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Chroniqueuse : Julia Vignali 


 
Au lendemain du célèbre Marathon de Paris, Mathieu Blanchard, ancien candidat de l'émission Koh-Lanta, est venu évoquer sa passion pour l'ultra-trail, qu'il pratique très régulièrement dans son quotidien. 

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Transcription
00:00 Bonjour Mathieu Blanchard, merci d'avoir accepté notre invitation.
00:02 Alors Thomas le disait, vous êtes ultra-trailer.
00:05 Est-ce que vous pouvez nous expliquer en quoi ça consiste ?
00:07 Alors le ultra-trail, ça reste de la course à pied,
00:10 mais ce n'est pas la même course à pied qu'on a vu tout à l'heure sur le béton,
00:12 c'est de la course à pied qui se fait en milieu naturel.
00:14 Donc c'est tous les endroits où on ne court pas sur l'asphalte ou sur le béton.
00:17 On pense souvent à la montagne, mais ça peut être aussi les déserts de sable,
00:20 ça peut être aussi la jungle, ça peut être aussi les milieux polaires sur la neige.
00:23 Donc tout ce qui est milieu naturel où on court dessus, c'est du trail.
00:26 Et l'ultra-trail, c'est des très longues distances en trail, on parle de 100, 150, 160 km, voire plus parfois.
00:32 Ah oui ? Et votre plus longue distance à vous, c'était combien par exemple ?
00:35 Alors une fois j'ai fait un défi de 650 km au Québec sur un GR.
00:40 Bon après ça m'a pris une semaine à le faire, mais j'ai couru 650 km.
00:43 Mais sans s'arrêter, sans dormir, le plus long que j'ai fait,
00:46 c'est cette fameuse course UTMB qui fait 172 km.
00:49 C'est dingue. Alors vous participiez hier au Marathon de Paris,
00:52 vous avez terminé cette course en 2h22min36s.
00:56 Franchement pour vous qui êtes habitué aux très longues distances,
00:59 c'est carrément une promenade de santé, 42 km non ?
01:01 Non, c'est pas une promenade de santé, ça dépend à l'intensité à laquelle on le fait.
01:04 C'est sûr que si j'y vais pour juste relaxer, balader et voir cette belle carte postale
01:08 qui est Paris un jour de marathon, c'est facile.
01:11 Mais là j'ai voulu le faire un petit peu vite, donc à des hautes intensités, là c'est difficile.
01:14 Et donc voilà, c'est quand même différent, c'est pas le même entraînement que le trail.
01:17 J'ai dû m'y préparer depuis trois mois.
01:19 Ah tout de même ?
01:20 Je suis allé sur la piste, moi j'aime pas ça, normalement je vais aller m'entraîner sur une piste.
01:23 Je suis même allé au Kenya, il y a deux semaines en arrière, pour apprendre des plus grands.
01:27 Et finalement ça a bien marché hier sur le Marathon de Paris.
01:29 Et vos jambes, elles vont comment ce matin ?
01:31 Elles vont très bien ce matin, elles ont l'habitude de beaucoup, beaucoup courir.
01:33 J'avouerai que des marathons, ça m'arrive d'en faire à l'entraînement.
01:36 Oh c'est dingue !
01:38 En août dernier, vous terminez deuxième de l'UTMB, vous en parliez tout à l'heure,
01:42 c'est l'Ultra Trail du Mont-Blanc, une course de 172 km en un temps record, 19h54.
01:49 Est-ce que vous pouvez nous raconter les difficultés de cette course,
01:52 au-delà de la distance qui est énorme ?
01:53 Alors c'est sûr que l'Ultra Trail, c'est de la course à pied à la base,
01:56 mais finalement sur de telles distances, la course à pied a une part mineure.
01:59 Il y a beaucoup d'éléments à gérer, c'est pour ça que j'aime dire que l'Ultra Trail c'est une aventure.
02:04 Il va falloir gérer la nutrition, parce qu'il faut beaucoup manger
02:07 pour pouvoir répondre à la demande énergétique d'une telle course.
02:10 Mais pas à n'importe quel moment j'imagine ?
02:12 Pas à n'importe quel moment, il faut calculer aussi par exemple de ne pas manger lorsqu'on est en altitude,
02:16 parce qu'il y a moins d'oxygène et le système digestif fonctionne moins.
02:18 Il faut gérer l'intensité aussi, parfois on va un petit peu plus vite,
02:21 un petit peu plus lentement en fonction des caractéristiques de la course.
02:25 Il y a la météo aussi, parfois il peut faire très froid, il peut pleuvoir,
02:27 donc tout de suite il faut s'habiller.
02:29 Et le problème c'est qu'on perd la lucidité.
02:31 Au bout de cinq, six heures d'effort, le cerveau commence à être un petit peu plus à la dérive,
02:35 on perd la lucidité, on commence à faire des erreurs.
02:37 Et c'est là où il faut être très focus pour pouvoir se rendre sur cette ligne d'arrivée.
02:41 Votre meilleure place a été la deuxième place, vous étiez sur le podium.
02:46 Ça a changé quoi justement dans votre carrière au quotidien ?
02:49 Est-ce que vous vivez de votre sport par exemple ?
02:52 Oui, tout à fait.
02:53 C'est vraiment que cette UTMB, l'Ultra Trail du Mont-Blanc,
02:55 c'est la course la plus prestigieuse au monde.
02:56 C'est là où tous les partenaires sont, c'est là où tous les médias sont.
03:00 Donc réussir à faire un podium sur cette course, ça peut changer un petit peu les choses.
03:03 Alors voilà, cette année, moi j'ai pris la direction du professionnalisme.
03:08 Maintenant je vis à 100% de ce sport-là.
03:11 Il y a encore quelques années, j'étais ingénieur ici à Paris, dans un bureau à Boulogne-Biancourt.
03:16 Mais c'est ça qui est dingue, parce qu'il vous a fallu moins de 10 ans
03:19 pour faire ce parcours et devenir un des meilleurs du monde dans votre discipline.
03:22 Ça a été quoi le déclic ?
03:24 Moi j'ai lu qu'à l'époque, vous vouliez perdre quelques kilos, comme nous tous d'ailleurs.
03:27 Mais on ne devient pas tous champions du Ultra Trail.
03:29 La raison d'origine est effectivement très banale, comme beaucoup.
03:32 Après quelques années comme ingénieur dans le bureau,
03:35 à avoir une vie un petit peu moins santé on va dire,
03:38 j'avais décidé de me remettre un petit peu en santé.
03:40 Puis la course à pied c'est tellement facile, un short, des baskets et en avant, on y va.
03:43 Et finalement, il y a quelque chose qui s'est passé, une magie, une surprise de la vie.
03:47 Voilà, et puis je suis tombé amoureux, ça a été un coup de foudre pour ce sport.
03:53 Mais au départ de jogging, vous disiez que c'était carrément un sport ringard à l'époque,
03:56 quand vous ne courriez pas.
03:57 C'est vrai que je viens du sud de la France, ça s'entend peut-être avec mon accent,
04:00 qui est mixé avec un accent québécois aussi, parce que ça fait quelques années que je vis au Québec.
04:03 Mais on est dans des villages un petit peu gros bras,
04:06 où on fait des sports un peu motorisés, des sports extrêmes,
04:09 et puis faire de la course à pied, c'est un petit peu ringard, on va dire.
04:12 Et j'ai mis quelques mois à l'avouer à mes amis et à ma famille que je faisais de la course à pied.
04:16 Mais un jour, ça a éclaté au grand jour et depuis, ça m'obsède un petit peu.
04:20 Alors dans votre livre, "Vivre d'aventure",
04:22 vous racontez également l'histoire très touchante de votre petit frère,
04:25 qui a été amputé d'une jambe en 2018 à la suite d'un accident de scooter.
04:29 En novembre dernier, vous vous êtes lancé dans un défi commun.
04:32 Est-ce que vous pouvez nous le raconter ?
04:34 Oui, mon petit frère Lucas, malheureux accident.
04:37 Et puis, c'est ça, ça a été difficile pour lui, un petit peu déni à son âge,
04:40 il était adolescent à ce moment-là, un petit peu déprime aussi, enfermé dans sa chambre.
04:44 Donc j'ai voulu lui redonner un petit peu d'énergie.
04:47 Et à ce moment-là, il avait 15 ans, je lui ai dit,
04:48 "Écoute, dans quelques années, quand tu seras un petit peu plus grand,
04:50 on va aller faire une aventure ensemble et tu vas montrer, toi aussi, au monde,
04:53 que malgré ton handicap, tu peux faire des aventures,
04:55 et que l'aventure, ce n'est pas réservée aux super-héros,
04:57 ce n'est pas réservée aux sportifs de haut niveau."
04:59 Et on est parti dans le désert de Jordanie, qui s'appelle Wadi Rum, qui est magnifique.
05:03 Et on a traversé une bonne partie du désert ensemble, moi et lui,
05:07 avec sa petite prothèse, et puis il allait au bout, et c'était une très belle histoire.
05:10 Oui, ça a dû vous mettre effectivement les larmes aux yeux, tellement c'était mouvant.
05:14 Vous avez également participé à Koh Lanta, alors qu'est-ce que ça veut dire ?
05:17 Les défis, c'est votre vie ? Vous aimez être challengé tout le temps ?
05:20 Oui, l'aventure, pour moi, ce n'est pas forcément des aventuriers de métier,
05:23 on n'a pas besoin d'aller au sommet de l'Everest,
05:25 ou au pôle Nord ou au pôle Sud pour être aventurier.
05:27 Pour moi, l'aventure, c'est un état d'esprit.
05:29 Et à partir de ce moment-là, on peut tous être aventurier au coin de sa maison,
05:32 dans son jardin, en allant, autour de ses soies.
05:34 L'aventure, c'est juste se mettre un petit peu dans l'inconfort.
05:37 C'est sortir de ce confort du quotidien, de ce cadre que nous avons,
05:40 se mettre un petit peu dans l'inconfort et perdre un peu le contrôle aussi.
05:43 Et ça, finalement, ce n'est pas négatif.
05:45 Ça fait progresser, ça fait du bien, ça rend plus fort mentalement,
05:48 ça rend meilleur et ça donne aussi une meilleure santé.
05:51 Et c'est ça, l'aventure.
05:52 Et donc moi, aujourd'hui, je fais de ma vie des aventures.
05:55 Il y en a plusieurs qui sont racontées dans ce livre et Koh Lanta en était une.
05:58 Et dites-moi, votre objectif cette année, apparemment,
06:00 c'est la Western States aux États-Unis.
06:02 Qu'est-ce que c'est que cette course ?
06:04 Alors, on a parlé de l'UTMB qui est très prestigieux en Europe.
06:06 Aux États-Unis, il y a un petit peu une autre course qui est très prestigieuse,
06:08 c'est cette Western States.
06:10 C'est la plus vieille course d'ultra-trail.
06:12 A l'origine, c'était une course parcourue par des chevaux.
06:15 Et puis, un jour, un des concurrents a perdu son cheval,
06:17 je ne sais plus pour quelle raison, et a décidé de faire la course en courant,
06:19 a été au bout.
06:20 Et depuis, c'est une course qui existe en courant, qui fait 100 miles.
06:24 Ça fait combien de kilomètres ?
06:25 160 kilomètres.
06:26 Voilà, maintenant, des particularités, c'est qu'il peut faire très chaud dans les canyons,
06:29 donc je m'entraîne un petit peu à la chaleur.
06:31 Je vais partir faire le marathon des Sables dans trois semaines
06:33 pour m'acclimater au désert.
06:35 Il y a un petit peu d'altitude.
06:36 Et je vais aller aux États-Unis maintenant que je peux,
06:37 avec le temps que j'ai, un petit peu plus tôt pour aller repérer le parcours.
06:41 Dites-moi, est-ce que vous avez un conseil à donner à Samuel Olivier ?
06:44 Parce qu'il a mal aux cuisses depuis son marathon d'hier.
06:47 Non, Samuel Olivier, j'ai entendu tout à l'heure dire qu'il ne fera plus jamais ça.
06:50 C'est ce qui arrive en général entre la ligne d'arrivée
06:52 et les deux ou trois jours qui suivent, peut-être une semaine.
06:54 Mais en général, ça revient vite au galop, l'envie d'en faire un autre.
06:57 En tout cas, il y a des très beaux marathons.
06:59 Moi, j'ai eu la chance de faire New York, Boston, Chicago.
07:02 C'est vraiment grandiose d'avoir des rues privatisées comme ça pour nous à Paris,
07:06 pour découvrir une ville.
07:07 Et puis, c'est la même chose dans les autres grandes villes.
07:09 Et ça reviendra. Moi, je suis persuadé qu'il va refaire un marathon.
07:11 Vous entendez, Samuel ?
07:13 Rendez-vous à New York. Merci beaucoup, Mathieu Blanchard.
07:15 Merci d'avoir accepté l'invitation de Télémath.

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