• il y a 3 semaines
Aujourd'hui, dans « Les 4V », Julien Arnaud revient sur les questions qui font l’actualité avec Mathilde Penot, présidente du groupe La France Insoumise (LFI) à l'Assemblée nationale.

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Transcription
00:00Et bonjour Mathilde Panot, merci d'être avec nous en ce lendemain d'Hallucutions présidentielles que vous avez regardé.
00:06Alors, on a surveillé évidemment les différents contes des uns et des autres et puis surprise quand on a vu le conte de Jean-Luc Mélenchon.
00:12Que dit-il ? On imaginait Emmanuel Macron dit n'importe quoi, etc.
00:15Ben pas du tout, il dit le président a dit vrai. Sur quel parti exactement ?
00:19Je crois que sur le constat, sur le fait que nous rentrons dans une nouvelle ère,
00:23notamment avec l'arrivée de Trump à la tête des Etats-Unis qui tente d'imposer au monde
00:28la loi du plus fort plutôt que le droit international.
00:31On le voit avec l'Ukraine mais on le voit malheureusement aussi avec les menaces sur le Groenland, sur le Canada,
00:37sur le Panama et sur la Palestine avec une menace de nettoyage ethnique complet à Gaza.
00:44Donc nous sommes entrés dans une nouvelle ère.
00:45Ça c'est la partie de constat sur lequel nous pouvons être d'accord avec Emmanuel Macron.
00:50Le problème c'est qu'Emmanuel Macron, le président de la République, ne tire aucune leçon de trois ans de guerre
00:57maintenant en Ukraine avec un million de morts et de blessés.
01:01Il en tire plein des leçons, au contraire, c'était son propos hier.
01:04Il y a eu des leçons sur le plan du financement, sur le plan de l'armement, on va regarder peut-être le détail.
01:09D'ailleurs il a aussi lancé différents appels, il a lancé un appel à la patrie.
01:13C'est une expression qui était un petit peu désuète finalement et qu'il dépoussière.
01:18Il y a un sous-entendu de Union Nationale, au-delà des différences partisanes.
01:21Est-ce que vous saisissez cette main ou pas ?
01:23Alors la première chose c'est que vous avez une situation qui est trop grave
01:27et un président de la République qui est trop affaibli pour qu'il puisse décider tout seul.
01:30Et nous, nous ne voulons pas juste être consultés, les forces politiques comme il l'a proposé,
01:35nous voulons délibérer et décider.
01:37C'est au Parlement de pouvoir décider de questions aussi graves que celles-ci.
01:42Je peux vous dire sur quoi il ne tire pas les leçons.
01:44Pendant trois ans il y a eu un alignement quasi total sur les Etats-Unis.
01:48Certes maintenant il y a un changement avec Trump,
01:50mais nous disons nous depuis longtemps que la France doit être indépendante au service de la paix.
01:55Et nous avions raison sur ce point.
01:57Si Emmanuel Macron avait écouté Jean-Luc Mélenchon depuis trois ans
02:00sur le fait de construire un cadre européen de négociation...
02:03Si on avait écouté Jean-Luc Mélenchon, pardon, mais on l'aurait aussi entendu
02:06quand il disait que jamais la Russie n'agresserait l'Ukraine.
02:08Ce que disaient les renseignements français.
02:11Ah si ? Alors là c'est une audition de l'Assemblée nationale.
02:14Les renseignements français disaient que jamais la Russie n'allait envahir l'Ukraine.
02:19Donc Jean-Luc Mélenchon, se basant sur ce qui était dit par les renseignements français,
02:23disait la même chose.
02:24Mais depuis que s'est-il passé, Jean-Luc Mélenchon est le premier homme politique
02:27à avoir dénoncé les violations de la frontière par Vladimir Poutine
02:32puisqu'il se trouvait qu'il était dans un avion à 7h du matin.
02:36Et depuis, il ne cesse de dire et il n'a cessé de dire
02:39que la solution ne serait pas militaire mais diplomatique.
02:42Et que donc, il devait y avoir une réunion, une conférence
02:47qui permette de trouver une solution diplomatique avec des garanties de sécurité mutuelles.
02:51Alors, il va y avoir le sommet cet après-midi.
02:54On se souvient quand même avant l'agression, Emmanuel Macron a été aller voir Vladimir Poutine
02:57pour tenter de l'empêcher et à ce moment-là on se doutait bien que ça allait arriver.
03:00Il a annoncé aussi hier des nouveaux choix budgétaires pour financer les investissements militaires.
03:05Investissements privés mais aussi investissements publics.
03:08Il a dit il faudra des réformes, il faudra du courage.
03:10On va voir peut-être ce qu'il a dit un peu plus précisément.
03:13Ça veut dire qu'il veut tailler dans certains budgets. Lesquels d'après vous ?
03:16Bien sûr qu'Emmanuel Macron est en train de nous présenter une économie de guerre.
03:20Et nous ne sommes pas d'accord avec l'économie de guerre.
03:22C'est ce qui fait décider par exemple au Danemark d'augmenter d'un coup,
03:25pour que tous les gens comprennent, la retraite à 70 ans.
03:28Voilà de quoi nous parlons.
03:29Nous ne sommes pas d'accord, nous voulons une économie de la paix
03:32qui est orientée vers les besoins que nous avons et notamment la question de la bifurcation écologique.
03:37Je vais vous expliquer très concrètement.
03:40Si on parle de l'augmentation des budgets militaires,
03:43qui ont déjà doublé en dix ans, Emmanuel Macron le disait hier.
03:46Si ça répond à des besoins, nous pouvons y réfléchir.
03:49Mais moi je veux aussi l'augmentation du budget de l'éducation, de l'hôpital public,
03:53pour faire face aux catastrophes naturelles que la Réunion a encore subies récemment avec un cyclone.
03:58Mais c'est une question de priorité, est-ce qu'on n'a pas aujourd'hui une urgence ?
04:01Vous avez entendu le Président, il a pris la parole pour ça.
04:03Nous sommes menacés par la Russie, une menace existentielle.
04:06Ça s'appelle une condition qui est celle du partage des richesses
04:10et notamment de faire enfin contribuer les plus riches de ce pays.
04:14Donc nous ne sommes pas d'accord avec le fait que, encore une fois,
04:18sur l'hôpital public, sur l'école, sur les retraites,
04:21il y ait moins de tout cela pour continuer dans une course à l'armement
04:26qui va, encore une fois, profiter à Trump.
04:28Puisque je rappelle que plus de 50% des dépenses militaires de l'Union européenne
04:32sont tournées vers de l'achat de matériel états-unien.
04:35Donc il faut agir pour la paix, voilà ce que devrait faire la France.
04:39Vous voulez faire payer les riches français, mais vous ne voulez pas faire payer les oligarques russes.
04:42C'est assez étonnant, il y a pas mal d'appels, notamment du côté du Nouveau Front Populaire,
04:46vos amis écologistes, socialistes, qui disent qu'il faut saisir les avoirs russes.
04:50Il y en a pour un peu plus de 200 milliards.
04:52Et vous, chez LFI, vous dites non, non, non, pas du tout, il ne faut pas les saisir.
04:56Il faut être sérieux sur ce dont on est en train de parler.
04:59Les 200 milliards qu'il y a dans l'Europe, ce sont des avoirs de la banque centrale russe, d'accord ?
05:05Il n'y a pas de départ.
05:07Attendez, nous avons toujours été favorables au gel des avoirs russes.
05:11Nous l'avons demandé dès le début, nous sommes favorables à cela.
05:14Ensuite, il y a une deuxième chose.
05:16Le droit international, ça s'appelle l'immunité souveraine,
05:19ne permet pas de saisir ces avoirs de la banque centrale russe.
05:23Si on allait vers la possibilité de les saisir,
05:26alors il y aurait des délais juridiques, avec des recours qui pourraient se faire,
05:30qui ne seraient pas du coup accessibles immédiatement à l'Ukraine.
05:33Or, l'urgence aujourd'hui, c'est l'Ukraine.
05:35Donc, ce que nous disons, nous, c'est que du coup,
05:38ce dont a besoin l'Ukraine immédiatement,
05:40c'est de pouvoir résister avec une solution diplomatique au conflit,
05:44car il n'y aura pas de victoire militaire.
05:46Ces arguments, ils ont du mal à convaincre.
05:47Y compris, encore une fois, chez vos amis.
05:48Regardez ce que dit Yannick Jadot.
05:49Il dit franchement, ils nous font rire.
05:51Oui, d'accord.
05:52On pourrait rire de ce respect soudain pour les milliards d'une dictature.
05:55Regardez ça.
05:56Stratégie d'abandon de l'Ukraine, de capitulation idéologique.
05:59C'est de ça dont ils vous accusent.
06:00Vous avez vu la situation de l'Ukraine actuellement ?
06:02Vous avez vu que M. Zelensky est obligé à moitié d'accepter
06:06qu'on aille chercher dans ses minerais pour des générations et des générations d'Ukrainiens ?
06:09Tout ça parce que des gens vattent en guerre pendant des mois et des mois.
06:13On refusait qu'on aille à la négociation diplomatique.
06:15On dit, nous allons gagner la guerre, nous allons gagner la guerre.
06:18Vous avez vu le résultat ?
06:19Donc maintenant, ça suffit.
06:21Il faut revenir au droit international.
06:23C'est notre seule boussole.
06:25Il faut que vous compreniez que la paix et la diplomatie, c'est sérieux.
06:29Le droit international, ce n'est pas d'agresser et d'envahir son pays voisin.
06:32Exactement.
06:33Mais à quel moment ai-je dit cela ?
06:35Il faut faire respecter ça, d'abord.
06:36Et bien, du coup, comment on fait respecter ça ?
06:38Expliquez-moi, qu'est-ce que vous allez faire ?
06:40Moi, personnellement, rien.
06:42Ce que propose le président Macron, c'est d'armer l'Ukraine
06:44et d'aider à se défendre.
06:45Si on avait fait une conférence qui permette une sortie diplomatique
06:50à un moment où l'Ukraine était dans une position plus favorable
06:53que ce qu'elle l'est maintenant,
06:54nous serions déjà peut-être avec une paix durable.
06:57Là, il faut absolument faire en sorte d'aider l'Ukraine
07:00et d'avoir une paix pérenne.
07:02Voilà ce qu'il faut faire.
07:03Il faut arrêter d'être des vattes en guerre.
07:05Parce que les vattes en guerre,
07:06vous vous rendez compte de ce qui se passe pour l'Ukraine ?
07:08Monsieur Jadot n'en parle pas, je vais vous expliquer.
07:10Depuis hier, les Ukrainiens sont à l'aveugle.
07:12Pourquoi ?
07:13Parce que les États-Unis ont décidé d'arrêter de donner des renseignements.
07:16Bien sûr.
07:17Et alors, les Européens, nous pouvons faire ça.
07:19C'est ce qu'on a expliqué il y a quelques instants avec Axel de Tarlay.
07:21Maintenant, ils se tournent vers Eutelsat
07:22pour que les Ukrainiens puissent avoir des renseignements.
07:25Pour l'instant, ils sont à l'aveugle dans ce qu'ils sont en train de faire.
07:27Voilà ce qui est grave.
07:28On parle d'un million de vies d'ores et déjà.
07:31Les vattes en guerre ont eu tort.
07:34Tous ceux qui se sont alignés sur l'OTAN,
07:37sur une stratégie atlantiste ont eu tort.
07:39Face à une internationale de l'extrême droite
07:42qui est en train de s'organiser,
07:43de Trump jusqu'à Mélanie,
07:47on pourrait citer Ravir Milei,
07:49Poutine jusqu'à Marine Le Pen et Bardella,
07:52je vais vous dire,
07:53il faut revenir au droit international
07:55et avoir une France indépendante au service de la paix.
07:57J'en profite pour dire à tout le monde
07:59que du coup, la manifestation du 22 mars,
08:01auquel nous appelons contre l'extrême droite,
08:03contre le racisme,
08:04prend aussi une dimension internationaliste.
08:07Il y a d'autres initiatives sur lesquelles on voudrait vous entendre.
08:09Il a annoncé hier, le chef de l'État,
08:11qu'il y aurait une réunion des chefs d'État-major à Paris,
08:14des différents pays qui soutiennent l'Ukraine
08:16pour travailler à peut-être l'envoi
08:18d'une force de maintien de la paix,
08:20une fois qu'un accord de paix serait signé, c'est bien clair.
08:22Donc il y aurait des Français.
08:24Est-ce que vous trouvez normal
08:25et est-ce que vous accepteriez, vous,
08:26que des soldats français y participent ?
08:28Vous savez, on a déjà proposé
08:29qu'il y ait des soldats français en Ukraine.
08:31À quel moment ?
08:32Dès le départ, lorsque nous avons parlé
08:33des réacteurs nucléaires qui se trouvent en Ukraine
08:35et qui, s'ils étaient touchés,
08:36produiraient une catastrophe dans la catastrophe
08:38en touchant l'ensemble du bassin méditerranéen, notamment.
08:41Donc nous sommes d'accord, mais dans le cadre de l'ONU.
08:44Et sur le nucléaire, il a appelé à un débat
08:47sur, je ne sais plus quelle est son expression exacte,
08:50mais sur élargir le parapluie nucléaire de la France
08:54aux alliés européens.
08:55Je vais vous dire plusieurs choses.
08:56La première, il est interdit, vous le savez,
08:58de partager la diffusion nucléaire.
08:59C'est le traité de non-prolifération nucléaire.
09:01Ça, c'est la première chose.
09:02La deuxième chose qui est très importante,
09:04pendant 70 ans, la France n'a pas cru
09:06au parapluie nucléaire américain.
09:08C'est pour ça que De Gaulle nous a dotés
09:10d'une propre arme nucléaire.
09:11Donc maintenant, on essaierait de faire croire ça aux autres.
09:13Ce n'est pas sérieux.
09:14Merci beaucoup, Nathalie Pannot.
09:15Merci à vous.

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