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Aujourd'hui, dans « Les 4V », Maya Lauqué revient sur les questions qui font l’actualité avec Clémentine Autain, députée Ecologiste et social de Seint-Saint-Denis.

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Transcription
00:00Bonjour Clémentine Netain. Bonjour. Merci d'être avec nous.
00:05L'Avenir, c'est l'esprit public. C'est le titre de votre essai
00:07programmatique établi après une tournée des besoins que vous avez
00:10effectué sur le terrain. Justement, allant sur le terrain, à Fontenay-aux-Roses,
00:14dans les Hauts-de-Seine, une professeure d'EPS de collège a été agressée
00:17par d'anciens élèves exclus. Ça s'est passé mardi sur un terrain de sport
00:21en dehors de l'établissement. La mairie veut distribuer des bipers d'alerte
00:25reliées aux forces de l'ordre. La réponse est-elle adaptée selon vous ?
00:29D'abord, je voudrais exprimer toute ma solidarité avec cette enseignante
00:32qui a été violentée de manière inouïe, inacceptable.
00:37Et il faut prendre la mesure de ce climat dans lequel nous nous trouvons
00:40aujourd'hui où les agents du service public, à l'école mais aussi à l'hôpital,
00:46à Pôle emploi, France Travaille Maintenant, sont confrontés de plus en plus
00:50à l'insatisfaction qui devient violence de la part des usagers.
00:56Et ce climat-là, pour le combattre, tout simplement, il faut faire en sorte
01:01qu'il y ait davantage de confiance et de respect dans nos institutions.
01:05Et cela passe par une revalorisation de ces métiers essentiels.
01:09L'éducation en fait partie. Donner les moyens pour que le cadre
01:14dans lequel on travaille et l'offre de services qui est donnée
01:19soit à la hauteur de la promesse républicaine.
01:22Et en attendant, ces bipers, c'est quoi ? C'est une solution provisoire ?
01:27Si on veut protéger immédiatement, pourquoi pas investir dans des solutions ?
01:31Mais si on ne pense pas sur le long terme, je pense que nous n'arriverons pas
01:35à solutionner le malaise grandissant que nous voyons dans notre société
01:39où la peur, le ressentiment se sont installés et se traduisent par des actes de violence.
01:46Donc pour apaiser la société, il faut cesser de la brutaliser.
01:51Or aujourd'hui, les politiques néolibérales, l'austérité budgétaire,
01:56l'extrême droite avec un discours qui est un discours qui oppose les uns aux autres,
02:01tout cela produit non pas de l'apaisement, mais une espèce d'ambiance de guerre civile
02:06qui s'approche et donc il faut faire très attention.
02:09De guerre civile, une ambiance de guerre civile aujourd'hui.
02:11Je pense que le trumpisme crée une ambiance de guerre civile.
02:14Et la France a les moyens dans son histoire, dans la vitalité aussi
02:20de toutes celles et ceux qui sur le terrain défendent des principes
02:24qui sont des principes de partage, de recherche de cohésion, de tolérance.
02:30Eh bien, ceux-là et celles-là sont porteurs de cet antidote à ce climat violent
02:38qui nous vient des États-Unis aujourd'hui, d'autres pays aussi, et qui fait peur bien sûr.
02:43Je voudrais vous faire réagir sur plusieurs actualités judiciaires.
02:46D'abord, mercredi prochain, 48 nouveaux signalements ou témoignages
02:50vont être remis à la justice par le collectif des victimes de Bétharame,
02:53ce qui va porter leur nombre à 200.
02:55Les élus du département appellent à davantage de contrôle des établissements.
02:58Il y a une commission d'enquête parlementaire qui est en cours.
03:01Elle entendra bientôt François Bayrou, maire de Pau.
03:03Les autorités sont-elles à la hauteur face à cette immense pandémie ?
03:06Elles ne l'ont pas été, écoutez, elles ne l'ont pas été.
03:09Ça fait très longtemps que les autorités savaient ce qu'il se passe.
03:14Donc il y a la commission d'enquête, nous attendons son résultat.
03:18Je sais à quel point ce qui est entendu est une déflagration.
03:22Donc il faut du contrôle, il faut protéger les élèves.
03:27Il faut sortir du silence et faire en sorte que la puissance publique aussi,
03:32qui a des moyens par les aides qu'elle donne ou qu'elle ne donne pas, soit agissante.
03:38Et c'est cela que je défends aussi dans l'esprit public.
03:41L'esprit public, c'est un État qui est capable de protéger,
03:44qui est capable par ses aides publiques, sa fiscalité, d'être stratège.
03:50Et aujourd'hui, on a l'impression que l'État s'est dépossédé de ses moyens d'action.
03:55Et le silence en la matière est un ennemi terrible, terrible,
04:00pour les jeunes que nous devons protéger encore une fois.
04:04Toujours dans l'actualité judiciaire,
04:05cette semaine s'est déroulé le procès de Gérard Depardieu,
04:07accusé d'agression sexuelle et contre lequel 18 mois de prison avec sursis ont été requis.
04:12Pour l'avocat de l'acteur, Maître Assous,
04:14les plaignantes sont, je cite,
04:16« des affabulatrices au service d'une organisation de féministes enragées,
04:20d'agiter du bocal propos apportés par le monde ».
04:22Qu'est-ce que cela vous inspire ?
04:24Ce procès, il m'inspire le déni d'abord de Gérard Depardieu à l'égard de ses victimes.
04:30Donc c'est une nouvelle violence aussi,
04:32ce qui est entendu pour celles qui ont réussi à porter plainte après de nombreuses années
04:36et qui font la lumière sur des actes, là encore,
04:40qui semblent être connus depuis très longtemps.
04:43Donc c'est une forme de nausée que m'inspire ce procès, je dois l'avouer.
04:49Toujours à propos de justice et de politique,
04:52Marine Le Pen sera fixée lundi sur son avenir.
04:55Elle risque une peine d'inégibilité dans l'affaire des assistants FN au Parlement européen.
05:00L'ERN a dénoncé une instrumentalisation politique de la justice.
05:04Dans ce dossier, je vous vois réagir.
05:07Écoutez, moi je défends l'état de droit.
05:09Et l'esprit public que je défends, c'est précisément l'état de droit
05:14qui doit être renforcé, là où Emmanuel Macron l'a beaucoup fragilisé.
05:18Donc la justice, elle s'applique de la même manière pour tous les citoyens et toutes les citoyennes.
05:23C'est ça la règle de l'état de droit.
05:25Malheureusement, si la question se pose,
05:27c'est parce qu'il y a une inquiétude sur l'indépendance de la justice
05:35et sur l'instrumentalisation possible de la justice à des fins politiques.
05:38Et de ce point de vue qu'Emmanuel Macron est nommé un de ses proches,
05:43Richard Ferrand au Conseil constitutionnel participe aussi de cette ambiance
05:47où on se dit, est-ce qu'il n'y a pas une utilisation de la justice à des fins politiques,
05:51c'est-à-dire de vouloir éliminer un opposant politique.
05:54Donc moi je défends l'état de droit, là où Marine Le Pen comme Donald Trump
06:02veulent dépecer, écraser cet état de droit, écraser l'État d'ailleurs, le démanteler.
06:08Ce sont deux projets politiques différents.
06:10Donc je ne suis pas étonnée qu'elle n'accepte pas un jugement
06:13parce qu'elle veut, elle, être dans une logique du plus fort,
06:17elle n'est pas dans le respect de la démocratie
06:20et elle s'inscrit dans une famille politique
06:23qui au contraire s'oppose aux principes démocratiques.
06:25Il faut en prendre la mesure, il faut en prendre la mesure.
06:28Une famille politique dont on a rappelé l'héritage à Jordan Bardella,
06:31il était cette semaine le président du Rassemblement national en visite en Israël.
06:35Avait-il sa place là-bas selon vous ?
06:37C'est un renversement de l'histoire qui est bouleversant.
06:40Vous vous rendez compte, Jordan Bardella qui préside un parti
06:45qui a été créé par des Waffen-SS,
06:47qui ont une responsabilité écrasante dans la Shoah,
06:52l'extermination des Juifs, et qui est là accueilli par Israël.
06:57Alors il y a une logique, c'est que Benyamin Netanyahou
07:01est un représentant éminent de cette extrême droite
07:04qui se répand à l'international.
07:07Il est lui-même à la tête d'une armée
07:10qui est en train d'exterminer les Palestiniens.
07:13Donc c'est une certaine logique,
07:15mais il faut se souvenir que les discours de haine
07:18d'une partie de la population comme l'extrême droite le fait aujourd'hui en France.
07:23Le Rassemblement national est obsédé avec sa haine des étrangers,
07:28sa haine des migrants, sa haine des musulmans.
07:31Eh bien tout cela, ce sont les préludes à des choses qui peuvent être extrêmement graves.
07:36Mais les accusations d'antisémitisme visent aussi aujourd'hui une partie de la gauche,
07:40notamment à l'Efi, que vous avez quittée il y a quelques mois.
07:45C'est déchirant, c'est déchirant, je vous le dis, c'est déchirant.
07:49C'est insensé que l'on puisse accuser la gauche
07:53de ne pas être aux côtés de ce combat fondamental et fondateur même pour nous,
07:58le combat contre l'antisémitisme.
08:00Donc je pense que pour beaucoup de militants et de sympathisants de gauche,
08:05qu'on puisse avoir inversé les choses
08:08et stigmatiser la gauche comme n'étant pas à ce rendez-vous, c'est déchirant.
08:12Donc il faut l'être, il ne faut laisser aucune ambiguïté sur le sujet,
08:16il faut être ferme, clair, c'est notre combat
08:19et nous devons le mener avec force et détermination, encore une fois, sans faillir.
08:25Votre combat personnel, vos combats et vos idées, vous les proposez dans votre livre.
08:32Est-ce que vous voulez les porter ces idées ?
08:35Est-ce que vous êtes prête à les porter en vue de la présidentielle ?
08:38Ce sera ma dernière question.
08:40Mon combat, c'est que nous ayons une candidature de rassemblement
08:43des gauches et des écologistes en 2027.
08:46Ce livre est une pierre au récit commun.
08:49Et vous voyez bien aujourd'hui que le rassemblement,
08:52il n'est pas tout à fait à l'ordre du jour et on voit même se rejouer.
08:57Grande division, dédivision dans tous les sens.
08:59Alors que nous avons rassemblé 9 millions de personnes
09:03pour mettre en tête, en juillet dernier, le Nouveau Front Populaire.
09:06Donc moi, ma bataille, elle est celle-là.
09:08Si nous voulons empêcher Marine Le Pen d'être au pouvoir en 2027,
09:12si nous voulons rouvrir l'espoir d'un progrès, d'une amélioration du quotidien,
09:16alors nous devons faire en sorte que nous ayons une candidature
09:20porteuse d'une gauche forte, c'est-à-dire de solutions qui ne soient pas à l'eau de rose.
09:26Il faut qu'elle soit déterminée à transformer le réel et moi, je pense que c'est possible.
09:31Merci Clémentine Autard.
09:32Merci à vous.