• la semaine dernière
Retrouvez les émissions en intégralité sur https://www.france.tv/france-2/telematin/toutes-les-videos/
Aujourd’hui dans « Les 4 V », Julien Arnaud revient sur les questions qui font l’actualité avec Manuel Bompard, député LFI des Bouches du Rhône et coordinateur national de la France Insoumise.

Category

📺
TV
Transcription
00:00Bonjour à vous Manuel Bompard, alors votre voix est attendue ce matin, figurez-vous, parce que cet après-midi il y a évidemment un rendez-vous important à l'Elysée, un nouveau ronde de négociations qui va avoir lieu pour tenter de trouver un compromis de gouvernement.
00:14Il y aura à peu près tout le monde sauf vous et sauf le Rassemblement National. Est-ce que vous regrettez de ne pas avoir été invité ?
00:21Non, puisque le Président de la République nous avait invités hier à l'Elysée et que nous avions décliné cette invitation, donc je n'aurais pas la mauvaise foi de vous dire aujourd'hui qu'il aurait dû nous inviter aujourd'hui.
00:31Vous n'y seriez pas allé de toute façon ?
00:33Évidemment, parce que j'appelle tout le monde à revenir à la raison. Comment vous pouvez imaginer que vous allez constituer un gouvernement commun dans lequel vous allez avoir les partisans de la retraite à 60 ans comme nous,
00:44les partisans de l'abrogation de la retraite à 64 ans comme nous et ceux qui l'ont mise en place, dans lequel vous allez avoir les partisans du rétablissement de l'impôt de solidarité sur la fortune comme nous,
00:54et ceux qui l'ont supprimé, dans lequel vous allez avoir, je peux prendre tous les sujets, les partisans de l'augmentation des salaires et du SMIC et ceux qui ne veulent pas de coup de pouce pour le SMIC ?
01:03Je pense qu'il faut respecter la démocratie. La démocratie, c'est des projets politiques différents et donner l'impression qu'on peut mettre tout ça autour de la table et faire une sorte de gloubi-boulga,
01:13de gouvernement avec une politique qui conduirait à ce que les uns et les autres renient les engagements qu'ils ont pris devant les électrices et les électeurs, je pense que ce n'est pas sérieux.
01:22Mais il ne faut pas un compromis. Est-ce que le moment du compromis n'est pas arrivé en attendant une éventuelle nouvelle dissolution l'été prochain, pour que le pays, tout simplement, ne soit pas à l'arrêt ?
01:28Mais monsieur, pour faire des compromis, il faut être deux.
01:30Ah oui, c'est mieux, oui.
01:31Bon, la vérité, c'est que nous avons, nous, le Nouveau Front Populaire, cherché des compromis à l'Assemblée Nationale. Monsieur Barnier a mis sur la table un budget dans lequel il a dit « je vais faire 60 milliards d'euros d'économies ».
01:42Nous avons déposé des amendements, nous avons mené le débat parlementaire. 150 de nos amendements ont été adoptés par une majorité de députés à l'Assemblée Nationale.
01:54Monsieur Barnier a pris les 150 amendements, il les a froissés et il les a mis à la corbeille.
01:59Donc, maintenant, venir me dire « oui, mais il faut faire un compromis », mais encore une fois, pour faire un compromis, il faut être deux.
02:05Et la vérité, c'est que le président de la République, Emmanuel Macron, qui a perdu les élections européennes, législatives, ne veut pas abandonner, ne veut rien lâcher de son pouvoir.
02:14Sauf que, oui, pour qu'il y ait un compromis, il faut être deux, mais ils seront encore plus que ça cet après-midi.
02:18Et peut-être qu'il y en aura des compromis. Quels jugements avez-vous sur vos « amis » socialistes, écologistes, communistes ?
02:29Je pense que je les appelle à ne pas céder aux sirènes et à la tentation du gouvernement de l'Union Nationale et de la Grande Coalition,
02:39parce que ça conduirait à les voir renier les engagements programmatiques qu'ils ont pris l'année dernière devant les électrices et les électeurs.
02:47Donc, moi, je forme le « e », j'espère qu'ils ne feront pas l'erreur de rentrer dans un gouvernement d'Union Nationale
02:53et, par là même, de détruire le Nouveau Front Populaire.
02:56Puisque si, à la fin, vous vous retrouvez dans un gouvernement dans lequel vous avez Olivier Faure et Bruno Retailleau,
03:02je pense que tout le monde comprendra que ce n'est pas un gouvernement qui va faire la politique du Nouveau Front Populaire.
03:08Même si c'est un Premier ministre de gauche ? Parce qu'eux, ils disent qu'on veut bien, mais à condition que le Premier ministre soit de gauche.
03:13Dans ce cas-là, il aurait fallu fixer comme préalable à toute discussion le fait que le Président de la République et Emmanuel Macron
03:19reconnaissent enfin le résultat des élections législatives, nomment la candidate que nous avons choisie en commun, Lucie Castex,
03:27pour diriger un gouvernement du Nouveau Front Populaire.
03:30Et alors, le Nouveau Front Populaire aurait cherché à gagner des majorités sur ses textes de loi à l'Assemblée Nationale.
03:38C'est ce que nous avons proposé initialement. Là, on n'est pas du tout dans la même démarche.
03:41On est dans la démarche de construire un programme commun allant de la gauche jusqu'aux Républicains. Ce n'est pas sérieux.
03:48Pour que les choses soient claires, s'il y a des ministres socialistes, écologistes ou communistes qui entrent au gouvernement,
03:53c'est la fin du Nouveau Front Populaire ?
03:55Évidemment que s'il y a un gouvernement d'union nationale avec des ministres issus de la gauche,
04:01c'est un gouvernement qui va mettre en place une politique qui s'inscrira dans la continuité de la politique macroniste.
04:07Et évidemment qu'à partir de ce moment-là, nous nous combattrons la politique de ce gouvernement.
04:11Et s'ils ne rentrent pas au gouvernement, mais ils acceptent le principe d'une non-censure ?
04:17Il se passe quoi à ce moment-là ? C'est pareil ?
04:19Mais c'est la même chose. Écoutez...
04:21Donc c'est pareil, s'ils acceptent le principe de non-censure, mais qu'ils ne sont pas au gouvernement,
04:25ça reste la fin du Nouveau Front Populaire ?
04:27La fin du Nouveau Front Populaire, c'est un scénario qui n'existe pas.
04:30Le Nouveau Front Populaire, c'est un programme que nous avons défendu devant les électrices et les électeurs,
04:34et c'est des candidatures communes. Dans tous les cas, le Nouveau Front Populaire va continuer à vivre.
04:39Et il va continuer à vivre avec ceux qui resteront fidèles à son programme et qui continueront à le défendre.
04:43Donc le scénario n'en déplaise...
04:45S'il n'y a plus que vous.
04:46Non, il n'en déplaise aux macronistes, dont j'ai bien compris que sans doute leur principale priorité dans la vie,
04:50c'est de détruire le Nouveau Front Populaire.
04:52Non, il n'en déplaise aux macronistes, le Nouveau Front Populaire continuera, quel que soit le cas de figure.
04:56Vous nous aviez dit tout à l'heure que c'était terminé.
04:58Non, je vous ai dit qu'ils se mettraient, eux, à distance du Nouveau Front Populaire,
05:03puisqu'ils abandonneraient les revendications programmatiques,
05:07le programme qu'ils ont défendu devant les électrices et les électeurs.
05:10Ce programme, il continuera à vivre, monsieur, il continuera à vivre avec ceux qui resteront fidèles.
05:14Ce qui sera défendu uniquement par vous.
05:16Mais pas seulement, vous savez, il y a beaucoup de gens.
05:18Je ne crois pas que l'attitude ou les tentations qu'ont certains aujourd'hui d'abandonner ce programme
05:23soient très populaires parmi les électrices et les électeurs du Nouveau Front Populaire.
05:27Vous savez, moi, ce week-end, j'étais dans ma circonscription à Marseille.
05:30Je crois que les gens ont assez bien compris ce qui se passe
05:33et je crois qu'ils nous demandent au contraire de rester fidèles aux engagements que nous avons pris devant les électeurs.
05:38Alors, on sent que les lignes sont quand même en train de bouger.
05:40Fabien Roussel a dit, bon, la bourgation de la réforme des retraites, on va voir.
05:44On va peut-être faire une conférence sociale.
05:46Il est un peu rétropédalé derrière, mais on sent que ça bouge.
05:48La bourgation de la réforme des retraites, honnêtement, c'est déjà du passé pour les communistes comme pour les socialistes.
05:52Je n'espère pas parce que ce serait très grave.
05:55La vérité, c'est que ce sujet-là est le sujet.
05:59La retraite à 64 ans, le projet d'Emmanuel Macron de passer la retraite à 64 ans,
06:04c'est le sujet qui a été l'objet des plus grandes mobilisations populaires dans ce pays depuis 50 ans.
06:08Je vous rappelle qu'il y avait 90%, plus de 90% des actifs qui étaient opposés,
06:12l'ensemble des organisations syndicales de salariés qui étaient opposés
06:15et qu'il n'y avait même pas de majorité à l'Assemblée nationale pour le voter.
06:18Alors, pourquoi ça bouge selon vous ?
06:20C'est parce qu'ils veulent des postes du ministre, tout simplement ?
06:22Je n'en sais rien. Il faut leur poser la question à eux.
06:24Vous avez un sentiment, j'imagine.
06:26Moi, mon sentiment, c'est qu'il ne peut pas être question de renoncer à la bourgation de la réforme des retraites
06:34et du retour à l'âge de départ à la retraite à 62 ans.
06:37Ce n'est qu'un gel de la réforme.
06:38Mais ça ne veut rien dire, un gel.
06:40Écoutez, il y a une majorité de députés à l'Assemblée nationale pour abroger cette réforme.
06:43D'ailleurs, il y a dix jours, dans notre niche parlementaire, nous l'avions déposée
06:47et les macronistes ont bloqué l'Assemblée nationale pendant toute la journée pour nous empêcher de voter sur ce sujet.
06:52Il y a une majorité des députés qui sont favorables à la bourgation de la réforme des retraites.
06:56Pourquoi faudrait-il y renoncer ? Sur la base de quoi ?
06:59Alors que ce sujet est majoritaire dans le pays, il est majoritaire à l'Assemblée nationale.
07:02Pourquoi on devrait l'abandonner ?
07:04Le pays continue de tourner malgré tout.
07:06La loi spéciale sera adoptée demain en Conseil des ministres.
07:10C'est ce qui vient d'être annoncé.
07:13Est-ce que vous en réjouissez ?
07:15Même si cette loi spéciale, on l'a vu tout à l'heure,
07:17elle va mécaniquement entraîner une hausse des impôts pour ceux qui n'en payent.
07:21Il y a peut-être une entrée dans l'impôt pour près de 100 000 personnes.
07:23Je ne le crois pas.
07:24D'abord, évidemment qu'on a besoin de cette loi spéciale puisqu'il faut garantir une continuité budgétaire
07:28avant de pouvoir discuter un nouveau budget, sans doute en janvier ou en février.
07:32Maintenant, moi je souhaite, et mon collègue président de la commission des finances, Eric Coquerel,
07:36a déposé un amendement en ce sens, je souhaite que cette loi spéciale,
07:39elle contienne aussi, je rentre un peu dans la technique,
07:42la réindexation du barème de l'impôt sur le revenu.
07:45Je pense que c'est possible de le faire.
07:46Mais manifestement, ce n'est pas possible juridiquement.
07:47Non, je crois que c'est possible de le faire.
07:49Je sais qu'il y a un débat constitutionnel,
07:52mais à partir du moment où l'ensemble des groupes politiques à l'Assemblée nationale
07:55sont favorables à cette mesure et donc ne saisiront pas le Conseil constitutionnel sur ce sujet,
08:00je pense qu'il est possible de mettre dans cette loi spéciale
08:02l'indexation du barème de l'impôt sur le revenu.
08:04Moi, j'y suis favorable, justement pour qu'on arrête avec cette comédie
08:07faisant croire aux gens que s'il n'y a pas de budget, ils vont payer plus d'impôts.
08:10La vérité, ce n'est pas vrai, puisque ça sera soit dans la loi spéciale,
08:13soit dans le budget de janvier ou de février,
08:15la réindexation du barème de l'impôt sur le revenu.
08:17Autre sujet rapidement sur la Syrie.
08:19Faut-il suspendre les demandes d'asile des réfugiés syriens,
08:22comme c'est déjà le cas dans de nombreux pays autour de nous ?
08:24D'abord, ce n'est pas la responsabilité du ministère de l'Intérieur,
08:27c'est l'OFPRA qui examine les demandes d'asile.
08:30Et moi, j'en reste à la politique qui est celle de l'OFPRA aujourd'hui,
08:33c'est de dire qu'on continue à examiner les demandes d'asile.
08:37D'abord, il faut dire quand même que ce qui risque de se passer,
08:40c'est plutôt dans l'autre sens.
08:41C'est des gens qui avaient fui la dictature de Bachar el-Assad
08:44qui ont plutôt envie de revenir en Syrie.
08:46Maintenant, il faut rester vigilant et rester vigilant,
08:49ça nécessite d'examiner ces situations-là au cas par cas.
08:52Et on le fait pour l'instant comme on l'a toujours fait
08:54et qu'il faut continuer à le faire.
08:55Allez, vous avez entendu l'avertissement lancé par Manuel Bompard ce matin
08:58à ses camarades, alliés, on ne sait plus trop, du Nouveau Front Populaire.
09:01Merci beaucoup.
09:02Merci à vous.