Lundi 17 février 2025, SMART IMPACT reçoit Cyril Bregou (associé people base, CBM) , Jean-Christophe Lambert (Fondateur, Ascendance) , Marc Cottignies (Ingénieur expert service transports et mobilité, ADEME) et Olivier Blangeard (Directeur général, Flora Food)
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00:08Bonjour, bonjour à toutes et à tous. Bienvenue, c'est Smart Impact, l'émission de la transformation environnementale et sociétale de notre économie.
00:14Et voici le sommaire. Mon invité, c'est Cyril Breghout, qui est expert en rémunération et associé chez PeopleBaseCBM pour présenter une étude
00:22sur les inégalités sociales entre les femmes et les hommes. Les écarts persistent. On va le voir ensemble.
00:28Notre débat, il portera sur la décarbonation du secteur aérien. Équation très compliquée. On va s'appuyer sur une étude de l'ADEME qui propose des solutions.
00:37Différents scénarios. Le plus efficace reste de moins prendre l'avion. Et puis, dans notre rubrique consacrée aux start-up éco-responsables,
00:45vous découvrirez FloraFood et ses alternatives végétales pour remplacer le beurre dans nos assiettes. 3 thèmes, 30 minutes pour les développer. C'est parti.
00:54Générique
01:00L'invité de ce Smart Impact est avec nous en duplex Cyril Breghout, expert en rémunération, associé chez PeopleBaseCBM. Bonjour, bienvenue.
01:10Merci d'avoir accepté notre invitation. Vous publiez votre étude 2025 sur l'équité salariale entre les femmes et les hommes.
01:19Le principe de cette étude, dites-nous, c'est la combien d'années d'édition ? On en est où ?
01:24Alors, effectivement, on mène cette étude depuis quelques années. C'est une étude qu'on réalise globalement tous les 2 ou 3 ans et qui a une dizaine d'années d'existence maintenant.
01:35C'est la quatrième étude que l'on réalise sur les écarts de rémunération entre les hommes et les femmes. Pour préciser, cette étude a un impact particulièrement important
01:47parce qu'il y a, vous le savez peut-être, une nouvelle directive européenne sur la transparence et l'égalité des rémunérations qui vise justement à réduire les écarts de rémunération
01:57de salaire entre les hommes et les femmes. Et dans ce contexte-là, avec en plus la journée de la femme qui se profile début mars, on a voulu faire un nouvel éclairage
02:09sur les différences de rémunération entre les hommes et les femmes.
02:12On va évidemment revenir sur cette directive européenne longuement avec vous, mais cet écart salarial. Alors, nous, on a retrouvé ce chiffre de l'INSEE qui nous dit
02:22écart de rémunération entre les hommes et les femmes en 2022. C'était encore 23,5 %. Alors, je ne sais pas où vous vous situez, vous, par rapport à ces chiffres-là.
02:32Et puis peut-être, est-ce qu'on peut les expliquer ? De quoi on parle ? Est-ce que c'est à poste, à ancienneté égale ? Parce que moi, je vois plein de chiffres un peu différents.
02:39— Exactement. Alors c'est important de préciser. Globalement, il y a 3 chiffres. Ce qu'il faut retenir, c'est qu'il y a 3 chiffres. Effectivement, l'INSEE avait fait
02:46une grande étude sur des millions de salariés en 2022, avait constaté un écart de 23,5 % de salaire entre les hommes et les femmes. C'est tout poste, tout temps de travail,
03:00de toutes conditions confondues. C'est vraiment... On prend la moyenne des rémunérations des salaires des femmes, la moyenne des rémunérations des salaires des hommes.
03:07Et puis on fait cette différence. Alors en fait, cette différence de 23,5 %, elle met en lumière justement des écarts importants. Mais c'est pas un chiffre
03:17qui est véritablement significatif. — Significatif. Faut regarder à poste égal, c'est ça, à temps de travail égal. — Voilà. Parce que ce chiffre des 23,5 %,
03:28il intègre tout type de temps de travail différent. Que vous soyez à temps partiel, si vous travaillez à 10 %, à 20 % seulement, évidemment, ça va tirer très très fort ces écarts.
03:39Donc le deuxième chiffre le plus important, c'est –14,9 %, globalement –15 % à temps de travail identique. Là, ça commence à être beaucoup plus significatif,
03:51puisqu'on dit... Voilà, pour le même volume de travail, la différence de rémunération entre les hommes et les femmes, il est aux alentours de 15 %.
04:00Le véritable chiffre significatif et le plus important, c'est le troisième –4 %, toujours en 2022, selon l'Insee, qui est à temps de travail identique
04:11et à poste comparable. Parce qu'évidemment, si vous comparez des gens qui travaillent la même durée mais qui n'ont pas les mêmes postes,
04:20d'un côté un ouvrier et un cadre dirigeant, évidemment, il y aura toujours des écarts de rémunération importants.
04:25– Mais Cyril Brigou, je reprends la main, ça veut dire quand même que les femmes accèdent moins souvent à des postes plus rémunérateurs.
04:35C'est quand même ce que je comprends. – Exactement, c'est ce qu'il faut comprendre. Alors en fait, il y a 3, 4 principaux facteurs qui expliquent
04:44ces différences de rémunération. D'abord, les femmes sont globalement 3 fois plus en temps partiel que les hommes, ce qui signifie que les fameux 23,5 %
04:55sont liées au fait que les femmes exercent des activités à temps partiel et donc ont un niveau de salaire de base véritablement inférieur.
05:04Elles sont globalement, ça c'est le facteur aussi qui est très important, beaucoup plus représentées dans des métiers, des secteurs qui traditionnellement payent moins.
05:14Par exemple, le personnel infirmier, c'est quand même 87 % des titulaires sont des femmes et on sait que les personnels infirmiers sont globalement moins payés.
05:25On a par exemple les professions intermédiaires, de la santé et du médical, pareil, 78 % sont des femmes.
05:33Les agents d'entretien qui sont évidemment traditionnellement beaucoup moins payés que les hommes sont tenus à 70 % par des femmes.
05:42Donc évidemment, les métiers qui sont les moins rémunérés sont plus tenus par des femmes, ce qui explique aussi en grande partie ces écarts.
05:51– Et puis, il y a ce que je disais, l'accès aux postes de direction.
05:53– L'accès aux postes de direction qui est encore, même s'il y a eu pas mal de lois et on va dire d'éléments de textes dans ce sens-là,
06:02globalement, les comités de direction dans lesquels on retrouve le président, le directeur général et puis les principaux directeurs de n'importe quelle société
06:12sont majoritairement tenus par des hommes, c'est-à-dire qu'on est plutôt entre 70 à 80 % de titulaires qui sont des hommes.
06:20Alors même si évidemment, sur certains groupes, notamment les groupes cotés, il y a des obligations d'arriver à la parité,
06:27mais on reste encore très très loin de la très grande majorité des sociétés.
06:31– Quel est l'effet de la maternité dans cet écart de rémunération persistant entre les femmes et les hommes ?
06:37– Pour faire simple, il y a plein d'effets, mais pour faire simple, la maternité gèle à un moment donné, donc dans le temps,
06:45le temps de la maternité et des éventuelles, plusieurs, enfin nombreuses maternités, ça gèle tout simplement les augmentations.
06:54En termes de maternité, vous n'êtes pas augmenté, et puis quand vous retournez dans l'entreprise, il peut se passer un an par exemple,
07:01avant de retourner dans l'entreprise, et pendant cette année, évidemment, les autres ont été augmentés, c'est-à-dire les autres, ce sont les hommes,
07:08donc il y a ces écarts qui, mécaniquement, augmentent. Donc la maternité joue un rôle dans les écarts de rémunération.
07:15– Et donc il y a cette directive européenne sur la transparence et l'égalité des rémunérations qui a été votée,
07:23qu'est-ce qu'elle va changer concrètement ?
07:25– Alors, c'est une directive qui a été votée en mai 2023, qui est une directive européenne dont l'objectif est d'essayer d'améliorer,
07:35justement, tous ces problèmes d'iniquité salariale au niveau de l'Europe. Il faut quand même savoir qu'au niveau de l'Europe, justement,
07:42l'écart de rémunération n'est pas de 4% comme chez nous, mais de 14% à temps et à durée significative.
07:51Donc on est mieux 10 ans, entre guillemets, en France, on a quand même 4%.
07:55Alors nous, on a fait notre étude en 2024, qui vient de sortir, on est plutôt à 3,2%, il y a quand même un écart.
08:04Mais cette directive, elle a pour but de dire, voilà, il faudrait quand même qu'on s'attaque sérieusement à ce problème.
08:10Alors, c'est une directive européenne qui n'a pas encore été transposée en droit français, mais ça va arriver très, très vite.
08:16On imagine, évidemment, que le législateur, en France, on est très forts pour ça, va être certainement mieux 10 ans encore que cette directive,
08:26c'est-à-dire plus contraignant, et va...
08:28— Prends dans le détail, il y a quoi ? Il y a une obligation de transparence salariale, c'est ça ?
08:32— Exactement. Le gros du sujet, ça va être une obligation de transparence salariale vis-à-vis du marché, c'est-à-dire qu'à chaque fois
08:40qu'une entreprise va devoir publier des annonces, elle a l'obligation de mettre des fourchettes de salaire relativement précises,
08:46et surtout en interne. Chaque salarié pourra demander les pratiques de rémunération pour globalement son emploi et tout ce qui se passe
08:55dans l'entreprise en termes de rémunération. Alors ils n'auront pas accès aux données nominatives, évidemment,
09:01mais ils auront toutes les statistiques de rémunération. Donc ça sera beaucoup plus facile pour un salarié de dire
09:06« Bon, moi, je suis une femme, je vais vous demander les pratiques de rémunération. Comment se fait-il que je me situe en bas de l'échelle, par exemple ? »
09:15— Quel conseil vous donnez ? Parce que dans votre étude, il y a aussi des recommandations que People-Based CBM donne.
09:22Quel conseil vous donnez aux chefs d'entreprise pour se préparer justement à la transposition de la directive européenne dans notre droit français ?
09:30— Alors il y a beaucoup de conseils. Ça va être assez difficile de résumer ça. Ce qu'il faut savoir, c'est que cette directive,
09:37sous des aires d'apparente simplicité de dire « On va juste afficher les rémunérations », en fait, elle va avoir des impacts énormes
09:45sur l'organisation des entreprises et notamment la fonction ressources humaines, puisque l'entreprise va devoir être en mesure de tout justifier,
09:53de tout documenter, d'expliquer pourquoi elle a ces niveaux de rémunération et pourquoi, s'il y a des écarts, elle doit les justifier.
10:03Ce qui sous-entend que pour la plupart des entreprises, il va falloir mettre en place des systèmes d'information, des systèmes que l'on appelle
10:09dans notre jargon de « peser de classification » et créer des grilles de salaire interne pour être capable, évidemment, de tout documenter.
10:16Pourquoi telle personne a été augmentée à tel moment, selon quels critères, pourquoi on explique qu'il y a un écart de rémunération de 3%, 5%, par exemple,
10:26entre un homme et une femme ? Ils peuvent se justifier dans la mesure, bien évidemment, où ils sont expliqués et qu'ils ne reposent pas sur un critère de sexe.
10:35Mais pour être capable de justifier tout ça, évidemment, il faut beaucoup d'informations, il faut des mécanismes à mettre en place.
10:42Et ce qu'on constate aujourd'hui tous les jours, c'est que beaucoup d'entreprises ne sont pas prêtes, n'ont pas à leur disposition tous ces outils de grille salariale,
10:51de suivi des évolutions professionnelles. Et donc, il y a des chantiers à mettre en œuvre, on a envie de dire assez rapidement,
10:59parce que ces projets de transformation devront être prêts vers 2026-2027, c'est-à-dire demain.
11:04– Merci beaucoup Cyril Brégoud, à bientôt sur BeSmart for Change.
11:08On passe tout de suite à notre débat, l'équation difficile, quasi impossible de décarbonation du secteur aérien.
11:16Générique
11:22Le débat de ce Smart Impact, la décarbonation du secteur aérien, avec Marc Cotigny, bonjour.
11:27– Bonjour.
11:28– Bienvenue, vous êtes ingénieur expert, service transport et mobilité à l'ADEME, et Jean-Christophe Lambert, bonjour.
11:33– Bonjour Thomas.
11:34– Le fondateur d'Ascendance, l'ADEME, qui a publié en 2022 un rapport sur l'avenir du secteur aérien,
11:41vous prévoyez trois scénarios, on va en parler.
11:44Peut-être d'abord le constat, les émissions de gaz à effet de serre de l'aviation,
11:49elles continuent de progresser en France et dans le monde, lumière générale ?
11:54– C'est ça, en fait il est intéressant de remonter peut-être à l'année de référence qui est 1990.
12:02Nous, dans ce rapport, on avait mis en lumière que pour la France,
12:06les émissions avaient augmenté de 85% entre 1990 et 2019.
12:11Alors que si on se projetait sur une tendance de la neutralité carbone en 2050,
12:21et donc une diminution régulière des émissions entre 1990 et 2050,
12:27le point de référence en cette année 2019, ça aurait été moins 60%.
12:31Donc il y avait un écart énorme entre ce que l'aviation a fait pendant cette période
12:37et le point auquel on aurait dû se retrouver.
12:40– Et depuis 2019, la tendance est… alors il y a eu l'année Covid ?
12:45– L'impact du Covid qui s'est particulièrement remarqué en 2020,
12:52mais progressivement les niveaux de trafic ont remonté
12:56et les dernières statistiques de IATA au niveau mondial
12:59montrent que la consommation de kérosène a dépassé en 2024 celle de 2019.
13:06Et en France, les niveaux de trafic sont à peu près à 25%, je crois,
13:13en dessous en 2024 de ceux de 2019 pour les vols intérieurs, la métropole.
13:19Mais pour ce qui est des vols entre la France et les territoires d'outre-mer
13:24ou les vols internationaux, on a légèrement dépassé le niveau de 2019
13:31et donc, proportionnellement, probablement que les émissions ont retrouvé ce niveau.
13:36– Et puis, si on regarde les projections de Jean-Christophe Lambert de l'IATA,
13:41l'Association du transport aérien international,
13:44les prévisions de croissance restent fortes.
13:45Au niveau mondial, là je parle du niveau mondial,
13:47on parle de doubler le trafic en 10 ans.
13:54– Le parc d'avions, ce sont les prévisions d'Airbus.
13:57– Oui, donc on se dit, d'un côté, il y a un secteur qui fait plein d'efforts
14:01parce que vous allez nous l'expliquer et vous, vous travaillez sur une technologie de rupture
14:05et puis de l'autre, il y a un transport aérien qui continue d'augmenter.
14:08Bon, l'équation, elle semble très compliquée à résoudre.
14:11Peut-être en quelques mots, quels efforts ont été faits avant de présenter Ascendance ?
14:14Les moteurs sont moins gourmands, on utilise plus de carburant de synthèse,
14:18qu'est-ce qu'on peut en dire déjà aujourd'hui ?
14:20– Les pistes et les efforts qui ont été faits, j'ai tendance à dire souvent,
14:25pour décarboner un avion, il faut diminuer son besoin énergétique,
14:28qui consomme moins et là, effectivement, il y a eu beaucoup de recherches,
14:31notamment sur les matériaux pour l'allègement des avions.
14:33Il y a eu beaucoup de recherches sur l'aérodynamique,
14:35pour qu'il consomme moins, qu'il soit plus efficient
14:38et puis sur l'efficience des systèmes, notamment de motorisation des moteurs.
14:42Le deuxième axe, c'est les carburants, donc avoir des carburants décarbonés
14:46ou moins émissifs et là, il y a eu beaucoup de travaux,
14:50notamment sur ce qu'on appelle les carburants d'aviation durable, on y reviendra,
14:53et puis l'hydrogène, mais à plus long terme et on a vu récemment
14:56qu'il y a eu quelques nouvelles qui n'allaient pas forcément dans le sens
14:59de l'hydrogène à très court terme.
15:01Donc l'aviation s'est beaucoup améliorée et fait des efforts constants.
15:06Par contre, ce que vous mentionniez, c'est vrai que le trafic, l'aviation
15:09est quelque chose qui est plébiscité partout dans le monde
15:11et notamment la croissance est mondiale, elle n'est pas forcément en France,
15:13elle est plutôt sur des pays d'Asie comme l'Inde, la Chine et puis les Etats-Unis
15:18qui utilisent énormément l'aviation.
15:19Oui, et d'une certaine façon, plus un pays se développe,
15:22plus sa population s'enrichit, plus elle va avoir tendance à prendre l'avion.
15:26Ascendance, vous travaillez sur quoi ?
15:28Une alternative aux moteurs thermiques de base, c'est ça ?
15:31Alors, Ascendance, on travaille sur l'hybridation,
15:34c'est-à-dire qu'on associe une batterie et un moteur thermique
15:38qui peut accepter des carburants d'aviation durable
15:41pour jouer justement sur les deux piliers que j'ai présentés,
15:43c'est-à-dire réduire la demande énergétique de l'avion
15:46mais aussi décarboner ses sources.
15:49Aujourd'hui, ces innovations exportent sur des moteurs,
15:52plutôt des avions qui ont des hélices,
15:53donc on n'est pas sur la grande aviation commerciale,
15:56mais ça commence dès maintenant avec cette typologie d'avion
16:00qui permet de travailler de façon très pragmatique les technologies,
16:03déposer des brevets, travailler avec les autorités certificatrices
16:08pour préparer l'avenir de l'aviation commerciale pour après-demain.
16:11Ça veut dire que vous, vous pensez que votre principe d'hybridation
16:15pourrait s'appliquer à des avions plus gros,
16:19des avions de transport, de passagers,
16:21enfin ceux qu'on utilise régulièrement
16:24ou de temps en temps pour ceux qui prennent moins de l'avion ?
16:26Alors, directement, non, parce que les principes sont différents.
16:30Par contre, il y a un ensemble de technologies qu'on va développer
16:32qui pourraient, j'utilise le conditionnel, être réutilisées.
16:36Et on commence à travailler avec des acteurs qui développent des gros avions
16:41pour justement voir si ces technologies pourraient avoir un avenir
16:44dans leurs feuilles de route.
16:46Marc Cotini, dans les trois scénarios que vous avez évoqués dans ce rapport,
16:52le seul vraiment efficace, c'est celui où on prend moins l'avion.
16:56Il faut se dire les choses.
16:58Alors, on a effectivement développé trois scénarios contrastés
17:01mettant en œuvre les leviers de décarbonation
17:05qui commencent par les leviers technologiques.
17:08Donc, ces leviers technologiques ont toute leur pertinence
17:12et on mise vraiment sur ces leviers
17:15avec une certaine réserve vis-à-vis des incertitudes,
17:20d'une part, de certaines solutions.
17:22On a parlé de l'avion hydrogène.
17:24Il n'existe pas, donc il n'existera peut-être pas.
17:27Et donc, on l'a fait apparaître dans un scénario ou deux,
17:32dans une moindre mesure, mais avec cette incertitude.
17:37Et donc, les solutions technologiques,
17:40elles sont nécessaires pour, à terme, avoir une aviation décarbonée.
17:47Mais ce qu'on voit bien, c'est que ça n'arrivera qu'avec un rythme
17:53qui ne permet pas d'obtenir à court terme des résultats.
17:57Or, dans l'enjeu de la décarbonation, c'était, comme je disais,
18:01l'année des références, c'était 1990.
18:03Il fallait essayer de décarboner l'économie,
18:07les activités humaines dès 1990.
18:10Et donc, si en 2025, on est toujours à attendre des solutions technologiques
18:15qui mettront beaucoup de temps à arriver dans les flottes,
18:18les flottes se renouvellent.
18:20Enfin, un avion est fait pour durer 20, 25 ans.
18:23Donc, une nouvelle génération d'avions qui est effectivement
18:27beaucoup plus économe, beaucoup plus efficace,
18:30ne s'intègrent que très progressivement dans le parc.
18:33Et les solutions de remplacement du kérosène par des biocarburants
18:37ou des carburants synthétiques sont loin d'être mûres.
18:42D'une part, elles sont beaucoup plus chères.
18:44Donc, les acteurs n'en achètent pas très volontiers.
18:51Et puis, il y en a très peu de disponibles.
18:53Et donc, ça, ça va aussi mettre beaucoup, beaucoup de temps.
18:56Et donc, toutes ces années-là, c'est des émissions de gaz à effet de serre
18:59qui viennent se cumuler dans l'atmosphère
19:01et qui contribuent au changement climatique.
19:03Parce que, Jean-Christophe Lambert, effectivement, les avions d'aujourd'hui,
19:05ils pourraient intégrer jusqu'à, je crois, 50% de carburants d'aviation durable.
19:11100% à terme.
19:12Technologiquement, c'est possible, sauf qu'il n'y a juste pas la production.
19:16Il n'y a pas la production et puis, il y a une équation économique.
19:18Effectivement, je crois que les carburants d'aviation durable
19:22coûtent 10 fois plus cher aujourd'hui que le carburant conventionnel.
19:26Donc, effectivement, il y a déjà ce saut à faire pour accepter 100%.
19:30Mais il y a cette intégration croissante qu'il faut amener.
19:34C'est pour ça aussi que l'enjeu de réduire le besoin énergétique de l'avion est clé.
19:41Parce qu'elle pourrait rendre viable économiquement aussi l'équation,
19:45l'achat de carburants d'aviation durable et aussi réduire le besoin de production.
19:49Mais il y a des enjeux très forts, comme effectivement sur toute la chaîne industrielle.
19:53J'aime bien que vous nous présentiez un avion qui s'appelle Sterna, c'est ça ?
19:57Alors, c'est un avion ou un hélico ? Je n'ai pas bien compris.
20:01À quoi il ressemble et sur quel marché il pourrait s'installer ?
20:05Donc, notre avion, il s'appelle ATA.
20:07Donc, c'est effectivement un avion qui se positionne sur le marché de l'hélicoptère,
20:11sur des missions de service médical, de surveillance,
20:15de transport de passagers dans certaines conditions.
20:17Et il permet d'aller jusqu'à 80% d'économie carbone.
20:21Effectivement, on dit souvent qu'il est doublement hybride,
20:24parce qu'à la fois, il décolle comme un hélicoptère et fait une croisière comme un avion.
20:27Il a des ailes, donc il va être très optimisé énergétiquement sur sa face de croisière.
20:32Et puis, il a une motorisation hybride électrique qui le consomme moins.
20:37Mais alors Sterna, c'est quoi ?
20:38Sterna, c'est notre technologie hybride électrique,
20:41le moteur qui est intégré dans notre avion, mais qu'on propose à d'autres avionneurs.
20:44C'est-à-dire qu'à tendance, l'idée, c'est d'avoir un impact plus large sur la décarbonation.
20:49Donc, ce n'est pas avec notre avion qu'on va décarboner l'aviation mondiale.
20:51On en a parlé, les émissions, elles sont mondiales, elles sont sur des longs courriers.
20:55Par contre, l'ensemble technologique qu'on développe,
20:57on le propose à d'autres avionneurs qui veulent se décarboner.
21:00C'est évidemment un secteur, et heureusement, où les processus de certification sont longs.
21:06Vous en êtes où ?
21:07Alors aujourd'hui, on travaille sur un premier vol pour le début de l'année prochaine.
21:10Donc, on est dans des phases d'essai à l'échelle intensive.
21:14Et c'est une première étape avant une certification en 2029.
21:17Et effectivement, l'aviation étant un chemin très long,
21:20il est urgent de commencer à travailler sur ces technologies,
21:23à leur certification, leur mise en œuvre et leur mise en service,
21:26pour ne pas prendre de retard par rapport à des objectifs de décarbonation.
21:31Alors, il y a une question qui est centrale, presque de choix politiques.
21:36Marc Cotigny, c'est que la France, on est à la fois un leader de l'aérien,
21:40parce qu'on maîtrise à peu près toute la chaîne de production, de construction,
21:43et puis on est la première destination touristique mondiale.
21:46Bon, ça fait deux bonnes raisons de continuer à prendre l'avion.
21:50Malgré tout, je ne peux pas ne pas dire ça.
21:53Alors, c'est pour ça que...
21:54Ou à inventer l'avion du futur, on peut positiver.
21:57Alors oui, comme je l'ai dit, l'innovation technologique,
22:00elle est indispensable, donc il faut la soutenir.
22:03Et ce sujet aussi de la maîtrise de la demande,
22:09la sobriété qui aide à obtenir, notamment à court terme,
22:13pas par dogmatisme, mais dans un souci,
22:16d'obtenir des résultats dans la lutte contre le changement climatique
22:19et de les obtenir maintenant et non pas simplement en 2050.
22:23On a posé, nous, via ce rapport, ce sujet sur la table
22:27et on aimerait bien en discuter davantage avec les acteurs.
22:29Est-ce qu'on peut trouver un équilibre qui fait qu'on combine
22:35le rythme des solutions technologiques qui est lent
22:40avec les résultats dont on a besoin à court terme
22:44via une certaine maîtrise du trafic ?
22:49Donc ça, c'est un sujet qu'on aimerait travailler avec les acteurs,
22:53aéroports, compagnies aériennes, l'aviation civile et les citoyens,
23:01parce que c'est un choix important pour les voyageurs
23:05de se restreindre au titre de sa contribution
23:10à la lutte contre le changement climatique.
23:12Merci beaucoup, merci à tous les deux et à bientôt sur Be Smart For Change.
23:16On passe tout de suite à notre rubrique Start-up.
23:24Smart Ideas avec Olivier Blanjar, bonjour.
23:27Bonjour Thomas.
23:28Bienvenue, vous êtes le directeur général de Flora Food,
23:30de Groupe pour la France et la Belgique,
23:33un groupe néerlandais, si je ne me trompe, créé en 2019.
23:37C'est quoi le périmètre de ce groupe ?
23:39Alors le groupe, c'est un des groupes leaders au monde
23:41dans tout ce qui est plant-based, donc industrie à base de plantes.
23:44C'est un groupe qui fait un peu plus de 3 milliards d'euros
23:46et on s'affirme vraiment résolument comme le leader de l'alimentation
23:50à base de plantes.
23:51On est connu notamment pour des marques historiques de margarine,
23:53mais on est aussi leader du fromage végétal
23:55et on a pour ambition de développer le marché dans les années vertes.
23:59Et donc là, vous proposez une alternative au beurre, c'est ça ?
24:02Alors exactement, avec Flora, donc la marque Flora,
24:04on la lance sur le marché français.
24:05Elle est arrivée l'année dernière chez Carrefour
24:08et en fait, Flora est un produit assez rupturiste.
24:11C'est une alternative 100% végétale au beurre
24:14et c'est composé de quelques ingrédients très simples.
24:15Il y en a 6 ou 7.
24:17C'est principalement de l'huile, de l'huile végétale,
24:20colza, tournesol, coco.
24:21Et puis il y a également des fèves dedans
24:24et puis derrière, des arômes naturels
24:27qui donnent le goût au produit et sur la version salée, du sel.
24:30C'est assez simple.
24:31Oui, c'est assez simple.
24:32Et alors moi, je me pose toujours cette question
24:34pour les produits qui sont des alternatives A.
24:37Sur les itérations, le nombre de versions différentes
24:41avant d'aboutir au goût, à la texture, à ce que vous recherchiez ?
24:45Il y a eu énormément de recherche et développement avant.
24:47Ce n'est pas un projet qui arrive comme ça.
24:48Donc, c'est des années de recherche et développement
24:50pour avoir, je dirais, un triptyque qui fait aujourd'hui qu'on est très sables.
24:53Le premier, c'est le goût.
24:54C'est le plus important.
24:55On est sur le marché en plus français.
24:57On a un marché où le beurre est très fort.
24:59Il nous faut des produits qui sont bons et floratiques, le côté boue.
25:01Le deuxième pilier, c'est un pilier environnemental.
25:04On est à la fois sur une recette, comme vous le dites,
25:06qui a été testée depuis très longtemps,
25:08qui propose réellement une alternative au beurre
25:10parce qu'on est sur une texture et un goût
25:12qui est vraiment quelque chose de nouveau sur le marché.
25:15Et puis, on a également des conditionnements
25:17où on est la première marque à proposer une barquette 100% en papier.
25:21Donc là aussi, c'est facile de le dire.
25:23Ce n'est pas facile à faire et c'est la seule marque.
25:25Quand vous êtes sur un marché absolument dédié sur le plastique,
25:29aujourd'hui, on n'est que sur des barquettes en plastique.
25:30Donc, c'est la première marque à être, par son contenu et son contenant,
25:33vraiment très saine sur le plan environnemental.
25:36On parle de 80% d'empreintes carbone en moins par rapport au beurre.
25:39On reviendra sur le contenu.
25:42Mais sur le contenant, effectivement, il y a quelques impératifs.
25:45Ça a dû être compliqué de réussir à faire un emballage 100% papier.
25:49Parce que, je pose la question de Béossien,
25:51mais le plastique a quand même beaucoup d'avantages et le papier en a moins.
25:58Enfin, moi, je pars de ce principe.
26:00Donc, comment vous avez sauté ces obstacles ?
26:03Alors, le papier n'en a pas moins.
26:04Aujourd'hui, on a réussi à mettre au point...
26:06En termes d'étanchéité, par exemple.
26:08Ce sont des brevets, ce sont des années de recherche et développement
26:12pour justement arriver à avoir une étanchéité
26:14et un papier qui résiste à la matière grasse,
26:16donc qui ne transpire pas sans mettre de film plastique à l'intérieur.
26:19Donc, c'est de la recherche, de la technicité.
26:22Et là, on tombe vraiment dans de l'ingénierie,
26:23mais qui permet aujourd'hui de contribuer à la décarbonation
26:26et à un usage moindre de plastique.
26:29Et sur le contenu, pourquoi c'est important d'avoir une alternative au beurre ?
26:34Une alternative végétale.
26:36En quoi l'impact carbone est plus faible ?
26:38Alors, l'impact carbone est plus faible.
26:40Alors, en quoi c'est important déjà ?
26:41C'est que réduire l'empreinte carbone, c'est quelque chose qui est indispensable.
26:44Et notamment, l'alimentation contribue massivement au niveau mondial
26:48à produire malheureusement du CO2.
26:49Donc, le végétal, pourquoi c'est une alternative qui est intéressante ?
26:52C'est qu'en fait, au lieu de passer par l'animal,
26:54vous passez directement de la plante qui, en grandissant stock du carbone,
26:58fait des graines, et à partir de ces graines, vous faites de l'huile
27:00par un process de fabrication qui est très simple.
27:01Je vous l'ai décrit, c'est six produits,
27:03donc c'est relativement simple à faire d'un point de vue technologique.
27:06Et c'est beaucoup moins émetteur de CO2
27:08que l'alternative qui passe par le monde animal.
27:11Donc, c'est important dans la décarbonation
27:13de pouvoir développer les filières végétales.
27:16Et ça, la plupart des enseignes le font en France,
27:18mais aussi massivement en Europe.
27:19Et d'autres pays sont largement plus avant-gardistes sur les filières végétales.
27:23Et ces matières premières, elles coûtent de plus en plus cher ?
27:27Est-ce que ça coûte plus cher de faire une alternative au beurre
27:31ou du beurre traditionnel ?
27:33Alors, on est sur l'ensemble des matières premières.
27:35Que ce soit le beurre, on a vu une inflation massive ces derniers mois.
27:38Que ce soit les huiles, aujourd'hui, on voit une inflation également.
27:41On est entre 20% ou même 70% pour certaines huiles.
27:43Donc, on est sur une inflation qui est très forte.
27:45Par contre, sur le positionnement prix du produit final,
27:48les distributeurs, aujourd'hui, pratiquent un prix sur Flora,
27:51on va dire, qui est un juste milieu.
27:53Donc, on est moins cher que le beurre.
27:55Et on propose, dans un contexte d'inflation,
27:57une alternative en plus intéressante pour le consommateur et pour le portefeuille.
28:00Merci beaucoup, Olivier Blanjard.
28:02Et bon vent à Flora Food.
28:04Merci à vous.
28:05Et à bientôt sur Be Smart For Change.
28:08Merci à toutes et à tous de votre fidélité.
28:11Je vous dis à très bientôt sur la chaîne des Audacieuses et les Audacieux.
28:13Salut !