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Mardi 14 novembre 2023, SMART IMPACT reçoit Laurent Pietraszewski (Ancien secrétaire d'État auprès de la ministre du Travail, fondateur, Cabinet Grenel) , Aurélien Giraud (Directeur du pôle Industrie, CertiNergy & Solutions) , Isabelle Calvez (DRH, Veolia) et Pascal Chazal (PDG, Zen Modular)

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00:00 [Musique]
00:08 Bonjour, bonjour à toutes et à tous et bienvenue.
00:10 C'est Smart Impact, l'émission de la transformation environnementale et sociétale de notre économie.
00:15 Voici le sommaire du jour.
00:17 Mon invité, c'est Aurélien Giraud, directeur du pôle Industrie chez Certinergies et Solutions,
00:23 la filiale d'ENGIE qui accompagne entreprises et collectivités pour réduire leur consommation.
00:28 On parlera essentiellement des avantages d'un plan de comptage de l'eau
00:32 pour choisir ensuite les actions d'économie ou de réutilisation les plus efficaces.
00:37 Dans notre débat, on va évoquer la soutenabilité du travail, notamment les enjeux de santé,
00:42 quel rôle pour les entreprises dans un contexte de raréfaction de l'offre de soins,
00:48 comment deviennent-elles des acteurs des politiques de santé publique réponse.
00:53 Tout à l'heure et puis dans notre rubrique consacrée aux startups, je vous présenterai Z Modular,
00:59 spécialiste de la construction modulaire levier important pour réduire l'impact carbone du secteur du bâtiment.
01:06 Voilà pour les titres, c'est parti, c'est Smart Impact.
01:08 Bonjour Aurélien Giraud, bienvenue.
01:17 Bonjour.
01:18 Vous êtes donc directeur du pôle Industrie chez Certinergies et Solutions.
01:22 Vous êtes inventeur d'entreprises pour commencer, fournisseur de solutions de sobriété, on peut dire ça comme ça ?
01:26 Oui, d'efficacité énergétique, fournisseur donc à la fois réalisateur et financeur sur trois grandes verticales.
01:34 L'industrie que je représente, l'habitat collectif et le tertiaire et le transport.
01:40 D'accord, donc trois grandes verticales avec des enjeux sur lesquels on va se concentrer dans cette interview,
01:45 les enjeux de consommation d'eau.
01:47 Peut-être une question assez générale pour commencer, est-ce que c'est une nouvelle préoccupation des entreprises ou des collectivités en général ?
01:55 Alors nouvelle, je ne pense pas qu'on puisse dire ça, par contre renforcée oui, clairement.
01:59 Tout cet environnement de changement, de dérèglement climatique, clairement, anime à la fois des problématiques RSE,
02:10 les sociétés, les industries souhaitent s'intégrer correctement dans leur environnement.
02:14 L'eau est un lien direct avec leur environnement extrêmement proche,
02:17 leur acceptabilité sociale par rapport à leurs employés, les mairies autour d'elles, rendent cet enjeu primordial.
02:24 Et une partie également sur...
02:31 Oui, parce que quand on discute, là on est en train de faire cette interview, il y a encore des innovations majeures dans le Pas-de-Calais par exemple.
02:38 Donc ça peut sembler paradoxal de se dire, on parle des enjeux de sobriété, d'économie, d'eau, les avantages de faire un plan de comptage,
02:47 alors qu'on a des situations comme celle-là.
02:49 Mais si on regarde quand même dans le détail la carte française, c'est très disparaître, c'est très hétérogène.
02:55 Il y a des départements qui sont encore en forte pénurie dans les nappes phréatiques par exemple.
02:58 Oui, tout à fait, ils n'ont pas encore récupéré leur retard de l'été.
03:02 Plus que par département, c'est plutôt par saison.
03:04 Ce qu'on observe en ce moment, c'est un phénomène plutôt autonome soutenu, alors que le printemps dernier, on a eu une longue période sans pluie.
03:14 Et c'est ça le problème avec les nappes phréatiques.
03:16 Souvent les industriels quand même prélèvent dans les nappes phréatiques.
03:19 Donc le problème c'est la réaccumulation, le re-remplissage des nappes phréatiques.
03:23 Et du coup, une pression sur leur prélèvement, accentuée par des décisions politiques aussi.
03:32 En mars dernier, au début du printemps, on a eu l'annonce du plan eau par le président de la République, autour du barrage de Serre-Ponçon.
03:40 Les images étaient assez jolies.
03:42 Le but c'est de réduire de 10% la consommation d'eau globale, tout secteur confondu d'ici 2030,
03:48 avec des actions plus ciblées sur les industriels, notamment les industriels ICPE, classés à la protection de l'environnement.
03:57 Donc globalement c'est plutôt des grosses usines.
04:00 Et une pression accrue sur eux pour leur exemplarité.
04:05 Oui, alors c'est ce que j'allais vous dire, c'est important.
04:07 Parce que si on veut que les consommateurs citoyens s'emparent de ces enjeux de sobriété, notamment sur l'eau,
04:12 il faut aussi que les gros gros consommateurs donnent l'exemple.
04:15 Et on fera notamment un focus sur l'industrie agroalimentaire avec vous.
04:18 Je voudrais d'abord que vous nous expliquiez ce plan de comptage de eau, c'est quoi ? En quoi ça consiste ?
04:24 En fait c'est savoir combien on consomme.
04:26 C'est simple, mais bon. Sauf qu'on ne se posait pas vraiment la question ?
04:28 Alors c'est plutôt comprendre comment on consomme et qu'est-ce qu'on consomme.
04:32 Généralement les industriels, comme chacun chez soi, reçoit des factures.
04:37 Les prélèvements d'eau sur le réseau ou les pompages qu'ils font dans les nappes phréatiques.
04:42 Ça, généralement, ils sont à peu près tous au courant.
04:45 Le problème c'est savoir où ça part, où il y a des inefficacités, et du coup qu'est-ce qui est améliorable.
04:52 Ça permet de définir une feuille de route après ?
04:54 Ça permet de quantifier, de rationaliser, de justifier une feuille de route.
04:59 Mais je dis, on ne se posait pas vraiment la question.
05:02 Je reviens à toute première question, on a plutôt été un pays béni des dieux en matière de ressources d'eau.
05:08 Donc, effectivement, je suis d'accord avec vous, ce n'est pas nouveau, mais l'intensité des enjeux, elle, elle est nouvelle, on peut dire ça.
05:17 Alors, ce qui est particulièrement nouveau, c'est les arrêtés sécheresses et l'impact que ça peut avoir sur la production des usines.
05:24 Une usine dans un bassin versant particulièrement exposée à un arrêté sécheresse peut être amenée à réduire, dans les nouvelles directives, de 25% sous trois jours sa consommation d'eau.
05:34 Pour une usine qui, généralement, est optimisée, réduire de 25%, ça peut vouloir dire se mettre complètement à l'arrêt.
05:40 Ça peut vouloir dire couper la moitié de sa production, j'ai deux lignes, j'en coupe une.
05:44 D'où l'importance d'avoir fait un plan de comptage d'eau, parce que ça permet aussi de répondre précisément à des injonctions ou des demandes de renseignement des pouvoirs publics, c'est ça ?
05:52 Pour ce que je ressens du plan eau et de la manière dont les autorités locales, les agences de l'eau, l'ADREAL, s'en emparent, c'est quand même plutôt, les bons élèves seront plutôt épargnés.
06:03 Donc, ces agences demandent à ce que les industriels soient proactifs sur la compréhension, le partage des enjeux eau pour leur usine.
06:12 Le suivi, pour des grosses usines, il est quand même très personnalisé.
06:15 Et du coup, voilà, qu'il y ait un échange régulier sur les problématiques, les ambitions.
06:21 Et du coup, quand la préfecture, typiquement, doit faire appliquer les arrêtés, forcément, les mauvais élèves, à mon avis, seront plus sévèrement sanctionnés en termes d'obligation de s'arrêter
06:34 qu'un gros consommateur qui a déjà réduit de, je ne sais pas, 50% sa consommation d'eau sur les 10 dernières années.
06:40 – Alors, on va, oui, bien sûr, je suis d'accord avec vous, on va prendre comme premier exemple de l'agroalimentaire.
06:45 Vous avez mené une enquête au printemps dernier, je crois, auprès d'industriels français.
06:50 Dans quoi ? Dans tous les secteurs de l'agroalimentaire ?
06:53 – Alors, c'était assez varié. C'était notre première enquête.
06:56 Il y a eu une vingtaine de répondants, plutôt à niveau direction, supervision, maintenance ou énergie.
07:01 En effet, c'était assez varié. On avait de la viande, des laiteries, de la biscuiterie.
07:07 Donc, des niveaux de consommation un peu disparates.
07:11 – Qu'est-ce qui en ressort ? On peut peut-être commencer par les activités les plus consommatrices d'eau
07:17 dans cette industrie agroalimentaire.
07:19 – Pour le coup, on est dans l'agroalimentaire.
07:21 Donc, ce qui ressort, en premier, c'est souvent tout ce qui est nettoyage, les normes sanitaires.
07:25 On va avoir le nettoyage en place, donc, qui est typiquement dans une laiterie.
07:29 Il y a des tuyaux partout. On ne peut pas démonter, on ne peut pas passer des goupillons dans les tuyaux.
07:34 Donc, il y a des cycles de lavage des tuyaux.
07:37 Et ça, c'est très consommateur d'eau, de produits chimiques, de nettoyage, d'acide et d'énergie.
07:42 Ensuite, on va avoir tout ce qui est utilités.
07:45 Les utilités dans une usine agroalimentaire, ça va être essentiellement la production de vapeur,
07:51 d'eau chaude, souvent c'est lié, et le refroidissement.
07:55 Ces deux grands éléments-là consomment de l'eau.
07:58 La chaudière, même chez vous, consomme de l'eau quand il faut faire l'appoint d'eau.
08:03 Et en évaporation, sur du froid, c'est pareil, ça dégage l'eau.
08:08 Et le troisième grand, ça va être les éléments process, qui vont être notamment tout ce qui est pasteurisation.
08:14 Voilà.
08:15 - Oui, donc là, ça donne un tableau assez précis.
08:18 Ce qui est intéressant aussi, c'est que vous avez posé à ces industriels des questions sur leur utilisation, leur consommation d'eau.
08:26 Et on va voir deux chiffres que j'ai retenus.
08:28 70 % des industriels considèrent que leur activité est exposée à un risque d'arrêt ou de baisse par manque d'eau.
08:35 Et puis un autre chiffre, 80 % prévoient de mettre en place des actions dans les trois prochaines années pour réduire leur consommation.
08:41 Je commence sur le risque d'arrêt ou de baisse par manque d'eau.
08:45 On a un peu répondu à la question, mais quand même, ce risque, il est réel.
08:49 Il s'est déjà... Ce que vous décriviez, c'est-à-dire une industrie confrontée à un arrêté sécheresse qui doit finalement s'arrêter de tourner, c'est déjà arrivé ?
08:57 Ce qu'on a vu notamment, c'est dans le sud de la France, dans les Pyrénées-Atlantiques, des coupures d'eau aussi dues à la sécheresse.
09:07 Déjà, on peut avoir un effet qui n'est pas directement lié à l'obligation de s'arrêter, mais juste une indisponibilité de la ressource eau.
09:14 Et je ne sais pas vous répondre sur la partie... Est-ce que cette action a déjà mis en place ?
09:22 Par contre, ce qu'on observe par nos contacts industriels, c'est que les préfectures sont proactives sur la mise en route de ce plan.
09:31 C'est-à-dire, elles commencent à interroger tous les grands consommateurs sur se mettre finalement en œuvre de l'application de ce dogme.
09:40 Et anticipons les prochaines sécheresses et anticipons les prochaines arrêtées.
09:44 Finalement, pour pouvoir l'appliquer, il faut quand même des mesures préalables pour savoir sur qui l'appliquer.
09:53 Justement, ça nous mène à l'autre chiffre que je donnais, 80% des industriels qui prévoient des actions.
09:59 La plus efficace, c'est toujours difficile de répondre à ces questions, parce que j'imagine que ça dépend de l'entreprise, ça dépend du secteur, etc.
10:05 Il y a quoi ? Il y a la récupération des eaux de pluie, il y a la réutilisation, il y a un certain nombre de...
10:11 La récupération d'eau de pluie, c'est souvent évoqué, c'est pas vraiment...
10:15 C'est pas cette plus...
10:16 C'est pas le processus en fait, c'est assez secondaire peut-être pour un industriel.
10:22 La récupération en interne, c'est probablement la première action.
10:28 Typiquement, on a des industriels, des usines qui ont été construites quand, en effet, il y avait un temps d'insouciance,
10:33 où en fait, l'eau, on la pompe, on s'en sert et on la rejette.
10:38 Donc là, circularisons l'utilisation.
10:41 Sur les laiteries, il y a des sujets sur ce qu'on appelle les eaux de vache.
10:45 Dans une laiterie, on amène du lait entier, on l'écrème et on peut le sécher pour produire de la poudre.
10:52 Tout ça, ça produit de l'eau, de l'eau qui est directement issue du lait.
10:56 Et ça, on peut le réinjecter dans le process ou dans les utilités.
11:00 Notamment, les utilités sont des très bons destinataires pour la bâche alimentaire de la chauve-d'hier vapeur
11:06 ou pour l'eau d'évaporation des tours de refroidissement.
11:10 Et ce que je retiens, merci beaucoup Aurélien Giraud, c'est que finalement, à chaque secteur, il y a des solutions adaptées.
11:16 D'où l'importance de faire ce plan de comptage de l'eau pour ensuite définir la feuille de route.
11:20 Merci beaucoup d'être venu témoigner sur ce plateau.
11:23 Je vous dis à bientôt sur Vismart.
11:25 On passe à notre débat. On va évoquer les questions de santé au travail.
11:35 Le débat de Smart Impact avec Isabelle Calves, bonjour, bienvenue.
11:39 Vous êtes directrice des ressources humaines de Veolia.
11:42 Et Laurent Pietraszewski, bonjour et bienvenue.
11:45 Vous êtes le fondateur de Grenelle Stratégie et Management.
11:48 Vous avez été évidemment secrétaire d'État en charge des retraites et de la santé au travail
11:52 au sein des gouvernements d'Édouard Philippe puis de Jean Castex.
11:55 On va donc parler de soutenabilité au travail et plus précisément de santé.
12:00 Je commence peut-être avec vous Laurent Pietraszewski sur une petite définition.
12:05 De quoi on parle ? Est-ce que c'est vraiment nouveau de parler de soutenabilité au travail ?
12:08 Ça renvoie au travail du rapport Brundtland de 1987.
12:13 Ce n'est pas hier, mais en fait c'est une vision de la RSE.
12:17 C'est comment on prend soin de l'ensemble des facteurs de production.
12:22 Et souvent on oublie que c'est les êtres humains qui produisent.
12:27 Et donc comment on prend soin des êtres humains aussi bien qu'on fait
12:31 quand on prend soin de l'environnement, du rejet de CO2 lorsqu'on a une activité industrielle par exemple.
12:38 La santé c'est l'un des piliers, il y en a d'autres c'est ça ?
12:40 Oui, il y en a cinq, mais on peut dire quand même qu'au final on peut parler de la dimension expressive.
12:46 C'est-à-dire en quoi l'emploi est cohérent avec mes valeurs.
12:50 On peut s'intéresser aux conditions de travail, c'est très important, vous avez raison.
12:53 Les conditions de travail, les conditions aussi socio-économiques de vie, ça c'est un point important.
12:58 Je pense qu'il y a peut-être Isabelle Calves qui pourra rebondir là-dessus.
13:00 Parce qu'en fait dans quel environnement je vis en dehors de l'entreprise.
13:04 Donc il y a aussi une dimension un peu exogène pour le coup.
13:07 Il y a les dimensions de la santé et puis il y a l'équilibre vie privée, vie professionnelle.
13:13 Ça c'est aussi un élément important. Il y a cinq piliers de la soutenabilité du travail.
13:16 Et bien voilà, on a fait un peu de pédagogie pour commencer. Merci beaucoup.
13:19 Isabelle Calves, comment un groupe mondial comme Veolia, avec forcément des réglementations, des cultures qui sont aussi différentes,
13:29 peut proposer finalement un programme un peu global à ses salariés ?
13:32 Alors Veolia c'est 213 000 salariés dans le monde. On est dans 91 pays.
13:38 Alors vous imaginez la différence.
13:40 Et en fait on a vraiment pris conscience je pense au moment du Covid,
13:43 qu'on avait des situations sociales et de protection sociale très hétérogènes.
13:48 En fait on s'est rendu compte avec les maladies, avec aussi malheureusement les décès,
13:53 que les familles étaient dans certains pays très mal protégées alors qu'elles étaient très bien protégées dans certains pays.
13:59 Et donc notre directrice générale Estelle Brachtelenhoff, quand elle a pris ses fonctions l'année dernière,
14:04 ça a été son premier sujet. Elle a dit "je veux vraiment un programme de protection sociale pour l'ensemble des collaborateurs".
14:12 Donc c'est un socle commun en fait.
14:14 Un socle commun. On a créé donc le Veolia Cares.
14:18 C'est un mot anglais mais on n'a pas vraiment de traduction en français pour ça.
14:21 En anglais c'est très clair. On prend soin. On veut prendre soin de la santé, de la protection de nos collaborateurs,
14:28 mais aussi de leur famille et aussi de leur écosystème.
14:31 Donc elle a vraiment souhaité qu'on mette un programme qui soit équitable finalement,
14:36 qui soit commun pour tous nos collaborateurs quels que soient les pays.
14:39 - Ça veut dire que dans certains pays, ce que vous proposez c'est bien au-delà de ce que, je sais pas, j'imagine, le système de santé publique propose.
14:47 - Alors oui. Dans certains pays c'est au niveau de ce qu'on a déjà proposé.
14:52 Si on prend la France, on est quand même extrêmement gâtés.
14:55 Mais dans certains pays, oui, c'est bien au-dessus.
14:58 Alors on s'est attaché en fait... On a choisi cinq thèmes.
15:02 Le thème de la parentalité, l'accueil d'un enfant, que ce soit une naissance ou une adoption.
15:09 Le thème de la santé, s'assurer que tout le monde a une protection sociale de santé, on va dire, minimum.
15:16 Dans certains pays c'était quand même assez hétérogène.
15:19 L'assurance décès, s'assurer qu'en cas de décès, mais quelle que soit la cause, que ce soit une crise cardiaque, un décès naturel,
15:26 la famille soit couverte à hauteur de six mois.
15:29 Il y a des pays où seuls les cadres étaient couverts, ou alors on n'était couvert que si c'était un accident de travail.
15:35 Donc là on veut vraiment que les familles soient protégées.
15:38 Ça c'est le troisième pilier.
15:40 Quatrième thème, on a voulu mettre en place de la flexibilité pour aider les aidants.
15:45 - C'est très important, j'avais prévu d'en parler, on y reviendra.
15:48 - Donc les aidants. Et puis, dernier point, que nos collaborateurs puissent, une journée par an,
15:54 participer à une action caritative, aider une association, avoir une action en lien avec l'environnement.
16:00 Vous voyez, cinq thèmes, et on a voulu mettre un socle pour tout le monde sur ces cinq thèmes.
16:04 - Laurent Pietraszewski, on est quand même dans un contexte particulier dans notre système de santé que vous connaissez très très bien,
16:11 et certainement beaucoup mieux que moi. Il y a quand même une forme de raréfaction de l'offre de soins aujourd'hui.
16:15 On peut dire ça.
16:17 - Oui, bien sûr, et d'ailleurs à tout niveau. Le sujet il est mondial.
16:21 C'est le problème qu'on a, on va dire, de démographie professionnelle de santé, de démographie médicale.
16:26 On est dans un phénomène de pénurie mondiale, et d'ailleurs on est toujours, entre guillemets, un plus petit pays que les autres.
16:34 Des fois, nous-mêmes, en tant que Français, on est très heureux de voir arriver des médecins de pays de l'Est européens, par exemple chez nous.
16:41 Vous savez, il faut quand même savoir qu'on a des médecins français qui partent dans les pays du Moyen-Orient
16:47 pour faire des vacations à hauteur de plusieurs dizaines de milliers de dollars, pour le coup, là-bas, au moins.
16:54 Donc voilà, c'est une véritable difficulté, et sur le fond, cette raréfaction de l'offre de soins, l'entreprise peut peut-être prendre sa part dans la politique.
17:03 - Alors, c'était la question que j'allais vous poser. Quel rôle les entreprises peuvent jouer ?
17:07 Par exemple, sur la prévention de maladies chroniques, il y a quoi ? Il y a un rôle comme ça d'alerte ou de prise en charge ou de prévention ?
17:13 - Moi, je le crois. D'abord parce que la santé, elle doit pas se regarder uniquement sur la santé au travail et puis la santé à l'extérieur.
17:22 La santé, c'est un continuum. C'est une gageure de croire que vos difficultés physiques ou psychologiques s'arrêtent à la badieuse et réapparaissent après.
17:32 Et inversement, enfin, on l'a vu avec le Covid. D'ailleurs, Isabelle Calves a souligné que c'était aussi un élément déclencheur des prises de conscience des entreprises.
17:40 Le Covid a montré que le virus, il ne s'arrêtait pas à l'entrée de l'entreprise ou à la porte de l'appartement et qu'il y avait un continuum de la santé.
17:47 Donc ce continuum de la santé, moi j'entends d'ailleurs Isabelle Calves, c'est ça que j'entends dans cette prise en charge même assez extensive sur le fond d'ailleurs,
17:54 de cette soutenabilité du travail et de ce que chaque individu a besoin. Je crois d'ailleurs que c'est là que les entreprises peuvent jouer.
18:01 Deux leviers. Un, sur la santé, parce qu'on est dans un domaine de pénurie et donc l'offre de soins, on doit l'utiliser le mieux possible.
18:11 Et donc il faut faire de la prévention parce que le temps médical est restreint, on n'a pas beaucoup de médecins.
18:15 Et donc il faut envoyer chez le médecin ceux qui en ont besoin. Et donc la prévention, c'est une des clés. Et là, l'entreprise a son rôle à jouer.
18:22 Et puis la société évolue. Moi j'ai bien entendu ce qui se fait chez Veolia en matière de parentalité notamment.
18:29 C'est intéressant parce que voyez quand on parle d'avantages sociaux dans l'entreprise, de ce qu'on peut donner notamment en congé,
18:38 pour l'arrivée d'un enfant, eh bien quand on est aujourd'hui, on n'est pas seulement en train de regarder père, mère, on se dit il y a deux parents.
18:44 Donc voilà qu'est-ce qu'on donne pour les deux parents.
18:46 – Vous évoquiez la question des aidants et c'est vrai qu'il y a de plus en plus de Français qui sont aidants.
18:53 Je lisais juste avant de préparer cette interview un article sur beaucoup de Français à la suite des scandales dans certains EHPAD
19:00 qui ont décidé de faire revenir un vieux parent à la maison avec toutes les contraintes que ça représente.
19:06 Sauf que souvent les salariés n'osent pas en parler en interne.
19:09 Comment vous faites pour les inciter finalement à en parler et deux, pour les aider ?
19:14 – Alors j'ai peut-être lu le même article que vous.
19:16 J'ai lu qu'un Français sur cinq était confronté à une situation de parents ou de proches qu'il fallait aider.
19:24 Et c'est vrai qu'on est, je dirais, dans ces cas-là, assez diminuées.
19:27 Ceci dit, j'étais au Japon il n'y a pas longtemps et c'est pareil, une collaboratrice m'a dit "mais c'est génial, je m'occupe de ma mère".
19:32 En fait, dans les pays asiatiques, on s'occupe, je m'occupe de ma mère et c'est la première fois qu'on va m'aider avec de la flexibilité.
19:38 Donc en fait, ce qu'on dit, c'est que partout dans le monde, on veut, alors on ne donne pas forcément les méthodes,
19:43 mais on dit essayer de trouver, en fonction de la culture du pays, des méthodes de flexibilité, d'autorisation, de congé, d'adaptation du temps de travail,
19:53 pour que les personnes en situation d'aide puissent concilier cette aide avec leur travail, ce qui n'est pas toujours facile.
20:00 Parce qu'on se dit comme ça, les gens auront une charge mentale et psychique finalement beaucoup moins forte,
20:06 s'ils savent que c'est autorisé, qu'on les aide, qu'on trouve ça normal dans l'entreprise,
20:11 et qu'on n'a pas de tabou sur ce sujet.
20:13 C'est le mot que j'allais employer, le mot tabou. C'est encore un tabou ?
20:16 Je pense que c'est encore un tabou qu'on n'ose pas forcément dire qu'on a des problèmes, qu'on n'ose pas forcément parler.
20:25 Pourquoi la peur de se dire, si quelqu'un chez lui va être moins produit ?
20:30 Qu'est-ce qui se met en place comme processus psychologique ?
20:33 C'est comme le processus psychologique des maladies graves aussi.
20:36 On a encore beaucoup de mal à parler du cancer, de ces maladies.
20:40 Donc je pense qu'on veut dans l'entreprise dédramatiser.
20:42 Tout le monde aura dans sa vie des événements plus ou moins bien,
20:46 avec le besoin de s'occuper de sa famille, le besoin de se soigner soi-même, d'aller à l'hôpital.
20:51 Donc ça fait un tout.
20:52 Comme tu disais, il n'y a pas l'entreprise et la vie personnelle.
20:56 Finalement tout est quand même très interconnecté.
20:59 Et on veut que tout ça soit fluide dans l'entreprise.
21:01 Et que les gens se sentent bien et acceptés finalement avec tous leurs problèmes aussi dans l'entreprise.
21:08 Laurent Pietraszki, il y a ce qui est dû aux employés, aux salariés, et il y a ce dont ils ont besoin.
21:14 C'est vrai.
21:15 La différence est parfois importante.
21:18 Elle est élue, mais surtout elle évolue.
21:20 C'est-à-dire qu'on ne regarde pas les choses de la même façon.
21:23 Si on regarde ce qu'a fait Veolia par rapport à ce qu'a fait Danone dans son "Dance Care" il y a maintenant plus de 10 ans,
21:29 on voit bien que la façon dont on traite, on a parlé tout à l'heure de la parentalité, mais on vient aussi parler des aidants,
21:35 ces sujets-là n'étaient pas sur la table il y a plus de 10 ans.
21:38 On considérait que ce n'était pas le rôle de l'entreprise de s'en occuper.
21:41 Aujourd'hui on le considère.
21:43 Je raconte toujours cette anecdote avec plaisir.
21:47 C'est le fait que lorsque j'ai autorisé la vaccination anti-Covid en entreprise,
21:53 c'est de voir à la fois qu'il y avait des salariés, mais aussi des parents, voire des enfants de salariés,
21:58 lorsqu'ils étaient adolescents, qui venaient se faire vacciner dans le cadre de l'entreprise.
22:03 Et donc on voit bien là, avec cet exemple, que l'entreprise était capable de devenir un véritable acteur des politiques publiques de santé.
22:10 Donc ça évolue, et ça évolue en fonction de la réalité qui nous entoure et puis de la société qui change.
22:15 - Oui, évidemment. Est-ce que c'est aussi un avantage concurrentiel d'une certaine façon ?
22:19 Vous voyez ce que je veux dire ? La marque entreprise, la marque employeur, les difficultés de recruter.
22:24 Enfin voilà, quand on peut présenter un programme comme le vôtre, c'est aussi un bon argument, j'imagine.
22:28 - Oui, c'est un atout de recrutement, mais c'est un atout de rétention aussi, que les gens se sentent bien, se sentent protégés.
22:33 Quand il y a eu le Covid, effectivement, on a pu faire vacciner les gens.
22:36 On a ouvert dans certains centres les vaccinations aux familles quand c'était possible.
22:41 C'était bien. On a fourni des masques, on a fourni beaucoup de choses qui allaient au-delà.
22:46 Alors fournir des masques aux gens qui sont sur le terrain, oui, mais on en a fourni beaucoup plus que cela.
22:52 Et je pense que quand on se sent protégé par son entreprise, on y est bien, on a envie d'y rester et puis de progresser.
22:59 Donc oui, c'est un facteur maintenant de politique RH, finalement, très important.
23:04 - Merci beaucoup. Merci à tous les deux d'être venus nous parler de ces enjeux de santé et du rôle des entreprises en matière de politique de santé publique.
23:13 On passe tout de suite à notre rubrique « Start-up, comment améliorer l'impact carbone dans le secteur du bâtiment ».
23:19 (Générique)
23:25 Smartile is avec Pascal Chazal. Bonjour, bienvenue. Vous êtes le fondateur de ZEN Modular.
23:31 Vous l'avez créé fin 2022. On va donc parler de construction modulaire. Je veux bien qu'on commence par une définition, tout simplement. C'est quoi ?
23:39 - Alors tout à fait. C'est important de faire cette précision. La construction modulaire, en fait, fait partie de ce qu'on appelle la construction hors-site,
23:47 finalement, qui est l'idée de déplacer un certain nombre de tâches, un certain nombre d'heures de travail du chantier dans un atelier ou dans une usine.
23:56 Alors ça peut prendre plusieurs formes. On peut fabriquer par exemple une façade. On peut fabriquer par exemple une salle de bain.
24:02 Puis on peut aller un petit peu plus loin. La construction modulaire, c'est finalement fabriquer une grosse brique de Lego qui peut avoir par exemple
24:08 la taille d'une chambre d'hôtel, d'une chambre d'hôpital, d'une chambre d'étudiant. Et puis avec deux ou trois modules comme ça, on va être capable de faire un logement.
24:15 Et ces éléments sont fabriqués en usine et ensuite transportés sur le chantier et assemblés extrêmement rapidement, ce qui va nous permettre de gagner, bien sûr, beaucoup de temps sur le chantier.
24:23 - Évidemment. Et pourquoi c'est un levier important de la décarbonation du secteur du bâtiment ?
24:29 - Alors il y a eu un dernier rapport de l'ONU qui est sorti il y a un petit mois là où l'ONU nous rappelle que l'activité du bâtiment au niveau mondial, c'est 37% des émissions de gaz à effet de serre.
24:40 Et l'ONU nous préconise de diviser par deux le recours au béton d'ici 2060 parce que le béton à lui tout seul, c'est 8% des émissions de gaz à effet de serre.
24:50 C'est trois fois le volume de CO2 de l'aviation. C'est gigantesque. C'est la production du ciment et du béton qui nous amène tout ce monde-là.
25:00 Donc il faut changer de matériaux. On va aller vers des matériaux renouvelables comme le bois, des matériaux recyclables comme l'acier.
25:08 Donc ce sont plutôt des matériaux qui sont en filière sèche qu'on va avoir tendance à assembler plutôt dans un atelier plutôt que sur le chantier.
25:15 Et l'ONU nous rappelle qu'on doit changer de matériaux, mais ça ne suffit pas. Il faut aussi changer les processus de construction parce que les processus de construction qu'on utilise aujourd'hui
25:25 et qui finalement sont les processus de la nuit des temps où on fabrique sur le chantier, ils sont extrêmement consommateurs d'énergie.
25:32 Il faut savoir qu'aujourd'hui, par exemple, un chantier, c'est avant tout beaucoup de camionnettes qui se baladent, qui viennent le matin, qui repartent le soir
25:39 pour amener les ouvriers, pour amener les matériaux. C'est aussi 200 millions de tonnes de déchets neufs qui terminent dans des bennes de chantier
25:47 qu'il va falloir aller rechercher, bien sûr, dans notre pauvre planète qui n'en peut plus de nous livrer des matériaux. Donc amélioration des processus et également des matériaux.
25:56 Et alors c'est quoi ZModular ? C'est une plateforme, une place de marché ? Expliquez-nous.
26:01 C'est ça. Alors ZModular, c'est une plateforme digitale qui va apporter sur le marché un produit qui n'existe pas aujourd'hui, qui est un produit à base de construction modulaire
26:12 et qui, dans un premier temps, s'oriente vers des marchés où on va trouver dans des bâtiments du volume et de la répétitivité. Ce sont tout ce qu'on va appeler les résidences gérées.
26:22 Résidence étudiant, résidence senior, Ehpad, hospitalier, hôtellerie, hébergement d'urgence, saisonnier. Des bâtiments dans lesquels on va avoir de nombreuses chambres.
26:31 Et bien ces chambres, finalement, nous, on fait un travail de conception très poussé pour arriver à d'abord créer la meilleure chambre possible.
26:39 On travaille d'abord sur les usages et ensuite on a finalement trouvé la meilleure manière de produire cette chambre en usine.
26:47 Et donc la plateforme ZModular met à disposition du marché un produit qui est une chambre. Alors ça, c'est complètement nouveau.
26:53 Le produit qu'on a aujourd'hui, c'est la plaque de plâtre, c'est le lavabo. Eh bien nous, c'est un élément complet, complètement terminé en usine.
27:01 - Donc vous livrez la chambre ? - La chambre. Elle peut faire jusqu'à 25 mètres carrés. Elle est transportable sur un camion.
27:10 Elle est mise en œuvre avec une grue, mais elle est 100% terminée à l'intérieur. On va la poser donc sur une fondation.
27:17 On va les empiler les unes sur les autres. On peut monter jusqu'à 8 étages aujourd'hui. Et on va constituer finalement notre bâtiment à partir de ces chambres.
27:26 Le reste du bâtiment est à réaliser de manière totalement traditionnelle sur le chantier, ce qui va permettre finalement d'avoir les mêmes bâtiments que d'habitude.
27:34 L'architecte va pouvoir se faire plaisir. Et on peut faire tout type de bâtiment, tout type d'architecture intégrée en cœur de ville comme en périphérie également.
27:46 - Il nous reste 40 secondes. Vous avez commencé à livrer les premières chambres ou alors c'est vraiment le début de l'aventure ?
27:52 - Au début de l'aventure, on a déjà réalisé de nombreuses résidences. Mais avant ZModular, dans une logique plutôt de bâtiment descendante, on conçoit le bâtiment.
28:00 Puis ensuite, on va chercher l'industriel pour fabriquer. Nous, on inverse la vapeur. On conçoit les chambres qui sont des produits. Et on propose le produit sur le marché.
28:08 Donc là, on vient de créer la première chambre qui est pour les étudiants qui s'appelle la J-Room. On vient de terminer le premier prototype.
28:14 Et donc là maintenant, on le propose aux architectes, aux maîtres d'œuvre, aux maîtres d'ouvrage qui vont intégrer ce produit dans leur bâtiment.
28:22 Ça va nous permettre de diviser par deux le temps de construction et d'améliorer le bilan carbone jusqu'à 40% de la construction parce que bien sûr, nos modules sont en bois.
28:31 - Merci. En plus, merci beaucoup Pascal Chasard et bon vent à ZModular. Voilà, c'est la fin de ce numéro de Smart Impact. Merci et à très vite.
28:38 - Merci à vous.
28:40 [Musique entraînante diminuant jusqu'au silence]