SMART IMPACT - Emission du mercredi 11 septembre

  • il y a 3 jours
Mercredi 11 septembre 2024, SMART IMPACT reçoit Thierry Lerévérend (directeur général, Teragir) , Christophe Girardier (PDG, Glimpact) et Noémie Arnal (cofondatrice, Greez)

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00:00Générique
00:08Bonjour, bonjour à toutes et à tous, bienvenue c'est Smart Impact, votre rendez-vous quotidien consacré à la transformation environnementale et sociétale
00:16de notre économie. Et voici le sommaire, mon invité c'est Thierry Le Révérend qui est le directeur général de l'association Terre Agir
00:24qui coordonne entre autres le programme Éco-école et Éducation au Développement Durable qui existe depuis bientôt 20 ans, on fera le bilan.
00:32Le label Écobalise, mis en place pour informer des répercussions de l'ultra fast fashion, est-il vraiment adapté ?
00:40Ce sera le thème du Zoom de ce Smart Impact avec Christophe Girardier, le PDG de Glimpact, spécialiste du calcul, de l'impact environnemental, des produits.
00:49Et puis dans notre rubrique consacrée aux startups, vous découvrez Grise, c'est une plateforme anti-gaspi dédiée aux cosmétiques, éducation, habillement, cosmétiques,
01:00trois univers, 30 minutes pour les explorer, c'est parti.
01:03Générique
01:09L'invité de Smart Impact c'est Thierry Le Révérend, bonjour.
01:12Bonjour.
01:13Bienvenue, vous êtes le directeur général de l'association Terre Agir, on va parler ensemble de ce programme Éco-école que vous coordonnez depuis bientôt 20 ans.
01:22Mais d'abord, allez, une présentation rapide de Terre Agir.
01:25Terre Agir, c'est une association à but non lucratif qui a été créée pour accompagner la société dans la transition écologique en utilisant un levier en particulier
01:34que nous, on estime être très puissant, c'est l'éducation, les apprentissages, la formation, c'est-à-dire la transformation des humains par leur connaissance.
01:42Les labels aussi, il y a quelques labels que vous avez créés.
01:45On utilise les labels qui sont des outils pour valoriser l'action.
01:48Mais au cœur de ces labels, encore une fois, on retrouve la question de ce que l'on apprend, les apprentissages, la formation.
01:54Et donc, on va consacrer l'essentiel de cette interview à cet Éco-école, ce programme qui a été lancé il y a 19 ans, c'est ça.
02:04De quoi s'agit-il, tout simplement, avant de faire le bilan ? C'est quoi Éco-école ?
02:08La crise écologique questionne tous les secteurs de la société aujourd'hui, absolument tous.
02:13Le climat, la biodiversité questionnent l'agriculture, les transports, mais aussi nos façons d'apprendre.
02:19Et donc, à cet égard, nous, on dit que cette crise écologique est aussi une crise de nos apprentissages.
02:24Qu'est-ce qu'on n'a pas appris pour qu'on en soit là ?
02:26Donc, ça questionne tout cela. Et donc, nous, depuis 40 ans, puisqu'AGIR existe depuis 40 ans,
02:33on travaille sur la façon, en fait, de développer des apprentissages, la connaissance et l'action ensemble.
02:39Apprendre et agir ensemble autour des questions environnementales.
02:43Et ce qui est important aussi, et ce qu'on a fait comme constat au fil de ces quatre décennies,
02:47en fait, c'est qu'au début, on avait énormément d'informations qui nous disaient « ça va mal »,
02:52de plus en plus de rapports, de plus en plus clairs sur les urgences.
02:55Et en fait, produire de l'information et de la connaissance et de la certitude que ça ne va pas
03:01n'est pas suffisant aujourd'hui pour transformer la société.
03:04Et donc, au niveau scolaire, ça marche comment ? C'est quoi Eco-école ?
03:07Alors, Eco-école, nous, on en est très fiers parce que ça montre, en fait,
03:10qu'il y a de grandes innovations qui ne sont pas que technologiques.
03:13Pour nous, c'est une innovation sociale.
03:16Notre idée, à l'origine, a été non pas de produire des projets de classe,
03:21mais des projets pour tout l'établissement.
03:23C'est-à-dire de réunir tous les acteurs de l'école ensemble,
03:27les enseignants, les élèves, les élus locaux, les parents d'élèves,
03:31les entreprises aussi qui sont associées à l'école, qui font la restauration ou le nettoyage,
03:36parce que ce n'est qu'en mettant les gens ensemble qu'on va plus loin dans la résolution des enjeux.
03:42Donc, ce n'est pas seulement, ce qui est déjà très bien,
03:45ce n'est pas péjoratif, ce que je veux dire, c'est informer les enfants ou les élèves sur le changement climatique,
03:51en faire des acteurs, etc.
03:53C'est vraiment transformer l'école, même dans son fonctionnement, on peut dire ça ?
03:57Alors, on transforme, on a un travail sur le bâti.
03:59Vous savez, quand même, 50% de tous les bâtiments des collectivités territoriales,
04:03ce sont des établissements scolaires, 140 millions de mètres carrés à gérer.
04:08Mais dans un établissement, il n'y a pas que les murs.
04:11Il y a aussi les relations humaines qui se tissent dedans et c'est le cœur d'un projet,
04:16que ce soit dans les enseignements, à travers des apprentissages, les cours,
04:21mais aussi la relation, le climat scolaire, la relation avec le personnel de cantine, etc.
04:26Quel bilan vous faites ? Allez, ça fait presque 20 ans.
04:29Alors, nous, on est toujours très fiers de ce que l'on a fait,
04:32parce que c'est vraiment une super idée et ça marche vraiment bien.
04:36Le bilan aussi, c'est que c'est difficile, tout simplement, parce que le système scolaire,
04:41même s'il a beaucoup progressé pour accueillir ce type de projet,
04:44eh bien, il reste encore profondément disciplinaire, alors que tout ce que l'on propose,
04:48c'est justement de casser les cloisons disciplinaires et de mettre les gens ensemble.
04:52Oui, effectivement. Donc, c'est difficile de classer ces cloisons.
04:55Votre méthodologie, évidemment, elle est adaptée au contexte scolaire.
05:02Est-ce que vous avez dû imaginer, développer des outils spécifiques ?
05:06Et puis, question subsidiaire, qui faut-il convaincre en premier ?
05:11C'est le directeur de l'établissement ou la directrice ? C'est des profs ? Comment ça fonctionne ?
05:16Les moteurs sont les enseignants. C'est eux qui décident qu'un projet a lieu ou pas.
05:20On ne peut pas venir les convaincre, les forcer à le faire, parce que ça va se retrouver au cœur de leur classe.
05:27Donc, voilà. Donc, ça, c'est un point important. Et par contre, une fois qu'ils sont moteurs,
05:32là, il se passe des choses vraiment intéressantes.
05:34Est-ce qu'il y a des établissements qui ont vraiment changé, mais vraiment dans leur mode de fonctionnement,
05:38c'est-à-dire dans les produits qu'on va proposer à la cantine, dans, je ne sais pas, la source d'énergie ?
05:44Est-ce que ça peut aller jusque-là ?
05:45Totalement. Les transformations sont profondes.
05:48Après, on ne fait pas forcément d'une passoire énergétique un bâtiment HQE, évidemment.
05:53Mais par contre, oui, il y a un travail à tous les niveaux sur 8 grands thèmes écologiques, sociaux aussi,
05:59parce qu'en fait, on mélange les deux. Ils sont très liés, la santé, l'alimentation.
06:02Donc, il y a énormément de travail.
06:04Je vais les citer. Il y a déchet, biodiversité, santé, solidarité, eau, alimentation, énergie, climat.
06:10Absolument. Je vous donne un exemple très concret aussi de ce qui se passe.
06:14Des élèves préparent des questionnaires, des enquêtes, des diagnostics pour aller comprendre ce que l'on peut transformer dans l'école.
06:21Ils vont rencontrer le personnel scolaire avec des questionnaires en main pour comprendre d'où ça vient, les aliments, etc.
06:28C'est quoi le volume des déchets, etc.
06:29Et à partir de là, ils vont proposer des actions en comité collectif pour améliorer tout ça.
06:36Effectivement, ces porteurs, on a des filières d'agriculture locale qui se développent à l'issue des projets et donc énormément de choses.
06:44Ils deviennent ambassadeurs, ces enfants, après, auprès de leurs parents.
06:47Alors, ils sont...
06:48Vous l'avez ressenti, ça ?
06:49Oui, oui, oui, absolument.
06:51Absolument. On dit souvent que les enfants sont prescripteurs.
06:53C'est peut-être un peu dérangeant, mais c'est sacrément vrai.
06:55Absolument. Et ils ont un rôle très, très important.
06:58Effectivement. Il y a un label Écoécole ?
07:01Oui. Il y a 4000 établissements scolaires qui sont engagés avec nous, qui sont inscrits.
07:06Mais ce n'est pas obligatoire d'aller jusqu'à la médaille, on va dire, jusqu'au label, parce que parfois, ça demande trop de temps.
07:14Donc, on a un label, effectivement, qui est valorisant.
07:18Il faut savoir que les communautés enseignantes, elles aussi, en fait, ont besoin d'être valorisées pour leur réussite.
07:24Et donc, c'est quelque chose aussi de très positif. Ça donne des bonnes nouvelles.
07:27Est-ce que ce label, il est différent, je ne sais pas, complémentaire ou concurrent de celui qui est délivré par les académies, je crois, qui s'appelle E3D, c'est ça ?
07:35Alors, on était là en premier. Et quelque part, on a inspiré le label du ministère de l'Écologie.
07:43Et depuis, on apprend à vivre ensemble. On est en accord cadre avec l'Éducation nationale.
07:47On se connaît. On est même financés. Voilà.
07:49Mais c'est vrai que l'Éducation nationale a voulu un produit issu de la maison.
07:55Donc, ça fait un peu de contradiction pour les établissements scolaires parce qu'ils se disent « Mais pourquoi je fais l'un, l'autre ? »
08:00Il y en a qui font les deux. C'est dommage.
08:03Mais voilà. Sinon, on a aussi quand même énormément d'accord avec les académies pour faire cohabiter les deux et le faire en bonne intelligence.
08:11Est-ce que c'est duplicable en entreprise, ce que vous faites, dans les écoles ?
08:15Ce qui est amusant, c'est que l'origine des co-écoles est même une idée qui est venue des agendas 21 territoriaux.
08:23Vous savez, en 1992, à Rio, l'idée, c'était de dire qu'il faut une méthode pour transformer le territoire en faisant des diagnostics,
08:31en impliquant les parties prenantes, en ayant des plans d'action. C'est comme ça que c'est né.
08:36On a répliqué tout ça, mais à l'école. Donc oui, je pense que c'est carrément transposable puisque c'est vraiment...
08:43L'idée, c'est presque un business plan, en fait, si on le traduisait au domaine de l'entreprise.
08:48— Si je reviens vraiment au milieu scolaire, donc on a cité les différentes thématiques, les profs s'en emparent.
08:56C'est ce que vous avez dit. Vraiment, le point de départ, c'est ça. Ça veut dire quoi ?
09:00Ça veut dire que dans les cours qu'ils donnent aux enfants, ils vont intégrer aussi cette dimension-là ?
09:06— Oui. C'était important pour nous. C'est pas une discipline de plus. Ça permet d'ailleurs la SVT.
09:11On cherche vraiment à le faire pénétrer dans chaque discipline. En géo, par exemple, on peut étudier le parcours d'un djinn
09:17à travers la planète. Donc dans toutes les disciplines, nous, on a créé des passerelles pour que ça soit utilisable
09:22et lié au programme. — Est-ce que c'est chronophage pour les profs ?
09:27— Ça demande du temps, oui. Ça demande de l'énergie. Et souvent, on fait appel aux plus volontaires, aux plus motivés,
09:34absolument. Et c'est là où il faudrait créer les conditions pour faciliter l'accès et pour encourager ces pratiques.
09:42— Petite question, j'allais dire politique, mais c'est vrai que ça existe depuis... Donc votre association depuis 4 décennies
09:49et Écoécole depuis 2 décennies. 2007, Nicolas Sarkozy élu de Grenelle de l'Environnement, très très vite.
09:58Et puis ça retombe comme un soufflet avec la crise des subprimes en 2008. Comment vous expliquez cet effet comme ça de stop-and-go,
10:08en quelque sorte ? — C'est difficile pour moi de vous donner une lecture de tout ça, même sans vouloir faire de politique.
10:15Je sais pas très bien l'expliquer. Mais on est sur des tendances longues. L'éducation nationale s'est vraiment lancée
10:23dans la volonté de généraliser tout cela en 2004. Donc c'est ancien, presque en même temps que nous, avec plusieurs textes.
10:30En fait, c'est très lourd et c'est très long, effectivement, de transformer les choses. Après, il faut vraiment des impulsions fortes.
10:37Je pense qu'il nous manque des signaux très forts. En fait, on est encore sur des adaptations à la marge, souvent.
10:43C'est-à-dire que ça reste sur des temps souvent volontaires de la part des enseignants. Pourquoi, en fait, on devrait vraiment
10:50aller plus loin ? Et en fait, il y a énormément de co-bénéfices. C'est vraiment extrêmement porteur de citoyenneté.
10:55On a fait des études qui montrent en fait que les retombées sont extrêmement positives sur la motivation des élèves,
11:02mais même sur le territoire à l'échelle locale, sur les économies à l'échelle de l'établissement, sur l'alimentation.
11:09Enfin à mon avis, on a vraiment tout intérêt à encourager ces pratiques. — Ça existe dans d'autres pays ?
11:14— Oui, bien sûr. On est dans 73 pays. On a 50 000 éco-écoles, des éco-schools, plus de 22 millions d'élèves impliqués.
11:23— Merci beaucoup. Et bravo. Pour cette action-là, il y en a beaucoup d'autres. On pourrait parler de la Clé verte,
11:29qui est le premier label de tourisme durable, par exemple, que vous avez aussi créé, la Journée internationale des forêts.
11:35Bref, on aura l'occasion de se revoir pour parler d'autres actions et d'autres bilans de Terragira.
11:40Bientôt sur Be Smart For Change. On passe tout de suite à notre Zoom. L'industrie de la mode en question.
11:48— Retrouvez le débat de Smart Impact avec Veolia.
11:54Générique
11:57— Que faut-il penser du label Ecobalise, mis en place pour alerter sur les ravages de l'ultra-fast fashion ?
12:05C'est la question de notre Zoom aujourd'hui avec Christophe Girardier. Bonjour. — Bonjour.
12:10— Bienvenue. Vous êtes le patron, le PLG de Glimpact Startup, que vous avez fondé en 2017. C'est ça ? — 2017.
12:15— On la présente en quelques mots avant de rentrer dans le détail d'Ecobalise. — Écoutez, Glimpact, j'ai cofondé avec Michael Holmes.
12:21Nous sommes deux cofondateurs. C'est une entreprise qui aide les entreprises et les citoyens à comprendre l'impact global de leur activité.
12:31Donc pour un citoyen, c'est comportement de consommation. Et pour une entreprise, c'est son activité. Et pas simplement mesurer leur impact,
12:39mais surtout les aider à le réduire. Et alors la spécificité de Glimpact, c'est que nous sommes à l'origine d'une technologie qui s'appelle Glimpact,
12:46qui est la première à avoir modélisé la nouvelle doctrine scientifique de l'UE qui définit l'empreinte environnementale non pas simplement
12:54à travers l'empreinte carbone, mais à travers les 16 catégories d'impact de l'activité humaine sur la planète. C'est-à-dire qu'on ne parle que du climat,
13:03mais la crise environnementale n'est pas que climatique, elle est systémique. Voilà ce qu'on a fait.
13:07Très bien. Alors évaluer l'impact environnemental des produits, des organisations, on l'a bien compris, c'est votre métier depuis 7 ans.
13:15Et vous êtes donc critique sur le label Ecobalise, lancé officiellement par le ministère de la Transition écologique en avril dernier pour,
13:22on va simplifier, traquer l'ultra fast fashion. Pourquoi êtes-vous dubitatif ? Et encore, le mot est peut-être un peu faible.
13:28Alors d'abord il faut dire que l'initiative Ecobalise, qui est donc l'affichage environnemental, qui est en fait enfin l'application de l'article 2 de la loi
13:35de climat et résilience, qui je vous le rappelle a été votée en 2021 et qui n'a toujours pas de décret d'application. Donc le principe même
13:44de l'affichage environnemental des vêtements ou même des produits alimentaires, ça c'est évidemment une bonne chose. D'ailleurs, rappelez-vous
13:49que l'affichage environnemental date du Grenelle de l'environnement, Sarkozy. Et on a toujours rien. Donc le principe parfait. Le problème c'est la méthode
14:01qui préside à l'affichage environnemental, rappelons pour ceux qui nous regardent, l'affichage environnemental c'est la possibilité pour les consommateurs
14:07d'avoir une note environnementale qui leur permet, en plus des autres critères, le prix haut, de choisir leur vêtement ou produit alimentaire en fonction
14:16de l'impact environnemental. Et donc, là où ça devient critiquable, c'est que l'Union Européenne travaille sur cette approche d'affichage environnemental
14:25depuis 10 ans. 10 ans. – Ce qu'on appelle le PEF, c'est ça ? C'est le système européen de performance environnementale des produits ?
14:33– Voilà, des produits et des organisations. Et tous les produits, si ça marche pour le textile ou autre. Donc le PEF, c'est une méthode,
14:39ça s'appelle le Product Environmental Footprint, qui répond à deux questions. 1. Qu'est-ce que c'est que l'empreinte environnementale ?
14:452. Comment on la définit ? 3. Et 2. Comment on la mesure ? Cette immense initiative de l'Union Européenne, qui a débuté en 2015, a donné lieu
14:55avec la participation de tous les États membres, dont la France, et d'experts, j'ai eu la chance d'en faire partie, où cette initiative
15:03qui s'appelle « Single Market for Green Product » a permis d'aboutir à cette méthode. Et au départ, cette méthode était une recommandation
15:11de l'Union Européenne pour dire à toutes les entreprises mondiales, et en particulier européennes, si vous voulez mesurer l'empreinte environnementale,
15:17il ne faut pas vous limiter aux émissions de gaz à effet de serre, il faut regarder l'ensemble des 16 catégories d'impact, la biodiversité,
15:24les ressources fossiles et autres. Donc ça, ça a été la première étape de l'Union Européenne. Deuxième étape, dans le cadre du Green Deal,
15:31l'Europe a voulu légiférer. Et elle a pris deux mesures, je ne rentre pas dans le détail, puisqu'elles sont récentes, une en 2023,
15:38que toutes les entreprises connaissent, c'est la directive CSRD relative à le reporting extra-financier. Donc comment on fait son reporting extra-financier
15:50qui est en vigueur. Et puis le deuxième, qui est moins connu, et dont la presse a peu parlé d'ailleurs, qui est l'ESPR, c'est-à-dire le nouveau règlement
15:58pour l'éco-conception des produits. Ce règlement a été voté au mois d'avril et adopté au mois de juillet. Et pour terminer sur l'éco-valise,
16:06la méthode d'éco-valise ignore les règles.
16:09Alors justement, j'allais y venir, parce que c'est une règle européenne maintenant. Et vous nous dites que l'éco-valise déroge à cette règle européenne.
16:20Pourtant, en préparant l'émission, je vois que l'ADEME fait référence à ce fameux PEF, à ce système européen, quand elle promeut l'éco-valise.
16:31Et vous avez raison, et c'est bien tout le problème. Alors d'abord, le nouveau règlement sur l'éco-conception des produits, il est en vigueur depuis le 18 juillet.
16:42Donc ce n'est pas une directive, c'est une législation. Et pour ceux qui nous regardent, une législation est une loi qui s'impose à tous les Etats membres.
16:50Et donc l'ADEME, et le gouvernement, enfin l'ex-gouvernement, puisqu'on ne peut plus parler de gouvernement démissionnaire, il va y en avoir à nouveau,
16:57a expliqué qu'elle s'appuyait sur cette méthode pour créer l'éco-valise. Sauf qu'elle explique en même moment que ce référentiel n'étant pas à leur goût,
17:08ils partent de cette méthode européenne pour y ajouter d'autres critères. Et donc, in fine, et c'est ça ce que je conteste,
17:17c'est qu'in fine, le score éco-valise ne ressemble en rien à la méthode originale.
17:23– Juste pour se placer de mon point de vue de consommateur, en fait, pourquoi ce label éco-valise éventuellement va me tromper ?
17:32C'est-à-dire qu'il y a des lobbies qui sont rentrées en jeu, il y a des critères qui ont été poussés plus que d'autres, pourquoi il ne fonctionne pas ?
17:40– On peut le dire et c'est exactement ce que l'Europe veut éviter. L'Europe s'est dit, imaginez que chaque pays invente son éco-score,
17:47c'est ce que fait la France, vous imaginez votre veste notée avec un score en France et la même veste notée avec un autre score en Allemagne,
17:55en Italie, ça n'a absolument aucun sens. L'ESPR détermine une règle commune et délègue à la Commission européenne le soin de définir la règle scientifique
18:05qui préside au calcul du score. Et donc, pour le consommateur, le fait d'avoir, on peut dire que l'éco-score éco-valise est un éco-score particulier
18:16et qui n'est pas celui… – Mais est-ce qu'il est moins disant ? Est-ce qu'il est moins exigeant ?
18:21– Alors, oui et non. – Oui sur certains critères, non sur d'autres ?
18:24– C'est ça le problème, c'est qu'en gros, les ajouts de la méthode éco-valise française vont multiplier d'un rapport 2 à 3 dans un sens,
18:32comme dans un autre, le score. Et pourquoi ? Bah tout simplement parce que c'est tout l'intérêt de suivre une règle commune et scientifique.
18:40L'éco-valise rajoute des indicateurs, par exemple, qui prennent en compte des indicateurs de type durabilité qu'on appelle émotionnels
18:51ou extra-physiques, si je puis dire, qui vont déterminer, comment dire, un indicateur qui va s'appliquer au score,
19:02mais qui n'ont plus trait au produit, mais aux pratiques commerciales de l'entreprise. Ça, c'est un exemple.
19:07Et rien que ces indicateurs complémentaires vont évidemment complètement caricaturer le score.
19:13– Oui, je comprends. Mais dans ce qu'il devrait faire ou ce qui fait une partie de ce score ou dans ce qu'il fait le règlement européen,
19:20il y a des données qui ne sont pas contestables. C'est quoi ? C'est la quantité d'eau ? C'est l'électricité ? Quel mix énergétique ?
19:29Qu'est-ce qui rentre ou qu'est-ce qui doit rentrer dans un bon label ? Voilà, vous avez fait ma question.
19:33– Alors, les 16 catégories d'impact définies par la méthode européenne. Et c'est exactement ce que vous venez de dire.
19:37Donc évidemment, les émissions de gaz à effet de serre, l'utilisation des ressources en eau, très important pour l'industrie d'axile.
19:42Alors justement, c'est une excellente occasion de vous dire les différences. Sur cet indicateur, la Commission définit une méthode de caractérisation.
19:50Des ressources en eau. Que la France va changer. Et alors c'est grave, je vous donne un exemple.
19:55Dans la méthode européenne, on prend en compte non seulement l'usage que vous faites de l'eau.
20:00Si vous la rajoutez dans sa municipalité naturelle, on en tient compte. Mais surtout, on va tenir compte de ce qu'on appelle le stress hydrique.
20:05En gros, pour vos téléspectateurs, un mètre cube d'eau prélevée en France n'a pas du tout le même impact qu'un mètre cube d'eau prélevée en Italie par exemple.
20:14Évidemment, là où les ressources sont rares, la même quantité d'eau est beaucoup plus impactante pour l'environnement.
20:20Eh bien, cette logique-là n'est plus prise en compte. La France décide, je vais retirer cet indicateur et je vais le calculer différemment.
20:27Mais le plus stressant, c'est pour répondre à votre question, les 16 indicateurs, il y a des indicateurs sur la toxicité humaine ou sur l'éco-toxicité,
20:37c'est-à-dire la toxicité dans les sols, les rivières, les océans et dans l'atmosphère.
20:43La méthode écoliste supprime 3 de ces indicateurs pour les remplacer par un indicateur qui n'a plus rien à voir avec la logique.
20:50Donc ça, le principe de modifier ça, ça veut dire ne plus s'inscrire dans le cadre européen.
20:54Qu'est-ce que vous attendez du futur nouveau gouvernement ?
20:58Très simplement, l'Europe a défini le cadre, donc la méthode générique, la méthode CEF, et elle précise sa déclinaison par catégorie de produits.
21:07Elle a pris le soin, la Commission européenne, avant de voir ce règlement adopté par l'UE, de définir un référentiel pour le textile.
21:15Il existe depuis presque un an, et nous demandons au gouvernement, tout simplement, d'être le premier État à appliquer ce référentiel,
21:23qui sera de toute façon le référentiel qui s'imposera à tous les États.
21:27Et c'est la façon, quelle belle façon pour ce gouvernement, M. Barnier, un Européen convaincu, on ne peut pas contester l'engagement européen de M. le Premier ministre,
21:37il pourrait être le premier à appliquer cette méthode, puisque la France est la première à avoir mis dans sa loi l'affichage environnemental.
21:47Et bien maintenant, l'affichage environnemental, c'est le nouveau règlement sur les concessions.
21:51Il faut que la France comprenne qu'elle ne peut pas transgresser un règlement européen, ce qu'elle fait aujourd'hui avec le cobaltisme.
21:57C'est-à-dire que si on gardait le cobaltisme tel qu'il existe aujourd'hui, la France est en faute à ce règlement européen ?
22:01Je vais même aller plus loin. L'ex-ministre nous a présenté au mois de juillet des projets de décret d'application.
22:08Et je lui ai dit que ces décrets d'application, pour nous, sont privés de base légale en présence de l'adoption du nouveau règlement sur les co-conceptions.
22:18Donc avec une perspective de conflit, de procédures judiciaires qui pourraient se développer si ça ne bouge pas ?
22:24Je vais vous donner l'exemple. Ce n'est pas la première fois que la France a été condamnée sous le précédent gouvernement.
22:28Vous connaissez la loi GEC qui impose un certain nombre de critères intéressants pour les industriels de traçabilité.
22:35Deux décrets publiés par la France sur la loi GEC ont été censurés purement et simplement il y a à peu près cinq mois par l'Union Européenne.
22:42Donc la France, en persistant sur le cobaltisme, risque la censure de l'Union Européenne.
22:48Merci beaucoup Christophe Girardier. C'était passionnant. A bientôt sur BeSmart4Change.
22:52On passe tout de suite à notre rubrique consacrée aux startups éco-responsables.
22:58C'est Smart Ideas avec Noémie Arnal. Bonjour. Bonjour.
23:06Vous êtes la présidente co-fondatrice de Grise. Vous l'avez créée en 2023 avec Logan Favillé. Avec quelle idée ? C'est quoi le départ ?
23:12Le départ, c'est que je me suis retrouvée dans ma salle de bain avec beaucoup de produits que je n'utilisais pas, que je finissais par jeter.
23:17Et j'avais ce même constat en tant que professionnelle, parce que je travaillais longtemps dans la cosmétique, où on détruisait les anciennes gammes, les produits abîmés.
23:24Et je me suis dit, c'est dommage de créer un produit avec une bonne idée, si au final, il finit à la poubelle.
23:28Mais de quel type, volume de gaspillage on parle ? Aujourd'hui, c'est 4 tonnes de produits qui sont jetés par jour rien qu'en France.
23:36Et ça représente pratiquement 1,2% du chiffre d'affaires de cosmétiques, rien qu'en France.
23:41Donc ce chiffre, il date de 2021. On l'a vu s'appliquer. Ça n'a pas bougé depuis ?
23:46Ça a augmenté forcément, parce qu'il y a de plus en plus de marques, de plus en plus de propositions d'achats. Et en fait, ce chiffre ne fait que croître.
23:53Comment il s'explique ? Quelles sont les raisons de ce gaspillage ?
23:56Alors, il y a 4 raisons. Il y a des anciennes collections, tout ce qui va être réédition de Noël ou autre.
24:00Il y a des surstocks, des producteurs qui demandent à fabriquer plus pour que les coûts soient moins élevés.
24:05Il y a des dates courtes, tout ce qui est compléments alimentaires ou produits cosmétiques à une date de durabilité.
24:11Ou alors des packaging abîmés. Par exemple, votre tube ou l'étiquette est mal collée.
24:16Est-ce que c'est lié aussi à notre société de consommation ? C'est-à-dire qu'on invente, on crée de la nouveauté plus ou moins réelle pour donner envie d'acheter ?
24:25Forcément, parce que chaque personne a une typologie de peau et des envies différentes.
24:29Et vous allez avoir forcément une publication ou une pub qui va attirer plus un client ou autre.
24:34Mais bon, si après on en fait autant qu'il y a d'habitants, ça fait beaucoup.
24:37Effectivement, on va revoir ce chiffre. 4 tonnes de crèmes de beauté jetées chaque jour en France.
24:42Voilà pour le constat. Comment on peut utiliser Grise ? C'est quoi Grise pour lutter à notre petit niveau contre ce gaspillage ?
24:49Grise, vraiment, nous on veut être un acteur de la transition écologique en aidant vraiment les marques à revaloriser leurs produits, comme on l'a dit, invendus.
24:55Mais aussi ce qui est invendable parce que c'est périmé.
24:58Donc on a trois secteurs. On fait de la vente sur notre site grise.fr pour les ventes événementielles.
25:03Mais on fait aussi du don à des associations pour vraiment mettre en adéquation le produit à la bonne personne.
25:09Parce qu'au final, s'il est remis...
25:11Oui, si c'est pour qu'il soit jeté un peu plus tard, ça ne sert à rien.
25:14Exactement. C'est pour que l'on surencombre les assos. Ce n'est pas pareil.
25:17Et la dernière partie sur laquelle on travaille en R&D, c'est la partie recyclage pour qu'un produit périmé ait une seconde vie.
25:23Par exemple, on travaille avec les crèmes solaires pour faire de la peinture en bâtiment et pour éviter le réfléchissement.
25:28Les gels douche pour en faire du coup de la détergence industrielle.
25:30On y reviendra peut-être. J'espère qu'on aura le temps sur cette question de recyclage.
25:34On parlera des associations, mais ce que je vais trouver sur le site éventuellement, c'est beaucoup moins cher forcément.
25:43Quel est mon intérêt de consommateur ?
25:45Vous, en tant que consommateur, vous allez trouver des produits de qualité entre moins 30 et moins 80 %.
25:49Chaque semaine, ça change. On a des nouvelles marques, des produits de soins pour hommes, pour femmes, pour bébés, pour familles.
25:54Comment vous les récupérez ?
25:56En direct avec les marques. En fait, on travaille avec eux en direct qui ont leurs stocks, leurs usines.
26:01Et en fait, on va faire transiter les stocks dans notre logistique.
26:06Votre modèle économique, c'est un modèle de vente tout simplement ?
26:10C'est un modèle de vente par commission, oui.
26:12D'accord. Alors les associations, comment vous sélectionnez entre guillemets les associations pour justement, vous nous le disiez,
26:18toucher la bonne personne au bon endroit ?
26:21Il y a un premier travail de recherche, un peu de sourcing.
26:24Moi, j'ai travaillé beaucoup dans des associations qui avaient de la socio-esthétique,
26:27donc le bien-être et l'amélioration par les produits de beauté.
26:30Et à partir de là, du coup, j'ai séquencé un peu géographiquement où est-ce qu'elles étaient placées,
26:34le nombre de bénéficiaires qu'elles avaient et aussi leur type de produits recherchés.
26:39Donc, en fonction des produits et des marques qu'ils veulent donner, je fais le transit au bon endroit.
26:44Et donc, c'est combien d'associations ?
26:46Aujourd'hui, là, on a recensé une cinquantaine d'associations et on a aidé depuis un an environ six assos.
26:52Mais du coup, qui multiplient.
26:54Alors, je rentre dans le détail du modèle économique parce qu'on crée une entreprise et on veut qu'elle ait du sens
27:00et qu'elle participe à l'amélioration de notre quotidien et de la société.
27:04Et pour ça, il faut qu'elle soit pérenne.
27:06Donc, si vous donnez tout aux associations, il n'y a plus de business.
27:09Donc, comment vous faites l'équilibre ?
27:11En fait, on fait l'équilibre en faisant une prestation de vente et de dons.
27:15Le don, ce n'est pas sur lequel on va toucher de l'argent.
27:18Mais par contre, nous, du coup, on implique la marque à faire aussi de la vente
27:22et bénéficier à des personnes qui ne sont pas bénéficiaires d'une asso.
27:25Et du coup, on va rétribuer en fait cette partie.
27:27Donc, ça suppose une forme de partenariat avec les marques.
27:29C'est ce que je comprends.
27:30Le recyclage, je vous dis, on est en R&D.
27:32Oui.
27:33Quel est l'objectif ?
27:34L'objectif, en fait, c'est de créer des filières pour le recyclage des pots de crème,
27:37aujourd'hui, qui sont, soit chez les particuliers, soit chez les marques,
27:40qui sont PME inutilisables et leur donner une seconde vie.
27:43Donc, on travaille avec une école d'ingénieurs pour aller vraiment chercher quelle va être peut-être la finalité de la crème.
27:50Alors là, en masse, ça doit être gigantesque.
27:53C'est énorme.
27:54C'est énorme.
27:55Et après, si on cumule ça aussi avec vos pots de crème chez vous, dans les particuliers, ça devient colossal.
28:00Merci beaucoup, Noemi Arnal et bon vent à Grise.
28:03Voilà, c'est la fin de ce numéro de Smart Impact.
28:06C'est toujours un plaisir de vous retrouver sur Be Smart For Change.
28:09Je voudrais remercier celles et ceux qui m'accompagnent,
28:12Cyriel Chazal et Alexis Mathieu, en charge de la programmation et de la production.
28:18Angel Jean Girard, le réalisateur.
28:20Et Thibaut Goury-Lafon pour le son.
28:24Ah ben non, je n'ai plus d'oreillette, c'est vrai.
28:26Salut !

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