Mardi 30 avril 2024, SMART IMPACT reçoit Nathalie Jaoui (présidente, Groupe Crit) , Cecil Coulet (responsable des affaires européennes, Équilibre des Énergies) , Anne-Claire Poirier (journaliste spécialisée énergie et écologie) et Juliette Poiret (cofondatrice, La Tournée)
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00:00Générique
00:08Bonjour, bonjour à toutes et à tous, bienvenue c'est Smart Impact, l'émission des entreprises à impact positif.
00:14Et voici le sommaire du jour.
00:16Mon invité, c'est Nathalie Jaoui, la présidente de Crite France, le spécialiste du recrutement et de l'emploi, devient mécène de la communauté.
00:24Les entreprises s'engagent, elle va nous expliquer pourquoi et comment son groupe oeuvre pour l'inclusion.
00:29Dans notre débat, on va détailler l'un des enjeux majeurs des élections européennes du 9 juin prochain, l'avenir du Green Deal.
00:37Le pacte vert était-il trop ambitieux ? Sera-t-il détricoté ? Comment en faire un outil de compétitivité et de souveraineté ?
00:45Réponse dans une dizaine de minutes.
00:47Et puis dans notre rubrique consacrée aux startups éco-responsables, vous découvrirez la tournée qui remet la consigne au cœur de notre quotidien.
00:56Voilà pour les titres. On a 30 minutes pour les développer. C'est parti.
01:06L'invité de Smart Impact, c'est Nathalie Jaoui. Bonjour.
01:09Bonjour.
01:10Bienvenue. Vous êtes donc la présidente du groupe Crite, Crite devenu mécène de la communauté.
01:14Les entreprises s'engagent. On va y revenir.
01:16Quelques chiffres. Deux chiffres.
01:18Un chiffre d'affaires de 2,5 milliards d'euros en 2023 et en France 450 agences d'emploi et d'intérim.
01:25C'est un groupe qui existe depuis 60 ans. On va beaucoup parler d'inclusion dans cette interview.
01:30Ce thème, l'inclusion, quel part ça prend dans votre stratégie ? Et puis peut-être aussi depuis quand ça fait partie de la stratégie du groupe ?
01:37Écoutez, le groupe existe effectivement depuis 60 ans. Il a été créé par mon père en 1962.
01:46C'est une entreprise familiale, cotée en bourse, mais entreprise familiale.
01:51On a toujours beaucoup travaillé sur l'emploi, sur le recrutement, sur la délégation de personnel.
01:58Et quand on travaille sur l'emploi, je crois que l'inclusion, elle va de soi.
02:04C'est-à-dire que c'est un métier qu'on aime ou qu'on n'aime pas, d'ailleurs.
02:07C'est assez étonnant. On a intégré un certain nombre de personnes pour qui l'emploi et la gestion de personnel n'étaient pas du tout dans leur scope.
02:15Mais quand on aime, c'est quand même un métier de passion. Et l'emploi, c'est quand même donner.
02:20Et l'objectif, la mission, c'est effectivement permettre au plus grand nombre de pouvoir s'intégrer,
02:25de pouvoir acquérir de l'expérience et de pouvoir se réaliser dans leur emploi.
02:31Oui, parce que par exemple, quand on parle de personnes éloignées de l'emploi, ça fait partie des stratégies redonner une chance, effectivement.
02:38Mais je me suis toujours posé la question, qui on met dans cette catégorie des personnes éloignées de l'emploi ?
02:43Ça veut dire quoi, en fait ?
02:45On met les personnes qui n'ont pas de réseau, les personnes qui n'ont pas les bonnes études,
02:52les personnes qui sont sur des territoires effectivement assez défavorisés, qui n'ont pas eu une éducation en leur permettant d'eux.
03:03Voilà, il y a beaucoup, beaucoup de facteurs.
03:05Et donc, notre avantage avec un réseau de 400 agences, plus de 400 agences sur l'ensemble du territoire,
03:12c'est justement de pouvoir créer ces liens.
03:15C'est en même temps de la proximité et en même temps de travailler avec des personnes et en même temps de travailler pour le plus grand nombre.
03:23Oui, mais alors justement, on travaille pour le plus grand nombre.
03:25Mais est-ce que vous avez des programmes spécifiques justement pour ces personnes éloignées de l'emploi ?
03:30Oui, bien sûr.
03:31Et alors, ça prend quelle forme ?
03:32On fait plein de choses, c'est-à-dire qu'on fait du mentorat.
03:36Par exemple, 5% de nos permanents sont engagés dans le mentorat.
03:41C'est-à-dire, effectivement, aident, prennent de leur temps sur le temps de travail pour accompagner des jeunes pour revoir leur CV,
03:49pour leur donner leur avis, pour essayer de les orienter vers les bonnes activités.
03:54On travaille sur la féminisation d'un certain nombre de métiers.
04:00Il y a encore des biais ou des a priori à combattre, bien sûr.
04:03Bien sûr qu'il y en a beaucoup encore.
04:04Il y en a beaucoup encore, oui.
04:05Sur les personnes qui sont issues de l'immigration et qui n'ont pas forcément les bonnes études.
04:12En tout cas, celles qui sont en concordance avec les diplômes français.
04:17Et le handicap aussi, c'est forcément aussi une...
04:20Bien sûr.
04:21Je crois qu'il y a 30 000 intérimaires qui travaillent chaque jour grâce à Crite.
04:25Je ne sais pas si vous l'avez quantifié, mais il y a beaucoup de personnes en situation de handicap parmi ces intérimaires.
04:31Non, alors ce n'est pas la majorité.
04:32On délègue à peu près 5 000 intérimaires.
04:35Mais nous, on fait un gros travail d'accompagnement.
04:37D'abord, on a des permanents qui sont en situation effectivement de handicap.
04:40Et on est dans les quotas.
04:42De temps en temps, il faut des critères et des contraintes.
04:44C'était bien.
04:45C'est 6 %.
04:46C'était bien d'avoir les contraintes.
04:47Oui, je crois qu'il y a des cas dans lesquels ça aide, oui.
04:50On met du temps à s'adapter.
04:52Peut-être, mais je crois que c'est nécessaire.
04:54Comme sur la parité, comme sur un certain nombre de domaines particuliers.
05:00Donc, nous, l'objectif, et on a aujourd'hui d'ailleurs aussi des intérimaires qu'on embauche en CDI intérimaire.
05:10Et du coup, on peut les accompagner.
05:11Parce que ce qui nous intéresse, c'est le parcours d'emploi.
05:14Et c'est pouvoir proposer des missions, soit, parce que de temps en temps, on va nous faire le reproche que c'est du précaire.
05:20En réalité, ce n'est pas tout à fait vrai.
05:22Parce que ça permet effectivement de pouvoir accumuler un certain nombre d'expériences.
05:28Parce qu'il y a des jeunes qui ne savent pas du tout ce que c'est que le monde économique et le monde de l'entreprise.
05:32Donc, c'est important de pouvoir en faire.
05:34Et qui parfois se disent, ce n'est pas pour moi.
05:36Il y a aussi une forme d'autocensure dans certains cas.
05:38Bien sûr, vous avez raison.
05:39C'est-à-dire qu'ils voient ça de loin.
05:40Ils se disent, les entreprises, ce n'est pas pour moi.
05:42Pour autant, aujourd'hui, l'emploi, c'est quand même les entreprises.
05:45Et donc, c'est pour ça que les entreprises s'engagent.
05:52On va y revenir.
05:54Mais si vous voulez commencer à parler, on peut commencer à parler.
05:56J'ai encore une petite question qui peut être pour les personnes en situation de handicap.
06:00Ou plus généralement, sur les biais de recrutement.
06:02Ça, ça m'intéresse toujours.
06:04Parce qu'on en a tous des biais.
06:05Moi, je suis sûr que je recrute quelqu'un, j'ai un biais de recrutement.
06:07Mais j'imagine que vous formez vos équipes, vos recruteurs.
06:11Justement, et là, je parle du handicap pour dire,
06:13ce n'est pas parce qu'il a ou elle a ce handicap que ce métier n'est pas pour lui ou pour elle ?
06:17Il y a certains métiers quand même en fonction du handicap.
06:19Oui, d'accord.
06:21Globalement, oui, c'est vrai.
06:22Vous avez raison.
06:23C'est-à-dire qu'il peut y avoir pas mal de préjugés.
06:26Et donc, il faut réussir à passer à travers et faire tomber ces préjugés.
06:33Donc, nous, on organise des informations en invitant un certain nombre de personnes.
06:41Des personnes aussi extérieures, des personnes handicapées,
06:44qui vont venir, elles, parler de leurs expériences.
06:46Petit à petit, pour essayer de faire tomber ces préjugés.
06:51Alors, je voudrais qu'on parle effectivement de cette communauté.
06:53Les entreprises s'engagent, dont Bismarck est partenaire, d'ailleurs,
06:58et Smart Impact par la même occasion.
07:00Crit est devenu mécène depuis le mois de février.
07:03C'est-à-dire, vous étiez membre de la communauté depuis, je crois, 4 ans, c'est ça ?
07:062020.
07:07Oui, donc 4 ans.
07:08Et vous êtes mécène depuis février.
07:10Pourquoi cette présence renforcée ?
07:12Qu'est-ce que ça signifie ?
07:13En fait, je faisais partie depuis 2020.
07:17Sylvain Raymond et Thibaut Biguilly m'avaient proposé de venir au comité d'orientation
07:24au moment où les entreprises s'engagent ont été créées.
07:27Parce qu'ils connaissaient déjà mon implication sur ces sujets.
07:31Et ils m'avaient proposé d'être présente.
07:35Et en fait, on a été présente.
07:38J'ai été présente, l'entreprise a été présente et tous les salariés.
07:41Et donc, du coup, on a fait beaucoup d'actions.
07:43On a mené beaucoup d'actions sur les territoires.
07:46On a mené des opérations qui étaient assez intéressantes aussi.
07:51Sur, par exemple, on a 400 agences.
07:53Une agence, un projet.
07:54C'est-à-dire qu'on a dit à chacune de nos agences,
07:57choisissez un projet.
08:00Principalement sur l'emploi, l'inclusion, la diversité.
08:03Et vous allez le défendre.
08:04Et ensuite, on fait des challenges.
08:06Ça tournait autour du handicap, de la féminisation,
08:08de l'immigration, de la diversité, etc.
08:12Toutes les thématiques qu'on a abordées.
08:13Toutes les thématiques abordées.
08:14Et c'est intéressant parce que ça, ça recoupe,
08:16pardon de vous interrompre,
08:17ça recoupe cette logique de maillage territorial, départemental
08:21de la communauté des entreprises s'engage.
08:23C'est vraiment cette volonté d'être au plus près du terrain, en fait.
08:27C'est ça.
08:28Et cette volonté, effectivement, ensuite, de devenir mécène,
08:31c'est parce qu'on est un soutien de la communauté des entreprises s'engage.
08:37Parce qu'il faut quand même noter quelque chose
08:42qui n'est pas si fréquent que ça.
08:44C'est-à-dire qu'aujourd'hui, le public et le privé
08:49acceptent, comprennent, reconnaissent
08:54que l'un et l'autre ont besoin de tout le monde, des uns et des autres.
08:59C'est assez nouveau, ça ?
09:00Et ça, c'est assez nouveau.
09:01Et ça, c'est assez remarquable quand même.
09:03C'est-à-dire qu'on ne dit pas simplement
09:06que le public, c'est le bien commun, national,
09:11et les entreprises, c'est que le profit.
09:13Et ça, cette reconnaissance-là,
09:16de la part du gouvernement,
09:19de la part, effectivement, durant cette période,
09:22je pense qu'elle est très importante.
09:27Et je pense que c'est important de reconnaître aussi qu'on est là.
09:31Oui, et puis, ce qui est intéressant,
09:33on le dit à chaque fois quand on est avec une entreprise
09:35qui vient dans le cadre de ce partenariat
09:37avec les entreprises s'engage,
09:38c'était un peu chacun dans son silo pendant des années.
09:41Et là, on essaye de commencer à tisser des liens
09:44et ça ne fait pas de mal.
09:45Je suis d'accord avec vous.
09:46Je voudrais revenir sur le mentorat.
09:48Parce que vous-même, vous êtes mentor.
09:50Oui.
09:51Alors, avec qui, depuis quand, comment ça se passe ?
09:53Je suis curieux de ça.
09:54Moi, je suis mentor d'un jeune homme
09:59issu de Côte d'Ivoire
10:03et qui, effectivement, a fait des études là-bas
10:06et qui a fait des études en France aussi en université
10:10et qui a un diplôme qui est adorable,
10:13très poli, qui se présente très bien,
10:16mais qui, finalement, n'a pas de réseau
10:20et qui n'a pas de connaissances, en fait,
10:25vraiment de l'entreprise.
10:27Et donc, de fait, l'idée, c'est de lui apprendre à faire son CV,
10:32c'est de le mettre sur des stages,
10:34de comprendre et de l'aider à savoir, lui,
10:37ce qu'il veut faire, dans quel type de secteur d'activité
10:39il peut avancer.
10:40C'est un travail, effectivement, de suivi, de longue haleine,
10:44mais c'est vraiment intéressant.
10:46Merci beaucoup, Nathalie Zahoui.
10:48A bientôt sur Bismarck.
10:49On passe à notre débat, le pacte vert,
10:51au cœur des enjeux de ces élections européennes.
11:01Le débat de Smart Impact porte sur le Green Deal,
11:04le pacte vert au cœur des enjeux des élections européennes.
11:08On en parle avec Cécile Coulet.
11:09Bonjour et bienvenue.
11:10Vous êtes responsable des affaires européennes
11:13chez Équilibre des énergies.
11:14Anne-Claire Poirier, bonjour et bienvenue.
11:16Vous êtes journaliste spécialisée
11:18sur les thématiques d'énergie et d'écologie.
11:21On va peut-être pour commencer rappeler
11:23les engagements européens en matière d'émissions
11:26de gaz à effet de serre.
11:27Les 27 pays de l'Union se sont engagés
11:29à réduire d'au moins 55 % d'ici à 2030
11:33par rapport au niveau de 1990.
11:35C'est le Feed for 55.
11:37Et puis l'Union européenne, c'est une ambition
11:39encore plus importante à l'horizon 2050,
11:41neutralité carbone.
11:43Dans cet objectif, il y a une étape importante
11:46qui avait été franchie avec le Green Deal,
11:48le fameux pacte vert.
11:49Est-ce que vous diriez que c'est un enjeu majeur
11:52de ces élections européennes aujourd'hui,
11:54Cécile Coulet ?
11:55La politique énergie-climat,
11:57plus que le Green Deal en lui-même,
11:59est effectivement un enjeu majeur de ces élections
12:02pour deux raisons.
12:04Une raison pratique sur le fait
12:07qu'il nous reste encore beaucoup de choses à faire
12:09pour s'assurer qu'on puisse atteindre
12:12nos objectifs climatiques pour 2030.
12:14Donc l'Union européenne doit continuer son action.
12:18Et également, il y a une raison politique à ça
12:21dans le sens où les domaines énergie,
12:24climat, décarbonation et industrie
12:28sont des domaines où le Parlement
12:31a un rôle très important,
12:33contrairement à d'autres enjeux comme la défense
12:35qui sont très mis en avant,
12:36mais qui sont plus pour les Etats membres.
12:38C'est très important ce que vous dites
12:39parce qu'il y a beaucoup de téléspectateurs,
12:41de citoyens et de citoyennes
12:42qui disent que l'Europe, c'est loin,
12:43ce n'est pas pour nous,
12:44ça ne nous concerne pas.
12:45En fait, ça a des conséquences majeures
12:47sur notre vie quotidienne.
12:49Ce pacte vert,
12:51on parle beaucoup d'énergie, évidemment,
12:53énergie-climat,
12:54mais d'une manière générale,
12:55il y a une drôle de petite musique,
12:57si j'ose dire, Anne-Claire Poirier,
12:58ce sentiment qu'il est en train d'être détricoté
13:00ou qu'il pourrait être détricoté.
13:02Comment vous le ressentez, ça ?
13:04En ce moment, c'est un peu
13:05ce qu'on appelle communément le backlash.
13:07Ça a démarré assez fort en 2019
13:09parce qu'il y avait aussi à l'époque
13:11la société civile qui portait ça.
13:13Je ne sais pas si vous vous souvenez,
13:14il y avait des marches climat à l'époque.
13:16Aujourd'hui, on a des agriculteurs
13:17qui assiègent les institutions européennes.
13:19C'est ça qui se passe.
13:20Il y a une espèce de contre-révolution.
13:22Est-ce qu'il y a un détricotage ?
13:24Je ne veux pas le voir tout de suite.
13:26Tout va se jouer lors des élections.
13:29Effectivement,
13:31ce qui est difficile avec les élections européennes,
13:34c'est que souvent les électeurs sont volatiles,
13:36se décident assez tard.
13:37Pour l'instant, on voit venir une marée brune.
13:41Est-ce qu'elle sera aussi importante qu'on le craint ?
13:44En 2019 aussi, on avait peur.
13:46Finalement, les écologistes sont passés devant,
13:48l'ont remporté.
13:49Aujourd'hui, c'est encore un peu difficile
13:51de quantifier le risque de détricotage,
13:53même s'il existe.
13:55Mais quand même, le mouvement,
13:56je reste avec vous,
13:57de grogne, de colère des agriculteurs,
13:59ça envoie un signal.
14:01Et d'ailleurs, un signal
14:03qu'il faut peut-être que l'Europe intègre
14:06dans des erreurs qui ont peut-être été commises
14:09dans la façon de développer
14:11ou d'imposer ce pacte vert.
14:14Vous savez, c'est une tendance
14:16qu'on constate un peu partout en Europe.
14:18En France, on est parti pour envoyer
14:20au Parlement européen
14:22la plus grosse délégation d'extrême droite.
14:24En Italie...
14:25Mais ce n'est pas seulement lié à l'extrême droite.
14:27Il y a effectivement dans le programme
14:29des partis d'extrême droite,
14:31en France ou en Europe,
14:33il y a eu la volonté de mettre un gros coup de fin.
14:35Mais ce n'est pas le seul parti à dire ça.
14:37Et tous les agriculteurs ne votent pas
14:39pour l'extrême droite.
14:41Il y a une question d'acceptation
14:43par les citoyens d'un virage
14:45qui est peut-être, à tevoir raison,
14:47mais perçu trop brutal.
14:49Honnêtement, moi, je suis assez convaincue,
14:52je serais intéressée de connaître votre avis,
14:54que cela ne se serait pas passé comme ça
14:56s'il n'y avait pas eu des échéances électorales
14:58qui étaient si proches.
15:00La colère des agriculteurs,
15:02elle a été prise en compte
15:04et utilisée d'une certaine façon
15:06parce qu'on a les échéances européennes
15:08qui arrivent.
15:10J'ai envie de croire que
15:12le détricotage
15:14pourrait s'arrêter là.
15:16J'ai l'impression que dans les secteurs industriels,
15:18aujourd'hui, les enjeux sont pris en compte.
15:20Il y a besoin de stabilité.
15:22Ce ne serait vraiment pas productif
15:24de revenir en arrière.
15:26Côté citoyens, finalement,
15:28ce sont des sujets qui vont arriver
15:30dans les parlements nationaux prochainement.
15:32Il y a le temps pour le débat.
15:34L'Europe fixe des obligations
15:36de résultats.
15:38Par contre, les pays vont rester libres
15:40de leurs moyens de manière très générale.
15:42Il ne faut pas faire penser aux gens
15:44qui nous écoutent que l'Europe impose
15:46d'en haut une façon de faire
15:48qui arriverait directement aux Etats.
15:50Ce n'est pas du tout le cas.
15:52Cela peut être rediscuté dans les parlements nationaux.
15:54Est-ce que le Parlement européen,
15:56l'Union européenne et les Etats,
15:58dans leur façon d'appliquer ce pacte vert,
16:00ont sous-estimé l'impact social
16:02des transformations ?
16:04On peut dire cela différemment.
16:06Est-ce qu'il faut un plan social du climat ?
16:08L'enjeu social
16:10et l'impact social
16:12du Green Deal a toujours
16:14constitué une préoccupation
16:16importante de l'Union européenne
16:18et de la Commission européenne
16:20dès les origines du projet.
16:22On voit que dans tous les documents stratégiques
16:24qui ont lancé le Green Deal,
16:26la référence au principe
16:28de la transition juste est omniprésente.
16:30C'est traduit ensuite
16:32par des projets concrets
16:34comme le Fonds social pour le climat
16:36qui a été mis en place
16:38et qui doit permettre de flécher
16:40jusqu'à 65 milliards d'euros
16:42vers des mesures de soutien
16:44pour l'accès aux véhicules électriques,
16:46au transport en commun et la rénovation.
16:48Il y a eu quand même
16:50des faiblesses en termes de communication
16:52de la part de l'Union européenne
16:54et peut-être des médias
16:56qui n'ont pas beaucoup relayé
16:58ces mesures-là qui ont été mises en place.
17:00Vous voulez dire le volet social des mesures ?
17:02Le volet social qui existe déjà
17:04dans les mesures du Green Deal.
17:06Et également, il y a un enjeu
17:08sur le volume et l'ordre de grandeur
17:10puisque 65 milliards d'euros, c'est très bien
17:12mais ça ne suffira pas pour l'ensemble
17:14de la transition et qu'il faudra
17:16impérativement qu'il y ait un grand plan de financement
17:18qui soit adopté et mis en place
17:20dans le cadre de la prochaine mandature.
17:22Sur cette question de l'acceptation,
17:24si on prend l'exemple de la réouverture
17:26de mines sur le territoire français,
17:28par exemple les mines de lithium ou autre,
17:30c'est toujours très intéressant de voir
17:32que quand on pose la question aux Français
17:34d'une manière générale, ils disent
17:36qu'il faut une réindustrialisation verte,
17:38il faut des mines, il faut une autonomie
17:40en matière de batteries, etc.
17:42Et quand on s'approche de l'endroit
17:44où on va ouvrir ces mines, ça se complique.
17:46Vous voyez ce que je veux dire ?
17:48Comment emporter, embarquer
17:50avec soi les premiers concernés ?
17:52C'est sûr que le phénomène
17:54qu'on appelle du NIMBY,
17:56Not in my backyard,
17:58joue à plein sur le Green Deal.
18:00Maintenant,
18:02il faut aussi que peut-être les mesures
18:04européennes soient remises dans leur
18:06écosystème où souvent
18:08on se fixe sur des grandes lignes,
18:10on peut penser aux bannes des voitures thermiques
18:122035, et on ne va pas voir
18:14les mesures qui sont mises en place
18:16et qui accompagnent cette transition-là
18:18avec par exemple des soutiens
18:20pour l'accès
18:22aux véhicules électriques, donc pour accompagner
18:24les consommateurs dans cette transition.
18:26Et forcément, si on se focus
18:28uniquement sur les contraintes
18:30sans montrer le pendant qui a été réfléchi
18:32en même temps pour l'accompagnement,
18:34ça crée
18:36une hostilité et une
18:38cristallisation des critiques.
18:40C'est un bon exemple, la voiture électrique
18:42Anne-Claire Poirier, parce que
18:44on a vu qu'il y a eu ce leasing
18:46social qui a été mis en place pour l'année 2024
18:48avec un budget.
18:50Alors, il y a deux façons de lire l'histoire.
18:52Soit on se dit, c'est super, il y a énormément de Français
18:54qui ont envie de passer à la voiture électrique
18:56et qui veulent monter
18:58dans ce train du changement, et puis de l'autre côté
19:00vous parliez de budget et d'aide, on n'avait pas mis
19:02assez d'aide au bout du dispositif
19:04puisqu'il a fallu l'arrêter au bout, je ne sais plus,
19:06un mois, un mois et demi à peine.
19:08C'est ça, mais ça c'est un des gros sujets
19:10il me semble, alors pour le coup, que ce soit
19:12en Europe ou au niveau national,
19:14il me semble que la transition énergétique, il lui manque deux choses,
19:16il lui manque de l'argent, et ça c'est assez évident
19:18et socialement, c'est explosif,
19:20il va vraiment falloir qu'on mette
19:22les moyens, et moi je trouve qu'il manque aussi un récit
19:24pour revenir à ce que vous disiez sur le NIMBY,
19:26quand il y a un récit sociétal autour de
19:28quelque chose, les gens
19:30quand le projet arrive localement chez eux,
19:32ils le perçoivent déjà différemment, et on manque
19:34terriblement d'un récit, alors
19:36le Green Deal dans les médias
19:38je crois que c'est quasiment nobody
19:40et la transition énergétique
19:42dans le discours politique
19:44et médiatique français, il est encore très
19:46parcellaire, il n'y a pas de...
19:48Ou alors peut-être qu'on s'est trompé avec un
19:50discours qui a d'abord été
19:52très anxiogène et culpabilisateur
19:54on peut se dire, nous
19:56collectivement, moi j'en prends ma part
19:58en tant que journaliste et média
20:00dans la façon de parler de la
20:02transformation environnementale, on a d'abord
20:04actionné ces leviers-là, moi je me souviens
20:06d'un film de Nicolas Hulot qui était
20:08ultra sombre, ultra anxiogène, peut-être qu'il
20:10fallait réveiller les consciences, mais on est resté
20:12un peu sur cette tonalité-là, ça c'est
20:14mon avis, je veux bien qu'on parle
20:16un peu de la concurrence des autres
20:18pays, quand on voit l'Inflation Reduction Act
20:20qui a été voté aux Etats-Unis
20:22par Joe Biden
20:24qui propose, je vais
20:26simplifier des subventions et
20:28de l'électricité à bas prix, de l'énergie
20:30à bas prix pour attirer les grands projets
20:32de l'industrie verte, alors là aussi
20:34il y a deux lectures, on peut se dire super les Américains s'y mettent
20:36ou alors c'est un
20:38aspirateur à projets, ils nous piquent nos meilleurs
20:40projets, comment vous réagissez à ça ?
20:42C'est effectivement
20:44d'abord une bonne chose quand même que
20:46les Etats-Unis enclenchent cette vitesse
20:48sur la transition énergétique, c'est
20:50très important parce que ce n'est pas l'Union Européenne
20:52toute seule qui va faire la neutralité
20:54climatique pour l'ensemble de la planète,
20:56maintenant ça pose la question de ce que sera
20:58la réponse de l'Union Européenne à cette stratégie
21:00et effectivement
21:02l'Union Européenne a adopté
21:04aujourd'hui au Parlement
21:06le projet de règlement NZIA
21:08qui est une industrie à émission zéro net
21:10qui est un plan
21:12qui est une étape importante
21:14mais disons que c'est un petit peu
21:16un secret de polychinelle que de dire que
21:18le NZIA n'est pas
21:20une réponse appropriée ou à la hauteur
21:22de l'Inflation Reduction Act
21:24puisque vous le disiez
21:26l'IRA met à peu près
21:28700 milliards de dollars sur la table
21:30là où NZIA
21:32propose des facilités administratives
21:34pour déployer des projets industriels
21:36donc on n'est pas du tout sur le même registre
21:38Anne Carpoyer, je vous avais
21:40commencé à l'évoquer mais je vois bien qu'on termine sur
21:42finalement notre responsabilité
21:44collective le 9 juin
21:46c'est le
21:48butin qu'on mettra dans l'urne, il aura des conséquences
21:50sur cette transformation environnementale
21:52sur la rapidité du virage
21:54même sur l'accompagnement social
21:56Oui tout à fait, c'est vrai qu'on ne réalise pas
21:58assez mais
22:00on estime qu'environ 20% des lois
22:02en France sont directement inspirées
22:04de ce qui se passe au niveau européen
22:06et ce n'est pas n'importe quelle loi, généralement ce sont des lois qui sont cadres
22:08donc en réalité ça irrigue
22:10tout notre système de
22:12réglementation, donc je trouve
22:14effectivement que les citoyens
22:16auraient intérêt à s'intéresser aux élections
22:18on est pas loin de 50% d'abstention
22:20en général aux élections européennes
22:22c'était 51% il y a 5 ans
22:24et surtout, par rapport
22:26notamment aux citoyens français
22:28on est un pays qui est considéré
22:30comme leader au niveau européen
22:32si on envoie une grosse délégation
22:34d'extrême droite, ça veut dire que c'est d'autres députés
22:36qui ne prendront pas cette place là
22:38qui ne porteront pas cette ambition, et notamment les députés
22:40Renaissance, Pascal Canfin
22:42qui avait la présidence de la commission européenne, qui a vraiment été l'architecte
22:44du Green Deal, si la France
22:46perd cette influence au sein
22:48des différents partis européens
22:50parce qu'elle aura envoyé à la place
22:52des députés d'extrême droite
22:54c'est effectivement
22:56le virage à droite
22:58risque de se confirmer et on va perdre cette influence
23:00à la fois française
23:02mais pour la transition énergétique
23:04il y a vraiment un intérêt à se déplacer
23:06merci beaucoup
23:08merci à tous les deux et à bientôt
23:10sur Bismarton, on passe à notre rubrique
23:12Start-up
23:20Smart Ideas avec Juliette Poiret, bonjour
23:22bienvenue, vous êtes la co-fondatrice
23:24de La Tournée, entreprise créée
23:26fin 2021 avec Camille Perbost
23:28et avec quelle idée, racontez-moi
23:30l'idée c'est de remettre la consigne
23:32au goût du jour, donc une idée qui existait
23:34avant et qui a disparu
23:36pour réduire collectivement nos déchets parce qu'on n'arrive
23:38pas à faire face à l'explosion des déchets
23:40notamment ménagers, elle est née comment
23:42cette idée d'un ras-le-bol personnel
23:44d'une expérience, d'une découverte d'abord
23:46que la plupart de nos déchets qu'on produit au quotidien
23:48ils ne sont pas recyclés mais ils finissent incinérés
23:50souvent à l'étranger, enfouis dans des décharges
23:52ou dans la nature
23:54et vraiment aussi
23:56la loi AJEC qui fixe la fin des
23:58emballages à usage unique d'ici 2040
24:00qui nous a fait nous dire qu'il y avait besoin d'une solution
24:02pratique pour le consommateur pour
24:04pouvoir générer la consigne
24:06sans générer de complexité pour le
24:08consommateur au quotidien. Alors comment ça marche
24:10La Tournée, on s'inscrit sur un site
24:12une appli
24:14Oui c'est ça, on a les deux. Ok bravo
24:16On vient d'avoir l'application mobile
24:18et donc on passe commande
24:20comme n'importe quel site finalement e-commerce
24:22vous choisissez un créneau de livraison
24:24vous allez être livré par un non-livreur
24:26et à la livraison suivante vous allez lui rendre
24:28la caisse et les sacs avec les bocaux
24:30et bouteilles vides en verre qui vont être lavés
24:32et réutilisés. Donc comme
24:34la tournée du laitier dans l'ancien temps en fait. Ok
24:36c'est pour ça que ça s'appelle La Tournée. Avec
24:38quel type de produit, qu'est-ce qu'on peut acheter sur
24:40La Tournée ? On peut acheter tous les
24:42produits du quotidien mais notre but c'est de
24:44vous éviter d'aller au supermarché donc ça va
24:46être des boissons
24:48de l'eau, du soda, du lait
24:50des boissons alcoolisées, des produits
24:52d'épicerie sucrés et salés,
24:54crèmerie, produits frais
24:56produits d'hygiène et d'entretien donc vraiment commun au
24:58supermarché. Comment vous fonctionnez avec
25:00les marques ? C'est-à-dire que d'où viennent
25:02ces produits et est-ce que les marques acceptent de plus
25:04être identifiées ? Vous voyez ce que je veux dire ? Parce que c'est quand même
25:06Elles le sont encore. Elles sont quand même sur
25:08les bocaux ? Exactement. D'accord. Ok
25:10En fait on a une partie, notamment pour les boissons
25:12où tous les industriels ont gardé la consigne
25:14donc ça c'est, pour le coup c'est assez
25:16facile, les cocailles viennent en bouteille consignée
25:18avec leur marque et il y a des marques qui
25:20ne savent pas encore faire de consigne
25:22et donc on va conditionner pour eux, donc concrètement
25:24mettre en bocal pour eux et
25:26on va mettre leur étiquette. Elles, elles vont
25:28être garantes de la qualité de
25:30notre conditionnement et elles vont accepter
25:32de mettre leur étiquette pour que le consommateur
25:34puisse retrouver les mêmes marques que dans son supermarché
25:36ça c'est hyper important. C'est un élément
25:38évidemment important dans l'acte
25:40d'achat. Vous avez
25:42j'imagine modélisé
25:44la
25:46quantité d'emballages économisés
25:48avec un système comme le vôtre ?
25:50C'est ça, c'est en moyenne 25 emballages
25:52par commande, ça peut faire jusqu'à
25:5450 kilos de déchets en moins
25:56par foyer par mois, donc c'est vraiment
25:58très important. Et il y a
26:00des clients aujourd'hui qui nous disent qu'ils
26:02ne descendent plus la poubelle jaune par exemple
26:04Oui, ce qui est quand même un
26:06signe important et
26:08un bon révélateur. Justement
26:10ces clients
26:12est-ce que
26:14je ne sais pas quel lien, si vous avez pu créer
26:16une communauté, mais moi je vois comment je réagis
26:18parfois, je vois arriver des produits qui sont
26:20sur-emballés, j'ai plus envie
26:22de les acheter. Est-ce que ça fait partie de la démarche
26:24vous voyez ? Oui, complètement
26:26Vraiment les gens
26:28viennent sur la tournée pour réduire
26:30leur emballage et
26:32parce que c'est un peu
26:34stupide d'aller au supermarché, d'acheter
26:36des produits et avec des dizaines et des dizaines
26:38d'emballages qui vont finir à la poubelle après une seule
26:40utilisation. Donc il y a cette vraie volonté
26:42d'arrêter de produire des déchets, mais il y a aussi
26:44cette volonté de préserver la santé
26:46notamment des enfants puisque les microplastiques
26:48qu'il y a dans les emballages plastiques à usage unique
26:50finalement vous allez être
26:52confronté à ça et ça peut avoir un impact sur la santé
26:54donc il y a ça aussi. Est-ce que
26:56c'est forcément plus cher à l'achat ?
26:58Ce n'est pas forcément plus cher, ça dépend des produits
27:00sur les produits locaux et les produits
27:02bio, on va être
27:04très compétitif. En revanche sur les marques
27:06on va être un peu plus cher aujourd'hui qu'en supermarché
27:08parce qu'il y a deux éléments majeurs
27:10c'est le matériau, le plastique ça reste
27:12moins cher aujourd'hui que le verre consigné
27:14et
27:16le pouvoir de négociation puisqu'on n'a pas encore
27:18les mêmes volumes de cartes. Effectivement ça
27:20on vous le souhaite.
27:22C'est quoi votre modèle économique ?
27:24C'est comme en supermarché, on prend une marche sur les produits
27:26qu'on achète. Ça c'est tout simple.
27:28Sur l'hygiène, vous avez commencé à y répondre mais ça c'est
27:30une question importante. Qui est responsable ?
27:32S'il y a une rupture de la chaîne du froid ou s'il y a un produit défectueux
27:34etc. Comment vous gérez ça ?
27:36Alors il y a une chaîne de responsabilité
27:38c'est évidemment à nous de maintenir la chaîne du froid
27:40donc il y a des tests qui sont faits très régulièrement
27:42ensuite par contre si c'est l'intérieur
27:44donc le produit en lui-même qui est défectueux
27:46ça c'est la responsabilité des marques.
27:48Donc ça c'est dealé, c'est
27:50très clairement établi.
27:52Il nous reste
27:5420 secondes
27:56les contenants, c'est du verre, ils sont
27:58lavés, ils sont réutilisés. Combien de fois on peut
28:00réutiliser un contenant chez vous ? Jusqu'à 50 fois.
28:02Donc ça évite quand même
28:0450 déchets. Et on arrive
28:06au nombre de kilos économisés.
28:08Merci Juliette Poiré, bon vent
28:10à la tournée. Voilà c'est la fin de ce numéro
28:12de Smart Impact, je vous dis à demain
28:14et merci de votre fidélité à la
28:16chaîne des audacieuses et les audacieux. Salut !