Avec Julien Jeanneney (professeur de droit à l'université de Strasbourg et auteur de "Contre la proportionnelle") et Philippe Fabry, historien du droit et auteur de "Le président absolu, la Vème République contre la démocratie")
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NewsTranscription
00:009h-10h, Sud Radio, La Vérité en face, Patrick Roger.
00:05La Vérité en face. Autour de la politique, il y a beaucoup de questions,
00:08notamment sur la stabilité dans notre pays.
00:11L'instabilité, plutôt, évidemment, puisqu'il n'y a plus de majorité à l'Assemblée nationale.
00:17Alors, pour certains, ça peut être un paradoxe, parce qu'on voit déjà qu'il n'y a plus de majorité.
00:21Finalement, qu'il y a de multiples partis qui sont représentés.
00:24Et on réclame toujours aussi une dose proportionnelle.
00:29Quel système est-ce qu'il faudra construire ?
00:31Est-ce qu'il faudra arrêter la Vème République et aller vers une VIème République ?
00:35Et comment ?
00:36Ce sont toutes les questions qu'on va se poser dans La Vérité en face jusqu'à 10h.
00:40Avec Julien Jannet, bonjour.
00:42Bonjour, Patrick Roger.
00:43Vous êtes professeur de droit à l'Université de Strasbourg et auteur de ce petit livre.
00:48Parce que c'est un petit opuscule, évidemment.
00:513,90€, ce n'est pas cher.
00:52Donc, je conseille effectivement à tout le monde, contre la proportionnelle.
00:55Vous allez me dire pourquoi vous êtes contre la proportionnelle.
00:58Et puis, invité également avec nous, un petit peu à distance,
01:02Philippe Fabry, qui est historien du droit,
01:06auteur de Président absolu,
01:08La Vème République contre la démocratie, aux Élysions, scripta manor.
01:13Bonjour.
01:14Bonjour.
01:15Merci, j'espère que vous nous entendez bien.
01:17Tout à fait.
01:18D'abord, Julien Jannet, pourquoi contre la proportionnelle
01:22alors que François Bayrou discute avec notamment le Rassemblement national
01:27et même d'autres partis qui voudraient introduire une dose de proportionnelle ?
01:31Emmanuel Macron lui-même, pendant la campagne de 2022, avait dit
01:35qu'il réfléchissait, il faudrait peut-être mettre un peu de proportionnel.
01:40Alors, c'est un serpent de mer de l'histoire politique française.
01:43De manière récurrente, on propose la restauration d'un mode de scrutin proportionnel.
01:48Alors, il faut toujours préciser ce dont il est question quand on parle de proportionnel.
01:51Parce qu'en réalité, il y a mille proportionnels possibles.
01:53Il y a différentes variables sur lesquelles vous pouvez jouer.
01:55Si vous mettez un seuil, par exemple, plus ou moins élevé,
01:57si vous mettez une prime majoritaire qui est une manière, en réalité,
02:00de tempérer l'effet proportionnel du scrutin.
02:02L'élément essentiel, c'est organiser la proportionnelle, par exemple,
02:05à l'échelle d'un département, dans quel cas la portée proportionnelle est moindre.
02:08Si vous le faites à l'échelle de la nation, la portée proportionnelle est plus importante.
02:11Donc, en gros, l'idée générale, par exemple, si les élections européennes
02:14ont été organisées dans une circonscription nationale la dernière fois,
02:19avec des listes pour la nation entière, l'effet proportionnel de ce scrutin
02:22était plus important que si vous faites une proportionnelle à l'échelle,
02:25par exemple, de votre département.
02:27Alors, pourquoi une mauvaise idée ?
02:28Il y a différentes idées, il y a différents éléments.
02:30Le premier élément, c'est que la proportionnelle,
02:32ça donne un poids absolument central aux partis.
02:35C'est-à-dire qu'en gros, c'est les partis qui choisissent de placer sur une liste.
02:39Évidemment, on peut tempérer ça avec des systèmes
02:41où on peut faire bouger sur la liste les noms.
02:43Mais pour l'essentiel, quand même, l'idée,
02:45c'est que ce n'est pas l'électeur qui vous fait député,
02:47c'est votre parti qui en place en haut d'une liste.
02:49On le voit pour les européennes, par exemple.
02:51Le deuxième élément, c'est que ça distend le lien
02:53entre les électeurs et leurs députés.
02:57Les électeurs ne connaissent pas bien leurs députés.
02:59Un bon test, par exemple, pour les européennes.
03:01Demandez autour de vous, si des personnes ont voté pour les européennes,
03:04de citer deux députés, en plus de la tête de liste,
03:07qui ont été votés sur la liste pour laquelle ils ont voté.
03:09Le plus souvent, les Français sont incapables de citer ces députés
03:13dans la mesure où on ne connaît pas la proportionnelle de nos élus.
03:16Alors, c'est vrai, Julien Janinet.
03:18Et à contrario, certains vous diront,
03:20ben oui, mais c'est peut-être représentatif.
03:22Si on prend, par exemple, les dernières élections législatives,
03:26le bloc plutôt à droite, mais très à droite,
03:30c'est-à-dire avec Ciotti et puis le Rassemblement national,
03:33ils ont eu à peu près 11 millions d'électeurs.
03:36Bon, finalement, il ne se retrouve pas majoritaire à l'Assemblée nationale,
03:40c'est le bloc de gauche, NFP,
03:43qui lui a eu 7 millions à peu près d'électeurs.
03:46Il y a quelque chose qui, mathématiquement, n'est pas juste, non ?
03:51Alors, tous les modes de scrutin distordent la réalité d'une manière ou d'une autre.
03:55Il n'y a aucun mode de scrutin qui permette de faire une photographie parfaite.
03:58Ce qui est vrai, c'est que certains modes de scrutin proportionnels
04:01permettent de se rapprocher de cette idée qui peut être intuitivement séduisante,
04:05d'une plus grande justice électorale.
04:07En gros, c'est l'idée d'un parlement miroir,
04:09et à cet égard, on peut se dire que l'attitude, c'est une bonne chose.
04:11Mais en réalité, lorsqu'on regarde dans le détail,
04:13il y a toujours le rapport entre le scrutin majoritaire,
04:15dont on enseigne traditionnellement qu'il a une vertu, c'est l'efficacité,
04:19ça permet de faire sortir des gros blocs,
04:21et de l'autre, le scrutin proportionnel, qui est un peu plus juste,
04:23mais avec un risque de moindre efficacité.
04:25Là, aujourd'hui, on a, de manière paradoxale,
04:28une Assemblée nationale qui aurait pu être produite à la proportionnelle,
04:31mais qui l'a été au scrutin majoritaire,
04:33qui est complètement pulvérisée en termes de partis.
04:35Alors, on peut considérer que c'est parce qu'on n'a pas la culture nécessaire pour affronter ça,
04:40mais aujourd'hui, on voit bien que ça ne fonctionne pas complètement.
04:42Et par ailleurs, dans le passé, sous la 4ème République, par exemple,
04:45on avait des modes de scrutin à tonalités fortes, proportionnelles,
04:48et bien, ça ne fonctionnait pas non plus toujours très bien.
04:51Et surtout, ça donnait aux partis la possibilité de faire un peu de la tambouille
04:55après les élections, très loin des électeurs,
04:57et c'est l'un des défauts majeurs des modes de scrutin proportionnels.
05:00– Philippe Fabry, est-ce que, vous, votre avis sur cette idée de la proportionnelle,
05:04avant de parler du Président absolu et de la 5ème République,
05:08entre guillemets, contre la démocratie ?
05:11– Alors, moi, j'incline un peu à penser que la proportionnelle,
05:14c'est un peu comme la démocratie, c'est-à-dire que c'est le pire des modes de scrutin,
05:18à l'exception de tous les autres.
05:20C'est-à-dire qu'effectivement, il a des tas de défauts que j'ai déjà donné à rappeler,
05:25dont un certain nombre, je ne suis pas sûr qu'on ne puisse pas les donner aussi
05:30au niveau du scrutin uninominal majoritaire à deux tours qu'on a actuellement.
05:35Je pense en particulier, je ne suis pas sûr qu'il y ait beaucoup de Français
05:37qui connaissent systématiquement leurs députés.
05:39On a vu à quel point la question des investitures par les partis,
05:43justement, se décide de manière assez centralisée.
05:46Surtout dans les partis récents, que ce soit à l'époque de la création d'En Marche
05:51par Emmanuel Macron ou de l'expansion du Rassemblement national,
05:55dernièrement, qui ont tendance, effectivement, à donner un pouvoir centralisateur
05:58aux partis très forts.
06:00L'autre point qui me pose problème, c'est que le mode de scrutin,
06:04et justement, et le refus de toute proportionnelle jusqu'à présent,
06:08est un des éléments qui nous distingue des autres pays voisins
06:12qui ont la caractéristique d'être des vrais régimes parlementaires,
06:16ce qu'on n'est plus en France, donc c'est quand même lié avec le problème du régime.
06:20En particulier, là où ça me paraît important, c'est que la proportionnelle au Parlement,
06:24ça permet d'équilibrer la puissance du président de la République
06:29et le suffrage universel direct.
06:31En Europe, vous avez dans des pays de taille respectable,
06:35vous n'avez que deux pays de taille respectable qui élisent au suffrage universel direct
06:38leur président de la République, c'est le Portugal et la Pologne,
06:42et si ça ne dérive pas un régime présidentiel et que ce sont des régimes parlementaires
06:47qui fonctionnent, selon moi, c'est parce qu'en face, ils ont une proportionnelle
06:51qui permet au Parlement d'avoir une légitimité supérieure,
06:54parce qu'une représentativité supérieure à celle de l'élection qui se porte sur un seul homme.
06:58Pour moi, l'argument est un petit peu décalé par rapport à la question de savoir.
07:01Techniquement, si on reste juste sur une question de cartes, tout se défend,
07:05et je comprends qu'on ait des préventions contre la proportionnelle,
07:08c'est surtout l'économie globale du régime qui m'intéresse avec ce système de scrutin.
07:13– Petite parenthèse, peut-être aussi tout de même avec une question
07:18qui a fait irruption de nouveau dans l'actualité, c'est le cumul des mandats.
07:22On va revenir sur cette idée proportionnelle et puis d'un autre fonctionnement,
07:28peut-être de cette 5ème République, le cumul des mandats.
07:31François Bayrou a relancé l'idée et il a dit, moi je l'autorise,
07:36je l'autorise et c'est une bonne chose alors que, évidemment, pour l'instant, c'est interdit.
07:40J'aimerais vous entendre brièvement tous les deux.
07:44Julien Janinet.
07:45– C'est une question épineuse, dans la mesure où il y a intuitivement là aussi
07:49de très bonnes raisons de se dire, on n'a pas envie d'avoir des parlementaires
07:52qui ne sont jamais à Paris en train de faire la loi,
07:54qui sont tout le temps, parce que c'est globalement l'image
07:56que donnait l'Assemblée Nationale avant cette réforme.
07:58Donc on peut comprendre intuitivement les raisons qui ont poussé à faire cela.
08:01Mais la réforme du non-cumul me semble typiquement l'exemple de la mauvaise idée
08:05qu'on a pu avoir pour de bonnes raisons, avec de bonnes intentions.
08:09Un peu comme la proportionnelle à cet égard.
08:11C'est-à-dire qu'on n'a pas complètement perçu les inconvénients néfastes
08:15de cette réforme au moment de la mettre en place.
08:17Et l'inconvénient, on le perçoit aujourd'hui, c'est à la rencontre
08:20d'un phénomène conjoncturel, l'élection des députés macronistes en 2017,
08:24le grand renouvellement de l'Assemblée Nationale,
08:26qui a correspondu à ce moment, l'instauration de la réforme,
08:29et qui a conduit à ce que de très nombreux députés n'aient plus du tout
08:33un ancrage local, une légitimité locale.
08:36Ce qui, au moment de fabriquer la loi, au moment de négocier
08:39avec les hauts fonctionnaires de Bercy pour la fabrication d'un budget,
08:42leur a donné moins de poids.
08:43Et à cet égard, c'est sans doute un inconvénient.
08:45C'est la fameuse déconnexion peut-être évoquée par certains,
08:48avec la réalité et le terrain.
08:51Philippe Fabry, votre avis autour de ce cumul ?
08:54Je suis d'accord avec ce que vient de dire Julien Dejanneney.
08:57J'ajouterais que ce problème que j'évoquais plus tôt
09:01de l'investiture centralisée dans les partis,
09:03je pense que c'est aussi lié au refus du cumul des mandats,
09:06parce que malgré tout, quand vous avez des investitures
09:09qui sont centrées ou priorisées sur des gens qui ont déjà un mandat local,
09:13forcément ça limite la capacité du parti à choisir arbitrairement
09:16qui c'est qu'il va envoyer.
09:18Il y a aussi eu quand même un autre effet de bord
09:20de ce non-cumul des mandats qui me paraît intéressant,
09:24c'est l'accroissement du pouvoir et de l'importance du Sénat
09:29depuis quelques années.
09:31Précisément parce que c'est l'Assemblée qui a conservé ce lien local,
09:36ce qui tente à montrer que ce lien local est quand même important.
09:38Allez, nous allons poursuivre dans un instant.
09:41Est-ce qu'il y a des arguments pour changer les choses ?
09:44Oui, si on regarde factuellement les choses,
09:47parce qu'on a une crise politique,
09:49mais est-ce qu'il faut tout changer ?
09:51Revoir le système d'élections,
09:53comme vous l'avez suggéré, Philippe Fabry, dans un instant,
09:56et vous, Julien Jadenet, avoir un nouveau système ?
09:59Nous allons en parler dans La Vérité en face jusqu'à 10h.
10:01On marque une légère pause et on se retrouve.
10:049h10, Sud Radio, La Vérité en face, Patrick Roger.
10:09La Vérité en face.
10:11Qu'est-ce qui va se passer demain ?
10:13Il va y avoir un nouveau gouvernement,
10:15c'est-à-dire un nouveau gouvernement,
10:17qui est ouvert autour de François Bayrou.
10:19Est-ce qu'il va tenir, compte tenu de l'instabilité
10:21et de la difficulté d'obtenir une majorité à l'Assemblée ?
10:23Et qu'est-ce qui se passera ensuite ?
10:25Si jamais ce gouvernement Bayrou tombe,
10:27qu'est-ce qui va se passer pour Emmanuel Macron ?
10:29Est-ce qu'il va reconstituer ?
10:31Moi, je l'ai dit déjà dès la semaine dernière,
10:33Bayrou a fait Emmanuel Macron, bien sûr,
10:37vous vous souvenez, grâce à ses voix,
10:39si possible, indirectement peut-être,
10:41mais il défasse Emmanuel Macron
10:43et qu'on aille peut-être vers une démission,
10:45mais ça, nous le verrons,
10:47nous ne l'y sommes pas encore,
10:49mais je ne vois pas bien comment on pourra s'en sortir
10:51s'il n'y a pas de stabilité.
10:53Philippe Fabry,
10:55vous vous dites justement,
10:57et Julien Janinet est invité également,
10:59vous êtes tous les deux spécialistes de droit,
11:01vous intéressant à la politique,
11:03vous dites que, justement, il y a un président absolu
11:05et que la Ve République,
11:07telle qu'elle est conçue aujourd'hui,
11:09elle est contre la démocratie.
11:11Qu'est-ce que vous proposez ?
11:13Vous pensez qu'on va être obligés de changer les choses à l'avenir ?
11:15Moi, ce que je constate surtout,
11:17c'est qu'en fait,
11:19on a un système qui n'est pas du tout aligné
11:21sur ce qui se fait, ce que j'appelle
11:23les standards démocratiques européens,
11:25c'est-à-dire ce qui se fait chez tout simplement
11:27tous nos voisins qui ont des régimes parlementaires fonctionnels.
11:29Nous, on a un régime
11:31dans lequel il n'y a pas de véritable distinction
11:33entre le chef de l'État et le chef du gouvernement,
11:35en raison de la pratique.
11:37Cette distinction, on la voit réapparaître
11:39depuis deux ans maintenant,
11:41parce que, précisément, on a eu,
11:43en dépit d'un système
11:45de scrutin qui est fait pour ne pas avoir ce genre
11:47de résultat, une composition voisine
11:49de ce que serait une composition proportionnelle,
11:51et donc on a un Parlement, petit à petit, qui reprend
11:53ses droits. Mais c'est très lent.
11:55La motion de censure, ça a été souligné,
11:57c'est la première depuis 62 ans,
11:59et qui était justement le moment de la mise en place
12:01de cette présidentialisation accrue
12:03du régime.
12:05Donc pour moi, la solution, effectivement,
12:07c'est que la fonction de président de la République
12:09recule au niveau de ce qu'elle est chez
12:11tous les voisins, c'est-à-dire de chef de l'État,
12:13de garant des institutions qui a plus
12:15une autorité qu'un réel pouvoir,
12:17qui est là pour servir
12:19d'arbitre et éventuellement
12:21débloquer les conflits,
12:23mais qui n'est pas là pour gouverner à la place
12:25du gouvernement. Ce qui, d'ailleurs, reste la lettre
12:27de notre Constitution, mais qui est
12:29une pratique qui s'est évaporée
12:31au fil des dernières décennies.
12:33— Et l'élection du président de la République,
12:35elle se ferait comment, alors ?
12:37Est-ce que ce serait un suffrage direct
12:39par les électeurs,
12:41ou alors indirect par les parlementaires
12:43ou d'autres représentants politiques ?
12:45— Alors, chez beaucoup de nos voisins,
12:47que ce soit des moharchies héréditaires
12:49ou une présence de la République
12:51dans une République,
12:53c'est généralement
12:55pas au suffrage universel direct.
12:57Le problème, c'est qu'enlever
12:59ce droit, finalement, acquis
13:01aux Français d'élire le président de la République
13:03au suffrage universel direct, je suis pas sûr que ce soit très facile.
13:05C'est pour ça que, moi, je m'oriente plutôt vers
13:07la solution que je disais tout à l'heure, c'est-à-dire
13:09en regardant les cas qui fonctionnent en Europe
13:11comme nos voisins, mais en ayant un président
13:13de la République élu au suffrage universel,
13:15c'est la Pologne, c'est le Portugal, et eux, ils ont
13:17un mode de scrutin qui est très proportionnel.
13:19Donc, à mon avis, ça serait la manière
13:21la plus souple, on va dire,
13:23la plus douce de faire évoluer
13:25le régime dans le bon sens. — Expliquez pour
13:27les électeurs, pour qu'ils comprennent bien comment
13:29ça fonctionne, comment ça pourrait fonctionner.
13:31— C'est-à-dire, en fait, avoir une...
13:33Le problème, si vous voulez, c'est que la politique,
13:35ça reste... On peut avoir des débats techniques,
13:37etc., mais fondamentalement, ça reste quelque chose
13:39de très primal, c'est une question de trip.
13:41Et le fait est que, quand vous avez
13:43un organe qui est perçu
13:45comme beaucoup plus représentatif, il a forcément
13:47une autorité qui est accrue. Et le problème
13:49du mode électoral
13:53en France, c'est qu'on a un président de la République qui est élu
13:55au suffrage uninominal majoritaire
13:57à deux tours à l'échelle nationale,
13:59et c'est aussi le cas
14:01de chaque député. Donc d'un côté, vous avez un personnage
14:03qui concentre l'élection sur lui, de l'autre côté,
14:05vous avez 577 personnes.
14:07Ça a tendance, c'est clairement ce que nous montre
14:09l'expérience, à déplacer
14:11le centre de pouvoir vers celui qui est élu tout seul,
14:13parce qu'il s'impose, et voilà.
14:15Donc si on change le mode de scrutin de l'Assemblée
14:17en revanche, et qu'on met un mode de scrutin proportionnel,
14:19ça redonne une force
14:21représentative à l'Assemblée,
14:23et donc ça rééquilibre
14:25l'autorité, et ça aurait tendance à faire
14:27basculer le centre gravité vers le Parlement,
14:29ce qui est plus efficace,
14:31et ce qui entraîne, en plus, ce qui recrée
14:33une culture du dialogue, de la transparence, parce que
14:35on a quand même, on observe depuis deux ans,
14:37avec ce retour du débat au Parlement,
14:39on s'aperçoit que la population
14:41finalement se ressaisit de beaucoup de questions,
14:43en attendant plus qu'elles soient réglées
14:45dans les couloirs de l'Elysée.
14:47– Julien Janin, que pensez-vous avec cette idée ?
14:50– Alors c'est toute la question, de savoir si jamais
14:52le fait de changer cette variable-là
14:54suffira à faire évoluer notre régime.
14:56En sachant que le reste, on est d'accord,
14:58l'élection du Président au suffrage universel direct,
15:00il est à court terme assez difficile d'imaginer
15:02de résumer, et donc la conséquence
15:04c'est que le Président continuera
15:06à conserver cette légitimité-là.
15:08L'autre élément aussi, c'est que quand on parle de proportionnel,
15:10on parle de l'élection des députés.
15:12Or, nous avons un système bicaméral avec un Sénat
15:14qui continue, lui, pour le coup, à fonctionner
15:16de manière assez pérenne dans l'histoire de la République,
15:18et ça ne changerait pas grand-chose.
15:20Donc la question qui se pose, c'est en effet,
15:22est-ce que si on a une Assemblée nationale perçue
15:24représentative, ça suffira à lui donner
15:26plus d'autorité ? Et je ne suis pas certain
15:28que cette intuition se confirme
15:30de manière évidente.
15:32– Parce que pour schématiser avec
15:34ce qui existe, et pour que les auditeurs se représentent
15:36bien les choses, Philippe Fabri,
15:38ce que vous dites un peu,
15:40et Julien Jannet, vous n'êtes pas tout à fait
15:42sur la même ligne, c'est par exemple
15:44pour ce qui se fait dans une ville,
15:46quand on élit le maire,
15:48on élit d'abord un conseil
15:50municipal, une liste, etc.
15:52Et ensuite, c'est le conseil municipal
15:54qui se met d'accord pour élire le maire.
15:56Et donc on pourrait imaginer peut-être la même chose
15:58pour le Président de la République.
16:00– Alors là, en l'occurrence, pour l'élection des députés
16:02des maires dans les grandes villes
16:04depuis 1983, c'est de la proportionnelle
16:06avec un très fort correctif majoritaire.
16:08– Alors ça change, dans les très grandes villes.
16:10– Dans les très grandes villes, mais la conséquence
16:12c'est que c'est un scrutin qui finit par être extrêmement
16:14majoritaire, du point de vue des conséquences
16:16du scrutin, même s'il y a des listes.
16:18Et donc je ne suis pas certain que ce soit là aussi un excellent exemple
16:20pour ceux qui défendent en tout cas la proportionnelle.
16:22– Bon, en tout cas, vous avez défendu ces deux idées,
16:24ces deux visions.
16:26D'un mot quand même, alors évidemment nous ne sommes pas
16:28et vous n'êtes pas Madame Irma, mais
16:30qu'est-ce qui peut se passer dans les mois qui viennent
16:32pour notre vie politique française ?
16:34Philippe Fabry, brièvement,
16:36et ensuite, Julien Janinet.
16:38– Alors moi, très brièvement, je pense
16:40qu'on a un régime qui n'est plus adapté
16:42à la situation politique
16:44et sociale française, et c'est ce qui explique
16:46qu'il y a eu justement
16:48cette espèce de mouvement
16:50collectif qui a consisté à élire
16:52deux fois d'affilée, et la deuxième fois encore
16:54plus que la première, une assemblée
16:56qui ressemble à une
16:58composition proportionnelle, alors que le mode
17:00de scrutin est censé éviter ça.
17:02Ça a été fait contre le mode de scrutin.
17:04Donc il y a clairement,
17:06semble-t-il en plus, un goût
17:08pour le retour de la vie parlementaire
17:10chez les Français. Alors il y a aussi un peu de peur
17:12face au désordre que ça engendre, mais le
17:14retour du débat, on voit que
17:16les questions de finances, les questions
17:18d'immigration, enfin tous les
17:20grands projets de loi rencontrent
17:22un débat véritablement dans la population.
17:24Donc on a une repolitisation
17:26du corps social, me semble-t-il.
17:28Et donc ça tire effectivement
17:30vers une sortie de ce système
17:32très plébiscitaire, finalement, où on
17:34élit un personnage et on attend
17:36qu'il décide à peu près tout.
17:38Donc je pense qu'on va aller vers un abaissement
17:40de la fonction présidentielle, mais c'est pas
17:42du tout impossible que ça passe
17:44effectivement par une démission d'Emmanuel Macron
17:46dans les années qui viennent.
17:48Le point sur lequel je suis d'accord, c'est le fait
17:50que la vie à l'Assemblée nationale est devenue
17:52beaucoup plus intéressante de prime abord,
17:54même si en réalité, concrètement,
17:56beaucoup de députés vous disent que
17:58la vie à l'Assemblée nationale depuis
18:002022, et en particulier depuis 2024,
18:02avec des députés LFI qui agissent d'une manière
18:04assez particulière dans l'hémicycle,
18:06fait qu'il n'y a pas non plus
18:08un débat serein, avec un échange d'arguments,
18:10une sorte de sens du compromis que certains
18:12défenseurs de la proportionnelle, notamment, mettent en avant.
18:14Et donc, peut-être que ça sera une
18:16transition lente, mais pour l'instant,
18:18on est forcés de reconnaître quand même
18:20que je ne suis pas certain que l'Assemblée nationale fonctionne beaucoup mieux
18:22qu'il y a dix ans.
18:23– Merci beaucoup Philippe Fabry
18:25et vous, Julien Jannet,
18:27contre la proportionnelle, et
18:29Philippe Fabry, le président absolu de la
18:31Vème République, contre la démocratie.
18:33C'est une idée de cadeau aussi,
18:35bien sûr, pourquoi pas, pour Noël.
18:37Tiens, des cadeaux justement,
18:39sous le grand sapin de Noël, on a lancé le jeu tout à l'heure,
18:41c'est Romain de Lyon qui est avec nous,
18:43bonjour Romain. – Bonjour Patrick.
18:45– Allez, on va ouvrir le cadeau.
18:47– Super.
18:49– Ah ben c'est une enceinte Bluetooth,
18:51JBL, et ben oui,
18:53c'est offert par Sud Radio et la Confédération
18:55des Buralistes, c'est bien pour écouter Sud Radio ça.
18:57– Ah ben carrément, merci beaucoup.
18:59– Et ben voilà, je vous en prie,
19:01passez de bonnes fêtes Romain, vous êtes du côté de Lyon,
19:03c'est ça ? – Oui, tout à fait Patrick,
19:05oui, tout à fait. – Bon, voilà, et Lyon, nous avons
19:07maintenant une fréquence sur le 105.9, et vous
19:09pouvez l'écouter évidemment sur l'appui. Dans un instant,
19:11c'est Valérie Expert, Gilles Gansman,
19:13et Nicoletta.
19:15Oui, Nicoletta, bien sûr.