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Mardi 10 décembre 2024, SMART IMPACT reçoit Stéphane Gorce (Président, Société des ingénieurs Arts et Métiers) , Olivier Dauger (Président, France gaz renouvelables) , Grégoire Omont (Agriculteur et gérant de l’unité de méthanisation, « Chemin du Roi ») et Marie Mesnier (Fondatrice, Môme des bois)

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00:00Générique
00:08Bonjour, bienvenue dans Smart Impact, l'émission de celles et ceux qui font de la transformation environnementale et sociétale un axe fort de leur stratégie.
00:16Et voici notre sommaire.
00:18Mon invité, c'est Stéphane Gorce, délégué rayonnement de la Société des ingénieurs arts et métiers, le réseau des Gadzars,
00:26qui existe depuis plus de 170 ans et qui publie son premier observatoire des industries responsables.
00:32Le débat de ce Smart Impact portera sur la méthanisation agricole, quels objectifs écologiques, quels compléments de revenus, quelles réactions des riverains.
00:41On répondra à toutes ces questions tout à l'heure.
00:43Et puis dans Smart Ideas, notre rubrique consacrée aux startups écoresponsables, la bonne idée du jour, allez signer.
00:49Mauve des bois, des jeux pour faire découvrir la nature aux enfants et leur donner le goût de la protéger.
00:55Voilà pour les petites, c'est parti, c'est Smart Impact.
01:04L'invité de ce Smart Impact, c'est Stéphane Gorce. Bonjour, bienvenue.
01:08Bonjour Thomas Hugues.
01:09Vous êtes le président de la Société des ingénieurs des arts et métiers.
01:12Vous publiez le premier observatoire arts et métiers des industries responsables et on va le découvrir ensemble.
01:17Un mot d'abord des Gadzars, ces anciens des arts et métiers, c'est combien d'ingénieurs aujourd'hui ? Ça représente quoi ?
01:23Aujourd'hui, les ingénieurs des arts et métiers représentent une communauté d'à peu près 62 000 ingénieurs
01:30qui sont répartis sur tout le territoire national et puis à l'étranger bien entendu
01:35et qui interviennent dans à peu près tous les secteurs et en particulier dans l'industrie
01:40puisque historiquement, les arts et métiers sont un peu la grande école de l'industrie.
01:47Aujourd'hui, une caractéristique de notre communauté, c'est qu'elle a décidé de se définir comme leader des industries responsables.
01:55Leader, on voit bien ce que ça veut dire.
01:58Des industries avec une pondération, une présence forte dans le domaine industriel
02:04et responsable pour bien indiquer que nous sommes impliqués dans la transformation indispensable de l'ensemble des industries.
02:12Est-ce que vous êtes forcément technosolutionniste ?
02:15Vous voyez ce que je veux dire parce qu'il y a un vrai débat sur la façon dont on doit mener cette transformation.
02:21Il faut de la sobriété, tout le monde en est convaincu.
02:23Il y a ceux qui disent de toute façon la technique, l'intelligence humaine nous sauvera.
02:27Écoutez, oui, l'intelligence humaine nous sauvera.
02:32Peut-être est-ce qu'il n'y a pas que des solutions technologiques pour transformer la société.
02:38L'humain a une part tout à fait considérable.
02:41Nous considérons, nous côté ingénieurs, qu'aujourd'hui la transformation va se faire aussi parce qu'on trouvera des solutions originales,
02:52parce qu'il y aura de l'innovation et c'est bien l'innovation qui va concourir à transformer
02:58et à faire en sorte qu'on arrive progressivement dans un monde plus durable.
03:03Vous publiez ce premier observatoire arts et métiers des industries responsables,
03:08travail qui a été réalisé avec l'IFOP. Déjà, c'était quoi l'objectif de cet observatoire ?
03:13Alors, la Société des ingénieurs des arts et métiers s'est posée la question, en fait,
03:18une fois qu'elle s'est posée comme leader des industries responsables,
03:22elle s'est dit au fond quelle est notre ambition.
03:26Et on a défini trois ambitions.
03:28La première, c'est concourir à transformer les industries.
03:31La deuxième, c'est participer à la réconciliation des Français avec l'industrie.
03:39Et puis la troisième, c'est attirer les talents.
03:42Mais on avait besoin, si je puis dire, d'une base de départ, de dire au fond de quoi on part.
03:47On sait qu'aujourd'hui, la part de l'industrie dans le PIB français est passée d'à peu près 20-25%.
03:56Aujourd'hui, malheureusement, il n'est plus qu'à 10%.
03:59Et donc, on voulait savoir un petit peu quels étaient les freins, quels étaient les problèmes
04:03que posait l'industrie pour les Français et pour les ingénieurs.
04:08D'ailleurs, ce constat de désindustrialisation, il est clairement lié à la question de la pollution qu'on accepte ou pas.
04:16Parce qu'on a exporté nos pollutions. C'est aussi ça, l'histoire de la désindustrialisation.
04:20Voilà. Et aujourd'hui, en fait, le sujet de la réindustrialisation,
04:24c'est un sujet qui consiste à dire qu'on ne va pas refaire des industries comme on avait auparavant.
04:31Les industries seront différentes. Et l'enjeu, c'est de faire en sorte que l'industrialisation,
04:36on part de réindustrialisation, mais la nouvelle industrialisation soit différente.
04:41Et moins polluante.
04:42Et moins polluante, naturellement.
04:44Par définition. Quelques chiffres de cet observatoire des industries responsables.
04:4872% des Français sont convaincus que l'industrie contribue à la détérioration de l'environnement.
04:53Et alors, c'est intéressant, parce que c'est un aspect du problème, si j'ose dire.
04:58Mais 89% des Français, 94% des ingénieurs estiment que l'industrie a un rôle clé à jouer dans la transition environnementale.
05:06Donc, l'industrie, c'est le problème, mais c'est aussi la solution.
05:10C'est le paradoxe. C'est le paradoxe. C'est-à-dire qu'en fait, les Français, puis les ingénieurs également,
05:16disent effectivement que les progrès qui ont été réalisés ont engendré des conséquences sur l'environnement.
05:22Et, bon, voilà, on acte bien de cela.
05:26En revanche, aujourd'hui, la transformation et l'évolution de l'industrie se fera aussi grâce à cette population
05:34qui, par sa formation scientifique, technologique, humaine aussi, devra transformer
05:40et finalement est en charge de trouver, est responsable de trouver les solutions.
05:45Mais d'ailleurs, c'est ce qui est déjà en place, puisque l'État a identifié les sites industriels les plus polluants,
05:52en se disant qu'il y a là, finalement, le levier de transformation, le premier levier, peut-être le plus efficace ?
05:59C'est un des sujets, effectivement. C'est de faire en sorte de cibler, et c'est le défi que nous avons tous,
06:06c'est de faire en sorte, effectivement, d'identifier les technologies qui sont les plus polluantes,
06:12qui sont les plus gourmandes en énergie, etc., de façon à trouver les moyens de les contourner.
06:17Ce qu'il faut bien comprendre, c'est qu'aujourd'hui, les ingénieurs, dans leur formation, apprennent, au cours de leur cursus,
06:25l'ensemble du cycle de vie des produits, c'est-à-dire qu'ils apprennent à concevoir des produits qui sont peu énergivores,
06:34qui sont avec des bons matériaux, etc.
06:36Et au-delà de la conception du produit lui-même, ils couvrent l'ensemble du cycle de vie du produit, jusqu'aux déchets finaux, etc.
06:46Oui, jusqu'à sa recyclabilité, ou sa réutilisation comme coproduit, etc.
06:50Et il faut bien comprendre que ça, c'est une transformation à bas bruit, mais qui concerne l'ensemble des formations scientifiques et techniques,
06:59en vocation industrielle en particulier.
07:00Oui, donc ce que vous nous dites, c'est que les formations ont changé.
07:03Bien sûr que les formations ont changé.
07:04Et c'est assez ancien, ça a déjà, c'est arrivé progressivement, à la fois le corps enseignant, mais surtout les jeunes ont poussé pour que les enseignements s'adaptent
07:16et que progressivement, effectivement, on leur enseigne, on les forme à ces nouvelles technologies.
07:21Est-ce qu'il y a, dans cet observatoire, une demande d'un soutien plus fort de l'État, justement, pour accélérer cette transformation de l'industrie ?
07:30Très clairement. Très clairement, puisqu'on voit que 53% des Français et 75% des ingénieurs considèrent que l'État peut faire davantage.
07:39Peut faire davantage dans son soutien à la compétitivité, dans son soutien à l'innovation.
07:45Et on a bien vu ces tout derniers temps, les risques qui pouvaient peser sur le crédit import-cherche, ça a été évoqué.
07:55Les Français et les ingénieurs disent non, au contraire, il faut aider les industries, puisqu'on a bien vu que 90% des Français et des ingénieurs considèrent
08:05que l'industrie est au cœur de l'innovation et de la transformation environnementale. Il faut aider l'industrie.
08:12Il y a un certain nombre de défis que l'industrie française doit relever et sur lesquels les personnes interrogées dans cette étude, dans cet observatoire, se sont prononcées.
08:22Ce qui revient en premier, je vais citer les cinq défis.
08:25Rester compétitif par rapport à la concurrence internationale, recruter, former des compétences, décarboner les processus de production,
08:31innover, développer la recherche et le développement et puis renforcer l'image globale, l'attractivité du secteur.
08:36Il y a plein d'éléments intéressants.
08:37Sur la compétitivité par rapport à la concurrence internationale qui arrive en premier dans la liste de ces défis,
08:44comment est perçue la transformation environnementale et les investissements que ça suppose ?
08:50On sait que l'Europe est en train de se définir comme le continent le mieux disant en la matière.
08:58C'est perçu comme un atout de compétitivité ou comme un boulet au départ ?
09:03D'un point de vue environnemental, c'est un atout, un clair atout. Il n'y a pas d'ambiguïté là-dessus.
09:11En revanche, quand nos produits sont face aux produits américains et on sait bien l'aspirateur d'investissement que constitue l'IRA américain d'une part
09:22et la façon dont les industries chinoises sont aidées par des solutions de dumping qu'ils ont appliquées,
09:30il y a un vrai problème de compétitivité et les ingénieurs et les industries sont confrontés au quotidien à ces enjeux-là.
09:38C'est pour ça qu'ils considèrent qu'il y a un enjeu de compétitivité.
09:42C'est pour ça également qu'ils considèrent que les pouvoirs publics doivent aider davantage les industries.
09:48Oui, français et européens. Il y a deux des défis qui se rejoignent aussi, le fait de recruter et de former des compétences
09:57et puis la question de l'image et de l'attractivité du secteur. Ça reste compliqué pour l'industrie de recruter ?
10:04Aujourd'hui, on a bien vu au travers de ce sondage que l'industrie est vue comme un élément déterminant dans l'économie française.
10:14C'est un des piliers de l'économie française. En revanche, quand on demande aux français
10:18« Seriez-vous prêts à promouvoir et à inviter un proche à rentrer dans l'industrie ? »,
10:24il n'y a que 11% des répondants qui sont prêts à le faire. Donc il y a un problème d'image.
10:29Et ce problème d'image, il faut que collectivement, on arrive à le résoudre.
10:34C'est pour ça que nous, le Gadzar, on a décidé de mettre en place, à l'instar de ce qui se fait pour les Journées usines ouvertes,
10:42les Journées du patrimoine pardon, les Journées usines ouvertes, de façon à permettre aux scolaires d'une part
10:48et aux grands publics d'autre part de découvrir les industries.
10:53Et la meilleure façon de se rassurer, de comprendre ce qu'est l'industrie, c'est bien de la voir, d'aller à sa rencontre.
11:01Et donc les 4 et 5 avril 2025, nous organisons des Journées usines ouvertes sur l'ensemble du territoire national.
11:07Voilà une très bonne idée. 4 et 5 avril 2025, les premières Journées usines ouvertes.
11:12Merci beaucoup Stéphane Gorce et à bientôt sur BeSmart for Change.
11:15On passe à notre débat, la méthanisation agricole.
11:24La méthanisation agricole au programme de notre débat.
11:28Et je vous présente mes invités, Olivier Daugé, bonjour.
11:30Bonjour.
11:31Bienvenue, vous êtes agriculteur et président de France Gazes Renouvelables.
11:34Grégoire Romaux, bonjour.
11:35Bonjour.
11:36Agriculteur également, gérant de l'unité de méthanisation Chemin du roi.
11:40France Gazes Renouvelables, en quelques mots, c'est une association, je crois, qui regroupe évidemment des agriculteurs, mais pas que, c'est ça ?
11:46Pas que, en fait, c'est une association de filières qui est composée de l'ensemble de la filière du Gazes Renouvelables,
11:52c'est-à-dire de l'agriculture qui dispose de 85% du gisement, des intrants qui peuvent aller dans un méthaniseur, jusqu'au distributeur, jusqu'au réseau, donc GRDF.
12:01Et entre les deux, la FNCCR sert tous les réseaux, les collectivités, mais aussi tout l'aval, tout le besoin technique qu'il y a autour d'un méthaniseur.
12:10L'objectif, c'est véritablement d'avoir une approche globale de la méthanisation, une nouvelle filière, pour lui permettre de se développer et de trouver son rythme de croissance.
12:18À quel point les nouvelles, tiens, cette filière, ça date de la montée en puissance, vous voyez ce que je veux dire ?
12:24Les premiers méthaniseurs, c'était des méthaniseurs pour produire de l'électricité, ce qu'on appelle la co-génération avec le gaz, qui ont 25 ans, je dirais, les premiers premiers.
12:32La méthanisation pour l'injection dans les tuyaux, dans de vrais gaz renouvelables, ça date d'une douzaine d'années pour les premiers injecteurs.
12:40C'est encore en maturation, on peut dire ça comme ça.
12:42C'est encore en maturation, c'est de la nouvelle technique, c'est assez mature au niveau technique, mais ça rentre dans le monde énergétique progressivement.
12:50Grégoire, pourquoi vous avez décidé de créer justement une unité de méthanisation ?
12:54Moi, j'ai repris l'exploitation agricole familiale il y a une quinzaine d'années et c'est vrai que dans notre secteur, l'agriculture est plutôt en décroissance.
13:02Et pour gérer une entreprise, c'est compliqué. Il faut quand même trouver d'autres solutions.
13:08Et donc, on a eu la possibilité de faire un méthaniseur avec mon oncle et puis un voisin agriculteur qui est proche de chez moi.
13:15Alors, c'est quoi une unité de méthanisation ? Ça représente quelle emprise au sol ? Où est-ce que vous l'avez placée ? Expliquez-nous un peu les choix que vous avez faits.
13:24L'unité, elle est au milieu de nos trois exploitations. Ça représente une emprise au sol d'à peu près trois hectares.
13:28Et donc, on a fait des grosses cuves de digestion dans lesquelles on met de la matière tous les jours.
13:33Donc, la matière, c'est des déchets organiques qui peuvent provenir de plusieurs endroits.
13:38Mais en partie de nos fermes, c'est des déchets qu'on n'utilisait pas avant sur nos fermes. On met aussi du lisier et du fumier qu'on récupère chez des éleveurs qui sont à côté de chez nous.
13:47Et voilà.
13:49C'est des emplois créés ?
13:50On a quatre salariés sur le site à plein temps et on est trois associés. On s'en occupe quand même pas mal.
13:56Oui, j'imagine que c'est du boulot. Mais ça représente un complément de revenu important pour un agriculteur ?
14:01Ça représente un complément de revenu assez important. Et la grosse force, c'est qu'on a un tarif d'achat qui est fixé pour 15 ans.
14:10Et donc, du coup, c'est beaucoup plus facile à financer au niveau des banques. Et puis, c'est aussi relativement sûr.
14:16Oui, ça vous donne une visibilité qui est quand même très importante dans un métier comme le vôtre.
14:22Je vous posais une question qui est peut-être totalement idiote, mais est-ce que vous devenez plus méthaniseur qu'agriculteur ?
14:26Vous voyez ce que je veux dire ? Quelle part ça prend dans votre activité ?
14:29Ça dépend des périodes. Parce que nous, en tant que céréalier, on a des grosses périodes de travail et on a des périodes où on a beaucoup moins de travail.
14:34Et du coup, on est plus agriculteur, certaines parties, en été, pour les semis. Et par contre, en hiver, on est plus méthaniseur.
14:43La méthanisation, ça progresse à quelle vitesse ? Méthanisation agricole, celle dont on parle, ça progresse à quelle vitesse ?
14:49Rapidement, c'est la seule énergie renouvelable qui a dépassé ses objectifs dans les objectifs du gouvernement.
14:54On arrive aujourd'hui à 12 TWh. Ce qu'on dit, c'est qu'il est l'équivalent de deux tranches nucléaires.
15:04Ce n'est pas ridicule. Et l'objectif, c'est d'arriver à 20% de la consommation du gaz d'ici 2030-2035.
15:11On consommera moins de gaz demain parce qu'on va consommer plus d'électricité, mais on aura toujours besoin du gaz pour un certain nombre d'usages.
15:17Et on pourrait, si on a la conviction et l'envie politique d'y arriver, d'être autonome en production de gaz en France à l'horizon 2050.
15:25C'est-à-dire en termes de souveraineté énergétique, mais aussi, et c'est vraiment une énergie issue de l'économie circulaire.
15:32C'est-à-dire qu'on utilise, c'est ce qui a été dit, des choses qui n'étaient pas utilisées, soit des effluents, soit des résidus de culture, soit des couverts de culture.
15:38On les transforme, on a du gaz, mais on a aussi un élément très important pour l'exploitation agricole, ce qu'on appelle le digesta, qui est un engrais organique.
15:46Et comme on va devoir sortir des engrais minéraux, ça permet aussi... Moi, je dis souvent que c'est en fait une usine à engrais qui produit du gaz.
15:53Parce que les deux sont importants pour l'avenir. On aura besoin d'engrais organiques, on aura besoin de gaz, et on peut le faire en économie circulaire.
15:59– Avec un double enjeu de souveraineté. C'est-à-dire qu'on est moins dépendant des énergies fossiles.
16:03– Souveraineté alimentaire. – Et sur les engrais organiques, c'est vrai aussi.
16:05– Souveraineté alimentaire, et même pour l'environnement, parce qu'on sait que les engrais organiques sont moins impactants au niveau environnemental.
16:12– C'est un secteur qui est subventionné ? C'est-à-dire, quand vous dites, la volonté politique de créer les conditions de la croissance de la filière, c'est subventionné ?
16:22– Oui. De toute façon, tous les secteurs des énergies renouvelables sont subventionnés, même le nucléaire qui n'est pas une énergie renouvelable.
16:29C'est évident. La difficulté dans cette décision de sortir du fossile, c'est que les énergies fossiles, aujourd'hui, sont moins chères que les énergies renouvelables.
16:39Maintenant, il faut en sortir pour les raisons que l'on connaît. Donc, il y a tout un travail à faire d'accompagnement, de créer les filières, de massifier,
16:45pour essayer de faire baisser les tarifs, et aussi de sobriété. On parle souvent de sobriété.
16:49C'est aussi pour ne pas que la facture soit plus importante à terme pour les utilisateurs, d'être plus efficient dans l'utilisation, plus sobre, et ainsi de suite.
16:56Parce que, de toute façon, du gaz vert, ça coûte aujourd'hui 4, 5 fois plus cher que le gaz naturel sur les marchés.
17:03Donc, il faut être clair qu'il faut arriver à le baisser sans doute un peu, mais il faut aussi arriver à moins en utiliser.
17:08Même si on en a besoin.
17:10On a vu au départ de ces projets de méthanisation, peut-être parce que des agriculteurs étaient insuffisamment préparés, ou mal conseillés d'ailleurs,
17:18des riverains qui étaient en colère. Moi, j'en vois moins maintenant. Peut-être que ça passe sous les radars médiatiques.
17:24Est-ce qu'il y a eu cette question d'acceptabilité qui s'est posée pour votre projet ?
17:27Bien sûr. Il y a la question de l'acceptabilité qui est très importante, et qui est presque, je dirais, de plus en plus compliquée,
17:33puisque les associations en face se sont aussi regroupées. Et effectivement, il faut maîtriser tous les problèmes que ça peut créer,
17:43aussi bien de circulation que d'odeur. On sait qu'au-delà de 200-300 mètres, l'odeur, ce n'est plus vraiment un problème.
17:51Donc, il faut bien choisir sa localisation, c'est ça ?
17:53Exactement. Il faut faire des projets qui sont bien construits, avec pas mal de réflexion.
17:58Et on arrive à minimiser vraiment tous les problèmes qui existent, mais il y a toujours des solutions pour les minimiser.
18:04Oui. Il y a un problème de transport aussi, c'est-à-dire qu'il y a forcément pas mal de circulation de camions.
18:10Effectivement. Il y a des camions et il y a des tracteurs qui circulent. Et ça, voilà, les voiries, il faut adapter les voiries,
18:17il faut adapter les circuits, il faut penser son méthaniseur au bon endroit, et puis pour minimiser vraiment ces problèmes-là.
18:24Et ça retombe sur la question de filière dont on parlait tout à l'heure, c'est-à-dire que c'est une chose de dire
18:29on va devenir autonome en gaz renouvelable, mais il faut aussi que les infrastructures suivent.
18:34Il faut que les infrastructures suivent. Elles le sont. On a un réseau de gaziers, de tuyaux, qui est très important en France.
18:41On a un réseau de stockage intérieur de la consommation.
18:43Ça part directement dans le réseau gazier.
18:45Ils sont branchés dans le réseau, soit GRDF, soit GRT gaz, mais directement branchés.
18:49Ce réseau actuel permet l'intégration du gaz vert. C'est le même, donc il n'y a pas de souci.
18:54Et on a cette chance d'avoir ce réseau, de pouvoir l'utiliser sur l'ensemble de la France, mais il faut installer les méthaniseurs proches de ces réseaux.
19:00Personnellement, je n'ai pas de méthaniseur parce que je suis loin des réseaux.
19:03Ce n'est pas de chance, mais voilà, c'est la vie.
19:05Donc voilà, c'est important ce lien avec le réseau et c'est important le lien avec le territoire.
19:09Il faut bien comprendre que ces énergies renouvelables, elles vont être produites dans le territoire.
19:13On n'avait pas l'habitude de voir l'énergie produite sur le territoire.
19:16Et c'est important cette corrélation entre le gisement, ce qu'on peut méthaniser, les méthaniseurs et ce que l'on peut injecter dans les territoires.
19:23Sur la question de l'acceptabilité, est-ce qu'on a, au départ peut-être, vous me direz c'est moins aujourd'hui,
19:27mais sous-estimé justement les impacts, je mets des guillemets, négatifs d'un méthaniseur ?
19:34Je ne pense pas. On a un peu trop focalisé, je pense, sur la production de l'énergie en tant que telle, du gaz.
19:41Et sans voir tout ce qu'on appelle nous les externalités positives.
19:44Aussi bien pour l'exploitation de valoriser, d'avoir de l'engrais, de l'emploi sur les territoires, de la maîtrise de son énergie, de la gestion de l'eau.
19:51Parce qu'un effluent, par exemple, l'animal qui passe par un méthaniseur est plus facilement épandable, je dirais,
19:58il est plus maîtrisable en termes de moins de risque pour l'eau, moins de risque pour l'air.
20:03On récupère évidemment le CH4. Aujourd'hui, on peut même récupérer le CO2 avec des projets justement de CO2 biogéniques.
20:10Ça veut dire que c'est un ensemble, c'est quelque chose d'assez transversal.
20:14Si on s'arrête juste, on va produire du gaz, on va faire des usines un petit peu partout dans les villages et compagnie,
20:19les gens peuvent se dire mais du gaz, en plus du gaz, ça a une image dangereuse, évidemment.
20:23Donc il ne faut pas s'arrêter à ça. Il faut voir tout l'intérêt de l'économie circulaire dans un projet de méthanisation.
20:28Les digestats, vous les utilisez directement sur vos exploitations ou alors vous en produisez suffisamment pour même le proposer à d'autres ?
20:36Non, les digestats, nous, on les utilise uniquement sur notre exploitation et ça nous permet de vraiment baisser notre coût d'achat de fertilisants sur nos trois exploitations agricoles.
20:48Vous avez aussi rajouté, je crois, des panneaux photovoltaïques sur le méthaniseur. Ça veut dire quoi ? Vous êtes quasi autonome ?
20:54Non, on n'est pas autonome, sachant qu'en fait, un méthaniseur, ça marche 24 heures sur 24 et la nuit, effectivement, on ne produit pas énormément.
21:00On produit à peu près 20% de l'électricité qu'on consomme avec les panneaux qu'on a installés sur une zone qui n'était pas utilisée sur notre unité de méthanisation.
21:09Le retour sur investissement, vous disiez, on a de la visibilité, on a des prix garantis sur 15 ans. Vous l'avez évalué comment ?
21:16On est entre 7 et 8 ans sur le retour sur investissement, sachant que c'est un investissement conséquent. C'est aussi pour ça qu'on s'associe à plusieurs agriculteurs.
21:25On a ce prix qui nous est garanti. On a un prix fixe. L'avantage aussi, c'est que pour les acheteurs, ils ont un prix fixe. Dans 15 ans, on sait à quel prix on vendra notre gaz.
21:37On n'a pas, comme les fluctuations qu'on a pu connaître il y a deux ans, avec une flambée des prix. Nous, notre prix du gaz reste fixe.
21:45Il nous reste une minute. Je voudrais quand même vous poser une question liée à l'actualité. Ce milestone politique, report du budget, vous êtes l'un et l'autre agriculteur.
21:55Ça vous inquiète ? Vous êtes en train de faire vos comptes en vous disant ce qu'on nous a promis n'arrive pas ?
22:00C'est évident que c'est inquiétant. Et juste, d'avoir des tarifs sur 15 ans, 20 ans, l'agriculture, elle ne connaît pas. C'est justement pour ça aussi que des agriculteurs sont dans la rue.
22:09C'est-à-dire qu'il y a un problème de prix, il y a un problème de revenus, il y a un problème de décorrelation complète entre le prix de revient et les marchés qui sont des marchés libres,
22:17où on est soumis à la concurrence européenne et internationale avec des normes qui ne sont pas les mêmes, donc en distorsion de concurrence.
22:24Ça nous inquiète fortement parce que ça fait un an que le problème existe. Il y a eu des choses sur la table.
22:29Les différents ministres au gouvernement ont essayé de travailler, mais ils n'ont pas eu le temps.
22:32Ça va tellement vite qu'ils n'ont pas eu le temps de le faire valider, soit par le Parlement, soit dans les textes.
22:36Donc oui, c'est une grosse inquiétude parce qu'on revient au point zéro et la distorsion reste toujours là, un certain nombre de filières.
22:44L'énergie qui arrive dans les exploitations agricoles, qui a toujours été, l'agriculture a toujours produit l'énergie, peut être une des briques qui permet,
22:51là c'est l'exemple, de solidifier, de donner une durabilité à l'exploitation, mais le prix du produit alimentaire est essentiel et la compétitivité est essentielle.
23:00Donc il y a urgence, il y a véritablement urgence.
23:02Merci beaucoup à tous les deux, à bientôt sur BeSmart4Change. On passe à notre rubrique Startup, tout de suite.
23:14Smart Ideas, on est en duplex avec Marie Messnier, la fondatrice de Maume des Bois.
23:20Bonjour, entreprise que vous avez créée en 2020. Racontez-moi, c'était quoi le déclic, l'idée de départ ?
23:27Bonjour, alors oui, le déclic de Maume des Bois, en fait, ça s'est défini, ça s'est arrivé pendant le confinement.
23:34Puisque pendant le confinement de 2020, beaucoup de familles étaient enfermées à l'intérieur de leurs appartements ou maisons.
23:41Maisons un peu moins, puisque nous justement, nous avions la chance de vivre dans une maison.
23:45Et avec ma petite fille de deux ans et demi, je me suis rendu compte que ça nous permettait d'avoir accès à un véritable,
23:51on a pris le temps d'un véritable retour à la nature.
23:54Et en fait, j'ai voulu, par Maume des Bois, apporter un petit peu de nature à l'intérieur des maisons ou des appartements
24:01des personnes qui n'avaient pas la chance, comme nous, d'avoir cet extérieur et d'en profiter tous les jours.
24:06Avec des jouets, c'est de ça dont on parle. Quels jeux vous proposez ?
24:10Alors oui, ce sont plutôt des jeux et accessoires, puisque je n'ai pas tant de jouets à proprement parler que ça.
24:16Finalement, ce sont beaucoup de jeux éducatifs ou d'accessoires qui vont permettre de jouer librement,
24:21des jeux d'imitation, mais qui sont des vrais accessoires, des vrais outils,
24:26et non pas seulement des jeux en plastique avec lesquels on fait semblant d'eux.
24:31Là, c'est vraiment une invitation pour l'enfant et pour les parents,
24:34parce que souvent, il faut que le parent accompagne l'enfant, bien sûr, dans ces démarches-là.
24:39C'est vraiment une invitation à apprendre en faisant, en touchant.
24:43Et alors, c'est quoi votre best-of de Noël ? Je ne sais pas s'il y en a un, mais le jeu qu'est le plus demandé ?
24:49Les outils, c'est vrai que ça plaît énormément, autant aux grands-parents qui cherchent des idées cadeaux pour leurs petits-enfants,
24:57et qui sont souvent ceux qui prennent le temps de bricoler justement avec les petits-enfants.
25:01Et là, on est vraiment sur des outils version enfant, à taille d'enfant, mais qui sont des vrais outils, de belles qualités.
25:08Ensuite, les poles, ça c'est vrai, c'est l'hiver. De toute façon, les poles, ça reste un best-seller, que ce soit à Noël ou pendant tout l'hiver.
25:17Et puis, les kits de création en laine gardée aussi, les petits kits de création pour faire des animaux en laine feutrée.
25:26Quoi d'autre qui sont des best-sellers ? Il y en a beaucoup, en fait.
25:30Tous les accessoires de découverte de la nature aussi, d'observation, pour apprendre à reconnaître les animaux.
25:36Forcément, un choix des matériaux. Vous avez banni le plastique de votre proposition ?
25:41Alors, quasiment. Banni, pas tout à fait, parce que malheureusement, il reste un petit peu de plastique, de toute façon, dans certains accessoires.
25:51Mais effectivement, il y a très, très peu de plastique, donc beaucoup de bois, beaucoup de métal, beaucoup de cartons, de papier,
25:57des matériaux qui vont pouvoir être recyclés ou en tout cas qui vont durer longtemps dans le temps.
26:02Est-ce que c'est si facile, justement, de trouver des jouets, des jeux dans ces matériaux ? Les filières existent ?
26:10Alors oui, tout à fait. Les filières existent. La plus grosse difficulté, on va dire, c'est d'arriver à combiner le « made in France »
26:18ou le « made in Europe » même avec cette envie, cette démarche-là. Donc voilà. Parfois, je déborde un petit peu en dehors de l'Europe
26:27parce que je craque sur des accessoires qui vont permettre vraiment tout ce que je viens de vous expliquer
26:34et qui rentrent dans cette démarche de matériaux naturels et durables et qui ne sont pas fabriqués en Europe.
26:42Donc c'est vraiment la combinaison des deux, je dirais, qui est la plus difficile à trouver.
26:45Mais sinon, il existe énormément de belles marques et de beaux accessoires qui existent aujourd'hui.
26:51Si je dis des enfants connectés aux écrans, déconnectés de la nature, c'est à la fois un cliché, c'est une réalité ?
27:00Alors je ne saurais pas trop vous dire, en fait. Moi, j'habite toujours à la campagne. Donc je pense que dans les grandes villes,
27:08c'est une réalité parce qu'effectivement, c'est plus difficile pour les parents de sortir facilement avec leurs enfants.
27:15Et donc forcément, les écrans, ça reste quand même quelque chose de facile, on va dire, pour occuper l'enfant.
27:22Mais après, c'est sûr qu'il y a des études. Après, il y a effectivement des études qui le disent.
27:29Donc je pense que c'est une réalité. Et malheureusement, la déconnexion avec la nature existe aussi, que ce soit à l'école ou en famille.
27:41Et effectivement, je pense qu'on est quand même dans cette réalité-là.
27:45Merci beaucoup, Marie Besnier, et bon vent à Maume Desbois. Voilà, c'est la fin de ce numéro de Smart Impact.
27:53Merci à toutes et à tous de votre fidélité à la chaîne des audacieuses et les audacieux. Je vous dis à très vite sur Be Smart For Change.

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