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Aujourd'hui, dans « Les 4V », Jeff Wittenberg revient sur les questions qui font l’actualité avec Nathalie Loiseau, députée européenne Renew.
Aujourd'hui, dans « Les 4V », Jeff Wittenberg revient sur les questions qui font l’actualité avec Nathalie Loiseau, députée européenne Renew.
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00:00Bonjour Nathalie Loiseau, spécialiste des questions internationales dans votre parti Horizon, on parlera de Horizon tout à l'heure,
00:08mais d'abord, qu'est-ce que vous partagez, ce qu'on entendait dans le journal de 7h30, ce relatif optimisme qu'on entend à la Maison Blanche ?
00:14Je pense, dit Donald Trump, que Vladimir Poutine va accepter la trêve en Ukraine. Qu'est-ce que c'est à vos yeux ? Un réel espoir de l'auto-persuasion ?
00:23Écoutez, après trois ans de guerre, que Vladimir Poutine a démarré, la question n'est pas de savoir si on est optimiste, pessimiste, il faut être réaliste,
00:31il faut surtout faire pression sur Vladimir Poutine, quelque chose que jusqu'à maintenant, Donald Trump n'a pas fait.
00:36Mais vous disiez hier que Donald Trump n'avait pas de carte en main pour aboutir à un arrêt des combats, je vous cite, mais visiblement ça bouge,
00:43si cette trêve est actée, il dit, on en saura plus lundi, je reprends ces termes, est-ce que vous saluerez ce résultat en disant,
00:50finalement, la méthode Trump, ça peut marcher, ce que n'avait pas réussi Joe Biden ?
00:53Je serais heureuse s'il y a un cessez-le-feu, parce que des hommes meurent de part et d'autre, mais je n'oublierai pas qu'en 1994, en 2015, en 2019,
01:04il y a eu des cessez-le-feu qui n'ont jamais été respectés par la Russie. Donc un cessez-le-feu, c'est une étape, mais sur laquelle il faut que l'Ukraine ait des garanties fortes,
01:13parce que c'est l'Ukraine qui a été agressée, ce n'est pas l'Ukraine qui a commencé la guerre.
01:16Mais l'appel d'Emmanuel Macron, le président français qui exhorte Poutine à accepter la trêve, est-ce que ce n'est pas, je reviens à cette question,
01:24la reconnaissance que finalement, ce ne serait pas une si mauvaise solution, en tout cas, il n'y a pas eu de meilleure solution proposée par exemple par les Européens ?
01:32Les Européens veulent que la paix soit signée à un moment où l'Ukraine est en meilleure situation. Les Européens continuent à aider l'Ukraine massivement,
01:41ils devraient le faire d'ailleurs plus vite et plus encore, je le dis depuis très longtemps, parce que ce qu'on voit de Vladimir Poutine sur la trêve,
01:48il a dit oui, mais non, mais peut-être, mais pas tout de suite. Il espère pouvoir continuer à tirer avantage de la situation actuelle,
01:55une situation dans laquelle Donald Trump ne met aucune pression sur le pays agresseur.
02:00C'est ce que vous dites, il ne met aucune pression, mais on n'a pas l'impression tout de même qu'il est un peu plus ferme qu'il ne l'était il y a quelques jours.
02:06Il est, comme vous l'écriviez, selon vous, il y a quelques années, toujours en quelque sorte favorable, voire redevable à Poutine.
02:14Vous ne sentez pas un changement en ce moment ?
02:17Ça fait 40 ans que Donald Trump fréquente les oligarques russes, 40 ans. Ça ne se fait pas comme ça sans conséquence.
02:24Plusieurs fois, il a été renfloué. Donald Trump est un homme qui a fait sept faillites. Il a été renfloué pour ses casinos avec de l'argent russe.
02:32Une de ses propriétés a été rachetée au double du prix par un oligarque russe qu'il a vendu immédiatement après et qu'il a rasé.
02:40Et ça, ça le rend en quelque sorte fragile par rapport à la Russie ?
02:46Sa proximité est troublante. Il a choisi pour diriger le renseignement américain,
02:50tout le cigabard, quelqu'un qui est extrêmement bien connu dans tous les milieux du renseignement, pour être totalement pro-russe.
02:55Donc je suis méfiante, je suis inquiète que cet homme-là négocie avec Vladimir Poutine.
03:01Mais ça veut dire quoi ? Que l'administration Trump peut balayer des décennies, comme on le sent depuis quelques semaines, d'alliances occidentales avec des pays européens ?
03:09Elle n'a déjà plus d'alliés.
03:11Mais sans que ça provoque quoi que ce soit dans l'Amérique, dans les institutions américaines qui ont quand même des décennies de tradition dans l'autre sens, si j'ose dire ?
03:20Au moment, Donald Trump a tous les pouvoirs. Ceux qu'il s'est arrogé, ceux qu'il a donné à Elon Musk sans aucun contrôle démocratique.
03:28Il a les deux chambres au Congrès et il a la Cour suprême. Il a tous les pouvoirs et il en fait un usage déjà abusif.
03:33Mais je m'intéresse moins à ce qu'il se passe aux États-Unis qu'à ce que nous devons faire, nous, Européens.
03:38Dans ce contexte, on ne peut pas faire confiance à Vladimir Poutine.
03:41Donald Trump a décidé non pas d'avoir des alliés américains mais de les attaquer en permanence.
03:45On a vu les taris douaniers, on a vu des mots, on a vu une envie d'aider tous les partis d'extrême droite en Europe, c'est-à-dire non pas d'avoir des alliés mais des soumis.
03:54Donc c'est à nous aujourd'hui d'avoir un sursaut, d'être puissant.
03:58Ce sont des mots, pardon ?
03:59Non, 800 milliards proposés par Ursula von der Leyen.
04:02En moyen ou long terme, qu'est-ce qu'on fait tout de suite, Nathalie Loiseau ?
04:04800 milliards, ce n'est pas l'argent qu'on a dans les poches.
04:06Ce qu'on fait tout de suite, c'est qu'on utilise les avoirs russes gelés comme élément de négociation et de pression sur Vladimir Poutine.
04:12Il y a 200 milliards de dollars russes dans les banques en Europe. Il est temps qu'on fasse pression sur la Russie.
04:20Le ministre de l'Economie et des Finances, excusez-moi, qui était à votre place hier, et d'autres gouvernants français disent que c'est juridiquement impossible.
04:28Nous n'avons pas le droit de les confisquer, mais nous avons parfaitement le droit de les prêter à l'Ukraine, et l'Ukraine elle, en droit international, a le droit de les confisquer.
04:34Le ministre des Finances le sait, tous les décideurs européens le savent, c'est juridiquement financièrement possible.
04:40C'est une question de volonté politique, et moi j'en ai assez d'appeler à la volonté politique de l'Europe depuis des années sans être écoutée.
04:46Mais est-ce que ça mettrait définitivement la Russie un genou à terre ?
04:51Puisqu'il y a eu un nombre incalculable de sanctions depuis trois ans qui ont été dressées contre Moscou,
04:58finalement avec un résultat qui n'est pas celui que vous espériez.
05:01Vous disiez encore hier que la Russie est dans une position économique très faible,
05:05mais Emmanuel Macron lui dit qu'elle n'a jamais été aussi forte ou menaçante, en tout cas militairement parlant,
05:11avec bientôt 1 400 000 soldats, des canons, des avions, alors est-ce qu'elle est forte ou est-ce qu'elle est faible la Russie ?
05:16Les deux sont vrais, c'est-à-dire que Vladimir Poutine a épuisé son économie,
05:20est en train d'épuiser ses réserves financières pour tout mettre au service d'une économie de guerre,
05:25et donc d'industrie d'armement en surchauffe.
05:27C'est précisément pourquoi la menace russe est si inquiétante.
05:31C'est que quand bien même il y aurait demain un cessez-le-feu, et dans quelque temps une paix en Ukraine, ce que je ne fais que souhaiter,
05:37vous avez un pays qui ne tient plus que grâce à son industrie d'armement,
05:41c'est une raison pour l'Europe d'être extrêmement méfiante, de se réarmer,
05:46et de faire en sorte d'affaiblir la puissance de Vladimir Poutine.
05:50Le fait que Donald Trump soit si pressé pour des raisons que personne ne comprend,
05:56en fait il donne de l'oxygène, il donne à Vladimir Poutine de l'oxygène à un moment où il faut faire pression sur lui.
06:03Il a tout pris à l'envers. L'art du deal, pour le moment, c'est la même chose que ce qu'il a fait avec les talibans,
06:07ou ce qu'il a fait avec la Corée du Nord, c'est un échec.
06:10Pour financer l'effort de guerre européen, la France, elle, cherche des solutions.
06:16Encore une fois, Éric Lombard disait hier qu'il faut par exemple mobiliser les capitaux bancaires, les fonds d'investissement.
06:23Est-ce que c'est suffisant d'ailleurs à cette aune ?
06:26Est-ce que vous êtes satisfaites que l'agence Fitch n'ait finalement pas dégradé la France, qui garde sa note à A- ?
06:33Tant mieux, ce n'est pas une excellente note. Je serai satisfaite quand on aura enfin travaillé sur nos dépenses publiques.
06:39On voit aujourd'hui qu'on a une priorité qui est la défense.
06:42Tous les Français nous le disent. Vous regardez les enquêtes d'opinion, les Français sont à la fois inquiets légitimement,
06:47ce qui prouve que les oppositions qui disent qu'il n'y a pas de menace sont complètement déconnectées de ce que pensent les Français,
06:53et nous disent dépenser plus pour la défense.
06:56Oui, mais on va le trouver où cet argent ? Il faut réduire le reste des dépenses publiques,
07:00il faut arrêter de dire qu'on rase gratis, il faut arrêter de vivre au-dessus de nos moyens.
07:04Et il faut travailler plus, dit votre leader Édouard Philippe, puisque je rappelle donc que vous êtes l'une des porte-parole,
07:10l'une des personnalités de ce mouvement.
07:12Édouard Philippe qui frappe un grand coup si j'ose dire, en disant que la réforme des retraites,
07:17ce conclave qui viserait à la remplacer, c'est, je le cite, dépasser hors sol.
07:24Ça veut dire quoi ? Il n'est plus dans la majorité ? Il ne soutient pas François Bayrou ?
07:28Ça veut dire que tous les Européens qui nous regardent, qui nous entendent dire qu'il faut faire plus pour la défense,
07:33et qui voient que dans le même temps on voudrait détricoter une réforme des retraites,
07:36alors que partout en Europe on travaille plus longtemps, on travaille davantage,
07:40ne comprennent pas ce qui se passe dans notre pays, ne comprennent pas.
07:43Et moi je ne le comprends pas non plus.
07:46Martine Aubry sort de la vie politique.
07:48Martine Aubry c'était la retraite à 60 ans et les 35 heures.
07:51Ça a fait beaucoup de mal à notre économie.
07:53La retraite à 60 ans c'était François Mitterrand.
07:55Ça a fait beaucoup de mal à notre économie, on n'est plus compétitif,
07:58et cette année on va dépenser plus pour rembourser notre dette que pour notre défense.
08:05Est-ce que c'est ça qu'on veut ? Ce n'est pas possible.
08:07Vous dites que les Français sont favorables à un effort pour la défense,
08:10mais ils sont aussi favorables à ce qu'on abroge cette réforme.
08:13Donc il y a quand même un petit paradoxe là.
08:15Edouard Philippe leur parle comme à des adultes,
08:17là où d'autres parties leur parlent comme à des enfants.
08:19Je préférais être du côté d'Edouard Philippe.
08:21Des adultes, et ça veut dire qu'il est prêt à être impopulaire
08:25alors qu'il veut se présenter à l'élection présidentielle,
08:27puisque cette réforme elle est impopulaire.
08:29Il est constant, il l'a dit depuis longtemps.
08:31Il y a des choses qui sont impopulaires.
08:32Aller chez le dentiste c'est impopulaire,
08:34mais quand vous savez que vous avez besoin d'y aller, vous y allez quand même.
08:36On retiendra cette comparaison avec le dentiste.
08:39Merci beaucoup Nathalie Loiseau,
08:41eurodéputée, et c'est la suite de Télémathas.