Lundi 9 décembre 2024, SMART IMPACT reçoit Oscar Bourgeois (Cofondateur, Cartage) , Mathieu Horn (Président, triPica) , Olivia Richard (Sénatrice) et Vanessa Benoit (Directrice générale, Samusocial)
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00:00Générique
00:08Bonjour à toutes et à tous, bienvenue, c'est Smart Impact, l'émission des entreprises à impact positif, et voici notre sommaire du jour.
00:15Mon invité, c'est Mathieu Horn, le président de TRIPICA. Il nous dira pourquoi le développement de l'intelligence artificielle
00:23est une opportunité pour l'industrie nucléaire française. Notre débat, il portera sur la situation des femmes sans-abri
00:30après la publication d'un rapport d'information du Sénat sur ce phénomène qui concerne 120 000 femmes que proposent les parlementaires.
00:38Quelles actions sont menées sur le terrain, notamment par le SAMU Social ? Réponse tout à l'heure. Et puis, dans notre rubrique Start-up,
00:45on va découvrir ensemble Carthage qui propose une assurance pour celles et ceux qui partagent leur voiture. Voilà pour les titres.
00:51On a 30 minutes pour les développer. C'est parti.
00:54Générique
01:00L'invité de Smart Impact, c'est Mathieu Horn. Bonjour.
01:04Bonjour.
01:04Bienvenue. Vous êtes le président de TRIPICA, l'entreprise que vous avez créée en 2016. Pour bien comprendre, quels services propose TRIPICA ?
01:11C'est quoi votre métier ?
01:12TRIPICA, c'est un outil de monétisation des nouveaux usages qui sont liés à la transition énergétique,
01:19mais aussi à la transition dans le monde des télécoms. Donc, en fait, on gère les clients et les offres des fournisseurs d'énergie
01:26et des opérateurs téléphoniques et opérateurs mobiles.
01:30Cette monétisation, elle se fait comment ? C'est quoi le principe, en fait ?
01:34Le principe, c'est qu'on le connaît bien dans les télécoms. Il y a une grande concurrence par les offres. Plus de gigas, plus de voix, des services.
01:43On connaissait moins ça dans le monde de l'énergie. Et en fait, l'énergie est en pleine transformation liée à la transition énergétique.
01:50Et on voit des nouveaux modèles économiques qui sont en train d'apparaître, nouveaux modèles qui sont liés à la transition vers notamment le renouvelable
01:58et qui vont se transformer et se matérialiser dans les factures des clients par des nouvelles propositions qui sont très différentes
02:05de celles qu'on a l'habitude de voir et de l'habitude de payer.
02:08Ces nouveaux modèles, si on rentre dans le détail, si on se dit l'objectif, c'est de sortir des énergies fossiles.
02:15Ok, très bien. Tout le monde est à peu près d'accord sur l'idée de départ. Sauf, est-ce que ce n'est pas illusoire à court terme ?
02:23Illusoire, non. C'est une nécessité de sortir des énergies fossiles, nécessité à deux titres.
02:32D'abord parce qu'on a un objectif net zéro sur la partie CO2. L'Europe demande à ce qu'on soit net zéro d'ici 2050.
02:41Et ça, ça passe par un passage vers la sortie du fossile et donc le développement du renouvelable.
02:46Et puis aussi une nécessité d'un point de vue souveraineté. Il faut qu'on arrive à se débarrasser de notre dépendance au gaz, au pétrole, au charbon pour certains pays.
02:57Donc c'est une nécessité. La France là-dedans est un petit peu dans un cas particulier puisque elle, non seulement,
03:04elle s'est déjà débarrassée d'une grande partie des énergies fossiles dans la génération d'électricité.
03:11Grâce au nucléaire notamment.
03:12Grâce au nucléaire. Mais c'est un peu, pour l'instant, l'exception européenne.
03:17Quand vous parlez de nouveaux modèles, qu'est-ce qui est en train de changer ? Rentrons dans le détail concrètement.
03:22Alors en fait, le grand challenge, c'est l'intermittence.
03:27C'est qu'en fait, on passe d'un monde où on avait une courbe de consommation en fonction des saisons, du jour de la semaine, de l'heure de la journée.
03:37Et en fonction de cette courbe de consommation, on avait la production qui allait avec.
03:41Tout ça, c'était très simple. Et on avait une facture. On s'en préoccupait pas trop. Tout allait bien.
03:46On passe à un monde des énergies renouvelables. Renouvelables, elles sont intermittentes.
03:50Il n'y a pas toujours du soleil. Il n'y a pas toujours du vent.
03:53Et donc en fait, il n'y a plus finalement une synergie forte entre la courbe de consommation et la courbe de production.
04:00Et ça, ça change tout en fait.
04:02Ça, ça impose de dire finalement, il va falloir adapter un petit peu la façon dont on consomme à la façon dont on produit maintenant.
04:09Et plus l'inverse.
04:10Et donc, ça ne peut se faire qu'en faisant passer un signal prix dans les offres et dans les factures.
04:16Et là, il y a plein de choses qui sont en train d'arriver.
04:18Alors, on connaît en France assez bien, et c'est assez spécifique à la France, le principe des heures pleines, heures creuses.
04:25Mais en fait, l'extension de ce système-là, c'est la tarification dynamique.
04:29C'est-à-dire qu'on va finalement payer l'électricité en fonction de sa valeur tout au long de la journée.
04:34Et parfois, l'électricité, elle est même négative.
04:38On est prêt à vous payer pour consommer de l'électricité en journée.
04:42Eh oui, parce qu'il y a un surplus et il faut bien l'écouler. D'accord.
04:45Exactement. Soit on le revend à l'étranger, soit on va proposer des modèles économiques.
04:49On va dire, si vous voulez consommer à 18 heures le soir, ça va être très cher.
04:53Donc, ce n'est peut-être pas le bon moment. Donc, ça va être punitif.
04:56En revanche, si vous voulez consommer en milieu de la nuit ou en journée quand il y a beaucoup de soleil, là, au contraire, ça va être très incitatif.
05:02Et alors, vos clients, vous les aidez justement à moduler leur consommation d'électricité en fonction de ce marché ultra évolutif ?
05:10Oui, mes clients, ce sont des fournisseurs d'électricité.
05:14En France, en Allemagne, bientôt en Italie. Et il ne vous a pas échappé que, puisque le système était jusqu'ici très simple,
05:23les systèmes d'information qui sont derrière et qui gèrent les clients et qui gèrent les offres du côté de l'énergie
05:28ne sont pas du tout aussi évolués que ce qu'on a connu dans les télécoms, par exemple.
05:32Et donc, en fait, il y a un grand mouvement de changement chez tous les fournisseurs d'énergie sur cette partie activité retail,
05:40la partie commerciale, pas la partie production. C'est la conséquence de l'évolution de la production.
05:44Il y a une vraie évolution. Et pour dire, OK, il faut changer le système d'information, il faut trouver des systèmes modernes
05:50qui vont être capables de passer d'un monde où, en fait, on avait une, deux relèves de son compteur électrique par an
05:57à un monde où on a une lecture de votre compteur et de votre consommation toutes les 15 minutes.
06:02Donc, on passe à un monde du temps réel. Et ce monde du temps réel, grâce au compteur communicant,
06:07il permet de mettre derrière des offres qui sont telles que la facturation dynamique et d'autres.
06:13– Si on se place de l'autre côté, du côté d'un client, d'un fournisseur d'énergie, qu'est-ce qu'il doit changer, lui ?
06:19– Alors, il va changer pas mal de choses. Enfin, il n'est pas obligé.
06:23Je pense qu'on va avoir une masse de la population qui va rester sur des offres simples
06:27parce que cette complexité qui arrive dans le monde de l'énergie,
06:29elle n'est pas si simple à aborder d'un point de vue utilisateur final.
06:32Donc, il y a un gros effort pour rendre ça compréhensible.
06:35Mais ce qui va changer pour lui, c'est qu'il a maintenant plusieurs choix.
06:39Il peut, s'il cherche à payer moins cher, parce qu'on ne sait pas trop ce qui va se passer
06:43dans le prix de gros d'énergie, mais globalement, la tendance est plutôt à la hausse.
06:47Il peut choisir de jouer le jeu de la flexibilité et donc de dire,
06:51je vais consommer au bon moment ou je vais m'équiper de radiateurs un peu intelligents
06:55qui vont faire que je vais chauffer ou éviter de chauffer trop fort quand le prix de l'énergie est cher.
07:01Il peut faire ça. Il peut aussi produire.
07:03Il peut devenir producteur d'électricité en installant des panneaux solaires sur son toit.
07:08Et donc ça, ça se fait au niveau individuel ou ça peut se faire au niveau un peu collectif.
07:13Évidemment, ou de moins pour une entreprise, profiter d'un toit d'entrepôt, etc.
07:17Exactement. Et là, ça aussi, c'est un nouveau challenge pour les producteurs
07:21et pour Enedis qui gère le réseau électrique.
07:24C'est-à-dire qu'on n'a plus quelques centrales, mais en fait,
07:27on a des centrales qui sont un peu délocalisées et qui produisent de l'énergie
07:32qui est consommée localement au lieu d'être injectée sur le réseau.
07:34Donc, je peux flexibiliser ma consommation, je peux produire moi-même et autoconsommer
07:40et puis le surplus le revendre au réseau, le réinjecter au réseau et revendre cette électricité.
07:46Et puis, le troisième point, c'est je peux stocker.
07:49C'est-à-dire je produis, mais si je produis de l'électricité sur mon toit à 14 heures,
07:53c'est peut-être pas là où moi, j'en ai peut-être pas besoin non plus.
07:56Donc, si je pouvais la stocker dans une batterie pour la réutiliser plus tard, pour la réinjecter plus tard,
08:01ça, c'est intéressant.
08:03Et là-dessus, il y a un développement très, très intéressant qui vient d'arriver.
08:06C'est que, bon, équiper une batterie à son domicile, ça paraît bizarre.
08:09En revanche, acheter une voiture électrique qui est équipée d'une batterie,
08:13là, tout d'un coup, on se retrouve dans cette électrification des usages,
08:17le passage du pétrole vers la voiture électrique et on se retrouve avec une batterie à domicile.
08:21Et ça, ça ouvre des nouvelles perspectives.
08:24Et Renault, Renault, grâce au lancement de sa Renault 5 électrique,
08:28cette Renault 5, elle est V2G, véhicule to grid.
08:32Eh bien, Renault est devenue fournisseur d'électricité en s'associant à différents acteurs,
08:37notamment Domobility House, qui est un nouveau fournisseur sur le marché français,
08:41et Tripica, qui fournit donc le système de monétisation qui est derrière Domobility House.
08:46Et donc, quand on achète sa Renault 5, on est maintenant abonné chez Renault, chez Mobilize.
08:51Alors, il nous reste deux minutes.
08:52Je voudrais qu'on parle de nucléaire parce que vous avez publié une tribune dans les échos
08:56sur les atouts de la France en matière d'intelligence artificielle générative
09:01grâce à son industrie nucléaire.
09:04Il faut peut-être rapidement faire le constat, l'IA générative, elle est ultra gourmande en énergie.
09:09Ça, c'est un point de départ.
09:10Oui, une requête vers Chad GPT Concern,
09:15c'est 10 à 15 fois plus de ressources énergétiques qu'une requête sur Google.
09:19Donc, on voit bien qu'à la fois pour l'utilisation et pour l'entraînement des modèles d'IA,
09:24ça demande une énergie considérable.
09:26Et donc, les géants du numérique qui sont en train de batailler sur l'IA,
09:30ils prévoient, ils ont peut-être d'ailleurs déjà commencé de construire des mini réacteurs, c'est ça ?
09:35Tout à fait. Les grands acteurs aux États-Unis se disent « comment faire maintenant
09:38quand je construis un data center pour pouvoir l'alimenter ? »
09:42Et le plus simple, on se dit c'est de brancher ça dans la prise électrique, mais bien non.
09:46En fait, maintenant, chaque data center vient avec une source de production d'électricité locale,
09:51la fameuse autoconsommation dont on parlait tout à l'heure au niveau des entreprises.
09:54Et comme pour l'IA, on a besoin d'une source qui soit, pour le coup, pas intermittente,
10:00le choix d'aller vers le nucléaire est en train de se faire.
10:04On voit ça aux États-Unis, mais en France, on les a déjà. On a déjà 56 réacteurs nucléaires.
10:08Donc, on a un atout formidable en France sur la partie énergétique.
10:12Avec effectivement ce chiffre, 2030, les centres de données pourraient représenter
10:168% de la consommation énergétique américaine contre 3% aujourd'hui.
10:20Sauf que, est-ce qu'on est prêt pour des mini réacteurs ?
10:23On sait bien qu'il y a eu une impulsion gouvernementale ou présidentielle là-dessus,
10:29mais on en parle pour dans plusieurs décennies quand même.
10:32Oui, ça va prendre du temps. Il y a plein de start-up aux États-Unis qui travaillent d'arrache-pied là-dessus.
10:38Il y en a aussi en France. Il y a une filiale d'EDF qui est dédiée au déploiement,
10:42au développement d'un modèle de ce type de réacteur.
10:45L'idée, c'est pas tant de l'utiliser en France que plutôt dans une logique d'export,
10:50de ce que je comprends de la politique d'EDF.
10:52En France, encore une fois, on est déjà équipé.
10:54Il y a une nouvelle ambition de création de 6 nouveaux réacteurs nucléaires d'ici 2035,
10:59mais là, on parle d'OPR2, des choses beaucoup plus puissantes.
11:03Merci beaucoup Mathieu Horne et à bientôt sur BeSmart for Change.
11:06On passe tout de suite à notre débat « Comment aider les femmes sans abri en France ? »
11:18Comment aider les femmes sans domicile, les femmes à la rue ?
11:20Voilà le thème de notre débat avec Olivia Richard.
11:23Bonjour, vous êtes sénatrice. Merci d'avoir accepté notre invitation.
11:27Vanessa Benoit, bonjour. Vous êtes directrice générale du SAMU Social.
11:30Avec trois autres sénatrices, vous étiez rapporteure d'une mission d'information sur les femmes à la rue.
11:35Je vais commencer par le constat.
11:36120 000 femmes sans domicile et parmi elles environ 3000 et autant d'enfants qui passent la nuit dehors.
11:42Déjà, est-ce que vous avez été surprise par l'ampleur du phénomène ?
11:46Oui, c'était l'essentiel intérêt de cette mission d'information.
11:50C'était d'aborder la question des personnes sans abri et qui dorment ou ne dorment pas précisément à la rue.
11:57C'était d'apporter ce regard genré qui est tout à fait indispensable
12:02parce que ce ne sont pas du tout les mêmes problématiques et l'ampleur est en effet inédite.
12:07Ça n'était pas du tout le cas il y a dix ans.
12:10Donc c'était un travail important au long cours.
12:13Nous sommes quatre co-rapporteurs et ce travail a été fait à l'initiative et sur l'idée de Dominique Vérien,
12:21la présidente de la délégation Droits des Femmes du Sénat.
12:24Et ça nous a permis pendant dix mois de rencontrer des acteurs indispensables sur le terrain,
12:31des gens extrêmement mobilisés qui sont face à une situation qu'on pourrait dire qu'on est face à une mer,
12:38qu'on essaie de vider avec une petite cuillère.
12:39Il faut trouver des solutions parce que les problèmes sont épouvantables.
12:43Évidemment, on rentrera dans le détail des propositions que vous pouvez faire.
12:46Elles sont plus en danger que les hommes, c'est une évidence qu'il faut rappeler et peut-être détailler.
12:51Oui, il y a beaucoup d'évidence qu'il faut rappeler et c'est pour ça que c'était tellement bien
12:55que la délégation des Droits des Femmes du Sénat travaille sur ce sujet
12:58parce que les femmes sans domicile sont vraiment les invisibles parmi les invisibles.
13:02Globalement, on ne voit pas tant que ça les sans domicile,
13:04on voit surtout les personnes qui sont sans abri et à la rue et encore qu'une partie d'entre eux.
13:09Or, les femmes se cachent, elles affrontent d'autres dangers quand elles sont à la rue.
13:12Donc, elles se rendent invisibles, on ne les voit pas.
13:14Elles sont dans des bus de nuit, elles sont dans les aéroports, dans des voitures, dans des parkings privés
13:19qui sont en fait des lieux qui les mettent encore plus en danger
13:22parce que ces femmes ont des parcours qui sont marqués par la violence du début à la fin.
13:26Ça peut être des violences conjugales, des violences intrafamiliales qui les envoient à la rue.
13:30C'est aussi juste la violence économique qui fait qu'on est moins payé,
13:33plus exposé à des risques de perte ou à des risques de dépendance.
13:37Et donc, lorsqu'une relation toxique prend fin, on se retrouve également en difficulté.
13:41Et toutes ces difficultés s'accumulent et font que c'est encore plus difficile de rebondir quand on est une femme précaire.
13:47On parle d'agressions, on parle de viols, on parle de déplacements aussi incessants
13:54pour essayer de grappiller des aides d'un département à l'autre, c'est ça aussi le concept ?
13:58Alors en fait, chacun a une stratégie en fait, on ne subit pas complètement la pauvreté
14:02ou en tout cas on cherche à trouver des moyens de survivre, c'est vraiment une lutte pour la survie.
14:06Donc les femmes déploient des stratégies énormes pour se rendre invisibles,
14:09pour passer pour madame n'importe qui, pour qu'on ne les voit pas.
14:12Et après, la vie d'une personne sans abri, c'est une quête incessante pour aller d'un endroit à un autre,
14:18d'une distribution alimentaire, à la douche, à une assistante sociale,
14:21le soir se demander où on va dormir, se trouver un spot où on ne sera pas en danger.
14:26C'est ça la réalité des personnes qui vivent cette errance.
14:28Et en fait, dans ce temps-là, on n'a pas le temps de construire, on n'a pas le temps de construire son avenir
14:33parce qu'on est déjà en train de construire juste le fait de survivre et d'être encore là demain matin.
14:37Olivier Richard, vous avez fait un certain nombre de propositions dans ce rapport d'informations.
14:41Je vais commencer par celle qui semble la plus évidente, la création de places d'hébergement supplémentaires.
14:46Il faut des places spécifiques ?
14:48Il faut des places spécifiques et il faut monter en qualité pour l'accueil qu'on peut proposer à ces femmes.
14:54Parce que, évidemment, lorsqu'elles ont fait l'objet de violences,
14:58on s'est rendu compte que toutes les femmes qui sont sans abri au bout d'un an auront été violées.
15:04Donc on ne peut pas tout à fait les diriger vers des accueils mixtes.
15:09Évidemment, c'est perçu comme très dangereux par elles et ça entraîne un taux de non-recours à toute l'aide qui est très préjudiciable.
15:17Donc oui, plus d'hébergement, mieux d'hébergement.
15:21Et on s'est rendu compte qu'il était aussi important de sortir de cette gestion par étapes où, d'abord, on peut être mis à l'abri.
15:32Après, on a un hébergement dans lequel on va rester un peu plus longtemps pour retourner à la rue,
15:37pour après pouvoir être bénéficiée de quelque chose d'un peu plus pérenne, peut-être pendant quelques années,
15:42pour après, finalement, aller dans l'hébergement social.
15:45C'est une espèce de yo-yo permanent ?
15:47Oui, il y a un yo-yo permanent et on ne peut pas passer, ou c'est très difficile de passer directement de la rue à un logement social.
15:54Et en réalité, il faut favoriser ce genre de logique, ce genre de plan qui existe, mais insuffisamment,
16:00parce que voilà, 10 ans à la rue, ça détruit une vie, parce que la rue tue, la rue abîme.
16:06Outre toutes les violences qu'on subit, on ne rappellera jamais assez qu'elles ne dorment pas, elles veillent, elles surveillent.
16:14Et ça détruit, elles ne sont pas dans un moment d'urgence permanent qui empêche toute reconstruction.
16:20Quand on parle de place d'hébergement d'urgence, c'est combien de places supplémentaires et de qui ça dépend ?
16:26Ça dépend de l'État, ça dépend des communes, ça dépend des départements, des régions ?
16:30C'est aussi un sujet d'attention, c'est qu'en fait, en fonction de l'âge, ce n'est pas le même interlocuteur,
16:35il y a plusieurs lignes budgétaires, il y a un besoin de simplification, de responsabilisation.
16:39Là aussi ?
16:40Là aussi, il ne faut pas qu'un acteur puisse se dire, ah non, ça, regardez cette ligne du code de l'action sociale,
16:46il dit que ce n'est pas moi, c'est l'autre.
16:48Donc je refile là, entre guillemets, l'exception n'est pas bonne, mais la patate chaude a d'autres.
16:52Exactement, il faut simplifier, il faut que chacun se responsabilise.
16:56À l'occasion du budget qui n'est plus, nous continuons comme l'année dernière, à demander 10 000 places supplémentaires.
17:02Évidemment, il offrendrait plus, mais encore une fois, on gère l'urgence en permanence.
17:06Donc 10 000 places, ça aurait déjà été ça, le budget de solidarité aurait dû être examiné la semaine prochaine.
17:11Bon, tout ça prend du retard. Vanessa Benoît, à quel point les places, le parc d'hébergement, il est saturé aujourd'hui ?
17:18Il est complètement saturé, c'est pour ça qu'on se retrouve toujours à demander des places en plus,
17:22parce qu'en fait, tant qu'il y a des gens dehors, ce n'est pas supportable, il faut pouvoir les accueillir.
17:26Mais la réalité, c'est que si l'accès au logement était facilité, si les lois sur l'accès au logement des plus pauvres étaient respectées,
17:33on n'aurait même pas besoin de créer des places d'hébergement, on pourrait accueillir les personnes qui sont dehors,
17:38dans les places libérées par ceux qui ont accès au logement.
17:40Et en fait, ce dont ont besoin les personnes sans domicile, et en particulier les femmes,
17:44c'est avant tout d'être mis en sécurité et de retrouver une intimité.
17:47Et ça, la meilleure réponse pour ça, c'est le logement.
17:50Donc pour tous les publics sans domicile, c'est la première réponse, c'est celle qu'il faut soutenir le plus.
17:54Attendez, pour bien comprendre, il y a un effet domino, c'est-à-dire qu'il y a des gens qui sont dans des logements
17:58dont ils ont bénéficié à une époque, qui ne devraient plus y être, c'est ça ?
18:02Et on ne s'occupe pas de leur trouver autre chose pour libérer ces places pour celles et ceux, en l'occurrence,
18:08celles qui en ont le plus besoin ?
18:09Alors si vous parlez d'accès au logement, en fait, il y a deux sujets.
18:11Il y a d'abord un sujet qui est qu'on ne construit pas assez de logements sociaux en France depuis des années.
18:16Donc en fait, on ne répond pas à la demande, aux besoins en fait en logement social.
18:20Malgré la loi SRU ?
18:21Malgré la loi SRU, qui n'est pas respectée partout, et c'est un sujet en soi.
18:25Et par ailleurs, il y a un deuxième sujet qui est que dans les attributions,
18:28c'est-à-dire que dans les nouveaux logements qui sortent quand même ou les logements qui se libèrent,
18:32on n'attribue pas assez aux ménages les plus pauvres et les plus vulnérables.
18:36Ils se retrouvent en concurrence avec d'autres et ils sont souvent défavorisés dans cette concurrence.
18:40La loi, elle prévoit juste que 25% des attributions de logement social soient au bénéfice des 25% les plus pauvres.
18:46Donc ce n'est pas une surpriorisation, c'est juste reconnaître leur poids dans la société, leur place dans la société.
18:51Et c'est ça qui n'est pas appliqué aujourd'hui.
18:53Qu'est-ce que vous proposez sur ce point particulier dans votre rapport d'information ?
18:57Nous avons proposé que l'accès au logement social soit en priorité réservé,
19:04qu'il y ait une priorisation pour les femmes à la rue victimes de violences,
19:09comme sur le modèle des femmes victimes de violences intra-familiales,
19:12puisque 11 000 places leur ont été allouées.
19:15Apparemment, ça répond aux besoins.
19:17Il faut créer un facteur de priorité pour les femmes à la rue, évidemment.
19:21Est-ce que ces femmes à la rue, elles sont souvent avec des enfants ?
19:24Oui et non.
19:26Souvent, il y a deux choses.
19:29Soit vous êtes avec des enfants, vous allez tout faire pour les protéger.
19:32Et donc vous allez survivre d'hôtel social en hôtel social,
19:35dans des très mauvaises conditions pour élever des enfants.
19:38Si vous rencontrez des difficultés plus grandes,
19:41souvent ce qui va se passer, c'est que vos enfants vous seront retirés.
19:43Et ça, c'est une grande souffrance pour des femmes sans domicile
19:46qui aspirent à reconstruire des liens avec leurs enfants qu'elles n'ont pas vus depuis des années.
19:50Et en fait, c'est aussi un moteur qui peut les tirer vers l'avant,
19:53de se dire que si les choses vont mieux, elles pourront à nouveau recevoir et voir leurs enfants.
19:57Je parle des enfants parce qu'on voit une sorte de cercle vicieux de la rue et de la violence.
20:03C'est-à-dire qu'il y a beaucoup de personnes sans domicile fixe qui sont issues de famille,
20:09qui elles-mêmes étaient sans domicile fixe, qui sont passées par l'ASE, l'aide sociale à l'enfance, etc.
20:14C'est ça qu'il faudrait briser, cette espèce de fatalité de la rue.
20:17C'est un cycle de violence perpétuelle.
20:20En effet, c'est très préoccupant de voir qu'un quart des femmes à la rue aujourd'hui,
20:24encore une fois, on fait ce qu'on peut pour estimer, mais ce n'est pas facile parce qu'on manque de données,
20:27mais un quart des femmes à la rue sont passées par l'ASE.
20:30Donc, ça pose question sur l'accompagnement des sorties sèches de l'ASE.
20:35Et on a demandé un développement des contrats jeunes majeurs.
20:39Oui, parce qu'il faut expliquer, à partir de 18 ans, on sort de l'ASE et on n'a plus rien ou plus grand-chose.
20:47Donc, besoin d'accompagnement, mais je pense qu'on en a tous conscience.
20:51Il ne suffit pas d'héberger les gens, il faut les accompagner.
20:53C'est vraiment le sujet de construire des parcours.
20:56Que le passage dans une institution, que ce soit l'ASE, l'hôpital psychiatrique ou la prison,
21:01ça ne veuille pas dire ensuite aller à la rue par défaut de construction de la suite.
21:05Donc, tous les intervenants devraient être en train de se dire
21:07comment est-ce que j'aide les personnes à se construire des parcours qui vont les sortir de la pauvreté
21:11et pas juste intervenir sur un petit moment, puis ce qui se passe après moi, ce n'est plus mon problème.
21:16– Il y a aussi la question des femmes sans-abri qui sont en situation irrégulière, Olivier Grégoire.
21:21Alors là, c'est un peu ubuesque, on est dans un casse-tête administratif, pourquoi ?
21:25– On est dans un casse-tête administratif parce qu'on ne traite pas le problème.
21:28Et que, évidemment, c'est une approche qui peut, pour certains, être difficile.
21:34Et néanmoins, il faut regarder le problème de façon très pragmatique.
21:38On ne peut accéder au logement social que si on est en situation régulière,
21:42d'un point de vue administratif.
21:44Si la situation administrative n'est même pas examinée, on n'accède pas.
21:48Donc, on reste dans l'hébergement d'urgence, parfois 2, 3, 4 ans,
21:52ce qui embolise, ce qui contribue à complètement emboliser le système.
21:55On sait très bien que la majeure partie de ces femmes migrantes
21:59sont dans des situations dans leur pays qui justifient un titre en France,
22:03certaines même, on en a rencontré, avaient déjà un droit d'asile en France
22:08et pour autant, n'arrivaient pas, même avec des fiches,
22:12il faut mesurer à quel point c'est embolisé.
22:14Donc, n'arrivaient pas à accéder au logement.
22:17Mais à partir du moment où on ne traite pas la situation,
22:19elle pourrit et donc, c'est des gens qui bloquent l'hébergement d'urgence.
22:23Pour purifier tout ça, nous avons demandé l'application de la circulaire VALS,
22:28au cas par cas, l'examen des situations administratives.
22:31Nous avons demandé la création d'un guichet unique
22:34auquel pourrait se référer aussi tout le tissu associatif qui tente d'accompagner ces femmes.
22:39Parce que pour l'instant, même avoir un rendez-vous à la préfecture, c'est très difficile.
22:44En fait, aujourd'hui, des gens perdent leur titre de séjour
22:47faute d'accès à un rendez-vous en préfecture.
22:49Donc, c'est les délais de traitement qui produisent des gens en situation irrégulière
22:53et qui les bloquent dans des situations où notamment les femmes
22:55sont exposées à des risques d'exploitation en tout genre.
22:58Merci beaucoup. Merci à toutes les deux et à bientôt sur Be Smart For Change.
23:02On passe à notre rubrique Startup tout de suite.
23:10Smart Ideas avec Oscar Bourgeois. Bonjour.
23:12Bonjour.
23:12Bienvenue. Vous êtes le co-fondateur de Carthage.
23:14Vous l'écriez en 2022 avec Raphaël Toledano, commercialisation l'année suivante.
23:19C'était quoi l'idée de départ ? Racontez-moi.
23:21Carthage, en fait, nous, ce qu'on veut faire, c'est que tout le monde, demain,
23:24puisse facilement se prêter, partager des véhicules entre eux
23:27pour justement qu'on utilise un peu moins, un peu mieux cette voiture individuelle
23:31qui est source de tant de problèmes à la fois écologiques et économiques.
23:34Et donc, ce qu'on s'est dit, c'est que pour ce faire, il y avait quand même un gros frein.
23:37C'était celui de l'assurance. Qu'est-ce qui se passe ?
23:38Qu'est-ce qui se passe quand j'emprunte la voiture d'un ami, d'un voisin ?
23:41Qu'est-ce que je risque à prêter la mienne ?
23:43Et donc, on s'est dit que ce premier frein, ça allait être celui qu'on a élevé,
23:46donc en 2023, quand on a lancé, du coup, notre premier service
23:49qui est la première assurance à la journée dédiée à cette pratique
23:53qu'on souscrit en ligne, soit sur le site, soit sur l'appli mobile,
23:56en deux minutes, pour 5 euros, pour se couvrir quand on emprunte
24:00ou quand on prête un véhicule.
24:02Oui, donc, on couvre aussi le conducteur à qui on va prêter sa voiture,
24:06c'est ça, d'une certaine façon ?
24:06C'est que ça vient compléter l'assurance de la personne qui nous prête le véhicule
24:10pour faire en sorte que si jamais on a un pépin, un accident,
24:13on percute un platane dans le pire des cas,
24:15qu'on se souhaite à personne, évidemment, mais qui nous est arrivé,
24:19ce soit Carthage qui prenne en charge, par exemple, les dommages non pris en charge,
24:23les franchises, même l'impact sur le bonus-malus du propriétaire qui sera impacté.
24:27On en est où aujourd'hui ? Parce qu'il y a effectivement des particuliers
24:30qui peuvent se prêter leur voiture, mais il y a des applications,
24:32il y a des plateformes de partage de voitures entre particuliers.
24:36Double question.
24:37Un, est-ce que ça grignote vraiment des parts de marché
24:41à la location de voitures traditionnelles ?
24:43Et deux, est-ce qu'on est assuré ou pas quand on passe par ces plateformes ?
24:47Alors, du coup, pour refaire les deux, je pense que les plateformes,
24:50pareil, je ne sais pas si on a le droit de dire des noms, mais allez-y,
24:52Toureau, Gaterham, tout ça, qui sont vraiment aujourd'hui,
24:54même, c'est plus aujourd'hui vraiment de la location entre particuliers,
24:56c'est vraiment la location 2.0.
24:58Aujourd'hui, c'est quand même pas mal des pros qui achètent des flottes pour mettre en lock.
25:01C'est bien, ça fait des véhicules qui sont partagés,
25:03mais ça fait quand même des nouveaux véhicules parce qu'ils sont achetés pour partager machin.
25:06Nous, on n'est pas tout à fait sur le même secteur.
25:08On est revenu vraiment sur du côté du particulier
25:11qui aimerait simplement de temps en temps emprunter la voiture,
25:13par exemple, d'un voisin ou prêter la sienne,
25:16lui lever tous les freins pour que ça puisse être fait,
25:18vraiment dans des cercles un peu plus restreints.
25:20C'est-à-dire que un ou deux, amis, amies d'amis.
25:22Donc, on n'est pas tout à fait sur le même secteur,
25:24plutôt même complémentaire en fait.
25:25Et ensuite, pour le coup, sur ces plateformes-là,
25:27oui, il y a une assurance qui, pour le coup, fonctionne très bien
25:30et qui, en fait, c'est vraiment de la plateforme qui a un partenariat avec une assurance.
25:32– Mais alors, ce que vous, vous adressez,
25:35c'est un phénomène qui est en développement.
25:39Ça représente quel marché aujourd'hui ?
25:41– C'est un phénomène qui est en développement, qui est difficile à quantifier
25:44parce que c'est un truc sur lequel…
25:46C'est encore très informel, le fait de se prêter des voitures.
25:48Mais là, justement, nous, on prépare la première grande étude
25:51consacrée à ce sujet qui va sortir printemps 2025.
25:53Ce sera l'occasion d'avoir des chiffres super précis.
25:55Mais là, aujourd'hui, nous, typiquement, en termes d'usage,
25:58en gros, on a plus de 15 000 utilisateurs partout en France aujourd'hui qui sont récurrents.
26:04C'est encore en train d'augmenter.
26:05Et ce qu'on voit surtout, c'est que c'est vraiment divisé quasi à paragramme
26:07entre territoire rural et urbain.
26:09On n'est pas du tout sur un usage que, entre gros guillemets,
26:11bobos parisiens qui se partagent des voitures.
26:13C'est dans les petits villages, il y a des groupes de voisins
26:16qui s'organisent pour partager, etc.
26:18– C'est des groupes de voisins ou d'amis qui se prêtent les voitures
26:22ou alors il y a des transactions entre eux ?
26:23– Il y a les deux.
26:25Et nous, pour le coup, on peut aider notamment à fixer un prix juste de remboursement.
26:29Ok, j'ai emprunté ta voiture, combien je te dois ?
26:32Mais pour le coup, là, vu que c'est encore très informel,
26:34on n'a pas tout à fait les stats.
26:36Mais on sait qu'on a des prêts entre amis, entre voisins, non transactionnels,
26:40et des qui sont en fait avec un remboursement de l'usure, etc.
26:44– Il y a eu, je crois, une première levée de fonds au début de cette année 2024.
26:48Voilà, quel montant, quelle ambition.
26:51Vous en êtes où de la stratégie, finalement, de Carthage ?
26:54– Nous, on a levé au début de l'année 500 000 euros de Business Angels
26:58qui étaient dans notre réseau et qui voulaient nous pousser un petit peu.
27:01Et donc là, en fait, après cette année, on a structuré une petite équipe,
27:05notamment en termes de tech, parce qu'il y a pas mal de développement tech.
27:08Et donc là, on a lancé l'application mobile qui est disponible pour tous,
27:12pour que ce soit hyper facile d'emprunter une voiture depuis sa poche,
27:15en gros, de pouvoir s'assurer dessus.
27:17Et on lance aussi tout ce qui est un modèle dédié aux territoires, aux entreprises,
27:23parce qu'on se dit qu'il faut qu'on puisse s'adresser aux communautés déjà existantes
27:27qui ont déjà des membres, qui se connaissent avec un lien de confiance,
27:30pour leur permettre de leur donner les outils pour se partager des voitures,
27:34avoir accès justement… – Entre collègues, par exemple ?
27:36– Collègues, entre voisins.
27:38Donc, on a des premiers territoires, des premières entreprises partenaires.
27:40Ça, ça va être tout un deuxième modèle pour 2025.
27:44Et notamment aussi l'étude, la grande étude, pour avoir les chiffres de tout ce secteur-là,
27:49parce qu'aujourd'hui, en termes de législation,
27:51ça bouge pas mal autour de l'autopartage, comme ça avait bougé dans le Kovuat il y a 10 ans.
27:55Et donc, on a hâte de voir où ça va.
27:56– Et bien voilà, on reviendrait pour nous donner les résultats de l'étude.
27:59Merci beaucoup, Oscar Bourgeois, et bon vent à Carthage.
28:02Voilà, c'est la fin de ce numéro de Smart Impact.
28:04Merci à toutes et à tous de votre fidélité à Be Smart For Change.
28:08Salut !