Cours et échanges inter-lycéens franco-européens diffusés le 07/12/ 2023 sur la plateforme du Projet Europe, Éducation, École :
https://projet-eee.eu/diffusion-en-direct-564/
Dossier pédagogique :
https://projet-eee.eu/wp-content/uploads/2023/10/eee.23-24_Le_temps_dans_tous_ses_etats_Pigeard_de_Gurbert_G.pdf
Agora européenne des lycées : programme 2023-2024 :
- https://projet-eee.eu/programme-de-lannee-2023-2024-11419/
- https://projet-eee.eu/wp-content/uploads/2023/10/EEE_Agora_europeenne_des_lycees_2023-2024_Presentation.pdf
Cours en vidéo classés par thèmes :
https://projet-eee.eu/cours-classes-par-themes/
E.E.E. sur Dailymotion : http://www.dailymotion.com/projeteee
Podcast du Projet EEE :
https://soundcloud.com/podcastprojeteee
https://www.deezer.com/fr/show/634442
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ÉducationTranscription
00:00 Bonjour à tous, soyez les bienvenus sur la plateforme du projet Europe éducation-école
00:19 pour cette matinée de réflexion sur la notion de temps. Nous avons le plaisir d'accueillir
00:25 monsieur Guillaume Pijard de Burbert, professeur de philosophie au lycée Guélussac à Limoges,
00:30 qui nous parlera du temps dans tous ses états. Il prépare bientôt une publication sur ce même
00:36 sujet, je ne manquerai pas de vous indiquer tout à l'heure son éditeur, mais je suis content que
00:43 des élèves de madame Traci Christophe à Marignane, que des élèves de madame Zdravkova à Varna,
00:50 que des élèves en tout cas madame Jacquemin elle-même à Grenoble soient avec nous ce matin
00:58 pour, avec notre équipe Antoine Chetlet qui est à la régie avec Jean-Luc Gaffard, partager ce
01:05 sentiment d'être ensemble concerné par un sujet qui nous importe beaucoup. Cher Guillaume, c'est
01:12 un plaisir de te retrouver de nouveau sur notre plateforme, merci de partager avec nous le plus
01:19 profond de tes réflexions sur le temps. On s'abandonne au plaisir de t'écouter. Merci bien,
01:26 donc merci à tous pour votre présence, merci aux élèves d'Hippocagne et certains de Terminal
01:31 qui sont là devant moi, donc vous ne voyez pas l'écran mais je parle devant une classe pleine,
01:36 la classe de madame d'Ambrosio, ma collègue de philo, donc voilà ça c'est toujours touchant de
01:40 se dire qu'on fait corps, qu'on travaille ensemble, que ce soit de la Terminal ou même à l'agrégation,
01:48 tout ça finalement c'est un philo, on a une vraie continuité, une vraie unité et c'est vrai
01:53 qu'on y tient beaucoup et donc avec ma collègue on se retrouve beaucoup là-dessus, moi j'aime
01:58 bien insister là-dessus. Et puis merci à la plateforme de nous accueillir et merci à l'administration
02:07 du lycée qui s'est quand même pas mal démené, aussi bien le proviseur, l'intendante que les
02:12 services techniques pour que tout ça fonctionne, il a fallu lever des pare-feux au niveau du
02:16 rectorat, enfin ça a été quand même une sacrée organisation, donc merci au lycée aussi
02:20 justement de faire qu'on puisse avoir ce moment là. Donc je vais faire deux interventions, j'ai
02:28 fait un plan que vous allez voir en deux temps, première partie je parle une petite trentaine de
02:33 minutes maximum et puis ensuite il y a un temps pour les questions et puis ensuite une deuxième
02:37 partie, donc j'essaye de développer mon propos en deux temps. Donc la première partie,
02:44 j'ai appelé ça les temps de l'espace, alors vous allez voir pourquoi les temps de l'espace.
02:50 Alors d'abord je commence par le temps, donc c'est vrai que déjà il faut commencer, d'où le titre de
02:58 l'intervention d'aujourd'hui, le temps dans tous ces états, c'est vrai que quand on dit le temps,
03:02 très spontanément on pense en fait à la différence entre il y a cinq ans et dans cinq ans, d'accord,
03:10 donc entre l'avant et l'après, ce qu'on peut appeler la succession. Finalement pour nous,
03:16 spontanément, si on réfléchit pas et d'ailleurs si vous regardez en philosophie le corpus
03:20 philosophie, on peut dire que 95% de la production philosophique quand elle dit temps, elle dit
03:26 succession, c'est de ça qu'elle parle, c'est à dire la différence entre le passé, le présent et
03:31 le futur, la différence et la relation, comment on passe du présent au passé, du futur au présent,
03:38 etc. Et c'est ça le temps et une fois qu'on a dit ça, on a tout dit. Or, a-t-on tout dit ? Déjà,
03:46 première question majeure à mon avis, a-t-on tout dit quand on a dit ça ? Et on n'a pas du tout tout
03:52 dit. Pourquoi ? Parce que déjà, prenons un exemple très simple, si là vous me voyez avec les cheveux
03:58 comme ça, et imaginons que demain on se retrouve et que je me sois fait la boule à zéro, je me suis
04:03 rasé complètement. Vous allez dire "waouh, ça le change". On ne dit pas en mieux ou en moins bien,
04:09 on ne s'occupe pas de ça pour l'instant, on s'occupe juste qu'on sera tous d'accord pour dire
04:13 ça le change, d'accord ? Mais vous êtes quand même bien d'accord que dans "ça le change", ce qui est
04:20 incontournable c'est le "il faut bien que ce soit toujours moi, si c'est pas toujours moi, il n'y a
04:27 pas de changement". Vous comprenez ? Donc quand on dit il y a une différence entre avant et après,
04:33 donc la succession, cette différence elle présuppose autre chose, qui ne change pas,
04:41 moi qui ne change pas. Donc moi qui suis toujours moi, me voilà changé avec une nouvelle coupe de
04:48 cheveux, d'accord ? Alors la question c'est ce moi qui reste là, ce moi qui ne change pas,
04:55 et c'est là où la philosophie a eu des œillères en fait, c'est qu'on l'a pris aussitôt pour
05:01 de l'éternité, mais enfin vous êtes d'accord que je ne suis pas éternel. Donc en réalité la
05:11 différence entre moi qui suis le même qu'hier mais avec une nouvelle coupe de cheveux, je suis
05:20 un moi durable, pas un moi éternel, un moi durable, un moi on pourrait dire permanent,
05:29 mais la permanence c'est du temps. Donc on doit déjà distinguer deux sens du temps,
05:35 le temps qui passe et le temps qui dure, mais le durable c'est du temps, le permanent c'est
05:44 du temps, c'est pas de l'être, c'est pas de l'éternité, c'est le temps en tant que ça dure.
05:51 Il y a le temps qui fait que les choses passent, j'avais des cheveux longs, j'ai la boule à zéro,
05:57 et il y a le temps qui fait que les choses durent, ça le change, c'est bien toujours le même,
06:04 lui il a continué, donc il y a le temps qui continue, on pourrait dire le temps qui se maintient,
06:11 et on pourrait donner un sens un peu qui n'est pas le sens ordinaire, mais peu importe,
06:18 on pourrait appeler ça le maintenant, mais le maintenant pas au sens de ce qui passe,
06:22 au sens de ce qui se maintient au lieu de passer, au sens fort, au sens littéral,
06:28 ce maintenant dans le temps au lieu de passer, mais ce maintenant là, ce maintenant du durable,
06:34 c'est du temps, c'est toujours du temps. Donc vous voyez déjà qu'il n'y a pas seulement deux temps,
06:41 le temps qui passe et le temps qui dure, mais il y a une dépendance du temps qui passe par rapport
06:47 au temps qui dure. Comment pourriez-vous enregistrer que quelque chose a passé,
06:55 que quelque chose a changé, s'il n'y avait pas par contraste quelque chose qui lui de son côté
07:02 continue de durer ? On ne pourrait pas avoir du changement, donc pour qu'il y ait du changement,
07:09 il faut qu'il y ait quelque chose qui ne change pas. Vous comprenez ? Si tout changeait de tout
07:14 au tout, on ne pourrait même pas parler de changement, ça ne voudrait rien dire le changement.
07:17 Donc le temps qui change, le temps qui fait que les choses changent, dépend lui-même du temps
07:23 qui fait que les choses durent. D'accord ? Donc il y a le temps qui fait que les choses passent et le
07:31 temps qui fait qu'elles durent, mais le premier sens du temps, celui auquel on réduit le temps,
07:35 quand on dit le temps, tout de suite on dit la succession, puis c'est bon, on a tout dit.
07:38 Ben non, pas du tout, parce qu'on a besoin de penser la dépendance de ce premier sens du temps,
07:43 c'est pour ça qu'il est premier. Un autre sens du temps, le temps du durable, le temps du permanent,
07:48 mais qui n'est pas l'être, ce n'est pas de l'être, c'est du temps. D'accord ? Donc déjà,
07:54 nous voilà avec deux temps et ce n'est pas l'un à côté de l'autre, je ne fais pas le catalogue
07:59 encyclopédique du temps, c'est une déduction philosophique qui fait qu'on part du plus
08:04 évident, la succession, le temps, ça passe, tout le monde est d'accord, et on a découvert qu'en
08:09 analysant la succession, on était obligé d'en déduire un autre sens du temps, le durable,
08:16 la durée. D'accord ? Donc on a la succession et on a la durée, ce qui fait que ça dure. Très bien.
08:23 On a un troisième temps. Ce temps-là, c'est, alors on peut dire que le temps qui passe,
08:35 la succession, on pourrait appeler ça la différence des temps, le temps qui fait la
08:42 différence. D'accord ? La différence entre hier et demain, entre quand j'avais 5 ans et aujourd'hui,
08:48 ça c'est la succession. Le temps comme facteur, comme artisan de la différence. D'accord ? Le
08:57 temps donc comme différence. Mais il y a le temps comme identité. Qu'est-ce que ça veut dire,
09:03 l'identité ? L'identité, c'est le même. C'est quoi le même du temps ? C'est le même de l'en
09:09 même temps. En même temps. Le pianiste, sa main droite et sa main gauche jouent en même temps.
09:18 C'est pas du temps qui passe, mais c'est pas seulement du temps qui dure. C'est encore un
09:24 troisième temps. C'est le temps qu'on appelle tout simplement la simultanéité. Mais la
09:29 simultanéité c'est du temps. D'accord ? Donc ça c'est le troisième sens du temps. Le temps au
09:37 sens de l'en même temps. Et cette fois-là, c'est pas le temps de la différence, c'est l'identité
09:42 du temps. D'accord ? L'identité du temps. Je vous fais une remarque à ce propos qui me paraît
09:47 élémentaire, mais très profonde. Quand on dit la différence, on pense la différence entre hier
09:58 et aujourd'hui, c'est-à-dire le nouveau, la nouveauté. Si vous lisez Bergson, Bergson il ne
10:05 connaît que ça comme différence, la nouveauté. La caption imprévisible de nouveauté, les nouveaux
10:11 bourgeons, les nouvelles feuilles, les nouveaux cheveux blancs, la nouvellerie, de tout ce que
10:15 vous voulez. La nouveauté. Oui, mais le temps a une autre façon de faire la différence. Non pas
10:23 la différence par la différence entre hier et demain, la différence de la succession, mais le
10:27 temps a une autre façon de faire la différence par l'identité, par l'identité du temps. Ça a l'air
10:34 d'être conceptuel. Oui, c'est conceptuel, mais c'est extrêmement descriptif et tout simple. Vous
10:39 comprenez bien que pour qu'il y ait une différence entre ma main droite et ma main gauche, elles sont
10:46 différentes, mais c'est pas l'une après l'autre. Ma main gauche n'est pas nouvelle par rapport à ma
10:51 main droite, donc c'est pas la succession qui fait la différence. Pourtant, il y a bien une différence.
10:54 Et c'est quoi qui fait cette différence ? La simultanéité. C'est l'identité du temps. Si
11:00 elles sont dans le même temps, c'est qu'elles sont différentes. Je pourrais pas avoir deux choses en
11:06 même temps sans qu'elles soient différentes. Je vous renvoie, j'ai pas le temps d'en parler là,
11:11 mais à l'affaire qui a existé de Martin Guerre. Martin Guerre, vous regarderez, c'était une personne
11:19 qui s'est fait passer pour une autre. Donc il y avait deux Martin Guerre. Il y a eu un procès,
11:23 devant le procès, il y avait les deux Martin Guerre. Donc on était sûr que c'était deux
11:27 personnes différentes. Il y avait un imposteur, alors on ne savait pas lequel était lequel. Mais
11:32 ce qui était sûr, c'est que c'était deux Martin Guerre différents. Donc le temps a une deuxième
11:37 manière de faire la différence, non plus par la différence du temps, mais par l'identité du temps,
11:43 par le même moment appartenant au même temps, au même moment, à l'an même temps. Et cette
11:48 différence, c'est tout simplement la diversité. Donc il y a la différence temporelle qui est la
11:54 nouveauté, et il y a la différence temporelle qui est la diversité. La diversité de la main droite
12:00 et de la main gauche. D'accord ? Voilà, donc ça, déjà, ça me paraît pas inutile du tout. Et quand
12:09 vous lisez la philosophie sur le temps, à part Aristote qui parle un peu de la simultanéité,
12:14 et surtout Kant, beaucoup de philosophes ont raté en fait les trois temps pour le réduire à la seule
12:23 succession. Les exemples récents qui sont, de ce point de vue-là, les héritiers de Bergson,
12:30 c'est Deleuze par exemple. Deleuze, il a complètement raté la simultanéité. Il le retrouve, mais trop
12:36 tard, dans son livre sur le cinéma. Mais toute son oeuvre avant où il a parlé de la différence,
12:40 il ne connaît que la nouveauté. Il ne connaît pas la diversité. Il le rate. La diversité comme
12:47 différence temporelle, vous voyez ? Et on ne peut pas dire que la main droite et la main gauche sont
12:53 juste à gauche et à droite dans l'espace. Ce n'est pas vrai. Le musicien, il y a une relation
12:59 entre ces deux mains, et cette relation, elle est temporelle. Il les joue en même temps. Il ne les
13:05 joue pas l'une à côté de l'autre. Ce n'est pas Frankenstein. Il n'y aurait pas de musique. D'ailleurs,
13:10 si vous pensez toute la musique, c'est étonnant d'ailleurs, les Bévus de Bergson. Bergson,
13:15 il dit "le temps, c'est la succession". Or, il n'arrête pas de prendre l'exemple de la musique.
13:18 Mais qu'est-ce qui resterait de la musique sans la simultanéité ? Le concerté, le con de concert,
13:26 le saint de symphonie, c'est de la simultanéité tout ça. Ça joue en même temps. Un musicien,
13:30 c'est un artisan de la simultanéité. La place des instruments à cordes ou avant dans un orchestre
13:36 sont décidées en fonction de ce que ça va rendre comme son en même temps. On sait qu'ils vont jouer
13:42 en même temps. Qu'est-ce que ça va donner dans l'orchestre ? Donc, les problèmes de symphonie,
13:47 de concert, et même d'un instrument du piano, prenons le piano, c'est des problèmes de
13:53 simultanéité. La musique, on ne l'entend pas que successivement. C'est à la fois la conjugaison
13:59 intime de sons qui se suivent et de sons qui concertent, c'est-à-dire qui sonnent en même
14:06 temps. C'est les deux. Ce n'est pas du tout des détails. Voilà notre notion de temps un peu guérie
14:16 de son appauvrissement illégitime. Ça, c'est la première chose. La deuxième chose qui m'intéresse
14:26 énormément, et vous comprendrez dans la deuxième partie pourquoi, c'est que du coup, si on réfléchit,
14:33 le temps qui fait la différence, la nouveauté, le temps qui fait l'autre différence qui est la
14:40 diversité, c'est la différence qui est faite non pas par la différence du temps, mais par l'identité
14:45 du temps. L'identité du temps du même moment, le même de l'en même temps, qui fait la différence,
14:50 cette différence qui n'est pas la nouveauté, mais la diversité. Et puis, tout ça ramené à la durée.
14:55 Le pianiste, il continue de durer pendant que les notes se suivent et qu'elles sonnent en même
15:03 temps. D'accord ? Donc, vous avez une inséparabilité de la durée, de la succession et de la simultanéité.
15:12 D'accord ? Mais qu'est-ce qui se passe ? Il se passe que le temps vient en réalité déterminer
15:28 l'espace. Et du coup, l'analyse des trois temps doit être refaite, mais cette fois-ci pour montrer
15:35 comment le temps vient déterminer, constituer trois types d'espace. Donc, le premier type d'espace,
15:45 c'est l'espace qui est sous la loi de la succession. C'est tout simplement ce qu'on appelle un séjour.
15:54 Dans un séjour, on ne fait que séjourner. C'est un lieu de passage. Aujourd'hui, je séjourne ici,
16:04 demain je séjournerai ailleurs, là-bas. D'accord ? Mais ça va beaucoup plus loin que ça. Cette
16:12 catégorie globale du séjour, moi j'appelle ça comme ça parce que ça englobe tout. Qu'est-ce
16:16 que ça englobe ? Ça englobe tous les espaces qui sont sous la loi de la succession. Je vous
16:20 prends un exemple très simple. Les terrains de sport. Prenons le football. Vous êtes d'accord
16:26 que ce soit le tennis, le football, les terrains de sport sont marqués. Il y a des marques.
16:30 L'espace, c'est des espaces marqués, des espaces différenciés. Mais ce sont essentiellement des
16:35 coordonnées temporelles. Par exemple, la ligne de but au football, avant que ça franchisse,
16:42 il n'y a pas de but. Après, il y a but. Donc, la ligne de but, ce n'est pas une ligne géométrique
16:51 dans l'espace. Pas du tout. Son sens est spatio-temporel. Puisque pour qu'il y ait but,
16:57 il faut qu'après, c'est passé de l'autre côté, il y a but. Avant, non. Si la balle est arrêtée
17:04 avant la ligne, c'est la différence entre avant et après qui fait de la ligne de but une ligne
17:09 de but. Sinon, ce n'est pas une ligne de but. D'accord ? Donc, c'est tout à fait important.
17:18 Et on peut prendre des tas d'exemples. Vous prenez la distance. Je dis par exemple, la porte au fond
17:23 de la salle est un peu loin. Je veux aller chercher une chaise, j'ai la femme, c'est un peu loin. Mais
17:29 c'est quoi ce lointain ? Le lointain, c'est du longtemps. Si vous y réfléchissez, le lointain,
17:36 ce n'est pas juste de l'espace. C'est le temps que ça me prendrait pour aller là-bas. Or,
17:41 le proche, ah ben non, je vais plutôt prendre cette chaise-là qui est plus proche. Oui, parce
17:47 que j'en suis séparé par un temps plus court. Donc, le proche, c'est le temps court et le lointain,
17:53 c'est le temps long. Mais essayez de vous représenter le proche et le lointain en enlevant
17:58 le sens du temps, le sens de la succession. Vous verrez que… Je ne sais pas si on y arrive,
18:07 je ne pense pas. Donc, vous avez un espace qui est, en fait, moi je préfère dire comme ça,
18:13 temporospatial. Pourquoi ? Parce que l'expression de spatiotemporel, elle est commune. On dit
18:19 spatiotemporel, on ne réfléchit pas à ce qu'on dit. Donc déjà, ce n'est pas bon. Et l'autre
18:24 problème plus fondamental, c'est que grammaticalement, si vous dites temporospatial,
18:29 ça veut dire que le temps, c'est la substance. C'est ça qui est essentiel et qu'il a comme
18:34 attribut secondaire l'espace. Or, c'est ça que je veux dire. C'est qu'en fait, les espaces dans
18:42 lesquels nous vivons sont pétris de temps. C'est le temps qui les fait. C'est le temps qui les fait
18:49 et qui les défait d'ailleurs. Je vous prends un autre exemple sur le temps que fait la succession.
18:54 Dans la recherche du temps perdu de Proust, que vous lirez peut-être un jour, c'est un très
19:00 beau livre, un livre incroyable. Il faut bien dire ça une fois dans sa vie. Et vous avez le narrateur
19:05 et il va à Baalbeck à l'hôtel avec sa grand-mère. Et il est dans une chambre. Et il est jeune,
19:11 vous voyez, il a 13 ans ou quoi. Et il est terrorisé par cette chambre. Alors, sa grand-mère
19:16 dans la chambre d'à côté, donc il tape au mur, il a un petit code et tout. Mais enfin, il se retrouve
19:20 seul dans le noir de cette chambre. On a tous connu ça, des terreurs d'enfants. Et il est dans cette
19:25 chambre complètement angoissante. Il est terrifié par l'angoisse de cette chambre de l'hôtel à
19:30 Baalbeck où il est seul, il est perdu, il n'a pas sa maman. Bon, voilà. Il est seul dans le noir.
19:35 La peur du noir, etc. Le lieu inconnu. Le lieu nouveau. C'est la peur du nouveau. Si cette
19:44 chambre de Baalbeck n'est pas une chambre nouvelle, et c'est le temps qui fait la nouveauté,
19:49 ce n'est pas l'espace. Donc, si ce n'est pas un lieu nouveau, il n'y a pas d'angoisse. D'où vient
19:56 l'angoisse ? Et d'ailleurs, quand il dort dans sa chambre, chez lui, ce n'est pas tout à fait le
20:03 cas. Mais imaginons. Pourquoi ? Parce qu'il la connaît. C'est déjà connu. Il a le passé derrière.
20:09 C'est une chambre familière. Donc, il n'y a pas d'angoisse. Et d'ailleurs, dans cette chambre de
20:15 Baalbeck, quelques années plus tard, il y invitera Albertine. Et là, Albertine qui viendra dans la
20:23 même chambre, mais parce que le temps sera passé, il la connaît cette chambre. Ça fait des années
20:29 qu'il vient dans cet hôtel avec sa grand-mère. Ça deviendra une alcove qui abritera ses amours
20:32 avec Albertine. Donc, c'est bien la succession qui a fait le lieu angoissant, le lieu nouveau. Et
20:40 c'est toujours la succession, le passé, le proie du passé, l'habitude, qui a rendu familier ce
20:46 lieu, qui a fait de ce lieu un lieu déjà connu. Mais le déjà, c'est du temps. Un lieu déjà connu.
20:53 Et donc, le temps avait fait le lieu angoissant par sa nouveauté. Et le temps défait ce lieu
21:01 angoissant. Or, vous voyez que spontanément, on va penser qu'on est dans un espace, on est dans
21:06 l'espace, je suis dans ma chambre, elle est encohérente cette pièce, et on croit que c'est
21:10 une expérience spatiale. Non, c'est une expérience temporospatiale. Sans le temps, il n'y aurait pas
21:15 d'angoisse. Donc, l'angoisse est une expérience du temps, fondamentalement. Et à l'instant où un
21:24 espace devient angoissant, c'est qu'il est un espace nouveau. Un espace étranger, mais étranger
21:30 au sens de nouveau. Or, la nouveauté de l'espace, c'est le temps qui fait la nouveauté de l'espace.
21:36 L'espace tout seul n'est pas nouveau. L'espace nouveau, ça ne veut rien dire. C'est plus spatial,
21:40 c'est temporospatial. D'accord ? Voilà. Ça, c'est pour les espaces que fait la succession. Ensuite,
21:50 il y a les espaces que fait la durée, la résidence, la demeure. C'est la différence entre le nomade
21:59 et le sédentaire. Je vous renvoie à un livre extraordinaire. Ça, c'est un livre qu'il faut
22:04 lire une fois dans sa vie. Vraiment. C'est "Le geste et la parole" d'André Leroy Gourand. Ça
22:09 raconte l'histoire de l'humanité d'il y a cinq millions d'années à aujourd'hui, et même à la
22:16 science-fiction. Et c'est un très grand paléontologue, c'est un des plus grands connaisseurs de la
22:19 préhistoire, de la peinture préhistorique et de l'évolution humaine. André Leroy Gourand,
22:24 "Le geste et la parole". Et dedans, il distingue deux types d'espaces. L'espace du nomade,
22:28 et il appelle ça un espace itinérant. Oui, parce que le nomade, suivant les saisons, suivant la neige,
22:35 suivant les fruits qui fleurissent, etc., il va chercher sa nourriture ou les troupeaux qui
22:41 migrent. Et donc, il habite un espace itinérant, ce que moi, j'appelle un séjour. L'hiver,
22:49 il séjourne là. Au printemps, il change de séjour, il séjourne ailleurs. Donc, l'espace nomade,
22:55 c'est un espace qui est sous la détermination de la succession, un espace passager, si vous voulez,
23:00 temporaire, au sens courant du terme. Et le sédentaire ? Le sédentaire, dit Leroy Gourand,
23:06 habite lui un espace non pas itinérant, mais un espace rayonnant. Pourquoi un espace rayonnant ?
23:11 Parce qu'il est fixé dans un centre, et ce centre est son grenier. C'est une demeure, c'est une
23:18 résidence. Il réside à cet endroit-là. C'est ça, le sédentaire. Et il rayonne, c'est-à-dire qu'à
23:22 partir de ce sens, il part conquérir les espaces plus éloignés. D'accord ? Il va capturer les
23:30 troupeaux, étendre des enclos, faire ce que vous voulez, mais il revient toujours dans son lieu de
23:35 résidence. Donc, le nomade séjourne, le sédentaire réside. Et donc, la résidence du sédentaire,
23:43 c'est un espace. Habiter l'espace en sédentaire, c'est habiter un espace qui est sous la loi non pas
23:50 de la succession, mais de la durée, du temps en tant que durée. D'accord ? Donc, il y a déjà deux
23:57 façons d'habiter l'espace. Habiter l'espace selon la succession, séjourner. Habiter l'espace selon
24:02 la durée, résider ou demeurer. D'accord ? Donc, troisième chose, évidemment, la simultanéité.
24:13 Donc ça, vous pouvez le trouver tout seul. L'espace qui est déterminé par la simultanéité,
24:16 c'est tout simplement le voisinage. C'est quoi un problème de voisinage ? C'est un problème de temps.
24:22 C'est-à-dire que moi, je me suis couché à 10 heures du soir, mais mon voisin, il fait la fête
24:28 jusqu'à 3 heures du matin et il y a un conflit de simultanéité pendant que je dors, mais pendant,
24:36 c'est deux l'an même temps. Pendant que je dors, lui, il met la musique à fond. Donc, les problèmes
24:40 de voisinage, c'est des problèmes de synchronisation conflictuelle. C'est des problèmes de temps. Donc
24:46 ça, c'est pour donner une amorce concrète, mais tout simplement, la salle dans laquelle nous
24:50 nous trouvons se trouve en même temps à côté de la salle où vous serez demain. Donc, le rapport
24:58 entre les différents espaces d'un bâtiment, les étages, les salles, la maison et le jardin,
25:04 l'immeuble et la rue sont reliés par la simultanéité. Il y a en même temps la rue et l'immeuble.
25:13 D'accord ? Bon, qu'est-ce que ça veut dire, ça ? Ça veut dire que, donc, on a ces trois espaces
25:22 dans lesquels nous habitons. Donc, le dernier sens d'habiter l'espace selon le temps, c'est
25:28 voisiner, être voisin d'eux. Mais le voisinage, encore une fois, n'est pas une détermination
25:35 strictement spatiale. C'est temporo-spatial. S'il n'y a pas la simultanéité, il n'y a pas de
25:41 voisinage. Essayer d'enlever la relation de temps par le fait que des espaces appartiennent au même
25:48 temps, au même moment, et essayer de concevoir des espaces à côté sans ça, je crois qu'on ne peut
25:54 pas. Alors là, il y a quelque chose de très important, c'est que du coup, l'espace, l'espace,
26:02 spontanément, on le définit comme la juxtaposition. Par exemple, la poubelle est à côté, est posée
26:10 à côté, juxtaposée à côté du bureau. D'accord ? Et on parle de juxtaposition. Là aussi, Bergson a
26:18 dératé incroyable là-dessus. Pas que lui, mais lui en particulier puisqu'il en parle beaucoup.
26:23 Bergson y croit que la juxtaposition c'est purement spatial. Mais non, rien ne peut être
26:29 à côté si ce n'est pas en même temps. Prenez la géométrie dans l'espace. Le point A, il est à
26:36 côté du point B. Mais pour que le point A soit à côté du point B, il faut nécessairement qu'ils y
26:42 soient l'un et l'autre en même temps. Donc même l'espace de la géométrie n'est pas un espace pur,
26:48 c'est un espace temporo-spatial. Si vous enlevez la simultanéité, si vous enlevez en même temps,
26:56 il n'y a plus de géométrie. Comment les côtés du carré seraient-ils à côté l'un de l'autre
27:02 sans y être en même temps ? Ça ne veut rien dire pour nous, c'est impossible. Donc voilà.
27:09 Alors dernière chose pour finir ma première partie. Il y a quelque chose qui est très intéressant,
27:15 qui est un symptôme de tout ce que je veux dire. C'est-à-dire que ce que les philosophes ont raté,
27:18 la sagesse populaire le sait. Où je la trouve cette sagesse populaire ? Dans le langage,
27:25 dans les langues. Si vous interrogez les langues, là je donne juste quelques exemples,
27:30 mais vous pourrez aller voir dans l'arabe, dans le japonais, dans la langue éouée au Togo,
27:35 enfin il y a des tas d'exemples. Mais là je prends juste quelques exemples, parce que je n'ai pas le
27:39 temps de tout dire, je vous donne juste quelques exemples. D'abord, si vous prenez un dictionnaire,
27:44 vous cherchez "espace". "Espace" ça vient de "spatium" en latin. "Spatium" c'est le champ de
27:50 course. D'accord ? Donc c'est comme pour la ligne de but, le champ de course il est dépendant du
28:00 fait de celui qui arrive en premier. Celui qui arrive en premier, c'est lui qui arrive avant les
28:05 autres. Avant. Donc "spatium" c'est étymologiquement, dès le départ, le temps, l'espace déterminé par
28:13 la succession. Donc "spatium", l'espace n'a pas un sens dans le langage purement temporel. Il n'y a
28:19 pas de langue qui dise l'espace, purement espace. On parle de l'espace, mais en réalité c'est un
28:24 complexe temporospatial, un ambigu d'espace et de temps que nous pensons. "Spatium". Je vous
28:31 prends d'autres exemples. Alors en anglais, vous allez voir l'Oxford English Dictionary, c'est
28:41 vraiment le dictionnaire de référence. Vous allez voir "space". Et bien "space" en anglais,
28:48 et donc l'Oxford English Dictionary, ce qui est excellent, c'est qu'il donne tous les sens par
28:52 ordre chronologique. Le premier sens, la première fois que le mot "space" apparaît en anglais,
28:56 c'est autour de 1300. Je vous donne la phrase, parce qu'à chaque fois il cite un texte qui
29:00 illustre le sens. Il parle d'une femme qui avait la foi et cette foi dura "little space", peu de
29:10 temps. Donc "space" en anglais, comme en latin, et encore mieux qu'en latin, n'a même pas un sens
29:16 temporospatial, c'est du temps, ça veut dire le temps. "Little space", ça veut dire peu de temps.
29:22 Elle a eu la foi, mais ça lui est resté peu de temps. Donc vous voyez bien que le langage ne
29:28 distancie pas du tout l'espace et le temps, et on comprend bien pourquoi. Donc ce que les
29:32 philosophes ont prétendu dissocier, en réalité, la sagesse populaire n'arrêtait pas de les mélanger.
29:38 Je prends un autre exemple en anglais "before". "Before", ça peut vouloir dire "devant". "Before
29:44 me", "devant moi il y a un chien". Mais "before", c'est "avant" aussi dans le temps, c'est le même
29:48 mot. "Hasta luego" en espagnol, "luego", ça vient de "loco", le lieu. "Hasta luego", littéralement,
29:56 ça veut dire "à un lieu", "à un endroit". Mais quand vous êtes rentré, vous étiez rentré à
30:02 quelle heure cette nuit ? Aux environ 5 heures du matin. Les "environs", c'est de l'espace,
30:05 mais c'est du mot spatial, mais dont le contenu est temporel. Quand je dis "je suis rentré aux
30:14 environs de 5 heures du matin", en réalité, c'est du temps que je nomme, c'est du temps que je pense,
30:18 ce n'est pas de l'espace. D'accord ? Je vous donne 3, 4 autres exemples en grec. En grec,
30:28 l'espace, le lieu, c'est "topos", la topologie. Mais par exemple, l'allocution "epi topou" en grec,
30:37 "epi topou", ça veut dire "sur le champ", "immédiatement", "tout de suite", donc ça a un
30:43 sens temporel. "Maintenant", "sans délai", "sans tarder". De même, l'adverbe "topo", avec un "oméga"
30:51 à la fin, "topo", c'est "aussitôt". Alors que "topos", c'est le lieu en grec. Oui, mais c'est le lieu qui
31:00 dit le temps. Autre exemple du même type, et là, qui morde sur des choses beaucoup plus concrètes,
31:06 le nouveau monde. Ce qu'on appelle le nouveau monde, la découverte du nouveau monde. Comment
31:11 le monde peut être nouveau ? Vous savez ce que ça veut dire, le nouveau monde ? Mais ça, ça ouvre
31:16 un autre débat dont j'ai parlé dans mon livre, mais je ne vais pas l'aborder ici. Ça veut dire
31:20 que c'est le monde qui vient après, et que s'il y a un monde qui vient après, il y a un monde qui
31:24 venait avant. Le nouveau monde a baptisé, a coupé le monde en deux, en ceux qui viennent avant et ceux
31:31 qui passent après. Et je pense que Nord-Sud, aujourd'hui, en géopolitique, c'est moins de
31:39 strictes coordonnées spatiales que des coordonnées temporelles. Il n'est pas impossible que le Nord
31:45 passe avant le Sud, vienne avant, et que ce soit un héritage de la création du nouveau monde.
31:49 Je dis ça entre parenthèses. Les Antilles, vous savez ce que ça veut dire, les Antilles ? Les
31:56 Antilles hantaient avant, et ils, les îles. Quand on venait d'Europe, avant d'arriver sur le continent
32:03 américain, on trouvait avant le continent, les îles. Les îles qui viennent avant, Antilles.
32:07 Donc, vous voyez que les Antilles, c'est un lieu, mais un lieu dont le sens, dont la définition,
32:17 est inséparable de sa temporalité. Et là, c'est la succession. D'accord ? Je prends un autre exemple
32:25 qui me tient à cœur. Le midi. Le midi, c'est une région. Mais vous voyez bien que cette région, son nom,
32:35 elle le tient du temps. C'est une heure du temps, le midi. C'est l'heure où l'ombre est la plus courte.
32:40 Le soleil est aux zénithes. Mais c'est bien un moment de la journée, le midi. Et pourtant, ça désigne
32:44 de l'espace, une région. D'accord ? Voilà. Deux dernières remarques, puis j'arrête cette première
32:53 partie. L'adverbe parallèlement. Quand on dit parallèlement, ça veut dire simultanément.
32:59 D'accord ? Voilà. Et dernière remarque, pour finir sur Proust. Chez Proust, le mot "côté" n'est pas
33:09 une indication spatiale. "Côté" a deux sens chez Proust. Du côté de chez Soine, en fait, ça désigne
33:15 le passé. C'est-à-dire, Guermante, c'est le passé glorieux, le passé fabuleux, le passé ancien.
33:21 Gilbert le Mauvais qui est sur un vitrail de l'église de Combré. Donc "côté", quand le narrateur
33:27 est du côté de chez Soine, en fait, il parle du côté de Guermante. Et pour lui, "côté" veut dire
33:32 le passé fabuleux de l'aristocratie. Et quand les voisins, les parents déménagent, les parents du
33:37 narrateur déménagent à Paris et la partie du livre s'appelle "Du côté de Guermante", là, "côté"
33:43 change de sens. Ce n'est plus de la succession, ce n'est plus du passé, c'est de la simultanéité,
33:47 puisque les parents louent un appartement qui est voisin de l'hôtel de Guermante. Ils habitent à
33:53 côté en même temps. Et à partir de ce moment-là, toute la gloire fabuleuse de ce passé aristocratique
33:58 des Guermantes se dissipe parce que c'est devenu des sames voisins, en appartient en même temps.
34:04 Le temps, donc là, la simultanéité du voisinage a défait la gloire du lieu passé, du côté au sens
34:13 de ancien, de prestigieux, du privilège aristocratique de l'ancien. Voilà. Donc,
34:21 je m'arrête là pour la première partie. Merci beaucoup, merci beaucoup cher Guillaume.
34:27 Je voudrais donner la parole aux élèves de Madame Tracy Christophe à Marignane,
34:33 lycée Maurice Genevoix. Si vous souhaitez, on vous passe à l'antenne immédiatement.
34:40 Parfait. Est-ce que vos propres élèves... Ah, Madame Christophe, on vous écoute. Allez-y.
34:53 Une question du côté de Marignane. Je tiens avant à remercier la proviseure,
34:59 donc Madame Aubert, qui a bien accepté qu'on puisse participer aujourd'hui à cette visio.
35:07 Et je suis ravie de retrouver aussi Guillaume sur ce format. Voilà. Et la préférence aux Antilles.
35:15 Donc, je passe la parole à Wassim, qui est en première HLP2. Donc, on est en première HLP2,
35:25 c'est-à-dire qu'on travaille sur les représentations du monde. Donc,
35:28 la question du temps est intéressante aussi de ce point de vue-là.
35:31 Donc, bonjour à tous. C'est un honneur de me confier à vous, chers confrères. Donc,
35:48 Monsieur Guillaume, j'ai une petite question. Vous disiez que le temps dure.
35:54 Ah, excusez-moi. Donc, selon moi, qu'est-ce que l'éternité alors? Si l'éternité n'est pas un
36:07 temps alors que le temps n'est pas permanent? Et j'avais d'autres questions aussi sur l'identité
36:15 du temps. Donc, pour la définition de temporo-spatial, c'est le temps qui fait l'effet
36:26 nouveau. Par exemple, comme vous disiez, la découverte du nouveau monde, c'est un monde
36:32 temporo-spatial alors. C'est ça. Et voilà tout. Merci. Non, merci. Merci. Merci au contraire de
36:46 cette question. Juste un mot sur la question de l'éternité, qui est évidemment excellente.
36:50 C'est une excellente question. Mais quand vous regardez justement ce que, soit dans les religions,
36:56 soit en philosophie, on appelle l'éternité, si vous regardez d'un peu près, en réalité,
37:01 la prétendue éternité, c'est du temps durable. C'est les siècles des siècles. En fait, les
37:09 religions comme les philosophies, quand elles ont voulu opposer le temps passager, le temps qui passe,
37:14 à soi-disant ce qu'elles ont appelé l'être ou l'éternité, quand vous regardez, en fait,
37:18 oui, ils parlent de l'éternité, de l'immortalité de l'âme, de l'éternité, ça, ils en parlent. Mais
37:24 qu'est-ce qu'ils pensent en fait? C'est quoi le contenu de ce mot? Il ne suffit pas de dire
37:28 abricadabra, éternité, on pense l'éternité. Ce n'est pas de l'éternité qu'ils pensent, c'est le temps,
37:32 non pas en tant que ce qui passe, mais en tant que ce qui dure. Et ils ne font finalement qu'opposer
37:36 un temps à l'autre, le temps de la succession et le temps de la permanence ou de la durée.
37:40 Par exemple, je vous prends un exemple, dans l'apocalypse de Jean, il y a le monde où il y a
37:50 un brouhaha, le cri insignifiant de l'humanité sur terre et par opposition les voix qui chantent au
37:59 ciel et qui chantent toujours le même alléluia, alléluia, alléluia, alléluia, alléluia. Mais
38:06 pour qu'au ciel, dans le ciel éternel, les alléluia durent et durent et durent, il faut qu'il y ait du
38:12 temps. S'il n'y a pas de temps, il n'y a pas d'alléluia qui sont chantés en permanence. Je prends
38:17 un autre exemple, le phédon de Platon, ça raconte la mort de Socrate. Si vous regardez le phédon,
38:25 je vais même vous dire que normalement, je vous ai même mis le, voilà, je l'ai là. Comment
38:36 Platon définit le lieu que va rejoindre l'âme de Socrate quand il sera débarrassé de ce corps
38:43 éphémère ? Donc le phédon, si on le lit comme ça, il y a le corps éphémère qui va périr, qui va se
38:49 dissoudre et tout, et puis l'âme immortelle, l'âme éternelle de Socrate. Ça, c'est ce qu'on a
38:54 l'impression que dit Platon. Mais ce n'est pas ça qu'il dit. Il dit qu'il va changer de lieu. Il parle
38:59 même d'un changement de domicile, il va déménager. Donc on a l'impression d'un changement d'espace,
39:04 il va passer d'un lieu du séjour temporaire à l'éternité. D'accord ? C'est la question sur
39:10 l'être et l'éternité, qui passe à un lieu prétendument éternel. Sauf que qu'est-ce qu'il
39:14 dit ? Je vous lis, c'est dans le phédon, c'est 81a. Qu'est-ce qu'il dit ? Qu'il sera dans un
39:19 lieu différent, topone hétérone. Topone, le lieu hétérone, hétéro, sexuel, hétéro, c'est la
39:26 différence, donc un lieu différent, topone hétérone. Sauf que ce lieu, il est tellement
39:30 différent que ce n'est plus de l'espace. C'est quoi ? Où l'âme, je cite, passe le reste de son temps.
39:38 Le point chronone, chronone c'est le temps, où l'âme de Socrate va passer le reste de son temps.
39:45 Donc l'éternité que va rejoindre les Champs-Elysées quand l'âme de Socrate va quitter cette vie
39:52 terrestre, passagère, temporaire, pour accéder prétendument à l'immortalité, à l'éternité,
39:59 en fait il ne va pas du tout accéder à l'éternité, mais au temps qui dure. Il passe de la succession
40:04 à la durée. Et à nouveau, ce qui est intéressant, c'est que c'est temporo-spatial. On se représente
40:10 le paradis comme un lieu durable par rapport au séjour terrestre, qui est justement un séjour
40:16 qui est un lieu provisoire-passager, éphémère. Mais donc, quand on sonde les représentations
40:25 de l'éternité en religion ou en philosophie, ce qu'on trouve, c'est le temps qui dure,
40:29 ce n'est pas l'éternité. Qui voudrait à proprement parler dire le rêve quand on a peur de la mort,
40:38 c'est de durer. Ce n'est pas d'être éternel, ça veut dire quoi être éternel ? Ce qu'on se
40:44 représente en fait, si chacun sonde les représentations qu'on en a, ce qu'on imagine,
40:48 c'est une vie durable. Ça durerait, parce que ça, ça nous est familier. Le temps, c'est nous.
40:53 Ça, je verrai dans la deuxième partie. Voilà, est-ce que ça répond à peu près à ta question ?
41:03 Je me permets de tutoyer. Non, ne vous inquiétez pas, ça répond amplement à ma question. Merci
41:08 beaucoup, monsieur. Merci. Maintenant, c'est moi. Est-ce qu'on peut se tourner maintenant vers les
41:16 élèves de madame D'Ambrosio, s'il vous plaît ? Celui ou celle qui veut poser une question,
41:23 il faut venir ici pour qu'on vous entende dans l'ordinateur. Non, non, mais allez-y,
41:27 ne soyez pas… C'est à la bonne franquette. Il y a un élève qui vient là. Très bien, parfait.
41:42 Vous pouvez reprendre la place. Bonjour, vous avez une question, enfin, je regarde. Donc, c'est
41:55 par rapport au temps qui passe. Donc, moi, je me posais une question par rapport à la subjectivité
41:59 du temps, le temps qui passe. Est-ce qu'on peut parler de subjectivité du temps ? Par exemple,
42:03 quand on est, par exemple, en tant qu'élève dans un cours, quand on s'ennuie ou quand on est
42:08 captivé par le cours, est-ce qu'on peut penser que le temps passe plus vite alors que pourtant,
42:12 ça reste un cours d'une heure ? Et de même que quand on dit, par exemple, j'ai le temps,
42:18 j'ai le temps de faire ça, alors qu'en fait, non, on n'a pas le temps, c'est le temps qui nous a
42:22 plutôt, on aurait plutôt dit ça. Est-ce qu'on peut parler du coup d'une subjectivité du temps,
42:26 ou d'une objectivité ? Est-ce qu'on peut distinguer ces deux formes ? Alors, on remet là. Bon, là,
42:36 la question est excellentissime, évidemment. Mais ça, c'est la deuxième partie de mon
42:40 intervention. Donc, si vous me permettez, je veux bien suspendre ma réponse parce que c'est tout
42:46 l'objet de ce que je veux dire dans la deuxième partie. Mais c'est une introduction magistrale.
42:51 C'est quand même la bonne question. Peut-être juste un mot quand même pour ne pas vous laisser
42:55 quand même juste sur votre fin, juste un mot là-dessus. L'heure de cours, on s'ennuie. Ça
43:05 n'en finit pas. La trotteuse frappée soudain de corsitude. Vous voyez, elle y va doucement,
43:14 elle ne va pas y arriver. Bon, on se dit, ça va durer. Une minute, ça dure six ans,
43:19 pendant que le temps des vacances, on n'a pas vu passer. Plusieurs remarques à ce propos.
43:23 D'abord, l'ennui. L'ennui, c'est une sorte d'expérience du temps pur, du temps pur au sens
43:31 du temps de la durée. C'est-à-dire, qu'est-ce qui se passe dans le temps ? Il ne se passe rien
43:34 dans le temps de l'ennui. Justement, il ne se passe plus rien. C'est les temps morts. Mais
43:38 c'est dans les temps morts qu'on sent le temps, le temps en tant qu'il dure. En fait, l'ennui,
43:42 c'est l'expérience de la durée. Ça dure. C'est interminable. Ça n'en finit pas. Alors que le
43:50 temps des vacances ou le temps du cours captivant, c'est le temps où on ne voit pas passer le temps
43:55 parce qu'il s'y passe plein de choses. Là, c'est la succession qui nous dérobe le sens de la durée.
44:02 Donc, dans l'ennui, quand je m'ennuie en cours, c'est mon sens de la durée qui asphyxie mon sens
44:07 de la succession. Ça n'en finit plus. C'est interminable. Et au contraire, le temps des
44:12 vacances, je n'ai pas vu passer les deux mois d'été, et bien là, cette fois, c'est la succession,
44:17 la succession des temps forts qui me fait perdre le sens de la durée. Donc, c'est entre deux temps.
44:23 Mais pourquoi je veux dire ça ? Parce qu'on pourrait penser du coup que c'est psychologique.
44:26 Last Christmas. On est en plein dedans. On pourrait penser que ça, c'est psychologique et
44:39 qu'il y a une heure, c'est une heure et que ça, ce serait objectif. Bon, je ne vais pas trop développer
44:45 parce qu'il me faut du temps pour expliquer ça. Je le fais dans la deuxième partie. Mais quand
44:48 même, juste un mot comme ça. Le temps, la durée d'une heure de classe, soit disant, c'est une
44:53 heure et ça, et ça, c'est... Oui, mais même l'heure, c'est quoi une heure ? C'est prenant 60 minutes.
45:00 Ce n'est pas un fait qui est tombé du ciel. Donc, ça se construit, une heure. Une minute, plus une
45:07 minute qui font deux minutes, plus une minute qui font trois minutes, jusqu'à arriver à 60 minutes,
45:11 et voilà une heure. Donc, vous voyez bien que même une heure suppose la succession. Il faut
45:16 qu'on construise cette succession avec une unité de mesure qui peut changer. Ça peut être la seconde,
45:20 ça peut être la minute, ça peut être les atos secondes. J'ai vu que maintenant, il y avait
45:24 des atos secondes, moins de 18, puissance moins une seconde, moins de 18. Vous n'avez pas vu le prix
45:30 Nobel, le nouveau prix Nobel de physique, c'est lié aux atos secondes. Un milliard de milliardième
45:35 de seconde. Bon, mais ce temps qu'on appelle objectif, mais je m'en expliquerai après,
45:41 en réalité, il est quand même subjectif. Il est construit par une unité de mesure,
45:46 il faut bien quelqu'un qui arrive à produire ce résultat de 60 minutes, c'est une heure. Il n'y a
45:52 pas des heures qui se promènent dans le ciel des idées. Vous voyez ce que je veux dire ? Il faut
45:58 bien le construire. Si on ne construit pas le temps chiffré, il n'existe pas. Il est notre
46:04 produit. Il est notre produit collectif, d'accord ? Mais ce n'est pas parce que c'est collectif que
46:09 ce n'est pas subjectif. C'est universel, on peut dire que c'est un temps universel,
46:13 universellement partagé. Tous les hommes peuvent le construire ou le reconstruire,
46:17 oui mais par nous, par nous et pour nous. On n'a encore rien dit du réel quand on parle de ça.
46:23 Mais bon, ça j'en parlerai après. Merci beaucoup Guillaume. Je me tourne vers
46:28 madame Jacquemin, souhaitez-vous prendre la parole ou préférez la deuxième partie ?
46:33 Je remercie pour cette conférence, déjà avant tout, c'est très intéressant. J'étais en train
46:40 de m'interroger sur la perspective de l'animal. Est-ce que les animaux aussi ont une image de
46:47 l'espace qui dépend du temps nécessaire à les parcourir ? Et du coup, j'étais dans mes
46:52 recherches sur le fonctionnement de l'orientation chez l'abeille. Mais peut-être que vous avez
46:58 déjà réfléchi à ce sujet et vous auriez quelques éléments à nous apporter.
47:02 Oui, c'est effectivement une question que je me suis posée. Il y a plein d'exemples et c'est
47:11 très intéressant et on est amené à trouver le loup qui suit sa trace. On pourrait trouver
47:16 plein d'exemples qui montreraient une communauté. Mais moi, j'aurais une position de repli,
47:21 je dirais, de prudence critique où je dirais, comme j'ai dit pour les heures, les animaux et
47:29 la vie des animaux ne sont pas dans le ciel des idées en soi. C'est pour nous que nous nous
47:34 représentons les animaux avec souvent une bonne dose d'anthropocentrisme. Donc, je n'ai pas affaire
47:39 à l'animal lui-même. La réalité de l'animal, je ne sais pas ce que c'est. J'ai affaire à ma
47:43 représentation de l'animal. Et quand on dit qu'ils font ceci, enfin vous voyez, qu'on décode les
47:49 comportements des animaux, on ne peut pas faire abstraction du fait que c'est notre représentation
47:54 d'hommes des animaux. On ne peut pas s'extraire de notre subjectivité. Donc, j'aurais un repli prudent,
48:00 une prudence critique là-dessus. Mais c'est vrai qu'on a envie de trouver des champs d'application
48:06 dans le domaine animal, ça c'est sûr. Mais est-ce que c'est que ça y est en soi ou est-ce que
48:12 forcément comme c'est dans notre représentation, on y retrouve à l'extérieur ? J'aurais plutôt
48:17 tendance à penser ça quand même. Merci. Peut-être une dernière question avant la pause. Antoine,
48:23 est-ce qu'il y a des choses sur Twitch ou bien as-tu toi-même une remarque à faire ? Mais
48:32 peut-être, ça sera peut-être pour la deuxième partie. Mais Guillaume, vous évoquez l'histoire
48:39 du temps. Est-ce qu'on peut évoquer aussi le temps de l'histoire ? Quel est le temps de l'historien ?
48:45 Il est dans la diachronie, on est bien d'accord, c'est-à-dire qu'il va traverser les temps. Est-ce
48:52 qu'on peut pas dire que le récit de l'historien est un quatrième temps comme un quatrième espace ?
48:57 Je souris parce que le quatrième temps c'est mon prochain point qui commence mon grand deux,
49:06 mais c'est pas du tout celui-là justement. Donc non, moi je me représenterais le temps
49:11 de l'historien comme conjuguant les trois temps en fait, le temps du passé, donc la succession,
49:16 mais aussi la simultanéité puisque si on étudie ce qui se passe à la cour de Louis XIV, on regarde
49:21 ce qui se passe en même temps dans la paysannerie où vous voulez, et avec l'idée d'une durée,
49:28 le royaume de France qui dure pendant qu'il se passe des choses ici ou là. Donc je le laisserais
49:34 dans le temps de la succession en particulier, mais forcément relié aux deux autres. Merci.
49:42 Merci beaucoup Guillaume. Est-ce que les élèves de Varna voudraient bien attendre la deuxième
49:47 partie pour leurs questions ou est-il urgent de la poser maintenant ? Voulez-vous prendre la parole
49:54 maintenant rapidement ? Oui, merci beaucoup pour cette possibilité de participer aux discussions.
50:01 Nous avons deux questions. Si nous avons bien compris le temps comme durée fait passer les
50:11 choses et en même temps les rendent durables, donc tout ce qui change a une base durable dont on ne
50:19 pourrait pas être conscient sans être conscient de ce changement. Donc notre première question
50:27 est, pourrait-on alors parler en gros de deux temps, le temps comme succession changement et
50:34 le temps comme durée prolongement ? Oui, tout à fait. Absolument. Et en ajoutant la simultanéité,
50:43 on a les trois. Oui, c'est ça. Je ne sais pas si c'est ça, mais en tout cas, vous m'avez bien
50:49 compris. C'est ça que je voulais dire. Et la deuxième question, comment la perception du
50:57 temps comme succession et du temps comme durée change-t-elle dans la perception de l'art
51:05 contemporain, de l'art moderne ? Je n'ai pas compris la question. Dans l'art moderne ? Oui.
51:12 Est-ce qu'on retrouve dans l'art moderne, l'art moderne c'est vaste, mais oui, on le trouve au
51:21 cinéma. Mais là, je vous dirais juste une chose parce que c'est une chose à laquelle je tiens.
51:24 Par exemple, le cubisme de Picasso. En fait, quand on dit le cubisme, on croit que c'est une
51:30 déformation de l'espace. Pas du tout. C'est un art du temps. Pourquoi cubisme ? Parce qu'un cube,
51:36 quand vous regardez un cube, il a un nombre d'arrêtes, mais on ne voit jamais toutes les
51:40 arrêtes en même temps. Si vous voulez voir la totalité des faces du cube, vous pouvez faire
51:43 le tour. Donc, on voit les faces successivement les unes après les autres. Et pourquoi c'est
51:48 cubisme ? Parce qu'il déplie le cube pour se donner le spectacle de toutes les faces du cube
51:53 en même temps. Donc, en fait, il détruit la succession par la simultanéité. C'est un art
52:00 de l'en même temps. Et ce n'est pas une analyse pour rigoler. C'est très profond ce que je vous
52:05 dis. Pourquoi ? Parce qu'on comprend Picasso. On regarde ça bêtement, on dit « c'est monstrueux
52:09 et tout ». Pas du tout. Ce ne sont pas des représentations monstrueuses. Ce sont des
52:13 images amoureuses. C'est ça le rêve de l'amant, le rêve de l'amoureux. Bien sûr que la petite
52:19 mèche de trois quarts est irrésistible. Oui, mais le nez de face aussi. Et je ne les ai jamais en
52:26 même temps. Et bien, quand vous regardez par exemple de 1936 à 1945, Picasso fait toute une
52:33 série pendant ces neuf ans-là de Dora Maar. Et bien, c'est des portraits cubistes où il déplie
52:40 et donc on voit le nez de face, le surfil de trois quarts, la poitrine, vous voyez, un sein de face,
52:47 l'autre de côté, etc. Enfin, toute chose qu'on n'a jamais dans la perception naturelle et que la
52:52 magie de l'art cubiste nous donne en nous donnant la jouissance des faces de la personne aimée en
52:59 même temps, au lieu de ne les avoir que les unes après les autres successivement. C'est un art
53:06 du temps le cubisme, au sens de la simultanéité là pour le coup. Merci infiniment cher Guillaume.
53:12 Nous arrivons au terme de la première partie de cette leçon. Je remercie tous les collègues,
53:18 tous les élèves ici présents ainsi que la régie d'avoir été au rendez-vous. Le cours
53:25 sera disponible en vidéo d'ici quelques jours, mais également en podcast sur plusieurs plateformes.
53:31 Après une pause de deux, trois minutes, nous reprendrons la suite de cette réflexion sur
53:36 le temps dans tous ses états. Merci cher Guillaume.
53:39 Merci.
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54:05 Merci à tous !
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