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Mardi 14 janvier 2025, SMART IMPACT reçoit Pascal Guillaume (Président, FEDENE) , Laurent Padiou (Cofondateur, Petits Cadors) , Henri Bourgeois-Costa (Directeur des affaires publiques sur les enjeux d'économie circulaire, Fondation Tara Océan) et Maxime Dupont (Manager "Conseil & RSE", Cabinet de conseil Bartle)

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00:00Générique
00:08Bonjour, bonjour à toutes et à tous, bienvenue, c'est Smart Impact, l'émission de la transformation environnementale et sociétale de notre économie.
00:15Et voici le sommaire du jour. Mon invité, c'est Pascal Guillaume, le président de la FEDEN, la Fédération des entreprises, des services pour l'énergie et l'environnement.
00:24On va parler notamment de la baisse prévue du budget de l'ADEME, notamment le fonds chaleur.
00:28Notre débat, il portera sur l'efficacité des négociations internationales COP sur le climat ou la biodiversité traitée mondiale contre la pollution plastique.
00:37Les derniers rendez-vous sont décevants, on verra pourquoi.
00:40Et puis dans notre rubrique Startup, vous découvrirez Petit Cador et leur coussin de voyage fabriqué en France.
00:47Voilà pour les titres, c'est parti.
00:49L'invité de ce Smart Impact, c'est Pascal Guillaume. Bonjour.
00:59Bonjour.
01:00Bienvenue, heureux de vous accueillir. Vous êtes le président de la FEDEN depuis 4 mois, la Fédération des entreprises, des services pour l'énergie et l'environnement.
01:08On va commencer par présenter, c'est combien l'entreprise en France ?
01:12Merci pour votre invitation tout d'abord. La FEDEN, la Fédération des services énergie et environnement, c'est 1500 entreprises d'établissement.
01:20C'est 50 000 professionnels présents sur l'ensemble du territoire français avec deux grands métiers de la transition énergétique.
01:27Le métier de l'efficacité énergétique, c'est réduire les consommations d'énergie.
01:32Alors c'est dans les logements collectifs, des copropriétés, du logement social, c'est dans le tertiaire, des tours de bureaux, des écoles, des piscines, des hôpitaux bien sûr.
01:41Et puis également sur les sites industriels.
01:43Et puis le deuxième grand métier de la FEDEN, c'est la production de chaleur et de froid renouvelable.
01:48En France, la chaleur est produite essentiellement à partir d'énergies fossiles.
01:53Qu'est-ce qu'on va faire ? On va remplacer ces énergies fossiles par des énergies vertueuses qui n'impactent pas le réchauffement climatique.
02:02Alors ça peut être de la chaleur qu'on va puiser dans le sol, plus ou moins profondément, ça c'est la géothermie.
02:07Ça peut être de la chaleur qu'on récupère sur des sites industriels, parce qu'il y a beaucoup de sites qui ont un process qui a besoin de chaleur, qui ne peuvent pas totalement l'épuiser.
02:14Nous on va aller la récupérer plutôt que de la disperser dans l'atmosphère.
02:17Et puis on va chauffer d'autres sites, des bâtiments.
02:20Et puis la dernière des énergies renouvelables que je voudrais mentionner, c'est la plus ancienne et aussi la première énergie renouvelable en France, c'est la biomasse.
02:27Et ce sujet de la décarbonation de la chaleur, c'est vraiment central dans l'atteinte de nos objectifs climatiques.
02:32On voit bien que les entreprises représentées par la FEDEN sont vraiment au cœur de cette transition écologique.
02:37Est-ce qu'on a déjà des résultats à mettre en avant ces dernières années dans la baisse de notre consommation d'énergie fossile ?
02:44Parce qu'on a souvent tendance en France à être toujours dans le négatif et dans le pessimisme, mais on voit que les indicateurs commencent à bouger quand même.
02:52Alors il y a un vrai défi, c'est exact, c'est que quand on regarde nos objectifs pour 2030, ce qu'on doit faire, c'est baisser encore nos émissions de 30%.
03:01On a 6 ans pour le faire et c'est l'équivalent de ce qu'on a fait sur les 30 dernières années.
03:05Donc effectivement on peut se dire...
03:07On n'y arrivera pas, le défi est intenable.
03:09Et d'ailleurs c'est bien pour ça que la chaleur est un des sujets centraux.
03:12Et ce qu'on observe, c'est qu'une des conséquences de la crise énergétique qui a suivi les événements en Ukraine, c'est une vraie prise de conscience que ces énergies renouvelables,
03:23notamment cette chaleur renouvelable qui est produite localement,
03:26elle avait non seulement la vertu d'être bonne au plan environnemental, mais également elle ne fluctuait pas comme les énergies fossiles importées.
03:36Et c'est d'ailleurs pour ça qu'on a vu énormément d'acteurs se mobiliser dans tous les territoires.
03:40Je pense à l'efficacité énergétique.
03:43On a vu émerger beaucoup de projets d'efficacité, de sobriété énergétique.
03:47Pour vous donner un exemple, sur un échantillon de bâtiments exploités et gérés par des membres de la FEDEN,
03:53les consommations de chaleur en un an ont baissé de 8%, alors que c'était des bâtiments qui étaient déjà très optimisés.
03:58Et puis on a vu également énormément de projets de chaleur renouvelable,
04:03donc cette géothermie avec des pompes à chaleur, la biomasse, la chaleur de récupération.
04:07On a vu beaucoup de ces projets émerger, avec bien sûr le lien entre tous ces projets, c'est les réseaux de chaleur.
04:14Et ça veut dire quoi ? Ça veut dire que notre consommation de gaz d'origine fossile a clairement baissé depuis 2-3 ans ?
04:21Il y a eu un signal très net de baisse de ces consommations d'énergie fossile et conséquemment de baisse des émissions.
04:28Alors on sent qu'on atteint aussi un plateau, parce que le choc qui a été fait par ces prix qui avaient été multipliés par 3, par 5, par 10,
04:36eh bien il est moins violent. Pour autant, on a réussi à stabiliser et maintenant il faut aller plus loin.
04:42Vous alertez la FEDEN sur la baisse annoncée du budget de l'ADEME, baisse annoncée autour de 30-35%.
04:50On ne sait pas encore, parce que le budget n'a toujours pas été voté.
04:53Pourquoi vous alertez ? Est-ce que vous avez peur que l'ambition environnementale, finalement,
04:57elle soit sacrifiée sur l'autel d'économies budgétaires qu'il va bien falloir faire d'une façon ou d'une autre ?
05:02Alors on ne nie pas du tout la contrainte budgétaire. Pour être réaliste, on est aujourd'hui dans une situation extrêmement contrainte.
05:08Pour autant, comme je le disais tout à l'heure, on voit énormément de projets émergés et c'était bien pour ça que nous on a alerté,
05:17parce qu'on a dit qu'on a aujourd'hui, plus que jamais, énormément de ces projets de chaleur renouvelable qui sont en train de naître.
05:25Et ces projets, il faut vraiment les soutenir. Pour donner un ordre de grandeur, le budget de l'année dernière, c'était 820 millions pour le fonds chaleur.
05:35On avait 500 millions qui n'ont pu être débloqués parce que le budget n'était plus là pour soutenir des projets qui étaient identifiés,
05:43qui étaient déjà soumis à l'ADEME. Et le pipeline de projets pour 2025, ça représentait un milliard d'aides.
05:53Donc on voit bien que si on additionne tout ça, un milliard et demi, le compte n'y était pas. D'autant plus que ce budget, il devait baisser de 30%,
06:01donc redescendre à 500.
06:03Mais ça veut dire que ces projets, ils ne peuvent plus voir le jour ou alors ils vont essayer de trouver d'autres compléments de financement ?
06:09Alors, premier élément, déjà, comme vous l'avez sans doute vu récemment, le précédent gouvernement avait révisé sa copie et s'était dit
06:17qu'effectivement, ces projets de chaleur, ils ont une vraie pertinence parce que d'une part, ils décarbonent énormément, parce qu'ils ont une grande efficacité des fonds publics.
06:29Je rappelle qu'un euro du fonds chaleur, plus exactement une tonne de CO2 évité, coûte entre 36 et 38 euros au fonds chaleur, alors que d'autres axes de décarbonation
06:43sont beaucoup plus chers. Et puis enfin, et surtout, un euro investi dans le fonds chaleur, c'est 4 euros d'investissement dans les territoires.
06:49Donc, pour toutes ces raisons, le budget a été maintenu. Maintenant, ce qu'il faut qu'on fasse, c'est qu'effectivement, déjà, on s'assure que ce budget qui a été validé par le précédent gouvernement,
07:01eh bien, il est maintenu. Et puis, bien sûr, qu'on en fasse le meilleur usage possible.
07:05Est-ce qu'il y a le même débat autour de MaPrimeRénov' par exemple ?
07:09Il y a également un débat. La différence entre MaPrimeRénov' et le fonds chaleur, c'est qu'aujourd'hui, comme je l'expliquais il y a un instant, on a déjà plus que le nécessaire pour consommer ce fonds chaleur.
07:21Alors, sur MaPrimeRénov', nous...
07:24Elle n'était pas bien née, cette prime. Elle était compliquée. Elle n'a pas bien décollé, quoi. On peut dire ça comme ça.
07:30Si on regarde l'écopropriété, qui sont un des grands sujets dont nous nous occupons, c'est vrai qu'il y a encore de la capacité à faire plus décoller l'utilisation de cet outil qui est très pertinent.
07:42Donc, nous, on recommande un certain nombre de mesures, dont le fait de cibler, parce que quand on est en situation de budget contraint, il faut cibler vos interventions.
07:51Donc, ciblons sur les bâtiments qui ont la plus mauvaise performance énergétique. Et là, faisons un réel effort. Et puis, sur les bâtiments qui, eux, sont dans une meilleure situation, il faut s'axer non plus tant sur les économies d'énergie que sur la décarbonation.
08:09Et là, on revient à l'autre métier de la FEDEN.
08:13Effectivement. Alors, il y a un autre enjeu pour les entreprises de services de l'énergie et de l'environnement, mais peut-être aussi pour beaucoup, beaucoup d'autres secteurs.
08:20C'est le recrutement. Les mettez en tension. Vous êtes en recherche... Enfin, les entreprises que vous représentez, elles sont en recherche de salariés, de salariés sur des métiers spécifiques ?
08:30Je vous le confirme. Nous avons... Alors c'est des métiers qui sont des métiers de la technique. Donc traditionnellement, ils sont pas assimilés à la transition énergétique.
08:38Or, nos métiers sont vraiment au cœur de cette transition. Et pour donner un exemple, on a fait une enquête de branche. Sur 2023, on a recruté plus de 5 500 professionnels.
08:49Et on n'arrive pas aujourd'hui à avoir le bon rythme. Et ce rythme, il va s'accélérer parce que les projets aussi s'accélèrent. Donc pour nous, c'est très très important de faire mieux connaître nos métiers
09:01parce que lorsqu'on les connaît, eh bien non seulement ils attirent, mais aussi ils retiennent.
09:05Vous êtes en concurrence avec qui ?
09:07Alors, d'une façon générale, tous les métiers techniques, y compris ceux du bâtiment. Mais notre sujet, il n'est pas tant d'être en concurrence. Notre sujet, c'est d'amener plus de gens dans les métiers techniques.
09:17Je vais vous donner un exemple. Non seulement nous recrutons des jeunes. Donc il faut les attirer, les jeunes qui cherchent une carrière porteuse de sens. Et nos métiers sont porteurs de sens.
09:25Mais aussi des gens en reconversion. J'ai deux beaux exemples que j'aime beaucoup. Une personne qui avait une formation de bac comptabilité finance, qui maintenant est technicienne en maintenance.
09:38Et une personne qui avait fait un master d'histoire de la philosophie et qui maintenant fait un master de transition énergétique.
09:49Donc vous voyez qu'on est à la fois sur les jeunes et sur les personnes qui cherchent une reconversion.
09:55Est-ce que vous-même, vous activez des plans de formation pour accélérer ce que vous venez de nous décrire ?
10:01Alors, effectivement, nous avons un centre de formation qui est un centre de formation par apprentissage, parce qu'on croit beaucoup à la formation aussi opérationnelle.
10:11Chaque année, il y a 150 personnes qui suivent ce cursus. Et puis on travaille bien sûr avec des acteurs comme France Travail.
10:20On travaille beaucoup avec les écoles parce qu'on se rend compte que quand vous rencontrez des jeunes et que vous leur expliquez,
10:27vous faites le lien entre ces métiers de la technique et ces métiers de la transition énergétique, immédiatement vous éveillez leur attention et d'ailleurs l'attention de leurs parents.
10:34Merci beaucoup Pascal Guillaume et à bientôt sur BeSmart for Change.
10:38On passe à notre débat, la pollution plastique, l'efficacité des négociations internationales. En question.
10:49À quoi servent les COP, les grandes négociations internationales ? Voilà le thème de notre débat.
10:53On va beaucoup parler de pollution plastique avec Maxime Dupont. Bonjour.
10:56Bonjour.
10:57Bienvenue, vous êtes directeur Sustainability chez Barthel et avec nous en duplex Henri Bourgeois-Costa. Bonjour, bienvenue.
11:03Bonjour.
11:04Vous êtes expert en économie circulaire et pollution plastique chez Tara Océan.
11:09Sur les plastiques, peut-être on peut démarrer par le constat, Maxime Dupont, qui n'est pas vraiment réjouissant.
11:15La production mondiale, elle continue de progresser voire d'exploser ?
11:19Oui, tout à fait. Donc bonjour, merci pour l'invitation.
11:22En effet, on a aujourd'hui à peu près 400 voire plus 400 millions de tonnes de plastique qui sont produits tous les ans dans le monde.
11:30Ça a doublé en 20 ans et même des prévisions, pardon, merci, dans certaines études parlent de triple fois trois dans les quelques années à venir.
11:42Oui, donc on est sur une tendance haussière. Comment ça s'explique ? Les plastiques sont partout.
11:48Si ça a aussi bien marché dans l'histoire, c'est qu'évidemment, ils sont pratiques, résistants.
11:54Enfin, moi, je ne vais pas faire toute la gamme, mais donc on a beaucoup de mal à s'en passer, en fait.
11:58Oui, c'est ça. Et puis, c'est de plus en plus présent autour de nous. On le voit quand on se déplace n'importe où, il y a du plastique partout.
12:05Beaucoup de produits qui étaient avant dans des alliages et autres ont aujourd'hui été remplacés par du plastique.
12:11Et notamment parce que c'est une manne financière énorme pour les producteurs de plastique et qu'il y a un vrai enjeu derrière de fin de cycle de vie du plastique sur le recyclage et la génération de déchets.
12:23On pourra y revenir quand on parlera de Busan tout à l'heure, mais voilà, c'est un vrai outil industriel, une manne financière pour les producteurs.
12:31Et donc, c'est très difficile de s'en passer.
12:33Effectivement, vous parliez des déchets. En ce chiffre, en 20 ans, la pollution annuelle de déchets plastiques, ça rejoint les chiffres que vous donnez, de 180 millions de tonnes à plus de 350 millions de tonnes.
12:45Si on parle recyclage et effectivement cycle de vie du plastique, il est bien mal, très mal recyclé le plastique.
12:53Est-ce qu'on peut en dire ?
12:55Alors, les chiffres officiels de l'OCDE, c'est au jour d'aujourd'hui 9 % des plastiques mondiaux qui sont recyclés.
13:02Dans le meilleur des cas, on devrait atteindre 12 % d'ici une dizaine d'années.
13:06Donc, il y a des perspectives d'évolution qui sont assez faibles.
13:09Et en même temps, poser la question simplement en matière de recyclage, c'est se tromper de question qui est posée par les plastiques.
13:19En fait, la pollution plastique n'est pas qu'une pollution de déchets.
13:21Et c'est ça qui est très important de comprendre.
13:23On a tous et toutes cette vision des déchets en mer qui nous préoccupe.
13:28Mais les plastiques, ils sont problématiques dès leur production, puisque déjà, ce sont des matières...
13:32Il faut du pétrole, il faut des énergies fossiles pour les produire.
13:37Il faut du pétrole, c'est un gros contributeur au gaz à effet de serre.
13:404 % des émissions globales de gaz à effet de serre, et on devrait atteindre les 13-14 % d'ici 10 ans seulement.
13:46Donc, c'est vraiment quelque chose de très significatif comme enjeu.
13:49Et c'est également un énorme enjeu de toxicité, puisque 16 000 molécules chimiques sont utilisées ou issues de la dégradation des plastiques.
13:56Et parmi elles, on a une connaissance qui est assez parcellaire, mais on en identifie au moins deux tiers qui seraient problématiques pour la santé humaine ou pour la santé environnementale.
14:05Donc, c'est un problème qui est bien plus complexe, bien plus complet, bien plus systémique que la seule question des déchets présents dans la nature.
14:12Et ça amène évidemment à des solutions qui sont elles-mêmes plus systémiques et plus complètes.
14:17On va en parler. Et justement, malheureusement, malgré ce constat, les négociations du traité mondial contre la pollution plastique qui se tenait en Corée du Sud à Busan se sont soldées par un échec.
14:27Comment vous l'analysez, Mme Dupont ?
14:30On revient un petit peu à ce qu'on disait tous les deux, finalement, sur le poids des producteurs de pétrole.
14:36En fait, à Busan, il y avait 178 pays exactement qui étaient présents.
14:42Et en fait, on a trois typologies de pays.
14:44On a les pays qui sont les producteurs de pétrole et donc les producteurs de plastique.
14:48On a aussi dans ça des pays plutôt industriels qui utilisent énormément de plastique dans leurs processus industriels, dans leur économie.
14:56Et donc, ils n'ont pas non plus intérêt à ce qu'on remplace trop facilement et trop vite le plastique.
15:00Après, on a un énorme ventre mou de pays qui ne sont ni concernés par la production, ni concernés par les déchets qui sont au milieu et attendent un petit peu gentiment que ça se passe.
15:10Et par contre, on a énormément de pays qui sont victimes et qui récupèrent tous ces déchets plastiques.
15:16On pourra en parler, mais il y a une sorte de colonialisme du déchet plastique, finalement, de ces pays industrialisés, occidentaux, pétroliers,
15:22qui envoient aujourd'hui leurs déchets en Asie du Sud-Est, en Afrique, en Amérique latine et qui, quand on parlait des impacts sur la santé, sur l'environnement, déferlent comme ça sur les plages.
15:32Et avec certains de ces pays qui commencent à vouloir dire stop et qui ont dit stop, d'ailleurs.
15:36Vous étiez, je crois, Henri Bourgeois-Costa, à Boussane. Sur quoi les négociations ont-elles chopé ?
15:46Alors la difficulté, c'est une difficulté de principe.
15:49On a une dizaine de pays que vous avez très bien décrit à l'instant qui sont vent debout contre l'idée du traité, même s'ils ne le disent pas comme ça.
15:58L'idée, c'est de faire capoter les négociations, quelle qu'en soit la nature, quelle qu'en soit la portée, et de réduire tous ces efforts collectifs à néant.
16:06On a d'un côté ces dix pays. On a de l'autre côté aujourd'hui une centaine de pays qui sont engagés pour un traité ambitieux.
16:12Et puis, comme vous le disiez, un certain nombre d'indécis qui sont un peu dans une situation attentiste.
16:18Mais globalement, on voit bien que ça progresse, que le camp des États qui ont pris conscience de la problématique progresse.
16:26Et cet échec, c'est le fruit de plusieurs choses.
16:29C'est d'une part du timing, qui est un timing extrêmement, extrêmement resserré.
16:33Il faut quand même le souligner et insister là-dessus, puisque le début des négociations, c'est mars 2020.
16:38Aucun traité environnemental dans l'histoire de l'humanité n'a jamais été négocié dans un laps de temps aussi court.
16:44Deux ans par rapport aux 10-30 ans qu'on connaît sur les autres traités, c'est évidemment très, très bref.
16:49Et puis, évidemment, c'est un enjeu très structurant pour certaines économies du pétrole auxquelles certains États ne sont pas prêts à renoncer.
16:57— Mais Henri Bourgeois-Costa, je reste avec vous, parce qu'il y a la question qui va au-delà du traité mondial de Boussane sur les COP,
17:06l'efficacité des COP, climat ou biodiversité. Il y a deux façons de le voir.
17:11Si on se dit qu'elles servent à rien, pourquoi on va dans des pays... Alors ça, c'est pour les COP, climat, qui sont parmi les plus gros pollueurs.
17:19Et puis il y a une autre façon de le voir, qui tient aussi d'ailleurs pour Boussane, qui est de se dire qu'à chaque fois, on rallie un peu plus de pays à la cause.
17:26— Mais vous êtes dans quel état d'esprit, vous, Henri Bourgeois-Costa ?
17:30— Alors la réalité, c'est un juste milieu entre les deux. Évidemment, on ne peut que être déçus de la non-atteinte des objectifs qui étaient fixés.
17:41C'est évidemment normal, parce qu'il y a une urgence écologique, une urgence sanitaire et une urgence économique, puisqu'il faut quand même souligner que nos économies,
17:48aujourd'hui, elles sont très dépendantes de quelque chose qui n'est pas pérenne. Donc elles sont fragilisées par la même.
17:53Et en même temps, il faut souligner que cette prise de conscience, elle est finalement rapide, parce que le temps de la science, il est assez long.
18:03Et il faut le temps derrière que les sociétés, que les décideurs s'approprient cette nouvelle connaissance.
18:08On n'aurait pas parié un seul euro il y a 10 ans sur une vision aussi large de la problématique des plastiques.
18:15On n'aurait pas parié un seul euro il y a seulement 2 ans sur une prise de parole d'un ministre français de l'Environnement,
18:21en disant que la seule solution crédible était une réduction de la production mondiale.
18:25Et on n'aurait pas parié il y a seulement quelques semaines qu'on aurait plus de 100 pays engagés pour cet enjeu de réduction.
18:32Donc on voit bien qu'il y a cette progression. Et en même temps, il y a une urgence et on tient mal les délais.
18:38Donc voyons quand même. Allez, le verre à moitié plein. Maxime Dupont, pourquoi c'est important ces COP ou ces négociations internationales,
18:47aussi pour les entreprises ? Ça leur envoie un signal d'une certaine façon ?
18:51Oui, comme on le disait à l'instant, ça fait quand même bouger un petit peu les lignes.
18:55Donc forcément, là, c'est cette centaine de pays qui va travailler sur une stratégie trajectoire de réduction,
19:01qui va engager aussi ces entreprises sur ces territoires donnés vont faire bouger les choses.
19:07On le voit, nous, en Europe notamment, on n'est pas les moins 10 ans du monde.
19:12On a quand même des parlementaires européens qui ont voté récemment des textes pour interdire l'exportation de plastique hors pays de l'OCDE.
19:24On a des textes comme la CSRD pour tout ce qui est reporting extra-financier qui ont des normes dans ces textes-là qui parlent justement de la pollution marine,
19:34de la pollution terrestre et donc, à travers ça, le plastique, l'économie circulaire, etc.
19:39On a le devoir de vigilance quand je parlais de colonialisme des déchets, le devoir de vigilance sur la maîtrise de sa chaîne de valeur en amont.
19:45Donc tous ces éléments, ce paquet légal, réglementaire oblige les entreprises à s'engager.
19:51Sauf que là, on parle de l'Europe. Derrière, les États-Unis sont les États-Unis.
19:56On l'a vu avec les élections récentes et le renouvellement du mandat de Trump.
20:01Ça devient un vrai sujet.
20:04Il y a certains grands patrons américains qui ont quand même demandé à Trump, au lendemain de son élection, de ne pas forcément revenir trop en arrière
20:10parce que derrière, ils avaient investi massivement pour plein de choses et que finalement, ce n'était pas très rationnel pour eux de revenir en arrière.
20:18On parle beaucoup de l'Asie du Sud-Est et notamment de la Chine.
20:22La Chine a investi massivement et a aussi interdit l'importation chez elle, sur son territoire, des déchets plastiques.
20:31Sauf que ça repousse sans cesse le problème parce que, comme on le disait très justement derrière, le vrai sujet, c'est la réduction de la production.
20:38Parce que même le recyclage, on était à 9%, peut-être 12% dans quelques années.
20:42Mais en fait, la croissance de la production est telle que même l'évolution des capacités de recyclage ne permettrait pas d'absorber le plus de plastique.
20:52Donc en fait, le vrai sujet, il est sur l'amont et sur la production.
20:56Et pour réduire la production de plastique, ça passe forcément par des mesures contraignantes.
21:04Alors est-ce qu'il faut forcément un grand accord international ou est-ce qu'on va se contenter de ce qu'on a ? Il faut être un peu moins ambitieux.
21:11Alors on est dans un marché qui est très mondialisé.
21:14Donc on a besoin d'un cadre international.
21:16C'est vraiment essentiel.
21:17On voit bien tous les efforts qui sont faits au niveau européen.
21:20Ce sont des efforts qui sont assez coûteux en énergie et qui sont difficiles à gérer pour les entreprises qui sont sur des marchés internationaux et pas seulement sur le marché européen.
21:30Donc on a vraiment besoin de ça et on a besoin d'avoir une vision qui soit globale et systémique de ça.
21:35Alors évidemment, ça a l'air d'être quelque chose de gigantesque, surtout qu'on ne parle pas d'une réduction de quelques petits pourcents.
21:40On parle vraiment d'une réduction très massive.
21:43Pour ne serait-ce que respecter les engagements des accords de Paris, l'université de Berkeley a chiffré cette réduction à 75% de réduction mondiale.
21:51Donc c'est vraiment quelque chose qui est très, très important.
21:54Mais néanmoins, il faut aussi avoir en tête qu'en seulement 15-20 ans, la production mondiale, elle a doublé.
22:00Et il y a 15-20 ans, on ne vivait pas à l'âge de pierre.
22:03On n'était pas dans des grottes et on ne se nourrissait pas de gibier qu'on allait chasser.
22:08Donc ce retour à quelque chose de plus raisonnable n'est pas forcément une dégradation de nos qualités de vie, une dégradation de nos services.
22:16Et j'en veux, et je pense que c'est important de conclure là-dessus, sur le fait que deux instances internationales très importantes,
22:22que sont l'OMS qui parle de la santé humaine et la Commission des droits de l'homme,
22:29ont pour la dernière souligné que la production des plastiques dans sa situation actuelle menaçait,
22:35notamment aux droits fondamentaux humains, à vivre en bonne santé et à pouvoir avoir une alimentation de qualité.
22:41Et que l'OMS a souligné qu'y compris des secteurs qu'on imagine ne pas pouvoir se placer de plastique,
22:47et qu'on cite souvent comme étant très, très dépendants à ça, qui sont les secteurs de la santé,
22:51pouvaient faire d'énormes efforts de réduction, y compris jusqu'à ces chiffres de 75%.
22:56Merci beaucoup.
22:57Il y a tout un champ aujourd'hui.
22:59Je dois vous interrompre.
23:00Merci beaucoup, Henri Bourgeois-Costa.
23:01Et à bientôt.
23:02Merci à vous aussi.
23:03Merci.
23:04Fort Change, on passe à notre rubrique Startup.
23:12Smart Ideas avec Laurent Padieu.
23:14Bonjour.
23:15Bonjour.
23:16Bienvenue.
23:17Vous êtes le cofondateur des Petits Cadors, créé en 2019 avec Muriel Goudol, votre compagne.
23:21C'est donc une histoire de famille.
23:23Le point de départ, c'est quoi ?
23:25Le point de départ, c'est une expérience de départ en vacances.
23:29On est parti en Bretagne, Finistère.
23:32On avait huit heures et demie de route.
23:33On s'est arrêté dans la première station service pour acheter un coussin en forme de hue.
23:37Tout le monde connaît.
23:39Et personne n'a dormi avec.
23:41Sur le chemin du retour, on s'est dit, on va essayer de se fabriquer un coussin pour nous.
23:46On a réfléchi dans la voiture.
23:48On a inventé un peu notre coussin de voiture idéal.
23:51Et on s'est rendu compte très vite qu'autour de nous, plein de gens avaient le même problème
23:56et étaient à la recherche d'un coussin comme ça.
23:59Et donc, ce coussin n'existait pas.
24:02Donc, il y a eu quoi ? La création du modèle ?
24:04Vous l'avez breveté même, le premier modèle ?
24:07Oui, en fait, il se trouve que justement, on n'a plus le breveté
24:09parce qu'il y a eu vraiment une partie invention.
24:11C'est-à-dire que le coussin de voiture, c'est un petit oreiller avec une sangle et un mousqueton.
24:16Et on vient le crocheter derrière l'appui tête.
24:19Du coup, une fois qu'il est crocheté, il est fixé.
24:22Et on peut s'appuyer.
24:23Et lui, il ne va pas tomber.
24:24Il ne va pas bouger.
24:25Ce qui est toujours le problème quand on met un pull en boule ou quelque chose.
24:28Bien sûr.
24:29Qui peut tomber au fur et à mesure de la route.
24:31Donc, un brevet et ensuite la création de l'entreprise.
24:35Alors, quand on crée une entreprise en 2019, vous vous dites quoi ?
24:39On va le fabriquer en France ?
24:40On va essayer de le faire le plus éco-conçu possible ?
24:45Comment vous avez imaginé cette entreprise ?
24:47Exactement. En fait, c'est l'avantage qu'on a d'être une entreprise récente.
24:51On a pu, dès le départ, faire des choix qui nous semblaient importants
24:54d'un point de vue de l'empreinte environnementale.
24:57En fait, la première chose, c'est qu'on s'est dit qu'on allait fabriquer en France
25:01pour pouvoir être au plus près du lieu de consommation.
25:05Donc, l'idée, c'est de ne pas envoyer le produit trop loin une fois qu'il est fabriqué.
25:10Après, la deuxième chose importante dans la fabrication française,
25:13c'est que ça évite de fragmenter le processus de fabrication
25:17qui est très courant dans la filière textile, malheureusement.
25:20Et souvent, les étapes passent d'atelier en atelier.
25:24Il y a beaucoup de déperdition et ça alourdit énormément l'empreinte carbone.
25:28Donc, ça nous a permis… En fait, on a créé notre propre atelier en 2021.
25:34On a investi un grand bâtiment de 300 m² qui est un bâtiment éco-conçu
25:37qui est recouvert de panneaux photovoltaïques, qui est chauffé au bois.
25:41Et donc, dans ce bâtiment-là, on crée le produit vraiment du début.
25:45On part d'un rouleau de tissu et on arrive au produit fini, sans bouger.
25:49Et donc, tout au même endroit.
25:50Et donc, sur le choix des matériaux, justement, on parlait d'éco-conception.
25:54Quel choix vous avez fait ?
25:55Oui. Alors là, sur les matériaux, c'est effectivement une part très importante sur nos produits.
26:01Juste, je vous fais une précision.
26:03Évidemment, on a inventé, ça a été le premier, le coussin de voiture.
26:07Après, on a développé toute une gamme de coussins, en fait,
26:10qui sont pour le confort de la tête en général,
26:12donc dans les moyens de transport, à la maison ou en extérieur.
26:15Prenez soin de notre sommeil.
26:16Voilà. Et des moments de détente, en fait.
26:19En fait, les matériaux, ce qui est très important, c'est le garnissage.
26:24Tout le garnissage de nos coussins.
26:26Alors, en fait, on est allé chercher un matériau qui est normalement utilisé par les professionnels de la litterie,
26:30des gens qui garnissent des oreillers.
26:32Donc, on est vraiment sur du confort d'oreiller.
26:34Et en fait, on a trouvé un fabricant de ce matériau
26:38qui, lui, le fabrique à partir de plastique recyclé qui est collecté dans les cours d'eau.
26:43Donc là, on a un matériau qui est super parce qu'en fait, il y a trois impacts.
26:47Le premier impact, c'est la réduction vraiment drastique de l'empreinte carbone parce que c'est du recyclage.
26:53Le deuxième impact, c'est en fait l'extraction du plastique des rivières, donc la dépollution.
26:59Et puis, le troisième impact qui est du coup indirect, c'est la protection des océans.
27:04Parce que quand on collecte le plastique dans les rivières, il n'arrive pas à l'océan.
27:09Il faut savoir qu'il y a 80% du plastique qui arrive dans la mer, qui passe par les rivières et les fleuves.
27:15Donc, si on captait tout ce plastique-là,
27:18effectivement, déjà, on résoudrait pas mal de problématiques de pollution des océans.
27:23Merci beaucoup, Laurent Padiou, et bon vent à cette marque, Les Petits Castors.
27:28Voilà, c'est la fin de ce numéro de...
27:29Cador.
27:30Cador, j'ai dit Castor, c'est drôle.
27:32Ça devait être une de mes anciennes lectures, Les Petits Cador, évidemment.
27:36Merci.
27:37Voilà, c'est la fin de ce numéro de Smart Impact.
27:39À très vite sur la chaîne des audacieuses et les audacieux.
27:42Salut.

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