• avant-hier
Retrouvez les émissions en intégralité sur https://www.france.tv/france-2/telematin/toutes-les-videos/
Aujourd'hui, dans « Les 4V », Julien Arnaud revient sur les questions qui font l’actualité avec Sébastien Chenu, vice-président du RN et député du Nord.

Catégorie

📺
TV
Transcription
00:00Bonjour à vous Sébastien Chenu, et merci d'être là au lendemain d'une journée particulièrement riche en émotions, émotions négatives pour vous.
00:09Marine Le Pen, on l'a entendu hier, a dit qu'elle va continuer à se battre pour se présenter, mais évidemment la fenêtre est très étroite, et ça aussi elle l'a dit.
00:16Est-ce que malgré tout, vous ce matin, vous y croyez quand même fort ou pas ?
00:19Oui bien sûr, nous on y croit, mais c'est vrai que se réveiller ce matin en imaginant que par une décision de justice, la décision d'un juge,
00:26les Français privés de voir celle qui fait la course en tête, la principale opposante, celle qui est en tête des sondages, la voir privée de l'élection présidentielle,
00:36c'est se dire qu'on n'est plus vraiment dans une démocratie, ça questionne quand même.
00:40On se dit, la France, vieille démocratie, dans laquelle on aime le débat, la confrontation devant les Français, par une décision d'une juge, manifestement hostile,
00:52Un juge qui applique le droit, un juge qui applique la loi, voté par les parlementaires, c'est ça la démocratie ?
00:56Non, c'est pas ça, c'est pas ça, parce que l'exécution provisoire, parce qu'en fait le problème c'est celui-ci, il y a la sanction pour laquelle il est possible de faire appel,
01:06comme dans toute juridiction, vous avez une sanction, vous pouvez faire appel parce que vous considérez que la justice est trompée, ou vous n'êtes pas satisfait, vous pouvez faire appel,
01:15mais la magistrate en question a sorti cette peine d'une exécution provisoire, c'est-à-dire que la peine s'applique tout de suite.
01:24Ce n'est pas la première fois, il y a eu d'autres cas déjà, pour d'autres parties.
01:27Mais ça n'a rien à voir, chaque chose n'est pas comparable, il s'agissait d'élus locaux en général, on n'a jamais privé dans notre pays par une décision de justice,
01:36le principal leader de l'opposition de la capacité de pouvoir être candidate.
01:41Et c'est là où la question de la démocratie se pose, parce que la souveraineté populaire à laquelle les Français sont attachés, choisir eux-mêmes leurs représentants,
01:49elle est évidemment aujourd'hui foulée aux pieds.
01:51Il y aura un débat juridique, la cour d'appel, évidemment, elle sera là pour ça.
01:55D'abord, peut-être racontez-nous, vous la connaissez bien Marine Le Pen depuis longtemps, elle a affiché ce visage combatif, mais au fond d'elle-même est-ce qu'elle a été ébranlée ?
02:01Tout à l'heure Charles Sapin nous disait il y a eu ce coup de sang quand elle est partie, avant la fin du prononcé de la peine, ça ce n'était pas prévu.
02:06Elle a été plus secoue que d'habitude ?
02:08Non mais Marine Le Pen elle a intégré depuis longtemps que le combat qu'elle mène c'est un combat politique, mais que face à nous tous les coups sont possibles, y compris les coups juridiques.
02:17C'est-à-dire qu'on ne mène pas face à nous uniquement un combat politique, on mène face à nous aussi un combat judiciaire, juridique.
02:25Et Marine Le Pen ça fait longtemps qu'elle a intégré cette dimension probablement un peu injuste et que les Français connaissent.
02:31Donc Marine Le Pen c'est une combattante, vous l'avez vu, elle ne va pas s'arrêter, elle considère qu'effectivement cette exécution provisoire c'est une exécution politique qui est faite de celle qui représente la voix de millions de Français.
02:44Et parce qu'il y a des millions de Français derrière elle, elle va continuer à porter leur voix.
02:47Alors vous nous dites que c'était intégré, sauf qu'hier il y a eu une réunion de crise, mais manifestement tout ça n'avait pas été anticipé pendant plusieurs heures.
02:53On s'est demandé, on n'y était pas à cette réunion, vous vous y étiez peut-être, vous y étiez d'ailleurs par visioconférence.
02:58On avait l'impression que le parti était en état de choc, alors que ça faisait plusieurs semaines maintenant qu'on savait que ça pouvait arriver.
03:04Non mais c'est un choc pour la démocratie, c'est un choc pour la démocratie.
03:09D'ailleurs c'est vu comme tel à travers le monde entier que le leader de l'opposition soit privé de responsabilité.
03:15Vladimir Poutine, Jair Bolsonaro, Mathéo Selvini, Gerd Wilders.
03:21Des gens qui ont pris des leçons de morale de nos dirigeants pendant des années et qui aujourd'hui disent à la France ou regardent la France en disant
03:28vous qui donnez des leçons de morale à la terre entière sur ce que doit être la démocratie, aujourd'hui vous privez vos habitants, vos électeurs.
03:36Des leçons de démocratie par Vladimir Poutine, vous conviendrez que...
03:39Non mais pas seulement Vladimir Poutine, Donald Trump, qu'on l'aime ou pas, il a été élu, il est en démocratie.
03:45Les Etats-Unis sont une démocratie et ils considèrent qu'effectivement ça pose un problème.
03:49François Bayrou, le Premier ministre, a été, comme on dit pudiquement, troublé.
03:54Donc ça veut dire qu'en réalité, beaucoup de gens considèrent que les juges sont allés au-delà, c'est une motivation politique.
04:01Justement, puisque vous parlez des Français, il y a un premier sondage ce matin dans le Figaro
04:06et il se trouve que les Français ne sont pas tellement d'accord avec vous.
04:09Il y a 35% des Français qui se disent choqués, ce qui correspond bono malo aux intentions de vote pour Marine Le Pen d'ailleurs,
04:13et 37% qui se disent satisfaits. Ils ne sont pas un rat de marée de soutien à Marine Le Pen.
04:19Deux choses, à égalité, 37-35, on est dans la marge d'erreur des deux côtés.
04:23Donc il y a autant de Français qui sont choqués que de Français qui sont satisfaits.
04:27Le problème, c'est que les Français choqués, ce sont les Français qui représentent l'opposition.
04:31Et dans une démocratie, qu'il n'y ait pas d'opposition, qu'on fasse taire l'opposition,
04:35qu'on dise à l'opposition « on vous prive de votre capacité à être représenté »,
04:39ça pose un vrai problème démocratique.
04:41Oui, les Français qui sont choqués, souvent, ce sont les Français qui ne sont pas d'accord avec ce qui se passe
04:45et qui ont plutôt envie de voter pour Marine Le Pen.
04:47Leur dire « vous ne pourrez pas voter pour elle », ça pose une vraie question.
04:51Est-ce que ça ne pose pas aussi un problème démocratique de pointer du doigt les juges
04:54et de dire « ils prennent des décisions politiques ».
04:56Il y a eu des menaces, du coup, sur les magistrats,
04:58et à tel point que le garde des Sceaux, Gérald Darmanin, a dû intervenir pour condamner ces menaces.
05:02Est-ce que, d'ailleurs, vous, ce matin, vous les condamnez ou pas ?
05:04Non, mais il n'y a pas de menaces.
05:06Moi, je ne menace pas les juges.
05:08Non, mais est-ce que vous condamnez ces menaces ?
05:10Je ne vois pas où il y a des menaces.
05:12C'est Gérald Darmanin qui le dit.
05:14Gérald Darmanin le dit, donc c'est la parole d'évangile.
05:16Il n'y a aucune menace sur les juges.
05:18Il y a des menaces sur les juges.
05:20Ah bon, il y a des menaces. Si vous savez qu'il y a des menaces…
05:22Le garde des Sceaux est bien placé pour le savoir.
05:24Si vous pensez que c'est lui qui donne, effectivement, le « là », c'est très bien,
05:28mais l'idée n'est pas de menacer les juges.
05:30Vous ne condamnez pas ces menaces ?
05:32Si il y a des menaces, je les condamne, si ça vous fait plaisir de l'entendre.
05:35Mais ce que je veux dire, c'est qu'il y a une motivation politique
05:37qui est faite dans la décision de la juge.
05:41La motivation politique, c'est de rendre exécutoire la peine
05:44pour justement priver Marine Le Pen de l'élection présidentielle.
05:47Parce que, nous l'avons dit en début de conversation,
05:49une peine, elle tombe, il y a un appel,
05:52et ensuite, chacun fait valoir ses droits.
05:54Mais là, avec cette exécution provisoire,
05:56la juge dit « il y a une peine, mais je l'assortis de l'immédiateté de la sanction
06:00pour empêcher Marine Le Pen d'aller à l'élection présidentielle ».
06:06C'est ça qui est éminemment condamnable.
06:09Au cas où l'empêchement de Marine Le Pen serait confirmé,
06:12est-ce que Jordan Bardella est prêt à être le candidat pour 2017 ?
06:15Parce qu'on sent bien que l'ERN s'engage sur une double voie.
06:18D'un côté, il va y avoir le combat juridique de Marine Le Pen,
06:21mais qui va empêcher d'une façon ou d'une autre,
06:23même si la Cour d'appel lui donne raison, son ascension vers l'Elysée.
06:26Vous savez, Marine Le Pen, vous l'avez vu, elle est combative.
06:29Je vous rappelle qu'il n'y a zéro corruption, zéro enrichissement personnel,
06:33et elle ne compte pas abandonner les Français.
06:36Donc il n'y a pas d'autre, aujourd'hui, scénario que celui de permettre un appel
06:41pour faire valoir nos droits et permettre à Marine Le Pen
06:44d'être notre candidate à l'élection présidentielle.
06:46Oui, mais on l'a dit, c'est vrai, en début de conversation,
06:48la voie est extrêmement étroite. En termes de timing, ça ne sera peut-être pas possible.
06:51Est-ce que parallèlement, il ne faut quand même pas se préparer au plan B ?
06:53Aujourd'hui, comme j'allais dire d'habitude, comptez sur nous
06:56pour savoir ce qu'il y a de meilleur à faire pour nos électeurs.
06:58Et la meilleure des choses à faire, c'est faire valoir nos droits,
07:01parce que faire valoir nos droits, c'est faire valoir les droits
07:03des millions de gens qui votent pour Marine Le Pen.
07:05Mais vous allez bien voir cette musique qui va monter en faveur de Jordan Bardella.
07:08Bien sûr, mais on sait s'organiser.
07:09Même d'ailleurs sur les chiffres, quand on demande aux Français
07:11qui préfère entre Jordan Bardella et Marine Le Pen,
07:13ils répondent, nous on préfère Bardella, c'est assez net.
07:16Chez les Français, 30% disent qu'ils préfèrent Bardella, 16% Marine Le Pen.
07:20Et chez vos propres sympathisants, c'est encore plus impressionnant.
07:23Est-ce que, pour vous, sur un plan strictement électoral,
07:26ce n'est pas un mal pour un bien ?
07:27Mais rassurez-vous, c'est nous qui allons nous organiser.
07:29Ce n'est ni vous, ni vos confrères, ni les opposants au Rassemblement national
07:35qui décideront de qui est notre candidat.
07:37Il y a une initiative qui a été lancée par Jordan Bardella hier.
07:41Il a lancé une pétition.
07:42Est-ce que vous avez peut-être des premiers chiffres sur les signatures,
07:45ou bien pas spécialement ?
07:46Et surtout, est-ce que vous appelez à aller plus loin ?
07:48Des chiffres, non.
07:49Mais nous avons des centaines de milliers de gens
07:51qui se sont manifestés hier auprès de nos élus.
07:53Nous avons été débordés d'appels, de mails, de SMS,
07:56pas seulement d'ailleurs d'électeurs du Rassemblement national,
07:59de gens, et je vois qu'il y a des grandes voix dans notre pays,
08:01Noël Lenoir, membre du Conseil constitutionnel,
08:03Jean-Éric Schottel, de la même façon,
08:05qui se sont élevés pour dire qu'il n'est pas possible
08:08de priver les Français de leur souveraineté populaire.
08:11Ça ne touche pas.
08:12Ce n'est pas que partisans, cette affaire-là.
08:13Ça ne touche pas que les électeurs ou les soutiens de Marine Le Pen.
08:16C'est une question fondamentale d'un rapport qu'on a à la démocratie
08:19dans notre pays, d'un basculement qui est en train de s'opérer
08:22dans notre pays et qui, je pense, est très grave.
08:24Mais sauf qu'il y aura un candidat, de toute façon,
08:26du Rassemblement national.
08:27Le Rassemblement national sera représenté.
08:29Donc, il n'y a pas de délit démocratique de ce point de vue-là.
08:31Votre voix sera entendue, quelle que soit la personne qui l'apporte.
08:33Oui, mais monsieur, ce n'est pas à un juge ni aux médias
08:36de décider qui est le candidat du Rassemblement national.
08:39Ce n'est pas une décision de justice de priver les Français
08:42de leur souveraineté et de leur choix.
08:44Or, c'est exactement ce qui est en train de se passer.
08:45Donc, il doit y avoir impunité pour les élus ?
08:46Il n'y a pas d'impunité.
08:47Il ne s'agit pas d'impunité.
08:48Il s'agit de pouvoir avoir un recours, un appel dans des conditions normales,
08:53c'est-à-dire sans avoir cette exécution provisoire
08:56qui empêche Marine Le Pen d'aller au présidentiel.
08:58Avoir recours à l'appel, c'est la raison pour laquelle nous demandons
09:01que l'appel soit évidemment étudié au plus vite.
09:04C'est le retour cet après-midi à l'Assemblée nationale.
09:06Il va y avoir les questions au gouvernement.
09:08Est-ce que vous pensez que l'ambiance sera électrique ?
09:10Est-ce que vous avez l'intention, d'une façon ou d'une autre,
09:12de faire « payer » cette décision au gouvernement actuel ou pas ?
09:15Vous avez vu que nous avons toujours la même ligne.
09:18Nous votons ce qui va dans le bon sens.
09:19Hier soir, j'étais en séance à l'Assemblée.
09:22J'ai fait entendre notre voix en expliquant combien nous étions choqués,
09:26combien il y avait ce basculement démocratique.
09:28Je crois que nous aurons l'occasion de le dire encore.
09:30Il y a un basculement démocratique dans notre société.
09:33Et je pense que ce point de bascule, il faut en prendre conscience aujourd'hui
09:36parce qu'il aura de graves conséquences dans les années à venir.
09:38Et la menace de censure se précise pour François Bayrou ?
09:40La menace de censure existe toujours au-dessus de la tête de François Bayrou
09:44et de son très mauvais budget et de sa très mauvaise politique.
09:46Comment l'ORN se prépare aux échéances qui vont arriver ?
09:49C'est ce que nous a expliqué ce matin.
09:51Sébastien Chenu, merci beaucoup.
09:52Merci monsieur.

Recommandations