Mercredi 5 février 2025, SMART IMPACT reçoit Sabine Jean-Dubourg (autrice "Achats responsables, le guide illustré", éditions Contenta) , Christelle Werquin (déléguée Générale, France Hydrogène) , Cécile Leroy (directrice générale, Gesip) et Guillaume Delory (Cofondateur, Done)
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00:08Bonjour, bonjour à toutes et à tous, bienvenue, c'est Smart Impact, l'émission de celles et ceux qui font de la transformation environnementale et sociétale
00:15un axe fort de leur stratégie. Et voici le sommaire. Mon invité, c'est Sabine Jean-Dubourg qui publie le guide illustré des achats responsables.
00:23Vous verrez notamment qu'ils permettent aussi de faire des économies budgétaires. Dans notre débat, on va relever le défi du développement de la filière hydrogène en France
00:31qui publie son baromètre annuel. Quel bilan ? Comment soutenir la filière ? Faut-il réserver ce carburant à la mobilité des véhicules lourds ?
00:38On répondra à ça tout à l'heure. Et puis dans notre rubrique Smart Ideas, la bonne idée du jour, elle est signée Dawn qui valorise les stocks d'invendus non alimentaires.
00:48Voilà pour les titres. On a 30 minutes pour les développer. C'est parti.
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00:59L'invité de ce Smart Impact, c'est Sabine Jean-Dubourg. Bonjour. – Bonjour Thomas.
01:04– Bienvenue. Vous publiez ce guide illustré des achats responsables. C'est aux éditions Contenta. Vous êtes consultante en achats responsables.
01:13Vous avez voulu quoi ? Réunir tous vos conseils, vos bonnes pratiques dans un livre ?
01:18– J'ai surtout voulu que les gens s'y mettent parce que moi je travaille sur les achats responsables depuis 2009.
01:24Je suis conseille depuis 6 ans. Et je trouve que ça ne bouge pas assez vite.
01:27Et ça doit bouger beaucoup plus vite au regard des enjeux qu'il y a environnementaux et sociétaux.
01:33Et ce livre, il a un objectif, c'est que les acheteurs, et pas qu'eux en fait, comprennent les enjeux de RSE.
01:40Tous. Tous en tant qu'ils sont. Et qu'une fois qu'ils ont compris, ils aient la méthode pour décliner la stratégie RSE de leur entreprise si elle existe.
01:47Et j'espère pour eux qu'elle existe. J'espère que pour toutes les entreprises, elle va exister dans les achats.
01:52Parce que les achats sont un énorme contributeur de la stratégie RSE de l'entreprise.
01:55– Alors justement, à quel point c'est un levier de transformation la direction des achats ?
01:59– Parce que déjà, toute entreprise achète. De la plus petite à la plus grosse, on achète.
02:05Avec une part achat qui peut être 20, 30 % jusqu'à 80 % dans le retail. Même voir plus.
02:12Donc ça veut dire que c'est une fonction stratégique dans l'entreprise.
02:15Donc si la fonction achat ne se met pas à contribuer à la durabilité de l'entreprise,
02:20il y a tout un pan de l'entreprise qui ne va pas être durable.
02:23Et donc il faut entraîner le service achat, les acheteurs, et tout l'écosystème des fournisseurs.
02:29C'est vachement important qu'ils savent faire. Et ils ne savent pas faire pour la plupart.
02:33– Oui, ils ne savent pas faire parce qu'ils ne connaissent pas les bonnes pratiques qui peuvent exister ailleurs,
02:40parce que ce n'était pas dans leur état d'esprit, c'est un changement d'état d'esprit.
02:45– La fonction achat a été créée il y a des années pour que l'entreprise soit plus rentable.
02:51Parce qu'on s'est rendu compte qu'il fallait faire des économies sur les achats.
02:57Et ça a été, et c'est toujours malheureusement dans énormément de directions achat,
03:01le soleil driver, c'est le saving.
03:03Est-ce que je vais payer moins cher ou est-ce que grâce à moi les acheteurs,
03:06je vais payer quelque chose moins cher que j'aurais dû le payer au niveau budgétaire ?
03:11Et en fait, depuis quelques années, on le voit, l'autre driver des acheteurs,
03:16c'est est-ce que je vais avoir le produit pour produire mon service ou mon produit ?
03:21Et donc les acheteurs ont commencé à faire ce qu'on appelle les analyses de risque.
03:26Mais maintenant, les consommateurs, on est toujours en B2B2C quelque part,
03:30les consommateurs disent, moi je veux savoir de mon produit, d'où il vient ?
03:33Comment il est fait ? Par qui il est fait ? Et avec qui ?
03:37Mais alors, on va reprendre notamment la notion de risque,
03:41mais sur le coût, est-ce que ce n'est pas contradictoire ?
03:44C'est-à-dire, est-ce que le fait de vouloir faire un achat responsable,
03:47ça ne va pas coûter plus cher à l'entreprise ?
03:48Non, non, tous les acheteurs que je forme sur ce sujet-là,
03:52ils me disent, tout de suite, ça va coûter plus cher.
03:54En fait, déjà, c'est une autre façon de penser.
03:56On repense le besoin, on repense le besoin.
03:59Donc on commence par se poser la question de ce dont on a besoin
04:02pour ajuster le besoin de façon parfaite à ce que veut l'utilisateur.
04:07Donc déjà, en dimensionnant le besoin,
04:09on ne prend pas une Porsche pour faire 3 kilomètres tous les jours.
04:11On va prendre une voiture beaucoup plus adaptée, déjà, première chose.
04:16Deuxième chose, une fois qu'on a repensé le besoin,
04:19on va aller voir le fournisseur ou les fournisseurs,
04:22c'est la phase de sourcing,
04:24et on va voir quels fournisseurs peuvent répondre à ce besoin.
04:27On va écouter, c'est un métier d'écoute, les achats responsables,
04:30on va écouter ce que les différents fournisseurs peuvent fournir.
04:34Et on va choisir la solution la plus adaptée par rapport au besoin,
04:37qui ne sera pas nécessairement la plus chère,
04:39pas nécessairement la solution qu'on aurait a priori choisie.
04:44Comprenez ?
04:45Oui, bien sûr.
04:45Il y a une notion de capilarité en plus que je trouve intéressante,
04:49c'est-à-dire que quand une direction des achats se dit
04:53« tiens, je vais faire des achats responsables »,
04:55forcément, il y a les fournisseurs qui doivent s'y mettre,
04:58qui eux-mêmes font des achats.
04:59Enfin, vous voyez ce que je veux dire ?
05:00Oui, oui, oui.
05:00Est-ce que vous voyez quand vous dites « ça ne va pas assez vite »,
05:03mais est-ce que vous voyez quand même ce cercle un peu vertueux
05:06qui commence à se mettre en place ?
05:07Oui, parce qu'en fait, les achats responsables étaient à l'apanage de grands groupes,
05:13puisque dans les déclarations de performances extra-financières,
05:15on devait en parler.
05:16Donc, les achats responsables ont été mis en place dans des grands groupes
05:20et il y en a certains qui ont vraiment poussé les choses.
05:25Et ces grands groupes ont demandé à leurs fournisseurs de faire.
05:28Et du coup, les fournisseurs avaient aussi des fournisseurs
05:30qui ont demandé aux petits de faire, oui.
05:33Après, moi je voyais hier, j'étais chez Vinci,
05:36et ils me disent « mais oui, comment on fait avec les tout-petits, tout-petits ? »
05:38En fait, il faut dialoguer, expliquer à la pédagogue.
05:41Oui, parce qu'il faut les accompagner.
05:42Parce que celles qui sont au bout de la chaîne, les plus petites entreprises,
05:45elles n'ont pas forcément les moyens de tout de suite faire basculer leur modèle.
05:49Donc, ça suppose un accompagnement.
05:50Vous avez évoqué la CSRD, le bilan extra-financier.
05:54Quel est le rôle de l'aiguillon réglementaire français ou européen
05:57dans cette transformation vers des achats responsables ?
06:00Si il n'y avait pas eu tout le réglementaire,
06:02il n'y aurait pas tout ça qui aurait été fait.
06:03Ça, c'est clair.
06:04C'est clair, et j'ai même une fois, c'était chez Manitou,
06:07un des acheteurs monde qui me dit « mais on voudrait encore plus de réglementation. »
06:11Parce qu'en fait, la réglementation, elle pousse tout l'écosystème à aller vert.
06:15Et ce qui est bien, on critique beaucoup la réglementation actuellement.
06:18Il y a trop de réglementation.
06:19Mais ce qu'on remarque au niveau du monde entier,
06:21les Chinois ont fait une réglementation de reporting extra-financier.
06:24Depuis 2024, c'est applicable.
06:26Les Américains essayent de driver un reporting extra-financier mondial et les Européens…
06:35Ils sont plutôt en train d'essayer d'empêcher leurs entreprises
06:38d'être soumises au LACSRD en Europe, les Américains, avec l'arrivée de Trump.
06:42Mais oui, parce qu'ils veulent nous imposer leurs standards à eux,
06:45qu'ils ont imposé les IFRS.
06:46Qui seront beaucoup moins disants, les standards américains.
06:50On est bien d'accord.
06:50Exactement, on ne parle pas de double matérialité,
06:52on parle que de simple matérialité des Etats-Unis.
06:54C'est un reporting qui est à destination des financiers, des investisseurs.
06:58On parle de risque, que va prendre votre argent à court, moyen et long terme.
07:01L'ACSRD, on parle de l'entreprise.
07:03Il y a aussi un autre règlement, dont on parle moins et qui est pourtant important,
07:07c'est la lutte contre la déforestation importée.
07:09Là aussi, est-ce que vous y voyez un lien direct avec une politique d'achat responsable ?
07:14Complètement, quand vous achetez du bois,
07:16quand vous êtes un grand groupe qui achète du bois.
07:18Nous, on est accompagnés avec un autre cabinet, Saint-Gopin Distribution Bâtiment France.
07:22Ils ont des enjeux énormes avec tout le bois qu'ils traitent.
07:25En fait, plus l'entreprise est grosse, plus l'entreprise a une responsabilité,
07:29c'est bien ce qu'on dit dans le livre,
07:30plus l'entreprise a une responsabilité de savoir ce qui se passe dans sa chaîne d'appros
07:34le plus loin possible et d'influer pour que ça se passe mieux.
07:37C'est ça en fait, les achats responsables.
07:38Et donc, ça nous ramène à ce que vous avez évoqué, c'est-à-dire la réduction des risques.
07:44Est-ce que ça, ce n'est pas finalement l'argument massue,
07:48celui que vos interlocuteurs peuvent le plus rapidement entendre et intégrer ?
07:51Oui, oui, oui.
07:52Alors après, pour la plupart, ils le font.
07:56Ils regardent les risques, les risques que l'entreprise va prendre en prenant tel et tel fournisseur.
08:03Mais la notion d'un développement durable d'une entreprise,
08:09c'est que l'entreprise va regarder ça aussi dans l'autre sens.
08:11Quel risque, moi, je fais courir à l'environnement,
08:15l'environnement, la nature, et quel risque je fais courir à mes parties prenantes,
08:19fournisseurs, clients, etc.
08:21Et ça, les services d'achat ont du mal à le comprendre,
08:23parce que c'est une façon de voir les risques de deux façons.
08:26Outside-in, les risques que l'extérieur fait prendre à mon entreprise,
08:29mais aussi les risques inside-out, que moi, entreprise, je vais prendre à l'extérieur.
08:33Et ça, c'est quand même un changement de paradigme.
08:35Oui, c'est un changement de paradigme.
08:36Et puis, il y a cette question, comme vous dites,
08:39il y a toujours un client au bout de la chaîne, de l'image de l'entreprise.
08:43Et donc, il y a aussi ce risque réputationnel qu'on peut réduire par une politique d'achat responsable ?
08:50Carrément, c'est un des gros leviers.
08:52C'est ça, en fait.
08:53On sait où on achète les fournisseurs, on les connaît.
08:58On sait ce qu'on achète, les produits.
09:00Et grâce à ça, on peut identifier les risques qu'on a dans notre chaîne d'approvisionnement,
09:04les réduire, et donc, travailler pour éviter les risques d'image.
09:10Quand vous avez des entreprises qui sont attrapées
09:12parce qu'elles font travailler des enfants, il y a eu des scandales dans le passé,
09:17des entreprises parce qu'elles vont ponctionner de l'eau, des naphréatiques,
09:21et du coup, la population locale ne va pas avoir d'eau,
09:26ou qu'elles vont polluer l'eau des naphréatiques,
09:28et que la population locale va être obligée d'être approvisionnée en eau de bouteille.
09:31Tout ça, c'est grave pour l'image de l'entreprise,
09:34et c'est très difficile de remonter derrière.
09:36On a quand même quelques grands scandales qui...
09:38Bien sûr.
09:39Quand on parle d'achat responsable,
09:41est-ce que ça veut dire aussi une réduction des déchets,
09:46d'une certaine façon, que l'entreprise produit ?
09:48Vous voyez ce que je veux dire ?
09:49Dans l'éco-conception de ce qu'on achète, etc.
09:52Bien sûr.
09:54En fait, les achats responsables, c'est une question d'impact et de cycle de vie.
09:58Les impacts, on en a parlé, avec les risques associés.
10:01Il y a des impacts aussi positifs, on en parle aussi souvent.
10:04Mais il y a aussi la notion de cycle de vie.
10:07Moi, quand j'ai travaillé avec une société comme Carglass,
10:10pour qui l'économie circulaire est extrêmement importante,
10:14le directeur de l'environnement qui assiste à la formation des acheteurs,
10:17il m'a dit que c'est super,
10:18parce que vous avez bien expliqué la notion de cycle de vie à mes acheteurs.
10:22Parce qu'en fait, l'acheteur a tendance à penser à son produit,
10:25tel qu'il va être utilisé par l'acheteur,
10:27et ne pense pas à ce qui va arriver à ce produit en fin de vie.
10:32Et c'est extrêmement important.
10:33Et l'éco-conception, c'est un des outils dont on parle dans le livre,
10:37qui prend en compte les impacts selon beaucoup de critères,
10:41donc c'est multi-critères,
10:43et sur tout le cycle de vie.
10:45Et un produit éco-conçu, c'est un produit qui prend en compte les impacts
10:48sur tout le cycle de vie, et tous les impacts.
10:51Merci beaucoup Sabine Jean-Dubourg.
10:53Je rappelle que vous publiez ce guide illustré des achats responsables,
10:58qui est publié aux éditions Contenta.
11:01Voilà, on passe à notre débat consacré à la filière hydrogène.
11:05Le débat de ce Smart Impact, on parle de la filière hydrogène avec Christelle Verquin.
11:16Bonjour, bienvenue, vous êtes déléguée générale de France Hydrogène.
11:20Céline Leroy, bonjour, la directrice générale de GÉZIP.
11:24On va présenter vos associations France Hydrogène.
11:29Combien d'entreprises vous représentez ?
11:31Alors France Hydrogène, ça rassemble 450 adhérents aujourd'hui,
11:35dont une majorité d'industriels et d'entreprises,
11:38donc environ 330 entreprises pour un tiers des grands groupes,
11:42mais également des ETI, des PME et des startups.
11:44Oui, il y a vraiment toute taille d'entreprises qui travaillent à la solution hydrogène aujourd'hui.
11:48Exactement, mais pas seulement, puisqu'on rassemble également des centres de recherche,
11:51des laboratoires, des collectivités territoriales,
11:54des pôles de compétitivité et des associations professionnelles partenaires.
11:59Et vous publiez, vous venez de publier votre baromètre annuel,
12:01on va y revenir dans un instant.
12:02GÉZIP, en quelques mots, Céline Leroy.
12:05Alors GÉZIP, c'est une association industrielle.
12:08On est 63 membres, essentiellement des grands groupes membres,
12:13qui ont décidé, il y a 70 ans, de se réunir pour parler de sécurité industrielle
12:17afin d'être plus performants dans le domaine de la sécurité, de l'hygiène et de l'environnement.
12:21Donc ça passe par quoi ? Par des formations, notamment ?
12:24Alors ça passe par deux axes.
12:26En effet, un axe formation et le but, c'est finalement de partager notre savoir-faire.
12:31Alors spécialement dans le domaine de la lutte contre l'incendie et de la gestion de crise.
12:36Et l'autre partie concerne le domaine technique,
12:39dans lequel là, à travers des échanges entre industriels,
12:43on va finalement anticiper certaines problématiques qui arrivent
12:48ou évoluer en fonction de la réglementation pour finalement proposer des guides
12:54qui permettent de mettre en place des choses opérationnelles sur le terrain.
12:57Alors vous publiez, avec France Hydrogène, un baromètre annuel.
13:02Il vient de sortir, je crois, il y a quelques jours, Christelle Verquin.
13:05Allez, s'il y a une leçon principale de ce baromètre, c'est quoi ?
13:08Alors ce baromètre, effectivement, c'est l'outil de référence qui nous permet d'évaluer
13:13l'état d'avancement de la filière française de l'hydrogène.
13:16Donc on le publie chaque année et on l'a publié lors de notre salon iVolution,
13:20co-organisé avec GL Events.
13:22Alors ce baromètre, qu'est-ce qu'il dit ?
13:23Il dit que la dynamique industrielle sur l'hydrogène existe en France,
13:28même si l'impulsion de départ qui a été donnée par la stratégie hydrogène de 2020
13:32a permis de lancer beaucoup de projets, beaucoup d'usines et beaucoup d'ambitions.
13:38Et on voit là un petit peu un ralentissement.
13:41C'est un moment de creux ?
13:42Ce n'est pas un moment de creux, c'est un moment où, en attendant que les gros projets émergent,
13:47on a besoin de structuration de la chaîne de valeur, de poursuivre l'effort.
13:52Mais la dynamique existe.
13:53Par exemple, on a des capacités installées de production d'hydrogène par électrolyse.
13:58On a des véhicules de plus en plus nombreux sur les routes.
14:01Par exemple, 1000 taxis sont en circulation à Paris.
14:04C'est 5% de la flotte des taxis parisiens qui roulent à l'hydrogène.
14:09Il y a eu un effet d'accélérateur avec les Jeux olympiques ?
14:11Absolument.
14:12On a aussi des bus qui circulent, des bains à ordures ménagères, quelques camions, des vélos.
14:19Plus largement, dans la dynamique industrielle, l'hydrogène sert à la fois à la décarbonation de l'industrie.
14:25On s'inscrit dans la perspective de transition énergétique.
14:28Elle est quoi ? Elle est encore adolescente ?
14:30Elle est à quel âge, la filière hydrogène ?
14:32Ce n'est plus un bébé, c'est une ado ?
14:34Ce n'est plus un bébé.
14:35Simplement, il y a eu un engouement pour l'hydrogène.
14:3990 pays dans le monde ont une stratégie d'hydrogène.
14:41L'Union européenne a une stratégie d'hydrogène.
14:43La France a été même parmi les pays pionniers sur l'hydrogène.
14:46Simplement, on attendrait là, bizarrement, de l'hydrogène en 4 ans,
14:51ce que d'autres filières ont mis 20 ans à installer,
14:55si on prend les filières d'énergie renouvelable, etc.
14:57Il faut un peu de patience.
15:00C'est une dynamique qui est quand même très rapide,
15:02mais c'est une filière industrielle en amorçage.
15:04Gésip a signé un partenariat avec France Hydrogène.
15:07C'est une loi. Pourquoi ? En quoi consiste ce partenariat ?
15:10On a en effet signé ensemble un partenariat en décembre 2022.
15:14Le but, c'était de faire profiter notre expertise historique
15:21de nos adhérents sur le domaine de l'hydrogène à France Hydrogène
15:25et aussi capitaliser sur les membres de France Hydrogène
15:29pour comprendre leurs besoins,
15:31notamment leurs besoins en termes de formation
15:33ou leurs besoins en termes d'apprentissage
15:36sur des analyses de partage d'expériences,
15:39de REX, de presque-incidents, d'incidents.
15:41Qu'est-ce qui a été mis en place ?
15:43On peut faire un premier petit bilan après deux années.
15:46On a participé régulièrement aux journées de France Hydrogène,
15:51les journées sécurité, notamment de France Hydrogène,
15:53pour aider à la coordination parfois de partage d'incidents ou de presque-accidents.
16:00On participe à des groupes de travail,
16:02notamment actuellement sur un groupe de travail
16:04qui consiste à mettre en place dans le futur
16:06la formation de chauffeurs qui transportent de l'hydrogène,
16:12des cigares d'hydrogène, sur nos routes.
16:14Voilà, donc c'est un exemple.
16:16Et au sein de GÉZIP, finalement, grâce à ce partenariat,
16:19on a pu aussi, avec nos membres,
16:22s'interroger sur les besoins futurs.
16:24Donc on a, par exemple, un groupe de travail technique
16:27qui est aujourd'hui en place
16:30et qui va travailler sur la transformation,
16:33enfin l'utilisation, on va dire, des pipes
16:36qui transportent aujourd'hui des hydrocarbures
16:39et qui, demain, transporteront peut-être de l'hydrogène.
16:42Oui, parce qu'il n'y a pas forcément besoin de beaucoup les transformer
16:44pour mettre autre chose que du pétrole ou du gaz à l'intérieur.
16:48C'est ce qu'on est en train de regarder.
16:49C'est pas si simple.
16:50C'est pas si simple, oui, évidemment.
16:51Moi, j'arrive et je dis, ben voilà, c'est facile.
16:54Non, non, ça demande qu'un certain nombre d'experts
16:56se penchent sur le sujet pour voir si, finalement,
16:58on peut le faire avec le même niveau de sécurité
17:00que ce qu'on fait aujourd'hui sur le transport d'hydrocarbures.
17:03Donc il y a cette dimension de formation.
17:04Ça représente combien de métiers différents ?
17:07Je ne me rends pas compte si c'est des dizaines,
17:10des centaines de métiers qui, déjà, aujourd'hui,
17:12finalement, sont concernés par l'hydrogène, par cette filière.
17:15C'est une bonne question.
17:16En fait, on s'est penchés dessus.
17:18On a édité un guide en 2021 où on a recensé, en fait,
17:22les 80 métiers différents auxquels la filière hydrogène doit faire appel.
17:26Et le travail qu'on a mis en place avec nos partenaires
17:29et aussi au sein de groupes de travail,
17:31c'est de regarder les compétences requises.
17:34Donc c'est souvent de l'adaptation de compétences
17:36pour permettre à l'hydrogène de venir dans les secteurs
17:38de l'industrie, des transports, etc.
17:41Et donc, il y a un besoin d'adaptation des compétences
17:45et il y a aussi quelques nouveaux métiers.
17:47Quels sont les usages de l'hydrogène aujourd'hui ?
17:50Ses principaux, c'est la mobilité ?
17:53C'est plutôt, justement, dans le secteur industriel ?
17:57En fait, l'hydrogène, c'est ce qu'on a appelé
18:00le chénom manquant de la transition énergétique.
18:02C'est-à-dire que si on se projette sur la neutralité carbone à 2050,
18:06il y a une partie des usages dans plusieurs secteurs,
18:10je vais y revenir, qu'on ne pourra pas décarboner
18:13si on n'a pas d'hydrogène.
18:14C'est par exemple, dans le domaine industriel, le raffinage,
18:18la chimie, la production d'acier ou les engrais,
18:22la production d'engrais qui nécessitent de l'hydrogène.
18:25Et si on produit de l'hydrogène proprement,
18:26on décarbone ces secteurs.
18:28Après, on a aussi l'utilisation de l'hydrogène
18:31pour fabriquer des carburants de synthèse
18:33qui servent à décarboner, par exemple, l'aéronautique,
18:36le secteur de l'aviation ou le secteur maritime.
18:39Et puis, on a également le secteur de la mobilité routière
18:43sur lequel on a, effectivement,
18:45pour des usages intensifs, professionnels,
18:48qui nécessitent soit un temps de recharge très court
18:50ou une autonomie ou besoin de transporter des charges lourdes,
18:53l'hydrogène est une meilleure solution probablement que la batterie.
18:55Alors justement, c'était la question que j'allais vous poser.
18:58On parlait des taxis.
19:00Est-ce qu'il ne faut pas réserver l'hydrogène à la mobilité lourde,
19:05plutôt au poids lourd, aux camions, aux cars, etc.?
19:10En fait, il faut regarder en fonction des usages,
19:12c'est-à-dire des besoins réels.
19:14Et les besoins, il y a des cas d'usages qui sont identifiés.
19:17Effectivement, quand on a, par exemple, besoin de livrer,
19:21même sur un chargement moyen,
19:22mais de livrer de manière discontinue,
19:25sans pouvoir surcharger facilement
19:27ou avec un besoin de surcharger rapidement,
19:28l'hydrogène peut jouer un rôle.
19:31Si on est un fourgon ou un camion
19:35qui a besoin de secours ou d'intervention, par exemple,
19:40peut-être que la batterie ne va pas pouvoir servir cet usage-là.
19:43Donc, il faut regarder au cas par cas.
19:44C'est le lourd, mais aussi l'intensif comme mobilité.
19:48Je me souviens d'être allé faire quelques émissions
19:52au Grand Prix de Formule 1 en France, au Castelet,
19:54quand il y avait encore un Grand Prix de Formule 1 en France,
19:56il y avait une voiture de course à propulsion hydrogène qui était testée.
20:01L'un des enjeux, c'était le réservoir.
20:04Et ça rejoint les impératifs de sécurité qui sont les vôtres.
20:08Est-ce que c'est plus compliqué, finalement,
20:10de faire rouler une voiture à l'hydrogène ?
20:11Qu'est-ce qu'il faut changer en matière de sécurité,
20:14notamment des réservoirs ?
20:17Je ne suis pas une spécialiste de l'automobile,
20:19alors je ne suis pas sûre que je vais pouvoir répondre
20:21à votre question complètement.
20:22Non, mais c'est un enjeu de sécurité.
20:23Mais en tout cas, il y a un enjeu de sécurité sur l'hydrogène
20:25et ce qu'il va falloir, finalement, gérer,
20:28notamment, ou être capable d'appréhender,
20:30c'est la fuite d'hydrogène.
20:33Ou la résistance du réservoir en cas d'accident.
20:36En cas de choc, tout à fait, exactement.
20:38Donc ça, ce sont des enjeux qui sont des enjeux majeurs
20:40sur lesquels on travaille.
20:42Finalement, on se disait la même chose sur l'essence il y a 70 ans.
20:48Donc finalement, c'est une question d'éducation,
20:52de formation, de prévention.
20:54Et il n'y a pas de raison qu'on n'y arrive pas.
20:56Et de maturité de la filière, on y revient, finalement.
21:00Je trouve que de ce point de vue-là,
21:01ça rejoint un petit peu ce qui a été dit,
21:03c'est-à-dire qu'en termes de technologie, d'objet technique,
21:07les réservoirs sont testés vraiment avec des amphibes de carbone,
21:12des réservoirs de type 4, c'est très éprouvé.
21:14Et justement, la filière hydrogène s'est attachée
21:16à gérer ces enjeux de sécurité, avec l'idée sous-jacente
21:19de se dire que c'est un vecteur énergétique
21:21qui présente des risques, comme tout vecteur d'énergie.
21:24Pas plus que les autres ?
21:25C'est un fantasme, ça ?
21:26Parce que ça fait partie de la petite musique
21:28qu'on entend autour de l'hydrogène.
21:30Il y a des risques, évidemment.
21:32Et parmi nos adhérents, on a l'École nationale
21:34des officiers de sapeurs-pompiers, qui explique très, très bien
21:37qu'il y a une façon de gérer le risque de l'hydrogène.
21:38L'hydrogène, c'est un gaz qui se libère très facilement,
21:42qui est très volatile.
21:43Donc, s'il est bien conservé et que le réservoir tient bien,
21:46il n'y a pas de problème.
21:47Si on le libère sans confinement, il n'y a aucun problème.
21:50Et c'est même moins impactant, probablement, qu'un feu de batterie.
21:54Pour les industries pétrolières qui sont en train de travailler
21:58à leur transformation, à leur transition,
22:03évidemment, c'est encore une part toute petite du chiffre d'affaires
22:06des géants du pétrole, les énergies renouvelables.
22:08L'hydrogène, c'est encore plus petit ?
22:10C'est-à-dire, en termes d'enjeux et de stratégie,
22:12qu'est-ce que ça représente ?
22:14Alors, au niveau de l'industrie, c'est surtout que l'industrie
22:16utilise de l'hydrogène.
22:18Donc, c'est l'utilisation d'hydrogène vert, par exemple,
22:20au lieu d'utiliser de l'hydrogène gris.
22:22Donc, voilà, l'enjeu pour l'industrie, il est essentiellement là.
22:26Donc, c'est, finalement, être en capacité en France, éventuellement,
22:29de fournir de l'hydrogène vert pour pouvoir l'utiliser dans l'industrie.
22:34L'enjeu, il est là.
22:36Les industriels utilisent, finalement, de l'hydrogène depuis très longtemps.
22:39Donc, ils connaissent les risques, ils savent les maîtriser.
22:42Et donc, le but, c'est de capitaliser, justement, sur toute cette connaissance,
22:46toute cette expérience qu'on a autour de la sécurité industrielle
22:49pour le partager avec les nouveaux acteurs.
22:52Merci beaucoup.
22:53Merci à toutes les deux.
22:55Et à bientôt sur Be Smart For Change.
22:56On passe tout de suite à notre rubrique Start-up.
23:05Smart ID, c'est notre rubrique quotidienne consacrée aux start-up éco-responsables.
23:10La bonne idée du jour, elle est signée Guillaume Delory.
23:12Bonjour.
23:12Bonjour.
23:13Bienvenue.
23:13Vous êtes le cofondateur de Donne.
23:15Vous l'avez créé officiellement en 2020 avec Thomas Moreau.
23:18Et avec quelle idée ?
23:19Racontez-moi.
23:20Une idée tout simple, en fait.
23:21Donne, on est aujourd'hui l'intermédiaire qui aide les entreprises
23:24qui ont du surstock, des invendus, des invendables,
23:27à les donner à des associations.
23:29Et en fait, l'idée, elle vient plutôt de mon associé Thomas Moreau,
23:31qui est aussi un ami d'enfance, qui travaillait chez Decathlon
23:34et qui s'est rendu compte, en fait, qu'en magasin,
23:36il n'y avait malheureusement pas de solution sur les produits
23:38qui étaient délotis, qui étaient un peu abîmés.
23:40On ne parlait pas encore de seconde vie à l'époque.
23:43Ça nous semblait dommage.
23:44On connaissait un peu le milieu associatif et ses vertus.
23:46Et en fait, on a proposé à Decathlon, en premier lieu,
23:50de leur créer une plateforme, de créer une plateforme
23:52qui permettrait d'industrialiser le don au niveau de tous les magasins,
23:55de pouvoir centraliser les données,
23:57de pouvoir dématérialiser, en fait, tout le processus du don
24:01et de les aider à pouvoir le déployer sur l'ensemble de leurs magasins.
24:032018, on a cette idée.
24:052019, on est plutôt d'un parcours tous les deux informatique.
24:10On développe cette plateforme.
24:12On passe les premiers tests avec Decathlon.
24:15On va l'essayer sur un magasin, 3, 30, 50.
24:18On se rend compte que l'idée marche.
24:19Et donc, on déploie et on crée notre entreprise en 2020.
24:22Avec quand même ce constat, quel constat des stocks dormants
24:26et notamment cette étude publiée par l'ADEME en 2021
24:30qui nous dit que plus de 15% des stocks dormants sont détruits.
24:35Alors, évidemment, il y a l'impact environnemental,
24:38mais c'est quand même une perte aussi énorme pour les entreprises.
24:41Comment on explique de tels chiffres ?
24:43Pourquoi il y a tant de stocks dormants ?
24:45Ça vient aujourd'hui de plein de facteurs.
24:48Notre mode de consommation qui oblige les sociétés,
24:52les entreprises à avoir beaucoup de stocks.
24:54Effectivement, c'est assez catastrophique de se dire que selon l'ADEME,
24:58on a plutôt des chiffres entre 2 voire 4 milliards d'euros de stocks
25:01qui dorment dans les entreprises.
25:02Et effectivement, ce rapport annonce plus de 600 millions d'euros
25:06de stocks détruits par an, ce qui est quand même assez fou.
25:10Nous, partant de ce constat-là, on s'est dit qu'il fallait vraiment trouver une solution
25:13parce que de l'autre côté, vous avez ces problématiques d'entreprise,
25:15mais vous avez aussi les associations.
25:17Justement, quelles associations ?
25:19Parce qu'il faut les choisir, il faut les sélectionner.
25:23Comment vous faites ce travail ?
25:24Aujourd'hui, notre plateforme permet à toute association de pouvoir s'inscrire.
25:27Nous, on va les aider à structurer leurs demandes
25:32et monter un projet qui plaise aux entreprises,
25:34donc pouvoir défendre ce projet-là.
25:37Une fois que tout est en règle et que les associations peuvent récupérer les produits
25:42dans de bonnes conditions et émettre un reçu fiscal,
25:45on peut en revenir, mais il y a un avantage fiscal aussi pour les entreprises
25:47à donner et à minimiser ces 15% de pertes aujourd'hui qui peuvent les avoir.
25:53Une fois qu'on a créé ça avec les associations,
25:55les associations peuvent récupérer directement des produits sur notre plateforme.
25:59Alors justement, quel avantage au-delà du don
26:02et du fait de donner une vie à un produit plutôt que de le détruire ?
26:06Il y a un avantage fiscal pour une entreprise ?
26:07C'est ça, on aime à dire qu'il y a trois avantages,
26:10trois vertus très fortes au don pour les entreprises.
26:14Effectivement, il y a une gestion saine du don puisqu'elles vont pouvoir
26:17assainir leur stock de produits parfois un peu plus anciens
26:20ou parfois qui ont du mal à se vendre.
26:23Il y a effectivement un avantage environnemental, sociétal qui est énorme.
26:28C'est du bon sens de se dire qu'il vaut mieux donner un produit que de le détruire.
26:33Troisième, l'avantage fiscal puisque 60% de la valeur du produit
26:37peut être récupérant en réduction d'impôt, 60% de la valeur du produit,
26:4060% aussi de tous les frais qui peuvent être inhérents au don,
26:44donc aussi de nos frais de service.
26:45Et alors justement, vous, votre modèle économique, c'est quoi ?
26:48Notre modèle économique, on a fait un choix très simple, très clair.
26:51On a toujours été 100% gratuit pour les associations.
26:54Ça a toujours été quelque chose qu'on a souhaité avec mon associé.
27:00Et donc, on vient en fait aider les entreprises.
27:03Et une fois que le don est fait, on vient récolter des frais de service
27:08sur la valeur des produits donnés.
27:12Un dernier mot sur cette levée de fonds annoncée d'un 1,2 million d'euros.
27:15C'était en juillet 2022.
27:16Ça vous a permis, j'imagine, de monter en puissance.
27:19Vous en êtes où aujourd'hui ?
27:20Aujourd'hui, on est 35 collaborateurs sur l'île.
27:24Effectivement, on a monté en puissance et ça nous permet en fait
27:27d'avoir une croissance à trois chiffres depuis maintenant notre création.
27:30On a finalisé une année 2027 record avec plus de 2,7 millions d'euros de chiffre d'affaires
27:36et quasiment 20 millions d'euros de produits donnés,
27:38j'ai envie de dire sauvés aussi, de la destruction.
27:42Merci beaucoup Guillaume Delory et bon vent à Dawn.
27:45Voilà, c'est la fin de ce numéro de Smart Impact.
27:47Je voudrais remercier Alexis Mathieu, Marie Billa,
27:50à la programmation, à la production assistée de Juliette Miglierina,
27:54Angèle Jean-Girard, le réalisateur et Thibaut Goury-Lafond, l'ingénieur du son.
27:58Salut !