Mercredi 4 décembre 2024, SMART IMPACT reçoit Didier Livio (Président, FoodPilot)
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00:00L'invité de Smart Impact, c'est Didier Liviot, bonjour.
00:09Bonjour.
00:10Bienvenue, vous êtes le fondateur de Foodpilot, donc vous travaillez avec le secteur agroalimentaire,
00:16les entreprises du secteur agroalimentaire, en leur proposant quel service, c'est quoi
00:20Foodpilot ?
00:21Nous travaillons avec le secteur agricole et agroalimentaire, c'est-à-dire que le
00:23service que nous proposons vise à piloter la totalité de la chaîne alimentaire depuis
00:28les pratiques agricoles à la parcelle ou dans les bâtiments d'élevage jusqu'à
00:35les emballages et le produit final qui arrive chez le consommateur.
00:38Et ce pilotage, nous le faisons à partir de données réelles que nous téléchargeons
00:42tout au long de la chaîne pour fabriquer des calculs d'impact permettant à tous les
00:48acteurs tout au long de la chaîne, depuis l'agriculteur à sa ferme jusqu'à l'industriel
00:52final, de savoir exactement ce qui se passe sur le plan environnemental et social et de
00:57ce point de vue-là, engager des modèles de transition vers des modèles économiques
01:01durables.
01:02Ça a demandé pas mal de recherche et développement pour aboutir au service que vous proposez
01:07aujourd'hui ?
01:08Oui, pour ma part, ça fait plus de 40 ans que je travaille sur les questions de développement
01:10durable et il y a une vingtaine d'années, chez un certain nombre de clients agroalimentaires,
01:14nous avons imaginé, à l'époque la technologie n'était pas celle d'aujourd'hui, nous
01:18avons imaginé ce que pourrait être une plateforme qui permettrait de piloter sur data réelle.
01:21Pourquoi ? Parce que si nous voulons transformer les modèles de production vers des modèles
01:27durables, il faut savoir quelles sont les actions qu'il faut mettre en œuvre pour
01:31enclencher la transition et ces actions, chacune, quels impacts environnementaux, sociaux et
01:37économiques elles ont.
01:38Et donc la difficulté, le nœud du problème était de savoir où étaient les datas qu'on
01:43allait télécharger et comment les télécharger automatiquement, là où elles se produisent.
01:47Et effectivement, on a beaucoup travaillé là-dessus, une dizaine d'années, pour finalement
01:54créer Foodpilot avec un très bon niveau de maturité en 2023.
01:58Vous parlez de data réelle, c'est quoi la différence ?
02:02C'est la différence entre une data déclarée et une data réelle.
02:06La plupart des systèmes permettant de piloter la transition aujourd'hui se font sur des
02:10déclarations qui peuvent être sujettes à caution, les acteurs sont plutôt de bonne
02:14foi et honnête, mais elles peuvent être sujettes à caution par crainte du greenwashing, etc.
02:18Et tous les observateurs, que ce soit des analystes extra-financiers ou des ONG ou les
02:22pouvoirs publics, peuvent se demander si les déclarations sont bonnes ou pas.
02:27Le téléchargement de data réelle, c'est d'aller chercher la data là où elle est.
02:31Par exemple, les farm management systems, qui sont des outils informatiques qui permettent
02:35aux agriculteurs de travailler, il y en a quatre en France, dans deux d'entre eux,
02:39que sont SMAG et Méparcelles, on peut aller chercher les pratiques agronomiques au moment
02:45où le soir, on a les pratiques agronomiques de la journée.
02:49Dans la comptabilité, grâce à des partenariats avec des cabinets d'expertise comptable,
02:53on peut avoir accès à des factures qui vont nous donner la consommation énergétique,
02:58par exemple, ou les achats de matières premières, ou les achats d'engrais, etc.
03:05C'est ça la data réelle par rapport à une data déclarée.
03:08Et donc, à partir de ces datas réelles, on va produire des indicateurs d'impact
03:13que les professionnels tout au long de la chaîne vont pouvoir vérifier et publier.
03:18Et dans notre plateforme, Veritas intervient pour assurer, en plus, c'est une double sécurité,
03:23la qualité de la publication de la data finale.
03:26Vous parlez aussi, parmi les innovations, de systèmes semi-spécifiques.
03:31Je vous pose toutes les questions de curiosité, qu'est-ce qu'un système semi-spécifique ?
03:34Le système semi-spécifique, de la façon la plus simple possible,
03:38c'est qu'il existe des systèmes dits génériques.
03:43En particulier, l'État français a créé une base de données avec l'ADEME qui est formidable,
03:46qui s'appelle Agribalise.
03:48Dans Agribalise, vous avez, si vous êtes un industriel agroalimentaire,
03:51le poids environnemental d'un litre de lait, d'un kilo de blé, d'un kilo de tomate.
03:55Mais c'est générique au sens où le poids environnemental du kilo de tomate,
03:59il est fait sur les pratiques les plus répandues agricoles de la tomate en France.
04:05Mais comme ces pratiques sont de plus en plus variées,
04:07depuis le bio jusqu'à des pratiques agroécologiques, etc.,
04:12la question c'est comment se différencier par rapport à ces datas génériques ?
04:17Deuxième solution, les datas spécifiques.
04:20Et là, ce qu'on fait, c'est des analyses de cycles de vie mais qui coûtent très cher.
04:24Sur chaque produit alimentaire, vous faites une analyse de cycle de vie
04:27qui va coûter entre 20 et 30 000 euros par produit.
04:29Donc quand vous avez des milliers de produits, c'est impossible.
04:31Et nous, nous avons inventé, dans le cadre du travail avec l'État sur l'affichage environnemental,
04:34le système dit semi-spécifique.
04:36Qu'est-ce que c'est ?
04:37Si vous prenez une tranche de jambon,
04:39sur une tranche de jambon, depuis l'alimentation animale qui va nourrir les porcs
04:44jusqu'aux emballages, la fabrication des emballages,
04:47si nous voulons transformer la chaîne du porc, il faudrait toucher à 850 pratiques à peu près.
04:52Or, le système semi-spécifique nous dit qu'avec 12 pratiques,
04:55nous atteignons 90% des impacts de la tranche de jambon.
04:58Donc ça permet de concentrer les acteurs sur les 12 pratiques à plus fort impact.
05:02Ça, ça demande des analyses scientifiques et techniques.
05:04Et nous le faisons sur tous les produits alimentaires et sur toutes les chaînes alimentaires.
05:07Vous avez identifié 12 fonctionnalités ?
05:10Sur chaque filière alimentaire, nous identifions les pratiques à plus fort impact.
05:16Et ces pratiques à plus fort impact, nous les proposons aux acteurs
05:19pour concentrer leur action sur ce qui va leur permettre d'obtenir le plus de résultats
05:23et accélérer la transition.
05:25J'allais vous poser une question, mais qui est beaucoup trop générale.
05:28Le levier de durabilité le plus efficace, ça va dépendre de chaque métier, de chaque secteur.
05:34Je pense souvent à la direction des achats dans une entreprise.
05:38La réponse ne peut être que multiple ?
05:40Non, il y a deux grandes réponses que je peux vous faire.
05:44Globalement, sur tous les produits alimentaires que nous mangeons tous en France ou dans le monde,
05:48la part agricole, par rapport à la part des transports, la part industrielle,
05:52la part agricole représente, selon les filières alimentaires, carnées ou pas carnées,
05:58entre 60 et 90% des impacts.
06:01Donc déjà, quand vous avez un produit alimentaire dans votre assiette,
06:03l'agriculture va représenter 60 à 90% des impacts.
06:06Et quand on regarde ensuite ce qui se passe au niveau de l'agriculture,
06:10les intrants vont représenter souvent quasiment la moitié, voire plus, des impacts de l'agriculture,
06:19et puis ensuite l'énergie, et avec ces deux postes-là, vous avez l'essentiel des émissions.
06:25Je vous le dis de façon générique, parce que si on séparait maintenant les filières végétales et les filières animales,
06:30on aurait des impacts qui seraient différenciés encore plus.
06:33Mais en gros, il faut retenir ça, les intrants, l'énergie,
06:38et par ailleurs, l'agriculture fait 60 à 90% des impacts d'un produit alimentaire.
06:43– Il y a l'actualité de la CSRD au niveau français et européen, évidemment,
06:49c'est une directive européenne, ce bilan extra-financier
06:52que toutes les entreprises vont devoir publier étape par étape,
06:56là pour l'instant sur les très grandes, puis les ETI, puis toutes les PME cotées.
07:01Il y a certains de vos clients qui sont dans cette démarche déjà aujourd'hui ?
07:04– Oui, bien sûr, un certain nombre de nos grands clients sont soumis à la CSRD,
07:09et merci de cette question, parce qu'elle est importante, vraiment.
07:12Au moment où nous voyons le gouvernement peut-être se replier sur cette question,
07:16ou vouloir la retarder, vraiment ce serait une immense bêtise,
07:19parce que les entreprises s'y préparent depuis deux ans maintenant, elles sont prêtes,
07:23et quand on cumule en France et en Europe,
07:25le cadre réglementaire dont nous disposons depuis 20 ans,
07:29la CSRD qui crée un cadre de reporting extra-financier
07:32qui va permettre de comparer les entreprises,
07:33et qui n'est pas si compliqué à mettre en œuvre,
07:38et les lois sur le devoir de vigilance,
07:39on a un cadre maintenant qui va nous permettre vraiment
07:42de voir les modèles économiques se transformer,
07:44et les entreprises sont prêtes depuis 10 ou 20 ans qu'elles y bossent,
07:47elles sont prêtes aujourd'hui, donc il faut laisser faire ça.
07:50Donc créer la CSRD, ce serait une prime à ceux qui n'ont pas bossé ?
07:54C'est exactement ça, c'est une prime à ceux qui n'ont pas bossé,
07:59et c'est finalement mettre un coup sur la tête à tous ceux qui se préparent depuis deux ans,
08:03et qui s'y préparent vraiment, on a beaucoup de nos clients et on accompagne ça,
08:06qui s'y préparent avec certaines inquiétudes,
08:08mais vraiment avec envie, avec le sourire,
08:10ces chaînes-là sont en train de se transformer positivement.
08:14Oui, en plus on peut être dans ce discours un peu positif
08:18qu'on cherche pour embarquer le plus possible nos concitoyens dans cette transformation.
08:24Oui, oui, moi vraiment, qui fais ce métier depuis 40 ans,
08:27depuis 10 ans, je suis heureux de voir les choses se transformer positivement,
08:31il n'y a plus une seule filière dans laquelle il n'y a pas 1, 2, 3, 4 leaders
08:35qui sont à l'œuvre pour transformer la filière.
08:37Et vous pensez que la CSRD c'est un accélérateur ?
08:39Ah oui, c'est un accélérateur, oui c'est un accélérateur pour deux raisons,
08:42parce que ça donne un cadre qui oblige à la transition,
08:47et un cadre qui permet la comparaison entre acteurs dans le même secteur d'activité.
08:52Et quand il y a comparaison, il y a concurrence positive.
08:54Effectivement, vous avez annoncé en janvier dernier une levée de fonds de 4,5 millions,
08:59donc vous en êtes où là du développement de Foodpilot, on est à quelle étape aujourd'hui ?
09:06Bon, nous avons bien avancé puisque première année d'exercice 2023,
09:10grâce à notre connaissance du secteur et à nos réseaux dans le secteur,
09:14nous avons fait 300 000 euros de chiffre d'affaires,
09:16cette année 900 000 en 2024, donc on a triplé le chiffre.
09:19On devrait faire, parce qu'on est dans des métiers où le chiffre d'affaires embarqué se prolonge,
09:23nous devrions faire 2,2 millions je pense l'année prochaine,
09:27et on est sur une tendance à 5-7 millions en 2026-2027,
09:30mais les 2,2 millions sont assez sécurisés,
09:33donc finalement on nous sera passé en deux ans de 300 000 à 2,2 millions, c'est pas mal.
09:37Donc c'est effectivement une belle progression.
09:39Merci beaucoup Didier Livio et à mes collègues sur Bismarck for Change.
09:43On passe à notre débat, les conséquences du retour de Donald Trump.
09:45À la Maison-Blanche.