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Aujourd’hui dans « Les 4 V » Télématin revient sur les questions qui font l’actualité avec Véronique Louwagie, vice-présidente commission des finances de l’Assemblée nationale, députée de l’Orne.

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Transcription
00:00Véronique Bagy, bonjour, vous étiez à l'Assemblée jusque tard cette nuit, le budget, toujours le budget, et on a la sensation que les débats s'éternisent.
00:11Vous savez, en règle générale, tous les ans, ce sont des débats qui durent très longtemps.
00:15Je veux dire que le budget, c'est la déclinaison de toutes les politiques publiques du pays qui intéressent les Français.
00:20Donc c'est très important, il y a énormément de sujets à aborder.
00:23Je veux ajouter à cela que cette année, le gouvernement nous a demandé de construire le budget avec lui.
00:28Il n'a pas disposé du temps habituel pour construire ce budget.
00:33Il manque une semaine, là, à peu près.
00:34Il manque une semaine, vous avez tout à fait raison, mais au-delà de cette semaine qui manque au Parlement,
00:38le gouvernement a été nommé quelques jours avant le dépôt du budget et donc n'a pas construit le budget comme il l'entend.
00:44D'ailleurs, il le dit, le budget qui nous a été présenté n'est pas celui que soutient le gouvernement.
00:49Le budget qui nous est présenté a un déficit de 5,2% du PIB et le gouvernement veut aller à un déficit de 5%.
00:55Donc il nous demande de construire ce budget.
00:58C'est la raison pour laquelle aussi il y a beaucoup d'amendements.
01:00Alors hier, 25% des 3000 amendements à peu près ont été retirés, notamment par la gauche,
01:06et pourtant c'est votre camp, donc la droite républicaine, le camp présidentiel,
01:11qui est accusé par la gauche et le RN de faire obstruction.
01:14Alors, c'est vrai que nous avons déposé beaucoup d'amendements.
01:17Du côté de la droite, c'est une habitude.
01:19Mais pourquoi déposer des amendements sur un budget qui finalement est présenté par le Premier ministre ?
01:23Mais vous pouvez avoir des propositions.
01:25Nous avons intérêt à pousser, je dirais, nos propositions.
01:29Nous avons des convictions.
01:31Nous avons envie de faire avancer le gouvernement.
01:33Par exemple, sur la question des dépenses, nous voulons aller plus loin dans la diminution des dépenses publiques.
01:38Et le gouvernement nous a invités à construire avec lui ce budget.
01:42Donc il y a, vous savez, dans le temps d'examen du budget, il y a le nombre d'amendements,
01:47mais il y a aussi le temps que prend chaque député dans l'examen, dans le cadre de la discussion.
01:54Et du côté du Nouveau Front Populaire, je pense qu'ils n'ont pas de leçons à nous donner,
01:57parce qu'ils prennent beaucoup de temps dans le temps de la discussion, de la réaction sur les amendements.
02:02Parce que c'est un peu le monde à l'envers, quand on vous accuse de ralentir exprès le débat.
02:06Non, écoutez, très sincèrement, pour celles et ceux qui suivent les débats, il n'y a vraiment pas d'obstruction.
02:11Il y a des débats avec des prises de position, avec des convictions qui sont différentes,
02:16avec des divergences importantes. Et vous savez, je pense que les Français ont le droit au débat.
02:21C'est un débat qui se passe à l'Assemblée Nationale, mais qui éclaire les Français.
02:25Et je pense qu'ils ont besoin d'être éclairés sur un certain nombre de positions différentes des différents groupes politiques.
02:30Alors justement, pour revenir sur le fond, vous disiez il y a un mois, l'augmentation, je vous cite,
02:36l'augmentation des impôts ne peut pas être le bon chemin. Vous le pensez toujours ça ?
02:40Oui, oui, tout à fait.
02:41Quand on voit le texte qui est présenté et qui risque d'être présenté au final ?
02:45Tout à fait. Il faut rappeler que nous avons en France le taux de prélèvement obligatoire le plus élevé d'Europe.
02:51C'est-à-dire le niveau des impôts, cotisations, taxes le plus élevé.
02:55Cela nous met en difficulté. Vous savez que nous sommes dans une mobilité européenne, internationale.
03:00Donc nous devons arriver à baisser ces impôts. Aujourd'hui, la trajectoire financière ne le permet pas.
03:05Je veux juste rappeler qu'en 2024, notre déficit sera supérieur de 52 milliards à la prévision initiale.
03:1452 milliards. C'est énorme.
03:16Est-ce que les Français comprennent tous ces chiffres ? Est-ce que vous êtes en mesure ce matin d'expliquer aux Français
03:21que vous votez des mesures qui vont dans leur sens ?
03:24Oui, parce qu'aujourd'hui, ce déficit est financé par la dette. Et la dette sera supportée par les générations demain.
03:30En 2025, la France va devoir emprunter 300 milliards. Qui va rembourser ces 300 milliards ?
03:36Ce sont les générations futures. Nous devons préparer la vie de nos enfants et de nos petits-enfants.
03:42Nous ne pouvons pas mettre perpétuellement des charges qu'ils devront supporter.
03:47Donc nous devons faire en sorte d'avoir moins d'impôts. Mais pour avoir moins d'impôts et réduire le déficit,
03:52il nous faut agir sur les dépenses publiques. Et c'est là, en tout cas, les messages que nous voulons porter.
03:57Et nous demandons, nous voulons aller avec le gouvernement sur une diminution des dépenses publiques.
04:01J'entends que depuis quelques jours, le gouvernement est favorable, par exemple, à aller vers une diminution du coût des opérateurs
04:07pour diminuer le nombre des opérateurs. Les opérateurs, ce sont les satellites qui travaillent sur un certain nombre de missions confiées par l'État.
04:14Je vais vous donner deux chiffres. Le coût des opérateurs a augmenté de 30 milliards d'euros en 6 ans.
04:20Avec 30 000 emplois supplémentaires. Donc nous pouvons agir sur la dépense publique.
04:24Et en diminuant la dépense, nous pourrons diminuer ensuite les impôts et également réduire notre déficit.
04:29Mais quand on prend, par exemple, des mesures qui ont été votées ces derniers jours,
04:32la demi-part fiscale des veuves et des veufs, un avantage qui avait été supprimé en 2014 par François Hollande,
04:38est-ce que cette disposition a des chances de rester à la fin ?
04:43Non, je ne pense pas que cette disposition ait des chances de rester à la fin.
04:47Il faut que nous arrivions à trouver un équilibre pour amener ce déficit à un niveau de 5 %,
04:52qui est le seul niveau, d'ailleurs, c'est le Haut conseil des finances publiques, Pierre Moscovici, qui le dit,
04:57pour arriver à un déficit qui ne dépasse pas 3 % en 2029, il faut que nous ayons en 2025 un déficit qui ne dépasse pas 5 %.
05:05Donc il nous faut trouver une manne de 60 milliards en allant sur les dépenses et en allant sur des impôts,
05:11mais uniquement exceptionnels, ciblés. Nous n'accepterons pas des augmentations d'impôts pérennes dans le temps.
05:17Alors au final, est-ce qu'il y a encore une voie de passage pour un vote de ce budget ou alors est-ce que le 49-3 est inéluctable ?
05:24Écoutez, je ne sais pas très bien quels seront les votes qui vont se dérouler encore à partir de ce matin à l'Assemblée nationale.
05:32Vous débattez encore aujourd'hui et jusqu'à peut-être demain soir.
05:35Voilà, tout à fait, puisque hier soir il a été décidé d'ouvrir samedi matin, samedi après-midi et samedi soir.
05:41Il est évident que si nous assistons à des augmentations d'impôts relativement importantes avec un matraquage fiscal,
05:49comme ce à quoi nous avons assisté en Commission des finances la semaine passée, nous ne pouvons pas accepter un texte en l'État.
05:55Donc nous, de notre côté, à ce moment-là, nous le rejetterons comme ce que nous avons fait en Commission des finances.
06:00Donc il faut voir maintenant comment les débats évoluent, comment les votes évoluent.
06:04Je crains effectivement que nous assistions encore à un matraquage fiscal important et ce texte ne pourra pas être admis en l'État.
06:12Vous demandez au Premier ministre de dégainer le 49-3 très rapidement s'il le faut ?
06:16En tout cas, je me réjouis que le Premier ministre ne l'ait pas dégainé très rapidement parce que je pense qu'il est important que nous ayons un débat,
06:23que les Français puissent avoir ce débat.
06:26L'année passée, la Première ministre avait dégainé quelquefois le 49-3 avant même les examens d'articles ou d'amendements.
06:33En revanche, à un moment donné, si véritablement nous assistons à un matraquage fiscal très fort,
06:39oui, probablement que le Premier ministre aura intérêt à activer le 49-3.
06:43Vous avez entendu tout à l'heure la chronique sur la taxe d'habitation. Est-ce que vous, vous êtes favorable au retour de cette taxe d'habitation parce qu'en plus vous êtes élue locale ?
06:49Oui. Alors, moi j'étais opposée à la suppression de la taxe d'habitation parce que c'est un lien qui existe entre le citoyen et l'échelon local, la commune.
06:58En revanche, maintenant que le dispositif a été supprimé, je ne pense pas qu'il faille revenir dessus.
07:03Encore là une fois, nous sommes contre les augmentations d'impôts, contre les créations de nouveaux impôts.
07:08En revanche, il faut revoir tout ce qui concerne la fiscalité locale, notamment tout le mécanisme de taxes foncières, valeurs locatives.
07:14Et il y a probablement une réforme de fiscalité locale à avoir, mais sans créer de nouveaux impôts.
07:19Alors, on parle, pour évoquer votre majorité qui est assez disparate, d'un socle commun qui réunit la droite républicaine, le camp présidentiel, le modem.
07:27Est-ce qu'il existe encore ce socle commun quand vous voyez tous les événements de ces derniers jours, notamment le modem qui vote avec le RN contre vous ?
07:34Vous savez, même à l'intérieur d'un groupe parlementaire, vous avez des divergences, vous avez des prises de positions différentes.
07:40Ça existe.
07:41Mais là, ça va au-delà de divergences.
07:43Ces divergences, elles existent, elles sont, je dirais, amplifiées quand il y a plusieurs groupes.
07:48Ce qui nous relie dans ce socle commun, finalement, c'est ça.
07:50Qu'est-ce qui nous relie ?
07:51Aujourd'hui, c'est le soutien au Premier ministre.
07:53Et nous voulons tous, en tout cas moi je le souhaite aussi très fort que le Premier ministre…
07:56Mais ça le fragilise, ça le fragilise ça le Premier ministre.
07:59Écoutez, vous savez, nous n'avons pas eu le temps de créer, je dirais, nous sommes en période de rodage finalement entre les différents groupes et les différents députés.
08:08Et ce moment du budget qui est un moment important, qui est un moment fort, même au niveau du pays,
08:16est un moment qui va probablement établir des liens entre nous et je pense que nous allons nous rapprocher.
08:23Il faut que nous apprenions à travailler ensemble, à vivre ensemble.
08:26Mais en tout cas, ce que veulent tous les députés du socle commun, c'est que Michel Barnier réussisse et ça je crois que c'est très fort.
08:32Merci beaucoup à vous.
08:33Merci à vous.
08:34Vous retournez cet après-midi à l'Assemblée nationale pour peut-être terminer ce budget.
08:37Merci et bonne journée.
08:38Merci beaucoup.

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