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Aujourd’hui dans « Les 4 V » Jeff Wittenberg revient sur les questions qui font l’actualité avec Jean-Noël Barrot, Ministre de l'Europe et des Affaires étrangères.

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00:00Bonjour Jean-Noël Barrault, merci d'être avec nous ce matin, c'est donc le jour J aux Etats-Unis, mais c'est le monde entier qui retient son souffle, la France aussi, est-ce qu'elle est inquiète par votre voix, celle de la diplomatie française, face à la perspective d'un possible retour de Donald Trump à la Maison Blanche ?
00:19Je crois que ce n'est pas tout à fait la question, vous savez, la France et les Etats-Unis ont des liens de très longue date, nous avons survécu à 59 élections présidentielles aux Etats-Unis, nous pourrons survivre à la 60ème, c'est un choix souverain du peuple américain et nous prendrons le président que les Américains nous donneront.
00:36Il faudra faire avec, c'est ce que vous dites, que ce soit Donald Trump ou Kamala Harris.
00:40Que ce soit Kamala Harris ou Donald Trump, et je rappelle qu'entre 2016 et 2020, nous avons eu affaire à une administration Trump, et donc nous nous tenons prêts, le cas échéant, à faire avec une nouvelle administration Trump.
00:50Il y a eu des souvenirs, justement, il y a des souvenirs de cette période 2016-2020, Donald Trump avait renoncé à certains traités, on se souvient notamment de l'accord de Paris sur le climat, il avait plus ou moins tourné le dos à l'OTAN et en tout cas critiqué cette institution.
01:03Depuis 2020, il est allé, depuis sa défaite en 2020, il est allé encore plus loin, au moins dans ses déclarations, je vous en cite une, il avait dit au début de cette année qu'il ne viendrait pas en aide aux Européens s'ils étaient attaqués.
01:14Est-ce que quand même dans les chancelleries, on prend en compte ce genre de menaces ?
01:18Je crois qu'il faut que l'Europe sorte de son complexe d'infériorité, qu'elle se réveille et qu'elle se muscle, qu'elle se muscle sur le plan militaire, sur le plan industriel, sur le plan commercial, cette idée simple, la France la porte avec force depuis 7 ans maintenant, par la voix du Président de la République notamment, il est temps, plus que temps de la mettre en œuvre.
01:37Mais sur l'Ukraine, par exemple, une victoire de Donald Trump qui ne veut plus, en tout cas il l'a dit, apporter de l'aide qui est aujourd'hui celle des États-Unis, c'est le premier contributeur, on le rappelle, est-ce que ça ne serait pas une bonne nouvelle pour Vladimir Poutine ? Est-ce que cela ne changerait pas le cours de la guerre là-bas ?
01:52Je ne crois pas que Donald Trump voudra avaliser la plus grande annexion territoriale de notre histoire depuis 75 ans, d'abord parce que ce serait oublier qu'aucune paix juste et durable ne peut être conclue dans le dos des Ukrainiens et par-dessus la tête des Européens, mais ce serait surtout consacrer définitivement la loi du plus fort, ce qui entraînerait des conséquences très lourdes, non seulement pour le continent européen, mais pour le reste du monde.
02:15Et pourtant il l'a dit, il réduira, il réduirait en tout cas cette aide américaine, dès lors vous étiez il y a quelques jours en Ukraine, comment l'armée ukrainienne pourrait-elle tenir face aux Russes aidés aujourd'hui même par les Nord-Coréens s'ils n'ont plus l'aide américaine telle qu'elle est aujourd'hui ?
02:31D'abord nous venons de signer, les Etats-Unis y ont contribué, un prêt de 50 milliards d'euros qui va être consenti à l'Ukraine et qui est fondé sur les revenus d'Auben tirés des actifs russes que nous avons immobilisés.
02:44D'autre part, puisque vous parlez de la Corée du Nord, c'est évidemment une escalade très grave, c'est une exportation de cette guerre vers l'Asie, mais c'est aussi un signe de très grande vulnérabilité de la Russie dont je rappelle qu'elle est au bord aujourd'hui de l'asphyxie.
02:58Rappelons-le, avec un déficit budgétaire abyssal, des difficultés à recruter, des difficultés à mobiliser et des taux d'intérêt aujourd'hui à 21%.
03:06Mais M. Barros, cet accord que vous venez de mentionner, est-ce qu'il engagera la prochaine administration si elle était gouvernée par Donald Trump ?
03:14Est-ce que vous n'avez pas peur qu'il dénonce ce qui a été signé il y a quelques semaines ?
03:19Il y a quelques semaines, 20 milliards d'euros qui viendront s'ajouter aux 20 milliards d'euros européens. Je crois qu'une fois que c'est signé, c'est bon pour accord.
03:27Cette élection aux États-Unis se déroule dans une situation de tension extrême, inédite.
03:32On voit des barricades s'ériger autour de certains édifices publics à Washington, des menaces de contestation par la force des militants trumpistes si leur champion ne gagnait pas l'élection.
03:41Est-ce que vous, en tant que militant politique, vous étiez membre du MoDem, vous l'êtes toujours, ça vous inquiète sur l'état de la démocratie américaine aujourd'hui et même la démocratie en général ?
03:52Oui, je regrette la brutalisation, la polarisation du débat démocratique.
03:57Ça n'est pas tout à fait nouveau et ça ne se limite pas aux États-Unis malheureusement et ça appelle de notre part un sursaut je crois.
04:04Ceci étant dit, je souhaite que ces élections puissent se dérouler dans le calme.
04:08En démocratie, nous avons une règle simple pour trancher les différents.
04:11Celui qui rallie la majorité des électeurs l'emporte.
04:14Je crois qu'il faut que celui qui sera vaincu reconnaisse au plus vite l'élection pour que nous puissions avancer.
04:20Mais vous avez des doutes là-dessus quand vous voyez ce qui se passe ?
04:22On voit les reportages tout au long des journaux de ces militants qui disent déjà que les élections sont truquées par les démocrates, en tout cas côté républicain ils le disent.
04:32J'ai confiance dans la démocratie américaine et je souhaite que ce processus qui va s'étirer jusqu'au mois de janvier se fasse dans le calme.
04:41Personne ne veut revivre l'assaut du Capitole de 2020.
04:45Au Proche-Orient, quel que soit le vainqueur, là aussi de la présidentielle américaine, il y aura une influence.
04:50On sait que Donald Trump est beaucoup plus aligné sur la position de la stratégie de Benjamin Netanyahou.
04:57Est-ce que vous voyez un changement possible après cette élection ?
05:01Dans tous les cas, les Etats-Unis ont un rôle essentiel à jouer dans le règlement du conflit israélo-arabe.
05:08Ça a été le cas par le passé. Je rappelle qu'en 1982, c'est l'interruption par Nixon des livraisons d'armes à Israël qui a mis fin à la guerre dévastatrice au Liban.
05:16Ensuite, nous serons aux côtés des Américains, comme nous l'avons fait depuis un mois, notamment pour le Liban, pour proposer des formules de paix permettant d'assurer une paix juste et durable dans la région.
05:28Que peut faire la diplomatie française aujourd'hui alors que les armes ne se taisent pas, pas de cesser le feu, ni à Gaza, ni au Liban où vous étiez rendu.
05:36C'était votre premier voyage de ministre des Affaires étrangères. Qu'allez-vous faire maintenant ?
05:40La France peut mobiliser la communauté internationale. C'est ce que nous avons fait il y a dix jours, le 24 octobre à Paris, en levant un milliard d'euros pour le Liban.
05:48La France a aussi une vocation à porter des messages et c'est pourquoi j'irai ce soir, demain soir, en Israël et dans les territoires palestiniens pour y rencontrer les autorités,
05:58pour y rencontrer les acteurs humanitaires, pour porter la voix de la France dans cette région où la guerre a beaucoup trop duré et où le recours à la force doit désormais céder la place au recours au dialogue et à la diplomatie.
06:09Donc je viens d'enregistrer, vous allez vous rendre en Israël demain. Les relations entre Israël, excusez-moi, entre l'État hébreu et la France se sont un petit peu détériorées ces dernières semaines,
06:22notamment après les déclarations d'Emmanuel Macron sur la création d'Israël par l'ONU qui ont fortement déplu à Benyamin Netanyahou.
06:28Vous y allez aussi pour recoller les merceaux. Est-ce que vous allez rencontrer M. Netanyahou ?
06:32Le dialogue n'a jamais été rompu et d'ailleurs le président de la République a eu le Premier ministre israélien à de nombreuses reprises.
06:38Nous allons poursuivre les discussions de paix engagées il y a un mois sous l'égide des États-Unis et de la France pour formuler pour le Liban les conditions d'une paix juste et durable.
06:48Vous allez encore une fois exiger un cessez-le-feu à un homme, M. Netanyahou, qui a dit que pour l'instant il n'en veut pas.
06:54Non seulement un cessez-le-feu mais aussi le respect du droit international, du droit international humanitaire. Les violations sont inacceptables et elles doivent cesser.
07:01En France, des militants pro-palestiniens exigent l'annulation du match France-Israël qui doit avoir lieu le 14 novembre au Stade de France.
07:08Ils ont pénétré hier dans la Fédération française de football. Qu'en pensez-vous ? Il faut que ce match ait lieu ou pas ?
07:13Il faut cesser d'importer ce conflit dans le débat public en France. La semaine dernière, c'est Sciences Po-Strasbourg qui mettait fin de manière inacceptable à une coopération avec une université israélienne.
07:25Aujourd'hui, c'est le sport. Cessons d'importer le conflit dans notre pays.
07:29Ça veut dire que ce France-Israël, il doit avoir lieu le 14 novembre au Stade de France comme c'est prévu même s'il pourrait y avoir des débordements à cette occasion ?
07:36En tout cas, il n'est hors de question de boycotter des universités, de boycotter le sport. La guerre n'a rien à faire avec ces affaires-là.
07:44Une image a fait le tour du monde depuis ce week-end, celle de cette jeune fille, cette jeune étudiante iranienne marchant, on va peut-être voir l'image,
07:52en sous-vêtement dans une rue de Téhéran, défiant ainsi l'ordre islamique imposé par le régime iranien.
07:58Que savez-vous d'abord du sort de cette jeune femme qui, on l'a vu aussi dans les images, a été arrêtée avec Manu Militari ?
08:06Je salue le courage de cette jeune femme qui fait un acte de résistance et qui s'est hissée au rang d'icône,
08:13icône pour le combat des femmes en Iran, pour le combat des femmes partout où leurs droits sont menacés.
08:19Qu'est-ce que ça change ? Il y a eu d'autres contestations ? Le régime n'a pas passé ?
08:22La France se tient aux côtés d'elle, en Iran, en Afghanistan et ailleurs, et fait sienne leur cri de ralliement.
08:28Femmes, vie et liberté. Notre ambassadeur en Iran suit très attentivement sa situation et nous en rend compte heure par heure.
08:35Merci beaucoup Jean-Noël Barraud, ministre de l'Europe et des Affaires étrangères, d'avoir été notre invité ce matin.