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Pour cette édition spéciale élection américaine en direct de New-York, Julien Arnaud revient sur les questions qui font l’actualité dans « Les 4 V » avec Roland Lescure, député des Français à l'étranger et vice-président de l'Assemblée nationale.

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Transcription
00:00Et l'invité des 4V, c'est Roland Lescure.
00:07Alors Roland Lescure, vous le connaissez, c'est une personnalité politique macroniste
00:12depuis longtemps maintenant, qui a été membre du gouvernement, qui maintenant est député
00:15des Français ici en Amérique du Nord.
00:18Il y en a un peu plus de 160 000, je crois.
00:21Alors il y en a 250 000, États-Unis, Canada, et à peu près la moitié ici aux États-Unis.
00:25D'accord, d'accord.
00:26Donc ça fait quand même pas mal de monde.
00:27Merci d'être avec nous à cette heure un petit peu tardive.
00:29On est presque 2 heures du matin ici, mais évidemment c'est une élection qu'on suit
00:32beaucoup ici, notamment les Français expatriés.
00:34On ne va pas dormir tout de suite.
00:35On ne va pas dormir tout de suite.
00:36Pourquoi est-ce que cette élection, elle peut concerner directement les Français expatriés
00:40ici ? Ça peut leur poser éventuellement des problèmes si Donald Trump l'emportait
00:44à cause des sujets d'immigration ou pas ?
00:45Oui.
00:46D'abord, il a déjà indiqué que s'il était élu, il resserrait très fortement la ceinture
00:51sur l'immigration.
00:52Et ici, tous les Français qui vivent ici sont immigrés.
00:56Certains sont franco-américains, mais beaucoup d'entre eux ont des cartes vertes, des permis
00:59de travail, y compris des permis de travail temporaires.
01:02C'est déjà arrivé quand il a été élu la première fois.
01:05Alors, il avait fait un muslim ban dès qu'il est arrivé en interdisant à tous les musulmans.
01:10Alors, comment vous trouvez les musulmans ?
01:11Alors, c'était les citoyens de certains pays, je crois, de mémoire.
01:19Ensuite, il a, pendant la Covid, extrêmement durci les conditions de retour pour les gens
01:25qui avaient des cartes vertes.
01:26Ce sont des résidents permanents.
01:27Du coup, il y a plein de Français qui étaient coincés ici, qui ne pouvaient pas rentrer
01:29en France.
01:30De peur de ne pas pouvoir revenir ?
01:31De ne pas pouvoir revenir.
01:32Et le dernier point, ça, c'était un acte politique très fort qu'il a fait avant le
01:37G7 de Biarritz.
01:38Vous vous souvenez, quand Emmanuel Macron a reçu le G7 à Biarritz, c'était à l'été
01:422019.
01:43Deux jours avant, il a réduit de manière unilatérale la durée des permis de travail
01:48des entrepreneurs français et uniquement français qui venaient s'installer aux États-Unis.
01:53Donc, jusqu'alors, c'était cinq ans.
01:55Il les a réduits à 18 mois et depuis, grâce à l'administration Biden et grâce au travail
01:59qu'on a fait avec eux, on est revenu à quatre ans.
02:00Donc, évidemment, les Françaises et les Français que j'ai rencontrés tout à l'heure
02:03dans une soirée électorale, ils savent très bien de manière très concrète ce que ça
02:07veut dire si Donald Trump est élu président pour eux et pour les autres, évidemment.
02:10Alors, ils savent aussi ce que ça veut dire peut-être sur le plan des droits de douane,
02:13puisque Donald Trump a annoncé la couleur 10% en plus sur les droits de douane pour
02:18l'ensemble des pays européens, 60% pour la Chine.
02:22On sentira pas si mal du côté de la France si Donald Trump l'emporte, évidemment.
02:26Ça change quoi pour ceux qui font du business ici, les Français qui font du business avec les États-Unis ?
02:30Là encore, malheureusement, l'histoire est pleine de leçons parce qu'en 2018,
02:35j'étais ici avec le président Emmanuel Macron quand on avait au PNL la première visite officielle.
02:40On a parlé pendant deux jours des droits de douane en espérant qu'ils ne les imposent pas.
02:44On était plutôt rentrés avec de l'espoir.
02:46Quelques jours après, de manière là encore totalement unilatérale, des droits de douane
02:50sur les Airbus, mais des droits de douane sur le vin.
02:52Il y a beaucoup de Françaises et de Français ici qui vivent parce qu'ils font de l'import-export,
02:56parce qu'ils font de la distribution de vin français.
02:58Du jour au lendemain, 25% de plus sur les bouteilles de vin français et espagnol à l'époque.
03:03Ça s'est vu directement dans leurs chiffres d'affaires, dans leurs revenus.
03:06Alors qu'il vous avait dit le contraire 15 jours plus tôt ?
03:08En tout cas, il avait plutôt laissé penser qu'il avait entendu et que tout ça se résoudrait bien.
03:13Donc vraiment, ce qu'il faut comprendre, c'est que Donald Trump, il est imprévisible.
03:20Et dans les relations internationales, c'est ce qu'il y a de pire.
03:22Alors, est-ce qu'il est si imprévisible que ça ?
03:24Parce qu'au fond, ce que vous nous dites, il l'avait annoncé.
03:26Voilà, moi, je vais augmenter les droits de douane.
03:28Vous avez beau venir me caresser dans le sens du poil, je vais le faire quand même.
03:31Oui, alors on n'avait pas caressé dans le sens du poil.
03:33On avait des discussions entre adultes, grandes personnes,
03:36avec des discussions entre les administrations qui avaient préparé ça.
03:40Donc évidemment, il peut toujours dire qu'il avait dit, enfin qu'il a fait plutôt ce qu'il avait dit qu'il ferait.
03:45Il dit tellement de choses, de toute façon, qu'il aura toujours une capacité à nous convaincre
03:51que ce qu'il a dit, c'est ce qu'il avait prévu de se faire.
03:53Mais c'est une question de rapport de force.
03:55Est-ce qu'il faut une réciprocité ?
03:56Est-ce qu'il faut que l'Europe dise, il en met 10 %, lui en en met 15 ?
03:59Et on se met tous d'accord pour le faire.
04:00Ce qui est clair, en tout cas, effectivement, c'est qu'il faut que l'Europe se réveille.
04:04Il faut que l'Europe se renforce.
04:05Il faut que l'Europe se rassemble.
04:07Elle a été plutôt rassemblée contre Donald Trump dans son premier mandat.
04:10Elle a été très rassemblée sur le Brexit.
04:12Elle a jusqu'à présent été très rassemblée sur l'Ukraine.
04:15Elle a été rassemblée pendant la Covid.
04:17Mais pour le reste, c'est un peu chacun pour soi.
04:19Et là, on a un devoir de rassemblement et de réveil collectif en Europe.
04:24Pour dire, nous aussi, on impose des droits de l'homme.
04:26Typiquement, l'IRA, l'IRA, des centaines de milliards qui inondent l'industrie américaine,
04:32qui aujourd'hui fonctionne.
04:33Il y a des usines qui poussent partout en Europe.
04:35Mais il faut qu'en France et en Europe, on mette autant d'argent pour décarboner nos industries traditionnelles,
04:40aux Etats-Unis, notamment d'ailleurs dans les Etats républicains.
04:43Donc, quand j'entends qu'il va arrêter l'IRA, je n'en crois pas un mot.
04:46Il faut que l'Europe en fasse autant.
04:48Il y a, vous savez, un ancien homme politique italien,
04:52monsieur Draghi, qui a publié un rapport qui dit qu'il faut 600 milliards d'euros d'investissement
04:57dans l'industrie verte en Europe.
04:58Il a raison.
04:59La France porte ça depuis longtemps.
05:02Il faut que l'ensemble...
05:03Ce sont les Allemands qui ne le portent pas.
05:04C'est en grande partie les Allemands.
05:06Ce sont aussi d'autres Etats membres qui sont moins industriels que nous et qui ont peur.
05:11C'est ce que vous disiez tout à l'heure.
05:13Ils ont peur qu'au fond, la menace Trump soit suivie des faits et qu'on en souffre, nous.
05:19Mais il y a un moment, la naïveté s'est terminée là.
05:21Vous avez parlé de l'unité sur l'Ukraine.
05:23C'est évidemment un sujet très, très important.
05:25Qu'est-ce qui se passe si Donald Trump l'emporte et dit l'aide à l'Ukraine s'est terminée
05:28puisque moi, je vous ai annoncé que je réglerai le problème en 24 heures ?
05:31Alors, il ne le réglera pas en 24 heures, mais évidemment,
05:34ça veut dire que le Congrès, qui vraisemblablement va être républicain,
05:38le Sénat l'est, ça c'est déjà acquis,
05:40va avoir plus de difficultés à voter des aides massives en Ukraine.
05:44Le ressort du vote Trump, il est multiple.
05:46Mais au fond, je pense qu'il y a une chose qui les rassemble sur l'Ukraine,
05:50c'est que tout ça, c'est bien loin de chez nous et ça ne nous intéresse pas.
05:53Donc, voter des dizaines de milliards de dollars d'aide à l'Ukraine,
05:57c'est moins populaire que ça l'a été pendant quelques semaines au début.
06:01L'Ukraine ici, c'est essentiellement une inflation en forte hausse
06:04et ça, les Américains ont dit aujourd'hui que finalement, tout ça, c'est non
06:09et qu'il est temps qu'on vienne à une inflation plus normale,
06:11ce qui est le cas d'ailleurs, l'inflation a baissé,
06:13mais malheureusement, les prix sont encore très élevés.
06:15– Donc si Donald Trump l'emporte, c'est une victoire aussi de Vladimir Poutine,
06:18c'est ce que vous nous dites ce matin dans Télématin ?
06:20– Je pense que si Donald Trump l'emporte, Vladimir Poutine,
06:24on verra une bonne bouteille de vodka,
06:25voire même peut-être une bouteille de champagne russe,
06:27vous savez que ça existe.
06:28– D'accord, écoutez, on verra ça, peut-être d'un mot,
06:31quelles leçons vous en tirez pour la politique française ?
06:35– D'abord que Kamala Harris, elle a été soutenue par un front républicain, un vrai,
06:39qui allait de la gauche du parti démocrate au républicain modéré,
06:43notamment la fille de l'ancien vice-président.
06:45– On verra si ça suffit, mais pour l'instant, on n'en prend pas le chemin.
06:47– Exactement, en tout cas, c'est difficile.
06:49Et donc ça, ça veut dire que là aussi, il faut qu'on se réveille,
06:52il faut qu'on soit extrêmement ferme dans le combat contre le populisme,
06:55dans le combat contre les fausses nouvelles
06:58et qu'on a besoin de se rassembler.
06:59Moi, je pense qu'à l'Assemblée, on peut faire mieux,
07:01rassembler ce que j'appelle moi les républicains des deux bords,
07:04les raisonnables, pour résister, résister à une vague populiste
07:07qui est présente ici, qui est présente dans le monde entier
07:10et qui est présente en France.
07:11– Allez, merci beaucoup Roland Lescure, vous nous l'avez dit,
07:12c'est vrai, la nuit va être longue, on n'est pas encore couché.
07:15Vous êtes avec nous dans Télématin, Fabrice Peuneau également,
07:18encore merci pour la langue des signes qui était avec nous
07:20et qui a traduit vos propos, Roland Lescure, merci beaucoup.