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Aujourd’hui dans « Les 4 V » Jeff Wittenberg revient sur les questions qui font l’actualité avec Mathilde Panot, présidente du groupe LFI (La France Insoumise) à l'Assemblée.

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Transcription
00:00Bonjour Mathilde Panot, merci d'être avec nous ce matin, ce sujet effectivement on va en parler avec d'abord une phrase que j'ai trouvée sur les réseaux sociaux, sur vos réseaux sociaux, reprenant celle du sociologue écologiste Clément Sénéchal,
00:15il faut une écologie punitive, avec les riches ce sont des mots que vous avez repris, il parle évidemment de ce qui se passe aujourd'hui, notamment en Espagne avec des inondations qui ne sont pas le résultat du changement climatique pour vous, pour lui plutôt,
00:30donc aussi pour vous puisque vous reprenez ces mots, mais des conséquences politiques dit-il, s'il y avait plus d'impôts sur ceux qui ont une grosse taxe carbone il y aurait moins de catastrophes, c'est aussi votre avis ?
00:41En tout cas ce qui est sûr c'est que ce sont les riches qui aujourd'hui détruisent la planète, que c'est le capitalisme qui est responsable de la destruction du seul écosystème qui est compatible avec la vie humaine et l'ensemble des espèces,
00:52et j'invite toutes celles et ceux que ça intéresse à lire l'excellent livre que Clément Sénéchal a écrit qui s'appelle Pourquoi l'écologie perd toujours, qui nous appelle à l'action et notamment à rompre drastiquement avec le modèle de consommation et de production que nous avons aujourd'hui.
01:09Mais faire payer les riches parce qu'ils ont cette empreinte carbone plus importante ça va mécaniquement, vous pensez, ralentir le changement climatique ?
01:17Eh bien c'est prouver qu'une société est plus résiliente en termes écologiques lorsque il y a plus de justice sociale parce que justement une société se tient plus ensemble,
01:25et donc oui il est impératif de faire en sorte que les riches payent pour que nous ayons une atténuation du dérèglement climatique mais aussi une adaptation et c'est ce qu'on voit malheureusement en Espagne avec plus de 200 morts.
01:36Alors que les riches payent, je reprends ce qui était dit juste avant notre interview, Duc Besson vous allez lui demander d'adhérer à la France Insoumise puisqu'il dit lui qu'il veut payer plus d'impôts, qu'il demande halte aux riches héritiers qui s'accrochent à leurs magots.
01:50Qu'est-ce que vous dites de ces propos ?
01:52Il a raison, en janvier 2024 il y avait déjà 260 millionnaires et milliardaires qui avaient eux aussi dit qu'ils étaient prêts à payer plus pour contribuer à la solidarité.
02:01Je rappelle que l'impôt qu'Emmanuel Macron a supprimé dès le début de son mandat s'appelle l'impôt de solidarité sur la fortune et c'est justement le fait de dire que chacun doit contribuer à l'effort national,
02:13d'autant plus dans un moment où il y a 9 millions de personnes sous le seuil de pauvreté dans notre pays et une situation dramatique.
02:19Et ça veut dire en quelque sorte que tous les riches ne sont pas égoïstes et ne veulent pas vivre dans un océan de malheurs.
02:24Vous allez plus loin puisque vous avez fait voter par l'Assemblée la taxe dite Zucman, du nom de cet économiste qui l'a imaginé, qui consisterait à faire payer les milliardaires les plus grosses fortunes.
02:39Et selon Eric Coquerel, votre ami et collègue, ça rapporterait 13 milliards d'euros.
02:43Mais est-ce que vous n'avez pas l'impression que cette mesure très coercitive pour les plus riches risque d'être retoquée par le Sénat ou par le Conseil constitutionnel ?
02:51On parle de 157 personnes qui seraient taxées à hauteur de 2% de leur patrimoine lorsqu'elles ont plus d'un milliard de patrimoine.
02:58Donc on parle de faire peser l'effort sur les plus riches.
03:01Qu'est-ce qui se passe actuellement ?
03:03Le gouvernement essaie de trouver 60 milliards d'économies qui correspondent peu ou pro au manque de recettes par an qu'a fait Emmanuel Macron depuis qu'il est arrivé au pouvoir,
03:12qui est surtout dû aux cadeaux faits aux plus riches et aux multinationales.
03:16Eh bien nous le disons, ce n'est pas au peuple de payer pour les cadeaux faits aux plus riches et aux multinationales.
03:21Et nous avons nous trouvé 60 milliards de recettes qui ne sont pas sur le peuple avec la taxe sur l'électricité, la non-indexation des pensions de retraite,
03:30avec des postes de professeurs qui sont supprimés, etc.
03:33Mais qui pèsent sur les plus riches qui, je le rappelle, ont multiplié par deux leur patrimoine depuis 2017,
03:40avec des dividendes qui eux aussi ont été multipliés par deux depuis 2017.
03:43Est-ce que vous donnez acte au gouvernement de ne pas vouloir au moins pour l'instant actionner l'article 49.3 ?
03:48La première lecture du budget ira jusqu'au bout.
03:50Est-ce que c'est un satisfait cite pour vous, même s'il y aura le Sénat, dont je le disais, et une deuxième lecture plus tard ?
03:55Nous risquons pour que tout le monde comprenne. La partie 1 va être rejetée puisque la Macronie est minoritaire.
04:00Donc la partie 1, celle qui est sur les recettes, va être rejetée.
04:03Donc nous n'examinerons pas la partie dépense, ce qui est très problématique, même si nous avons eu beaucoup de victoires en commission.
04:09Ensuite, ça ira au Sénat. Et ensuite, quand ça reviendra à l'Assemblée nationale,
04:13eh bien là, il sera obligé d'actionner l'article 49.3, qui est une violence démocratique.
04:19Et nous, à ce moment-là, nous ferons une motion de censure pour faire tomber ce gouvernement barnier.
04:24Pourquoi n'avez-vous pas voté l'abrogation de la réforme des retraites proposée par le Rassemblement national le 31 octobre,
04:30alors que vous vous apprêtez à proposer peu ou prou la même chose dans votre propre niche parlementaire dans quelques semaines, le 28 novembre ?
04:38Eh bien, le 31 octobre, ce n'était pas l'abrogation de la réforme des retraites sur laquelle nous avons voté.
04:42Parce qu'en plus d'être une arnaque, le Rassemblement national n'a pas voté la censure contre le gouvernement barnier,
04:48a voté contre la destitution d'Emmanuel Macron, et maintenant se retrouve à avoir voté quatre fois contre l'abrogation de la réforme des retraites
04:56quand nous l'avons présentée dans le budget et dans le budget de la Sécurité sociale.
05:00Eh bien, ce n'était pas l'abrogation de la réforme des retraites.
05:02C'était exactement trois rapports qui se battaient en duel, qui restaient dans ce texte,
05:06donc des rapports demandés au gouvernement, notamment sur la natalité.
05:10Donc, ce n'était pas l'abrogation de la réforme des retraites.
05:12Donc, en plus d'être une arnaque, eh bien, ils sont incompétents.
05:15Vous n'avez qu'à regarder le texte. Tout le monde peut regarder le texte et vous verrez que ce n'était pas ce vote-là.
05:18Mais le jour où vous, vous allez la proposer, vous souhaitez que le RN vote avec vous.
05:22Donc, est-ce qu'il n'y a pas un paradoxe ?
05:24Eh bien, chacun prendra ses responsabilités sur l'abrogation de la réforme des retraites
05:28puisque nous, nous réussirons à faire que ce texte arrive dans l'hémicycle
05:32et puisse passer ensuite le 23 janvier au Sénat, puis le 6 février de nouveau à l'Assemblée.
05:37Ça sera le 28 novembre dans notre niche parlementaire.
05:40Mais je veux juste dire à tous ceux qui nous cessent de dire que nous demandons les voix du RN, je ne sais combien de fois.
05:46Moi, j'ai regardé les votes qu'il y a eu dans le budget.
05:48Savez-vous, sur le pourcentage de votes en commun entre RN et EPR, combien il y en a ?
05:5355%.
05:55Entre RN et Nouveau Front Populaire, il n'y en a que 8%.
05:58Donc, ceux qui tiennent aujourd'hui, eh bien, chacun prendra ses responsabilités encore une fois.
06:03Et je le redis, aujourd'hui, le gouvernement Barnier tient uniquement par l'abstention du RN
06:09et donc par le fait de Marine Le Pen.
06:11Un autre sujet brûlant, Mme Panot, la succession des règlements de comptes,
06:14des fusillades meurtrières dans plusieurs villes françaises liées au trafic de drogue.
06:18Alors, Bruno Rotailleau évoque une mexicanisation du pays.
06:21Son collègue, Laurent Saint-Martin, ministre du Budget, dit que les consommateurs,
06:25ce sont eux qui ont une responsabilité finale dans ce développement du fléau.
06:28Vous me voyez venir, il y a eu une affaire, celle de votre collègue député, Andy Kerbrath,
06:33qui a été arrêté alors qu'il était en train d'acheter des produits stupéfiants.
06:37Est-ce qu'un député ne doit pas donner l'exemple ?
06:39Pourquoi M. Kerbrath est-il encore député et ne démissionne-t-il pas ?
06:42Alors là, il y a beaucoup de choses dans votre question.
06:44Donc, je vais d'abord dire que j'adresse toutes mes condoléances à la mère du jeune homme
06:49qui a été tué à Poitiers, qui avait seulement 15 ans, je le rappelle,
06:53ainsi qu'à toutes les familles qui sont touchées par ces drames.
06:55Et je veux dire que je trouve irresponsable qu'un ministre aille jeter de l'huile sur le feu
07:00en parlant de mexicanisation, en mentant en plus,
07:04en disant qu'il y aurait 400 à 600 jeunes qui seraient impliqués,
07:07alors que le procureur de la République dit lui-même qu'il y avait 40 à 60 jeunes présents.
07:11Et il faut remettre des moyens dans la police judiciaire pour démanteler les réseaux.
07:15Ça, c'est une première chose. Quant à la deuxième chose sur Andy Kerbrath,
07:19Andy Kerbrath a fait un communiqué que chacun et chacune peut lire,
07:22dans lequel il explique qu'il va aller se soigner d'une addiction qu'il a.
07:26Et je vais vous dire que si l'ensemble des personnes impliquées en politique
07:30qui ont des problèmes d'addiction devaient démissionner,
07:32il y aurait, je crois, beaucoup de démissions.
07:34Mais les consommateurs ont-ils, oui ou non, une responsabilité dans l'explosion du trafic, Mme Pannot ?
07:3940 ans de politique qui a été faite justement sur les consommateurs,
07:42qui fait qu'aujourd'hui seulement 10% des affaires en justice concernent les réseaux et les trafiquants,
07:47mènent à une politique où à la fin, la France est le pays qui en Europe consomme le plus de drogue.
07:53Donc c'est un échec patenté.
07:55Et ce qu'il faut faire, c'est remettre des moyens pour la police judiciaire
07:58pour pouvoir démanteler les réseaux, pour aller chercher l'argent sale,
08:01qui n'est pas au Mexique mais dans les paradis fiscaux, bien souvent en Europe.
08:04Vous allez suivre, évidemment, les élections américaines.
08:06Votre favorite, c'est Mme Harris, c'est votre gauche, comme à la Harris ?
08:10Non, enfin, en tout cas, moi, ce que je veux dire sur les élections américaines,
08:15c'est d'abord, c'est évidemment le peuple états-unien qui choisit.
08:18Ce serait une très mauvaise nouvelle que Trump revienne au pouvoir
08:21pour toutes celles et ceux qui luttent contre l'extrême droite.
08:24Et je dois dire que je suis assez effarée de voir une campagne qui se fait à base d'insultes
08:29et qui n'est pas une campagne très digne, je crois.
08:32Merci beaucoup Mathilde Panot, présidente du groupe LFI à l'Assemblée nationale.
08:35C'est la suite de Télémathas.
08:36Merci à tous les deux.