• il y a 2 semaines
0rganisé par le Lycée Français de Tananarive, ouvert par Madame Mylène ZOU-BIETH, Proviseure - Adjointe, ce programme proposé par Hans LIMON, Professeur de philosophie, Enseignant-formateur de la Zone Océan Indien, a été suivi en présentiel par les élèves du lycéede Tananarive et en visioconférence par des élèves du Lycée Français Alexandre Dumas de Moscou et de École Française de Saint-Pétersbourg.

Dossier pédagogique :
https://projet-eee.eu/wp-content/uploads/2024/12/eee.24-25_Etre_citoyen_au_21e_siecle_Hans_Limon_V02.pdf

Agora européenne des lycées : programme 2024-2025 :
- https://projet-eee.eu/programme-de-lannee-2024-2025-15812/
- https://projet-eee.eu/wp-content/uploads/2024/11/Agora_europeenne_des_lycees_Programme_2024-2025.pdf

Cours en vidéo classés par thèmes :
https://projet-eee.eu/cours-classes-par-themes/
E.E.E. sur Dailymotion : http://www.dailymotion.com/projeteee
Podcast du Projet EEE :
https://soundcloud.com/podcastprojeteee
https://www.deezer.com/fr/show/634442
Transcription
00:00Bonjour à tous, soyez les bienvenus sur la plateforme du projet Europe éducation-école
00:20qui vous propose ce matin une réflexion sur la question de savoir ce que c'est
00:25qu'être citoyen au XXIe siècle. Ce programme nous a été suggéré par le lycée français
00:32international de Tananarive et plus précisément par Hans Limon, professeur de philosophie qui
00:38est avec nous pour nous éclairer sur la question mais aussi pour répondre aux questions des élèves
00:44qui se trouvent à l'école française de Saint-Pétersbourg, au lycée français Alexandre
00:50Buma à Moscou et probablement dans un établissement de la région bordelaise en France. Voilà nous
00:58autres, toute la régie est avec vous, soyez rassurés si vous avez des questions à nous
01:04poser via chat par notre chaîne Twitch, vos questions seront transmises à notre invité.
01:11Cher Hans, je vous cède la parole, on s'abandonne au plaisir de vous écouter, ne nous oubliez pas
01:18pour la partie réservée aux questions tout à l'heure. Merci. Merci Tieslav, merci déjà de nous
01:28accueillir. Quelques petites précisions, oui effectivement donc je vous parle depuis le lycée
01:33français de Tananarive, capitale de Madagascar où j'ai la chance d'avoir avec moi, on va zoomer
01:40sur eux pendant une trentaine de secondes, les fabuleux élèves de TSTMG1 que normalement vous
01:47allez voir. Et c'est d'autant plus un plaisir pour moi Tieslav d'intervenir que je suis intervenu
02:09déjà il y a deux ans depuis Abu Dhabi, donc je reste fidèle au programme et passons de pays en
02:14pays, on garde une continuité. Tout simplement avant d'expliquer un petit peu, même pas d'expliquer
02:21de jeter les bribes de ce que peut être une citoyenneté au 21e siècle avec les élèves,
02:25pas seulement moi, j'aimerais laisser parler notre professeure adjointe madame Zoubiette qui va vous
02:29dire un petit mot à propos du lycée des élèves et ensuite je reprendrai la parole. Voilà je lui
02:35laisse ma place. Bonjour à tous, je suis très honorée d'être là avec ces élèves qui m'ont
02:56dit qu'ils étaient formidables, je suis contente qu'ils participent à ce dispositif parce que ce
03:01sont des élèves qui sont méritants et à qui il manquait un dispositif qui les valorise, puisque
03:07le lycée français de Tallahanarive est un lycée avec des élèves remarquables, mais tous ceux qui
03:12sont remarquables n'ont pas de dispositif qui les met en valeur. Et lorsque monsieur Limon m'a parlé
03:17de cette possibilité qu'il participe à cet événement, même s'il lui manquait un peu de
03:23temps parce qu'il ne les a pas beaucoup vus ces derniers temps, il avait un peu peur qu'il ne soit
03:28pas prêt. Et là je lui ai dit que ce n'était pas grave parce qu'en fait ce sont des élèves que je
03:33considère comme formidables, même s'ils sont un peu remuants, mais je sais qu'ils ont beaucoup
03:38de choses à dire, je sais qu'ils adorent être avec monsieur Limon, qu'ils prennent plaisir à discuter
03:43avec lui et que je trouvais qu'aujourd'hui qu'il soit présent avait une valeur symbolique, une
03:49valeur remarquable à leurs yeux et j'espère vraiment qu'ils vont mesurer la chance qu'ils
03:54ont d'être présents aujourd'hui sur ce dispositif. Je vous remercie d'avoir accepté leur inscription,
03:59même si je sais que Hans a les clés du royaume, manifestement. Je pense que, alors ils sont timides,
04:06mais j'espère qu'ils oseront prendre la parole et même s'ils ne la prennent pas, je sais en tout
04:11cas que leur écoute sera attentive et précieuse. Donc merci de les accueillir et j'espère que
04:16leur participation sera à la hauteur du dispositif et je leur fais confiance. Merci à vous et bon
04:22moment. Merci beaucoup madame. Nous sommes effectivement très heureux de partager cette
04:32expérience d'échange et de réflexion avec vous en particulier. Les belles images que nous venons
04:38de voir nous donnent envie presque de supprimer la distance et d'être à vos côtés et avec vos
04:44élèves. Merci cher Hans, la parole est à vous. Alors ce sera en trois parties, comme j'apprends à mes
04:51élèves à le faire en ce moment et qui tentent de le faire aussi, je partirai simplement pour
04:56réfléchir sur ce qu'est être un citoyen au XXIe siècle d'une petite citation de Régis Debré dans
05:01La République expliquée à ma fille qui est sortie en 1998. Le citoyen est celui qui participe de son
05:07plein gré à la vie de la cité. Il partage avec ses concitoyens le pouvoir de faire la loi,
05:12le pouvoir d'élire et le cas échéant d'être élu. Si tu fais la loi, il est normal que tu l'obéisses.
05:17Ça s'appelle le civisme. Ça me fait penser à une discussion qu'on a eue avec Antoine Châtelet
05:22tout à l'heure. La problématique de la définition de Debré c'est qu'il semble identifier citoyenneté
05:28et démocratie et on va discuter de ça justement aujourd'hui. Alors cette problématique c'est
05:34justement que est-ce que la notion de démocratie et celle de citoyenneté sont consubstantielles ?
05:39Est-ce que vivre dans une démocratie fait de nous un citoyen ? Et inversement, alors que la
05:46citoyenneté s'est construite historiquement sur des notions d'appartenance à une communauté
05:49politique, comment cette idée évolue aujourd'hui face à des défis inédits depuis quelques années
05:55que sont la mondialisation, la technologie, l'urgence écologique, l'intelligence artificielle ? Bref,
06:01est-ce qu'il n'est pas temps pour les jeunes générations de redéfinir ce qu'est être
06:05citoyen ? Donc il y aura dans une première partie en fait une petite explication des racines
06:10historiques, une sorte de petite présentation de ce qu'on pourrait appeler une philosophie de la
06:14citoyenneté. Ensuite on va montrer les limites de cette définition et puis les défis contemporains
06:18qui se posent. Et puis on va essayer de redéfinir ensemble, de proposer des germes, de nouvelles
06:25définitions, de perspectives sur ce que pourrait être une citoyenneté élargie. Et je me grefferai
06:31à ce qui a été vu aussi sur cette plateforme-là, notamment avec madame Joëlle Zasque l'an dernier,
06:36sur l'écologie et la démocratie. Alors sans faire de court d'histoire, si on reprend les racines
06:42historiques de la citoyenneté, il faut revenir à l'Antiquité où le citoyen grec est membre actif
06:46de la police, qui est une sorte de cité-état. Il jouit de droit et participe directement à l'agora
06:53et à l'ecclésia. Concepts fondamentaux, on peut en citer deux, l'isonomie qui est l'égalité devant
06:59la loi et l'iségorie qui est l'égalité de parole. C'est un peu l'idéal de démocratie telle qu'on
07:04la présente aux élèves assez souvent. Alors le paradoxe qui est soulevé à l'époque et que soulève
07:10un philosophe tel qu'Aristote, c'est que la citoyenneté est un idéal, certes, mais tous ne
07:16peuvent pas y prétendre. Dans l'Antiquité, les femmes ne sont pas des citoyennes, les esclaves
07:21ne sont pas des citoyens, les métèques ne sont pas des citoyens. Donc la définition est à la fois
07:26idéale et exclusive. Dans la Rome antique, on définit la citoyenneté par des droits civils,
07:31politiques et militaires, par exemple ce qu'on appelle le ius suffragii, le droit de vote,
07:36le ius commercium, le droit au commerce. L'édit de Caracalla en 212 après Jésus-Christ élargit
07:43progressivement, mais subordonne la citoyenneté à un niveau de richesse, ce qu'on appelle plus tard
07:50en France le suffrage censitaire. Mais il y a quand même une éthique du citoyen qui se dessine,
07:55qui est le respect des institutions et faire passer l'intérêt général avant l'intérêt
08:01particulier. Ensuite, si on fait un petit bond dans l'histoire et qu'on s'en va du côté du XVIIIe
08:07siècle, du siècle des Lumières et de la Révolution française, la citoyenneté devient
08:12un marqueur d'égalité totale et d'engagement collectif. Donc on rompt avec les distinctions
08:18aristocratiques des siècles précédents et les termes de citoyen et de citoyenne viennent mettre
08:23une sorte de nouvelle nomenclature égalitaire sur les rapports sociaux. Immerge en 1789 la
08:30prédéclaration des droits l'homme et du citoyen, donc affirmation des droits naturels, liberté,
08:34égalité, propriété, résistance à l'oppression. Mais certains penseurs, notamment même déjà à
08:40l'époque, mais surtout contemporains, critiquent cette définition comme abstraite, on reverra ça
08:45tout à l'heure avec Lévi-Strauss, et puis andro- ou anthropocentrée, au sens où toutes
08:50les théories du pacte social du XVIIIe siècle ne font pas mention des femmes, au sens où les
08:56femmes sont quasi exclues du contrat social, ou en tout cas ne sont jamais mentionnées comme telles,
09:00ça on y revient. Alors déjà, il y a des critiques de la citoyenneté comme quelque chose qui serait
09:07d'emblée consubstantiel à la démocratie, deux philosophes le font, Platon le fait, bien avant
09:16que n'émerge la Révolution française, donc quelques siècles avant Jésus-Christ, Platon
09:24s'oppose à la démocratie, puisqu'il y voit une sorte de chaos absolu, puisque tout doit être
09:30harmonieux, l'âme, l'univers, la société, et que si on s'avise de sortir de sa classe sociale, on
09:38provoque dans la société un désordre qui est nocif pour tout le monde. Alors, faut-il suivre Platon jusqu'au
09:44bout ? Platon veut une sorte d'aristocratie philosophique, ou plutôt de royauté philosophique,
09:51puisqu'il propose que la cité soit dirigée par un philosophe roi. Je vous laisse déduire les
09:57conclusions de cette proposition. Ensuite, un petit peu avant Rousseau, Thomas Hobbes,
10:06lui, dans notamment le Léviathan, vous dites citoyen, met une dichotomie fondamentale entre
10:14le fait d'être citoyen et le fait de vivre dans une république ou une démocratie, pour Hobbes,
10:17pour sortir de l'état de guerre, de l'état de chaos, de la guerre de tous contre tous,
10:21les citoyens doivent faire le deuil de leur liberté pour acquérir de la sécurité. Alors,
10:27ça, Rousseau viendra le battre notamment en Brèche quelques années plus tard, quelques décennies plus
10:34tard, puisqu'il fonde la citoyenneté sur le contrat social et la volonté générale,
10:37et c'est ce dont on a hérité dans notre culture française. L'idée qu'un citoyen,
10:41c'est quelqu'un qui est obéi à la loi qu'il a lui-même contribué à formuler par la voie
10:46de la représentation, qui jouit d'une égalité et d'une liberté collective. Et Rousseau prend
10:52soin d'ajouter dans du contrat social, s'il ne veut pas être libre, on le forcera d'être libre,
10:57c'est-à-dire qu'on le punira et on le ramènera dans les bandes de sa liberté. Alors juste,
11:02avant de laisser la parole à quelques élèves, ces définitions éliminaires qu'on vient de poser,
11:07elles deviennent problématiques avec les défis contemporains. Pourquoi ? On va en citer quelques
11:13uns. La crise de la participation, la citoyenneté telle qu'elle est définie dans l'Antiquité grecque
11:18et romaine, elle est quand même basée sur la participation, sauf que dans nos démocraties,
11:23l'abstentionnisme est de plus en plus croissant. Il y a un désengagement aussi croissant des
11:28citoyens et il y a une montée des populismes, des extrémismes et d'anarchisme, notamment en Europe.
11:33Il y a la naissance de ce que Tocqueville avait prophétisé sous la forme de ce qu'il appelle le
11:40despotisme doux, c'est-à-dire des états paternalistes qui ne régissent pas la société
11:46en punissant, mais plutôt en diminuant l'autonomie des citoyens en faisant à leur place ce qu'ils
11:51sont censés faire. Ensuite, il y a une sorte de dépolitisation générale et de repli identitaire,
11:55malgré la croissance des réseaux de communication. Il y a du repli nationaliste et puis il y a eu
12:02l'émergence, déjà il y a quelques décennies, des notions un peu abstraites telles que les
12:07citoyens du monde et puis surtout l'expansion de la mondialisation qui a éclaté les frontières,
12:12frontières qu'on a vu peu à peu se reformer pendant le Covid, notamment, et qu'on voit
12:16peu à peu se reformer actuellement avec les conflits qui peuvent se passer un petit peu
12:20partout, notamment au Moyen-Orient. Il y a ensuite l'impact de la mondialisation des
12:26technologies. La mondialisation crée la disparition progressive des langues,
12:33donc les langues vernaculaires disparaissent au profit de ce qu'on appelle les langues véhiculaires,
12:39anglais, arabe, mandarin. En 50 ans, la moitié des langues du monde a disparu et on reste sur
12:47cette même lancée dans les décennies qui viennent. Donc le défi de la citoyenneté au XXIème siècle,
12:52c'est de préserver une diversité culturelle dans un monde qui est interconnecté et qui
12:55s'uniformise. Ensuite, les technologies émergentes, l'intelligence artificielle,
13:00elle métaverse. Est-ce qu'il y a une citoyenneté numérique ? Ça pose une question, c'est-à-dire
13:06que ce que les jeunes d'aujourd'hui, ils nous diront tout à l'heure, est-ce qu'ils ne se sentent
13:10pas plus citoyens par les réseaux de communication qu'ils ont entre eux que par l'appartenance qu'ils
13:14ont à une terre natale ? Surtout dans le cadre des lycées français du monde, finalement, où on a
13:19quand même beaucoup d'élèves qui sont originaires de pays qui ne sont pas le pays où ils apprennent,
13:28où ils sont éduqués. Bon, très vite, tout ce qui est de l'ordre de la problématique de la
13:35cybernétique, du transhumanisme, des nouvelles technologies, les objets techniques évoluent de
13:41plus en plus. Est-ce qu'on va finir par les intégrer, l'intelligence artificielle notamment,
13:45comme des citoyens à part entière ? Est-ce qu'on aura bientôt, dans quelques dizaines d'années,
13:52des citoyens robotiques ? Est-ce qu'on aura des formes d'intelligence qui seront non humaines
13:57auxquelles on devra donner des droits ? Enfin, pour finir, avant de laisser la parole aux élèves,
14:02le principal défi qui est peut-être posé par le XXIe siècle et qui redéfinit les
14:07conflits entre la citoyenneté, c'est l'urgence écologique. On a un penseur qui, en 1979,
14:13je n'étais pas né, mes élèves n'étaient pas nés non plus, qui s'appelle Hans Jonas,
14:17qui, face à l'urgence écologique et aux dégâts du prométhée moderne, propose tout simplement,
14:24pour contrer la crise climatique, une dictature bienveillante, une dictature verte, bienveillante,
14:30c'est pour ça que j'ai mis une veste verte aussi un petit peu aujourd'hui, pour incarner le sujet,
14:33où la survie collective primerait sur les libertés individuelles. Donc, situation urgente,
14:40dit abolition des droits, même de manière temporaire, pour rétablir une situation
14:45qui est totalement catastrophique. Jonas parle quand même d'apocalypse rampante. En 1979,
14:5045 ans plus tard, la situation n'a pas vraiment évolué dans le bon sens. Et enfin,
14:55est-ce qu'il ne faudrait pas poser la nécessité d'une citoyenneté écologique qui déborderait les
15:02limites des régions, des départements, des pays et même des continents ? Qu'est-ce qu'une auteure
15:09qui est intervenue auprès de cette plateforme l'an dernier, Joëlle Zask, explique, dans Écologie et
15:13démocratie notamment, où elle prône non pas une écologie restrictive, puisqu'on a tendance à
15:18identifier écologie et interdiction, restriction, mais plutôt une implication citoyenne active dans
15:23la gestion des ressources et la protection de l'environnement ? Bref, pour résumer,
15:27avant de laisser la parole à mes chers élèves, la définition de la citoyenneté classique comme
15:34appartenance à une communauté, droit, devoir, sentiment du collectif, est-ce qu'elle n'explose
15:40pas avec les défis contemporains de la crise de la participation, au vote, du repli identitaire,
15:46de la montée des extrêmes, de l'impact de la mondialisation et des nouvelles technologies et
15:52de l'urgence écologique ? Et dans ce cas, quelles propositions on donne pour redéfinir les contours
15:58de cette citoyenneté aujourd'hui ? Voilà, ce que je vais faire, c'est que soit Tcheslav,
16:05je laisse la parole à peut-être des élèves qui voudraient poser des questions ou je laisse la
16:09parole à des élèves qui vont se présenter, chacun ou chacune viendra ici, dira son prénom et puis
16:15dira ce que, selon elle ou lui, ça signifie en 21e siècle, si ça vous convient.
16:19Oui, merci beaucoup cher Hans, je voudrais peut-être en priorité donner la parole à vos
16:30élèves à temps d'en arriver, nous sommes curieux de savoir quelles sont leurs questions. Et en
16:36deuxième lieu, je me tournerai vers Saint-Pétersbourg. Pour information, je voulais te dire
16:41qu'à Moscou, les élèves t'écoutent, mais il y a un petit problème technique qui fait que nous
16:47ne les voyons pas en image, je tâcherai de le régler immédiatement. Voilà, donc s'il y a des
16:53élèves à temps d'en arriver, la priorité est à eux pour leurs questions. Je leur laisse la parole,
17:00ils parlent bien mieux que moi, ils vont se présenter et intervenir. Comment ? Ils ne vont
17:04pas forcément poser des questions mais proposer des interventions aussi, d'accord ? Vas-y,
17:10tu te présentes. Bonjour à tous, je m'appelle Pierre-Ali Ayann, je suis un élève du lycée
17:23français, je suis en terminale STMG et je suis un élève de Monsieur Limon. Monsieur Limon m'a
17:30demandé aujourd'hui de faire une mini-présentation, un genre de résumé sur qu'est-ce qu'est être un
17:37citoyen au jour d'aujourd'hui. J'ai préparé mon sujet là il y a quelques heures, donc je vous
17:43demande d'être indulgent avec moi s'il vous plaît, et voilà je vais commencer. La question c'est
17:48qu'est-ce qu'est être un citoyen au jour d'aujourd'hui ? Être un citoyen aujourd'hui,
17:55c'est comprendre que ce rôle dépasse largement le simple fait de posséder des droits et des
18:01devoirs d'un pays. C'est être un acteur actif et conscient dans un monde marqué par des crises
18:07globales où chaque geste individuel ou collectif compte. Cela implique de s'informer sur les enjeux
18:13qui nous entourent, qu'ils soient politiques, sociaux, écologiques ou technologiques,
18:20pour prendre des décisions éclairées et responsables. C'est aussi savoir défendre la
18:26démocratie face à des menaces comme la montée des extrêmes ou la désinformation, tout en valorisant
18:33le dialogue et la tolérance. Dans une époque où la technologie et l'intelligence artificielle
18:39transforment nos vies, être citoyen signifie non seulement être tiers parti de ces outils
18:47pour améliorer le quotidien, mais aussi de questionner les dérives potentielles comme
18:52la perte de vie privée ou les inégalités qu'elles peuvent amplifier. La crise climatique est aussi
18:59un enjeu universel. Elle renforce également nos responsabilités de citoyens. Il ne s'agit
19:07plus seulement d'agir localement, mais de penser globalement, en influençant les politiques publiques
19:15et les comportements collectifs pour préserver notre planète. En résumé, la citoyenneté aujourd'hui,
19:22c'est un engagement continu à défendre les valeurs fondamentales d'humanité, de solidarité et de
19:29respect. C'est reconnaître que dans un monde connecté, chaque action, chaque choix peut avoir
19:35des répercussions bien au-delà de nos frontières. Être citoyen, c'est accepter cette complexité et
19:43contribuer activement à la construction d'un avenir plus juste, durable et inclusif pour tous.
19:49En somme, c'est incarner une vision de responsabilité partagée où chaque individu joue un rôle
19:56essentiel de bien-être commun. Merci pour votre présentation. J'aurais aimé que ce bref exposé
20:13suscite éventuellement une réaction, peut-être une question. Il y a une suite. On vous écoute,
20:25allez-y, tant d'années arrivent, continuez. Moi, c'est Alyssa et je suis une élève de
20:33M. Limon. Je vais vous lire mon travail.
20:49Être citoyen aujourd'hui, c'est bien plus qu'avoir une carte d'identité ou voter de temps
20:53en temps. C'est avoir des droits et respecter des devoirs comme payer ses impôts ou mettre
20:59sa ceinture dans la voiture. Aujourd'hui, la citoyenneté va plus loin. On implique la
21:04participation à la vie de la société et se l'engage pour des causes qui nous tiennent à
21:09cœur. Par exemple, c'est bien de voter, mais c'est insuffisant. Participer à des pétitions pour
21:15éviter la pollution et plein d'autres engagements, participer à des projets locaux sont aussi une
21:22manière d'être citoyen et montrer qu'on s'implique au bien commun. Avec les réseaux sociaux,
21:32on peut également souvenir des causes, que ce soit locales ou internationales. Parfois,
21:39la citoyenneté, c'est aussi apprendre à débattre calmement sur Instagram avec d'autres personnes
21:44qui n'ont pas le même point de vue que nous. Être citoyen aujourd'hui, c'est un mélange de
21:51droits, de responsabilités et d'engagements, que ce soit en plantant des arbres ou pour éviter les
21:57pesticides ou en partageant des infos sur des sujets importants. Chaque geste peut compter.
22:07La citoyenneté, c'est être acteur et pas juste spectateur.
22:11Est-ce que, Tiesla, on a encore le temps de faire intervenir un ou deux élèves ?
22:21Tout à fait, absolument.
22:23Bonjour. Pour moi, être citoyen aujourd'hui, c'est lutter contre les injustices comme le
22:47racisme ou les inégalités. Vous entendez bien ?
22:52Il y a eu un bruit parasite. Vas-y, recommence.
22:55C'est bon, continuez.
22:57Pour moi, être un citoyen aujourd'hui, c'est lutter contre les injustices comme le racisme
23:02ou les inégalités.
23:03Du coup, moi, Tiesla, je vais poser une question à Kevin parce qu'il avait juste noté cette
23:08phrase-là. La question que je poserai à Kevin en petit dialogue, c'est est-ce que tu penses
23:12qu'à notre époque où on pourrait croire que les réseaux nous permettent de mieux communiquer,
23:18est-ce qu'on n'est pas devenus un peu plus intolérants les uns avec les autres ?
23:21En gros, est-ce que toi qui utilises ces réseaux-là, sans doute, est-ce que tu as l'impression qu'on
23:24se parle mieux, qu'on se respecte mieux et que ça fait de nous des citoyens plus éclairés,
23:28plus responsables ?
23:29En effet, il faut des réseaux sociaux, ça sert, mais je pense que c'est bien d'avoir un réseau
23:40social.
23:40Est-ce qu'on peut vraiment discuter sur les réseaux sociaux ? Est-ce qu'on peut vraiment échanger ?
23:44Oui, bien sûr.
23:46Pour toi, être citoyen, est-ce que c'est encore vraiment être membre d'un pays et voter ou est-ce
23:50que c'est aussi être membre d'une communauté qui est en dehors d'une communauté politique ?
23:53C'est plutôt la deuxième.
23:54Plutôt la communauté politique, toujours ?
23:56Oui.
23:57Pour toi, il n'y a qu'une seule forme de citoyenneté qui est la citoyenneté au sens
24:01civique. On vote, on obéit aux lois, on va à l'école, etc. Et tout ce qui est en dehors,
24:06ça ne fait pas partie de la vie citoyenne, ça fait partie de la vie sociale alors.
24:09Si, les deux, du coup.
24:15Merci à toi, Kévin.
24:17Au revoir.
24:19J'ai encore deux élèves, s'il nous reste du temps.
24:25Il faut prendre deux ou trois minutes supplémentaires.
24:29Il y a des questions qui vont venir de Saint-Pétersbourg, d'après ce que je vois.
24:33Les sourires m'en disent beaucoup.
24:36Bonjour.
24:36Allez-y. Les élèves du lycée français Tannan arrivent. Je vous présente très rapidement
24:50aussi les élèves du lycée français Alexandre Dumas à Moscou qui se joignent à nous grâce
24:55à la direction qui les soutient. Nous écoutons votre présentation du sujet. Allez-y.
25:02Bonjour. Moi, déjà, c'est Sarah.
25:05Moi, je m'appelle Jayden.
25:06Et nous, on est juste là pour approfondir un peu ce que tous nos camarades ont dit tout à l'heure.
25:10Et pour nous, être citoyen au XXIe siècle, ça peut être un avantage comme un désavantage
25:15vu que maintenant, il y a les réseaux sociaux et pour aider des causes négatives,
25:23on peut utiliser les réseaux sociaux pour les dénoncer, etc.
25:29Je pense aussi qu'être citoyen au XXIe siècle, c'est une question avant tout d'être engagé
25:38politiquement en étant jeune. Ça veut dire qu'aujourd'hui, grâce aux réseaux sociaux,
25:41aux intelligences artificielles et aux grands moyens de communication,
25:43on peut avoir facilement accès à l'information. Ça veut dire que les causes qui se passent
25:52dans le monde actuellement, on peut militer grâce aux nouvelles technologies en étant jeune.
25:58Ça veut dire que même si on n'a pas encore le droit de vote, on peut être acteur de la société,
26:11notamment en s'engageant sur plusieurs causes en ligne. Par exemple, récemment, on l'avait vu
26:19avant le Covid, le mouvement Black Lives Matter ou encore le mouvement MeToo,
26:25qui a été principalement engagé par des jeunes, qui ont relayé énormément l'information.
26:38Et c'est ça qui permet de changer les choses en étant un citoyen aujourd'hui. C'est de ne plus
26:42attendre justement de voter ou d'avoir le droit de vote, d'être majeur pour voter,
26:49ce qui fait qu'on peut changer les choses en étant jeune.
26:54Voilà.
26:55Merci à Sarah et ne bougez pas, restez où vous êtes. Vous suscitez en moi une question. J'aurais
27:03bien aimé que vous me donniez votre avis là-dessus, par cette activité que vous pouvez déployer sur
27:09les réseaux sociaux, signer des pétitions, soutenir un mouvement de telle ou telle,
27:15comment dirais-je, inspiration. Est-ce que cela, pour vous, signifie une espèce de contournement
27:24de la vie politique proprement dite, celle qui est assurée par des responsables qui ont le pouvoir,
27:30qui ont même un certain savoir, qui ont des relations internationales, etc. Est-ce que
27:39cette citoyenneté vous paraît presque parallèle ou, pourquoi pas, déconnectée de la vie politique
27:48proprement dite, au sens traditionnel du terme, au sens presque grec du terme, de la police,
27:54de la cité qui élit ses représentants, lesquels représentants décident comme ils veulent de
28:01l'avenir de la société. Est-ce que donc votre façon de voir la citoyenneté double ou complète
28:07la vie politique ? Je vais peut-être simplifier la question ou la reformuler parce qu'ils sont
28:14un peu stressés. La question que pose M. Michalewski, c'est en gros, est-ce que pour vous,
28:21la citoyenneté qui est la vôtre aujourd'hui, tu parlais tout à l'heure des réseaux sociaux,
28:26de pouvoir s'engager pour des causes, ça c'est en dehors de la politique en fait. Oui, c'est une
28:30manière de faire la politique autrement. Est-ce que vous pensez que c'est une nouvelle citoyenneté ?
28:34Est-ce que vous pensez que ça permet de compléter la citoyenneté ordinaire ou que ça la remplace ou
28:40que ça vient s'y opposer ? Je pense que cette citoyenneté-là, elle va remplacer celle qui est
28:47traditionnelle. Je pense qu'on est une génération beaucoup plus ouverte d'esprit. Je pense que la
28:54citoyenneté va changer avec la politique aussi et que certes, il y aura toujours cette forme-là de
29:01votée, de démocratie on va dire, mais sous une manière un peu plus modernisée, là où je vois,
29:09on va dire, grâce aux réseaux sociaux, une manière plus réaliste de voir les choses. Ça veut dire
29:15qu'aujourd'hui, les gens voient le vrai de tout en fait. Ils ne se cachent plus les choses et je
29:24pense que ça, c'est ce qui manque dans le monde actuel, notamment par rapport à la politique
29:28aujourd'hui, c'est que tout le monde veut savoir la vérité sur les choses et les réseaux sociaux
29:33aident à ça. C'est pour ça que notre citoyenneté ne viendra pas remplacer celle qui est traditionnelle,
29:41mais plus s'y opposer et s'y associer en même temps. Monsieur Châtelet, vous aimeriez prendre la parole.
29:47Je saute sur ma chaise depuis Paris où il fait froid.
29:56S'il te plaît, remonte un petit peu la caméra. Voilà, c'est parfait.
30:04Vous dites voir la vérité ou écouter la vérité, quel type de statut vous donnez à la vérité ? Est-ce
30:13que la vérité est ventilée par les réseaux sociaux ou ce n'est pas le masque de la vérité ou un
30:17théâtre de vérité ? Le statut de la vérité en politique ou le statut de la vérité de ce qui est
30:25pose un problème. Est-ce que les réseaux sociaux se font les porte-paroles de la vérité à votre
30:32avis ? Ou les porte-paroles d'une autre vérité qui serait une vérité marchande et que le droit
30:38de vote serait plutôt la carte bleue ? Ne croyez-vous pas ?
30:44Je vais reformuler un petit peu. Le sens de la question, c'est que parler de vérité pour les
30:50réseaux sociaux, c'est peut-être un peu excessif au sens où, sans rentrer dans les débats, par
30:55exemple Twitter qui est devenu ex maintenant appartient à Elon Musk qui fait partie du
30:59gouvernement américain. On parle des GAFA, etc. Quand on les met sur le chemin de ce que c'est
31:07qu'être citoyen au XXIe siècle, évidemment, inévitablement, il parle des réseaux sociaux et
31:11je l'ai fait moi-même tout à l'heure. Est-ce qu'on peut dire qu'on a la vérité sur les réseaux
31:14sociaux ou un accès à une information ? Mais est-ce que cette information-là fait de vous
31:20des citoyens plus éclairés ? Parce que si vous vous en nourrissez comme tel, vous pouvez avoir
31:26accès à des fake news. Est-ce que vous, vous pensez que l'accès que vous procurent les réseaux
31:33sociaux à l'information, notamment quand il y a des conflits dans le monde maintenant, c'est
31:36documenté chaque jour, on a des images chaque jour, ce qui ne se passait pas il y a 50 ans.
31:39Est-ce que vous pensez que vous avez accès à la vérité ou alors est-ce que c'est pour vous une
31:44source d'information que vous allez travailler et discuter ? Ça dépend parce que des fois,
31:58il y a des informations qui peuvent être exagérées ou même pas vraies, mais qui vont être exagérées
32:04sur les réseaux sociaux et on va se mettre à avoir notre propre interprétation par rapport à ça,
32:15alors qu'au final, ça peut être faux et du coup, ça peut être négatif, comme ça peut être positif
32:19parce qu'on va se mettre tous à soutenir une cause qui est injuste. Après moi, je pense que
32:29c'est très subjectif comme question, mais personnellement, c'est vrai que l'information
32:35via les réseaux sociaux, pour moi, il est beaucoup plus sûr parce que tout le monde a son mot à dire.
32:43Certes, il y a des exceptions, par exemple, comme l'a dit Monsieur Limon, Twitter a été racheté par
32:51Elon Musk, ce qui décrédibilise un peu la chose, mais quand on voit des informations
32:59circuler sur les réseaux sociaux, surtout pour les nouvelles générations, on est beaucoup plus
33:04relatif à comprendre et à rectifier ces informations-là, plutôt que s'il y aurait
33:10eu une information qui venait d'autre part, parce que de nos jours, les gens ne sont plus
33:16trop réceptifs à tout ce qui est communication via la télévision ou la radio, les journaux,
33:22alors que les réseaux sociaux, chacun son mot à dire et chacun peut contrer l'argument de l'autre
33:27et ça crée un système de débat en ligne qui permet de rétablir une forme de vérité plus
33:32concrète. Par exemple, pour les dernières élections, on a relayé des choses, on a relayé la vérité,
33:39nos avis, chacun s'est fait son avis dessus, mais on a eu une bonne prise d'information,
33:44chacun a eu sa prise d'information, chacun s'est fait son avis, mais après, comme je l'ai dit,
33:50ça reste subjectif. Merci beaucoup, merci chers élèves. Je me tourne vers l'école française de
33:59Saint-Pétersbourg qui nous attend patiemment et je le remercie d'être là ce matin. Si vous avez
34:06des questions à poser aux élèves ou à monsieur Limon, la parole est à vous. J'aimerais que les
34:11trois élèves soient visibles à l'écran ou trois personnes, voilà, rapprochez-vous, c'est mieux
34:16comme ça, allez-y, ou celle qui parle qu'elle soit au milieu, allons-y, c'est bon. Merci à vous,
34:23puisque ça fait toujours plaisir de participer à ce genre d'événement. C'est entre une question et
34:38un point de vue que je donne, puisque d'un côté je veux remettre en question l'idée de citoyenneté,
34:48puisque on est d'accord que c'est principalement ciblé sur l'idée de cité, mais qu'est-ce que
34:55c'est une cité, puisque d'un côté ça peut être justement dans l'idée du cosmopolitisme le monde
35:04entier, de l'autre côté ça peut être considéré comme juste un pays, et de l'autre côté on peut
35:15aussi parler justement, ici on en a parlé, de l'information. Et ce qui est intéressant là
35:23maintenant c'est qu'il y a une évolution, par exemple, justement par le journalisme non
35:31professionnel, mais d'un autre côté, donc on a déjà dit, il y a des défauts comme comme ils ont
35:39dit l'intolérance, la fausse info, mais je voudrais rajouter la bulle cognitive et l'infobésité, donc
35:51oui. Et ensuite, ce que je voulais dire aussi, c'est que la question c'est est-ce que ne pas voter,
36:07ne pas agir, ne pas dire quelque chose, c'est ne pas respecter son devoir comme citoyen de
36:17la formation citoyenne d'un pays, ou à l'inverse, répondre à la solution et d'une manière encore
36:24plus impliquée. Est-ce que la protection de l'information, par exemple, ou le fait de ne pas
36:30agir, le fait de ne pas donner son point de vue, n'est pas une manière de se mettre encore plus
36:38en position ? Il y a trois ou quatre questions dans l'intervention et puis il y a des mots très
36:48intéressants comme bulle cognitive et qui va être très intéressante aussi pour les élèves ici,
36:54notamment pour les élèves que j'ai à ma droite. L'idée c'est que tu parlais, j'ai oublié ton
37:02prénom, l'idée c'est qu'on sait très bien, et les jeunes savent, je ne suis pas encore très vieux,
37:15mais les jeunes savent beaucoup mieux que moi comment marchent les réseaux sociaux,
37:18les sites internet, notamment par le jeu des algorithmes, et en fait la bulle cognitive c'est
37:22qu'à partir du moment où on va prendre notre téléphone ou notre ordinateur, on va avoir accès
37:27à ce à quoi on veut avoir accès, et effectivement la frontière, c'est pour ça que monsieur Châtelet
37:33est tout à l'heure sauté sur sa chaise depuis Paris, enfin depuis Sèvres où il fait froid,
37:37c'est qu'effectivement quand les élèves emploient le concept de vérité pour définir leur rapport
37:41aux réseaux sociaux, c'est potentiellement un peu dangereux et toxique parce qu'ils ont accès à,
37:46d'une part, ce qu'on leur montre, ce que des sources d'informations leur montrent,
37:50et ensuite ce qu'eux veulent voir, c'est ce qu'on appelle en neurosciences le biais de
37:54confirmation, c'est-à-dire que parmi la somme d'informations dont on est abreuvé chaque jour,
37:59on va aller chercher celle qui nous convient et pas une autre. Donc ça c'est pour parler un petit
38:04peu de bulle cognitive aussi, et on sait très bien aussi que finalement cette sorte de citoyenneté
38:10souterraine qui se construit par les réseaux et par les moyens de communication, elle est à la fois
38:18le berceau de dangers potentiels, je pense au cyber harcèlement, etc., dont on entend de plus en
38:26plus parler, mais pour répondre un peu à monsieur Châtelet tout à l'heure, et il y a pas mal de
38:31penseurs qui réfléchissent sur la question en ce moment, c'est qu'il y a une sorte de transparence
38:38qui peu à peu, c'est-à-dire qu'on ne peut plus se cacher pour le bien et pour le mal, c'est-à-dire
38:43que quand un conflit éclate, par exemple au Proche-Orient, on est abreuvé d'images tous les
38:48jours, effectivement par des réseaux, par des sources qui sont différentes, divergentes,
38:55voire contradictoires, il n'y a qu'à allumer la télévision française ou les chaînes de la TNT
39:00pour se rendre compte qu'on a de plus en plus de médias d'opinion et pas de médias d'information,
39:05mais l'idée c'est que est-ce que le nouveau citoyen, puisque justement il est abreuvé de
39:11plus en plus d'informations, est-ce que son devoir, ce n'est pas d'avoir un esprit critique
39:15encore plus développé, et donc de commencer la philosophie plus tôt qu'au lycée notamment,
39:20pour apprendre justement à démêler ce qu'est l'illusion, ce qu'est la vérité, ce qu'est du
39:25faux semblant, ce que c'est qu'une vie cognitive, ce que c'est que le biais de confirmation. On fait
39:29ça à la VFE, vous êtes éduqués à l'EMI, on vous apprend à recouper des informations, à vérifier
39:38des sources, ça vous le faites je pense, mais effectivement, et pour répondre à ta dernière
39:43question qui était très intéressante, est-ce que, en fait c'est très sartrein ta question,
39:49est-ce que ne pas agir c'est une manière d'agir ? Et est-ce que finalement abandonner son droit,
39:57il y a certains pays dans lesquels quand tu ne votes pas tu es déçu de ton droit de vote,
40:01est-ce qu'abandonner ses droits civiques en manière de protestation, mais la plupart du temps,
40:10et malheureusement les gens ne vont pas voter parce que parfois il fait froid, ou alors parce
40:14qu'il fait chaud, ou parce qu'ils vont en vacances, l'abstention c'est un phénomène vraiment
40:21polymorphe, l'idée c'est qu'est-ce qu'on ne pourrait pas prendre l'abstention comme l'idée
40:28d'une désuétude du modèle politique classique qui fait passer des gens par les urnes, qui les
40:36fait voter, par des gens par lesquels ils ne se sont plus forcément représentés ? Est-ce que
40:43finalement la citoyenneté qui est en train d'émerger maintenant, qui se construit de manière
40:46larvée, souterraine, est presque marginale sur les réseaux, sur les autres moyens de
40:51communication, est-ce que ce n'est pas une contre-citoyenneté qui permet de se bâtir une
40:57identité en dehors de l'identité politique ? Et pour répondre au dernier point, c'est que finalement,
41:05et pour répondre à monsieur Châtelet aussi, ce qu'ont permis les réseaux et finalement cette
41:11citoyenneté éclatée, on va dire ça comme ça, c'est qu'une parole, un acte, une malversation
41:18d'hommes politiques est tout de suite ventilée sur la planète entière, donc il n'y a plus moyen
41:23de se cacher, il n'y a absolument plus moyen de se cacher. Évidemment les scandales éclatent tous
41:26les jours et ça crée une sorte de défiance générale, une post-ère du soupçon, on parle aussi de l'ère
41:32de la post-vérité, où en fait malheureusement il y a une sorte de défiance généralisée envers la
41:38classe politique qui fait qu'on se replie vers des moyens de citoyenneté alternatif, d'où Twitter,
41:45Twitch, Instagram, TikTok, etc. Je voudrais juste, pour parler de la bulle cognitive, ça ne concerne
41:52pas que la vie politique, les deux tiers des gens rencontrent leurs compagnons, leurs compagnes sur
41:57leur lieu de travail par exemple. Quand vous allez sur des applications de rencontres amoureuses,
42:02les algorithmes vous mettent face à des gens qui partagent les mêmes préoccupations que vous,
42:08et puis même sociologiquement on rencontre, on a un cercle d'amis qui est fatalement ou
42:14finalement issu d'une couche sociale qui est peu ou prou semblable à la nôtre. Je finirai sur une
42:20petite touche d'humour, c'est Schopenhauer qui dit dans L'art d'être heureux, même quand on veut
42:25séduire quelqu'un, on connaît ses limites et on ne va jamais au-delà d'un certain niveau physique
42:31parce qu'on sait qu'on ne peut pas y prétendre. Donc on a déjà des algorithmes intégrés à notre
42:36manière de penser et qui créent des biais cognitifs et qui, entre la vérité et nous,
42:41et l'information et nous, créent des filtres déformants. Donc moi, je n'ai pas de question à
42:46vous poser avant de laisser la parole à Tesla parce que je pense qu'on va faire la bascule,
42:49moi j'ai envie de vous répondre à Saint-Pétersbourg que la balle est dans votre camp,
42:53vous les jeunes, parce que c'est à vous de redéfinir les contours de ce que va être la
42:59nouvelle citoyenneté parce que malheureusement pour vous, votre génération va être confrontée à des
43:04défis qui seront encore pires que ceux de ma génération et des générations précédentes et
43:09que si vous, vous ne trouvez pas des solutions politiques citoyennes autres que le désengagement,
43:14ça risque d'être assez compliqué. Merci cher Hans, merci beaucoup. Je voudrais que cette
43:24première partie de notre programme se termine avec une question posée par les élèves du lycée
43:30Alexandre Dumas à Moscou. Ils sont tellement studieux, tellement attentifs que j'ai hâté
43:36d'entendre leur question. Allez-y. Donc bonjour, vous m'entendez ? Très bien, allez-y. Donc merci
43:47beaucoup pour organiser cette conférence. Si j'ai bien compris, vous êtes en train de dire que les
43:56nouvelles technologies ont un très grand impact sur la nation de la citoyenneté et par exemple là,
44:03on a une citation de Régis Debray, si je prononce bien, que le citoyen est celui qui participe de
44:10son plan gré à la vie de la cité. Il partage avec ses concitoyens le pouvoir de faire la loi,
44:15le pouvoir d'élire et le cauchemar d'être élu. Et donc on sait que cette notion de citoyenneté
44:22provient de l'antiquité et donc cela a été pris pendant des centaines, pendant des siècles. Et
44:30est-ce que les nouvelles technologies ont tellement voulu verser le monde pour modifier
44:37cette notion qui est restée vraie pendant si longtemps ? Merci, si j'ai bien entendu c'est
44:47bien une question de Lina. Non, ça s'appelle Sofia. Ah Sofia, pardon. Merci Sofia pour votre
44:55intervention. Cher Hans, un mot, nous avons deux ou trois minutes avant de passer à la
45:00deuxième partie. Oui, même en une ou deux minutes, j'ai remarqué que le débat avait très vite été
45:13orienté vers les nouvelles technologies, comme si finalement de la technologie dépendait la définition
45:18d'une nouvelle citoyenneté. Mais il y a d'autres défis qui ont été rencontrés dans les siècles
45:23précédents et qui ont remis en cause cette citoyenneté-là. Déjà, on a eu les deux guerres
45:29mondiales du XXe siècle et puis il y a tout le questionnement sur, par exemple, à partir de quel
45:36âge on est citoyen ? Par exemple, quand j'étais aux Émirats arabes unis, j'avais 21 ans. En France,
45:41c'est 18 ans. En Madagascar, c'est 18 ans. Est-ce qu'on estime, pourquoi on estime qu'on devient
45:47vraiment pleinement citoyen à partir de cet âge-là ou pas ? Ensuite, il y a certains penseurs
45:51anglo-saxons qui réfléchissent à la question du handicap et qui se demandent, d'un point de vue
45:57éthique, est-ce qu'un homme polyhandicapé et handicapé mental, par exemple, est-ce qu'on
46:02peut encore le considérer comme un citoyen, comme quelqu'un qui est capable de faire entendre sa
46:10raison et d'avoir un vote éclairé ? Donc, la notion de citoyen, elle vacille aussi selon les époques,
46:16selon les conflits sociaux qui sont rencontrés. Et puis aussi, philosophiquement, c'est la question
46:21qu'on n'a pas forcément assez envisagée et qu'on reverra un petit peu en troisième partie,
46:27enfin dans ma troisième partie, c'est que, est-ce qu'être citoyen, c'est forcément vivre en
46:31démocratie ? Est-ce que dans un régime autoritaire, on est aussi un citoyen ? Ou alors,
46:37est-ce qu'on est un sujet ? Est-ce que dans une monarchie, on est un citoyen ? Est-ce que dans
46:45des sociétés sans État, il y en a peu, mais ça existe, est-ce qu'on appelle ça être un citoyen ?
46:49Est-ce que quand on a vécu dans dix pays différents, on se sent vraiment encore citoyen,
46:54c'est-à-dire attaché à une terre ? La question que j'ai envie de poser avant de faire la bascule,
47:00c'est est-ce que finalement, en dehors des nouvelles technologies qui bouleversent notre
47:04rapport au savoir, à l'information et donc à notre façon de nous construire en tant qu'individu
47:08et citoyen, est-ce que finalement, politiquement, on n'a pas à reposer les bases de ce que c'est
47:14qu'une citoyenneté ? Est-ce qu'on ne devrait pas créer de nouvelles formes politiques ? En France,
47:22c'est un serpent de mer. Depuis une dizaine d'années, on parle de passer à une sixième
47:26république. Ça n'est toujours pas fait. On pense qu'on a un modèle qui s'essouffle. On n'y est
47:30toujours pas. Donc comment on envisage tout ça ? Et je termine là-dessus. C'est pas uniquement par
47:40rapport aux nouvelles technologies. C'est vraiment la crise d'un modèle qui a été posée dans
47:45l'Antiquité et qui s'essouffle avec les mutations que connaît la modernité et la contemporanéité.
47:52Merci beaucoup, cher Hans. Je remercie de nouveau Sofia Selikova pour sa question. Je pense,
48:02sauf erreur de ma part, que Monsieur le Président Jean-Luc Juster a remercié son soutien dans la
48:09mise en œuvre de notre programme. Pour des raisons purement techniques, nous sommes obligés
48:14de faire une brève pause d'une minute. Donc ce que nous avons fait ce matin avec Hans Limon sera
48:20disponible en vidéo d'ici quelques jours et en podcast sur plusieurs plateformes que vous
48:25connaissez, Soundcloud, Deezer, etc. N'hésitez pas à consulter cette diffusion en différé avec
48:36toute la documentation écrite. Merci à la régie, à Jean-Luc Gaffard et Antoine Châtelet qui me
48:43permettent de monter ce programme dans un cadre à la fois technique et pédagogique. A tout de suite.

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