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Aujourd’hui dans « Les 4 V », Jeff Wittenberg revient sur les questions qui font l’actualité avec Matthieu Lefèvre, député du Val-de-Marne (Ensemble pour la République).

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00:00Bonjour Mathieu Lefebvre, bonjour Joseph Wittenberg, merci d'être avec nous ce matin, c'est une succession et ce sera pour le coup un vrai bonjour mais qui pourrait être mouvementée dans les prochaines semaines pour le gouvernement avec cette succession effectivement d'échéances à haut risque, ça commence le 28 novembre dans quelques jours avec l'examen de la proposition visant à abroger la réforme des retraites, tout simplement, le 28 novembre, LFI demande à l'Assemblée de voter ce texte et on sait qu'il y a une majorité possible
00:29est-ce que vous vous y préparez ? LFI demande d'abord au rassemblement national de s'associer à lui pour abroger ce texte qui est un texte de grande responsabilité et on verra dans quel camp se trouve le rassemblement national, pour ceux qui en doutent il est dans le camp de l'irresponsabilité financière et budgétaire, on ne peut pas se permettre d'abroger la réforme des retraites d'Elisabeth Borne
00:48Et pourquoi, parce qu'il y aura une navette parlementaire, même si le Sénat maintient cette réforme, elle reviendra à l'Assemblée ou une autre niche parlementaire, celle des écologistes, reproposera cette abrogation, est-ce qu'il n'y a pas un moment en principe de réalité et peut-être admettre qu'il y a une majorité à l'Assemblée et dans le pays si l'on en croit les sondages pour abroger cette réforme qui on le sait est impopulaire ?
01:08Il faut que nous ayons le débat et un débat à la hauteur des enjeux mais il faut aussi que ceux qui proposent d'abroger la réforme des retraites aient le courage de dire que demain c'est le modèle social français qui va être mis en péril, vous savez nous on est un parti de responsabilité et on a fait le choix parfois de l'impopularité et je pense qu'on reconnaît à ça les gens qui sont responsables dans ce pays, si demain on venait abroger la réforme des retraites alors que tous nos voisins européens augmentent l'âge légal de départ, soit on finirait par baisser les pensions, soit on finirait par augmenter les impôts des français et je pense que ça n'est pas sérieux
01:36Entre 2017 et 2024, les dépenses de retraite ont compté pour près de 50% de l'augmentation de la dette du quinquennat d'Emmanuel Macron, on est les seuls à faire ça en Europe, évidemment qu'il faut prendre des mesures sérieuses
01:46Mais vous dites donc aujourd'hui que vous êtes certain qu'on ne reviendra pas sur la réforme des retraites, vous avez d'ailleurs écrit au président de la commission des finances, l'insoumis Eric Coquerel, pour lui dire qu'il y a une irrecevabilité financière de cette proposition, il vous a répondu ?
01:58Il ne m'a pas encore répondu mais il le fera, je n'en doute pas, évidemment un parlementaire ne peut pas déposer une proposition de loi qui abroge des milliards d'euros pour la sécurité sociale et le modèle social français
02:08Mais vous dites que ça ne se fera pas ?
02:10Je pense et je souhaite que ça ne se fasse pas, en tout cas nous autour de Gabriel Attal on fera tout pour que le débat ait lieu, il y a eu deux semaines de débat, des milliers d'amendements pour cette réforme, on a besoin d'au moins une journée pour essayer de revenir sur celle-ci
02:22L'autre obstacle sur la route du gouvernement c'est bien sûr l'examen du budget avec cette déclaration cette semaine qui a un peu surpris du ministre de l'économie et des finances, votre ami Antoine Armand qui a dit, alors qu'il est ministre, lui, attention à l'impôt de trop, mettez-vous à la place des français, comment peuvent-ils comprendre ?
02:38Qui est à la place du capitaine dans le navire aujourd'hui quand un ministre critique son propre gouvernement ? Est-ce qu'il peut rester d'ailleurs dans ce gouvernement ?
02:46C'est une question politique nouvelle mais moi je salue le courage d'Antoine Armand, il a le courage de ses convictions, nous on est contre la hausse du coût du travail, au moment où les Etats-Unis se réarment, la Chine se réarme, on serait les seuls dans notre pays à se tirer une balle dans le pied et à augmenter le coût du travail ?
02:59Personne ne l'a fait depuis 30 ans, même François Hollande baissait les charges en 2016, il faut évidemment baisser les impôts plutôt que de continuer à les augmenter et Antoine Armand a eu le courage de le faire
03:09Est-ce que vous êtes entendu puisque dans la copie qui est en train d'être discutée au Sénat, ces allégements de charges que vous souhaitez maintenir pour les grandes entreprises, pour les entreprises pardon, toutes les entreprises, elles sont toujours là ?
03:22On a un dialogue fructueux avec Michel Barnier et avec Gabriel Attal, on doit le poursuivre mais nous on assume de dire qu'un texte dans lequel il y a un euro d'augmentation du coût du travail est un texte qui ne nous va pas
03:33Un dialogue fructueux, monsieur Lefebvre, vous savez que ça veut, voilà, entre les lignes ça veut dire quoi ? Vous allez obtenir quelque chose ?
03:40J'espère qu'on obtiendra quelque chose, en tout cas on a un débat de politique économique, nous nous disons à Michel Barnier, attention les plans sociaux se multiplient, la France risque de se désindustrialiser,
03:49tous les résultats économiques obtenus depuis 7 ans avec Emmanuel Macron sont peut-être en passe de disparaître parce qu'on mène une politique qui est contraire à celle qu'on a menée depuis 7 ans
03:57Est-ce qu'il y a un rapport de cause à effet entre cette charge qui pourrait à nouveau peser sur les entreprises et cette courbe de l'emploi qui en ce moment frémit dans le mauvais sens du terme ?
04:04Il y a incontestablement un climat social, fiscal qui est anxiogène pour les chefs d'entreprise et pour leurs salariés, je ne dis pas que les plans sociaux d'aujourd'hui sont liés à la politique qui est menée aujourd'hui,
04:13mais je dis que cette politique elle envoie un signal qui est contradictoire à ce que font tous nos voisins européens et internationaux et qui demain peut faire que les décisions d'investissement ne se font plus dans notre pays
04:22Est-ce que ça pourrait aller jusqu'à un non-vote du texte par exemple en commission mixte paritaire sur le budget de financement de la sécurité sociale qui va avoir lieu cette semaine de vos députés ?
04:31C'est une des options, moi je pense que c'est la commission
04:33C'est une des options, vous pourriez ne pas voter le texte de votre gouvernement
04:36Mais c'est d'abord un désaccord avec les sénateurs, vous l'avez dit, les sénateurs ont augmenté le coût du travail de 3 milliards d'euros, moi je pense qu'un euro d'augmentation du coût du travail c'est un euro en trop
04:45ça n'est pas très grave que de faire progresser le texte, d'avoir une nouvelle lecture à l'assemblée nationale, mais j'ai bon espoir que les sénateurs qui sont en majorité républicaine et qui sont je crois pour les baisses d'impôts et les baisses de charges reviennent à la raison
04:56Mais vous venez bien de dire qu'il y a une option, que vous ne votiez pas le texte
05:00Ce sera tranché avec notre groupe politique mardi autour de Gabriel Attal
05:03Ce budget qui est donc malmené, qui est détricoté avant d'être en quelque sorte retricoté par le Sénat suite à ce qui s'était passé à l'Assemblée, est-ce qu'il y a une autre option que celle d'un 49-3 qui aura lieu dans quelques semaines maintenant ?
05:20Je crains malheureusement que la situation politique soit telle qu'il n'y ait pas de majorité et que c'est un secret de polychinelle qu'il y aura un 49-3 à la fin
05:26Mais s'agissant des autres options, il y en a sur les modalités de revenir à l'équilibre des finances publiques
05:32Je pense que nous dépensons trop dans notre pays et la solution pour retrouver le chemin de la soutenabilité financière, c'est d'abord de réduire les dépenses publiques, à commencer par la réforme de l'assurance chômage
05:41Et si à l'issue de ce 49-3, il y a une motion de censure, votée par le Rassemblement National, comme il en brandit la menace aujourd'hui, le gouvernement tombe, qu'est-ce qui se passe ?
05:49Le budget actuel sera maintenu ?
05:51Les conséquences seraient désastreuses, il faut bien que le Rassemblement National mais aussi le Parti Socialiste prennent toutes leurs responsabilités et disent aux Français ce qu'ils s'apprêtent à faire
06:01Ce serait un signal désastreux pour l'extérieur, pour les salariés de ce pays, la France n'aurait pas de budget, ce serait catastrophique, il faut en appeler à la raison et à la responsabilité
06:10Quand on prétend être un parti de gouvernement, on ne censure pas un parti de gouvernement
06:13Un autre sujet, vous avez présidé depuis 2022 le groupe d'amitié France-Israël, le Quai d'Orsay a pris acte, hier je le cite, de la décision de la Cour pénale internationale
06:23de lancer des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou et son ancien ministre de la Défense
06:29Qu'est-ce qui se passerait si M. Netanyahou venait en France aujourd'hui, compte tenu du fait que la France reconnaît ces pays, est-ce qu'il serait arrêté ?
06:37La France respecte la justice internationale et son indépendance, et moi j'observe qu'il y a dans cette décision quelque chose de choquant
06:44qui est l'équivalence morale entre un groupe terroriste et un État démocratique, cette équivalence me choque profondément
06:51et je pense que cette décision en plaçant Israël au banc des États-nations ne fait pas progresser la paix d'un millimètre
06:56Mais est-ce qu'il faut la respecter ? Je répète ma question, si M. Netanyahou venait en France, est-ce qu'il serait sous le coup de la loi internationale et donc arrêté ?
07:04Je pense que ce ne serait pas une bonne solution quand on souhaite répondre à ce conflit, on le fait avec toutes les parties prenantes et c'est ce que fait le Président de la République
07:12Mais vous pensez que la Cour pénale internationale est une institution qui est orientée puisque vous dénoncez finalement cette décision ?
07:18Elle est indépendante, mais j'observe que cette décision, encore une fois, place une équivalence morale entre un groupe terroriste et un État démocratique
07:25et ça ne me semble pas de nature à faire progresser la paix au Proche-Orient
07:28Mais pour vous, l'armée israélienne n'a rien à se reprocher dans la situation à Gaza, même si les rapports de l'ONU la mettent explicitement en cause, notamment pour avoir créé des conditions de famine sur ce territoire ?
07:38Evidemment, mais évoquer les crimes contre l'humanité, c'est une forme d'inversion accusatoire historique qui me paraît extrêmement dangereuse
07:44et nous devons évidemment œuvrer pour que toute l'aide humanitaire puisse entrer à Gaza et que les populations civiles puissent être protégées à Gaza comme au Liban d'ailleurs
07:53Ou de nouvelles frappes ont eu lieu cette nuit au centre de Beyrouth, frappant une nouvelle fois des victimes collatérales, sans doute, qui sont finalement victimes et qui perdent la vie à cause d'un combat que vous jugez légitime contre le Hamas et le Hezbollah, comment arrêter ça ?
08:08Absolument, et d'ailleurs ce combat ne peut pas être mené de n'importe quelle façon, il doit être fait dans le respect du droit de la guerre, dans le respect du droit humanitaire international
08:16Et c'est toujours le cas Monsieur Lefebvre ?
08:18Non, ce n'est pas toujours le cas et c'est la raison pour laquelle le Président de la République l'a dit et l'a redit, mais enfin ce n'est pas en mettant au banc des états-nations un état comme l'état d'Israël que l'on va faire progresser la paix dans le monde.
08:27Merci beaucoup Mathieu Lefebvre, député Ensemble pour la République du Val-de-Marne et c'est la suite de Télématins.