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Aujourd'hui, dans « Les 4 V », Jeff Wittenberg revient sur les questions qui font l’actualité avec Jérôme Guedj, député PS de l'Essonne.

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Transcription
00:00Bonjour Jérôme Gaëtge, bonjour.
00:04Et avant de parler de cette météo instable à l'Assemblée nationale,
00:07on va parler d'un sujet qui a été évoqué à 7h30,
00:10le début de la peine de Nicolas Sarkozy,
00:13un ancien président de la République qui subit le régime du bracelet électronique.
00:18Qu'est-ce que cela inspire à un député de la République comme vous ?
00:21Duralex, c'est de l'ex.
00:23La loi est dure, mais c'est la loi.
00:25Et Nicolas Sarkozy n'échappe pas à une condamnation qui a été estimée définitive.
00:32Et je serais tenté de dire…
00:34Il a fait un recours aussi devant les instances européennes, devant la Cour européenne de justice.
00:37Dans tous les cas, les juridictions nationales, je crois que tous les recours ont été épuisés.
00:40Et j'y ajoute que, d'une certaine manière,
00:44peut-être encore plus pour un détenteur du pouvoir politique
00:48ou d'un ancien responsable public, voilà.
00:51Personne n'est au-dessus des lois.
00:54Est-ce que cela pose aussi la question de l'immunité du président de la République lorsqu'il est en fonction ?
00:58Est-ce que c'est quelque chose qui devrait changer pour vous, ça ?
01:01C'est un principe pour assurer la continuité des institutions,
01:04hormis trahison ou principe.
01:07Mais par contre, il ne peut pas y avoir d'immunité pour des faits antérieurs
01:11et également pour des faits postérieurs à son mandat de président de la République.
01:15L'actualité a montré que l'affaire du droit du sol
01:18a presque éclipsé provisoirement, bien sûr, le débat budgétaire.
01:22Est-ce que vous dénoncez, vous aussi,
01:25l'adoption de la proposition de loi pour Mayotte,
01:28qui restreint le droit du sol là-bas, mais aussi, je l'imagine,
01:31l'extension proposée notamment par Gérald Darmanin,
01:35mais imaginée par d'autres,
01:37de cette restriction du droit du sol sur tout le territoire ?
01:40Oui, c'était une des raisons pour lesquelles on a bataillé toute la journée jeudi dans l'hémicycle,
01:43parce qu'un des arguments qu'on mettait en avant,
01:45c'était le fait qu'avec cette exception
01:49qui était en train de se mettre en place à Mayotte,
01:51on allait avoir rapidement l'élargissement du débat au territoire national.
01:55Ça n'a pas loupé.
01:56Quelques minutes après l'adoption de ce texte,
01:59Gérald Darmanin va dans la salle des quatre colonnes,
02:02que vous connaissez bien,
02:03pour dire qu'il souhaite que le débat s'ouvre à l'échelle nationale.
02:07Est-ce que ce n'est pas un débat légitime ?
02:09Disent en tout cas ses promoteurs.
02:11Moi, je vais vous dire, il n'y a aucun débat qui est illégitime.
02:13Moi, je suis prêt à ouvrir tous les débats.
02:15Maintenant, il faut comprendre quelle est l'intention.
02:17Vous savez, l'identité nationale n'appartient pas aux politiques,
02:20rien n'est pire que d'en faire un sujet d'affrontement.
02:23Vous savez qui disait ça ?
02:24C'était François Bayrou en 2009,
02:26justement au moment où Nicolas Sarkozy avait lancé,
02:29rappelez-vous à l'époque, ce débat sur l'identité nationale.
02:32Et le problème qu'on a avec un sujet mis sur la table à ce moment-là,
02:36c'est que c'est donner le point à une victoire idéologique au Rassemblement national.
02:39Marine Le Pen, d'ailleurs, ne s'en est pas trompée.
02:41Elle l'a dit, c'est une victoire idéologique qui nous est donnée.
02:43Et le problème que ça pose,
02:45c'est qu'on est face à un gouvernement qui est minoritaire,
02:48qui ne peut tenir que dès l'instant où il arrive à construire un compromis,
02:54en tous les cas à l'Assemblée nationale.
02:56Et ce sujet-là, dans la manière par laquelle il est abordé par le Rassemblement national,
03:00n'est pas un sujet de rassemblement.
03:02Mais moi, je vous le dis, on peut parler d'identité nationale.
03:04C'est ce que faisait Nicolas Sarkozy il y a quelques années.
03:07Pour moi, l'identité nationale, ce n'est pas une approche ethnique de la nation,
03:11c'est l'identité républicaine.
03:13C'est l'addition aux principes et aux valeurs de la République.
03:15La liberté, l'égalité, fraternité,
03:17j'y ajoute la laïcité.
03:19Si on veut parler de tous ces sujets, pour dire qu'est-ce que c'est qu'être français ?
03:22C'est quoi le principe d'égalité ? C'est quoi le principe de solidarité ?
03:25Alors, il faut ouvrir un débat, mais de quelle façon, Monsieur Guedj ?
03:27En fait, ce débat, c'est le débat politique.
03:29C'est le débat politique en permanence.
03:31Par contre, si l'idée, c'est de le réduire pour aboutir en gros à la proposition ultime,
03:36qui est de dire qu'il faut changer la Constitution,
03:38c'est-à-dire notre pacte commun,
03:40pour porter atteinte, comme on l'envisage, à l'indivisibilité de la République,
03:44alors nous serons opposés.
03:46Pour porter atteinte au principe d'égalité entre citoyens et non-nationaux,
03:51en les stigmatisant, alors ils auront notre opposition.
03:55Est-ce que vous dites, comme la France Insoumise,
03:57qu'il y a une extrême droitisation du gouvernement, aujourd'hui ?
04:00En tous les cas, c'est un signal désastreux qui est envoyé.
04:03Extrême droitisation ou pas, pour vous ?
04:05Quand on va marcher sur le terrain de l'extrême droite,
04:08quand on reprend parfois les mots de l'extrême droite,
04:11alors on rompt le pacte implicite ou explicite qui a été passé.
04:14François Bayrou ne doit pas faire la même erreur que celle de Michel Barnier,
04:18c'est-à-dire faire la danse du ventre devant le Rassemblement National.
04:21Et précisément, de ce fait, la France Insoumise vous met au défi.
04:24Pourquoi vous ne voulez pas faire tomber ce gouvernement avec eux,
04:28puisqu'ils vont présenter une nouvelle motion de censure la semaine prochaine
04:31sur le projet de loi de financement de la Sécurité Sociale ?
04:34Certes, c'est un autre sujet, mais c'est une occasion de faire tomber le gouvernement.
04:37Est-ce que vous allez, cette fois-ci, voter la nouvelle motion de censure ?
04:41D'abord, je réponds à votre question.
04:42Moi, je ne prends pas mes positions en fonction de ce que pense ou ne pense pas la France Insoumise.
04:46Chacun est autonome, chacun est souverain et les socialistes décident de leur position.
04:51En l'espèce, nous avons accepté une négociation avec le gouvernement.
04:55Je n'ai pas la négociation honteuse et je n'ai donc pas la non-censure honteuse.
04:59Ce n'est pas un budget juste, mais la France a besoin juste d'un budget
05:04pour qu'elle puisse continuer à tourner.
05:07Je suis dans l'opposition. Il n'y a pas d'état d'âme.
05:10Je suis donc prêt à censurer à tout moment, dès l'instant où on aura un budget, le gouvernement,
05:15notamment s'il va sur des terrains aussi sablonneux que celui-ci.
05:19Il va y avoir deux étapes, pour que nos téléspectateurs le comprennent bien.
05:22Monsieur Guedj, il va y avoir deux étapes.
05:24La semaine prochaine, motion de censure sur la sécurité sociale.
05:27Lundi à 16h, oui.
05:28Qu'allez-vous faire ?
05:29Nous ne voterons pas la motion de censure sur le budget de la sécurité sociale.
05:32Moi, je le connais bien, c'est celui que j'ai notamment négocié avec le gouvernement.
05:35Ce n'est pas le budget idéal, mais on a enlevé les points les plus problématiques.
05:39Par exemple, grâce à notre négociation, il n'y a pas de déremboursement des médicaments et des consultations médicales.
05:43Nous avons obtenu un milliard de plus pour l'hôpital.
05:45Ce n'est pas assez, mais ça va permettre de maintenir 18 000 emplois dans les services hospitaliers.
05:51Vous permettez au gouvernement de faire ce mauvais budget ?
05:55Je vous l'aurai dit, ce n'est pas un budget juste, c'est juste un budget.
06:00Et à cet instant, nous prenons la stabilité et les quelques avancées que nous avons pu obtenir.
06:06Pour autant, ce n'est pas un chèque au blanc que nous donnons à ce gouvernement
06:09qui demeure sous la vigilance de l'ensemble de l'Assemblée et des socialistes,
06:13pour la simple raison que c'est un gouvernement qui n'est pas majoritaire.
06:16Monsieur Guedj, ce gouvernement dont vous dénoncez la dérive, en tout cas sur cette affaire de droit du sol,
06:21vous allez demander pour le coup à le censurer, vous les socialistes, quelques jours plus tard,
06:26avec une motion de censure selon l'article 49.2 cette fois,
06:30motion de censure dite spontanée, sur notamment les propos de François Bayrou
06:33qui avait parlé de sentiments de submersion.
06:35Cette fois-ci, est-ce que vous espérez, puisque vous déposez une motion de censure,
06:38que le gouvernement tombe à cette occasion et qu'il y ait une majorité ?
06:41Je vous ai dit tout à l'heure que nous, comme fil à pont, il y avait cette question des valeurs républicaines
06:45qui devraient rassembler l'ensemble des Français.
06:47Et a fortiori, un gouvernement, au moment où il doit essayer de produire du rassemblement et du compromis,
06:53nous l'interpellons, nous l'alertons et nous sommes prêts à le censurer sur cette question-là
06:59parce qu'une fois que le budget est là, le pays peut tourner,
07:04mais ce gouvernement peut être sanctionné et donc nous soumettrons,
07:09à l'issue de la séquence budgétaire, cette motion de censure.
07:12Avec le souhait qu'elle soit majoritaire ?
07:14Par principe, quand je dépose un texte, en général, c'est que j'ai envie qu'il soit adopté
07:17et donc je ne suis pas effrayé à l'idée que le gouvernement puisse être censuré.
07:21Il lui revient à lui de ne pas créer ces ferments de la division
07:25à un moment où un gouvernement minoritaire comme celui-ci doit se préoccuper,
07:29au contraire, de temporiser dans le pays.
07:31Alors, il y a quelque chose qui n'a pas été temporisé,
07:33ce sont vos relations avec la France Insoumise.
07:35Vous, Monsieur Guedj, vous avez dit qu'il n'y aurait plus jamais d'alliance
07:38entre la France Insoumise et le Parti Socialiste suite à un visuel
07:41où l'on voyait Olivier Faure et Marine Le Pen avec cette légende.
07:45Les nouvelles alliances.
07:46Les nouvelles alliances.
07:47Oui, ça me parlait logique.
07:48Vous persistez et signez ?
07:49Je persiste évidemment, à la fois du point de vue de la France Insoumise
07:52parce que je les vois mal demander, quémander ou proposer une alliance avec les socialistes
07:57alors qu'ils pensent, ils le mettent sur leur visuel que nous sommes
08:00les nouveaux amis du Rassemblement National.
08:02Et du point de vue des socialistes, parce que ça suffit.
08:05On ne va pas se faire invectiver, insulter, soumettre les oucases,
08:09les brevets de pureté à gauche des uns et des autres.
08:13Donc, il y a un moment.
08:14Chacun fera son opposition dans son coin.
08:16Mais vous savez, déjà les choses sont parties.
08:18Jean-Luc Mélenchon a dit qu'il serait candidat d'une certaine manière
08:21à l'élection présidentielle, quoi qu'il advienne.
08:23Il présente des candidats dans les élections municipales,
08:26notamment face à des maires socialistes sortants.
08:28Donc, voilà, chacun vit sa vie.
08:30Ce n'est pas dramatique.
08:31Moi, je suis attaché à une gauche républicaine.
08:33Moi, je suis attaché à une gauche républicaine, écologiste, sociale, universaliste, laïque.
08:38C'est une offre politique que j'incarne avec d'autres à gauche,
08:41au Parti Socialiste et dans le débat national.
08:43Après, à la fin, vous savez, il y a la magie du suffrage universel
08:46et c'est les Français qui tranchent entre l'orientation qu'ils veulent pour cette gauche.
08:50Voilà, une gauche qui est capable d'avoir des convictions,
08:52d'être très à gauche, très républicaine,
08:54mais qui est aussi, qui conçoit le débat politique comme de la dispute apaisée
08:58et pas de la brutalisation permanente.
09:00Vous l'avez dit ce matin, Jérôme Guège, député socialiste de l'Essonne.
09:02Merci, bonne journée, suite de Télématins.