• il y a 3 mois
Une barrière intellectuelle, financière, humaine… Ce nouvel élément de reporting, porté sur l’impact environnemental et social, qui a commencé à entrer en place depuis janvier 2024 présente un certain nombre d’enjeux pour les entreprises. Alexandre Rambaud, conférencier à Agroparistech et Sébastien Mandron, directeur RSE de Worldline nous donne les solutions pour leur faire face.
En partenariat avec le salon Produrable (9 et 10 octobre 2024).

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00:00Le débat de Smart Impact en partenariat avec le salon ProDurable, on parle de la
00:11directive européenne sur le reporting extra-financier, la CSRD avec Alexandre
00:16Rambon, bonjour, bienvenue, vous êtes enseigne chercheur chez AgroParisTech
00:21Syrède et Sébastien Mandron, bonjour et bienvenue, vous êtes le directeur RSE de
00:26Worldline, vous êtes également administrateur au collège des
00:29directeurs du développement durable le C3D. Cette directive européenne, on
00:33commence à en parler très régulièrement dans Smart Impact, je vais
00:36rappeler le calendrier de sa mise en place depuis le 1er janvier pour les
00:41entreprises qui remplissent deux des critères suivants, plus de 500 salariés,
00:45plus de 50 millions de chiffres d'affaires, plus de 25 millions de total
00:48de bilans et puis à partir du 1er janvier 2025, on passera à 250 salariés,
00:53toujours 50 millions de chiffres d'affaires, 25 millions de total du bilan
00:57et 1er janvier 2026, les PME cotés en bourse.
01:00Alexandre Rambon, je commence avec vous, c'est à la fois, c'est une contrainte
01:05mais pas que, est-ce qu'on peut dire ça ? Ah oui, tout à fait, alors évidemment
01:09contrainte parce qu'il y a une réglementation mais par contre derrière
01:15CSRD, il y a une vraie ambition de repositionner en fait les modèles
01:20d'affaires et de donner un cadre, en fait on commence à rentrer sur de la
01:25vraie comptabilité et la comptabilité c'est là pour vraiment accompagner le
01:29pilotage des organisations, l'analyse des performances et donc arriver à
01:33cadrer véritablement quel est le type de raisonnement pour le modèle d'affaires
01:38du futur, donc c'est vraiment en fait une initiative ambitieuse d'accompagnement
01:43de la transformation profonde des entreprises, c'est pour ça qu'on parle
01:46d'ailleurs de normes de management pour CSRD.
01:49D'où l'importance d'anticiper parce que là ça peut devenir une galère si les
01:53entreprises n'anticipent pas. Un mot de Worldline, c'est un fournisseur de
01:58solutions de paiement, émetteur de cartes de crédit, est-ce qu'elle est déjà
02:02concernée par la CSRD, à partir de quand vous allez vous y mettre ?
02:05Worldline c'est un acteur du paiement en fait en Europe, donc on gère
02:09une grande partie des transactions de paiement, donc carte bleue, quand
02:12vous mettez votre carte bleue dans un terminal de paiement distributeur, donc nous on est
02:16une ancienne société du CAC 40, on est OSBF 120, donc ça fait une dizaine
02:21d'années qu'on publie des éléments, donc on a la chance d'être dans la vague 1.
02:25Vous dites que c'est presque une révolution intellectuelle,
02:29que la première barrière est intellectuelle, pourquoi ?
02:31Alors en fait il y a une vraie complexité à interpréter les textes et à les travailler,
02:37et en fait c'est une vraie matière, c'est une vraie nouvelle matière en fait,
02:43et la difficulté c'est qu'il faut être dans une entreprise qui a déjà cette
02:48culture, qui a déjà cette compétence, pour être capable de tirer la substance et
02:52pouvoir se projeter, donc la vraie première barrière à l'entrée c'est
02:56vraiment une barrière de compétence, voilà et je dirais si vous devez faire
02:59de la comptabilité, il faut que vous soyez comptable, sinon ça marche pas, et ça c'est
03:02ça je dirais aujourd'hui la première difficulté pour les entreprises, c'est
03:05pour ça qu'aujourd'hui tous ceux qui sont dans la vague 1, ils sont dans le
03:08mouvement, ils ont mobilisé leur capacité intellectuelle, le CAC 40, l'OSBF 120
03:12avait des équipes, ceux qui vont arriver derrière vont être dans une logique de
03:15reprendre, mais aujourd'hui on est beaucoup en montant de compétences sur
03:18ces équipes. En interne ou avec des sociétés extérieures ?
03:22Ou mais principalement en interne, parce qu'en fait aujourd'hui ceux qui sont
03:27plongés les premiers en fait dans ces sujets là, c'est les grands corporates,
03:32ils ont commencé en avril mai de l'année dernière avant la publication de la norme,
03:35donc nous on a commencé à travailler dès mai l'année dernière, et on a en fait
03:40travaillé notre matrice avant que les textes soient validés, et en fait ce
03:45qu'on s'aperçoit que c'est que c'est un projet à 18 mois, d'accord, donc les gens
03:48qui disent moi je suis dans la vague 2, j'ai le temps, je m'y mettrai l'année prochaine,
03:52nous on a expérimenté le fait que c'est un projet à 18 mois.
03:55Donc le conseil que vous leur donnez c'est allez-y tout de suite ?
03:58Moi je pense qu'il faut y aller tout de suite, voilà, et d'habitude on se faisait
04:02jamais aider, et là en fait compte tenu de la masse, on se fait aider sur de la
04:07prestation spécifique, voilà, pour être honnête.
04:12Alexandre Rambaud, il y a la question des données nécessaires pour répondre
04:16correctement à la CSRD, et là peut-être qu'effectivement de temps en temps il
04:21faut se faire aider, est-ce qu'elles sont forcément accessibles, facilement
04:23accessibles dans les entreprises, est-ce qu'il faut aller les picorer à droite à gauche,
04:26vous voyez ce que je veux dire ?
04:27Tout à fait, donc ça évidemment c'est le sujet, et cette
04:32question, bon on est au début, on est au début, même au début du commencement,
04:36on est effectivement à la première vague, la deuxième vague va arriver, et il y a
04:40beaucoup de choses encore à créer et à faire, c'est-à-dire qu'il y a un certain
04:44nombre de données qui sont déjà présentes, les entreprises qui peuvent les
04:47créer effectivement en commençant à être accompagnées, et puis il y a des
04:51données où il va falloir que l'Union Européenne se positionne aussi, par
04:54exemple, on a un exemple très rapide sur les questions de l'eau, la CSRD est
05:00connectée directement à la directive 4 sur l'eau, qui oblige en fait à tenir
05:04compte du bon état écologique des masses d'eau, et ça c'est difficile à faire
05:08seul, en fait il va falloir aussi avoir des interactions avec les agences
05:12régionales de l'eau par exemple, et ça va être la même chose pour un certain
05:16nombre de sujets, c'était l'autorité des marchés financiers qui avait demandé
05:21d'ailleurs à l'Agence Européenne de l'Environnement s'il ne pouvait pas y
05:24avoir une tentative un peu de regrouper les sujets et d'aider en fait d'une
05:29façon ou d'une autre les entreprises, et dans le cadre de la chaire quantalité
05:32écologique que je co-dirige justement, on a en fait ces projets, en fait ces
05:35programmes pour lancer, si ce n'est des plateformes en tout cas, des débuts de
05:40réflexion sur comment on fait le lien entre la science qui est très mobilisée
05:43par CSRD et les données qui vont être nécessaires aux entreprises pour CSRD.
05:48Ces règles, elles introduisent cette idée de double matérialité, de quoi on parle précisément ?
05:53Oui alors ça c'est la grande révolution, vraiment c'est la posture
05:57fondamentale de l'Union Européenne, donc la matérialité en comptabilité c'est ce
06:02qui est important à prendre en compte, ça vient du droit, la matérialité de
06:06l'information, et donc double, pourquoi ? Parce qu'on a d'un côté la matérialité
06:11dite simple qui est de dire l'information environnementale et
06:15sociale est importante uniquement si elle montre les impacts sur le
06:20financier, donc les impacts de l'environnement sur l'homme financier,
06:24positif ou négatif, donc ça s'appelle risque opportunité.
06:27Maintenant on a la matérialité à impact qui est de dire que l'information est
06:31importante parce qu'elle montre les impacts de l'entreprise sur
06:36l'environnement, et la double matérialité c'est prendre les deux, c'est pas
06:39l'intersection, c'est vraiment les deux côte à côte, et donc la révolution de la
06:44double matérialité c'est de dire on va aussi communiquer sur les impacts de
06:47l'entreprise sur l'environnement, et ça change tout.
06:49Ça change tout Sébastien Mandon parce que c'est aussi un outil de comparaison,
06:54c'est à dire que tout le monde va être soumis aux mêmes règles et donc voilà
06:59si vous voulez vous comparer à un concurrent européen vous pourrez dire si
07:04vous êtes mieux disant ou pas quoi. Alors en fait ce qui est étonnant c'est que le
07:08texte, vous voyez je vous dis c'est un projet de 18 mois, on a beaucoup évolué nous en
07:12termes de pensée, c'est à dire que si vous posiez la question au C3D, aux membres
07:16du C3D en fait, en janvier et février, ils vous ont répondu en gros que 75% des gens
07:20répondent qu'ils vont changer d'outil pour les KPI, donc on a vu dès le début
07:24en fait le sujet des KPI, et en fait là on a basculé depuis sur les
07:28problématiques du plan de transition, parce qu'on voyait bien l'histoire des
07:31KPI, on les comparait, ça fait des années qu'on en a, ça fait 10 ans qu'on en a
07:34des KPI, et en fait là où la comparaison va plutôt avoir lieu, ce qu'on voit plus
07:38c'est sur le plan de transition, sur lequel là en fait on va vous demander globalement
07:42d'avoir une trajectoire qui contribue à la neutralité de carbone, mais surtout de
07:47mettre combien est-ce que vous dépensez dessus, quel moyen vous mettez, combien d'euros
07:52vous mettez, et là ça crée en fait une grosse divergence, c'est à dire que jusqu'à
07:56présent vous disiez je vais réduire les tonnes de CO2 5%, 10%, c'était bien, mais
08:01c'était pas comparable, quand vous êtes dans un secteur, dans le secteur de l'autonomie,
08:05vous dites bah moi voilà mon plan de transition il pèse 100 millions d'euros, d'accord,
08:09bah votre voisin il a mis 200, quand l'investisseur il va rapporter ça au chiffre d'affaires,
08:15il va dire attendez il y a un écart, c'est quoi l'explication, est-ce que ça veut
08:19dire que vous vous êtes fait plaisir, vous faites des voitures en bois, c'est aux caricatures,
08:22ou bien est-ce que vous vous avez optimisé votre marge, et donc vous êtes une société
08:26à risque, et vous voyez que là, à partir du moment où on rentre dans l'euro, on parle
08:32plus uniquement avec les investisseurs ISR, on parle avec le gérant qui va dire est-ce
08:36que cette entreprise fondamentalement elle gère ses risques extra financiers, parce
08:41que depuis 18 mois encore on sait c'est quoi un risque extra financier, les incendies
08:45on sait ce que ça veut dire, la pluie abondante qui empêche la production de carcasses d'autonomie,
08:51on voit bien en fait le gérant commence à identifier que l'entreprise peut avoir son
08:55business model qui est atteint ici par le réchauffement climatique, mais l'autre contrainte
08:59ce sera l'atteinte des limites planétaires, on a vu que l'ami Coutine quand il ferme
09:02le gaz, on a des soucis, si l'ami chinois il décide lui d'arrêter les terres rares,
09:07on aura aussi d'autres problèmes, et donc c'est pour ça qu'au début on nous a dit
09:11c'est un outil de reporting, on va faire de la transparence, mais là quand on descend
09:15le sujet, on s'aperçoit qu'il va falloir qu'on publie ces éléments qui vont être
09:18comparables pour les gérants.
09:19Et donc c'est un levier de transformation de notre économie qui est potentiellement
09:24très efficace, ça veut dire que ça va dépendre aussi des investisseurs, est-ce qu'ils l'ont
09:29déjà mis à leur agenda, est-ce qu'ils anticipent justement par rapport à ce que
09:33vous nous décriviez, c'est-à-dire vers quelle entreprise je flèche mes investissements ?
09:38Oui, alors en fait ce qui se passe c'est que je veux vraiment dans le sens qui a été
09:42dit, c'est-à-dire que CRD c'est la question des plans de transition et des budgets associés,
09:47on est bien au-delà des questions de simples métriques et effectivement l'enjeu c'est
09:52de pouvoir flécher et tracer de l'argent, depuis les investisseurs jusqu'à véritablement
09:57ce qu'on fait avec l'argent.
09:58L'enjeu de ces CRD c'est de connecter avec le plan d'action européen pour la finance
10:03durable et le Green Deal derrière et donc il y a une certaine cohérence au niveau européen
10:07sur la restructuration de la finance durable et la comptabilité durable.
10:10Donc que tous les investisseurs sont en or de bataille à l'heure actuelle, bon pas
10:14vraiment, on ne peut pas dire ça complètement, mais par contre avec les incitations que ce
10:18soit la taxonomie, avec SFDR, d'autres textes règlementaires, plus les CRD, on a un corpus
10:24cohérent qui va de toute façon inévitablement pousser en fait le secteur financier à réfléchir
10:29autrement.
10:30Ça c'est absolument inévitable et des acteurs commencent à s'y mettre et les premiers
10:33qui vont s'y mettre vont avoir un gain réel.
10:36Mais est-ce que ça va aussi permettre à certains investisseurs qui étaient hésitants
10:42face au poker menteur, face au greenwashing, etc. à y aller ? Parce que là ils auront
10:48des métriques, ils auront des données comparables.
10:50Ils auront quelque chose en fait de vraiment fondamental qui est justement la traçabilité
10:55de l'argent par rapport à ce qui est fait avec l'argent, c'est-à-dire le rôle historique
10:58d'ailleurs de la comptabilité.
10:59Et ça on le voit de la chair dans les échos qu'on peut avoir justement d'acteurs qui
11:07cherchent à se dire voilà si je mets un euro quelque part cet euro doit être efficace.
11:10Pour l'instant, il y avait une tendance à mettre un euro sur les valorisations SG
11:14en se disant bon ça fait un peu de SG, on récupère du rendement et bon on ne cherche
11:20pas trop à savoir.
11:21Là on va pouvoir rentrer et les pouvoirs publics vont le suivre aussi d'ailleurs dans
11:24quelque chose de beaucoup plus profond qui est on veut savoir ce qu'on fait avec l'argent.
11:28Merci beaucoup, merci à tous les deux et bon salon produrable et bon courage pour intégrer
11:34la CSRD dans vos entreprises respectives.
11:40Merci à notre rubrique Startup, le recyclage des emballages ménagers au programme.

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