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Mercredi 19 février 2025, SMART IMPACT reçoit Caroline Thaler (PDG, Bloomineral) , Bruno Klockner (Directeur Général, XPO France) et Bertrand Barbedette (Enseignant chercheur, Estaca)

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00:00Générique
00:08Bonjour à toutes et à tous, bienvenue dans Smart Impact, l'émission de celles et ceux qui font de la transformation environnementale et sociétale
00:14un axe fort de leur stratégie et voici notre sommaire du jour.
00:19Mon invité c'est Bertrand Barbedette, enseignant-chercheur à l'Estaca, école d'ingénieurs qui propose des formations pour inventer les mobilités durables de demain.
00:28Demain, notre zoom il portera sur la transformation du transport logistique, quel avenir pour les camions électriques, comment décarboner les millions de véhicules qui circulent dans nos villes, réponse tout à l'heure.
00:39Et puis dans notre rubrique start-up, je vous présenterai Biominéral qui propose de stocker le CO2 dans des biominéraux, comme son nom l'indique.
00:48Voilà pour les titres, c'est parti, c'est Smart Impact.
00:51Générique
00:57Mon invité de Smart Impact c'est Bertrand Barbedette, bonjour.
01:00Bonjour.
01:01Bienvenue, vous êtes enseignant-chercheur à l'Estaca, c'est donc une école d'ingénieurs, c'est ça ?
01:05Voilà, donc une école d'ingénieurs dans le domaine du transport et des nouvelles mobilités.
01:08Oui.
01:09Donc on forme sur plusieurs axes du transport, des filières de transport, donc l'aéronautique, l'automobile, le naval, l'aérospatial et puis le ferroviaire.
01:19On va beaucoup parler de mobilité à 4 roues, automobiles, mais tiens un mot sur l'aviation parce qu'on sait que l'équation de l'avenir du transport aérien est quand même compliquée à résoudre.
01:33À quel point on a fait des progrès, par exemple dans la motorisation, dans le poids des avions, qu'est-ce qu'on a pu faire évoluer depuis 20 ou 30 ans ?
01:42Aujourd'hui, les deux axes majeurs pour l'aéronautique, c'est l'allègement de la structure, moins on met de masse, moins on va consommer d'énergie.
01:50Et puis la deuxième chose, c'est la motorisation, donc remplacer le kérosène par de nouveaux carburants.
01:55Donc aujourd'hui, c'est en plein essor et puis il y a aussi des visions sur la partie électrique.
02:01On a appris dernièrement qu'on a déjà inventé un nouveau moteur électrique pour la petite aviation civile.
02:11Et ça, ça donne plein de nouvelles idées sur nos futurs ingénieurs pour faire de la nouvelle aviation.
02:17Ça ouvre des perspectives. Les enjeux de mobilité, c'est au cœur de l'Estaca.
02:25Depuis quand vous parlez aussi d'environnement ? Vous voyez ce que je veux dire dans les modules, dans les enseignements que vous proposez ?
02:33En fait, l'environnement, on va le voir au travers déjà fatalement de ce qu'est la transformation de l'énergie.
02:41Donc quand on fait du transport, il faut de l'énergie pour se mouvoir.
02:45Donc cette énergie, effectivement, au début, on était plutôt sur la transformation dite énergie thermique.
02:50C'est-à-dire on prend un carburant, on le fait exploser et ça fait du mouvement et on avance.
02:56Effectivement, tout ça, on en connaît maintenant les dégâts environnementaux.
02:59Donc aujourd'hui, en tout cas, des grands axes ont été pris sur l'électrification de la mobilité.
03:03Et donc à l'Estaca, ça fait déjà depuis 15 ans qu'on parle déjà de l'électromobilité.
03:08Bien sûr, sur le transport terrestre. Et puis on regarde sur les autres axes qui sont possibles.
03:13Donc l'électromobilité, au début, c'est passé plutôt par de l'hybridation de la mobilité.
03:18C'est-à-dire en fait, on passe du moteur thermique à un moteur électrique.
03:21Il y a eu des solutions intermédiaires qui sont déjà connues depuis des dizaines d'années.
03:26Et puis progressivement, maintenant, on arrive à la totalité d'une mobilité qui est totalement électrique.
03:32Est-ce que quand on est dans une école d'ingénieurs, on est forcément technosolutionniste ?
03:37Ou est-ce qu'on intègre quand même l'idée qu'on doit aussi changer nos comportements,
03:41aller vers de la sobriété, prendre un peu moins l'avion, etc. ?
03:45Alors, voilà ce qu'on attend. A priori, il y a un ingénieur, la société va attendre de lui.
03:50Oui, c'est de trouver des solutions technologiques et politiques, bien sûr.
03:53Maintenant, il est clair qu'on va avoir une dimension dans nos discours pédagogiques
03:57à éclairer, je dirais, le raisonnement de nos ingénieurs.
04:02Donc effectivement, on va avoir tout un, je dirais, de modules, ou en tout cas des conférences
04:08qui vont permettre à nos jeunes ingénieurs, effectivement,
04:11de comprendre les tenants et les aboutissants de ce que sont la problématique du transport.
04:15Aujourd'hui, le transport, c'est 30% d'émissions des gaz à effet de serre dans le monde.
04:20Donc, on sait que c'est un tiers de la problématique dans le monde.
04:24Donc, comment l'ingénieur va se positionner par rapport à ça ?
04:28Oui, un tiers de la problématique et donc un tiers de la solution aussi.
04:31C'est en ça que ça doit être assez excitant de relever ces défis.
04:36Alors, on va prendre un exemple parce qu'il y a ce défi lancé par l'ADEME,
04:40qui s'appelle l'Extrême Défi, auquel les STACA participent, je crois, depuis plusieurs années.
04:45C'est ça ? C'est quoi l'Extrême Défi ?
04:47Alors, l'Extrême Défi, c'est donc un challenge qui est lancé, effectivement, par l'ADEME depuis maintenant 3 ans.
04:52Ce challenge, en fait, c'est de dire comment on peut rouler en étant 10 fois, voire 100 fois plus, je dirais, vertueux.
05:01Ou en consommant beaucoup, beaucoup moins.
05:05Donc, faitellement, ça passe par plutôt l'idée de dire qu'on va faire des véhicules qui seront entre des vélos et la voiture.
05:12D'accord.
05:13Donc, aujourd'hui, il y a tout un tas de petites solutions qui commencent à émerger.
05:17Alors, quand je dis solutions, entre guillemets, c'est les solutions des gens qui sont dans leur garage, qui font leurs propres véhicules,
05:22mais aussi des solutions qui sont beaucoup plus, je dirais, industrialisées,
05:25où on voit, comme les stylantistes des Renault ont déjà proposé des solutions comme ça depuis déjà une dizaine d'années,
05:31mais qui ont laissé toujours un petit peu ces solutions, je dirais, entre parenthèses,
05:36parce qu'effectivement, la réglementation n'était pas encore, je dirais, là, en train de dire il faut avoir ces solutions.
05:41Aujourd'hui, ça bouge fortement.
05:43Dans les villes, on a de plus en plus de zones à faible émission.
05:46Donc, il faudra des véhicules qui consomment le moins pour transporter les personnes, mais aussi pour transporter les merchandises.
05:52Et donc, l'extrême défi, en fait, c'est de promouvoir la filière, une filière si possible française,
05:58pour développer ces véhicules, mais à l'échelle industrielle.
06:00Oui, alors c'est ça qui est intéressant.
06:02On va d'abord parler de la théorie, puis ensuite, effectivement, des liens avec les entreprises.
06:07On n'est pas seulement dans le jus de crâne, j'allais dire.
06:11Pardon, c'est un peu trivial.
06:13Donc là, par exemple, il y a un projet qui s'appelle NovaCycle.
06:16Ça ressemble à quoi ? Il faut nous décrire un peu ce sur quoi travaillent vos élèves, vos ingénieurs.
06:21Alors voilà, on a profité, nous, effectivement, de ce challenge qui est proposé par l'extrême défi
06:25pour faire participer nos étudiants d'abord d'une réflexion.
06:29Donc cette réflexion, ce n'est pas uniquement des solutions techniques, d'ingénierie.
06:34C'est aussi de trouver et de dire, on travaille bien à un contexte global
06:38qui va bien sûr répondre à une problématique environnementale, mais aussi à une problématique d'usage.
06:42Derrière, NovaCycle, en fait, c'est de dire, on va développer à l'école une plateforme
06:48qui pourrait être utilisée par d'autres écoles pour faire différents types d'expérimentations.
06:53Par exemple, on a travaillé avec des écoles de design qui, eux, vont repenser l'intérieur,
06:58l'expérience, je dirais, de l'utilisateur pour ses nouvelles mobilités.
07:03Et cette plateforme qui, elle, est purement de l'ingénierie, où il faut 4 roues, des moteurs, une direction,
07:09on va la mettre assez vide. C'est assez proche de ce qui se passe aujourd'hui dans le monde industriel.
07:13Quand vous achetez une voiture, en fait, plusieurs marques se partagent la même plateforme
07:18et on est à peu près dans la même idée.
07:21L'idée, c'est de dire, voilà, on va former nos étudiants à faire des plateformes,
07:24mais sur des véhicules dits intermédiaires dans le cadre de l'extrême défi.
07:27Et qui pourront donc ensuite s'aimer. Quel lien avec les entreprises, justement ?
07:32C'est-à-dire, à quel point vous êtes dans le concret ou dans l'industrialisation potentielle
07:37des solutions qui sont imaginées ?
07:39Alors, on travaille avec des petites entreprises qui peuvent déjà proposer, industrialiser des solutions
07:46qui peuvent être des tricycles, vélos ou jusqu'à des petites voitures électriques,
07:51mais qui ne sont pas encore aujourd'hui totalement arrivées sur le marché.
07:54Donc, on va travailler avec ces entreprises-là.
07:57Mettre nos étudiants aussi en réflexion dans le cadre de projets qu'on peut faire avec ces entreprises.
08:03Mais aussi, on voit de l'autre côté de la chaîne de l'industrialisation,
08:06un acteur comme Renault qui sort avec des nouveaux, aujourd'hui, petits véhicules,
08:10comme du coup la Mobilize.
08:11Et en fait, on va aussi regarder leur développement et profiter un petit peu de leur vision aussi d'ingénierie
08:18pour nourrir nos étudiants de leurs réflexions.
08:21Mais est-ce que ça veut dire que l'ESTACA, cette école d'ingénieurs, noue des partenariats, par exemple,
08:26avec des entreprises ou avec des réseaux de transport, la SNCF, que j'en passe et les meilleurs ?
08:33Alors, oui, bien sûr.
08:34Donc, on a tout un tas de partenariats avec des grands groupes, voire des petits industriels.
08:40Ces partenariats peuvent prendre plusieurs formats.
08:42Ça peut être de l'accompagnement dans le développement, effectivement, de solutions techniques
08:47jusqu'à travailler sur des projets fins.
08:50Mais là, je dirais plutôt dans le domaine de la recherche ou dans nos laboratoires,
08:53on va pouvoir aussi répondre à ces questions-là.
08:55Il y a aussi ce salon qui s'appelle le salon des véhicules légers,
08:59le salon Véli qui est organisé à Laval.
09:01Je crois qu'il s'est déroulé, c'était au mois de décembre, c'est ça ?
09:04C'était au mois de décembre à Laval.
09:05Troisième édition.
09:06Alors, c'est quoi l'ambition ?
09:08Qu'est-ce qu'on y trouve, tous ces prototypes dont on parlait,
09:10des entreprises, des chercheurs qui discutent ?
09:13C'est quoi l'idée ?
09:14C'était exactement ça.
09:15Retrouver d'abord, avoir une place pour accueillir plus de 50 exposants.
09:20Et là aussi, on était des gens qui continuent à développer un véhicule dans leur garage
09:24jusqu'à un Renault qui avait fait juste avant le mondial de l'auto
09:28et qui nous montrait exactement la même chose dans ce type de salon
09:31pour donner l'intérêt de ce type de solution.
09:35Là, on va effectivement voir toutes les solutions possibles
09:38et ça donne déjà une sorte de réponse à l'imaginaire de la mobilité.
09:42C'est de dire, on a les véhicules devant nous,
09:45on avait une piste d'essai, donc on pouvait aussi monter dedans,
09:47les tester sur une piste d'essai et se dire,
09:50voilà, est-ce qu'on se retrouve dans un usage comme si on avait un véhicule ?
09:54Est-ce que c'est un vélo ? Est-ce que c'est une voiture ?
09:55Comment je me retrouve dedans ?
09:57Et ça, ce qui est très intéressant quand on fait des salons comme ça
09:59et qu'on fait de l'expérimentation,
10:01c'est qu'effectivement, l'expérience utilisateur
10:03va être généralement assez positive
10:07parce qu'effectivement, on pense qu'on va avoir un véhicule comme ça
10:11et on va se dire, bon, c'est un vélo, alors je vais avoir froid,
10:13il faut que je me couvre, ça va être trop sportif.
10:15Et en fait, on découvre quelque chose de tout à fait nouveau
10:18par rapport à ce qu'on pourrait avoir
10:20soit totalement dans une voiture ou totalement sur un vélo.
10:22C'est quelque chose d'assez intermédiaire
10:24et vraiment, on a une expérience assez plaisante.
10:27Mais est-ce que, dernière question,
10:29ce que je comprends, c'est qu'on continue d'inventer
10:32de nouveaux modes de déplacement,
10:34sauf que moi, les nouveaux modes de déplacement
10:36que j'ai vu apparaître depuis quelques années,
10:38c'est plutôt ludique ou en tout cas,
10:40pour un déplacement individuel.
10:42C'est possible d'inventer pour déplacer
10:45plus d'une personne ou deux ou trois ou quatre ?
10:47Vous voyez ce que je veux dire ?
10:48Oui. Alors, la plupart des véhicules
10:50qui sont développés dans ce qu'on appelle
10:52les véhicules intermédiaires,
10:53on est plutôt sur soit du transport à la personne,
10:55mais deux personnes, un adulte et deux enfants, par exemple,
10:59ou alors aussi des marchandises.
11:01Donc, on peut aller jusqu'à 200, 300 kg d'emport.
11:03Ce qui est un enjeu majeur pour les centres-villes.
11:05Exactement. Et ça, effectivement,
11:07je dirais que c'est un des axes importants
11:09parce que c'est quasi une obligation légale,
11:12à un moment donné, d'avoir ce type de véhicule.
11:14Donc, on a ces deux possibilités de format,
11:23en tout cas, de véhicule.
11:25Dernière question. J'ai toujours une dernière question
11:27après la dernière question.
11:29Sur la motivation des élèves ingénieurs aujourd'hui,
11:32c'est-à-dire qu'ils veulent tous bosser
11:36sur la transition environnementale
11:38ou alors il y en a certains qui disent
11:40bon non, c'est une mode, ça passera ?
11:42Alors, je vais prendre le cas particulier des SACAs.
11:46Nous, les SACAs, on va former à peu près 30 %
11:50de notre promotion, ce sont des ingénieurs
11:53qui vont aller dans le monde automobile.
11:55Généralement, leur passion, c'est l'automobile.
11:57Et leur passion, c'est la transmise...
11:59C'est encore un moteur qui fait du bruit et qui va vite.
12:02Voilà, la transmise de génération en génération.
12:04Et donc, effectivement, on arrive comme avec des étudiants
12:07qui aiment, quelque part, la puissance de ces véhicules.
12:12Donc, on pourrait se dire que c'est des peines perdues.
12:14Non, pas complètement, puisqu'on arrive à leur expliquer
12:18dans le cadre des cours, progressivement,
12:20puisqu'on a une formation en 5 ans,
12:21donc progressivement, on leur dit les impacts, les enjeux.
12:24Et derrière, dire voilà, des nouvelles expériences,
12:26regardez, montez dans ce type de véhicule,
12:28vous allez voir les sensations.
12:30Vous n'allez pas rouler à 150 ou 200 km heure,
12:33vous allez rouler à 25, 40 km heure,
12:35vous allez voir, ces sensations sont assez quand même,
12:38entre guillemets, jouissives par rapport à ce qu'on peut avoir.
12:41Donc, voilà, l'idée, c'est de dire qu'aujourd'hui,
12:44on a des étudiants qui, effectivement, arrivent avec la passion
12:46et ils continuent et ils sortiront, certains, en tout cas,
12:49des saccades avec cette passion de la voiture-puissance.
12:52Mais on a de plus en plus d'étudiants, d'étudiantes
12:55qui se posent vraiment des questions
12:56et voient, au travers de ce nouveau véhicule,
12:59voilà, quelque chose où ils peuvent se projeter
13:01comme futurs ingénieurs.
13:02Merci beaucoup, Bertrand Barbzette.
13:04A bientôt sur BeSmart for Change.
13:05On passe tout de suite à notre débat.
13:13Le Zoom de ce Smart Impact avec Bruno Klockner.
13:17Bonjour.
13:18Bonjour.
13:19Bienvenue.
13:20Vous êtes le directeur général de XPO France.
13:21On va parler, évidemment, de décarbonation du transport.
13:24C'est quoi, XPO France ?
13:25Alors, XPO France fait partie d'un grand groupe américain,
13:27XPO Logistique.
13:28En France, c'est 1,2 milliard de chiffres d'affaires.
13:33C'est la plus grande filiale derrière les États-Unis.
13:36Nous faisons partie, donc, de ce groupe américain
13:39et de l'Europe également.
13:41L'Europe, c'est plus de 3 milliards de chiffres d'affaires.
13:44Et donc, en France, nous opérons sur plus de 110 sites,
13:47donc 90 sites de transport.
13:51Et nous avons une flotte de 3 000 camions,
13:537 000 collaborateurs, et voilà.
13:57Et nous sommes très engagés dans la décarbonation.
13:59Alors, justement, on va en parler,
14:00parce qu'il y a à la fois, évidemment,
14:02la flotte de véhicules, les camions,
14:04et puis il y a aussi les sites d'embarquement,
14:07c'est ça, des marchandises.
14:09Donc, c'est deux leviers importants et différents.
14:11Mais je voudrais commencer par la mobilité.
14:13Avec un passage à l'électrique, c'est ça,
14:16de vos camions au fur et à mesure ?
14:18C'est ce que vous êtes en train de faire ?
14:19Absolument.
14:20Alors, l'électrique, mais pas que.
14:22Oui, il y a plein d'autres solutions.
14:24Mais commençons par l'électrique.
14:25Alors, si nous commençons par l'électrique,
14:27effectivement, en 2021,
14:29nous avons testé un porteur électrique.
14:31Et nous avons été conquis par la technologie.
14:34Et donc, nous avons fait une commande,
14:36en 2022, une commande de 100 porteurs électriques,
14:39principalement orientés logistiques urbaines.
14:42Et donc, nous avons commencé à déployer cette flotte
14:45à partir de 2021.
14:46Aujourd'hui, nous avons plus de 60 porteurs,
14:4865 exactement, porteurs électriques
14:51dans les grandes villes de France.
14:54On pourrait se dire que le poids lourd
14:57électrique, c'est un peu futuriste.
14:58Mais en fait, chez nous, ça existe depuis.
15:00Ça existe déjà.
15:01Mais alors, quelle taille de poids lourd ?
15:03Et puis après, j'aurai une autre question
15:05sur le poids des batteries.
15:06Mais d'abord, la taille de poids lourd,
15:07qu'est-ce que vous, ces tracteurs électriques,
15:10en quelque sorte, quelles charges
15:11ils peuvent emporter ?
15:12Alors, ce sont des porteurs.
15:14Nous avons commencé par le porteur 16 tonnes.
15:16Et puis ensuite, nous avons évolué
15:18vers le 19 tonnes.
15:20Pour mieux imager,
15:23ce sont les porteurs avec caillons
15:25qui livrent dans les villes.
15:26Et donc, ces porteurs,
15:28vraiment destinés aux villes.
15:30Aujourd'hui, on a parcouru
15:32plus d'un million de kilomètres.
15:34Donc, c'est vraiment en place.
15:35Avec toutes nos stations,
15:37toutes nos agences qui sont équipées
15:39de bornes électriques,
15:40toute l'infrastructure électrique aussi.
15:42Et puis là, nous rentrons dans une nouvelle ère
15:45puisque nous recevons maintenant
15:47les tracteurs électriques.
15:48Vous avez parlé de tracteurs.
15:49Et donc, après le porteur, c'est le tracteur.
15:51Et c'est le tracteur qui tracte les remorques.
15:55Donc là, on parle de remorques, c'est ça ?
15:56Absolument.
15:57Et donc là, on est en poids.
15:59On est encore beaucoup plus lourd, c'est ça ?
16:02Alors, en poids, 19 tonnes le porteur.
16:04Maintenant, on est à plus de 40 tonnes.
16:05D'accord.
16:06Et donc, c'est une révolution.
16:08Donc, on passe aux...
16:10Alors, je l'avais dit 36 tonnes.
16:11Mais bon, voilà, on passe aux 40 tonnes.
16:12Avec quel poids de batterie ?
16:14Parce que c'est quand même une question majeure.
16:16C'était un des freins au passage électrique
16:18pour le transport de marchandises.
16:20Alors, effectivement.
16:21Maintenant, nous avons adapté nos porteurs.
16:23Puisqu'en fait, la question de l'autonomie se posait.
16:26En fait, elle ne se pose pas vraiment.
16:28Puisqu'en logistique urbaine, vous faites très peu de kilomètres.
16:30D'accord.
16:31Et donc, on a adapté le nombre de batteries sur le camion.
16:34Et nous, nous avons opté pour un modèle de recharge lente la nuit.
16:37Donc, un pack batterie moins lourd.
16:40Et donc, ça nous permet d'avoir des chargements
16:43assez habituels avec nos palettes
16:45pour livrer en grande ville.
16:48Ça, c'est bon pour les 19 tonnes.
16:50Mais pour les 40 tonnes ?
16:5240 tonnes, même chose.
16:53Et donc, aujourd'hui, nous avons plus de 10 tracteurs
16:57qui sont en service.
16:58Et qui, voilà, qui sillonnent les routes
17:00plutôt pour ce que l'on appelle du régional.
17:03Donc, de la plutôt courte distance de 200 à 300 kilomètres.
17:08Alors, c'est un engagement, évidemment, du groupe XPO.
17:12Mais c'est aussi pour répondre à la demande de vos clients.
17:14Vous voyez ce que je veux dire ?
17:15C'est-à-dire qu'il y a un effet domino
17:17des grandes marques qui veulent afficher
17:19un bilan carbone amélioré.
17:21Qui, donc, disent à leurs transporteurs
17:23faites quelque chose.
17:24Alors, à la base, c'est essentiellement basé
17:28pour nos clients.
17:29Il faut savoir que l'attente des clients
17:31en termes de décarbonation est très importante.
17:33On a une pression réglementaire.
17:35LZFE, ETS ou SEC.
17:38Donc, toutes ces normes réglementaires
17:40pèsent sur nos clients, sur nous, sur tout l'écosystème.
17:43Et donc, on se doit de proposer un mix énergétique.
17:46On a parlé de l'électrique.
17:47Mais aujourd'hui, chez nous, chez XPO,
17:49notre stratégie, c'est multi-énergie.
17:51Oui, mais pas que l'électrique.
17:52Il y a du biogaz, il y a des biocarburants, etc.
17:54Exactement.
17:55Et donc, nous avions du gaz.
17:58Nous étions déjà pionniers dans le gaz.
18:00Et aujourd'hui, nous évoluons vers l'électrique.
18:03Mais nous avons aussi évolué vers le HVO.
18:05Et on se doit aujourd'hui, pour nos clients,
18:07d'avoir toutes les énergies qui sont représentées chez nous.
18:10Donc, c'est une véritable révolution
18:11puisqu'il a fallu former les équipes.
18:13Il faut savoir que nos équipes, maintenant,
18:15sont en première ligne avec nos clients
18:17et doivent expliquer à quoi correspondent
18:19les différentes énergies en fonction des différents flux.
18:22Donc, c'est une problématique assez nouvelle
18:24où il a fallu emporter toutes les équipes
18:26dans cette transformation.
18:27Est-ce qu'il faut aussi former les conducteurs ?
18:30Oui, absolument.
18:32Nous avons une formation.
18:33Ce n'est pas la même conduite.
18:34Ce n'est pas tout à fait la même conduite.
18:36Surtout que ces véhicules-là sont hyper équipés.
18:39On a à l'intérieur du camion une caméra
18:41avec une vue à 360 degrés autour du camion.
18:45Et puis, il faut le dire,
18:47ce camion, vous faites allusion
18:51à nos conducteurs et conductrices.
18:53Et ça, c'est important puisque la grande surprise,
18:56c'est l'adoption des conductrices et des conducteurs
18:59et donc le confort dans le camion
19:02et donc le progrès social que fournit ce camion.
19:05Pourquoi ? C'est moins bruyant ?
19:06Moins bruyant, pas d'émissions.
19:08Imaginez quand un conducteur en zone urbaine
19:10s'arrête avec le camion.
19:11Les émissions de gaz, d'échappement,
19:15aujourd'hui, ils n'ont plus ça.
19:17C'est d'un confort remarquable.
19:19Une souplesse aussi.
19:20Vous n'avez pas les à-coups d'une boîte à vitesse.
19:24Et donc, ça, c'est vraiment un grand progrès.
19:28On a une adoption pleine et entière de nos équipes.
19:31Donc, vous avez des camions qui roulent à l'électricité,
19:35à batterie, biogaz, biocarburant.
19:37J'en oublie ou j'ai fait le tour ?
19:39On peut citer l'hydrogène.
19:41Il y a de l'hydrogène aussi.
19:43Ça m'intéresse parce que, évidemment,
19:45on reçoit régulièrement des représentants
19:47de la filiérie d'hydrogène,
19:48mais il y a aussi d'autres spécialistes
19:50qui nous disent que l'hydrogène, ça ne prend pas.
19:53Vous avez l'hydrogène.
19:55Vous avez effectivement toutes les énergies
19:57que vous venez de citer.
19:58On aura encore du GNL.
20:00Aujourd'hui, toutes les énergies...
20:02En fait, vous ne voulez fermer aucune porte ?
20:04On ne ferme aucune porte.
20:06On a connu quand même des chocs énergétiques importants.
20:09On se doit aujourd'hui d'avoir la possibilité
20:11de fournir à nos clients ce qu'ils attendent
20:13en termes d'énergie.
20:14Les énergies sont tellement différentes les unes des autres,
20:16avec des coûts différents,
20:18qu'aujourd'hui, chez nous, on est capable
20:20de fournir l'énergie que demande le client.
20:23Vous, vous avez fait baisser votre bilan carbone
20:26en tant qu'entreprise.
20:28À quel niveau ?
20:30Nous étions engagés avec la charte Objectif CO2.
20:34Quand j'ai pris mes fonctions, il y a deux ans,
20:39nous étions engagés avec la charte Objectif CO2,
20:42avec un objectif de réduction de 2,5 au niveau des émissions.
20:46Et avec ce mouvement de l'électrique
20:48et de cette stratégie multi-énergie,
20:50avec toute l'équipe dirigeante,
20:52parce qu'il faut en porter toutes les équipes,
20:54des dirigeants jusqu'aux conducteurs et conductrices,
20:57on a été engagés pour doubler et accélérer
21:00cette réduction des émissions.
21:01Et notre objectif, aujourd'hui,
21:03dans la nouvelle triennale de l'ADEME,
21:07c'est d'atteindre 5,3% de réduction de nos émissions.
21:11Et nous y sommes, nous sommes même à 6% aujourd'hui.
21:13Est-ce que ça passe aussi par une réflexion
21:16sur les entrepôts de marchandises ?
21:19En fait, ce mouvement de multi-énergie
21:24s'intègre parfaitement dans notre RSE.
21:27Et donc, ça touche évidemment tous les acteurs de l'entreprise
21:30et des entrepôts.
21:31Par exemple, sur les entrepôts,
21:33nous avons équipé tous nos entrepôts de LED
21:35pour consommer moins.
21:37Et puis, évidemment, sur les entrepôts,
21:39vous avez aussi les bornes de recharge,
21:42le photovoltaïque qui arrive,
21:44l'éco-pâturage, si je peux le citer.
21:46L'éco-pâturage, oui.
21:47Absolument.
21:48Les abeilles, nous avons investi dans toutes ces initiatives.
21:53Je vais plutôt me concentrer,
21:55parce que les abeilles, c'est bien,
21:56mais c'est peut-être pas le milieu le plus important.
21:58Sur la partie électricité,
22:01il a fallu investir dans des bornes de recharge.
22:04J'imagine que c'est un budget important.
22:06Et ensuite, où vous en êtes justement
22:08de l'équipement photovoltaïque
22:09pour aller vers une forme d'autonomie ?
22:12Alors, l'infrastructure, effectivement,
22:15on parlait tout à l'heure de l'équipement électrique.
22:17Donc, je le disais,
22:1890 dépôts équipés aujourd'hui
22:21d'une infrastructure électrique.
22:23Aujourd'hui, on n'est pas indépendant
22:27électriquement avec des énergies renouvelables,
22:30mais ça va le devenir.
22:31Et là, pour le coup, ce sont nos bailleurs
22:33qui sont principalement les décideurs
22:36de l'installation du photovoltaïque
22:38ou d'autres énergies renouvelables.
22:40Merci beaucoup d'être venu nous parler, Bruno Klopner,
22:45de ces enjeux de logistique durable.
22:48À bientôt sur Be Smart For Change.
22:50On passe tout de suite à notre rubrique Startup.
22:58Smart Ideas avec Caroline Tallère.
23:01Bonjour.
23:02Bienvenue.
23:03Vous êtes fondatrice présidente de Blue Mineral,
23:06créée en novembre 2023
23:08avec une idée assez dingue.
23:11Racontez-nous, c'est quoi l'idée de Blue Mineral ?
23:13L'idée, c'est d'utiliser une voie biologique,
23:16la biominéralisation,
23:18pour capter le CO2 dans l'atmosphère
23:20et le convertir en minéraux
23:22qui peuvent substituer le ciment.
23:24Comme la fabrication du ciment émet beaucoup de CO2,
23:28en captant du CO2,
23:30on va accélérer la transition vers la réduction d'émissions.
23:33D'accord.
23:34Comment ça marche ?
23:36Ça passe par des bassins d'eau de mer, c'est ça ?
23:39Expliquez-moi.
23:40Oui.
23:41C'est une technologie qui utilise de l'eau de mer
23:43plutôt que de l'eau douce.
23:45Le moyen de convertir le CO2 en roche, en minéraux,
23:49c'est de la biominéralisation marine.
23:52On va capter le CO2 dans l'atmosphère
23:55par un processus plutôt chimique
23:57qui est lié à l'utilisation de déchets
23:59de l'industrie du ciment, du béton.
24:01On va avoir le transfert du CO2 de l'air vers l'eau de mer
24:05et ensuite de l'eau de mer en minéraux
24:07par cette action biologique.
24:08Le point de départ, c'est les déchets du BTP ?
24:11C'est un peu ça, oui.
24:12Il y a une circularité dans l'approche.
24:15D'une manière générale,
24:17pour capter du CO2 dans un liquide,
24:19il faut ce genre de pouvoir chimique.
24:21Ça s'appelle l'alcalinité.
24:23On en trouve dans ces déchets-là.
24:25Vous vous inspirez de ce que fait l'océan ?
24:27Exactement.
24:28C'est le puits de carbone océanique
24:30que vous recréez d'une certaine façon ?
24:33Exactement.
24:34C'est vraiment de là que vient l'idée.
24:37Je n'ai rien inventé.
24:39J'étais biogéochimiste.
24:41Je travaillais sur la biominéralisation
24:43et sur le fait que ces organismes-là,
24:45à l'échelle des temps géologiques,
24:47ont fait le puits de carbone naturel.
24:49On reproduit ça, mais pour un processus industriel.
24:52Vous en êtes où, aujourd'hui,
24:54du développement de Blumener ?
24:56C'est encore au stade de la recherche ?
24:59Expliquez-moi où on en est.
25:01On est, à l'heure actuelle, hébergé dans un laboratoire,
25:04le Laboratoire de Sciences du Climat et de l'Environnement,
25:07à Saclay.
25:08On est à l'échelle de la démonstration,
25:11la preuve de concept.
25:13On a déposé un brevet.
25:15On essaye de travailler sur le pilote.
25:17L'étape suivante, c'est le pilote.
25:19Un premier bassin pour tester la technologie, c'est ça ?
25:23C'est ça.
25:24Tester toute l'intégration,
25:26de la capture à la fabrication du minéral.
25:29À l'heure actuelle, on essaie de démontrer
25:32qu'il a les propriétés pour être aux normes
25:35de l'industrie du ciment, pour accélérer son adoption.
25:38Et avoir un pilote, quelques mètres carrés,
25:41sous serre en bord de mer.
25:43Et donc, si on se projette un peu dans l'avenir
25:48de ce que pourrait être Blue Mineral,
25:50qui est une toute jeune entreprise,
25:52c'est un processus long que vous anticipez.
25:55En vous écoutant, par exemple,
25:57j'ai reçu pas mal de chercheurs
25:59ou de personnalités innovantes en matière de santé.
26:02Je suis toujours frappé par la lenteur
26:04ou la longueur du processus
26:06entre l'idée de départ et la commercialisation.
26:09Vous vous placez dans quelle temporalité ?
26:12Je pense que dans notre cas,
26:14les solutions qui sont là pour apporter
26:17une diminution, une réduction des émissions de CO2,
26:20il faut qu'on agisse extrêmement vite
26:22pour permettre d'atteindre net zéro en 2050.
26:25Donc, il va falloir monter à l'échelle très vite.
26:28L'idée, c'est qu'il y a tout un tas de politiques publiques
26:32qui sont mises en place pour limiter les émissions de CO2
26:35et pour accélérer l'avènement de ces innovations.
26:40Je ne sais pas en temps normal à quelle vitesse
26:43on aurait pu monter à l'échelle,
26:45mais dans ce contexte-là, il faudra aller vite.
26:47Avec quel argent ?
26:49Il y a des investisseurs privés
26:51qui investissent aujourd'hui dans ces sujets-là.
26:53L'Union européenne a des bourses aussi
26:55pour l'innovation dans ce domaine spécifiquement.
26:58Pour l'instant, on monte à l'échelle comme ça
27:00et très rapidement, un produit qu'on va pouvoir commercialiser
27:03et qui va nous permettre de monter à l'échelle.
27:05Avec un débouché, vous l'avez dit,
27:07mais je veux bien qu'on détaille,
27:09c'est le marché du BTP.
27:11C'est proposer une alternative au ciment, en quelque sorte.
27:14Oui. Quand je dis à l'échelle,
27:16c'est une échelle de toute cette industrie.
27:20L'idée, c'est de substituer une partie du ciment
27:23par ce minéral qui est négatif en carbone.
27:26Mais il y a d'autres applications aussi pour ces minéraux-là
27:29qui sont utilisés dans l'industrie,
27:31même dans les peintures, pour faire du linoléum,
27:34même dans la pâte à dentifrice.
27:36Donc, il y a plusieurs autres marchés
27:39qui peuvent permettre d'apporter des revenus aussi.
27:42Merci beaucoup, Caroline Taillère.
27:44Bon vent à Blue Mineral.
27:46On vous souhaite le meilleur pour cette toute jeune entreprise.
27:48Voilà, c'est la fin de ce numéro de Smart Impact.
27:50Je veux remercier très vite Marie Billa, Alexis Mathieu
27:53et Juliette Muguerina qui s'occupe de la programmation et de la production.
27:57Xavier Sanchez, le réalisateur.
27:59Thibaut Goury-Lafond, l'ingénieur du son. Salut.
28:06Sous-titrage Société Radio-Canada