Aujourd'hui, dans « Les 4 V », Julien Arnaud revient sur les questions qui font l’actualité avec Clémence Guetté, vice-présidente de l'Assemblée nationale et députée LFI du Val-de-Marne.
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00:00Bonjour Clémence Guettet, merci d'être avec nous dans cette semaine évidemment agitée sur le plan parlementaire et cet après-midi ça va encore être assez houleux sur les bancs de l'Assemblée Nationale, vous y serez et c'est houleux en ce moment au Parti Socialiste semble-t-il parce que ça discute encore beaucoup dans les rangs du PS pour savoir s'ils voteront à vos côtés la censure que vous avez déposée,
00:17comment vous pouvez faire dans cette dernière ligne droite, dans ces dernières heures pour les convaincre de basculer dans votre camp ?
00:23Je n'ai pas à les convaincre à vrai dire, il n'y a pas d'autre solution politiquement responsable que de voter la censure de M. Bayrou cet après-midi, pourquoi ?
00:31Parce qu'en réalité sur le plan budgétaire M. Bayrou reprend le budget de Barnier que les socialistes avaient censuré à l'époque, budget Barnier mais en pire avec 10 à 15 milliards de dépenses en moins dans ce budget,
00:44donc moins de services publics, ça va être très tangible pour les français et puis ensuite quoi ? Après la séquence budgétaire, les socialistes voudraient attendre la prochaine loi de M. Darmanin, de M. Retailleau, de Mme Borne, le nouveau front populaire,
00:57nous avons été élus sur un programme, sur des propositions pour changer radicalement la vie des gens, donc je pense que les socialistes sont attendus au tournant cet après-midi et qu'ils doivent se rappeler la loyauté aux idées et surtout aux électeurs qui leur permettent d'être là aujourd'hui.
01:11C'est sûr, ensemble vous, vous les attendez au tournant, ils vous disent quoi en off, comme l'ont dit vos collègues socialistes ? Comment ça se passe entre eux ? Est-ce qu'il y a des tiraillements ? Est-ce qu'ils sont divisés ?
01:18Je crois qu'ils sont divisés mais bon ça les regarde à vrai dire.
01:22Sauf que ça regarde aussi la motion de censure puisqu'elle sera votée ou pas en fonction de ce qui sera décidé entre eux.
01:28Que le parti socialiste à chaque étape joue son prochain congrès, ça n'est pas quelque chose qui m'intéresse.
01:33C'est-à-dire c'est une bataille des chefs du PS en ce moment ?
01:35Ce qui m'intéresse aujourd'hui ce sont les Français et ce sont les gens à qui on a fait des promesses, on leur a promis d'abroger la réforme des retraites.
01:42C'est intéressant, vous nous donnez les clés, c'est une bataille pour le congrès du PS qui se joue entre qui est qui en ce moment ?
01:47Moi je n'en sais rien, je n'ai pas les clés de lecture sur le parti socialiste et à vrai dire ça ne m'intéresse pas encore une fois.
01:53Nous avons promis aux gens que nous allions abroger la réforme des retraites.
01:57Je vous fais en un instant la liste des reculades du parti socialiste qui va finir par faire demi-tour tellement ils sont sur le recul.
02:05Ils ont commencé par demander un Premier ministre du Nouveau Front Populaire, c'était normal.
02:09Berroux a dit non, ils ont dit d'accord.
02:11Finalement ce ne sera pas de 49.3 sur le budget, ça c'était une ligne rouge.
02:15Bon finalement il va faire le 49.3 sur le budget mais tant pis.
02:18Ensuite ils ont dit pas d'abrogation de la réforme des retraites.
02:21Berroux a dit non, ils ont dit on se concentrera d'une suspension, d'un gel ou d'un autre synonyme dans le dictionnaire que vous pourrez trouver.
02:28Et Berroux a dit non.
02:29Donc à un moment donné, il faut prendre les choses telles qu'elles sont.
02:33Il nous a offert, M. Bayrou, une mission flash de la Cour des comptes alors que le Conseil d'orientation des retraites nous a déjà tout dit sur les chiffres des retraites.
02:40Nous savons comment financer une réforme alternative et nous voulons l'abrogation de cette réforme injuste.
02:45Il y a quand même eu des choses qui ont été obtenues, c'est ce que disent les socialistes.
02:47En tout cas, d'abord vous parlez des retraites, on sait qu'il y a cette discussion qui commence demain.
02:52Quand ils sont allés s'humilier pendant deux semaines, il faut bien qu'ils disent qu'il y a des victoires parce que sinon...
02:55S'il y a un accord, même partiel, entre les partenaires sociaux, François Bayrou a dit, ça passera par le Parlement.
03:01Ce n'est pas une avancée importante, ça ?
03:03Dans ce conclave, puisque M. Bayrou a décidé de l'appeler comme ça, il y a des organisations qui représentent les salariés et il y a des organisations patronales,
03:13dont le MEDEF. Surprise, la CGT et le MEDEF n'ont pas la même vision de ce qu'il faudrait faire en matière de retraite en France.
03:21Il y a des organisations syndicales qui étaient unies d'ailleurs au moment où on défilait par millions dans la rue, qui ont dit 64 ans c'est non.
03:28Donc la durée de cotisation et le critère d'âge, il n'y aura pas d'accord et donc ça donne de fait un droit de veto au MEDEF.
03:35Et donc de fait, M. Bayrou a juste cherché à gagner du temps.
03:38Et moi je le dis, mais non en fait on perd du temps, c'est pire que ça, c'est qu'on perd du temps.
03:44Pour la stabilité du pays, puisque c'est un argument qui est invoqué en permanence, ça fait deux ans que nous n'avons plus d'ambition et de souffle pour le pays
03:52parce que la Macronie s'accroche au pouvoir.
03:54Le vrai responsable par ailleurs, ce n'est ni M. Barny ni M. Bayrou qui sont là, ça pourrait être eux, ça pourrait être quelqu'un d'autre à vrai dire, c'est M. Macron.
04:02Il s'accroche au pouvoir, 61% des Français veulent le voir partir maintenant et donc il faut qu'il s'en aille parce qu'au niveau de la bifurcation écologique, on prend du retard.
04:11Dans le discours de Bayrou, il n'y avait rien sur le partage des richesses, le pouvoir d'achat par exemple.
04:15Il y a quand même quelque chose sur la fonction publique, c'est un sujet évidemment qui vous tient à cœur.
04:18Il y avait 4000 suppressions de postes prévues dans l'éducation nationale.
04:20Elisabeth Borne ce matin dans Le Parisien dit qu'on renonce à ces 4000 suppressions de postes.
04:24Est-ce que vous ne donnez pas crédit aux socialistes d'obtenir des choses au nom de toute la gauche ?
04:28Les 10 à 15 milliards d'économies supplémentaires, il va falloir les trouver quelque part.
04:33La règle de l'entonnoir parlementaire, ça veut dire qu'on ne peut plus trouver de nouvelles recettes alors que c'est la clé de la fiscalité,
04:38notamment sur les plus riches qui s'enrichissent et sur les grands groupes qui s'enrichissent.
04:42Merci d'y aller, on va se débrouiller, on va y arriver quand même.
04:44Non, ce n'est pas possible parlementairement.
04:46C'est un mensonge, ce ne serait pas le premier au niveau des conséquences désastreuses d'une potentielle censure.
04:51En réalité, quand on censure, on annule le prochain budget.
04:55Et donc ces 4000 suppressions de postes, quand on vote la censure, on les annule de facto.
05:00Les socialistes n'ont rien obtenu de manière significative.
05:04Et ces 10 à 15 milliards de dépenses en moins, il va bien falloir les trouver quelque part.
05:08Et ce sera tangible pour les Français.
05:10Ça veut dire soit moins d'investissements dans la transition écologique, soit moins de pompiers, moins de soignants, moins d'AESH, etc.
05:17Ils vont être pris quelque part, ces milliards.
05:20Donc c'est extrêmement inquiétant.
05:22Il y a 1000 opérateurs publics en France et le gouvernement dit qu'on peut peut-être payer ici et là chez les opérateurs publics.
05:28Mais c'est scandaleux.
05:29Il n'y a pas de marge.
05:30Les opérateurs publics, par exemple, pour moi qui m'intéresse beaucoup au sujet écologique, ça veut dire Météo France,
05:35ça veut dire l'Office national des forêts, ça veut dire l'Office français pour la biodiversité.
05:39Il y en a d'autres qui sont peut-être un peu moins utiles.
05:41Mais non, mais en fait, rien n'est fait pour décorer.
05:44Les agents publics sont utiles à l'État et ils sont utiles par leur expertise notamment.
05:49Donc il y a un problème d'attractivité dans les métiers.
05:52Il faudrait rémunérer les gens de manière plus importante.
05:56Il en va de même pour les professeurs.
05:57Je reviens sur votre question précédente.
05:59Les 4000 profs.
06:00Monsieur Berroux a dit avec beaucoup d'honnêteté que même si on ouvrait des concours,
06:04tous les postes ne seraient pas pourvus parce que le métier n'est plus attractif.
06:07Voilà la réalité.
06:08Donc il manquera des profs devant les gamins à la rentrée de 2025.
06:12Et ça, je ne le supporte pas.
06:13Est-ce que vous nous confirmez ce matin que les députés socialistes qui voteront cet après-midi la censure
06:17auront des candidats LFI face à eux lors des prochaines législatives ?
06:21Qui ne voteront pas la censure.
06:22Qui ne voteront pas la censure, pardon.
06:23Par cohérence politique, oui, en effet, c'est la logique.
06:26Si vous voulez, nous, nous devons à nos électeurs,
06:28quelle que soit la circonscription dans laquelle ils habitent dans le pays,
06:31d'avoir quelqu'un pour qui voter, qui défend la retraite à 60 ans
06:35et qui défend l'abrogation de cette réforme des retraites à 64 ans.
06:39Ça n'est pas, on n'en fait pas un totem.
06:41On défend aujourd'hui des gens qui viennent nous voir avec des larmes dans les yeux
06:46en disant je n'y arriverai pas à bosser deux ans de plus.
06:48Voilà, c'est très, c'est très, c'est une question pour les gens de dignité.
06:53Et donc ils méritent d'avoir un candidat qui défend finalement le programme du Nouveau Front Populaire.
06:57Et donc ils seront exclus de fait du Nouveau Front Populaire.
07:00Ils s'exclureront de fait du Nouveau Front Populaire.
07:03On voit bien aujourd'hui qu'il y a un regroupement autour de la position
07:06que nous avons tenue depuis deux semaines,
07:08qui était de ne pas aller à ces négociations parce qu'on ne peut rien attendre de la Macronie.
07:12Voilà, on le sait, ce sont nos adversaires politiques.
07:15Nous défendons l'ISF, ils n'en veulent pas.
07:17Nous défendons la hausse du SMIC, ils n'en veulent pas, etc.
07:20Et donc ils auront, quel que soit dans le pays pour les prochaines élections législatives,
07:24en effet, des gens qui défendent un programme réellement progressiste,
07:28ambitieux et de rupture avec le vieux monde de la Macronie.
07:31Dans la politique française, il y a la politique internationale.
07:33Un accord est intervenu pour Gaza.
07:36Est-ce que vous dites ce matin merci Donald Trump, merci monsieur le futur président,
07:40d'avoir permis cet accord ou pas ?
07:41D'abord, votre question est caricaturale puisque c'est notamment la diplomatie
07:45sous les ordres de Biden qui a pu négocier cet accord.
07:49Et non, ce n'est pas ce que je dis.
07:52Je dis merci au peuple du monde qui se sont mobilisés depuis plus d'un an et demi
07:56de manifestation en manifestation pour demander un cessez-le-feu sans relâche
08:00alors que les puissances occidentales fermaient les yeux et ne faisaient rien.
08:04Je dis aussi évidemment une pensée à toutes celles et ceux qui ont perdu l'un des leurs,
08:09des milliers de morts déjà.
08:11Ce cessez-le-feu, il arrive évidemment toujours trop tard.
08:14Je pense aussi aux gens qui vont retrouver les otages israéliens.
08:17Mais bien sûr, monsieur.
08:19Vous m'avez interrompu.
08:21Je pense aussi à celles et ceux qui vont retrouver les otages israéliens
08:24qui vont enfin être libérés.
08:26Je pense à celles et ceux qui vont retrouver les prisonniers politiques palestiniens.
08:29Et surtout, nous avons une vigilance pour que ce cessez-le-feu soit durable.
08:32Il faut une paix durable dans la région,
08:35appliquer les décisions de la Cour pénale internationale
08:37et que les criminels de guerre soient reconnus et jugés coupables
08:41pour les crimes qui ont été commis.
08:43Clémence Guété qui attend donc les socialistes tournants cet après-midi.
08:45Merci beaucoup.
08:46Merci.