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Aujourd'hui, dans « Les 4V », Julien Arnaud revient sur les questions qui font l’actualité avec François Ruffin, député Picardie Debout de la Somme.

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00:00Et bonjour à vous François Ruffin, merci d'être avec nous ce matin en direct, en ce jour où il y a du travail pour le député que vous êtes, puisque la loi contre le narcotrafic arrive à l'Assemblée, les ministres Retailleau et Darmanin vont connaître l'épreuve du feu comme l'écrient les échos ce matin, vous la voterez vous cette loi ou pas ?
00:19Écoutez, déjà dire que le narcotrafic est un souci pour les habitants des quartiers en premier lieu, que quand on se balade évidemment chez moi à Amiens mais quand on va dans la banlieue lyonnaise, marseillaise ou parisienne, ce qu'on entend c'est des gens à qui ça pourrit la vie, parce qu'ils sont inquiets pour leurs enfants, ils leur demandent quand ils rentrent le soir du collège de bien passer un coup de fil pour être sûr qu'ils soient rentrés.
00:45Alors cette loi c'est le bon outil ou pas ?
00:47En tout cas moi j'étais très content du coup qu'il y ait une commission d'enquête du Sénat qui vienne dire voilà le narcotrafic est un gros souci et on a un principe c'est follow the money, suivre l'argent, on va aller taper les gros bonnets au porte-monnaie, voilà ce que venait dire la commission d'enquête du Sénat.
01:04Et à l'arrivée malheureusement on voit Darmanin qui fait des coups de com' avec ça, notamment vous savez quand même le plantage de Darmanin quand il était ministre de l'intérieur, il a fait soi-disant des opérations XXL qui se sont avérées être…
01:19Mais je comprends pas très bien, sur ce texte là vous dites aussi c'est de l'esbrouf de la part du gouvernement, c'est bidon, ça sert à rien ?
01:25Je dis au départ ce qui est fait par la commission d'enquête du Sénat est bon et ensuite on se retrouve avec de l'improvisation tous azimuts de monsieur Darmanin qui avait échoué comme ministre de l'intérieur face au narcotrafic et qui recommence les opérations de communication.
01:38Et on le voit avec des amendements posés en dernière minute par des sénateurs qui viennent dire voilà sur les libertés publiques et comme le dit Jérôme Durin, le rapporteur de la commission d'enquête par exemple sur les portes dérobées, sur tout ce qui est des messages récryptés, ce qui relève des libertés publiques, il dit voilà on improvise pas avec ça, on fait pas des amendements de dernière minute.
02:00Donc vous êtes contre la loi telle que la souhaite Bruno Rotaillot ?
02:03Telle qu'elle est aujourd'hui, elle ne convient pas. Donc la commission des lois à l'Assemblée l'a améliorée, l'a retoquée pour partie, et bien l'Assemblée va faire son travail pour arriver à une loi qui soit efficace pour aller lutter contre les narcotraficants et qui les tape aux portes douanées.
02:19Vous avez vu que Bruno Rotaillot a dit hier qu'il allait remettre les dispositions les plus polémiques, notamment la fameuse boîte noire qu'on a beaucoup expliqué, le dossier coffre.
02:29Il dit, le ministre, et c'est pas le seul à le dire que tout ça est utile, le patron de la police ce matin dans le Figaro, il prend un exemple précis, il parle de Mohamed Amra.
02:37Il dit la traque de Mohamed Amra elle a pris 9 mois, si on avait eu ces fameux outils qu'on préconise dans la loi, ça aurait duré 3 mois ou 4 mois tout au plus.
02:46Ces outils-là, ils sont indispensables, utiles ou dangereux ?
02:50Il faut un audit de ces outils-là. Vous savez, normalement, il y a des études d'impact sur ce qu'on propose.
02:54Là, on a des amendements qui sont proposés, qui n'ont aucune étude d'impact, qui n'ont pas d'avis du Conseil d'État, donc on n'improvise pas avec les libertés publiques.
03:01Ah si, c'est légal.
03:02Il y a eu des décisions déjà du Conseil d'État.
03:05On n'improvise pas avec les libertés publiques, voilà. On ne fait pas des amendements de dernière minute de cette manière-là.
03:10Il s'agit de penser ce qu'on fait, et je vous redis, la commission...
03:14Pardon, mais c'est la forme que vous dénoncez là, pas du tout le fond.
03:17Je vous dis sur le fond, il faudra avoir les mesures les plus adaptées qui respectent, dans un équilibre entre l'efficacité contre le narcotrafic et faire attention aux atteintes aux libertés publiques.
03:28Quelle meilleure expertise que le directeur de la police ou bien la directrice générale de la Sécurité intérieure qui dit que certains acteurs s'opposent à cet outil, font preuve de mauvaise foi et portent une logique idéologique ?
03:39Je ne suis pas du tout dans une logique idéologique, je vous dis à quel point pour moi la lutte contre le narcotrafic est importante.
03:45De l'autre côté, il faut un équilibre entre la police et les libertés, et vous avez sur le volet des libertés un certain nombre de voix qui s'expriment et qui disent attention à là où on va.
03:54Je pense que tout ça doit être fait de manière raisonnée, tout ça doit être fait sans improvisation, pas dans la panique et dans l'urgence, mais en pensant les dispositifs qu'on met en place.
04:04L'autre grand sujet de la semaine, c'est le réarmement et l'engagement qu'elle avait appelé le président de la République il y a quelques jours.
04:10D'abord, est-ce que vous partagez l'inquiétude du président ou est-ce que vous dites, comme d'autres en politique, le président en fait trop et il ne faut pas exagérer et surinterpréter la menace russe ?
04:18Il y a une menace russe. Maintenant, il ne faut pas faire penser aux gens qu'il y a le risque que l'armée russe soit demain à Paris ou à Berlin.
04:29Ce n'est pas le cas puisque, et je salue l'héroïsme, le sacrifice des Ukrainiens, en trois ans de guerre, l'armée russe n'a pas atteint Kiev.
04:38Donc, il s'agit de se préparer à des conflits possibles avec les Russes, c'est évident, mais ça ne va pas se dérouler sur le territoire français.
04:48Je pense que là-dessus aussi, il faut y aller avec mesure et pas dans un sentiment de panique parce que finalement, il n'y a pas tant de choses que ça qui ont changé en 15 jours.
04:57Il ne faut pas exagérer, donc pourquoi d'un seul coup...
04:59Il y a eu le lâchage de Donald Trump quand même, c'est ça.
05:01Mais en quoi, excusez-moi...
05:03Le virage.
05:04Excusez-moi, mais en quoi c'est une surprise ? Est-ce qu'on a des dirigeants qui sont des imbéciles ? On n'a pas besoin d'avoir des services de renseignement ?
05:12Monsieur Trump a annoncé dans tous ses discours de sa campagne présidentielle qu'il mettrait la pression sur l'Ukraine pour régler, nous disait-il, la guerre en 48 heures.
05:22Et maintenant, on a des ministres, on a des présidents de la République, on a des dirigeants européens qui sont surpris simplement parce qu'il a fait ce qu'il dit.
05:30Non, moi quand M. Trump a déclaré ça pendant sa campagne, je l'ai pris au sérieux et j'ai considéré à ce moment-là, mais dès avant, vous savez déjà Barack Obama, déjà Joe Biden,
05:42on voyait leur détachement du continent européen.
05:46Donc ça signifiait qu'il y avait le besoin d'une autonomie de défense européenne, d'une autonomie stratégique et qu'il n'y a pas de panique à avoir en 15 jours.
05:55Comment vous pensez qu'on va financer tout ça, d'après vous ? Est-ce qu'on va rogner sur le modèle social notamment ?
05:59Est-ce que vous avez lu la une des échos de mon ami Bernard Arnault qui, la semaine dernière, saluait des dividendes records ?
06:08Qui disait, voilà, à nouveau sur les dividendes, nous sommes en Europe médaille d'or.
06:13Qui disait, voilà, nous avons fait plus 8% en un an.
06:17Donc, savez-vous qui déclare la rentabilité du capital que nous connaissons depuis 20 ans est très excessive et détourne une part de la valeur trop importante vers les actionnaires ?
06:29Qui déclare ça ?
06:31Éric Lombard, ministre de l'Économie.
06:33C'est Éric Lombard, ministre de l'Économie, qui déclare qu'aujourd'hui, il y a un excès du capital.
06:38Que les actionnaires prennent trop, que les actionnaires prennent trop d'une part aux salariés, c'est M. Lombard qui le dit.
06:44Je peux vous poursuivre la citation.
06:45Non, non, non.
06:46Mais qu'ils prennent trop pour l'investissement, qu'ils prennent trop pour l'investissement écologique dans notre pays et aujourd'hui qu'ils prennent trop pour l'investissement géopolitique nécessaire.
06:54Il faut faire payer les milliardaires, on vous a bien compris.
06:56C'est un débat qui percute un autre débat en ce moment, le débat sur les retraites.
06:59Vous avez entendu hier François Bayrou qui a fermé la porte au retour à la retraite à 62 ans.
07:05Est-ce que pour vous, ça peut être un motif de censure du gouvernement, cette histoire ?
07:08À l'évidence, je voudrais rappeler…
07:10À l'évidence, oui.
07:11À l'évidence, oui.
07:13M. Bayrou doit se rappeler qu'il n'a pas une majorité évidente, loin de là, à l'Assemblée.
07:21D'accord ?
07:22Comment s'est passée cette loi sur les retraites à 64 ans de M. Macron ?
07:26Elle s'est passée contre 8 salariés sur 10, contre tous les syndicats unis et contre une majorité de députés à l'Assemblée.
07:34À la fin, je l'ai dit depuis le départ, je le redis aujourd'hui, il faudra que ça soit démocratique, il faudra que ça passe par la case Assemblée.
07:42Donc à la fin, il faut qu'il y ait un vote de l'Assemblée et qu'ils disent vers quel modèle de retraite on veut aller.
07:50Il y aura un autre vote, François Ruffin, ça ne vous a pas échappé, en 2027, un vote important, la présidentielle.
07:56Vous avez dit que vous travaillez, vous, sur la présidentielle.
07:58Est-ce que ce matin, vous nous dites, au-delà de ça, je suis candidat pour 2027 ou pas ?
08:02Je continue à dire que j'y travaille, j'y travaille avec beaucoup d'amis et j'y travaille, vous savez, parce que je vois la morosité qui gagne le pays
08:10et il va y avoir la nécessité de rallumer la lumière et de la rallumer avec la gauche la plus unie possible, une gauche joyeuse et généreuse.
08:17Est-ce que Raphaël Glucksmann peut aussi être une incarnation et un candidat pour la gauche, un candidat uni ?
08:23Regardez ce qu'a écrit ce matin Le Figaro, il est en route vers la présidentielle, on l'a vu tout au long du week-end.
08:27Il y a beaucoup de monde en route vers la présidentielle, chacun peut apporter sa pierre au milieu de tout ça.
08:31Y compris Jean-Luc Mélenchon ?
08:33Moi, je le dis, la porte est ouverte, vous savez, la porte est ouverte.
08:37Maintenant, Jean-Luc Mélenchon a choisi de vivre sa vie, de partir sur son propre couloir et de dire qu'il ne se rassemblerait pas avec les autres.
08:45Quand on voit la situation aujourd'hui du pays avec évidemment une extrême droite qui a gagné pour beaucoup dans le pays,
08:52il y a la nécessité que la gauche soit unie et soit unie le plus largement possible.
08:56Merci beaucoup.
08:57Et une gauche généreuse et joyeuse et non pas araigneuse ou teigneuse.
09:00François Ruffin qui passe son message dans les 4V ce matin, merci.
09:03Merci à vous.