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Aujourd’hui dans « Les 4 V », Julien Arnaud revient sur les questions qui font l’actualité avec Marion Maréchal, députée européenne et présidente du mouvement "Identités-Libertés".

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Transcription
00:00Et bonjour Marion Maréchal, vous écoutiez la chronique d'Axel de Tarlay, on va y revenir évidemment sur le Mercosur et sur le mouvement des agriculteurs.
00:08On va commencer par ça parce que c'est un mouvement sur lequel vous vous montrez particulièrement impliqué.
00:12Vous avez publié des vidéos, vous irez peut-être d'ailleurs sur un rassemblement aujourd'hui même.
00:16Pour l'instant, on a l'impression que les perturbations sont limitées. Est-ce que vous pensez que le mouvement va se durcir ? Est-ce que vous le souhaitez d'ailleurs peut-être ?
00:22Alors oui je le pense et oui je le souhaite puisque malheureusement c'est la seule façon pour nos agriculteurs de se faire entendre.
00:27On l'a bien vu, une population qui est en extrême détresse économique.
00:31Je rappelle que ces pays du Mercosur sont la zone la plus compétitive du monde sur des produits agricoles qui sont particulièrement sensibles en Europe,
00:38notamment le bœuf, la volaille et le sucre.
00:40Et que ceci vient en cumul d'autres difficultés, d'une concurrence qui est déjà très largement déloyale par ailleurs avec d'autres pays,
00:47une sur-réglementation, une sur-transposition européenne, des coûts de production élevés,
00:52des normes environnementales de plus en plus dures qui menacent également notre compétitivité.
00:56Donc c'est vrai qu'il en va tout simplement d'une question de survie et d'où la nécessité, une fois de plus,
01:01de se pencher et de mettre en place un état d'urgence agricole qui n'est pas advenu jusqu'ici.
01:05Mais il y a aussi des gagnants, on vient de l'entendre avec encore une fois la chronique d'Axel.
01:08Il y a de nombreux secteurs qui souhaitent que cet accord soit signé, y compris d'ailleurs au sein des agriculteurs.
01:13Tous les agriculteurs ne souhaitent pas faire obstacle à ce Mercosur.
01:17Comment on fait ? Il y a des équilibrages ?
01:20Ces agriculteurs-là je ne les ai pas rencontrés parce que quand on explique aux agriculteurs qui vont être mis en concurrence
01:25avec un pays, par exemple le Brésil, qui utilise 52 pesticides interdits en Europe,
01:31avec un pays comme l'Argentine dont un tiers des pesticides utilisés sont aujourd'hui interdits en Europe,
01:37alors même qu'eux sont confrontés à des normes européennes de plus en plus exigeantes,
01:41croyez-moi qu'ils ne le prennent pas bien.
01:43D'autant plus que je rappelle que le déficit agricole de la France est de près de 8 milliards d'euros hors vins et spiritueux
01:48et de près de 100 milliards sur l'ensemble de l'économie.
01:51Donc on voit bien qu'aujourd'hui cette concurrence ne se fait pas au bénéfice de la France
01:54parce que nous sommes aussi dans une situation économique
01:56où nous avons des charges à la fois environnementales et fiscales extrêmement lourdes
02:00qui font que de manière générale nous sommes perdants dans ce genre de choses.
02:02Maintenant, de quoi je m'étonne, c'est qu'on a un président de la République
02:05qui n'a de cesse de dire depuis 2019 qu'il s'oppose à ce traité après d'ailleurs y avoir été favorable.
02:11Il l'a redit hier soir.
02:12Alors très bien, mais alors que fait-il pour obtenir des résultats au-delà des paroles ?
02:16On sait aujourd'hui par exemple qu'il y a la Pologne, les Pays-Bas et l'Autriche
02:19qui ne sont pas particulièrement enthousiastes à l'idée de ce traité.
02:22Que ne va-t-il à la rencontre de ces gouvernements pour tenter d'organiser cette fameuse minorité blocage
02:27qui permettrait de rendre effectif le métaux de la France ?
02:29C'est parce que la France ne pèse plus tout simplement ? La voix de la France n'est plus entendue ?
02:32Parce que je pense une fois de plus que d'ailleurs Emmanuel Macron est dans une forme de duplicité,
02:36que par ailleurs, c'est vrai, aujourd'hui l'influence de la France, de son fait d'ailleurs, est très affaiblie,
02:41que la récente nomination de Stéphane Séjourné comme commissaire français
02:46ne va pas contribuer à renforcer la voix de la France
02:48puisqu'il s'agit là du dernier caprice en réalité du président de la République
02:50avec un homme qui n'a aucune compétence pour porter le portefeuille industriel
02:53et que la situation de la France est économiquement dramatique.
02:57La voix de la France est très peu crédible au niveau européen
03:00mais ça ne veut pas dire qu'il faut abandonner
03:03et une fois de plus, là, il y aurait moyen de constituer une minorité blocage si nous en avions la volonté.
03:06Sur les actions et le niveau de blocage, le ministre de l'Intérieur s'est exprimé hier, Bruno Ottaio,
03:11il a dit qu'il enverrait la force publique en cas de blocage durable.
03:14Est-ce que vous le comprenez ? Est-ce que vous dites effectivement qu'il faut rester mesuré dans les actions ?
03:17Écoutez, moi j'aimerais qu'il commence par s'intéresser au blocage des dealers aujourd'hui dans nos banlieues.
03:22Vous voyez, c'est le plus urgent.
03:24Jusqu'ici, malheureusement, ces blocages n'ont pas été mis à mal.
03:28Il faut comprendre que ces agriculteurs ne font pas ça par plaisir.
03:31Ils font ça pour des raisons de survie, une fois de plus.
03:34Personne ne dit ça, bien sûr, mais il y a une mesure dans les actions.
03:37À un moment donné, oui, vous savez que les agriculteurs sont des gens
03:40qui se lèvent tôt le matin, qui payent leurs impôts, qui travaillent
03:42et qui respectent la loi en général.
03:44On n'est pas face à des gens qui sont dans un jusqueboutisme.
03:47Ils demandent juste à être entendus.
03:48Vous savez, l'année dernière, il y a eu l'une des plus grandes crises
03:50de mobilisation agricole de notre histoire.
03:52On a annoncé beaucoup de mesures.
03:54Aujourd'hui, nos agriculteurs disent que le compte n'y est pas,
03:56qu'à peine un tiers des mesures qui ont été annoncées ont été mises en place.
03:59On a quelques réponses ponctuelles, un seul contrôle par an.
04:02Mais sur les questions structurelles, ça veut dire la surtransposition du droit européen,
04:07l'excès de normes, la fiscalité, la fiscalité sur la transmission,
04:13sur tous ces sujets, il n'y a eu aucune réponse politique majeure qui a été apportée.
04:15Alors, il y a une autre actualité importante ce matin qui vient des États-Unis
04:18et qui concerne l'Ukraine.
04:20Les Américains autorisent les Ukrainiens à frapper en Russie dans la profondeur
04:23avec les missiles que les Américains leur enlivent, notamment les ATACOMS.
04:26Est-ce qu'il fallait le faire ?
04:28Est-ce que vous dites que c'est une bonne décision américaine ?
04:30Est-ce que ça vous inquiète ?
04:31Non, en ce qui concerne la France, nous sommes toujours opposés
04:34à ce qu'il puisse y avoir des frappes sur le sol russe,
04:37tout simplement parce que c'est un risque d'escalade majeure
04:40vers la Troisième Guerre mondiale.
04:41Et qu'on s'étonne d'une décision aussi grave prise par l'administration Biden
04:44en pleine transition, d'ailleurs politique, vers l'administration Trump.
04:47Une sorte de fuite en avant au moment même, d'ailleurs,
04:49où Zelensky lui-même explique qu'il ouvre la voie à des négociations
04:54et à une sortie diplomatique dès 2025.
04:56Oui, mais on ne peut négocier qu'en position de force.
04:58C'est ça aussi que disait Zelensky.
04:59Il faut regagner du terrain pour pouvoir négocier.
05:01La grande difficulté au niveau européen, et que nous, nous avons toujours tenté
05:04d'ailleurs de maintenir sur la ligne que nous avons défendue,
05:07c'était de dire comment nous pouvons aider au maximum l'Ukraine,
05:09ce que l'Europe a quand même très largement fait,
05:11sans basculer finalement dans une co-belligérance qui pourrait mondialiser le conflit.
05:15Le problème, c'est que nous sommes sur le fil.
05:16On vient voir aujourd'hui qu'il y a l'arrivée de soldats nord-coréens.
05:20Je ne vous l'apprends pas.
05:21Cette mondialisation, elle, est en train d'advenir.
05:23Nous ne pouvons pas aller tellement au-delà.
05:25Justement, est-ce qu'il ne faut pas franchir un palier supérieur,
05:26vu que Vladimir Poutine, lui, les franchit ces paliers ?
05:28Écoutez, le problème, c'est que franchir un palier supérieur
05:30avec aujourd'hui une puissance nucléaire,
05:31elle-même alliée à d'autres puissances nucléaires,
05:33c'est jouer un jeu extrêmement dangereux.
05:35Je crois qu'aujourd'hui, il est temps en effet d'accompagner
05:37cette volonté ukrainienne d'une sortie de crise.
05:38Zelensky, après avoir porté avec courage, d'ailleurs,
05:42cette résistance admirable des Ukrainiens,
05:44eh bien, c'est que le pays est à bout de souffle.
05:46Voilà, et donc il faut malheureusement aujourd'hui envisager,
05:49en effet, une négociation dans les meilleures conditions possibles.
05:51Et nous le souhaitons.
05:52Et j'espère que la France sera au rendez-vous pour accompagner cela.
05:54Mais nous ne pouvons pas, à un moment donné, courir vers cette fuite en avant
05:57qui aboutit à des morts et à des drames comme nous voyons depuis trois ans.
05:59Est-ce que vous irez écouter Volodymyr Zelensky demain au Parlement européen ?
06:02Est-ce que vous l'applaudirez ?
06:03Oui, j'y serai évidemment, tout à fait.
06:04J'écouterai ce qu'il a à dire.
06:05Et une fois de plus, je souhaite que les Européens puissent être à ses côtés
06:08pour pouvoir négocier dans les meilleures conditions,
06:10notamment les négociations territoriales.
06:12Mais à un moment donné, si vous voulez, il faut bien tirer acte
06:14de ce qui se passe depuis maintenant de nombreux mois.
06:16On voit bien que les forces ukrainiennes s'épuisent
06:18et que nous ne pouvons pas non plus, pour autant, faire la guerre à sa place
06:21et risquer une troisième guerre mondiale.
06:23Et donc, il faut trouver une sortie de crise diplomatique.
06:25Les mille jours de la guerre, ce sera demain.
06:26Demain, ce sera aussi l'anniversaire triste de la mort de Thomas Acrépole.
06:30Personne n'a oublié évidemment ce drame sur lequel vous étiez beaucoup exprimé à l'époque.
06:34Il y a un autre jeune rugbyman du même club, d'ailleurs,
06:36il y a deux semaines, qui est mort dans d'autres circonstances.
06:38Il a écopé d'une balle à la sortie d'une boîte de nuit.
06:43Il était au mauvais endroit au mauvais moment, semble-t-il.
06:46Est-ce que vous avez l'impression que les choses depuis un an
06:48ont changé dans un sens ou dans un autre ?
06:50Ce que je constate, c'est surtout qu'il y a un dramatique phénomène,
06:53c'est-à-dire multiplication, banalisation, invisibilisation.
06:56C'est-à-dire qu'il faut imaginer quand même que ce sont deux jeunes du même club,
07:00un club, même groupe d'amis.
07:02J'ai rencontré d'ailleurs la famille de Nicolas, qui est d'une dignité extraordinaire,
07:05des parents qui sont dans une situation économique assez fragile,
07:09qui expliquent avoir toujours travaillé, élevé leurs enfants dans de bonnes conditions,
07:13avec le respect évidemment de la loi et des autres.
07:16Nicolas, c'est l'autre jeune rugbyman qui est mort.
07:17Exactement, et qui se retrouve avec ce gamin qui meurt à la sortie d'une boîte de nuit.
07:21Et ça n'est pas simplement un fait divers, c'est devenu un fait de société.
07:23La réalité, c'est que ce genre de phénomène se multiplie.
07:25On a aujourd'hui des fils de France qui meurent de balles, de coups de couteau,
07:30gratuitement, avec une jeunesse française qui est prise en étau entre deux phénomènes.
07:33Et Thomas et Nicolas en sont malheureusement les archétypes.
07:36D'une part, un racisme anti-blanc décomplexé d'une partie d'une jeunesse racaille,
07:41bien souvent d'origine immigrée,
07:43et qui s'en prend violemment et gratuitement à cette jeunesse de France.
07:46Et de l'autre, en effet, le trafic de drogue dont est victime indirectement Nicolas
07:49et qui gangrène de manière massive le territoire français.
07:52Est-ce que vous faites confiance à Bruno Retailleau,
07:54dont on imagine que vous êtes relativement proche sur le plan des idées pour régler le problème, ou pas ?
07:58Le problème, c'est que c'est une question de confiance globale au gouvernement.
08:01Au-delà de Bruno Retailleau, il s'agit de savoir s'il a les moyens d'agir.
08:04Or, en ce qui concerne ces deux sujets,
08:06elle touche non seulement à la question de la politique migratoire,
08:09elle touche aussi à la question de la politique pénale et de la justice.
08:12Il y a une loi immigration prévue en début d'année prochaine.
08:15Est-ce que je fais confiance à M. Migaud, ministre de la Justice,
08:19qui vient du Parti Socialiste, pour répondre à cela,
08:22alors que lui-même s'était opposé au plein de plancher
08:24et avait fait l'apologie du bilan de Christiane Taubira ?
08:26Je n'en suis pas certaine.
08:27Sur la question de l'immigration, on aimerait avoir des réponses structurelles
08:30et non pas une fois plus ponctuelles.
08:31Est-ce que le gouvernement envisage de remettre en cause l'accord avec l'Algérie ?
08:34Je ne le crois pas et c'est regrettable.
08:36Un mot sur un éventuel empêchement de Marine Le Pen.
08:38Il y a eu les réquisitions la semaine dernière au cas où elle était empêchée.
08:41Est-ce que, pour vous, Jordan Bardella serait le candidat naturel ?
08:43Est-ce que vous le soutiendriez ?
08:44Ou peut-être, le cas échéant, vous pourriez y aller vous-même ?
08:46Écoutez, pour l'instant, la question ne se pose pas en ces termes.
08:49Et je souhaite qu'elle ne se pose pas en ces termes.
08:51Parce qu'il y a un double scandale dans cette affaire.
08:53Déjà, un scandale juridique, parce qu'on a là une justice qui explique aux élus
08:57la manière dont ils doivent utiliser leurs collaborateurs parlementaires,
09:00ce qui me semble déjà extrêmement dangereux.
09:01Et il y a un scandale démocratique.
09:03Ce n'est pas au juge de décider de l'affiche présidentielle,
09:05comme ils l'ont fait la fois dernière avec François Fillon.
09:07Et donc, il faut absolument que ces réquisitions du procureur ne soient pas suivies
09:11et qu'il n'y ait pas d'indigibilité prononcée à l'égard de Marine Le Pen.
09:13Et le jugement, ce sera en début d'année prochaine.
09:14Merci beaucoup, Marie-Marie.
09:15Merci à vous.