:41Par exemple, pour e-Enfance, c'est le nombre d'appels qui a presque doublé en un an.
05:46Donc, c'est une augmentation du volume qui est conséquente.
05:51Mais en même temps, les budgets n'ont pas doublé.
05:53On ne va pas forcément embaucher deux fois plus de personnes.
05:55Enfin, on aimerait, mais ce n'est pas forcément toujours possible.
05:57Et c'est là, justement, que grâce à la technologie, on pense qu'on peut outiller les personnes qui sont déjà là sur le terrain et les aider à faire face à cette montée en charge.
06:08Cette subvention dont vous parliez de google.org, comment ça se passe ?
06:13Vraiment, question de curieux.
06:14Vous avez répondu à un appel d'offres, ils vous connaissaient, vous avez des contacts chez google.org.
06:20Comment ça s'est passé ?
06:21Oui, google.org, on est aux principaux financeurs depuis longtemps.
06:25Ils nous avaient déjà soutenus sur des projets précédents.
06:27Notamment, on a beaucoup travaillé sur l'accompagnement des demandeurs d'emploi, avec une plateforme qui s'appelle Bob.
06:32Et qui, derrière, était un peu un prototype de KZI, puisqu'on l'utilisait à l'époque.
06:37Il n'est pas encore lié à Générative.
06:39Mais on avait développé tout un système pour proposer des accompagnements personnalisés en fonction de la situation d'un chercheur d'emploi.
06:47Google, on se connaît bien, puisqu'on a démarré Base Impact aux Etats-Unis, à l'époque où je vivais là-bas.
06:53Ce sont les mêmes réseaux.
06:56Et je pense qu'on partage avec la fondation Google, qui est une partie à part de l'entreprise,
07:03que la technologie, c'est un outil, ça peut aussi servir à faire de l'impact, et surtout à l'échelle.
07:09Vous parliez tout à l'heure de cette tension qu'on a au niveau des opérations.
07:15Vraiment, la conviction chez Base Impact, c'est que l'IA, ça permet de concilier deux choses qui paraissent un peu contradictoires.
07:21C'est de faire du personnalisé, en termes d'accompagnement, à l'échelle.
07:25Comment est-ce qu'on fait du sur-mesure en masse ? Parce que l'échelle, malheureusement, des problématiques sociales est massive.
07:31Est-ce que vous avez l'impression de remplir une mission de service public ?
07:34Oui, clairement.
07:36Et d'ailleurs, j'ai écrit il y a quelques années un papier à ce sujet.
07:41Je pense que l'innovation sociale, l'innovation publique, finalement, c'est le même combat.
07:45Et ce qu'on a vocation à faire, c'est l'impact systémique.
07:48C'est-à-dire, ce que nous, en tant qu'ONG, on peut faire, peut-être plus facilement que les pouvoirs publics,
07:53c'est innover, c'est prendre des risques, c'est tenter des choses, que ça marche ou ça marche pas.
07:57Pour diverses raisons, dont des bonnes, c'est plus compliqué pour le gouvernement d'aller tenter des choses
08:03et de prendre ce type de risques-là, qui sont inhérents à l'innovation.
08:07Par contre, une fois que ça fonctionne, la question, c'est comment est-ce qu'on fait en sorte que ça passe à l'échelle,
08:11que ce ne soit pas juste un impact qui soit anecdotique ou une belle histoire,
08:14où on dit, voilà, super, on a réussi à prendre ce petit bout.
08:16Comment est-ce que derrière, si on peut aider, si on a une solution,
08:20où derrière, on voit que ça peut aider 1 000 enfants victimes de harcèlement, pourquoi pas 100 000 ?
08:25Vous avez peut-être lu, je suis en train de lire le dernier livre de Yuval Noah Harari, Nexus.
08:31C'est l'auteur de Sapiens.
08:34Il propose une histoire des réseaux d'information de l'âge de pierre jusqu'à l'intelligence artificielle.
08:40Je ne suis pas arrivé à la fin du livre, mais il est quand même assez pessimiste sur la capacité humaine
08:46à maîtriser justement les IA génératives avec la puissance qu'elles sont en train d'acquérir.
08:53D'ailleurs, il ne dit plus intelligence artificielle, il dit intelligence autre.
08:56C'est intéressant. Quel est votre avis là-dessus ?
08:59Parce que vous nous dites, on met l'IA et c'est ce que vous faites.
09:02On met l'IA au service du bien commun, finalement. Est-ce qu'elle peut nous échapper ?
09:06Alors, il y a un débat technologique sur jusqu'où peut aller l'IA en termes d'intelligence
09:13et donc des IA qui notamment s'améliorent elles-mêmes et pourraient nous échapper.
09:17C'est plus un débat de futuriste qui n'est peut-être pas un futur si éloigné que ça.
09:23Donc, il faut se poser quand même ? C'est une question qu'il faut se poser ?
09:27Il faut vraiment se poser la question. Après, au-delà de cette question-là qui est plus futuriste,
09:31la grande question, c'est surtout sur l'impact économique et sociétal d'avoir des IA
09:36qui peuvent vraiment chambouler le marché du travail.
09:39Et c'est pour ça qu'on parle vraiment de ce que l'IA peut détruire des emplois,
09:42ce que l'IA même remet en question la notion même de travail.
09:46Et nous, ce qu'on oppose à ça, c'est que c'est vrai qu'il faut se poser ces questions,
09:48mais en fait, dans le domaine du social, on dit déjà qu'on est sur des industries,
09:51enfin sur un secteur qui est desservi, un secteur où il n'y a pas assez de gens,
09:56un secteur où les métiers sont peu attractifs, pas assez désirables, pas assez bien payés,
09:59où il n'y a pas assez de gens, même si ce sont des métiers formidables, en tout cas qui ont du sens.
10:04L'économie ne valorise pas forcément ces métiers qui ont du sens.
10:07Donc, lorsqu'on dit que l'IA peut chambouler l'économie, alors certes,
10:09mais du coup, nous, on parle d'économie sociale qui est déjà l'enfant pauvre, malheureusement, de nos sociétés
10:15et où, quelque part, on a presque tout à gagner en utilisant l'intelligence artificielle
10:20pour aider à mettre en valeur ce secteur qui est souvent un peu oublié.
10:27Merci beaucoup, Paul Douanet, à bientôt sur BeSmart for Change.
10:30On passe à notre débat, les entreprises françaises sont-elles prêtes pour la CSRD ?
10:35Je crois que tous les jours ou presque, on en parle.
10:38Retrouvez le débat de Smart Impact avec Veolia.
10:49Les entreprises françaises face aux enjeux de la CSRD, la directive européenne sur le reporting extra financier.
10:58On en débat avec Solène Garcin-Charcossais, bonjour.
11:01Bonjour.
11:02Bienvenue, vous êtes directrice de l'activité RSE chez Tenaxia et Thomas Guyot, bonjour.
11:06Bonjour.
11:07Co-fondateur de Trace, on commence par des questions de présentation rapide de vos entreprises respectives.
11:11Tenaxia, en quelques mots.
11:13Tenaxia, en quelques mots, on est une entreprise éditeur de logiciels et cabinet de conseil sur les sujets HSE au départ
11:19et RSE depuis plus d'une dizaine d'années maintenant.
11:21Et effectivement, aujourd'hui, notre cœur de métier, c'est d'accompagner les entreprises sur les sujets de la CSRD,
11:26donc à la fois sur la partie collecte d'informations, remontée de data, et sur la partie conseil,
11:32donc avec les analyses d'impact, risques, opportunités pour les entreprises pour savoir quoi reporter finalement.
11:37Vos clients, ils arrivent tous un peu affolés en ce moment ou ça va ?
11:41Alors, voilà, ils commencent à prendre conscience que le sujet est finalement assez important.
11:47On va avoir des clients qui vont le prendre assez sous l'angle réglementaire
11:51et d'autres qui ont vraiment compris que c'était une opportunité de transformer aussi leur modèle d'affaires
11:57et d'être toujours là finalement dans dix ans.
11:59Donc, un petit peu affolés par la charge de travail, mais on va dire globalement plutôt motivés pour faire les choses.
12:05Et on va revenir là-dessus, informer nos téléspectateurs et téléspectatrices sur l'état d'esprit, justement,
12:12des chefs d'entreprise face à cette révolution, on peut dire ça, de la CSRD.
12:18Trace, en quelques mots.
12:20Alors, Trace, nous, on est beaucoup plus jeunes, on est une start-up de quatre ans,
12:24on est une quarantaine de personnes et on s'est spécialisé dans l'édition de logiciels pour le pilotage d'empreintes carbone,
12:29à destination principalement des ETI et grandes entreprises.
12:32On va accompagner des sociétés comme Sodexo, NTP, LVMH, entre autres.
12:36Et donc, il y a eu une fusion, une alliance qui a été annoncée fin mai, si je ne me trompe.
12:41Avec quel objectif ?
12:42Exactement.
12:43Donc, en fait, chez Tenaxia, on est une entreprise qui a quand même pas mal de tracks records
12:47sur la partie collecte d'informations, pilotage des données extra financières.
12:51Le sujet carbone est un sujet qui, malgré tout, se pilote un peu différemment des sujets extra financiers classiques.
12:58Et donc, on avait deux options, soit on reconstruisait quelque chose en interne,
13:01soit on s'alliait avec une entreprise qui avait créé ça nativement.
13:05Et donc, il y a eu une rencontre, je pense, à la fois de personnes et de technologies avec Trace.
13:11Et donc, la fusion, finalement, a été assez rapide.
13:14Et donc, voilà, ça fait maintenant quelques mois qu'on travaille ensemble et qu'on est ravis de cette intégration.
13:20Alors, votre bilan des six premiers mois de vie commune, Thomas Guyot ?
13:23Écoutez, ça se passe très bien.
13:25Donc, en tout cas, au niveau de la culture d'entreprise, deux entreprises déjà de base,
13:29très motivées sur les sujets environnementaux.
13:31Je pense qu'une des choses qui nous caractérise aussi, c'est qu'on s'est tous les deux lancés
13:36dans des moments où il n'y avait pas de réglementation.
13:38Donc, c'était vraiment la partie, on va dire, volonté d'améliorer l'impact qui a créé ces deux sociétés.
13:46Et aujourd'hui, on est effectivement drivé sur ce marché de la CSRD avec l'ambition de créer un champion français
13:53des logiciels ESG sur le marché français et européen par la suite.
13:57Lors du dernier salon Pro Durable, vous avez présenté les résultats d'une étude
14:02sur le niveau de préparation des entreprises françaises à cette CSRD.
14:07Quelle est pour vous la leçon la plus marquante de cette étude ?
14:10Oui, alors, effectivement, on fait une étude où on interroge directement les personnes en charge des sujets.
14:13Donc, on a eu un peu plus de 208 répondants sur un périmètre français.
14:18Et ce qu'on voit, c'est une étude qu'on fait depuis 12 ans.
14:21Donc, on voit vraiment l'évolution et l'accélération de la prise en compte du sujet.
14:26De plus en plus de comités de direction sont impliqués sur le sujet.
14:32Avant, ils arrivaient à la fin, ils relisaient éventuellement le rapport RSE qui validait.
14:36Maintenant, ils sont vraiment impliqués dans le projet.
14:38Donc, ça, c'est vraiment un événement assez intéressant à observer.
14:42Ils ont compris l'intérêt d'y aller et d'avancer.
14:47Mais ce qu'on constate aussi, c'est qu'il y a encore des interrogations sur, finalement, la CSRD.
14:53C'est un texte qui est dense, qui n'est pas toujours très facile et pas très abordable
14:57pour des gens qui ne parlent pas l'ARSE nativement comme nous.
15:00Et donc, il y a encore un gros travail de pédagogie.
15:03Je disais, 46% des entreprises qui ont des doutes sur le fond et la forme du rapport de durabilité.
15:08Exactement.
15:09Ça, c'est peut-être le chiffre le plus frappant.
15:11Oui, effectivement. Sachant que par rapport à l'année précédente, on posait la question.
15:15On était 20% qui comprenaient à peu près la CSRD.
15:18Là, il y a quand même une amélioration.
15:20Mais oui, qu'est-ce qu'il faut publier ? Comment le publier ?
15:23C'est aussi des sujets de doute.
15:25Et il y avait encore beaucoup de doutes quand on a fait l'étude.
15:28On a interrogé les gens en juin sur l'audit.
15:31Comment ça va être audité ? Qu'est-ce qui va être audité ?
15:33Depuis, il y a eu quelques publications qui sont venues préciser le sujet.
15:36Mais on voit que, même aujourd'hui encore, quand on discute avec nos clients,
15:40il y a encore beaucoup de discussions sur pas mal de questions.
15:45Oui. Quelle est la priorité de vos clients, Thomas Guillaume ?
15:48Sur ce point précis, la conformité, la préparation à ce bilan extra-financier.
15:56Aujourd'hui, je dirais que la priorité de nos clients, c'est quand même la conformité.
16:01C'est-à-dire que c'est intéressant. Nous, on vient du carbone.
16:04Les entreprises qui travaillaient avec des sociétés comme la nôtre il y a deux ou trois ans,
16:07c'était vraiment des entreprises engagées.
16:09La réduction des émissions, ça fait partie de leur stratégie.
16:12Et c'est vrai que depuis un an et demi, un an, on voit que la priorité change.
16:16La CSRD arrive et du coup, c'est plus l'axe réglementaire qui devient effectivement la priorité de ces sociétés.
16:21Oui, on est obligé d'y mettre, grosso modo.
16:24Le pilotage carbone, je veux bien qu'on fasse un focus là-dessus.
16:29En quoi ça consiste pour une entreprise ? De quoi on parle quand on dit pilotage carbone ?
16:34C'est un point qui est assez intéressant parce que c'est vrai que quand vous parlez de la CSRD,
16:39vous devez collecter des indicateurs de nombre d'employés, quantité de déchets produits,
16:44consommation d'eau de vos sites.
16:46Vous allez demander à des personnes ces données-là et elle va vous les fournir.
16:50Vous allez pouvoir reporter sur ces données.
16:52Alors que le carbone, on ne va pas collecter des données carbone.
16:55On va collecter des données d'activité transverse à l'entreprise,
16:58des consommations d'énergie, des quantités d'achats, des kilomètres de transport.
17:03On va agréger ces données et on va les convertir en émissions de CO2.
17:07Donc déjà, le premier changement, le premier paradigme,
17:09c'est qu'on va vraiment collecter toutes les datas de l'entreprise.
17:12Donc il y a une volumétrie de données qui est beaucoup plus forte.
17:14Et ensuite, on va identifier des leviers.
17:17Qu'est-ce qu'on pourrait réduire dans nos données ?
17:20Qu'est-ce qu'on pourrait changer ?
17:21Est-ce qu'on pourrait acheter des camions électriques plutôt que nos camions diesel ?
17:24Est-ce qu'on pourrait acheter de l'aluminium recyclé plutôt que de l'aluminium neuf ?
17:26Et en fonction de ces ajustements, on va créer des scénarios de décarbonation
17:30afin d'aligner l'entreprise avec la trajectoire des accords de Paris.
17:33Vous, ça vous permet, enfin ça permet à vos clients,
17:35déjà d'identifier peut-être le poste carbone le plus important
17:39et de voir si c'est aussi, parce que ça ne doit pas être toujours vrai,
17:43le levier le plus efficace pour décarboner rapidement ?
17:46C'est à ça que vous allez les aider ?
17:47C'est exactement ça.
17:48C'est exactement ça.
17:49Vous mesurez, vous identifiez vos principaux postes d'émissions
17:52et ensuite, vous allez avoir différents leviers d'action à disposition
17:56que vous allez pouvoir actionner.
17:57Et ces leviers d'action, comme vous dites,
17:59ils vont pouvoir être actionnés parfois dans un pays et pas dans un autre.
18:02Parce que vous avez une solution de décarbonation qui existe dans un pays
18:05et pas dans un autre.
18:06Vous allez avoir des solutions de décarbonation qui sont plus chères
18:09dans un pays que dans un autre.
18:10Donc, il y a aussi une complexité de déployer ces stratégies climat
18:14au niveau international de nos clients
18:17et c'est un des enjeux auxquels on répond avec nos produits.
18:20Vous pensez que les chefs d'entreprise français sont préparés,
18:24suffisamment préparés ou encore un peu,
18:27il manque de culture RSE pour être prêt à la CSRD ?
18:33Il y a encore un travail de pédagogie à faire, effectivement.
18:36Un certain nombre s'y sont mis et certains,
18:38c'est même nativement par le modèle d'affaires de leur entreprise.
18:41Maintenant, ce qu'on voit beaucoup, c'est que la CSRD va toucher les ETI.
18:45On a encore une bonne partie des ETI qui n'adressaient pas le sujet de la RSE.
18:51Donc, ils découvrent un peu le sujet.
18:53On voit aussi dans notre étude, il y a une amélioration.
18:56On est sur à peu près 50% des entreprises
18:58où les conseils d'administration, les comités directeurs
19:01sont formés ou sensibilisés à la RSE.
19:03C'est aussi une évolution qu'on voit par rapport aux années précédentes
19:07où le chiffre était quand même beaucoup plus bas.
19:09Donc, il y a une volonté d'avancer sur le sujet,
19:12mais effectivement, il y a encore une bonne marge de progression.
19:16L'Europe, avec ce bilan extra-financier,
19:22comment le percevez-vous ?
19:24Il y a une volonté d'être pionnier ou leader.
19:30Vous le percevez, et les chefs d'entreprise que vous avez interrogés le perçoivent,
19:34plutôt comme une chance, une opportunité,
19:37ou encore comme un boulet, une galère, encore un texte et encore un règlement ?
19:42Ça fait partie de la pédagogie qu'il faut qu'on ait aussi.
19:46Je pense que c'est sous les deux angles.
19:50Majoritairement, quand on a bien fait notre travail de pédagogie,
19:53c'est bien perçu comme une opportunité et une vraie chance pour les entreprises
19:56de se démarquer aussi et d'être toujours là dans dix ans.
19:59Et de pouvoir se comparer, parce que c'est aussi à ça que sert la CSRD.
20:02Exactement, et de pouvoir se comparer aussi aux autres,
20:05savoir où en sont les autres.
20:07Mais il y a vraiment cette charge de travail qui est non négligeable,
20:12qui est certaine.
20:14Les deux sont vus en parallèle.
20:17C'est une grosse charge de travail.
20:19Ça va demander des efforts financiers, humains, non négligeables.
20:23Mais c'est pour la bonne cause et c'est une opportunité.
20:27Après, il y a toujours quelques cas où ils voient vraiment ça
20:30sous l'angle purement réglementaire.
20:32Et là, c'est notre travail de leur faire comprendre
20:34que justement, c'est un peu plus que ça.
20:36Oui, la première perception, c'est 800 pages.
20:39Et puis après, on se rend compte que les 800 pages
20:41ne concernent pas forcément l'entreprise, etc.
20:45On peut prendre des exemples.
20:47Je reviens au pilotage carbone et peut-être à l'effet d'une stratégie
20:52que vous pouvez mettre en place avec vos clients.
20:54Je crois qu'il y a par exemple la RATP DEV qui fait partie de vos clients.
20:57Je ne sais pas si c'est cet exemple-là que vous pouvez partager
21:00ou vous en avez un autre en tête.
21:01Mais je veux bien que vous nous expliquiez
21:03ce que vous avez pu changer et en combien de temps dans une entreprise.
21:07Absolument.
21:08Typiquement, RATP DEV, le cas est assez intéressant
21:10parce que RATP DEV, c'est une filiale de la RATP
21:13qui opère des réseaux de transport à l'étranger.
21:16Donc au Moyen-Orient, aux États-Unis.
21:18On va s'occuper des réseaux de transport d'une ville
21:20pendant un contrat qui va durer 4 ou 5 ans.
21:22Et du coup, le gros des actions menées par RATP DEV,
21:26c'est le mix de transport au sein de ma ville.
21:30Donc les questions qu'on va se poser, c'est
21:32qu'est-ce qui se passe si demain, mes 50 bus thermiques,
21:34je les remplace à 50% par de l'électrique ?
21:37Qu'est-ce qui se passe si je fais un réseau de tramway ?
21:38Qu'est-ce qui se passe si je change la source d'alimentation
21:41de mon réseau de métro ?
21:42C'est vraiment, dans le cas de RATP DEV,
21:45on va jouer avec ces différents éléments
21:47pour construire un réseau de transport
21:50qui va se décarboner par rapport aux réseaux existants.
21:52Et donc là, on va prendre en compte typiquement
21:54les mixes énergétiques des pays,
21:55en fonction de mixes énergétiques de l'électricité,
21:57ça va être plus ou moins intéressant
21:58de prendre telle ou telle technologie.
22:00Et on ne soupçonne pas forcément que la RATP,
22:03qu'on voit par notre prisme franco-français,
22:05voire parisien et francilien,
22:08est une entreprise à ce point développée dans le monde.
22:11Merci beaucoup d'être venu nous présenter
22:13les résultats de cette étude
22:14et donc l'alliance entre vos deux entreprises.
22:18Voilà, c'est l'heure de notre rubrique consacrée
22:20aux startups et co-responsables.
22:22Tout de suite.
22:29Smart Ideas avec Renan Decroix.
22:31Bonjour.
22:32Bonjour Thomas.
22:33Bienvenue.
22:34Vous êtes le co-fondateur de Foutumpé.
22:35Vous l'avez créé en juillet 2023 avec Pierre Butry.
22:38Et avec quelle idée ?
22:39C'est quoi votre ambition de départ ?
22:41Notre ambition et notre idée,
22:42c'est de végétaliser l'assiette du plus grand nombre
22:45sans pour autant tenter de copier la viande
22:47sous la forme de steak ou sous la forme d'une saucisse
22:50et aussi en refusant les ingrédients ultra-transformés.
22:53C'est-à-dire qu'aujourd'hui,
22:54lorsqu'on veut éviter de manger de la viande,
22:56on veut réduire pour des raisons environnementales
22:58sa consommation de viande,
22:59on est souvent tenté d'aller vers des simili-carnets, etc.
23:02qui ont le mérite d'exister
23:03parce qu'ils ont un impact positif sur l'environnement
23:06mais qui sont généralement composés d'ingrédients ultra-transformés
23:09et donc ça se fait au détriment de notre santé.
23:12Notre idée, c'est ça.
23:13Végétaliser mais sans ultra-transformer.
23:15Ça s'appelle Foutumpé.
23:17C'est quoi un Foutumpé ?
23:18Le Foutumpé, c'est un plat à la base indonésien,
23:22un plat historique
23:24qui exploite la fermentation de légumineuses.
23:27Aujourd'hui, on peut travailler le soja,
23:29le pois chiche, la lentille.
23:31Notre première compétence,
23:32c'est la transformation de la graine
23:35en un bloc solide
23:36avec une matrice à travers les grains
23:39qui permet d'obtenir quelque chose
23:41qu'on puisse ensuite exploiter, découper et mariner.
23:44C'est tout simplement de la fermentation de légumineuses.
23:47D'accord.
23:48Aujourd'hui, vous produisez en France.
23:51Pour qui ?
23:52C'est quoi le modèle de Foutumpé ?
23:54C'est vrai qu'on n'en a pas parlé
23:55mais aujourd'hui, ce qui est très important,
23:57c'est de produire.
23:58C'est un projet avant tout industriel.
24:00On a notre premier atelier pilote à Lille
24:03qui est sorti terme.
24:05On l'a équipé à partir de janvier 2024
24:07et qu'on a mis en service en juin
24:09pour une première production en septembre.
24:11Aujourd'hui, on produit en marque blanche
24:13pour une grande marque en réseau bio.
24:15Ensuite, on a également un lancement à venir
24:18dans le réseau Carrefour Xcora la semaine prochaine
24:22sous notre propre marque Foutumpé.
24:24D'accord.
24:25Avec différentes recettes que vous proposez ?
24:27Exactement.
24:28Différentes recettes, différents formats.
24:30Tantôt on a des cubes, tantôt on a des petites tranches.
24:32Ça peut être mariné au curry
24:33ou mariné à des recettes type Provençal, par exemple.
24:35Ça se cuisine comment ?
24:37Moi qui ne suis absolument pas cuisinier,
24:39mais ça m'intéresse de savoir comment ça se cuisine.
24:41Justement, c'est très simple à cuisiner.
24:43L'idée, c'est qu'il n'y ait pas de difficultés
24:45lors de la mise en œuvre.
24:46Finalement, il faut simplement faire réchauffer
24:48une petite poêle avec un petit peu d'huile
24:50pour faire roussir un petit peu les détempés.
24:52Ensuite, on peut les mettre dans des plats
24:54de la vie de tous les jours, dans une salade,
24:56dans un curry de légumes, par exemple.
24:58Ça, c'est très bon et très savoureux.
25:00Ça va remplacer les protéines
25:02qu'on pouvait avoir avec de la viande, c'est ça ?
25:05Tout à fait. Aujourd'hui, on a un produit
25:07qui est très riche en protéines.
25:08On est aux alentours de 18 à 20 grammes
25:09de protéines pour 100 grammes,
25:10ce qui se rapproche des taux de la viande.
25:13En effet, ça prend toute sa place
25:15dans une alimentation type végétarienne
25:18ou flexitarienne.
25:20Est-ce que vous avez mesuré l'impact
25:22en matière de préservation, climat,
25:25impact carbone, impact biodiversité,
25:27en comparant vos produits,
25:29le tempé et la viande ?
25:31Oui, aujourd'hui, on a à peu près
25:33un facteur 10, grosso modo,
25:35entre l'impact CO2 de la production
25:37de nos tempés et de nos légumineuses
25:39versus de la viande.
25:41Aujourd'hui, pour produire 100 grammes
25:43de protéines animales,
25:45il faut un espace d'environ 150 m².
25:47On parle des surfaces dédiées
25:49à l'élevage et aussi aux cultures.
25:51En ce qui concerne les légumineuses,
25:53on est plutôt aux alentours
25:55de 5 à 10 m².
25:56L'utilisation des sols est largement
25:58diminuée et tout ce qui va avec
26:00en termes de pollution et d'utilisation
26:02d'eau notamment.
26:03La filière a-t-elle existé en France ?
26:05Ce sont des produits qui sont
26:07produits en France depuis longtemps ?
26:09Par rapport à notre matière première,
26:11la légumineuse est française et biologique.
26:13Elle vient d'Occitanie, majoritairement.
26:15L'ensemble est français.
26:17Le produit tempé tel qu'il existe
26:19est assez peu répandu en France.
26:21On le retrouve dans quelques magasins
26:23bio sous sa forme brute,
26:25en tout cas pas de production française.
26:27Avec une nouvelle étape,
26:29votre propre marque,
26:31que vous lancez,
26:33quand on crée une entreprise,
26:35comment vous positionnez
26:37la chaîne logistique ?
26:39On est sur un produit frais.
26:41Cette contrainte est difficile
26:43à prendre en compte
26:45dans la mesure où les coûts
26:47logistiques liés à l'utilisation
26:49des produits frais sont bien plus
26:51importants que sur des produits secs.
26:53Aujourd'hui, on travaille avec des grands
26:55transporteurs qui arrivent à
26:57mutualiser les transports
26:59pour essayer de diminuer
27:01l'impact du transport sur le produit.
27:03Merci beaucoup Renan Decroix.
27:05Bon vent à FoodMP.
27:07On vous souhaite le meilleur
27:09avec cette toute jeune entreprise.
27:11C'est la fin de ce numéro de Smart Impact.
27:13Merci à toutes et à tous
27:15de votre fidélité
27:17à Be Smart For Change, la chaîne des audacieuses
27:19et des audacieux.
27:21Rendez-vous demain pour une nouvelle
27:23émission consacrée
27:25à la transformation environnementale et sociétale
27:27de notre économie. Salut !