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Aujourd’hui dans « Les 4 V », Julien Arnaud revient sur les questions qui font l’actualité avec Marine Le Pen, présidente du groupe Rassemblement National à l'Assemblée nationale.
Aujourd’hui dans « Les 4 V », Julien Arnaud revient sur les questions qui font l’actualité avec Marine Le Pen, présidente du groupe Rassemblement National à l'Assemblée nationale.
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00:00Et bienvenue à vous Marine Le Pen, merci d'être là au lendemain de cette fameuse réunion à l'Elysée qui a rassemblé l'ensemble des chefs de parti et de présidents de groupe sauf ceux du Rassemblement National de la France Insoumise.
00:13Vous avez j'imagine quand même écouté les commentaires à la sortie, on avait l'impression que ça bougeait un petit peu. Qu'en avez-vous pensé ? Est-ce que vous pensez que la situation est en train de se débloquer ou pas ?
00:22Le sentiment que j'ai eu à l'écoute des commentaires des chefs de parti à l'issue de cette réunion, c'est qu'en réalité ils ne s'étaient pas réunis pour savoir comment régler les problèmes des Français mais plutôt comment rester sur le cheval,
00:35c'est-à-dire comment conserver leur place et comment s'assurer de conserver cette place le plus longtemps possible. Je ne suis donc pas mécontente de ne pas avoir été invitée par ailleurs ne souhaitant pas du tout participer au gouvernement d'Emmanuel Macron.
00:50Je n'avais au passage rien à y faire mais encore une fois, ce qui m'intéresse moins, c'est la vie quotidienne des Français, c'est comment l'améliorer, c'est comment faciliter leur vie et je n'ai pas le sentiment que ce soit la préoccupation principale des chefs de parti.
01:05Si vous avez été invitée, vous y seriez allée quand même pour participer ou pas du tout ?
01:09Non, je n'y serais pas allée parce qu'encore une fois, s'il s'agit d'organiser un gouvernement de Emmanuel Macron, je ne souhaite pas participer à un gouvernement car je suis totalement en opposition avec la politique qui est portée par le président de la République.
01:24Alors ça aurait été quoi à l'issue ? Pour sortir de la nasse dans laquelle on se trouve ? Hier, on a bien senti, il y avait besoin de trouver un compromis pour qu'au moins les choses avancent un petit peu.
01:33Visiblement, l'option, ce n'est pas de 49.3, donc pas de censure. Ça peut tenir d'après vous ou pas ?
01:38Je ne sais pas si ça peut tenir, mais je trouve que c'est déjà un engagement ahurissant.
01:42Pourquoi ?
01:43Parce que ce sont des leviers qui sont prévus par la Constitution. Voilà un président de la République qui vient dire qu'il n'y aura pas de 49.3 à la place d'un Premier ministre qu'il n'a pas nommé, ce qui quand même peut paraître étonnant.
01:56En tout cas, ce n'est plus la Ve République. Et des chefs de partis qui viennent dire qu'ils n'utiliseront pas un outil qui est celui de la Constitution, même s'il s'agissait de défendre les Français d'un danger imminent.
02:10Donc c'est un détournement, un contournement de la Constitution ?
02:12C'est un contournement de la Constitution, c'est du rodéo en réalité. Ces gens-là montent sur le cheval, non pas pour aller quelque part, ils montent sur le cheval pour y rester.
02:20Même si le cheval se cabre, même s'il fait des ruades, l'important pour eux c'est de rester assis sur la selle du cheval. Ce n'est pas la vision que j'ai de la politique.
02:28Sauf qu'ils ont été nombreux à dire, nous on ne veut pas forcément être dans le gouvernement, on ne veut pas être ministre, ils ne revendiquent pas de poste de ministre.
02:33En gros à gauche ils disent on ne veut pas de Premier ministre de droite, à droite ils ne disent pas de Premier ministre de gauche, etc. Donc ils disent même en dehors on ne censurera pas pour que les choses avancent.
02:40On est dans une recherche.
02:41Mais les choses vont avancer, il y aura un Premier ministre. Le Premier ministre nommé par le Président de la République sait ce qu'il doit faire pour pouvoir travailler dans des conditions correctes.
02:51Ce sont les mêmes conditions qui avaient été posées à M. Barnier, parler avec l'ensemble des forces politiques, construire un budget en tenant compte de ce qui constitue les lignes rouges des uns et des autres.
03:04C'est parfaitement faisable en réalité. M. Barnier ne s'est pas plié à cet exercice, je ne sais pas si c'est par arrogance ou je ne vais pas entrer dans son cerveau, ce qui est sûr c'est qu'il ne l'a pas fait.
03:15Et moi je suis convaincu, je le souhaite en tout cas, que le futur Premier ministre, quel qu'il soit, comprendra qu'il faut dans une démocratie parler à l'ensemble des forces politiques
03:26et parler évidemment à la première force politique de l'Assemblée nationale qui est constituée par les députés du Rassemblement national.
03:33Vous n'allez pas à l'Élysée parler au Président de la République, mais vous estimez que le Premier ministre doit vous parler ?
03:39Mais bien sûr, évidemment, évidemment, évidemment que le Premier ministre va, je l'espère, organiser dès sa nomination une consultation précisément pour co-construire ce budget
03:53puisque l'Assemblée nationale est dans une situation particulière qui est la conséquence de la manœuvre électorale, de l'entre-deux-tours des législatives avec ses 200 désistements,
04:03c'est qu'il n'y a pas de majorité à l'Assemblée nationale. Il faut donc parler avec l'ensemble des trois pôles, des trois blocs que constitue aujourd'hui l'Assemblée nationale.
04:10Mais Michel Barnier vous a quand même traité, il vous a donné raison sur un certain nombre de points et pourtant vous avez voté quand même la censure.
04:16Que doit vous donner de plus le futur Premier ministre concrètement ?
04:19Non mais ce n'est pas un problème de données, je ne veux rien pour moi. Moi je ne suis pas ceux qui sont allés hier à l'Élysée pour négocier leur petit poste et leur petit mandat.
04:28Moi ce que je veux c'est protéger les Français. J'avais indiqué à Michel Barnier qu'il était inadmissible que l'on parte sur la désindexation des retraites, inadmissible qu'il envisage de dérembourser des médicaments.
04:42Là-dessus, il a cédé sur les médicaments.
04:44Oui d'accord mais il n'a pas souhaité revenir sur la désindexation des retraites. Alors moi je suis désolé mais un budget qui prévoit 40 milliards d'impôts supplémentaires sur les Français,
04:5540 milliards qui alourdit la charge des entreprises et qui tape sur les malades et sur les retraités, moi ça m'apparaît être un budget toxique, j'en ai préservé les Français.
05:05Si je puis me permettre, en un vote de censure, on a fait économiser aux Français la 40 milliards d'impôts supplémentaires. C'est quand même une relative efficacité.
05:13Les déficits vont se creuser, les impôts vont augmenter, parce que la loi spéciale ne peut pas corriger ce fait.
05:20Non mais la loi spéciale, elle ne va pas durer pendant toute l'année.
05:24Mais on ne sait pas combien de temps ça va durer puisque c'est bloqué à cause de la censure, c'est ça le problème ?
05:27Mais non, vous avez tort. Il y aura un budget, il y aura une nouvelle loi de finances et nous l'aurons travaillée tous ensemble.
05:35Et par conséquent, elle sera votée et très certainement bien avant le mois d'avril.
05:40Ce qui veut dire que ceux qui viennent aujourd'hui faire du catastrophisme en disant aux Français, il y a 17 millions de Français qui vont payer plus d'impôts, mentent aux Français.
05:48A Bercy, on dit il faut que ça soit réglé avant la fin du premier trimestre, sinon les impôts vont bien augmenter. Avril, c'est après le premier trimestre.
05:54Mais non, c'est en avril que ça se calcule. Voilà, c'est tout. Donc avant avril, il y aura une loi de finances.
06:00Et donc tout ce qui est tombé de positif, il y avait très peu de choses, il y a beaucoup de choses de négatif qui sont tombées avec cette censure.
06:09Tout ça, ça reviendra, c'est ce que vous nous dites.
06:10Évidemment, ça reviendra, y compris d'ailleurs les mesures pour les agriculteurs.
06:13Parlons du casting, si vous voulez bien quand même, parce qu'on va avoir un Premier ministre dans la journée ou bien demain.
06:18Et à chaque fois, dans les noms qu'on entend, on se demande s'ils sont RN compatibles, si j'ose dire.
06:23Et on parle un peu à votre place.
06:24Alors dites-nous, par exemple, est-ce que François Bayrou, dont la cote semble être en train de monter, est-ce que c'est quelqu'un avec qui vous pourriez travailler ?
06:30Non, mais je ne vais pas jouer à ce jeu-là.
06:33Ça n'est pas de ma responsabilité de nommer le Premier ministre, c'est la responsabilité du président de la République.
06:37Moi, je suis désolée, je suis attachée à la Constitution, toute la Constitution, rien que la Constitution.
06:42Le président de la République sait, encore une fois, que nous souhaitons que les 11 millions d'électeurs du Rassemblement national soient respectés et entendus.
06:49Parce que respecter, c'est une chose.
06:51Mais respecter les 11 millions d'électeurs du Rassemblement national, c'est aussi tenir compte de leurs aspirations.
06:59Mais il y en a qui sont plus proches de vos idées.
07:01Entre Bruno Retailleau et un Premier ministre de gauche, on imagine que vous préférez Bruno Retailleau ou pas ?
07:05C'est tout. C'est la condition que nous avons posée.
07:08Donc, à charge pour le président de la République de choisir un Premier ministre qui respecte cette condition, qui est essentielle en démocratie.
07:15Nous ne demandons pas la lune, tout de même.
07:17On ne demande pas des avantages induits, on demande que la démocratie soit respectée.
07:22Nous sommes la première force, encore une fois, à l'Assemblée nationale, le premier groupe à l'Assemblée nationale.
07:27Nous avons fait 11 millions d'électeurs.
07:29Ces 11 millions d'électeurs doivent être respectés.
07:32Sauf qu'aujourd'hui, votre poids et votre influence semblent en régression par rapport à la semaine dernière.
07:38Puisque visiblement, le point commun hier de la réunion, c'est Emmanuel Macron qui dit « on ne veut plus être dans la main du RN ».
07:44Ce sont les mots qui ont été prononcés.
07:46François Hollande, ce matin, dit dans Le Parisien « Madame Le Pen a été victime de sa propre décision et en censurant, elle a tout perdu ».
07:52Vous répondez quoi à ceux qui disent cela ?
07:55Je pense que les responsables politiques et les commentateurs devraient être prudents dans leurs analyses.
08:03Un sondage paru ce matin vient contredire l'intégralité des commentaires que j'ai pu entendre depuis une semaine.
08:10C'est un sondage effoque qui vous place en tête au premier tour.
08:12Il faut qu'ils soient prudents et qu'ils ne prennent pas leur rêve pour la réalité.
08:19Le problème de la classe politique française, c'est sa déconnexion avec la réalité.
08:23Pourtant, il y a eu des choses. Il y a eu par exemple une partielle que vous avez perdue ce week-end dans les Ardennes.
08:27Il y a eu également l'un de vos députés dont la permanence a été murée par des agriculteurs.
08:32Il y a certains de vos électeurs qui ne comprennent pas cette décision que vous avez prise.
08:35Nous avons gagné une municipale en partielle.
08:38Nous avons perdu une législative en raison de la faible participation à 300 voix.
08:47Si vous souhaitez en tirer une conclusion politique, là encore, je vous appelle à être prudents.
08:54Quant aux agriculteurs, je pense que là pour le coup, si vous voulez, ce ne sont pas les agriculteurs.
09:01Nous sommes un peu victimes d'une bataille électorale, syndicale,
09:05puisque vous savez qu'il y a des élections à la Chambre d'Agriculture à la fin du mois de janvier.
09:10Je pense qu'un certain nombre de syndicats essayent de faire parler d'eux plus qu'autre chose.
09:16Parce que les agriculteurs, nous les avons toujours défendus. Nous continuerons évidemment à les défendre.
09:21Évidemment, nous ferons des avantages qui étaient prévus dans le PLF, une ligne rouge du futur budget.
09:30Il faudra bien sûr que l'ensemble de ces mesures, qui ne sont pas spectaculaires non plus,
09:36mais qui ont le malheur d'exister, soient dans la future loi de finances.
09:39Alors, notre actualité forte, Marine Le Pen, ce matin, c'est évidemment le site Yessour en Syrie.
09:42Trois jours après le renversement de Bachar el-Assad,
09:44Jordan Bardella, dimanche, a parlé d'une catastrophe géopolitique.
09:47Est-ce que vous êtes d'accord avec ça ou pas ?
09:50En tout cas, ce qui est sûr, c'est que là encore, je trouve que les commentateurs manquent de prudence.
09:54Parce qu'il est évident qu'évidemment, on se réjouit du renversement d'un pouvoir autoritaire et brutal pour le peuple syrien.
10:02Mais nous ne souhaitons pas qu'il soit remplacé par un pouvoir tout aussi autoritaire et probablement encore plus brutal.
10:11Mieux valait Assad que ceux qui sont arrivés au pouvoir aujourd'hui ?
10:14Le sujet n'est pas là.
10:14Oui, mais c'est terrible ce que vous êtes en train de dire.
10:16Parce que ça veut dire que le peuple syrien a le choix, en réalité, entre Assad et les djihadistes.
10:20Donc, c'est terrifiant.
10:22Moi, ce qui est sûr, c'est que je crains pour les minorités.
10:25Voilà, parce que je sais comment les djihadistes se comportent.
10:28Je crains pour les populations qui vont fuir cette potentielle dictature islamiste
10:33et qu'il va falloir que les pays autour et accessoirement les pays européens gèrent.
10:39Et je crains évidemment la déstabilisation de la région parce que plus les islamistes...
10:43Mais dans ce contexte, il faut suspendre les demandes d'asile ou pas ?
10:45Pour l'instant, il faut suspendre les demandes d'asile dans l'attente peut-être du retour déjà des réfugiés que nous avons accueillis.
10:52Si c'est plus dangereux maintenant, si vous nous dites que la situation est encore plus dangereuse maintenant.
10:56Ceux qui sont partis de la Syrie pour fuir le régime d'Assad doivent, a priori, vouloir revenir en Syrie.
11:04En tout cas, ce qui est sûr, c'est qu'il ne faut pas qu'il y ait d'automaticité dans ce domaine.
11:08Et la déstabilisation de la région par la prise en main d'un pays aussi grand et aussi important que la Syrie par les djihadistes est évidemment une inquiétude.
11:16Allez, merci beaucoup Marine Le Pen.