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Aujourd'hui, dans « Les 4 V », Julien Arnaud revient sur les questions qui font l’actualité avec Clémence Guetté, députée LFI du Val-de-Marne et vice-présidente de l'Assemblée nationale.

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00:00Et pourquoi Clémence Guettet, bonjour, parce que c'est aujourd'hui la niche parlementaire
00:07pour la France Insoumise, ça veut dire en gros que vous avez l'occasion, l'opportunité
00:11de présenter les textes de votre choix, on va y revenir, mais d'abord le débat sur
00:14la censure, si vous le voulez bien, parce que c'est l'actualité brûlante, on sait
00:17que cette motion de censure, son adoption en tout cas éventuelle, va dépendre beaucoup
00:21du Rassemblement National, il faut qu'il vote la motion de censure que vous avez l'intention
00:25de présenter à gauche, ça ne vous gênerait pas de faire tomber le gouvernement grâce
00:28aux voix du RN ?
00:29Alors vous prenez les choses un petit peu à l'envers, la question c'est pourquoi
00:33on veut censurer ce gouvernement ? On dit depuis le mois de juillet que le nouveau
00:37Front Populaire est arrivé en tête des élections et que c'est nous qui devrions gouverner,
00:41et avec quelques mois passés on devrait avoir changé radicalement l'avis des gens,
00:45donc il y a quand même beaucoup d'amertume, et on dit aussi que le gouvernement Barnier
00:48est fondamentalement illégitime, et ce qu'on voit là avec ce budget c'est qu'il n'a
00:52pas de majorité, donc ils vont mettre un nouveau 49-3 sur le budget pour le faire
00:55adopter, pour le faire passer en force.
00:56Mais vous n'avez pas de majorité, d'où la nécessité d'avoir les voix du RN, et
01:00c'est là-dessus que porte ma question.
01:01Mais on ne demande pas les voix du RN, le RN prend ses responsabilités, nous nous allons
01:05déposer une motion de censure, et ensuite chacun voit tout ça, et c'est comme ça
01:07que ça se passe à l'Assemblée Nationale, la réalité c'est que M. Barnier nous a vendu
01:13une voix de compromis, une méthode complètement différente, et qu'il continue de passer
01:17en force, que nous avons fait des amendements, nous avons transformé le budget en un budget
01:21de justice sociale qui faisait passer le déficit de la France sous les 3% en trouvant
01:2675 milliards de recettes supplémentaires, et que c'est les macronistes, alliés, puisque
01:33vous voulez faire des alliances dans tous les sens, avec le RN, qui ont rejeté ce budget.
01:38Preuve en est que, vous le savez très bien, nous ne sommes pas sur les mêmes positions.
01:41Il n'empêche que nous avons des raisons différentes de vouloir faire tomber ce gouvernement,
01:44mais qu'il est fondamentalement illégitime.
01:46Et je veux le dire aussi, ne soyez pas ridicule, honnêtement, nous ne partageons aucune position.
01:53Mais interrogez les responsables du RN sur leur position, et nous on assume, on propose
02:02des choses, et les filles ne votent pas avec nous, mais nous on vote avec eux.
02:04Voilà, exactement.
02:05Nous on ne vote pas avec le RN, il n'empêche que ce gouvernement va tomber, et je veux
02:11le dire, ça n'est qu'une étape.
02:12Parce qu'en réalité, on l'a vu, hier il y a un sondage qui est paru, qui ne vous aura
02:16pas échappé, 63% des Français disent que le gouvernement Barnier va tomber, et ensuite
02:21c'est Macron qui doit partir.
02:22Parce que la réalité, c'est que M. Barnier, ce n'est qu'un proxy de la politique macroniste
02:27en déliquescence, avec Macron qui ne sait plus comment faire, et qui nomme cet homme-là
02:31pour continuer sa politique, mais il n'est pas plus légitime qu'un autre, et donc il
02:36n'y a plus de méthode après.
02:37Et je veux le dire, parce que nous ne sommes pas les seuls à dire que Macron doit partir
02:41pour mettre fin à la crise politique, vous l'aurez sans doute vu, mais des gens aussi
02:45divers que Charles de Courson qui est rapporteur général du budget, ou M. Copé, vous le
02:50savez là non plus, nous ne sommes pas dans le même camp politique, mais pourtant nous
02:53arrivons à la même analyse, au même diagnostic, c'est que Macron se débat finalement, mais
03:00qu'il doit y avoir une présidentielle anticipée pour que les Français puissent retourner
03:03aux urnes.
03:04Comme quoi, en ce moment, il y a donc bien des alliances de fêtes qui sont un peu contre-nature.
03:07Ce ne sont pas des alliances, ce sont des convergences sur le diagnostic.
03:10M. Barnier a prévu la tempête l'autre jour, vous l'avez vu sans doute à la télévision,
03:15ça ne vous fait pas peur la tempête prévue par M. Barnier ?
03:16Vous parlez du chaos budgétaire ?
03:18Oui.
03:19Vous parlez du précipice au bord duquel serait la France ? Vous voyez ce qui se passe du
03:23côté des marchés ?
03:24Honnêtement, vous l'aurez vu, ça a été démenti, ce risque de shutdown à l'américaine,
03:30nous ne sommes pas aux Etats-Unis d'Amérique et nous ne fonctionnons pas budgétairement
03:33de la même façon.
03:34Mais le décrochage sur le plan des taux d'intérêt par exemple ?
03:36En réalité, si nous censurons le gouvernement Barnier dès la semaine prochaine, ce qui
03:39est une hypothèse, nous avons jusqu'au 31 décembre pour proposer un budget.
03:43Or, figurez-vous que le nouveau Front Populaire, nous avons déjà un budget prêt puisque
03:47nous étions préparés à cet exercice, un budget à l'équilibre, je vais même
03:51vous dire qu'on a des recettes supplémentaires et ce qu'on veut réellement, c'est changer
03:54la vie des gens.
03:55Parce que là, on nous propose un budget austéritaire, le pire que les Français aient connu depuis
04:00des années, alors que déjà ils se serrent la ceinture, que les factures d'énergie,
04:04d'électricité ont augmenté, que l'inflation a été bien présente, donc on propose toute
04:08autre chose.
04:09On est prêt, on a jusqu'au 31 décembre pour le faire.
04:10Et je finis mon raisonnement pour que les gens n'aient pas peur, parce qu'en fait
04:14c'est une sorte de chantage que font les macronistes, si jamais il n'y avait pas ce
04:17budget-là, il y aurait une loi spéciale budgétaire, les fonctionnaires continueront
04:21à être payés.
04:22Mais par contre, c'est pour ça que je vous parle du fait que M. Macron doit partir, c'est
04:26que la France est un grand pays, et que nous avons des grandes décisions à prendre, et
04:30qu'aujourd'hui, lui, nous fait des bidouilles politiciennes pour se maintenir au pouvoir
04:35alors qu'il n'est plus légitime.
04:36Est-ce que vous êtes rassuré par l'attitude du PS ? Hier soir, Olivier Faure a dit qu'après
04:40la rencontre Valot-Barnier, le PS va voter la censure.
04:43Vous avez semblé en douter, parce que Boris Valot a dit, en gros il a lancé un appel
04:47sur les conditions d'une non-censure, et Jean-Luc Mélenchon a envoyé des tweets pour
04:51dire que le socle commun est en train de changer, le PS est en train de nous trahir.
04:56Est-ce que les choses reviennent dans l'ordre ?
04:57Disons que le Parti Socialiste, il y a toujours des voix un petit peu discordantes, donc c'est
05:01bien qu'ils discutent entre eux, et qu'ils aient abouti à cette décision de censurer
05:05le gouvernement.
05:06Le contraire aurait été complètement incompréhensible.
05:09On a amendé un budget, Nouveau Front Populaire, avec le PS inclus, et il a été rejeté.
05:15Évidemment, c'est une raison supplémentaire de la censure.
05:19Aujourd'hui, nous en aurons peut-être une encore nouvelle, c'est la discussion sur la
05:23réforme des retraites, mais j'imagine qu'on va y venir juste après, qu'on met dans notre
05:28niche parlementaire, et que les macronistes vont nous empêcher de voter.
05:31Je reviens au Parti Socialiste, je déplore que certaines voix au sein de leur parti
05:39rencontrent comme ça une forme d'aménagement, de compromission, avec un socle qui pourrait
05:43se trouver du côté de la Macronie, ça n'est pas le programme sur lequel nous avons été
05:47élus, nous sommes résolument dans l'opposition à la Macronie, et quel compromis y aurait-il
05:52à trouver ? Je vous donne plusieurs exemples, nous sommes pour aller chercher des nouvelles
05:56recettes supplémentaires, taxer celles et ceux qui se sont enrichis avec l'ISF, taxer
06:00les grands groupes pour faire la retraite par exemple à 60 ans, pour bloquer les prix
06:05d'électricité.
06:06Tout ça, les macronistes sont contre, il n'y a rien à aller chercher de ce côté-là,
06:11et je le dis, renoncer à l'ambition de changer la vie des gens, c'est ce qui ferait monter
06:15l'extrême droite.
06:16Donc, le Parti Socialiste doit réfléchir à deux fois à ce qu'il a envie de faire
06:20stratégiquement pour la suite, nous, nous n'avons pas changé d'idée.
06:23C'est le gros morceau de votre niche parlementaire, ce texte pour l'abrogation de la réforme
06:27des retraites, qui sera voté également par le Rassemblement National, il n'y a pas d'alliance
06:31mais bon là-dessus aussi, le Rassemblement National va voter à vos côtés pour cette
06:35abrogation de la réforme des retraites, alors vous parlez de l'attitude des macronistes,
06:41si vous avez l'occasion de voter, c'est vrai que vous êtes très critique parce que les
06:44macronistes disent qu'ils ont déposé 1000 amendements pour nous empêcher de voter,
06:46enfin quand on se souvient au moment du débat, vous, vous n'aviez pas déposé 1000 amendements,
06:50vous en aviez déposé 13 000, est-ce que ce n'est pas l'hôpital qui se moque de la charité ?
06:53Elle est vraiment caricaturale votre question, vous savez pourquoi ?
06:56Non parce que c'est les chiffres.
06:57Vous savez ce que c'est la différence fondamentale entre eux et nous dans la position qu'on a,
07:01c'est que nous, nous sommes dans l'opposition et que nous avons une journée par an ou de
07:049 heures à minuit, à minuit, quoi qu'il arrive, ça s'arrête, nous pouvons discuter
07:08de nos textes, de ce qu'on choisit et celui qu'on a choisi en l'occurrence, c'est l'abrogation
07:13de l'odieuse réforme de la retraite à 64 ans qui est abrogation qui est attendue par
07:1771% des Français, je ne vous rappelle pas, je ne vous fais pas cette offense mais de
07:21vous rappeler qu'il y avait des millions de personnes qui étaient dans la rue donc notre
07:24réforme, notre proposition de loi aujourd'hui, elle est majoritaire dans le pays et elle
07:29est attendue.
07:30La grosse différence, c'est qu'eux, ils ont le reste de l'année pour mettre à l'ordre
07:33du jour leurs textes.
07:34Toute l'année, on discute des textes et des propositions de la Macronie et nous, on amende
07:38en effet parce que c'est notre travail.
07:40Et vous savez, ça n'a pas toujours été l'usage de bordéliser comme ça des niches
07:43parlementaires.
07:44Ils sont 60 les macronistes à avoir…
07:45C'est plutôt vous au général qui êtes accusé de bordélisation, c'est pour ça
07:47que vous reprenez le propos j'imagine, le terme.
07:50Ben non parce qu'en fait, si on regarde les faits, c'est bien la Macronie aujourd'hui
07:53qui bordélise.
07:55Je vous rappelle qu'au moment de l'examen budgétaire, c'est le Rassemblement national
07:59qui faisait le boulot à la place de la Macronie pour épargner le partage des richesses.
08:04Je finis là-dessus.
08:0560 députés aujourd'hui qui ont déposé 700 amendements.
08:08C'est ridicule.
08:09Ce sont des amendements de blague et je vous le dis, ça écoeure les gens dans ma circonscription.
08:14J'ai encore eu une discussion hier avec ça.
08:16C'est deux ans de vie volées aux Français.
08:18Les Français, ça ne les fait pas rire du tout ce que vont faire les macronistes aujourd'hui.
08:21Vous avez fait un commentaire sur la position de la France sur Benjamin Netanyahou, qui
08:25est l'objet d'un mandat international de la part de la CPI, mais la France a dit qu'il
08:29bénéficierait de l'immunité parce que, dit la France, Israël ne fait pas partie
08:33de la CPI.
08:34Est-ce que ça vous choque ?
08:35Oui, ça me choque.
08:36Comme beaucoup d'observateurs, je pense que Monsieur Barreau, qui exprime à ce moment-là
08:40la voix de la France, nous met la honte à l'international en réalité parce que, souvenez-vous
08:46au moment où il y avait eu un mandat d'arrêt contre Poutine, là, la France disait évidemment
08:50on va respecter le statut de Rome et on n'est pas les seuls à le dire.
08:54FIDH, LDH, il y a plein de gens qui disent à quel point c'est un double standard et
08:58le génocide est toujours en cours à Gaza.
09:00Merci beaucoup Clémence Guettet, invitée de KB.