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Mercredi 11 septembre 2024, SMART IMPACT reçoit Thierry Lerévérend (directeur général, Teragir)

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00:00L'invité de Smart Impact, c'est Thierry Le Révérend, bonjour.
00:09Bonjour.
00:10Bienvenue, vous êtes le directeur général de l'association Terre-Agir, on va parler
00:13ensemble de ce programme Eco-école que vous coordonnez depuis bientôt 20 ans, mais d'abord
00:19allez, une présentation rapide de Terre-Agir.
00:22Terre-Agir, c'est une association à but non lucratif qui a été créée pour accompagner
00:26la société dans la transition écologique en utilisant un levier en particulier que
00:31nous on estime être très puissant, c'est l'éducation, les apprentissages, la formation,
00:35c'est-à-dire la transformation des humains par leur connaissance.
00:39Les labels aussi, il y a quelques labels que vous avez créés.
00:42On utilise les labels qui sont des outils pour valoriser l'action, mais au cœur de
00:46ces labels, encore une fois, on retrouve la question de ce que l'on apprend, les apprentissages,
00:50la formation.
00:51On va consacrer l'essentiel de cette interview à cet Eco-école, à ce programme qui a été
00:57lancé il y a 19 ans, c'est ça ? De quoi s'agit-il ? Avant de faire le bilan, c'est
01:04quoi Eco-école ?
01:05La crise écologique questionne tous les secteurs de la société aujourd'hui, absolument tous,
01:10le climat, la biodiversité, questionnent l'agriculture, les transports, mais aussi
01:15nos façons d'apprendre.
01:16Et donc à cet égard, nous, on dit que cette crise écologique est aussi une crise de nos
01:20apprentissages.
01:21Qu'est-ce qu'on n'a pas appris pour qu'on en soit là ?
01:23Donc, ça questionne tout cela, et donc nous, depuis 40 ans, on travaille sur la façon
01:32de développer des apprentissages, la connaissance et l'action ensemble, apprendre et agir
01:37ensemble autour des questions environnementales.
01:40Et ce qui est important aussi, et ce qu'on a fait comme constat au fil de ces quatre
01:43décennies, en fait, c'est qu'au début, on avait énormément d'informations qui
01:47nous disaient « ça va mal », de plus en plus de rapports, de plus en plus clairs
01:51sur les urgences, et en fait, produire de l'information et de la connaissance et de
01:57la certitude que ça ne va pas, n'est pas suffisant aujourd'hui pour transformer la
02:01société.
02:02Et donc, au niveau scolaire, ça marche comment ? C'est quoi Eco-école ?
02:04Alors Eco-école, nous, on en est très fiers parce que ça montre en fait qu'il y a de
02:07grandes innovations qui ne sont pas que technologiques, pour nous, c'est une innovation sociale.
02:13Notre idée, à l'origine, a été non pas de produire des projets de classe, mais des
02:18projets pour tout l'établissement, c'est-à-dire de réunir tous les acteurs de l'école ensemble,
02:24les enseignants, les élèves, les élus locaux, les parents d'élèves, les entreprises aussi
02:29qui sont associées à l'école, qui font la restauration ou le nettoyage, parce que
02:35ce n'est qu'en mettant les gens ensemble, en fait, qu'on va plus loin dans la résolution
02:38des enjeux.
02:39Mais ce n'est pas seulement, ce qui est déjà très bien d'ailleurs, ce n'est pas péjoratif,
02:43ce que je veux dire, c'est informer les enfants ou les élèves sur le changement climatique,
02:48en faire des acteurs, etc., c'est vraiment transformer l'école, même dans son fonctionnement,
02:54on peut dire ça ?
02:55Alors on transforme, on a un travail sur le bâti, vous savez, quand même, 50% de tous
02:58les bâtiments des collectivités territoriales, ce sont des établissements scolaires, 140
03:03millions de mètres carrés à gérer, mais dans un établissement, il n'y a pas que
03:08les murs, il y a aussi les relations humaines qui se tisent dedans et c'est le cœur d'un
03:12projet, que ce soit dans les enseignements, à travers des apprentissages, les cours,
03:18mais aussi la relation, le climat scolaire, la relation avec le personnel de cantine,
03:22etc.
03:23Quel bilan vous faites ? Allez, ça fait presque 20 ans !
03:25Alors, nous, on est toujours très fiers de ce que l'on a fait, parce que c'est vraiment
03:30une super idée et ça marche vraiment bien.
03:33Le bilan, aussi, c'est que c'est difficile, tout simplement, parce que le système scolaire,
03:38même s'il a beaucoup progressé pour accueillir ce type de projet, eh bien, il reste encore
03:43profondément disciplinaire, alors que tout ce que l'on propose, c'est justement de
03:46casser les cloisons disciplinaires et de mettre les gens ensemble.
03:49Oui, effectivement, donc c'est difficile de classer ces cloisons.
03:52Votre méthodologie, évidemment, elle est adaptée au contexte scolaire, est-ce que
03:59vous avez dû imaginer développer des outils spécifiques ? Et puis, question subsidiaire,
04:05qui faut-il convaincre en premier ? C'est le directeur de l'établissement ou la directrice,
04:10c'est des profs ? Comment ça fonctionne ?
04:12Les moteurs sont les enseignants.
04:14C'est eux qui décident qu'un projet a lieu ou pas.
04:17On ne peut pas venir les convaincre, les forcer à le faire, parce que ça va se retrouver
04:22au cœur de leur classe.
04:23Donc, voilà, ça, c'est un point important.
04:27Par contre, une fois qu'ils sont moteurs, là, il se passe des choses vraiment intéressantes.
04:31Est-ce qu'il y a des établissements qui ont vraiment changé dans leur mode de fonctionnement,
04:35c'est-à-dire dans les produits qu'on va proposer à la cantine, dans la source d'énergie,
04:41est-ce que ça peut aller jusque-là ?
04:42Totalement.
04:43Les transformations sont profondes.
04:44Après, on ne fait pas forcément d'une passoire énergétique un bâtiment HQE, évidemment,
04:50mais par contre, oui, il y a un travail à tous les niveaux sur huit grands thèmes
04:55écologiques, sociaux aussi, parce qu'en fait, on mélange les deux.
04:57Ils sont très liés, la santé et l'alimentation.
04:59Donc, il y a énormément de travail.
05:01Je vais les citer.
05:02Il y a un déchet biodiversité, santé, solidarité, eau, alimentation, énergie, climat.
05:07Absolument.
05:08Je vous donne un exemple très concret aussi de ce qui se passe.
05:10Des élèves préparent des questionnaires, des enquêtes, des diagnostics pour aller
05:15comprendre ce que l'on peut transformer dans l'école.
05:17Ils vont rencontrer le personnel scolaire avec des questionnaires en main pour comprendre
05:22d'où ça vient, les aliments, etc.
05:25C'est quoi le volume des déchets, etc.
05:26Et à partir de là, ils vont proposer des actions en comité collectif pour améliorer
05:32tout ça.
05:33Donc, effectivement, c'est le porteur.
05:34On a des filières d'agriculture locale qui se développent à l'issue des projets et
05:40donc énormément de choses.
05:41Ils deviennent ambassadeurs, ces enfants, après, auprès de leurs parents.
05:43Vous l'avez ressenti, ça ?
05:46Oui, absolument.
05:47On dit souvent que les enfants sont prescripteurs.
05:50C'est peut-être un peu dérangeant, mais c'est sacrément vrai, absolument, et ils
05:53ont un rôle très important.
05:55Effectivement.
05:56Il y a un label Éco-école ?
05:57Oui.
05:58Il y a 4000 établissements scolaires qui sont engagés avec nous, qui sont inscrits.
06:03Mais ce n'est pas obligatoire d'aller jusqu'à la médaille, on va dire, jusqu'au label,
06:07parce que parfois, ça demande trop de temps.
06:11Donc, on a un label qui est valorisant.
06:14Il faut savoir que les communautés enseignantes, elles aussi, ont besoin d'être valorisées
06:19pour leur réussite.
06:20Et donc, c'est quelque chose aussi de très positif, ça donne des bonnes nouvelles.
06:24Est-ce que ce label, il est différent, complémentaire au concurrent de celui qui est délivré par
06:29les académies, je crois, qui s'appelle E3D, c'est ça ?
06:32Alors, on était là en premier, et quelque part, on a inspiré le label du ministère
06:39de l'écologie.
06:40Et depuis, on apprend à vivre ensemble, on est en accord cadre avec l'éducation nationale,
06:44on se connaît, on est même financés.
06:46Mais c'est vrai que l'éducation nationale a voulu un produit issu de la maison.
06:51Donc, ça fait un peu de contradiction pour les établissements scolaires, parce qu'ils
06:55se disent, pourquoi je fais l'un, l'autre ? Il y en a qui font les deux, c'est dommage.
07:00Mais voilà.
07:01Sinon, on a aussi quand même énormément d'accord avec les académies pour faire cohabiter
07:05les deux et le faire en bonne intelligence.
07:08Est-ce que c'est duplicable en entreprise, ce que vous faites, dans les écoles ?
07:12Ce qui est amusant, c'est que l'origine des co-écoles est même une idée qui est
07:17venue des agendas 21 territoriaux, vous savez, en 92, à Rio.
07:22L'idée, c'était de dire, il faut une méthode pour transformer le territoire en faisant
07:27des diagnostics, en impliquant les parties prenantes, en ayant des plans d'action.
07:31C'est comme ça que c'est né.
07:32On a répliqué tout ça, mais à l'école.
07:35Donc, oui, je pense que c'est carrément transposable, puisque l'idée, c'est presque
07:40un business plan, en fait, si on le traduisait au domaine de l'entreprise.
07:45Si je reviens vraiment au milieu scolaire, on a cité les différentes thématiques,
07:52les profs s'en emparent.
07:53C'est ce que vous avez dit, vraiment, le point de départ, c'est ça.
07:56Ça veut dire quoi ? Ça veut dire que dans les cours qu'ils donnent aux enfants, ils
08:01vont intégrer aussi cette dimension-là ?
08:03Oui, c'était important pour nous.
08:04Ce n'est pas une discipline de plus, ça permet d'ailleurs l'ASVT, on cherche vraiment
08:09à le faire pénétrer dans chaque discipline.
08:11En géo, par exemple, on peut étudier le parcours d'un djinn à travers la planète.
08:15Donc, dans toutes les disciplines, nous, on a créé des passerelles pour que ça soit
08:19utilisable et lié au programme.
08:21Est-ce que c'est chronophage pour les profs ?
08:24Ça demande du temps, oui.
08:25Ça demande de l'énergie.
08:26Et souvent, on fait appel au plus volontaire, au plus motivé, absolument.
08:31Et c'est là où il faudrait créer les conditions pour faciliter l'accès et pour encourager
08:38les pratiques.
08:39Petite question.
08:40J'allais dire politique, mais c'est vrai que ça existe depuis, donc votre association
08:45depuis quatre décennies et Eco-Eco depuis deux décennies.
08:482007, Nicolas Sarkozy élu de Grenelle de l'Environnement, très très vite, et puis
08:55ça retombe comme un soufflet avec la crise des subprimes en 2008.
08:59Comment vous expliquez cet effet comme ça de stop and go en quelque sorte ?
09:06C'est difficile pour moi de vous donner une lecture de tout ça, même sans vouloir faire
09:12de politique.
09:13Je ne sais pas très bien l'expliquer, mais on est sur des tendances longues.
09:18L'éducation nationale s'est vraiment lancée dans la volonté de généraliser tout cela
09:22en 2004, donc c'est ancien, presque en même temps que nous, avec plusieurs textes.
09:27En fait, c'est très lourd et c'est très long, effectivement, de transformer les choses.
09:31Après, il faut vraiment des impulsions fortes.
09:34Je pense qu'il nous manque des signaux très forts.
09:35En fait, on est encore sur des adaptations à la marge, souvent, c'est-à-dire que ça
09:41reste sur des temps souvent volontaires de la part des enseignants.
09:45Pourquoi ? En fait, on devrait vraiment aller plus loin et en fait, il y a énormément
09:49de co-bénéfices.
09:50C'est vraiment extrêmement porteur de citoyenneté.
09:52On a fait des études qui montrent en fait que les retombées sont extrêmement positives
09:57sur la motivation des élèves, mais même sur le territoire à l'échelle locale, sur
10:02les économies à l'échelle de l'établissement, sur l'alimentation.
10:06À mon avis, on a vraiment tout intérêt à encourager ces pratiques.
10:10Ça existe dans d'autres pays ?
10:11Oui, bien sûr.
10:12On est dans 73 pays.
10:13On a 50 000 éco-écoles, des déco-schools, plus de 22 millions d'élèves impliqués.
10:20Merci beaucoup et bravo pour cette action-là.
10:24Il y en a beaucoup d'autres.
10:25On pourrait parler de la Clé verte qui est le premier label de tourisme durable, par
10:28exemple, que vous avez aussi créé, la Journée internationale des forêts.
10:32Bref, on aura l'occasion de se revoir pour parler d'autres actions et d'autres bilans
10:36de Terrager.
10:37À bientôt sur BeSmart for Change.
10:39On passe tout de suite à notre Zoom, l'industrie de la mode en question.

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