Les Français sont les champions d'Europe de la consommation de cannabis, pourtant, la politique de répression du trafic de stupéfiants en France est parmi les plus répressives du monde occidental. Faut-il dès lors changer de cap pour lutter contre le traffic de cannabis ? Opter pour la légalisation comme l'on déjà fait plusieurs pays ?
Pour ce débat, Jean-Pierre Gratien reçoit : Ludovic Mendes, député Ensemble pour la République de la Moselle, et l'un des auteurs de la mission d'information visant à évaluer l'efficacité de la politique de lutte contre les trafics de stupéfiants, Frédéric Lauze, secrétaire général du Syndicat des commissaires de la police nationale (SCNP) et Frédéric Ploquin, écrivain et journaliste d'investigation.
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Pour ce débat, Jean-Pierre Gratien reçoit : Ludovic Mendes, député Ensemble pour la République de la Moselle, et l'un des auteurs de la mission d'information visant à évaluer l'efficacité de la politique de lutte contre les trafics de stupéfiants, Frédéric Lauze, secrétaire général du Syndicat des commissaires de la police nationale (SCNP) et Frédéric Ploquin, écrivain et journaliste d'investigation.
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NewsTranscription
00:00:00Générique
00:00:02...
00:00:16Bienvenue à tous dans Débat doc.
00:00:18Les Français sont les champions d'Europe
00:00:21de la consommation de cannabis et pourtant,
00:00:23nous mettons en oeuvre la politique de répression
00:00:26du trafic de stupéfiants parmi les plus répressives
00:00:29du monde occidental.
00:00:30C'est ce constat dont s'empare le documentaire
00:00:34qui va suivre, Cannabis, un paradoxe français
00:00:37réalisé par Ali Ouattani.
00:00:39À travers un regard et une histoire personnelles,
00:00:42un film qui s'interroge sur les crispations
00:00:45de la société française sur le sujet
00:00:48et ouvre la voie vers d'autres formes de lutte
00:00:50contre ce trafic, comme l'ont déjà fait d'autres pays.
00:00:54Je vous laisse le découvrir et je vous retrouverai
00:00:56en compagnie du député Ludovic Mendes,
00:00:59du commissaire Frédéric Lose et du journaliste Frédéric Ploquin.
00:01:03Avec eux, nous débattrons de l'opportunité
00:01:06d'un changement de cap en matière de lutte contre le cannabis
00:01:10en optant pour sa légalisation.
00:01:12Bon drac.
00:01:14Musique rythmée
00:01:17...
00:01:24Tu vois ce qu'il faut ?
00:01:26Vas-y, vas-y.
00:01:27Faut faire un banc.
00:01:29Un banc isolé à l'abri des regards.
00:01:32Ouais, tu vois ce qu'il faut.
00:01:34Dieu !
00:01:35Je suis un bon produit !
00:01:38Un pote, du cannabis, des feuilles à rouler, et voilà.
00:01:41Et ouais, je connais.
00:01:44Ça se détend avant que j'y aille.
00:01:47Rouler des joints, ça, on savait le faire.
00:01:50Avec le temps, on peut même dire qu'on était devenus des artistes.
00:01:55Il y a 20 ans, j'étais assis là comme eux.
00:01:58Je compte pas les heures, les jours qu'on a passées à s'enfumer,
00:02:02à refaire le monde, à tromper l'ennui, à cramer notre adolescence.
00:02:05J'avais fait ma peur.
00:02:07Est-ce que ça a détruit nos vies ? Je crois pas.
00:02:11Vas-y, vas-y.
00:02:13Dans le bon mood.
00:02:14Est-ce que ça nous a aidés à devenir ambassadeurs aux cosmonautes ?
00:02:18Je crois pas non plus.
00:02:20Dans nos familles, au lycée, personne ne nous en parlait jamais.
00:02:23On savait même pas ce qu'on fumait.
00:02:25À part nous envoyer les flics quand l'État prétendait s'adresser à nous.
00:02:29Au début, tu fumes un joint par mois.
00:02:31Après, tu fumes un joint par semaine ou un joint par jour.
00:02:34Après, tu sors plus.
00:02:36Isolement, repli sur soi, perte de motivation.
00:02:39Le cannabis est une réalité.
00:02:41À la télé, on voyait notre précieuse petite fille
00:02:44se faire un petit déjeuner.
00:02:47À la télé, on voyait notre président de la République
00:02:50qui s'envoyait des grandes bières à chaque occasion.
00:02:53Quand je vais au restaurant, on ne me demande pas ce que je veux boire.
00:02:57On m'amène une bouteille de bière.
00:02:59On ne comprenait pas pourquoi.
00:03:02Eux, ils picolent avec fierté et nous, on doit se cacher comme des voleurs.
00:03:06Passage par le stand des Domtom.
00:03:08Un petit verre de rhum et le voilà reparti vers les bouteilles.
00:03:12À l'époque, il y avait une bande de hippies
00:03:15qui militaient déjà pour la légalisation.
00:03:18Le hache de guerre est déterré.
00:03:20Sur l'herbe du parc de la Villette,
00:03:23les accrocs du joint porte-bonheur n'ont jamais été aussi heureux.
00:03:27Pour ces consommateurs de stupéfiants,
00:03:29le cannabis n'est pas plus dangereux que l'alcool ou le tabac.
00:03:32Je préfère fumer entre potes.
00:03:34Avec tes potes, tu fumes un joint.
00:03:36C'est plus sympa que d'avoir un coup de rouge.
00:03:39Tu mets un peu de zik, un petit pet.
00:03:42T'es entre potes et c'est tous ensemble.
00:03:4620 ans après,
00:03:48partout dans le monde, on légalise le cannabis.
00:03:51Chez nous, c'est encore tabou.
00:03:53Pourtant, on est parmi les plus gros consommateurs
00:03:57et le trafic explose.
00:03:59C'est un genre de paradoxe.
00:04:01Pour essayer de le comprendre, j'ai décidé de prendre la route.
00:04:04Quand on parle cannabis, on pense à l'autre côté du périphérique
00:04:07et aux dealers des cités HLM. C'est sûr, ça existe.
00:04:10Mais enquêter sur le cannabis,
00:04:12ça vous conduit aussi chez les agriculteurs de la France profonde
00:04:15ou dans des laboratoires high-tech sur un campus universitaire.
00:04:19Je suis même allé à New York.
00:04:21Là-bas, c'est légal.
00:04:23Et le gouvernement a donné des licences pour vendre du cannabis
00:04:26en priorité à des anciens condamnés pour trafic de stupéfiants.
00:04:29Un autre genre de paradoxe.
00:04:35Pour commencer mon périple,
00:04:37je suis allé voir le doyen des militants.
00:04:39Jean-Pierre Galland.
00:04:42Il a lutté pendant près de 40 ans pour la légalisation.
00:04:51Jean-Pierre, son problème à lui, c'était l'article L630,
00:04:55qui punit jusqu'à 5 ans de prison
00:04:57le fait de présenter le cannabis sous un jour favorable.
00:05:01La France est le seul pays à avoir cette législation.
00:05:05Il devrait y avoir pas mal d'occupants.
00:05:07Ça, c'est des années de...
00:05:09Oui, des années de militantisme.
00:05:11Par exemple, tout ça, j'en ai presque plus, parce que...
00:05:14Le cannabis, c'est bon, abrocation de l'article L630.
00:05:18C'était quoi ?
00:05:21En France, il était interdit de dire que le cannabis, c'est bon.
00:05:24La représentation sous un jour favorable.
00:05:26Sous un jour favorable, incitation à l'usage
00:05:29et provocation à l'usage.
00:05:31Je suis passé au tribunal 7-8 fois, je crois.
00:05:337-8 fois ?
00:05:36Le premier, c'était en 1995.
00:05:388 fois, c'était des L630 ?
00:05:40Les L630, à chaque fois.
00:05:42Quand on venait chez moi, j'avais toujours un peu de bœuf, tout ça.
00:05:46Ils apprenaient pas, ils m'ont jamais accusé d'usage, par exemple.
00:05:51Ils se contentaient du L630.
00:05:538 fois, c'est de la récidive, ça.
00:05:56Je suis pas le seul.
00:05:58Jean-Pierre a fondé le Centre d'information et de recherche cannabique,
00:06:01le CIRC.
00:06:03Quand on a ouvert le CIRC, en 1991,
00:06:06on était tous persuadés que le cannabis,
00:06:10en l'an 2000, serait au moins dépénalisé et peut-être légalisé.
00:06:14En l'an 2000, c'était l'objectif ?
00:06:16C'était l'objectif, oui.
00:06:17Le cannabis, son seul problème, c'est un problème culturel.
00:06:20Mais aujourd'hui, je le répète, il est intégré dans nos mœurs.
00:06:24Les politiques, ils connaissaient vraiment pas le sujet.
00:06:27On le connaissait, on leur apportait des renseignements utiles.
00:06:30Souvent, des journalistes, ils nous téléphonaient
00:06:33pour qu'on les renseigne sur le statut du cannabis,
00:06:36l'autoproduction, etc.
00:06:38Donc, on a fait des émissions.
00:06:40Vous étiez un lobby ?
00:06:43Oui, on pourrait dire qu'on était un lobby.
00:06:49Leur truc, c'était les actions coup de poing.
00:06:53Comme l'opération chanvre aux députés.
00:06:56Des enveloppes suspectes circulaient cet après-midi à l'Assemblée.
00:07:00À l'intérieur, un livret et un drôle de petit cylindre
00:07:03fourré au cannabis, un envoi diversement apprécié.
00:07:06C'est en 1997.
00:07:07Chaque député a eu un jour ?
00:07:09Oui, avec un bien corsé pour Christine Boutin.
00:07:13C'est une provocation à la consommation.
00:07:15Je vais traduire cette association
00:07:17devant la 13e chambre correctionnelle de Paris.
00:07:20Surprise ou hostilité, le débat sur la dépénalisation du cannabis
00:07:24prenait le pas dans les couloirs.
00:07:26Fais gaffe à ce que tu fumes !
00:07:28On a bien sûr été vilipendiers.
00:07:31Il y en a qui se sont offusqués, d'autres qui ont plutôt rigolé.
00:07:35Il y a 11 députés qui ont porté plainte,
00:07:38tous RPR, MUDF, je ne sais plus ce que c'était à l'époque,
00:07:42emmenés par Christine Boutin.
00:07:44Il est condamné ?
00:07:45Il est condamné, oui.
00:07:47Jean-Pierre a aussi été poursuivi à cause du logo du cirque,
00:07:50un clown.
00:07:55Et le clown, il a l'air de se moquer de nous ?
00:07:59Il sourit, il est content.
00:08:01Il a fumé du cannabis et le cannabis fait rire.
00:08:04Il est dénoncé, le clown.
00:08:06Oui, un peu défoncé.
00:08:07C'est un peu provocateur.
00:08:10Nous, on est plus proche des libertaires
00:08:12que des socialistes à la mort molle nœud.
00:08:15Des gens qui sont tièdes.
00:08:18Le cannabis se marie bien avec un caractère effronté,
00:08:21un peu tout ça.
00:08:23Quand on a fait le cirque, c'était quand même en 1992.
00:08:28En 1991, ça a beaucoup évolué.
00:08:30Oui, bien sûr.
00:08:31Les gens fument, ils n'osent plus nous attaquer pour rien.
00:08:34Enfin bon, voilà.
00:08:36Donc, on essaie d'en propiter.
00:08:38Mais au lieu que ça avance dans le temps,
00:08:41avec nos arguments, parce que nos arguments sont justes
00:08:45et corrects par rapport à la pénalisation,
00:08:48on n'a pas avancé pour autant.
00:08:50On est même reculés, je dirais.
00:08:52C'est bizarre.
00:08:53C'est vrai, c'est bizarre.
00:08:55Pour comprendre cette politique de répression
00:08:59qui a sévi contre Jean-Pierre et ses camarades,
00:09:02je suis allée voir Zoé Dubus.
00:09:04Elle est historienne spécialiste
00:09:06des politiques publiques en matière de stupéfiants.
00:09:09A partir de 1968 et de mai 68 en particulier,
00:09:12la jeunesse française va se rebeller
00:09:15de la même manière que la jeunesse américaine
00:09:18se rebelle aux Etats-Unis.
00:09:20Ça va faire peur à la classe politique française
00:09:23avec des discours à l'Assemblée pour réclamer
00:09:26le vote d'une nouvelle loi.
00:09:29Cette drogue, employée facilement parce qu'elle se fume,
00:09:32est un poison qui crée des phénomènes délirants,
00:09:35d'une violence extraordinaire,
00:09:38des hallucinations visuelles ou auditives
00:09:41qui nécessitent bien trop souvent l'internement.
00:09:44La loi de 1970 vient deux ans après mai 68
00:09:47et est l'une des plus restrictives d'Europe
00:09:50qui va être mise en place à ce moment-là.
00:09:58La loi contre la toxicomanie et la répression du trafic
00:10:01et de l'usage illicite des substances vénéneuses.
00:10:04Elle punit le trafic de cannabis d'une peine
00:10:08pouvant aller jusqu'à 20 ans de réclusion criminelle.
00:10:11La répression, ça fait plus de 50 ans que ça dure.
00:10:14Elle s'est même durcie ces dernières années
00:10:17avec la multiplication des opérations coups de poing.
00:10:20Nous nous attaquerons à tous les réseaux,
00:10:22de la base jusqu'au sommet.
00:10:25Nous nous attaquerons à chaque point de deal, un à un.
00:10:28Je veux ici rendre hommage aux forces de l'ordre
00:10:31qui se battent au quotidien et accomplissent
00:10:34un travail absolument exceptionnel.
00:10:37La répression, la guerre à la drogue,
00:10:40c'est convaincant à l'Assemblée nationale.
00:10:43Mais sur le terrain, est-ce que ça marche ?
00:10:47À Soissons, dans l'Aisne,
00:10:49j'ai suivi le lieutenant Vivé et ses collègues.
00:10:52Ce matin, l'objectif, c'est d'attraper le dealer
00:10:55d'un quartier sensible de la ville.
00:10:58Tous les effectifs du secteur sont sur le coup.
00:11:01...
00:11:04Aujourd'hui, on est sur une opération de harcèlement
00:11:08de points de deal sur le secteur de Prel.
00:11:11C'est un secteur sur lequel on travaille très régulièrement.
00:11:14C'est notre plus gros secteur en termes de présence.
00:11:17...
00:11:20On a plusieurs équipages qui sont positionnés
00:11:23tout autour de la cité.
00:11:25Le 1er objectif, c'est de pouvoir interpeller des consommateurs,
00:11:29de pouvoir les auditionner et de recueillir des éléments.
00:11:32Parallèlement, on a des collègues qui sont en surveillance
00:11:35sur un point choisi du secteur
00:11:38et qui peuvent nous renseigner sur l'arrivée de ces derniers
00:11:41pour mettre en place notre opération d'interpellation.
00:11:44Voilà.
00:11:46...
00:11:49...
00:11:52...
00:11:55Les policiers reçoivent en direct les photos
00:11:58prises par les caméras de surveillance de la ville.
00:12:01On se resserre. On a le vendeur qui vient d'arriver sur le point.
00:12:04On a des acheteurs qui commencent à prendre contact.
00:12:07On va voir comment ça se passe.
00:12:10...
00:12:13On a des collègues qui viennent de localiser un des acheteurs.
00:12:16Hypothétique acheteur, on va vérifier
00:12:18s'il est en position ou pas de produits stupéfiants.
00:12:21On va se rapprocher des collègues.
00:12:23On va venir de Paris et on va taper.
00:12:25...
00:12:29...
00:12:32On s'arrête, monsieur ?
00:12:34...
00:12:37C'est les deux où, là ?
00:12:39C'est quoi, là-bas ?
00:12:41Laissez les bras.
00:12:44La tolérance zéro et les formules chocs, c'est bien.
00:12:47Mais pour les policiers, c'est beaucoup de temps.
00:12:51...
00:12:54Vous avez fait quelque chose ?
00:12:56Non, mais j'ai pas fait de transact.
00:12:58Je suis allé, je l'ai vu, il m'a dit de repasser.
00:13:01Vous l'avez pas ? C'est ça ?
00:13:03Je lui ai dit qu'il m'a dit de repasser.
00:13:06Où est-ce que vous allez ?
00:13:08Evidemment, personne n'a jamais rien.
00:13:10Alors on fait venir le chien.
00:13:12...
00:13:15...
00:13:19Client après client, les policiers embarquent à tour de bras.
00:13:24En tout, une demi-douzaine de gars vont être amenés au poste.
00:13:27...
00:13:31...
00:13:34...
00:13:36Celui-là a été vu en train de se ravitailler à la cité.
00:13:39...
00:13:41Sortez du véhicule, s'il vous plaît.
00:13:43Mais évidemment, lui non plus, il a rien fait.
00:13:46Parce qu'il n'y a rien, vous allez en aller jusqu'au bout.
00:13:49Il n'y a rien dans sa voiture, mais les policiers sortent un test salivaire.
00:13:53Opiacé et cocaïne, c'est positif.
00:13:55Mais c'est pas possible.
00:13:58Je crois pas, c'est pas possible.
00:14:00C'est pas moi qui fais un test.
00:14:02Il y croit pas, mais il va quand même rejoindre les autres au commissariat.
00:14:06Les policiers ont assez de preuves pour lancer la suite de l'opération.
00:14:10On a deux Fabien, pour l'ensemble des effectifs.
00:14:13Retour service pour briefing et mise en place de l'opération.
00:14:25...
00:14:29On monte à l'étage, tout le monde.
00:14:31On se met sur la salle vers le 1er étage, on va faire un petit briefing.
00:14:35Pour le briefing, il y a encore plus d'uniformes.
00:14:38Une trentaine de fonctionnaires sont mobilisés.
00:14:42On va attaquer la 2e partie de l'opération.
00:14:45La 1re partie, on a interpellé des consommateurs.
00:14:48Là, on a pu identifier le vendeur.
00:14:51L'objectif, ça va être de l'interpeller.
00:14:53On se positionne sur chaque point à l'extérieur de la cité.
00:14:56Quand vous êtes tous positionnés, je fais un rappel sur les ondes.
00:14:59Et à ce moment-là, on déclenche.
00:15:01L'important, là, aujourd'hui, c'est vraiment d'interpeller le vendeur.
00:15:05Vous avez vu la photo.
00:15:08D'accord, les gars ?
00:15:10L'objectif, c'est lui.
00:15:12Le dealer qui a fourni tous les clients de ce matin.
00:15:16C'est bon pour tout le monde ?
00:15:18Et bien, on est partis.
00:15:20Et il est loin d'imaginer la débauche de moyens
00:15:22qui ont été mis en place pour l'interpeller.
00:15:24Une colonne de 4 motos, un fourgon, 5 voitures,
00:15:28des hommes à pied, et la brigade Canin sont en route.
00:15:32Un déclenchement d'un reste d'alarmes.
00:15:34On va partir, on va attaquer le 1er étage.
00:15:38Pour l'ensemble des effectifs, on se dirige sur les points.
00:15:41C'est parti pour tout le monde.
00:15:43On se rapproche avec l'objectif qu'on a fixé.
00:15:51Le problème, c'est que les dealers ont l'habitude et ils courent vite.
00:15:55D'ailleurs, quand la police débarque, tout le monde court.
00:15:59Il y a un problème.
00:16:02Il y a un problème.
00:16:04Il y a un problème.
00:16:07C'est bon ?
00:16:09Arrête-toi ! Arrête-toi !
00:16:11Arrête-toi ! Arrête-toi !
00:16:13Arrête-toi, s'il te plaît !
00:16:15Pourquoi tu cours ?
00:16:18Pourquoi tu cours ?
00:16:20Le gosse avait rien fait.
00:16:22Pendant ce temps-là, une autre équipe a interpellé le dealer.
00:16:25D'accord ?
00:16:27On va parler avec le gars.
00:16:29Le produit, je l'ai pas regardé encore.
00:16:32On a juste palpé comme ça, sommairement.
00:16:34D'accord ?
00:16:36C'est bien lui ? C'est bon ?
00:16:38C'est top. Bien, les gars.
00:16:40Les cables.
00:16:42Les policiers savent que le stock de drogue est quelque part.
00:16:45Aujourd'hui, ils ne le trouveront pas.
00:16:50Je pense qu'on a tous conscience
00:16:52que c'est un phénomène qui va être très difficile à endiguer.
00:16:55Une fois qu'on l'a accepté, on se range autrement.
00:16:58Moi, en ce qui me concerne, je pense plus aux personnes
00:17:01qui subissent ce trafic de stupéfiants, aux personnes qui travaillent ici,
00:17:05qui se retrouvent embêtées,
00:17:07qui ont leurs enfants qui rentrent du collège, du lycée,
00:17:11qui croisent ces personnes dans le hall.
00:17:13On le fait pour ça.
00:17:15Depuis leurs fenêtres, les habitants voient le même manège
00:17:18se répéter sans cesse, semaine après semaine.
00:17:21Des flics qui courent dans tous les sens
00:17:23après des dealers qui seront remplacés dans la minute.
00:17:36Je viens de voir pour faire le bilan de l'OP.
00:17:39L'individu a été trouvé porteur d'un morceau de résine cannabis
00:17:43et une somme conséquente d'accord.
00:17:45Donc, il y a 675 euros.
00:17:47D'accord. 675 euros.
00:17:49Un billet de 200. Après, c'est des petites coupures.
00:17:52Il avait un peu de produit sur lui aussi ?
00:17:54Oui, un morceau, mais je l'avais vu.
00:17:57Ça cache à différents rangs.
00:17:59Il y a des ravitaillements.
00:18:01C'est difficile de le trouver avec de la matière.
00:18:04Donc, c'est une réussite.
00:18:06On y retournera, comme d'habitude.
00:18:09C'est ce qu'on fait toutes les semaines.
00:18:11Merci à vous pour votre investissement.
00:18:13Et à la prochaine opération.
00:18:15Bravo !
00:18:17Applaudissements
00:18:19...
00:18:22Quelques grammes de cannabis en moins dans un pays qui en regorge.
00:18:25Malgré les saisies et les arrestations,
00:18:27les prix de vente au détail restent stables.
00:18:30Autour de 10 euros le gramme de cannabis.
00:18:32Ça veut dire qu'il y a toujours
00:18:34autant de drogues disponibles.
00:18:36J'ai pu rencontrer quelques dealers.
00:18:38Il serait plus de 20 000 en France
00:18:40à travailler à plein temps dans le trafic.
00:18:43Tu as vu ça ?
00:18:45Ça devait être 30 euros.
00:18:47Voilà. Il y a 5 grammes.
00:18:49Les deux, ça fait 10 grammes.
00:18:5160 euros.
00:18:53Pareil pour la beuh, il y a 5 grammes.
00:18:5530 euros.
00:18:58Les deux, 60 euros, ça fait 10 grammes.
00:19:00Et si tu as les gros paquets comme ça, 60 grammes,
00:19:02c'est 20 euros.
00:19:04Je dépose 10 grammes.
00:19:06C'est la frappe.
00:19:08C'est à 800 euros les 50 grammes.
00:19:10Sur la table, il y a combien ?
00:19:13À peu près.
00:19:155 000 euros.
00:19:175 000, 6 000 euros.
00:19:19Des fois, il n'y a plus rien.
00:19:21Une semaine, il n'y a plus qu'à partir.
00:19:23Ça va vite.
00:19:26Ça va très vite.
00:19:28Ça, tu le vends...
00:19:30Il y a des clients qui t'appellent.
00:19:32Il y a des jours où tu fais 500, 400, 300, 200.
00:19:35Il faut répondre aux clients.
00:19:38Il faut rester sérieux.
00:19:40Dès que tu reçois un message, tu vas.
00:19:42Si tu n'es pas sérieux, tu ne vas pas aller loin.
00:19:44Tu peux prendre combien ?
00:19:46Je ne te demande pas.
00:19:48J'ai 48 condamnations à mon actif.
00:19:51Je ne te demande pas. Je prends 5 ans minimum.
00:19:53Je prends 5 ans.
00:19:55C'est simple.
00:19:57Je travaille comme un commerçant.
00:19:59Après, je me gère.
00:20:01Et voilà.
00:20:03Des fois, on donne ça aux clients.
00:20:05C'est des cadeaux.
00:20:08On donne des petits cadeaux.
00:20:10C'est pour fidéliser la clientèle.
00:20:12Il m'a envoyé un message.
00:20:14Quand je demande à un client,
00:20:16il m'envoie un message.
00:20:18Je vais lui écrire.
00:20:21C'est un client qui parle avec moi.
00:20:23Il veut 100 grammes.
00:20:25Je lui fais 450.
00:20:27Tous les semaines, il me récupère 100 grammes.
00:20:32Je lui explique qu'il n'y a que du XFAT 3 et de la 2.
00:20:35Comme tu vois sur la table.
00:20:37Comme ça, il peut choisir ce qu'il veut.
00:20:39En tout cas...
00:20:41Tu vas lui mettre un banco ?
00:20:43Voilà.
00:20:45Je lui mettrai un banco et son morceau.
00:20:48Je lui ramène.
00:20:50Il me donne les sous.
00:20:52Il n'y a rien. C'est de suite.
00:20:54Toute la journée, c'est pareil.
00:20:56Il y a beaucoup de clients qui m'ont parlé aujourd'hui.
00:20:581, 2, 3, 4, 5, 6.
00:21:00Tu vois ?
00:21:03Tu fais ça.
00:21:05Tout ça, c'est des clients certifiés et validés.
00:21:07Il y en a 300, moi.
00:21:11C'est le filtré qu'on a.
00:21:13Derrière son téléphone,
00:21:15ils ne sont pas prêts de l'attraper.
00:21:18Ni lui, ni les clients qui commandent en ligne
00:21:20et qui se font livrer.
00:21:22Une affaire qui roule.
00:21:24C'est une publicité.
00:21:26C'est ça. C'est une publicité, en fait.
00:21:28Tout dans la publicité, tout dans le marketing.
00:21:30C'est comme ça que tu avances.
00:21:33Maintenant, il y a tout ce qui est comme ça.
00:21:38Des mecs comme lui,
00:21:40il y en a des centaines partout sur les réseaux sociaux.
00:21:42L'offre est illimitée.
00:21:44Il y en a même qui prétendent faire du bio.
00:21:46Et au passage, certains vendent aussi des flingues.
00:21:49Des flics qui courent,
00:21:51des dealers qui dealent,
00:21:53des clients qui fument,
00:21:55des politiques toujours plus répressives
00:21:57et des campagnes de culpabilisation qui ne fonctionnent pas.
00:21:59Ni à mon époque, ni aujourd'hui.
00:22:09Il y a des choses qui ne changent pas.
00:22:11Mais il y a quand même eu une évolution depuis ce temps-là.
00:22:13Ces boutiques qui ont ouvert un peu partout,
00:22:15elles vendent du cannabis, plus précisément du CBD.
00:22:17Il y a même tout un business.
00:22:19Des infusions, des huiles
00:22:21et même des cosmétiques.
00:22:25Du cannabis en vente libre ?
00:22:30Pour comprendre, je suis allé dans la Creuse,
00:22:32rencontrer Jouan Ichatou.
00:22:35Cet agriculteur tire 70 % de ses revenus du cannabis.
00:22:42Ça, c'est donc vache race limousine.
00:22:46C'est la production historique de la ferme,
00:22:48avec quelques brebis et des cochons aussi.
00:22:53Après, on a toujours été sur une ferme assez diversifiée
00:22:55puisque mes parents faisaient de l'accueil à la ferme.
00:22:57Il y avait les fermes auberge, tout ça.
00:22:59On a fait de la vente directe,
00:23:01on faisait les marchés, la restauration à la ferme.
00:23:04Donc on a toujours été un peu à l'affût
00:23:06de tout ce qui était nouveau,
00:23:08de la nouvelle production et autres.
00:23:10Et là, maintenant, on est parti sur le cannabis.
00:23:14Ça fait un an et demi qu'on est parti sur le cannabis.
00:23:17Ça fait maintenant 5-6 ans, depuis 2018,
00:23:19qu'on s'est lancé dans la production
00:23:21spécifique de chanvre actif.
00:23:24Alors, chanvre actif,
00:23:26c'est du chanvre qui contient des cannabinoïdes,
00:23:28donc CBD, qui est le plus connu,
00:23:30mais il y a aussi CBG, un peu de THC,
00:23:32du CBC.
00:23:34Enfin, il y en a une centaine de cannabinoïdes.
00:23:37Mais on reste à la base
00:23:39sur exactement la même plante.
00:23:41Les cannabinoïdes,
00:23:43ce sont les principes actifs.
00:23:45C'est compliqué,
00:23:47mais c'est important de comprendre.
00:23:49Ça, c'est du cannabis.
00:23:52Le petit bourgeon, c'est ce qu'on appelle la fleur.
00:23:54C'est là que se trouvent les deux substances
00:23:56les plus connues du cannabis, le CBD et le THC.
00:23:58Selon la variété,
00:24:00il y a plus de CBD ou plus de THC.
00:24:02Le THC, c'est celui qui défonce.
00:24:05Il entraîne une dépendance
00:24:07et joue un rôle démontré dans le déclenchement
00:24:09de plusieurs pathologies psychiatriques,
00:24:11notamment chez les plus jeunes. Il est illégal.
00:24:13Le CBD, lui, est parfaitement légal.
00:24:15Il ne défonce pas et n'entraîne pas de dépendance.
00:24:17Son petit nom commercial,
00:24:20c'est le cannabis bien-être.
00:24:22Mais en réalité,
00:24:24c'est le mot même de cannabis qui fait peur.
00:24:26Qu'il soit légal ou pas.
00:24:31La première réaction d'un décideur ou d'un politique,
00:24:33c'est tout de suite sur la défensive
00:24:35et l'imaginaire du mec qui va fumer le pétard.
00:24:37Alors que quand tu rentres dans les discussions,
00:24:40notamment avec les politiques localement,
00:24:42où tu leur expliques qu'il y a un enjeu derrière,
00:24:44un enjeu de rémunération pour les agriculteurs,
00:24:46de création de valeur ajoutée sur un territoire,
00:24:48d'emploi, tout ça, donc là, il y a un aspect
00:24:50qui est complètement différent. Alors que généralement,
00:24:52ils ne mettent pas très longtemps à changer la vie.
00:24:55Depuis 4 ans, Joanny s'est lancé à fond
00:24:57dans la vente de cannabis, créant au passage
00:24:59une vingtaine d'emplois. Mais à l'arrivée,
00:25:01c'est une nouvelle situation paradoxale.
00:25:03Le cadre légal n'est pas tout à fait au point.
00:25:05Donc là, ils sont en train de remplir les sachets.
00:25:08C'est des commandes qui partent dans des bureaux de tabac.
00:25:10Donc là, c'est des sachets de 10 grammes.
00:25:12C'est pas marqué qu'on a le droit de le fumer,
00:25:14parce que, justement, c'est l'épocrisie
00:25:16du système français. C'est que, pour l'instant,
00:25:18c'est très compliqué de dire que le chanvre
00:25:21est un produit à fumer. Voilà.
00:25:24Il n'y a pas vraiment de classification claire.
00:25:26Donc, du coup, on vend des fleurs en bureau de tabac
00:25:30qui sont vendues sous forme d'infusion,
00:25:32avec marqué dessus, ne pas fumer,
00:25:34infuser avec un corps gras.
00:25:36Mais dans le même temps, on met aussi
00:25:38le petit logo interdit aux moins de 18 ans
00:25:40et aux femmes enceintes. On est dans un flou artistique,
00:25:43encore une fois, qui est problématique,
00:25:45parce qu'on aimerait, nous, que ça soit cadré.
00:25:47Ca fait cinq ans qu'on vend un cadre,
00:25:49et ça fait cinq ans qu'on n'a pas de cadre.
00:25:51Alors après, on a des pré-roulés.
00:25:53C'est comme un joint, entre guillemets.
00:25:55Mais 100 % chanvre. Il n'y a pas de tabac.
00:25:58Là, tu peux pas dire que c'est une infusion.
00:26:00Donc dessus, fumer-tu.
00:26:02Et puis après, par contre, là où on se démarque énormément
00:26:04de ce qui est produit dans les autres pays,
00:26:06c'est que la France, on a fait le choix
00:26:08du culture biologique.
00:26:10Tu dois jouer sur produits français ?
00:26:13Oui, le but du jeu, c'est de se démarquer
00:26:15des produits qui viennent de l'étranger.
00:26:17Nous, on met le petit drapeau français.
00:26:19C'est français, c'est...
00:26:21Fumons français.
00:26:23Alors, fumer, c'est la voie...
00:26:26Je peux pas dire ça, parce que la pire des manières
00:26:28de consommer du cannabis, c'est de le fumer.
00:26:30Je peux pas inciter les gens à fumer.
00:26:32Il y a des gens qui fument, clairement.
00:26:34Donc, quitte à fumer, fumez français.
00:26:36Mais surtout, fumez le moins possible.
00:26:38OK, donc il s'agit pas d'une drogue,
00:26:41mais ça reste compliqué de vendre du CBD.
00:26:43Et les cannabiculteurs voudraient aller plus loin
00:26:45et carrément légaliser le cannabis récréatif,
00:26:47celui qui défonce.
00:26:49Légaliser.
00:26:51Une vague promesse qui revient au moins
00:26:53à chaque élection présidentielle.
00:26:56Emmanuel Macron s'était proposé, en tant que candidat,
00:26:58pour légaliser même le cannabis tout court.
00:27:00Et il a réussi.
00:27:02Il a légalisé même le cannabis tout court.
00:27:04Derrière, il y a eu la dynamique
00:27:06avec la mission d'information parlementaire.
00:27:08Et ça, c'est rester l'être morte.
00:27:11Et malheureusement,
00:27:13parce que la légalisation, elle va arriver.
00:27:15Qu'on en veuille ou qu'on en veuille pas.
00:27:17La France, c'est pas une île.
00:27:19On peut pas fermer les frontières.
00:27:21On peut pas faire comme si ça n'existait pas.
00:27:24Nous, en tant qu'agriculteurs,
00:27:26on veut pas être absent du débat.
00:27:28C'est-à-dire que nous, on va être en capacité
00:27:30Nous, on produit déjà du CBD.
00:27:32Le jour où on légalise le cannabis récréatif,
00:27:34on veut être de la partie.
00:27:37Parce que c'est une plante, le cannabis,
00:27:39qu'il faut des agriculteurs pour la faire pousser.
00:27:41Et que dans tous les pays où la légalisation s'est faite
00:27:43et que c'est des multinationales qui ont mis la main sur la production,
00:27:45il n'y a pas eu de baisse du marché noir.
00:27:47Parce que les produits proposés étaient de mauvaise qualité.
00:27:50On a l'habitude, en France, de produire des vins de qualité,
00:27:52du fromage.
00:27:54C'est un peu la triptyque, pinard, fromage, pétard.
00:27:56Et demain, on peut exactement faire la même chose
00:27:58avec des filières porteuses de valeurs ajoutées
00:28:00et d'emplois sur les territoires
00:28:02et non pas des multinationales cotées en bourse
00:28:05qui vont produire du cannabis.
00:28:07Ça, on n'en veut pas. Et je pense que le consommateur,
00:28:09il n'en veut pas non plus.
00:28:14Le triptyque, pinard, fromage, pétard,
00:28:16c'est pas pour demain.
00:28:18Mais pourquoi ce pays qui ne rate pas une occasion
00:28:20de boire de l'alcool a tant de mal à accepter le cannabis ?
00:28:22L'histoire remonte à loin,
00:28:24à l'époque où la France traverse la Méditerranée.
00:28:28Il va y avoir, avec la colonisation de l'Afrique du Nord,
00:28:31de plus en plus de descriptions
00:28:33dans les pays colonisés
00:28:35de personnes qui sont très affaiblies.
00:28:37Or, il s'avère qu'ils consomment aussi du cannabis
00:28:39parce que c'est les pratiques locales.
00:28:43Sauf que, pour les colonisateurs,
00:28:45ça va être vu comme un désastre.
00:28:48C'est-à-dire qu'il y a un désastre
00:28:50pour les colonisateurs.
00:28:52Ça va être vu comme un lien.
00:28:54C'est-à-dire que la consommation de hashish
00:28:56ou de cannabis les a plongés
00:28:58dans un état de léthargie complète
00:29:00qui ne peuvent plus du tout travailler,
00:29:03qui sont dans les asiles psychiatriques
00:29:05qu'on construit à cette époque-là dans ces régions.
00:29:07Cette association-là va très bien marcher.
00:29:09Et comme ça justifie la colonisation,
00:29:11on va la réactiver en permanence.
00:29:13Ce dont en plus qu'il va y avoir quelques affaires.
00:29:16Par exemple, en 1857, en Algérie,
00:29:18il y a un homme qui passe sa journée dans un café.
00:29:20Il va consommer du cannabis.
00:29:22Je suis entré dans un café.
00:29:24J'ai acheté 15 centimes de chambre
00:29:26et j'ai fumé toute la matinée.
00:29:28Mais il va aussi consommer beaucoup d'alcool.
00:29:31J'ai visité plusieurs débits.
00:29:33J'ai pris d'abord une bouteille de vin,
00:29:35puis six verres d'anisette.
00:29:37Et il va rentrer dans un état de furie
00:29:39où il va tuer un jeune garçon juif.
00:29:41Et pour sa défense, il va expliquer cet acte-là
00:29:44en disant qu'il ne se souvient plus de rien
00:29:46et que c'est sa consommation à la fois d'alcool et de cannabis
00:29:48qui l'a plongé dans cet état-là.
00:29:50Je ne me rappelle pas comment cette rique s'est arrivée.
00:29:52J'ai pris un bâton et je suis redescendu près du café.
00:29:55Les médecins de l'époque
00:29:57vont complètement mettre de côté la consommation d'alcool
00:29:59et vont se focaliser sur cette question du cannabis.
00:30:04C'est assez symptomatique d'une manière coloniale
00:30:07de penser la consommation de cannabis
00:30:09qui permet de justifier une civilisation
00:30:11de populations qui sont jugées comme inférieures,
00:30:13notamment par leur consommation.
00:30:16À l'époque, le cannabis était donc vu comme la drogue des Arabes.
00:30:18Ça me rappelle quelque chose.
00:30:20Pourtant, jusqu'aux années 30,
00:30:22c'est avant tout un médicament.
00:30:25Et puis vraiment, progressivement,
00:30:27il disparaît complètement des registres de pharmacie
00:30:29parce qu'on n'a toujours pas trouvé
00:30:31les substances actives dans le cannabis,
00:30:33ce qui veut dire qu'on ne peut pas trouver
00:30:35les substances actives dans le cannabis.
00:30:38C'est-à-dire qu'on ne peut pas trouver
00:30:40les substances actives dans le cannabis.
00:30:42C'est-à-dire qu'on ne peut pas trouver
00:30:44les substances actives dans le cannabis,
00:30:46ce qui veut dire qu'on ne peut pas injecter le cannabis.
00:30:48Parce que le nec plus ultra de la médecine
00:30:50à la fin du 19e siècle, c'est l'injection.
00:30:53Mais depuis les années 70, la science a redécouvert
00:30:55l'usage thérapeutique du cannabis,
00:30:57un usage purement médical.
00:30:59Le Canada le légalise en 2001,
00:31:01suivi par une trentaine d'États
00:31:03aux États-Unis d'Amérique, ainsi que la plupart
00:31:05de nos voisins européens.
00:31:08En France, en 2020, la Direction générale
00:31:10de la santé a lancé une expérimentation
00:31:12pour un nombre de pathologies limitées.
00:31:16Les résultats sont sans appel.
00:31:18Le cannabis médical, ça marche.
00:31:26Pourtant, depuis la publication,
00:31:28l'expérimentation est sans cesse prolongée.
00:31:30Visiblement, les gouvernements successifs
00:31:32font du mal à légaliser le cannabis,
00:31:34même thérapeutique.
00:31:38À Angers, il y en a un pourtant
00:31:40qui croyait à cette filière du cannabis
00:31:42fournie sous prescription médicale.
00:31:44Franck Milon a fondé le laboratoire La Fleur,
00:31:47spécialisé dans les médicaments à base de THC,
00:31:49la substance interdite.
00:31:53Bienvenue dans le laboratoire.
00:31:55Là, on est à la salle d'extraction.
00:31:58On vient mettre dans le macérateur,
00:32:00dans lequel on met du solvant
00:32:02et on agite.
00:32:04Après, on va récupérer les solvants
00:32:06avec les principes actifs.
00:32:09Ici.
00:32:11Après, on va évaporer les solvants
00:32:13pour ne récupérer que l'extrémur
00:32:15dans ces ballons-là.
00:32:18C'est beaucoup d'argent, toutes ces machines ?
00:32:20Oui, dans cette pièce, il y a à peu près
00:32:22200 000 euros d'investissement.
00:32:26Et comment on investit 200 000 euros
00:32:28dans des machines sur un produit
00:32:30qui n'est pas encore légal ?
00:32:33C'est quand même une aventure.
00:32:35Oui, c'est une aventure, mais c'est en faisant ça
00:32:37que les choses peuvent évoluer
00:32:39et faire en sorte aussi de structurer
00:32:41une filière française.
00:32:43On a parlé beaucoup de souveraineté
00:32:45pendant la période Covid.
00:32:48L'idée, c'était d'être le premier laboratoire français
00:32:50à couvrir 100 % de la chaîne de valeur
00:32:52du cannabis médical
00:32:54et d'avoir une capacité de production
00:32:56de transformation et de mise sur le marché.
00:32:58On va aller voir les plantes, maintenant.
00:33:01Franck peut produire des médicaments,
00:33:03mais il doit tout détruire.
00:33:05Là, on est en fin de floraison.
00:33:08On va récolter demain.
00:33:10Il n'a toujours pas le droit de les vendre.
00:33:12Ça, c'est des plantes où t'es obligé
00:33:14d'avoir une autorisation pour pouvoir les cultiver.
00:33:20Tout ce que tu produis, tu dois le détruire.
00:33:22Oui, exactement, c'est ça. On détruit tout.
00:33:24Ce qui est normal dans un contexte de développement,
00:33:26mais on aimerait bien pouvoir passer
00:33:28du développement à la fabrication
00:33:31et à la commercialisation.
00:33:33On a 6 millions d'argent public-privé.
00:33:35Beaucoup d'argent, beaucoup d'énergie.
00:33:37T'aimerais que ça avance plus vite ?
00:33:39Oui, bien sûr. On aimerait continuer
00:33:41à pouvoir optimiser, à pouvoir apprendre
00:33:43de nouvelles choses sur les plantes
00:33:46et à faire en sorte de mettre sur le marché
00:33:48des traitements pour les patients
00:33:50quand on en a besoin. C'est ça, le premier combat.
00:33:52C'est quoi, cette difficulté ?
00:33:54Je pense que c'est toujours l'amalgame
00:33:56et que le cannabis est toujours gardé
00:33:59pour diviser les Français
00:34:01et un peu d'argument de la peur.
00:34:03C'est ça, le principal problème.
00:34:05Je pense qu'il n'y a pas d'argument
00:34:07scientifique ou rationnel
00:34:09derrière le fait
00:34:12de ne pas avancer
00:34:14sur l'encadrement
00:34:16du cannabis médical à minima.
00:34:18C'est quoi, ton sentiment aujourd'hui
00:34:20par rapport à ça ?
00:34:22Le contexte politique, il n'a pas facilité
00:34:25les choses puisque les textes sont prêts
00:34:27depuis pratiquement un an et il suffit
00:34:29d'envoyer les textes
00:34:31à la Commission européenne.
00:34:33Pourquoi ils ne le font pas ?
00:34:35Parce que peut-être que dans certains prismes
00:34:37ça paraît être un sous-sujet
00:34:40qui n'est pas une urgence alors que
00:34:42le cannabis médical ne concerne
00:34:44que des patients qui sont en urgence
00:34:46et en impasse thérapeutique.
00:34:48Certains, ça fait 10 ans qu'ils essayent
00:34:50tous les médicaments disponibles
00:34:53qui ne fonctionnent pas et qui pourraient
00:34:55bénéficier du cannabis médical.
00:34:57Et à accepter, en définitive.
00:35:16Les douleurs dues à la marche
00:35:18et ce qu'on appelle la spasticité
00:35:20dans la sclérose en plaques,
00:35:22c'est tes muscles qui se contractent
00:35:25alors qu'ils ne devraient pas l'être
00:35:27ou là, j'ai consommé du cannabis
00:35:29pour ces problématiques-là, en définitive.
00:35:31J'ai vu qu'il y avait des gens
00:35:33qui faisaient usage du cannabis médical.
00:35:35J'ai vu qu'il y avait des médicaments
00:35:37qui existaient dans le monde
00:35:40ou qui étaient développés
00:35:42pour la sclérose en plaques
00:35:44et la spasticité dans la sclérose en plaques.
00:35:46C'était des médicaments auxquels
00:35:48on n'avait pas encore accès en France,
00:35:50auxquels on n'a toujours pas accès
00:35:53en 2024 en réalité.
00:35:55Son laboratoire est passé de 25 employés
00:35:57à moins d'une dizaine.
00:36:04Pendant que Franck Milon fait rail
00:36:06avec les autorités françaises,
00:36:14des géants mondiaux se développent
00:36:16à l'étranger, comme les Canadiens
00:36:25ou Aurora.
00:36:32Le marché du cannabis médical
00:36:34devrait atteindre près de 100 milliards de dollars
00:36:36d'ici 2031 contre 16 milliards aujourd'hui.
00:36:39Des chiffres astronomiques
00:36:41et la France qui continue de se replier
00:36:43sur elle-même.
00:36:45Mais si la plante n'est pas acceptée comme médicament,
00:36:47comment imaginer que le cannabis récréatif
00:36:49puisse être légalisé un jour chez nous ?
00:36:55Une part de l'intransigence française
00:36:57se trouve sans doute derrière les murs
00:37:00de cette institution.
00:37:06Je suis membre de l'Académie de médecine
00:37:08et j'ai animé pendant de nombreuses années
00:37:10la sous-commission sur les addictions.
00:37:13L'Académie s'oppose résolument au cannabis.
00:37:17Parmi les drogues illicites,
00:37:19c'est le cannabis qui est le plus fréquemment consommé
00:37:21puisque les dernières statistiques montrent
00:37:23que un peu plus de 50 % de la population française
00:37:25avait expérimenté le cannabis.
00:37:27Et c'est une statistique qui vous inquiète ?
00:37:30Oui.
00:37:32Là, il y a un problème de santé publique, après.
00:37:34C'est le problème majeur de l'Académie de médecine.
00:37:36C'est pas celui de la loi.
00:37:38C'est celui de l'impact de la consommation des substances,
00:37:40que ce soit l'alcool, le tabac ou le cannabis.
00:37:43Pourtant, on a légalisé le cannabis dans plusieurs pays.
00:37:45Ce qui est clair,
00:37:47c'est que quand on légalise globalement
00:37:49l'usage des substances,
00:37:51l'usage des substances augmente.
00:37:53Oui, mais il y a quand même un deux poids, deux mesures
00:37:56entre les consommateurs d'alcool et de cannabis.
00:37:58Oui, mais appartement,
00:38:00on a deux produits, qui sont l'alcool et le tabac,
00:38:02qui font l'objet de mesures éducatives, incitatives,
00:38:04pour diminuer la consommation.
00:38:06Et là, c'est des mesures de santé publique
00:38:09qui sont positives, quand même,
00:38:11puisque la consommation baisse, autant l'alcool, le tabac.
00:38:13C'est pas la peine d'introduire un troisième produit.
00:38:15C'est ça, un peu, la difficulté à laquelle
00:38:17on a déjà du mal à lutter contre
00:38:19la consommation d'alcool et de tabac.
00:38:21C'est vrai, vous avez raison.
00:38:24Mais en même temps, il y a des progrès qui sont faits.
00:38:26C'est pas la peine d'ouvrir la vanne
00:38:28avec une troisième addiction.
00:38:30C'est un peu ça, la position de l'Académie.
00:38:32Le docteur rêve d'un monde sans alcool,
00:38:34sans clopes et sans drogues.
00:38:37C'est bien normal.
00:38:39Applaudissements
00:38:41Mais n'en déplaise à l'Académie de médecine,
00:38:43il n'y a qu'une seule solution.
00:38:45Mais n'en déplaise à l'Académie de médecine,
00:38:47la drogue est déjà partout.
00:38:49Le marché illégal du cannabis
00:38:52pèse plus d'un milliard d'euros.
00:38:54Une manne financière qui génère
00:38:56toujours plus de violence.
00:38:58Coups de feu
00:39:00...
00:39:02...
00:39:05En six mois,
00:39:0742 personnes ont été assassinées en France.
00:39:09...
00:39:11A Marseille, des proches de victimes
00:39:13sont donnés rendez-vous.
00:39:15C'est des drapeaux blancs pour la marche
00:39:17et des T-shirts.
00:39:20Je vais prendre les grands.
00:39:22Je vais distribuer.
00:39:24Personnellement, j'ai perdu ma nièce
00:39:26à l'âge de 19 ans.
00:39:28...
00:39:30On lui a tiré 11 balles de kalash.
00:39:33Je me bats pour que la justice...
00:39:35Pour ma nièce.
00:39:37Ca va faire 4 ans le 11 octobre.
00:39:39Et j'ai toujours pas de date de procès.
00:39:41Je suis toujours en attente
00:39:43d'une date de procès.
00:39:45Les présumés assassins ont été
00:39:48attrapés et incarcérés.
00:39:50J'attends une date de procès.
00:39:52C'est pour ça que vous êtes là ?
00:39:54Oui, et pour tous les défunts
00:39:56qui sont morts de la même manière.
00:39:58...
00:40:01Tu as vu la banderole ?
00:40:03Elles sont belles.
00:40:05On a mis les familles.
00:40:07Et derrière, ceux qui sont décédés.
00:40:09C'est frappant.
00:40:11C'est une marche pour dénoncer les assassinats,
00:40:14pour réclamer la paix dans nos quartiers.
00:40:16C'est une marche pour aider
00:40:18toutes ces familles de victimes
00:40:21qui se sentent seules, démunies
00:40:23après la mort de leurs proches.
00:40:25On arrête de pointer du doigt les familles de victimes.
00:40:28Il y a encore trop de morts.
00:40:30Tant qu'il y aura des morts, on continuera à militer.
00:40:32Enchanté.
00:40:35Merci d'être venu.
00:40:37C'est bien que vous soyez venus.
00:40:39J'ai perdu son neveu Ryan.
00:40:41Le gosse n'avait rien à voir avec le trafic.
00:40:43Il avait 14 ans.
00:40:45Je te présente la maman.
00:40:47C'est la petite de Grenoble.
00:40:49Je suis content qu'elle me parle de vous.
00:40:52Ça va.
00:40:54Je suis content que vous soyez venus.
00:40:56Merci, c'est gentil.
00:40:58Tu as bien fait qu'elle voie d'autres mamans.
00:41:00C'est gentil.
00:41:02Même de parler avec d'autres mamans.
00:41:05De voir qu'elle n'est pas seule.
00:41:07Malheureusement,
00:41:09d'autres familles ont vécu ce que tu as vécu.
00:41:11Il y en a plein.
00:41:13Depuis qu'elle a perdu son neveu,
00:41:15Laetitia réfléchit à la manière d'endiguer le fléau de la violence.
00:41:17Un drôle de petit bonbon.
00:41:20À ma demande, elle a accepté d'aborder
00:41:22la légalisation du cannabis avec Eddy,
00:41:24un policier marseillais.
00:41:26Moi, ce que j'en pense,
00:41:28mon avis perso, je suis pour.
00:41:30J'ai été touché par ça.
00:41:33La question ne se posait même pas avant la mort de Ryan.
00:41:35C'est ce qu'on fait avec les jeunes
00:41:37de ces quartiers,
00:41:39dans des structures sécurisées et encadrées,
00:41:41avec tout ce que ça comporte,
00:41:43mais avec des emplois réels,
00:41:45pour que ces jeunes puissent, eux aussi,
00:41:48profiter de ces nouvelles structures.
00:41:50Et pour moi,
00:41:52ça enrayerait au moins les assassinats.
00:41:54Je ne dis pas que ça ferait baisser
00:41:56le taux de consommateurs au niveau du cannabis.
00:41:58Une personne qui fume, elle fume.
00:42:01Tu peux légaliser, pas légaliser.
00:42:03Si on légalise le cannabis,
00:42:05on se retrouve avec des gens qui vont se mettre à prospérer.
00:42:07C'est des gens qui vont aller sur d'autres business.
00:42:09Ce qui les intéresse, c'est l'appât du gain rapide
00:42:11et conséquent.
00:42:13Moi, je ne suis pas convaincu qu'aujourd'hui,
00:42:16pas du tout, ça changerait quelque chose.
00:42:18Pourquoi ? Parce que les gens qui sont en face de nous
00:42:20sont ultra déterminés.
00:42:22C'est des gens des quartiers populaires qui vont subir ces nuisances.
00:42:24On le sait.
00:42:26Un moment, quand on arrive à avoir 50 morts sur Marseille,
00:42:29moi, je vote.
00:42:31Je suis désolé, je suis pour.
00:42:33De toute façon, ils tombent comme des mouches, les jeunes.
00:42:35Moi, je serai toujours contre, personnellement.
00:42:37Et syndicalement, par exemple.
00:42:39Pourquoi ? Parce que c'est baisser les bras.
00:42:41Aujourd'hui, je suis pour plus de moyens.
00:42:44Un moment, je dis, c'est faire l'autruche
00:42:46et être aveugle.
00:42:48On a un problème ? Non. On reste sur nos positions.
00:42:50On reste campé dessus. On ne légalise pas.
00:42:52On va taper sur le consommateur, on va taper sur les trafiquants.
00:42:54D'accord, OK. Oui, ça va. OK, d'accord.
00:42:57Est-ce que ça a changé quelque chose ? Non.
00:42:59Est-ce que ça a enrayé le problème ? Non.
00:43:01Est-ce que ça a diminué le problème ? Non, ça augmente.
00:43:03Est-ce que les assassinats ont baissé ? Pas du tout.
00:43:05Donc, un moment,
00:43:07je pense que des solutions ont été tentées.
00:43:09Ça n'a pas marché, ça ne fonctionne pas.
00:43:12Et à tous les niveaux.
00:43:14Moi, je suis contre le fait de baisser les bras.
00:43:16Je suis contre le fait de dire, on a perdu. Non, on n'a pas perdu.
00:43:18Et c'est pourquoi on n'a pas perdu. Parce qu'on n'a pas tout essayé.
00:43:20Comme toujours dans ce débat,
00:43:22on tourne en rond. Personne n'a tort,
00:43:25mais personne n'a raison non plus.
00:43:29En attendant,
00:43:31les violences dues au trafic ne sont pas prêtes de s'arrêter.
00:43:33C'est pas le jour du but !
00:43:35C'est pas le jour du but !
00:43:37Ah !
00:43:39Et ça, c'est les dealers qui en parlent le mieux.
00:43:41Lui qui se met devant moi,
00:43:44je suis obligé de montrer un exemple contre tout le monde.
00:43:46Tu vois ?
00:43:48Parce que la violence, ça va avec le trafic, quand même.
00:43:50Ça va avec le trafic, c'est obligé.
00:43:52Je vais pas te mentir, demain, quelqu'un va s'apprendre à ma famille
00:43:54ou à moi, je sais qu'il veut me tuer, je vais le tuer avant qu'il me tue.
00:43:56Ça n'a rien à voir avec la génération d'avant.
00:43:59La génération d'avant, ça parlait, il y avait des réunions.
00:44:01C'est fini, tout ça, maintenant, c'est le bordel.
00:44:03Maintenant, c'est des jeunes de 25 ans qui tiennent Marseille.
00:44:0528 ans.
00:44:07On n'a rien d'autre qu'un mot, tu vois.
00:44:09Ils s'en battent les couilles, tu vois.
00:44:12Un mot, il va te mettre 3 balles dans la tête.
00:44:14Chacun sa cale à Chetnikov et c'est parti.
00:44:16Tu vois ?
00:44:18Si demain, il y a un référendum pour légaliser le cannabis,
00:44:20toi, tu dis quoi ?
00:44:22Bon, la vérité, qu'il le change ou qu'il le change pas,
00:44:24comme je t'ai dit, ça ne va rien changer dans ma vie.
00:44:27Je vais toujours vendre que ce soit de la drogue dure ou de la drogue douce.
00:44:29Tu vois ce que je veux te dire ?
00:44:31Dans tous les cas, il y aura toujours ce système-là,
00:44:33l'affaire de l'argent, tu vois.
00:44:35Il y aura toujours un truc, en fait.
00:44:37Tu vois, demain, si ça ne marche pas, je vais vendre, je ne sais pas,
00:44:40qu'est-ce qu'ils aiment, les gens.
00:44:42Tu vois ce que je veux te dire ?
00:44:44Là, tu ne te dirais pas, tiens, je vais aller voir
00:44:46pour avoir une licence, pour ouvrir un coffee shop ?
00:44:48J'aimerais bien, pourquoi pas ?
00:44:50Si dans ma vie, j'ai les moyens, tu vois.
00:44:52Je vais les avoir en trafiquant, malheureusement.
00:44:55Je ne vais pas les avoir en travaillant, c'est sûr.
00:44:57Après, oui, c'est vrai que c'est dangereux dans un contexte
00:44:59où il y a des risques, il y a la police, tu vois.
00:45:01Tu peux te faire attraper, tout le moment, tu parles en prison.
00:45:03On ne va pas se mentir, les bommettes, c'est une récréation.
00:45:05Voilà. Ils nous mettent là-bas, ok, c'est vrai.
00:45:07On va en prison, ok, bon, on ne rencontre que des amis.
00:45:10Et après, là-bas, tu fais des connaissances,
00:45:12que après, tu peux acheter des autres trucs, tu vois.
00:45:14Tu es dans l'école du crime, en fait.
00:45:16Ils leur mettent 5 ans, des petits, ils sortent de leur tête,
00:45:18ils sont déboussolés, ils se prennent pour une mangie.
00:45:20C'est normal.
00:45:22Je ne sais pas si c'est normal, mais c'est un peu désespérant.
00:45:27Je les cache bien comme il faut, tu as vu.
00:45:30Des jeunes qui se tirent dessus pour se partager les miettes
00:45:32d'un business qui les dépasse.
00:45:34D'autres jeunes qui ne sont pas prêts d'arrêter de consommer.
00:45:36La spirale semble inarrêtable.
00:45:43Alors, en Amérique, plus précisément dans l'État de New York,
00:45:47les autorités ont décidé de prendre le problème autrement.
00:46:00Elles offrent aux trafiquants de drogue une chance de se reconvertir.
00:46:17On est dans mon magasin, ma colonie, dans l'État de New York.
00:46:23C'est la première boutique que j'ai ouverte.
00:46:25Je l'avais imaginée comme ça.
00:46:27Les clients entrent, on contrôle leur identité.
00:46:30Ils doivent avoir 21 noms, c'est la loi.
00:46:32Ici, on ne veut pas vendre à des gamins.
00:46:34On dirige les clients vers cette borne.
00:46:36C'est la première boutique que j'ai ouverte.
00:46:38C'est la première boutique que j'ai ouverte.
00:46:40C'est la première boutique que j'ai ouverte.
00:46:43C'est la première boutique que j'ai ouverte.
00:46:45On dirige les clients vers cette borne.
00:46:47Là, il y a notre menu.
00:46:49On a de l'herbe, c'est le produit de base.
00:46:51On a du CBD, du THC en concentré.
00:46:53On a du CBD, du THC en concentré.
00:46:55Des trucs comme ça.
00:46:58Des boissons, du cidre,
00:47:00même des oranges âdes.
00:47:02Et aussi des friandises.
00:47:04Les gens adorent ça.
00:47:06L'ambiance est saine et sécurisée.
00:47:08C'est propre.
00:47:11Ce n'est pas comme si tu entrais dans un immeuble abandonné
00:47:13pour glisser un billet sous une porte
00:47:15et récupérer ta drogue par une trappe.
00:47:17Ici, c'est facile.
00:47:19Tu n'as pas à te cacher.
00:47:21Donc là, c'est nos présentoirs.
00:47:23C'est là que tu peux regarder,
00:47:26sentir la marchandise.
00:47:28Si tu veux essayer,
00:47:30on ouvre la vitrine
00:47:32et on te propose des vaporisateurs pour goûter.
00:47:34Voilà, tu peux acheter ce que tu veux.
00:47:37J'adore ça.
00:47:39J'adore vendre.
00:47:41Ça prend du temps et beaucoup de travail.
00:47:43Et ce logo, ça veut dire beaucoup.
00:47:46Excuse-moi, mais c'est énorme pour moi.
00:47:50Là, c'est mon certificat de licence.
00:47:52Et ça, c'est notre certificat d'autorité.
00:47:55Obtenir un de ces papiers,
00:47:57c'est extrêmement dur à New York.
00:47:59Tout le monde ne peut pas en avoir un.
00:48:01Tout le monde ne peut pas en avoir un.
00:48:03C'est un certificat d'autorité.
00:48:05Tout le monde ne peut pas en avoir un.
00:48:07Il y a peut-être 200 personnes qui en ont un.
00:48:10Moi, j'en ai deux.
00:48:12Donc ça, c'est la ville,
00:48:14le code postal
00:48:16et l'intitulé de ma licence.
00:48:18Vendre de cannabis pour adultes.
00:48:20Tu dois être bon dans ce que tu fais.
00:48:23Le gouvernement de New York
00:48:25cherche des gens qui savent comment vendre du cannabis.
00:48:27Comme ça, ils n'ont pas à les former.
00:48:29C'est aussi pour rectifier
00:48:31toutes les injustices commises durant toutes ces années.
00:48:34Ça représente beaucoup pour moi.
00:48:36J'ai mon autorisation légale.
00:48:38C'est carrément incroyable.
00:48:41La meilleure chose qui me soit arrivée.
00:48:50Matthew a été arrêté à plusieurs reprises
00:48:52pour trafic de cannabis.
00:48:55Et c'est pour ça que l'État de New York
00:48:57lui a délivré une licence officielle.
00:48:59Il a été arrêté pour le cannabis.
00:49:01C'est pour ça que l'État de New York
00:49:03lui a délivré une licence officielle.
00:49:05Une tentative de casser l'engrenage de la récidive.
00:49:10Je vends de l'herbe depuis que j'ai 12 ans.
00:49:12J'en ai vendu pendant plus de 20 ans
00:49:14et je me suis fait choper quelques fois.
00:49:20Mais en vieillissant, j'ai compris un truc.
00:49:22Le cannabis n'aurait jamais dû être illégal.
00:49:24C'était la pire chose à faire pour le gouvernement.
00:49:26Tu perds des revenus fiscaux
00:49:28et tu mets des gens en prison.
00:49:34Tu enlèves des pères à leurs enfants,
00:49:36des mères à leurs enfants,
00:49:39des enfants à leurs mères.
00:49:41La prison, ça ne change rien.
00:49:43Moi, maintenant, je suis rangé.
00:49:45J'ai mon business, j'ai un rôle positif.
00:49:47Je donne du boulot à des gens qui en ont besoin.
00:49:49J'ai une famille.
00:49:51J'ai des enfants.
00:49:54Je donne du boulot à des gens qui en ont besoin.
00:49:56J'emploie à peu près 40 personnes
00:49:58dans toutes mes activités.
00:50:03C'est vraiment un super truc.
00:50:05C'est positif.
00:50:12Parmi ces 40 employés,
00:50:14nombreux sont ceux qui, comme lui, ont fait de la prison.
00:50:18Pour Matthew, l'expérience semble vertueuse.
00:50:20Aujourd'hui, il ouvre même une nouvelle boutique.
00:50:24Pour l'inauguration,
00:50:27il s'est entouré de ceux qui le suivent depuis l'époque
00:50:29où il n'était qu'un petit dealer.
00:50:31J'adore cette boutique. Vas-y, fonce, mon gars !
00:50:35Ah, les Américains.
00:50:38Toujours un coup d'avance.
00:50:40Pragmatiques
00:50:42et jamais les derniers quand il s'agit d'engranger des dollars.
00:50:45Des clients satisfaits,
00:50:48des employés rémunérés,
00:50:50du business et de la réinsertion.
00:50:52Quand je vois Matthew si fier d'être reconverti
00:50:54en entrepreneur respectable,
00:50:56je pense à 2-3 gars que j'ai connus chez nous en France
00:50:58et qui auraient pu en faire autant.
00:51:03Bienvenue dans ma boutique.
00:51:05Merci d'être là et de nous soutenir.
00:51:07On est prêts ?
00:51:09Un, deux, trois !
00:51:22Mais ici, ces expériences,
00:51:24c'est pas le genre de la maison.
00:51:30La France compte un million de fumeurs quotidiens de cannabis.
00:51:34Ce sont nos sœurs, nos frères, nos collègues.
00:51:43Alors comment on fait ?
00:51:46Il en faudra combien des mamans qui pleurent,
00:51:49des parents qui prient
00:51:51et des familles détruites par la mort ou la prison ?
00:52:09Les Français sont les champions d'Europe
00:52:12de la consommation de cannabis.
00:52:14C'est pourtant, nous mettons en œuvre
00:52:16la politique de répression du trafic de stupéfiants.
00:52:18Parmi les plus répressives,
00:52:20c'est la plus répressive du monde occidental.
00:52:22C'est donc de ce constat
00:52:25dont s'emparait à l'instant ce documentaire
00:52:27réalisé par Alibuetany.
00:52:29Faut-il dès lors changer de cap
00:52:31pour lutter contre le trafic de cannabis ?
00:52:33Opter pour la légalisation ?
00:52:35Comme l'ont déjà fait plusieurs pays,
00:52:37comme vient de nous le rappeler à l'instant ce documentaire,
00:52:40nous allons maintenant en débattre
00:52:42avec nos invités présents aujourd'hui,
00:52:44en commençant par vous, Ludovic Mendes.
00:52:46Bienvenue.
00:52:48Vous êtes membre de la Moselle Ensemble pour la République,
00:52:50membre de la Commission des lois de l'Assemblée nationale,
00:52:53et auteur, avec le député LFI, Antoine Léaumant,
00:52:55d'une longue mission d'information
00:52:57concernant la lutte contre les stupéfiants
00:52:59et le narcotrafic
00:53:01qui propose, entre autres,
00:53:03la légalisation du cannabis.
00:53:05Nous allons, bien sûr, y revenir sur ce plateau
00:53:08en spécifiant aussi que vous allez travailler
00:53:10sur une autre mission d'information
00:53:12très importante aussi,
00:53:14avec plus d'une centaine d'auditions.
00:53:16C'était au début des années 2020.
00:53:18En 2021,
00:53:21aux côtés, cette fois, de vos collègues de l'époque,
00:53:23Caroline Janvier et Jean-Baptiste Moreau,
00:53:25qui étaient tous deux, d'ailleurs, députés
00:53:27La République En Marche à l'époque.
00:53:29Également avec nous, Frédéric Lose.
00:53:31Bienvenue à vous, Frédéric Lose.
00:53:34Vous êtes secrétaire général du syndicat
00:53:36des commissaires de la police nationale.
00:53:38Frédéric Cloquet est également avec nous.
00:53:40Bienvenue. Vous êtes écrivain et journaliste
00:53:42d'investigation indépendant.
00:53:44Votre ouvrage s'intitule
00:53:46Braqueurs, mercenaires, aventuriers,
00:53:49de l'OAS au grand banditisme.
00:53:51C'est un livre coécrit avec Jean-Louis Rizza
00:53:53et qui vient de sortir aux éditions du Nouveau Monde.
00:53:55C'est vraiment tout chaud.
00:53:57Ludovic Mendes, un million de consommateurs
00:53:59quotidiens de cannabis en France,
00:54:01cinq millions de fumeurs réguliers dans l'année.
00:54:04C'est considérable. Nous sommes les champions d'Europe
00:54:06de la consommation de cannabis.
00:54:08Et comme l'a rappelé ce film, comme je viens aussi
00:54:10de le rappeler à l'instant, nous mettons en oeuvre en France.
00:54:12Depuis des dizaines d'années,
00:54:14une politique particulièrement répressive sur le sujet.
00:54:18Ces chiffres, d'ailleurs, augmentent
00:54:21concernant la consommation de drogue en général.
00:54:25Du cannabis, c'est assez stable.
00:54:27Mais c'est de ce constat, finalement,
00:54:29de cette forme de paradoxe dont s'est emparé ce documentaire.
00:54:32Est-ce que vous êtes d'accord avec ce constat ?
00:54:34Il semble, à peu de choses, correspondre
00:54:36à ce qui était, vous concernant,
00:54:38le même constat livré par votre mission d'information.
00:54:41Il y a un échec de la politique
00:54:44de lutte contre le cannabis en France ?
00:54:46Oui et non. Il y a un échec parce que si on part
00:54:48du principe qu'on doit limiter le nombre de consommateurs,
00:54:50il y a un échec, parce qu'aujourd'hui,
00:54:52c'est un Français sur deux qui a déjà consommé du cannabis.
00:54:54Les chiffres sont en constante augmentation.
00:54:57Il y a un échec sur la consommation d'MDMA et d'héroïne.
00:54:59Il y a un échec sur la consommation de cocaïne.
00:55:01L'MDMA et héroïne, c'est plus 800 %,
00:55:03et la cocaïne, c'est plus de 100 %,
00:55:05et pas sur les 30 dernières années, sur les 7 ou 10 dernières années.
00:55:07La MDMA, il faut rappeler, on parle de...
00:55:09On est sur des drogues de synthèse différentes.
00:55:12Des substances de synthèse chimique.
00:55:14Et donc, si on prend le nombre de places de zèle,
00:55:16c'est à peu près équivalent, et pourtant,
00:55:18il y a des agents de police, des gendarmeries,
00:55:20des douaniers, des magistrats qui font un travail formidable,
00:55:22et qui, pour certains, ont la sensation de vider
00:55:25l'océan à la petite cuillère. Donc, il faut qu'on puisse
00:55:27trouver une autre solution, et on part du principe
00:55:29que c'est en s'attaquant au consommateur
00:55:31qu'on arrivera à régler le problème.
00:55:33Le consommateur est dans le rouage, oui,
00:55:35mais il est rattaché aussi à un système qui fait
00:55:37que le trafiquant a besoin de gagner de l'argent
00:55:40et il trouvera toujours une solution pour pousser
00:55:42le consommateur à consommer plus. Donc, on fait cette proposition
00:55:44de légaliser le cannabis d'un côté, de dépénaliser
00:55:46les autres drogues de l'autre côté, avec mon collègue
00:55:48Antoine Léaumont, non pas par envie de généraliser
00:55:50la consommation de drogues, mais même l'inverse,
00:55:53c'est d'avoir un débat plutôt de santé publique
00:55:55avec un accompagnement médico-social,
00:55:57et pas simplement une réponse judiciaire
00:55:59et d'un point de vue pénal qui ne fonctionne pas plus que ça,
00:56:01parce que certains font des allers-retours en prison.
00:56:03Et je parle bien des consommateurs et pas des trafiquants,
00:56:05mais ça ne change rien dans la lutte contre les addictions.
00:56:07Et la majorité, comme la Fédération Addiction,
00:56:10par exemple, a pris position sur cette thématique-là
00:56:12en disant que c'était la meilleure chose à faire,
00:56:14ça fonctionne, et puis ça permettrait de se recentrer
00:56:16sur le haut du spectre des narcotrafiquants.
00:56:18Et pour nous, ce qui est important, c'est la lutte
00:56:20contre le blanchiment d'argent et la corruption,
00:56:23qui n'est pas si forte, on peut la connaître
00:56:25dans d'autres pays, mais qui est quand même importante
00:56:27et on l'a démontré dans ce rapport-là,
00:56:29et c'est en remontant l'argent qu'on va pouvoir
00:56:31faire vraiment du mal aux narcotrafiquants
00:56:33et donner plus de moyens à nos agents et à nos magistrats,
00:56:35mais pour autant, aujourd'hui, si on s'attaque
00:56:38qu'aux consommateurs, ça ne fonctionne pas.
00:56:40Il faut s'attaquer aux portefeuilles
00:56:42des narcotrafiquants, on va y revenir tout à l'heure,
00:56:44c'est l'objectif de votre proposition.
00:56:46On va revoir un premier extrait du film,
00:56:48si vous en êtes d'accord, et ensuite,
00:56:51je viendrai tout de suite vers vous.
00:56:53Ce sont vos collègues, qui sont en pleine opération,
00:56:55à Soissons, dans un quartier dit sans-ci,
00:56:57pour arrêter un dealer.
00:56:59Je pense qu'on est dans un moment
00:57:02Je pense qu'on a tous conscience que c'est un phénomène
00:57:04qui va être très difficile à endiguer,
00:57:06donc une fois qu'on l'a accepté,
00:57:09on se range autrement.
00:57:11Moi, en ce qui me concerne, je pense plus aux personnes
00:57:13qui subissent ce trafic de stupéfiants,
00:57:15aux personnes qui travaillent ici,
00:57:17qui se lèvent tous les matins,
00:57:19qui se retrouvent embêtées,
00:57:22qui ont leurs enfants qui rentrent du collège, du lycée,
00:57:24qui croisent ces personnes dans le hall,
00:57:26donc voilà, on le fait pour ça.
00:57:28Dans cet extrait et dans cette séquence,
00:57:30qui est donc d'ailleurs du film,
00:57:32il y a un certain nombre de forces de monopoliser,
00:57:34plusieurs voitures,
00:57:37un certain nombre de vos collègues
00:57:39qui travaillent sur cette opération.
00:57:41Il y en a des milliers, comme ça, des opérations,
00:57:43j'imagine, en France, pour interpeller
00:57:45tout d'abord des consommateurs,
00:57:47à qui on demande de livrer le nom de leur dealer,
00:57:49et l'objectif final, c'est bien d'interpeller,
00:57:52évidemment, celui qui deal ces substances.
00:57:55C'est vrai que ça paraît être démesuré
00:57:57par rapport aux résultats. Vous avez utilisé
00:57:59l'expression tout à l'heure, c'est vider la mer
00:58:02à la petite cuillère, et c'est souvent
00:58:04l'impression qu'ont parfois vos collègues
00:58:06sur le terrain lorsqu'il est question de lutte
00:58:08contre les stupéfiants, notamment le cannabis.
00:58:10Oui, enfin, je pense pas que ce soit
00:58:12l'argument numéro un, parce que,
00:58:15en matière de cambriolage,
00:58:17on n'a pas éradiqué les cambriolages.
00:58:19Pour autant, on n'a pas légalisé les cambriolages.
00:58:21On fait des contrôles, on fait des conduites
00:58:23en état d'ivresse, on n'a pas éradiqué
00:58:25la conduite sous l'empire alcoolique.
00:58:28On la restreint, on les interdit,
00:58:30ils jouent un rôle, et puis après,
00:58:32il y a un débat, qui n'est pas un débat
00:58:34avec des arguments médiocres, j'en conviens,
00:58:36moi, je suis pas d'accord sur la légalisation,
00:58:38j'expliquerai après pourquoi. Je pense pas
00:58:41que ce soit un échec.
00:58:43Vous n'êtes pas d'accord sur ce constat ?
00:58:45Non, je pense pas du tout. Je conteste,
00:58:47y compris le travail parlementaire.
00:58:49Comment vous expliquez que les consommations
00:58:51augmentent dans ces proportions-là,
00:58:54notamment concernant le cannabis ?
00:58:56C'est un système ultra-libéral,
00:58:58libre circulation des capitaux, des marchandises,
00:59:00et il faut s'intéresser là-dessus.
00:59:02On contrôle plus l'immigration illégale,
00:59:04on contrôle plus les mineurs étrangers isolés,
00:59:06on ne contrôle plus le cannabis,
00:59:09on ne contrôle plus la contrebande,
00:59:11puisqu'on n'a plus vraiment de frontières
00:59:13ni européennes ni franco-françaises.
00:59:15Ca ne marche pas, donc c'est une critique
00:59:17de cet ultra-libéralisme qui facilite tout ça.
00:59:19D'autre part, il faut s'attaquer à tout.
00:59:21Il faut s'attaquer, bien évidemment,
00:59:23aux dealers, aux consommateurs.
00:59:26Il y a un problème de sécurité,
00:59:28il y a un problème de souveraineté
00:59:30avec le trafic de stupéfiants,
00:59:32mais il y a aussi un problème de santé publique.
00:59:34La vraie question, c'est de poser
00:59:36à toutes les personnes qui sont là,
00:59:39est-ce que vous, vous avez envie
00:59:41que vos enfants fument du cannabis ?
00:59:43Est-ce que c'est cohérent de limiter
00:59:45le plus possible la consommation d'alcool,
00:59:47le plus possible la consommation de tabac,
00:59:49puisqu'on a 70 000 à 80 000 morts par an ?
00:59:51Est-ce que c'est un cadeau à faire
00:59:54à la jeunesse, aujourd'hui ?
00:59:56Peut-être une jeunesse qui va mal,
00:59:58une jeunesse qui est parfois aux prises
01:00:00avec des réseaux sociaux qui peuvent avoir
01:00:02un double versant, des aspects positifs,
01:00:04mais aussi totalement vous lobotomiser.
01:00:07Beaucoup de parents le savent et sont très inquiets.
01:00:09Est-ce que c'est un cadeau, aujourd'hui,
01:00:11en termes de santé publique, en termes de développement,
01:00:15etc., de dire qu'on va légaliser
01:00:19quelque chose de récréatif
01:00:21qui va poser de gros problèmes
01:00:23de santé publique ? Je conviens
01:00:26que ce n'est pas un débat simple, un débat médiocre.
01:00:28Tous les arguments sont en train d'arriver.
01:00:30Vous rejoignez ce que dit le représentant
01:00:33de l'Académie de médecine dans ce film.
01:00:35Il est dans son rôle.
01:00:37C'est interdit. La santé publique,
01:00:39c'est un vrai, vrai, vrai sujet.
01:00:41C'est un vrai sujet.
01:00:43Ce médecin dit qu'on a déjà l'alcool,
01:00:45on a le tabac, il ne s'agit pas
01:00:48de se rajouter un autre type
01:00:50d'addiction à gérer au niveau de l'Etat.
01:00:52Sans compter qu'on a vu que dans les pays
01:00:54comme la Hollande, la Belgique ou l'Espagne,
01:00:56ça n'a pas arrêté le narcotrafic,
01:00:58ça n'a pas arrêté le fait qu'on va chercher
01:01:01des produits beaucoup plus forts.
01:01:03Si on légalise le cannabis, à ce moment-là,
01:01:05il n'y a aucun autre argument qui empêcherait
01:01:07une légalisation au nom de...
01:01:09J'ai le droit, je fais de mal à personne,
01:01:11de légaliser la cocaïne.
01:01:14Frédéric Ploquin, sur le diagnostic,
01:01:16vous parleriez-vous d'un échec, globalement,
01:01:18concernant le cannabis et la lutte contre le cannabis,
01:01:20au vu des chiffres aujourd'hui,
01:01:23ou vous seriez plutôt de l'avis
01:01:25de monsieur le commissaire ?
01:01:27Ca dépend pour qui, l'échec pour qui.
01:01:29Quand on se balade à Tangiers,
01:01:31on se dit que c'est une réussite pour le Maroc.
01:01:33Il y a des tours partout, c'est flambant neuf,
01:01:35ça construit, donc ça dépend
01:01:38de quel point de vue on se place.
01:01:40Du point de vue du...
01:01:42On est là sur le cannabis strictement,
01:01:44du point de vue des producteurs,
01:01:46c'est formidable, il y a un certain nombre
01:01:48de généraux, de militaires, de policiers au Maroc,
01:01:51qui ont des villas formidables,
01:01:53des villas de luxe au bord de la mer.
01:01:55Ca nourrit énormément de monde,
01:01:57donc effectivement, ce serait les premiers impactés,
01:01:59ou pas, enfin, en tout cas,
01:02:01oui, ce serait les premiers impactés, ce pays,
01:02:03puisque c'est le pays d'où on importe
01:02:06majoritairement ce produit,
01:02:08si on légalisait. Peut-être qu'on pourrait arriver,
01:02:10je ne sais pas, moi,
01:02:12à avoir des accords commerciaux avec le Maroc,
01:02:14à normaliser, on va dire, ce commerce,
01:02:16sachant que les Français consomment,
01:02:19selon les calculs que j'ai faits,
01:02:21je ne sais pas s'ils sont les mêmes,
01:02:23j'ai essayé de voir en quantité,
01:02:25en gros, les Français consomment une tonne
01:02:27de cannabis par jour, vous imaginez le nombre
01:02:29de joints qu'il faut rouler ? C'est un paquet de gens,
01:02:32ça fait environ une tonne, donc 30 tonnes par mois,
01:02:34donc effectivement, si ça rentrait
01:02:36dans le PIB du Maroc et pas sous la table,
01:02:38ça pourrait être intéressant.
01:02:40Maintenant, moi, j'ai juste un problème
01:02:42sur la drogue, les drogues, c'est-à-dire
01:02:45qu'il y a 30 ans, quand j'ai commencé
01:02:47à m'intéresser à ces sujets, il y avait
01:02:49des points de deal et des dealers spécialisés
01:02:51sur le cannabis, d'autres sur l'héroïne,
01:02:53d'autres sur la cocaïne. Aujourd'hui,
01:02:55quand on se promène, et c'est là où la tâche
01:02:57va être compliquée, si on cherche à bouger
01:03:00le paradigme, moi, je trouve ça toujours intéressant
01:03:02de se poser cette question, c'est qu'aujourd'hui,
01:03:04ce sont les mêmes points de deal qui vendent
01:03:06les deux ou trois produits, les mêmes.
01:03:08Enfin, l'héroïne, c'est souvent un peu à part,
01:03:10c'est souvent non, l'héroïne, c'est pas les mêmes,
01:03:13c'est ailleurs, mais cocaïne, cannabis,
01:03:15ce sont les mêmes endroits.
01:03:17Donc si, évidemment, la première réflexion,
01:03:21tout à fait, je veux dire, c'est très pragmatique,
01:03:23je me dis, moi, bon, si on leur dit, demain,
01:03:25c'est l'État, c'est les bureaux de tabac
01:03:27qui vont vendre le cannabis, ça fait rien,
01:03:29ils vont vendre plus de cocaïne, en fait,
01:03:32ça bougera pas grand-chose, donc moi,
01:03:34je trouve que c'est bien de débattre de cela
01:03:36à condition de se dire entre nous
01:03:38que ça ne sera pas, ça ne résoudra pas
01:03:40magiquement la question du crime organisé.
01:03:42La Hollande, premier pays sur ce plan,
01:03:45sur ce terrain de la légalisation,
01:03:47c'est la base européenne du crime organisé
01:03:49en Europe, enfin, c'est le cœur du crime organisé,
01:03:53le principal point d'entrée sur le territoire
01:03:55de toutes les drogues en provenance d'Amérique du Sud,
01:03:57donc la cocaïne.
01:03:59Le Portugal, qui se livre à des expériences
01:04:01très intéressantes aujourd'hui,
01:04:03c'est devenu la porte d'entrée
01:04:05des cartels brésiliens massivement,
01:04:07donc c'est là que ça rentre.
01:04:10Portugal, c'est la dépénalisation et non pas l'égalisation.
01:04:12Je sais, c'est un pays qui a réfléchi,
01:04:14qui a fait bouger, mais il n'empêche
01:04:16que les cartels brésiliens, aujourd'hui,
01:04:18foncent à fond sur le Portugal.
01:04:20Si on part de l'idée que d'une baguette magique,
01:04:23ça ne résoudra pas la question du crime organisé,
01:04:25moi, je trouve ça intéressant d'en débattre,
01:04:27mais ça va être...
01:04:29Je veux dire, les grands voyous...
01:04:31D'ailleurs, il y a un grand voyou qui me disait
01:04:33cette phrase, mais il était à la fin de sa carrière,
01:04:35donc il pouvait se le permettre,
01:04:38il avait déjà rempli son coffre-fort,
01:04:40il disait, il n'y a qu'à légaliser,
01:04:42ça bouchera le trou de la sécurité sociale.
01:04:44C'était sa grande phrase.
01:04:46Du point de vue de l'État, si on a une logique
01:04:48strictement marchande, je trouve que c'est intéressant
01:04:51d'aller sur ce sujet, mais le problème,
01:04:53c'est qu'on est rattrapé par la morale en permanence
01:04:55et que c'est extrêmement difficile,
01:04:57par la morale et la politique,
01:04:59et que, jusqu'à preuve du contraire,
01:05:01ça ne fait pas gagner des voix,
01:05:04cette voix, si j'ose dire, et aujourd'hui,
01:05:06je rappelle quand même qu'on est en plein débat
01:05:08sur une loi ultra-martiale contre la drogue,
01:05:10donc c'est assez paradoxal. Le paradoxe, je trouve,
01:05:12c'est qu'on discute de cette façon-là aujourd'hui,
01:05:14mais discutons-en, il faut le faire.
01:05:17Légaliser le cannabis,
01:05:19expliquez-nous ce que vous avez en tête,
01:05:21parce que tout le monde,
01:05:23tous ceux qui nous regardent comprennent bien,
01:05:25ça veut dire quoi, la légalisation du cannabis ?
01:05:27Ça veut dire contrôler la production et la vente
01:05:29de cannabis sur tout, le long de la filière ?
01:05:32Et en quoi cette fameuse légalisation du cannabis
01:05:34répondrait en partie à ce qui vient d'être dit
01:05:36du côté de cette table ?
01:05:38Parce que, justement, on a vu ce qui s'est fait ailleurs.
01:05:40On parlait des Pays-Bas tout à l'heure.
01:05:42Les Pays-Bas ont légalisé la vente d'un produit qui est illégal.
01:05:45C'est-à-dire qu'on n'a pas le droit de le produire sur place.
01:05:47C'est pour ça qu'il y a la mochromafia
01:05:49qui a pris autant de pouvoir dans ce pays-là,
01:05:51qui, aujourd'hui, menace même la famille royale des Pays-Bas.
01:05:53Il y a cette réalité qu'on doit prendre en considération.
01:05:55On n'est pas à New York non plus, on ne veut pas que les gens fument
01:05:58dans la rue, que ce soit libéralisé.
01:06:00Au contraire, la consommation des mineurs n'a jamais été aussi faible
01:06:02dans notre pays, et que vous contestiez
01:06:04le travail des parlementaires, c'est votre choix.
01:06:06Mais la réalité, c'est que ce que nous faisons,
01:06:08c'est en auditionnant les responsables de la police,
01:06:11de la gendarmerie, de la douane, les magistrats,
01:06:13et je pense qu'aujourd'hui, les offices de lutte
01:06:15contre les stupéfiants ou les offices de lutte
01:06:17contre le crime organisé nous donnent des informations
01:06:19quand même de haut niveau, et pareil pour le patron
01:06:21de la police ou de la gendarmerie. Donc les informations
01:06:23que nous avons, ce sont des informations qui viennent bien
01:06:26de votre travail du quotidien. Donc nous, on ne fait que
01:06:28rendre constat de cette politique.
01:06:30Quand je dis que c'est un échec, je l'ai dit,
01:06:32ce n'est pas un échec sur la globalité, c'est un échec
01:06:34sur le nombre de consommateurs qui ne baisse pas.
01:06:36Et ça ne fonctionne pas parce qu'on n'a pas d'apport
01:06:39en termes de santé publique.
01:06:41C'est un système étatique, dans votre esprit ?
01:06:43C'est la création d'une agence nationale, un peu comme
01:06:45elle existe aujourd'hui sur les jeux d'argent,
01:06:47qui fonctionnent plutôt bien. On est obligé de fournir
01:06:49une pièce d'identité pour rentrer dans un casino,
01:06:52on est vérifié qu'on n'est pas rentré dans un fichier,
01:06:54d'ailleurs, aujourd'hui, c'est plus simple pour un mineur
01:06:56d'aller en trouver au bout de la rue que de pouvoir rentrer
01:06:58dans un bureau de tabac ou une pharmacie agréée.
01:07:00D'ailleurs, on ne veut pas l'autoriser dans les bureaux
01:07:03de tabac parce qu'on ne veut pas de consommation croisée
01:07:05avec le tabac, parce que quand on fume un joint,
01:07:07le produit le plus dangereux dans ce joint,
01:07:09et c'est prouvé par la pharmacopée française
01:07:11et les scientifiques, c'est le tabac et pas le cannabis.
01:07:13Je rappelle qu'il n'y a pas d'addiction réelle au cannabis
01:07:15mais que ça a un impact quand même sur le cerveau.
01:07:18Tout ça, ce n'est pas nous qui le disons,
01:07:20ce sont les études scientifiques et médicales.
01:07:22On donne des licences, des agréments,
01:07:24des accompagnements avec des règles très strictes,
01:07:26que ce soit pour l'agriculteur, pour le transformateur
01:07:28ou pour le revendeur, comme on le fait déjà.
01:07:30Je rappelle qu'on a des licences 4 pour vendre de l'alcool.
01:07:33On maîtrise l'ensemble de la filière.
01:07:35On maîtrise l'ensemble de la filière garantie.
01:07:37De la culture du cannabis jusqu'à sa vente.
01:07:39Jusqu'à sa vente. Donc, l'État,
01:07:41par une agence nationale, qui régule ça,
01:07:43et dedans, on propose que sans conseil d'administration,
01:07:46il y a des personnes qui soient nommées par le gouvernement,
01:07:48des représentants de la police, de la santé,
01:07:50il y a un débat aussi de santé publique dans notre pays.
01:07:52Et de mieux protéger les jeunes...
01:07:54Et au-delà de ça...
01:07:56Nous, on n'est pas sur un prisme économique.
01:07:58On sort vraiment ce prisme-là.
01:08:01Bien sûr que ça rapporte de l'argent, mais c'est pas notre volonté.
01:08:03Ce que j'allais me demander, c'est, l'argent récupéré,
01:08:05allait bénéficier à la prévention ?
01:08:07Bien sûr, c'est l'idée.
01:08:09Pour les mineurs et pour les personnes à risque.
01:08:11Il y a des personnes à risque dans la consommation de toutes drogues.
01:08:14Je rappelle qu'en plus, la consommation de cannabis
01:08:16n'est pas la même que sur les autres drogues.
01:08:18C'est une drogue qui est à part parce qu'elle est plus apaisante
01:08:20alors que les autres sont excitantes.
01:08:22Et généralité, oui, sur le risque de prise de véhicules
01:08:24dans la foulée, d'aller travailler dans ces conditions,
01:08:26comme on l'a avec l'alcool, mais pour autant,
01:08:29aujourd'hui, les chiffres de consommation sont de plus en plus bas
01:08:31et on a de moins en moins de personnes qui roulent en état d'ébriété
01:08:33parce que, justement, les règles ont été durcies.
01:08:35Et puis, il y a des pendants.
01:08:37C'est-à-dire que si on légalise d'un côté, il faut qu'on durcisse de l'autre
01:08:39et si on ne joue pas le jeu alors qu'on a mis en place
01:08:42un marché ouvert, adapté et de protection,
01:08:44il faudra accepter d'avoir des peines de prison beaucoup plus lourdes.
01:08:47Et donner plus de moyens aussi aux forces de police.
01:08:49Je rappelle que c'est 500 millions d'investissements
01:08:52pour la lutte contre les stupéfiants en 2017.
01:08:54On a plus d'un milliard aujourd'hui.
01:08:56On a fait énormément de travail.
01:08:58Il faut redonner vie à certains de nos quartiers
01:09:00et pas que nos quartiers, parce que des petites villes
01:09:02comme Verdun, par exemple, sont aujourd'hui dans une difficulté
01:09:05importante à cause du marché de l'héroïne
01:09:07et on a besoin que nos agents puissent aller taper
01:09:09au bon endroit et pas courir après des petits vendeurs
01:09:11et des petits dealers, mais à ceux
01:09:13qui organisent et qui gèrent ces trafics
01:09:15et qui, eux, mettent en danger l'ensemble
01:09:17de la société française.
01:09:20Derrière cette idée, derrière cette proposition,
01:09:22il y a l'idée de taper au portefeuille des narcotrafiquants.
01:09:24Et on sait, à priori, ce qu'il y a de plus efficace,
01:09:26ce qui fait le plus mal aux narcotrafiquants.
01:09:28Est-ce que vous y croyez ?
01:09:30Est-ce que cette formule peut véritablement taper
01:09:33au portefeuille des narcotrafiquants
01:09:35en légalisant cette filière du cannabis ?
01:09:37Peut-être.
01:09:39Peut-être.
01:09:41Peut-être.
01:09:43Donc, ces arguments sont, évidemment, audibles.
01:09:46Moi, je partirais pas par là,
01:09:48parce que, déjà, taper au portefeuille
01:09:50des trafiquants, je le redis,
01:09:52on est dans un système ultralibéral,
01:09:54mais on refuse de le voir parce qu'il y a
01:09:56un consensus sur quelque chose qui est quand même nocif,
01:09:59qui fait qu'aujourd'hui, on n'a plus de régulation
01:10:01et de régulation nationale.
01:10:03Ca a été voulu, il n'y a plus vraiment de régulation nationale.
01:10:05Mais là, c'est une forme de régulation
01:10:07qui est posée par un problème.
01:10:10Alors, on n'a plus rien qui...
01:10:12On ne maîtrise pas, je le dis,
01:10:14le contrôle, les frontières, les hommes,
01:10:16les marchandises, les capitaux.
01:10:19Jusqu'à présent, on en avait des bénéfices.
01:10:21Aujourd'hui, on commence à en avoir de plus en plus,
01:10:23des inconvénients, c'est plus simplement.
01:10:25Moi, en termes de santé publique,
01:10:27au moment où on a eu des progrès
01:10:29très difficiles sur la lutte contre la...
01:10:32Moi, j'ai perdu, comme beaucoup,
01:10:35beaucoup d'amis jeunes qui fumaient du cannabis,
01:10:37bizarrement, en termes de passage,
01:10:39se sont mis à passer à l'héroïne, à autre chose.
01:10:42-"Il marche le pied vers les dents du cul dur."
01:10:44C'est ce que vous êtes en train de nous dire.
01:10:46C'est parfois discuté sur le cannabis.
01:10:48J'en ai eu l'expérience, très jeune, avec beaucoup d'amis à moi,
01:10:52ou qui sont devenus des zombies,
01:10:54ou qui sont morts par la suite d'overdoses
01:10:56qui avaient commencé par du cannabis.
01:10:58J'en ai vu aussi beaucoup qui, parce qu'il y avait un interdit,
01:11:01n'y sont pas allés. Ils ont fait une fois, deux fois,
01:11:03mais n'y sont pas allés. On a promu plutôt des valeurs,
01:11:06l'accès au sport, l'accès à la culture.
01:11:08Le problème de santé publique, il est redoutable.
01:11:11C'est-à-dire que là, on débat de façon abstraite.
01:11:13Il faudrait que je puisse dire, est-ce que vous avez des enfants
01:11:17qui se regardent dans les yeux en disant,
01:11:19est-ce que vous avez envie qu'ils prennent du cannabis
01:11:21à 15 ans, à 16 ans, avec tous les problèmes qu'on va avoir sur...
01:11:25Le fait est qu'ils le prennent, le cannabis.
01:11:27Regardons les chiffres entre les 18-35 ans aujourd'hui.
01:11:31Ils les prennent dans les fêtes, de manière régratie.
01:11:33Il y a quand même une forme de réalité.
01:11:35La réalité, c'est que c'est toujours bon pour les enfants des autres.
01:11:39Moi, je pense que c'est pas bon.
01:11:41C'est pas bon pour la santé.
01:11:43J'ai vu... J'ai 61 ans.
01:11:47J'ai vu ce que ça a donné. C'est pas bon pour la santé.
01:11:50On lutte contre l'alcool. On a fait des campagnes,
01:11:52on a eu des résultats. On a lutté contre le tabac.
01:11:55On peut pas éradiquer ça.
01:11:57Est-ce qu'on doit ajouter, au nom d'un principe
01:11:59de liberté récréative, un danger supplémentaire,
01:12:02en particulier pour les jeunes ?
01:12:04Je crois pas une seule seconde qu'on va légaliser,
01:12:07on rentrera une pièce d'identité, un truc...
01:12:10Je n'y crois pas une seule seconde.
01:12:12Ca se diffusera encore plus.
01:12:13Ca se diffusera, oui, mais on va rajouter un risque
01:12:16en termes de santé. Ca se diffusera encore plus.
01:12:19Si ça va se diffuser encore plus,
01:12:21paradoxalement, on va demander aux Français
01:12:23de faire des efforts sur la sécurité sociale,
01:12:26sur l'assurance-maladie. On va avoir de plus en plus
01:12:29de gens malades, de plus en plus de cancers,
01:12:31de plus en plus de gens schizophrènes
01:12:33et psychiatriques, parce que prendre du cannabis,
01:12:36c'est ça. Quand on est jeune, on ne prend pas modérément
01:12:39du cannabis, comme on n'aime pas modérément.
01:12:41On le fait de façon le plus possible.
01:12:43On a parfois envie de se défoncer.
01:12:46Il y a un mal-être qui est propre à la jeunesse.
01:12:48Je pense que le risque de santé est extrêmement grave.
01:12:51Après, je dis pas... Bien sûr qu'il faut un échange.
01:12:54Bien sûr qu'il faut... Moi, je pense que...
01:12:57On est... C'est pas un cadeau à faire à notre jeunesse.
01:13:01Et que l'interdit, malgré tout, ça marche.
01:13:03Bien sûr qu'on vide l'océan à la petite cuillère,
01:13:06mais on fait pareil sur les cambriolages,
01:13:09sur les conduites en état d'ivresse,
01:13:11mais c'est un choix de société.
01:13:13Après, si on veut, pour faire plaisir à des adultes
01:13:15qui ont envie de ça et pas de se retrouver en garde à vue,
01:13:19de ne pas juger et apprécier les autres conséquences
01:13:22pour la jeunesse, c'est un choix.
01:13:23Moi, je me regarde, je me demande si vous avez des enfants,
01:13:27est-ce que vous voulez qu'ils vous regardent à la télé
01:13:29à 15, 16 ans ? Est-ce que c'est bon pour eux ?
01:13:32Moi, ma question, c'est non.
01:13:34C'est toujours un exemple perso.
01:13:35D'ailleurs, pour le réalisateur de ce film...
01:13:38Le réalisateur de ce film était lui-même fumeur de cannabis.
01:13:41Il nous le dit au début du film.
01:13:43Je l'ai eu au téléphone juste avant cette émission.
01:13:46Il dit à peu près la même chose que vous.
01:13:48Il me dit que si j'avais continué à fumer du cannabis,
01:13:51j'en serais sans doute pas à réaliser des documentaires.
01:13:54Dieu sait s'il était de qualité, ce film.
01:13:57Tapez au portefeuille des narcotrafiquants
01:14:00avec cette solution évoquée par Ludovic Mendes.
01:14:03Est-ce que ça vous paraît pertinent, jouable et tangible ?
01:14:07L'État se gargarise en permanence,
01:14:09et ça fait 30 ans que ça dure,
01:14:11sur les quantités saisies de drogues.
01:14:14Soit le président de la République se déplace,
01:14:16il s'est saisi plusieurs tonnes,
01:14:18soit le ministre de l'Intérieur, on se déplace,
01:14:20on se gargarise, on est contents.
01:14:22Les trafiquants de stupéfiants, eux, de ces saisies,
01:14:25ils s'en moquent complètement.
01:14:27C'est-à-dire qu'en gros,
01:14:28vous le comprenez bien quand vous regardez le documentaire,
01:14:31en fait, c'est de l'ortie quasiment.
01:14:33Que ce soit la cocaïne ou le cannabis,
01:14:35ou le pavot, ce sont des plantes qui poussent
01:14:38et qui valent 3 centimes sur pied.
01:14:39Ce qui vaut cher, c'est la transformation,
01:14:42et c'est surtout le transport,
01:14:43et surtout l'entrée sur le territoire européen,
01:14:46puisqu'il faut sous-doyer des dockers, des douaniers,
01:14:48des policiers, tout ce que vous voulez, ou des bagagistes.
01:14:51Donc ce qui coûte cher, c'est ça.
01:14:53Quand vous perdez quelques tonnes en mer,
01:14:55c'est pas gênant, parce qu'il y a la même chose qui arrive.
01:14:58En revanche, quand vous prenez...
01:15:00Quand vous prenez les milliers d'emplois...
01:15:02Quand vous saisissez un million d'euros en espèces...
01:15:05Les gardiens d'ascenseurs dans les cités,
01:15:07si vous enlevez tout ce personnel qui a envie...
01:15:10Pour répondre à votre question, je suis tapé au portefeuille.
01:15:13Tapé au portefeuille, c'est pas ça,
01:15:15c'est saisir un million d'euros
01:15:17en train de quitter le territoire français,
01:15:19dans le faux coffre d'une voiture, d'un véhicule ou je-ne-sais-où,
01:15:23parce que, dans un sens, on fait rentrer la drogue,
01:15:26et avec les mêmes moyens, on fait sortir l'argent.
01:15:29C'est ça qui pose problème,
01:15:31sauf qu'aujourd'hui, on a un problème pour taper au portefeuille,
01:15:34c'est que les moyens de la haute finance internationale
01:15:37sont devenus tellement technos, technologiques,
01:15:40avec la fintech, que c'est extrêmement difficile
01:15:43de tracer cet argent, et qu'ils se volatilisent en un clin d'œil.
01:15:46J'en ai vu des trafiquants de situation,
01:15:48ils ont six téléphones portables, 40 comptes en banque,
01:15:51et au bout de dix minutes, c'est comme...
01:15:54Vous savez, quand vous lancez un caillou dans une flaque d'eau,
01:15:57il y a des petites vaguelettes,
01:15:59mais si vous revenez une demi-heure après,
01:16:01c'est exactement la même chose, et l'argent a disparu.
01:16:04Effectivement, ça leur fait mal, mais c'est dur.
01:16:07Mais je veux en revenir sur...
01:16:08On a une idée du nombre de personnes
01:16:10que le trafic de cannabis fait vivre en France ?
01:16:13Et plutôt, dans quelle région ? On parle beaucoup de la Seine-Saint-Denis,
01:16:17de Marseille ?
01:16:18Les narco-français, Brizomerta, c'était un livre,
01:16:21j'avais chiffré à 250 000 personnes
01:16:23le nombre de personnes qui, en France,
01:16:25vivaient plus ou moins du trafic de stupéfiants,
01:16:28avec des zones fortes, des places fortes.
01:16:30Les policiers que j'avais rencontrés il y a 4-5 ans
01:16:33me parlaient de la Seine-Saint-Denis
01:16:35comme d'un narco-département.
01:16:37Mais il faut revenir à notre débat.
01:16:39J'ai des questions à poser, des questions sur le cannabis.
01:16:42Si on légalise...
01:16:43Je me pose des questions très techniques, très pratiques.
01:16:46Il y a une régie étatique.
01:16:48On va mettre en circulation un produit
01:16:50avec un taux de THC à X.
01:16:53THC, c'est la substance agissante.
01:16:56Je pense que les trafiquants de stupéfiants...
01:16:58Non, mais la puissance...
01:17:00Le temps sous-actif.
01:17:01Voilà, c'est ça, le principe actif.
01:17:03Je pense que les trafiquants de stupéfiants
01:17:06ne sont pas bêtes.
01:17:07Ils vont proposer, je le vois comme ça,
01:17:09parce que je les connais bien,
01:17:11ils vont proposer un cannabis moins cher,
01:17:13plus fort,
01:17:14et comme l'Etat ne pourra pas vendre aux mineurs,
01:17:17et que les mineurs, chacun, je confirme,
01:17:19nos enfants ont tous fumé un joint,
01:17:21à un moment donné,
01:17:23ces trafiquants vont aller vers ce marché-là des mineurs
01:17:26qui, eux, n'auront pas le droit d'acheter à l'Etat.
01:17:29Je trouve que pour la sphère des adultes,
01:17:31les gens qui consomment et qui ont entre 40 et 60 ans...
01:17:34C'est parfait pour eux.
01:17:35Pour les bobos, en gros, ce sera parfait.
01:17:38On aura même une filière...
01:17:39Je propose même une filière bio,
01:17:41parce qu'il n'y a pas de raison.
01:17:43Réponse de Ludovic Mendès.
01:17:44On va sortir des clichés qu'on a dit tout à l'heure.
01:17:47Les gamins fument de moins en moins.
01:17:49C'est prouvé par tous les rapports,
01:17:51médicaux, de politique, parlementaires,
01:17:53ils fument de moins en moins,
01:17:55pour différentes raisons.
01:17:56Ils cherchent une vie plus saine.
01:17:58Les influenceurs sur les réseaux sociaux
01:18:00les accompagnent dans ce marché-là.
01:18:02Moins de tabac, moins d'alcool, moins de drogue.
01:18:05Sauf ceux qui ont des vrais problèmes sociaux
01:18:08ou de pauvreté importante.
01:18:09Là, il y a une consommation trop élevée,
01:18:11quoi qu'il arrive.
01:18:12Le consommateur moyen est entre 30 et 50 ans.
01:18:15Il n'a pas...
01:18:16C'est pas un mineur.
01:18:17Pour d'autres raisons, après 50 ou 60 ans,
01:18:20c'est pour des raisons thérapeutiques
01:18:22et qu'il ne trouve pas d'autres solutions.
01:18:24Sortons de ces clichés-là.
01:18:26L'idée, ce n'est pas de définir un taux de THC.
01:18:28On ne peut pas le définir dès le début.
01:18:31Chaque plante apporte un taux de THC ou de CBD différent.
01:18:34Selon la variété, selon différents processus de pousse,
01:18:37selon l'ensoleillement, l'humidité,
01:18:39on va avoir des rendus différents.
01:18:41Nous, on veut poser un taux maximum,
01:18:43mais après, c'est au client de choisir
01:18:45quel type de produit il veut à un moment où il va l'acheter.
01:18:48Il sera accompagné.
01:18:50C'est ce qu'on fait avec la Fédération Addiction
01:18:52et d'autres spécialistes du sujet.
01:18:54Vous avez raison sur un point.
01:18:56C'est souvent des personnes en grande difficulté.
01:18:59Les personnes dont vous avez parlé,
01:19:01avaient l'air en difficulté,
01:19:02qui ont cherché, quoi qu'il arrive,
01:19:04une forme d'évacuation du monde dans lequel ils vivent,
01:19:07que ce soit la drogue ou l'alcool.
01:19:09On le voit aussi dans les violences intrafamiliales
01:19:12de ce que vous traitez au quotidien,
01:19:14qui sont des sujets très importants,
01:19:16où l'alcool est très présent.
01:19:18C'est l'alcool qui est très présent.
01:19:20Ca détruit des personnes,
01:19:21parce qu'il y a un mal-être de société.
01:19:23C'est pour ça qu'on essaie de travailler
01:19:25sur un enjeu d'accompagnement psychologique,
01:19:28médico-social, psychiatrique,
01:19:30pour rétablir une vérité.
01:19:31Ca ne crée pas de schizophrénie.
01:19:33Ca permet de déclencher la schizophrénie
01:19:35de quelqu'un qui l'a déjà.
01:19:37Là, on parle d'un sujet...
01:19:3850 % des Français boivent au moins un verre d'alcool par semaine.
01:19:42La consommation d'alcool et de tabac est trop élevée,
01:19:45mais ça prouve qu'il y a un problème de société.
01:19:47Il faut qu'on puisse en parler librement.
01:19:49L'idée, c'est pas de dire qu'on y va, chacun y va.
01:19:52On a pris des exemples au Québec et ailleurs
01:19:55où ça fonctionne très bien.
01:19:56On assèche en partie, et les mineurs n'y iront pas.
01:19:59Le trafiquant cherche autre chose.
01:20:01Il y aura toujours du crime organisé.
01:20:03Marseille, quand c'était pas l'héroïne ou la cocaïne,
01:20:06on avait toujours eu de la criminalité organisée.
01:20:08La réalité, c'est qu'elle change, elle est mouvante.
01:20:11C'était pareil pour la mafia, qui ne vendait pas de drogue,
01:20:14et qui s'est mise à la vente.
01:20:16Vous avez raison sur un point.
01:20:18Ce marché est international.
01:20:20Même dans les pays où les frontières sont fermées,
01:20:22ils arrivent à rentrer parce que la puissance financière
01:20:25leur permet de le faire.
01:20:27On a été en Guyane avec Antoine Léaumont
01:20:29pour voir comment ça fonctionnait.
01:20:31Vous achetez un kilo de cocaïne au Suriname,
01:20:34pour traverser l'Atlantique, c'est multiplié par dix.
01:20:36Elle arrive sur le territoire, elle est coupée quatre fois,
01:20:40et on regagne dix fois le montant qu'on l'a payé.
01:20:43Ca veut dire qu'on achète un kilo 3 000 euros,
01:20:46on en touche 300 000.
01:20:47Certaines personnes ne sont pas des narcotrafiquants,
01:20:50ne sont pas des dealers,
01:20:51ce sont des simples personnes comme nous,
01:20:53certains sont des élus, des assistants de police,
01:20:56et ils sont en jugement en ce moment,
01:20:58parce que c'est facile et qu'on ne pourra pas faire autrement
01:21:02que de pouvoir réguler ce marché et d'enlever le consommateur.
01:21:05Si on n'arrache pas le consommateur aux narcotrafiquants,
01:21:08ça ne fonctionne pas.
01:21:09On peut acheter du cannabis grâce maintenant aux réseaux sociaux.
01:21:14Oui, et depuis le Covid en particulier,
01:21:16ont été développés des systèmes de uber cheat,
01:21:19c'est-à-dire que maintenant, le dealer vient à domicile,
01:21:22on ne vient plus systématiquement sur les points de deal.
01:21:26Le seul, entre guillemets, avantage,
01:21:29c'est que parfois, ça a pu soulager
01:21:31des caches d'immeubles dans lesquelles des dealers s'installent
01:21:35et pourrissent la vie des gens.
01:21:37Vous avez vu des gens qui partent en mobilette, en scooter,
01:21:41pour aller livrer à domicile.
01:21:43Donc, après, deux poids, deux mesures, non.
01:21:45Moi, je reste sur la problématique de la santé publique
01:21:48et le fait d'ouvrir les vannes.
01:21:50Pour le cannabis, il y a quand même, bon an, mal an,
01:21:53une forme de permissivité, mais...
01:21:56Peut-être que les forces de l'ordre
01:21:58regardent un peu moins près, quoi. C'était ça, ma question.
01:22:01Non, pour le cannabis, c'est beaucoup plus facile.
01:22:04Le cannabis, pour l'essentiel, il vient du RIF, du Maroc.
01:22:07Comme l'a très bien dit également Frédéric Ploquin,
01:22:10eh bien, le blanchiment de cet argent repart au Maroc,
01:22:15c'est un gros tabou. On n'en parle jamais avec les Marocains.
01:22:18On trouve normal d'avoir un pays qui est un pays ami,
01:22:21et là, les parlementaires s'y attaquent pas.
01:22:23C'est pas très courageux.
01:22:25On trouve normal qu'on nous exporte du cannabis,
01:22:27qu'on nous exporte d'autres nuisances,
01:22:30et qu'en même temps, cet argent, l'essentiel du blanchiment,
01:22:33revienne avec des complicités, et tout le monde trouve ça normal.
01:22:37Moi, je trouve pas ça normal. D'autre part, sur un autre plan,
01:22:40ce que je crains, c'est que si on fait sauter
01:22:43le verrou de l'interdit pour le cannabis,
01:22:45même si je comprends les arguments,
01:22:47je vois pas ce qui empêcherait demain de prendre de la cocaïne,
01:22:50voire de prendre des drogues beaucoup plus fortes
01:22:53au nom de j'ai le droit, j'ai envie,
01:22:55sous-entendu, je ne fais de mal qu'à moi-même,
01:22:58qu'à ma santé.
01:22:59Voilà. Bon, aujourd'hui, je pense que c'est problématique.
01:23:02C'est pas facile à faire, au niveau moral,
01:23:05parce qu'on est dans une période d'hédonisme individualisme,
01:23:08de relativisme, d'ultra-individualisme.
01:23:11Maintenant, à ce moment-là,
01:23:13il faudrait que chacun paye une assurance santé particulière,
01:23:16parce que pourquoi, moi, je paierais pour quelqu'un
01:23:19dont je suis sûr ? Là, je conteste un peu.
01:23:22Je pense que les dégâts sont plus forts sur le plan psychiatrique.
01:23:25Vous dites que ça révèle la psychiatrie.
01:23:27Ca révèle bien d'autres maladies psychologiques et psychiatriques.
01:23:31C'est trop limité.
01:23:32C'est des études internationales et nationales.
01:23:35Faites part des médecins, des spécialistes,
01:23:37pas des agents de police ni des parlementaires.
01:23:40Respectons le travail des scientifiques.
01:23:42Il y a aussi beaucoup de scientifiques
01:23:45qui vous disent que ça crée des problèmes respiratoires,
01:23:48ça facilite des maladies de cancer qui se multiplient,
01:23:51ça facilite les dépressions, ça facilite...
01:23:53Mais bien sûr, c'est tout. Je suis plus âgé que vous.
01:23:56J'ai vu le résultat de gens qui ont fumé du cannabis.
01:23:59Et c'est pas brillant, sinon, à ce moment-là,
01:24:02il faut arrêter les campagnes anti-tabac.
01:24:04On estime que la nocivité est un problème secondaire.
01:24:07Après, je reconnais que c'est pas...
01:24:09Notre histoire fait que, dans le passé,
01:24:11on a fumé, on a vendu du cannabis.
01:24:13Notre histoire fait qu'on est en porte-à-faux
01:24:16par rapport à l'alcool.
01:24:17Faut-il rajouter un risque supplémentaire,
01:24:19en particulier pour la jeunesse ?
01:24:21Je dirige une association de prévention de la délinquance,
01:24:25c'est les jeunes, des quartiers les plus défavorisés.
01:24:28Le fait qu'il y ait un interdit...
01:24:30J'en reviens, je sais de quoi je parle.
01:24:32Oui, les jeunes qui sont dans ces cités-là,
01:24:34ce que j'ai peur, c'est que ça soit la catastrophe pour eux,
01:24:37avec un produit plus nombreux et moins cher.
01:24:40C'est déjà la catastrophe pour eux.
01:24:42Ils n'ont pas le choix que de finir dans les trafics.
01:24:45Merci à tous les trois d'avoir accepté d'en parler,
01:24:47d'échanger vos arguments sur ce plateau
01:24:50concernant cette éventuelle légalisation du cannabis
01:24:53que vous préconisez dans vos conclusions.
01:24:55Vos réactions, ce sera sur hashtag DébatDoc.
01:24:58Nos invités pourront réagir à ce que seront ces réactions.
01:25:02Merci à Félicité Gavalda, Yasmine Benaïssa,
01:25:05qui m'ont aidé à préparer cette émission.
01:25:08Prochain rendez-vous avec DébatDoc,
01:25:10ça sera à la même place, à la même heure,
01:25:12et toujours avec son documentaire et son débat.
01:25:15A très bientôt.
01:25:17SOUS-TITRAGE ST' 501