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Aujourd’hui dans « Les 4 V », Julien Arnaud revient sur les questions qui font l’actualité avec Dominique Schelcher, PDG de Coopérative U.
Aujourd’hui dans « Les 4 V », Julien Arnaud revient sur les questions qui font l’actualité avec Dominique Schelcher, PDG de Coopérative U.
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00:00Dominique Schellscher, chef d'entreprise, bonjour, bienvenue, ils sont inquiets les chefs d'entreprise, ils sont inquiets de la situation, il y a un événement rarissime qu'on a vu hier, Patronat et syndicats ont signé un appel commun ensemble, il n'y a que la CGT qui n'a pas signé mais tous les autres ils ont signé, ils sont unis pour alerter sur les risques d'instabilité, on est en plein dedans, alors expliquez-nous vous, Dominique Schellscher, quels sont les risques de cette instabilité pour le monde économique et le monde de l'entreprise ?
00:27Moi je suis à la tête de Coopérative-U, Coopérative-U ce sont 1200 patrons de PME partout en France, et ces patrons de PME ils en sont où aujourd'hui ? Ils sont dans cette incertitude, on ne sait pas quelles vont être les décisions prises par nos futurs responsables politiques et notamment sur des éléments de fiscalité, d'économie, et donc au moment où on est en train de faire nos budgets pour l'année prochaine, 2025, dans nos entreprises, il y a des éléments qui nous manquent,
00:56et donc cette incertitude elle n'est pas favorable, elle n'est pas favorable par exemple à l'emploi pour commencer, quand vous êtes en incertitude vous dites est-ce que je vais recruter ou est-ce que je ne vais pas plutôt attendre avant de prendre ce type de décision ? Les investissements, on doit constamment moderniser nos magasins, on doit installer des panneaux photovoltaïques par exemple, est-ce qu'on va le faire l'année prochaine tant qu'on ne sait pas par exemple quelle va être la fiscalité de l'année prochaine ?
01:19Cela veut dire qu'aujourd'hui tout est gelé, on attend.
01:22Il y a une incertitude qui conduit à un certain attentisme, alors il se trouve que nous on va plutôt bien sur le marché donc on va quand même prendre des décisions mais ce n'est pas favorable et il y a les chefs d'entreprise mais je peux vous dire les français que je rencontre sur le carrelage dans mon magasin ou dans mes magasins de la coopérative sont dans le même état d'esprit.
01:44Est-ce que vous êtes d'accord avec le président du Medef quand il dit qu'on est déjà en récession, est-ce que vous le ressentez aussi dans la gestion de vos magasins ?
01:51Dans la consommation les volumes sont en baisse maintenant depuis plusieurs mois, les français consomment moins, dans leurs chariots il y a moins de produits, sous le coup de l'inflation, sous le coup des choix qu'ils font il y a moins d'articles donc dans l'univers que je connais particulièrement la consommation oui c'est déjà compliqué actuellement.
02:11Et ça n'est pas relancé avec les perspectives de Noël quand même dans cette dernière ligne droite avant Noël, c'est dans une semaine maintenant, il n'y a pas un sursaut des achats ?
02:17Alors je vais vous dire, il y a une étude qui m'a frappé, c'est un sondage des labs qui dit que le niveau d'inquiétude des français est même supérieur à celui pendant le Covid, c'est quand même incroyable donc ça traduit très fortement les choses.
02:30Mais en même temps les gens nous disent bon c'est les fêtes on va quand même se faire plaisir, ils vont se faire plaisir, on voit certaines choses par exemple les cadeaux, les jouets ça ça a très bien fonctionné mais on sent sur d'autres sujets qu'ils sont en train de faire des choix peut-être un peu à la baisse par rapport aux années précédentes.
02:47Sur quel type de produits, les alcools par exemple ?
02:50Vous avez raison, les alcools depuis plusieurs mois on en vend moins, c'est des produits chers dans le panier et donc les gens en achètent moins.
02:57Les gens se concentrent en ce moment sur le contenu de l'assiette, sur vraiment, vous voyez l'alcool c'est pas dans l'assiette, la droguerie parfumerie hygiène c'est pas dans l'assiette, on en achète moins aussi, on va à l'essentiel.
03:09Le budget moyen pour ces fêtes il est en baisse, on l'a déjà donné ce chiffre, c'est sous la barre des 500 euros par foyer.
03:15Pourtant il y a pratiquement plus d'inflation, est-ce que les français ont encore du mal à ressentir cette baisse de l'inflation ou pas ?
03:20Oui, les prix baissent depuis 8 mois exactement dans nos magasins, il y a des baisses mais je comprends qu'elles sont trop faibles pour être complètement perceptibles.
03:29Et je rappelle deux chiffres, 55% des français disent avoir des difficultés financières et 40% même disent c'est compliqué à la fin du mois.
03:37Donc c'est une réalité, oui il y a des français pour qui ça va mais il y a on va dire la moitié des français pour qui c'est difficile et donc ils font des choix.
03:45Alors vous nous avez parlé de cette incertitude qui pèse sur les épaules des chefs d'entreprise, cette incertitude elle est due à la censure du gouvernement Barnier,
03:52qui est due lui-même au projet de budget qu'il avait présenté, vous en pensez quoi à vous de ce projet de budget ?
03:57Parce qu'il chargeait les entreprises et on l'avait beaucoup beaucoup critiqué du côté du patronat.
04:02Alors écoutez il y avait des bonnes choses et des choses moins bonnes.
04:06Il y a deux points là qui m'inquiètent sans budget du coup à court terme.
04:10La première chose c'est que les impôts d'un certain nombre de français vont mécaniquement augmenter à partir du 1er janvier parce qu'il n'y a pas ce budget.
04:17Et ça quand les impôts augmentent c'est pas bon pour la consommation derrière.
04:21Et il y a un deuxième moins important sujet mais quand même pour le pouvoir d'achat des français.
04:27Aujourd'hui ils peuvent utiliser leur ticket restaurant, en restaurant bien sûr et c'est très bien, mais aussi dans les supermarchés pour acheter des produits à cuisiner.
04:34A l'époque du télétravail les gens adorent ça et c'est une vraie aide au pouvoir d'achat.
04:38En l'absence de budget aujourd'hui ça va tomber, ils ne pourront plus qu'acheter des sandwiches.
04:43C'est des petites choses mais tout ça cumulé ça fait qu'on se retrouve dans cette inquiétude dans la tête des français.
04:50Vous diriez quoi si vous aviez François Barreau en face de vous pour essayer de relancer la consommation ?
04:54Pour relancer les choses il faut bien sûr avoir un budget.
04:58L'objectif majeur c'est de réduire notre dette, ça c'est l'objectif majeur.
05:04Mais en prenant des mesures qui défendent le pouvoir d'achat des français, qui les rassurent.
05:08Pas de hausse d'impôts, ça c'est vraiment l'élément de base.
05:13Et pour les entreprises on a en France le niveau de prélèvement obligatoire le plus haut d'Europe.
05:20De ne pas rajouter d'impôts pour les entreprises et notamment pas pour les PME.
05:24Qu'il y ait une aide ou une contribution pour les très grandes entreprises qui était un peu prévue, pourquoi pas.
05:30Mais pour les PME, notamment le tissu que nous on connaît bien dans les territoires de France, il faut faire très attention.
05:35Il y a beaucoup d'entreprises fragiles.
05:37Vous n'étiez pas concerné par cette hausse ?
05:39On n'était pas concerné.
05:40Contrairement à Carrefour par exemple, ce qui faisait une petite distorsion entre les grandes enseignes.
05:44C'était un petit sujet entre nous, à court terme il est réglé.
05:47Mais voilà, il faut faire très attention dans les décisions à venir.
05:50Le gouverneur de la Banque de France dit qu'il y a un déni budgétaire.
05:53Et que la France s'enfonce comme ça, lentement, dans la crise et dans une baisse de la consommation.
05:59Il a raison, il y a un déni.
06:01Ce dont vous nous parlez là, alors qu'on le martèle depuis des années, on n'en a toujours pas conscience ?
06:04Le gouverneur de la Banque de France est au cœur du sujet.
06:07Il connaît par cœur toutes les données et il a raison d'alerter, d'alerter et d'alerter régulièrement.
06:13Il faut absolument maintenant qu'on prenne les bonnes décisions, qu'on réduise cette dette.
06:20Non pas en augmentant les impôts, mais en réduisant les dépenses publiques.
06:24C'est ça que les Français attendent.
06:26Les Français quand on discute avec eux, ils attendent quoi ?
06:29Ils attendent des résultats et de l'efficacité.
06:32Et c'est ça qu'ils n'ont pas en ce moment et c'est ça qui les embête en fait.
06:36Alors il y a aussi une situation de crise et même de catastrophe.
06:39Du côté de Mayotte, ça ne vous a pas échappé, alors vous n'avez pas de magasin vous à Mayotte,
06:42mais vous en avez à La Réunion.
06:44Que peuvent faire les commerçants que vous êtes pour être solidaires ?
06:48Est-ce que vous envisagez des choses ? Est-ce que peut-être vous en avez déjà fait ?
06:50Tout d'abord la situation est dramatique.
06:52Évidemment on pense à toute cette population qui est en souffrance aujourd'hui.
06:56Donc effectivement on n'a pas de magasin là-bas.
06:59Nos magasins de La Réunion ont envoyé hier un conteneur de produits de première nécessité.
07:0440 palettes de la farine, des pâtes, du riz qui est très consommé là-bas,
07:09mais aussi par exemple des papiers, des sopalins, du papier toilette, ce genre de choses.
07:14C'est parti.
07:15Première chose.
07:16Deuxième chose.
07:17Les autorités réunissent l'ensemble des commerçants à La Réunion
07:20pour voir collectivement en plus ce qu'ils peuvent faire.
07:23Et il y a plusieurs conteneurs qui vont encore partir là dans les prochains jours,
07:27notamment avec beaucoup d'eau, puisque l'eau manque beaucoup sur place.
07:30Donc l'action de solidarité est en cours de mise en place.
07:34La solidarité des commerçants et de la grande distribution pour Mayotte
07:38et puis l'appel que vous lancez aux dirigeants politiques et aux dirigeants publics ce matin
07:42à Dominique Schellscher en direct dans l'AKB.
07:43Merci beaucoup.
07:44Merci.