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Conférence et échanges inter-lycéens franco-européens diffusés le 09/11/ 2023 sur la plateforme du Projet Europe, Éducation, École :
https://projet-eee.eu/diffusion-en-direct-564/

Agora européenne des lycées : programme 2023-2024 :
- https://projet-eee.eu/programme-de-lannee-2023-2024-11419/
- https://projet-eee.eu/wp-content/uploads/2023/10/EEE_Agora_europeenne_des_lycees_2023-2024_Presentation.pdf
Cours en vidéo classés par thèmes :
https://projet-eee.eu/cours-classes-par-themes/
E.E.E. sur Dailymotion : http://www.dailymotion.com/projeteee
Podcast du Projet EEE :
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https://www.deezer.com/fr/show/634442
Transcription
00:00 Bonjour à tous, soyez les bienvenus sur la plateforme du projet Europe Éducation à
00:20 l'école qui, ce matin, consacre beaucoup de temps à la question du rapport entre la
00:27 démocratie et la science et l'équipe du projet, Jean-Luc Gaffard, Antoine Châtelet,
00:34 professeur de philosophie au lycée Jean-Pierre Vernon et moi-même, nous avons l'honneur
00:38 et le plaisir d'accueillir madame Florence Robine, ambassadrice de France en Norvège,
00:44 qui propose aux élèves de Pleven en Bulgarie, de Varna, de Banská Bystrica en Slovaquie
00:52 et puis à tous ceux qui suivront son exposé en différé, à la fois une réflexion mais
00:58 aussi l'occasion d'échanger ensemble sur ce qui est très très important, la naissance
01:06 de la raison, qu'elle soit dans sa dimension scientifique, dans sa dimension philosophique
01:12 ou dans sa dimension politique, c'est absolument important.
01:15 Je n'ose pas trop insister là-dessus mais c'est un de nos objectifs majeurs, très
01:23 modeste mais ô combien important me semble-t-il que nous nous écoutions les uns les autres
01:29 et que nous prenions du temps à confronter nos points de vue et à nous écouter avec
01:34 respect.
01:35 Madame l'ambassadrice, je vous cède la parole avec beaucoup d'attention.
01:39 Merci.
01:40 Merci beaucoup.
01:41 Je souhaite vraiment qu'on ait l'occasion d'échanger avec les élèves sur ces questions
01:48 importantes parce que nous vivons évidemment des moments politiques dans le monde qui sont
01:55 complexes, qui sont difficiles avec le retour de la guerre en Europe depuis maintenant,
02:08 d'agressions russes sur l'Ukraine.
02:11 Comme vous le savez, les conflits qui explosent et qui éclatent un peu partout, au Moyen-Orient
02:20 de manière aussi extrêmement dure et complexe.
02:24 Et de la manière dont les démocraties réagissent à cela, nous avons vu aussi la manière
02:31 dont la démocratie a été quand même un petit peu secouée, je dirais même pendant
02:35 la crise du Covid avec toute cette discussion extrêmement dure d'une certaine façon et
02:42 ces campagnes de désinformation, ces horribles complots qui sont derrière et qui mettent
02:49 à mal finalement le contrat démocratique dans nos sociétés, qui montre que c'est
02:54 citoyen les uns contre les autres.
02:56 Et puis, je voudrais redire que nous sommes à une époque, nous le disons souvent, et
03:04 c'est important, c'est une des choses sur lesquelles nous travaillons beaucoup, je
03:09 pense politiquement et de manière diplomatique, de guerre hybride, c'est-à-dire où la question
03:15 de l'information, la manipulation de l'information, la manipulation des cerveaux, je dois le dire,
03:22 est un des éléments de la guerre que peuvent se viderer les États et singulièrement les
03:30 dictatures contre les démocraties parce qu'il y a une vulnérabilité des démocraties sur
03:34 ce sujet.
03:35 À cet égard, j'ai travaillé également dans la diplomatie il y a quelques années,
03:43 donc je sais qu'il y a un devoir de réserve, mais les événements et les deux guerres,
03:48 enfin trois guerres assez terribles qui se passent en ce moment en Ukraine, en Palestine
03:56 et en Érythrée, comment pensez-vous que nous puissions régler ces problèmes de désinformation
04:05 et de guerre hybride à cet égard, contre la guerre de sang et la guerre terrible des
04:10 bombes et des avions ?
04:11 C'est vraiment un objectif essentiel sur lequel tout le monde travaille.
04:21 Je dirais par exemple que l'OTAN a bien pris la mesure de ces choses-là et évidemment
04:28 la guerre tactique, la guerre conventionnelle est revenue sur le terrain.
04:34 On l'a vu en Ukraine, on l'avait peut-être un peu oubliée, mais personne ne néglige
04:40 aussi cette guerre informationnelle, comme je le disais, et n'oublions pas aussi les
04:45 cyberattaques et tout ce qui va avec.
04:49 Donc c'est un panel de solutions qui s'offre à nous et je dirais presque que la chose
04:55 la plus compliquée c'est justement de lutter contre cette désinformation et ces manipulations
05:00 parce que là ça attaque directement les cerveaux et il n'y a pas de contre-missile
05:05 facile finalement et de défense aérienne qui puisse directement attaquer ces éléments-là.
05:11 Et donc il faut se vacciner d'une certaine façon.
05:16 Il n'y a guère que le vaccin qui est le fait d'être préparé en amont à cette
05:23 déstabilisation et d'avoir finalement une colonne vertébrale suffisamment forte dans
05:29 nos sociétés pour être capable justement de ne pas céder à la première manipulation
05:34 venue, de ne pas considérer que c'est parole contre parole, d'être capable justement
05:40 d'avoir une stratégie qui nous permet un temps soit peu de savoir à qui se fier, suivant
05:48 quelle méthode et à quoi se fier.
05:52 Je reviens à la question initiale qui est comment est-ce que chacun d'entre nous peut
05:57 savoir à qui il doit faire confiance et comment administrer finalement ce qu'il pense.
06:03 C'est une des choses sur lesquelles nous devons tous nous former et principalement
06:08 c'est le rôle fondamental de l'éducation, peut-être le plus important, apprendre à
06:14 comprendre comment nous fonctionnons, comment notre cerveau fonctionne, à se méfier de
06:21 nous-mêmes et à s'éduquer pour résister à tout ça.
06:26 C'est d'autant plus difficile, je dis que ces attaques sont multiples, qu'elles
06:30 viennent de toutes parts, que la profusion de l'information qui est à notre disposition
06:36 qui pourrait être un élément démocratique de cette et aussi un élément de faiblesse.
06:42 Voilà, c'est certainement le point essentiel sur lequel les démocraties travaillent ensemble,
06:49 mais nous avons… voilà, c'est un élément délicat.
06:53 Merci madame.
06:54 Et c'est peut-être à la jeunesse de réagir et de répondre à vos vœux les plus chers.
07:01 Oui, pour savoir si vous partagez mon inquiétude sur ce plan-là, si vous vous rendez compte
07:07 qu'il y a une difficulté autour de ce sujet et comment vous-même vous abordez cette question.
07:13 C'est une chose qui m'intéresse beaucoup.
07:15 Peut-être pourrions-nous nous tourner vers Banska Vestritsa, puisque nous n'avons pas
07:22 eu le temps de prendre vos questions dans la première partie du programme.
07:25 Souhaitez-vous vous exprimer, éventuellement poser une question à madame la Vassarvritsa.
07:33 Madame Belanova, merci d'être avec nous.
07:36 Activez votre micro.
07:37 Je vous cède la parole et je vous écoute.
07:39 D'abord, on veut bien s'excuser parce que pour la fin de la conférence, en fait, notre
07:44 connexion a été interrompue.
07:46 Donc, si les questions que nous allons poser vont être répétitives, on s'excuse d'avance
07:50 parce qu'on ne les a pas entendues du tout.
07:52 Alors, je laisse la parole à Mauricia.
07:56 Alors, bonjour.
08:04 Je m'appelle Helena.
08:05 Tout d'abord, je voudrais vous remercier pour votre présentation.
08:12 C'était vraiment incroyable pour nous.
08:15 Mais j'ai une question concernant le progrès scientifique, car vous avez dit, si j'ai
08:25 bien compris, que dans le domaine du progrès scientifique, il faut y avoir une autorité
08:33 naturelle, mais en même temps, il faut le poser à sa juste part.
08:39 Et je voudrais vous demander à qui devrait appartenir ce droit de décider à quel rythme
08:46 et dans quelle direction devrait évoluer cette recherche scientifique, puisqu'on y
08:55 voit un possible conflit d'intérêts, par exemple, entre des scientifiques et des gouvernements.
09:02 Merci.
09:03 Merci beaucoup.
09:04 C'est une super question.
09:08 Vraiment passionnante et difficile.
09:12 C'est pour ça qu'elle est bonne d'ailleurs, cette question.
09:15 Parce qu'effectivement, ce que j'ai vraiment voulu dire, c'est qu'il faut distinguer
09:21 les avancées conceptuelles de la science.
09:24 La physique quantique, elle avance.
09:27 Et elle ne s'occupe pas dans un premier temps de savoir si à partir de là, on va faire
09:32 des ordinateurs quantiques, de la cryptographie quantique et des choses comme ça.
09:37 Vous voyez ce que je veux dire.
09:38 L'informatique, elle avance et ne s'occupe pas dans un premier temps complètement de
09:42 savoir comment l'intermédiance artificielle sera éventuellement capable de devancer le
09:49 cerveau humain et de prendre des décisions à la place du cerveau humain.
09:53 C'est ça que j'ai voulu dire.
09:55 Et donc là, vous avez totalement raison.
09:56 Et ce que j'ai voulu souligner aussi, c'est qu'en fait, pour autant, la science ne peut
10:05 pas décider de tout ce qui arrive dans la société parce que ces avancées scientifiques,
10:12 elles ont des conséquences pratiques, sociétales sur notre vie de tous les jours et sur la
10:19 cohésion de la société.
10:20 Et donc, il y a des décisions à prendre, vers où on veut aller et jusqu'où on veut
10:27 aller.
10:28 Par exemple, sur les questions de génétique, on va être capable de plus en plus d'aller
10:32 vers ce qu'on appelle la thérapie génique, c'est-à-dire de manipuler peut-être directement
10:37 les gènes de l'être humain pour, y compris dans l'embryon, modifier un tout petit peu
10:47 les gènes pour qu'une maladie qui devrait se déclarer ne se déclare pas.
10:52 Au bout du compte, vous voyez, quand on voit une prédisposition à certains types de maladies,
10:56 des cancers, stéroses en plaques, je ne sais plus, etc.
11:01 La science, elle vous dira "je suis capable de le faire", mais est-ce qu'il faut le
11:06 faire ? Et ça, dans une société démocratique, c'est quand même à la société dans son
11:13 ensemble de prendre cette décision, de prendre ses responsabilités.
11:16 Le rôle de l'expert, c'est de mettre ses connaissances à disposition et là-dessus,
11:22 il faut quand même le dire, le citoyen n'a pas son mot à dire.
11:24 On ne doit pas, par exemple, excusez-moi, mais on ne va pas faire un référendum pour
11:29 savoir si on est pour ou contre la loi de la gravitation de Newton.
11:33 Vous voyez, la loi de la gravitation, elle s'impose à nous, que vous soyez d'accord
11:39 ou pas d'accord, elle est là, elle s'impose.
11:41 Et c'est ce que l'expert vous dit.
11:43 Maintenant, ce qu'on en fait après, ça c'est à vous de le décider.
11:47 Mais pour en pouvoir le décider, encore faut-il avoir une juste compréhension de cet ensemble-là.
11:53 C'est là où c'est difficile.
11:54 Ça veut dire que, or, dans les premiers stades de la science, je pense que tout le
12:00 monde est à peu près capable de comprendre de quoi il s'agit et de prendre des décisions
12:04 éclairées.
12:05 Plus la science avance, plus ça devient difficile parce qu'il n'y a plus beaucoup d'êtres
12:09 humains sur Terre qui sont capables de comprendre à l'heure actuelle ce qui se passe, je le
12:15 redis, en physique quantique ou en génétique ou sur le plan de l'intelligence artificielle.
12:21 Non.
12:22 Je veux dire, il faut avoir un tel niveau scientifique pour le comprendre complètement que ce n'est
12:32 plus possible.
12:33 Donc comment on fait ? Là, on en revient à ce que je disais, c'est-à-dire qu'à
12:36 un moment donné, il faut quand même arriver à savoir qu'on ne peut pas tout réinventer
12:40 soi-même et donc il faut faire confiance à un certain nombre d'experts.
12:44 Il faut avoir une méthodologie pour être capable de savoir à qui on fait confiance
12:49 et à qui on ne fait pas confiance.
12:51 Donc la question des sources est essentielle.
12:54 Et à partir de là, il faut avoir un processus démocratique qui soit capable en prenant
13:01 acte de ce que les experts nous disent de définir vers quoi on veut aller, sans manipulation,
13:08 sans outrance, etc.
13:09 Vous voyez la complexité.
13:11 Mais je pense que le dernier mot dans une société démocratique, elle doit être au
13:16 citoyen, mais ça ne peut se faire vraiment que si on est dans un contexte où on dispose
13:23 de la confiance qui nous permet d'avoir des bases solides et du processus démocratique
13:29 non perverti qui nous permet aussi d'exprimer nos choix.
13:32 L'un des problèmes que je vois, c'est que tout ça va malheureusement très vite
13:40 parce que si vous mettez 10 ans à vous décider sur qu'est-ce qu'on va faire de l'intelligence
13:45 artificielle, le temps que vous preniez votre décision, elle aura été multipliée par
13:51 10, par 100, par 1000, par je ne sais combien.
13:53 Et la question que vous vous poserez, elle aura été résolue depuis longtemps.
13:57 C'est là où ça devient extrêmement compliqué.
14:01 Je n'ai pas la solution, sinon j'aurais été déjà mis dans un panthéon et encadré
14:07 quelque part, donc ce n'est vraiment pas le cas.
14:09 Je n'ai pas la solution.
14:10 Je veux simplement tirer la sonnette d'alarme pour dire attention, les choses vont très
14:16 vite et le décalage entre le citoyen et les choix politiques qu'il y a à faire devient
14:23 de plus en plus grand.
14:24 Il y a un certain nombre de sociétés, dictatures, des autocraties qui ont résolu le problème
14:29 de façon beaucoup plus simple.
14:30 Ne vous en occupez plus, ne vous menez plus de ces choses-là qui sont trop compliquées
14:33 pour vous.
14:34 Nous, on y va et on décide.
14:37 Merci beaucoup madame.
14:39 Est-ce que Elena, vous avez peut-être encore une remarque à faire si vous voulez ?
14:44 Quelle est votre opinion à vous sur le sujet ? Comment vous voyez les choses ? Comment
14:49 vous voyez votre rôle, votre participation ? Comment vous vous projetez dans ce monde
14:55 auquel vous allez vivre beaucoup plus longtemps que moi encore ?
14:59 Je dois dire que je partage votre opinion mais en même temps, je ne suis pas encore
15:09 assez orientée dans une problématique.
15:11 Je ne sais pas si mon opinion serait si valide.
15:14 Mais en même temps, je ne suis pas sûre si la décision finale devrait être apprise
15:25 par les citoyens ordinaires car nous sommes tous des êtres humains qui sont… les réactions
15:35 desquelles sont basées sur les émotions.
15:37 Alors si vous, par exemple, observez le comportement de masse, vous pouvez remarquer qu'il y
15:44 a certains patterns, certains systèmes, certains mécanismes qui fonctionnent toujours.
15:51 Alors j'ai un peu peur que les décisions si importantes pourraient par exemple être
16:05 maltraitées, non, manipulées, mais vraiment, comment on puisse prendre une mauvaise décision.
16:17 Je comprends parfaitement ce que vous dites et ça pose la question fondamentale, juste
16:23 quand je vous redis, de la démocratie.
16:26 Après, la démocratie telle que nous la consommons, c'est quand même aussi une démocratie
16:30 représentative, c'est-à-dire qu'on dérègle une partie de notre pouvoir à divers échelons.
16:35 On n'est pas tout le temps en train de faire des référendums sur tout et n'importe quoi.
16:41 C'est aussi justement cette gestion de la confiance, le fait qu'on élise certains
16:47 représentants dont on estime qu'ils sont plus qualifiés que la masse de la population
16:53 pour avoir les informations en temps réel et prendre les bonnes décisions, sachant
16:58 qu'ils doivent rendre compte au peuple de ces décisions-là.
17:00 Donc ce mécanisme-là, il peut être à divers niveaux, mais au bout du compte, le fait
17:05 de devoir rendre compte au peuple de ses décisions est quand même un des éléments fondamentaux
17:11 de la démocratie.
17:12 Et ça veut dire qu'on doit être capable de justifier et d'expliquer la démarche
17:16 qui nous a conduits à prendre ces décisions.
17:19 C'est ça qui est intéressant.
17:20 C'est ça qui est intéressant dans le mécanisme, je crois.
17:23 Bien sûr, mais en même temps, un petit remarque.
17:29 Vous avez les gens qui nous donnent ces informations.
17:33 Alors, ces gens sont des acteurs qui ont leurs propres intérêts.
17:38 Alors, vous avez ce facteur que, par exemple, un scientifique peut, je ne sais pas, juste
17:47 continuer dans sa recherche, mais on a la question, est-ce que vraiment cette recherche
17:55 pouvait apporter quelque chose de bon à l'humanité?
18:02 Alors, je ne sais pas comment approcher cette problématique, car tout le système peut
18:13 être très facilement manipulé.
18:15 Vous savez que ce sont des questions existentielles que les scientifiques se posent depuis l'origine.
18:23 Et par exemple, la question de la physique atomique, je pense, en donne un bon exemple.
18:28 Quand on a commencé à travailler sur l'atome, le fonctionnement de la matière, les premiers
18:37 travaux d'Einstein, de ce point de vue-là, vous savez que la manière dont les choses
18:45 ont évolué, ça peut aussi bien évoluer vers les travaux qui ont donné l'énergie
18:51 nucléaire relativement propre, sécure, je dois le dire, et qui permet d'envisager
18:59 de la vie, de toute façon, à mon avis, assez tranquille.
19:02 Et puis, évidemment, les bombes atomiques et ce qu'on a connu dans la Deuxième Guerre
19:07 mondiale, ce sur quoi, à une époque, Einstein lui-même avait tiré la sonnette d'alarme.
19:13 La science, elle ne peut pas avancer en se préoccupant, c'est mon opinion, ce que je
19:19 vous dis là, c'est pas une vérité, la science ne peut pas avancer en se préoccupant
19:24 de toutes les applications possibles et imaginables de ce qu'elle est en train de trouver.
19:27 Il faut qu'il y ait une certaine liberté du chercheur, qui lui permette d'explorer
19:32 et comprendre le monde, parce que je ne crois pas qu'en tant que tel, il y ait de bonnes
19:38 ou de mauvaises connaissances.
19:40 Il y a la connaissance, le désir de connaissance qui est fondamental dans l'être humain,
19:48 et ensuite, il y a ce qu'on en fait.
19:49 Et là-dessus, il faut qu'il y ait un regard, effectivement, citoyen et intelligent sur
19:56 les applications possibles et morale.
19:59 Mais la science en elle-même, elle ne peut pas être morale, moi je ne le crois pas.
20:03 Et par contre, qu'il y ait un regard moral sur ce qu'on en fait, sur les applications
20:07 qu'on développe, ça me semble absolument essentiel.
20:12 Donc voilà, c'est un chemin qui est un peu compliqué et un peu étroit, et là encore,
20:21 le contrôle démocratique devient absolument essentiel.
20:23 Et ce que les scientifiques demandent, c'est qu'on les laisse justement chercher un peu
20:27 librement sans avoir un contrôle politique dessus, mais par contre, qu'on garde ceci
20:34 à un niveau qui doit être le sien et ne pas décider de la manière dont on peut l'utiliser
20:42 par la suite, ce qui n'est pas simple.
20:45 Vous l'avez dit vous-même très bien.
20:47 Merci à Héléna en particulier pour sa contribution.
20:54 Est-ce que je peux donner la parole de nouveau aux élèves du lycée de Varna, si ma mémoire
21:03 est bonne, lycée 4, Joliot-Curie, des élèves de Madame Ratka, s'il vous plaît, Stavkova.
21:11 Voulez-vous prendre la parole ? A Varna, s'il vous plaît.
21:21 Non, il y a encore une question.
21:23 A Banska Bestrica.
21:26 Allez, on continue avec la Slovaquie.
21:30 Votre micro.
21:31 Oui, merci bien.
21:32 Je m'appelle Haku Malko.
21:34 Ma question est suivante.
21:36 Est-ce que vous pensez que ce déclin de la démocratie a quelque chose à faire avec
21:43 la crise des valeurs ?
21:44 Vous entendez quoi par la crise des valeurs ? Dites-moi un peu plus.
21:51 Que les gens ne sont plus tellement pressés à travailler dur physiquement peut-être
21:58 ou métallement, ce n'est pas important, mais qu'ils peuvent trouver des chemins, on peut
22:04 dire, plus courts ou des demi-roues, où après c'est plus facile pour eux de gagner de l'argent,
22:11 gagner de leur vie, être… avoir la vie bien confortable.
22:18 Mais ils ne doivent pas, par exemple, produire des produits ou quand on parle des scientifiques,
22:29 donc ils doivent trouver de nouvelles choses, etc.
22:32 Mais il y a des gens qui peuvent justement aller sur Internet, acheter des actions, des
22:37 entreprises, puis les vendre et comme ça.
22:41 Et ils ne doivent faire presque rien pour la société.
22:45 Est-ce que vous voyez ?
22:48 Oui, je comprends très bien ce que vous disiez.
22:49 En fait, ce que vous me parlez, c'est de l'explosion de l'individualisme d'une certaine façon,
22:54 c'est-à-dire le fait que les gens pensent plus à eux que au bien-être global.
22:59 C'est un petit peu ça, je pense.
23:02 Je pense que c'est quelque chose qui est un peu inhérent à l'âme humaine.
23:09 Je pense que les êtres humains sont fondamentalement, effectivement, individualistes.
23:15 Ils pensent d'abord à eux, puis ils pensent à leur famille, puis ils pensent à leurs amis.
23:20 Ils résonnent par cercles concentriques comme ça.
23:24 Et donc, c'est justement le rôle de l'éducation que de travailler à lutter un peu contre la
23:31 nature humaine en gardant les meilleurs aspects et en essayant de montrer que l'intérêt
23:36 de l'homme passe aussi par la construction sociale.
23:39 En fait, c'est quand même comme ça que l'humanité a progressé quand on a été capable de faire
23:43 société, de travailler globalement pour le bien commun, parce que quelque part, ça
23:50 permettait à chaque individu aussi de vivre mieux, que la société humaine a progressé
23:57 de manière importante.
23:59 Donc ça, c'est quelque chose, je pense, qui est à démontrer aussi tous les jours,
24:03 parce qu'effectivement, je crois que le capitalisme effréné, non régulé, a évidemment conduit
24:17 à une désillusion extrêmement violente, a conduit à des inégalités qui sont croissantes
24:22 dans le monde.
24:24 Et que ça, c'est destructeur, effectivement, de la qualité du vivre ensemble et de notre
24:30 capacité à travailler les uns pour les autres et à être solidaires.
24:36 Donc, il faut une régulation aussi de notre société.
24:42 Vous voyez ce que je veux dire ? Et ça, on le voit bien avec la crise climatique, d'une
24:50 certaine façon.
24:51 Il va falloir qu'on arrive à imposer, y compris aux grandes sociétés mondialisées,
24:57 un certain nombre de règles qui, tout en n'empêchant pas la croissance, les échanges
25:05 commerciaux, etc., permettent quand même aux êtres humains d'envisager l'avenir de
25:11 manière un peu plus sécurisée, en ayant l'assurance que nos enfants et nos petits-enfants
25:17 vont pouvoir vivre sur notre planète.
25:22 Donc, ces questions-là de régulation et de force du collectif pour rappeler quand
25:28 même que ces éléments sont essentiels, oui, je crois que ça fait partie du défi
25:33 que nous avons à relever.
25:38 Parce que dans les dictatures et les autocraties, finalement, le message est beaucoup plus simple.
25:44 Ces règles, elles sont imposées.
25:46 Ne croyez pas non plus que ça se fait au profit…
25:49 Enfin, le discours, il est là.
25:51 Tout ça, c'est pour votre bien, Mesdames et Messieurs.
25:54 Au bout du compte, c'est quand même aussi captif pour un certain nombre d'individus.
25:59 Simplement, c'est déguisé dans un discours qui est beaucoup plus listé, qui est beaucoup
26:05 plus régulé, manipulé, etc., et qui s'impose à tout le monde.
26:10 Donc, nous, c'est notre talon d'achille, en fait, que cette diversité d'opinions,
26:16 de façons de faire, etc., qui fait qu'on a du mal à imposer le bien public, le bien
26:22 commun, de façon simple.
26:24 Mais je crois que c'est possible, et que c'est un combat de tous les jours.
26:27 C'est un combat de tous les jours à rappeler, et que là encore, ça passe par…
26:34 Ces valeurs, elles doivent être construites depuis le plus jeune âge, et il faut que
26:38 les gens en voient aussi l'intérêt pour eux-mêmes, évidemment.
26:41 Et ça, c'est une responsabilité politique.
26:45 C'est vraiment…
26:47 D'accord, merci.
26:48 Mais vous voyez que, par exemple, avec la crise climatique, on voit que c'est un souci
26:55 qu'il faut travailler pour trouver la solution, mais très vite.
27:00 Et on ne peut pas juste attendre que la jeunesse va devenir adulte.
27:07 Donc, je pense qu'il y a aussi des autres démarches qu'il faut faire, du côté des
27:13 gouvernements, mais aussi des autres sections de la société, qui doivent contribuer à
27:21 améliorer la situation.
27:24 J'avais une petite…
27:26 C'est pas une question, une solution.
27:28 Est-ce que vous pensez que peut-être faire une sorte de…
27:34 C'est pas une manipulation, mais plutôt d'expliquer des faits scientifiques plus
27:41 souvent dans la télévision, dans les médias, etc., pour peut-être changer l'opinion du
27:48 public.
27:49 Donc, après, je pense que ça peut aider.
27:52 Parce que si on va juste attendre, on va attendre.
27:55 Donc, après, ça peut être autre chose.
27:58 Vous avez archi raison, évidemment.
28:00 Ce que je veux vous dire, c'est qu'honnêtement, les sciences et les scientifiques et les
28:05 ingénieurs ne m'attendent pas.
28:07 Moi, je suis dans un pays en Norvège qui est très à la pointe de la transition énergétique,
28:12 par exemple, où la France et la Norvège travaillent énormément sur la question…
28:20 Voilà, par exemple, une chose que je trouve absolument extraordinaire et formidable,
28:26 c'est que vous savez que l'un des problèmes, c'est évidemment les émissions de CO2
28:31 dans l'atmosphère.
28:33 C'est ça qui est en train véritablement d'être la cause principale du changement
28:38 climatique.
28:39 Or, si le développement industriel fait qu'on a un certain nombre d'entreprises
28:43 qui, de toute façon, fabriquent du CO2, alors on peut faire en sorte de diminuer les émissions
28:50 de CO2 pour chaque entreprise.
28:52 Mais il y a une part qui sera toujours émise et on travaille sur le fait d'être capable
28:59 de capturer le CO2 qui est émis par ces entreprises, de le liquéfier, de le transporter et de
29:05 l'injecter sous le niveau du fond sous-marin dans la mer du Nord, à plus de 2 km de profondeur,
29:15 dans des couches géologiques qui sont assez hermétiques, et donc de piéger…
29:20 [Silence]
29:30 [Inaudible]
29:58 Ça nous permettra dans 10 ans, dans 20 ans, de vivre beaucoup mieux.
30:04 Et là, c'est du choix politique.
30:05 Et ce choix politique, les politiques ne le feront que s'ils arrivent à convaincre
30:09 les opinions publiques.
30:10 Et ça rejoint à ce que vous dites, ça veut dire qu'il faut éduquer la population,
30:14 il faut mettre à sa disposition les connaissances et il faut aussi que la population soit suffisamment
30:20 éduquée pour être capable de dire "OK, là, il y a des paroles d'experts qui sont
30:25 avec des articles scientifiques, des choses qui ont été étayées, etc.
30:28 Donc ça, je peux y faire confiance."
30:30 Et à partir de là, on peut prendre des décisions, on peut avoir confiance, penser que les choses
30:34 vont avancer.
30:35 C'est toute cette construction mentale qu'il faut faire.
30:38 Et oui, ça passe par plus de sciences, mais pas que de la science.
30:42 C'est ce que j'ai voulu un peu dire dans mon exposé.
30:44 Ce n'est pas seulement en faisant des cours, pourtant je suis une physicienne de formation,
30:48 donc j'adore la physique, mais ce n'est pas seulement en faisant des cours de physique
30:51 qu'on va y arriver.
30:52 C'est en faisant aussi de la philosophie, c'est aussi en réfléchissant, c'est en
30:58 apprenant à penser et à maîtriser d'une certaine façon ces émotions pour être capable
31:06 d'avoir une vision lucide de la manière dont notre cerveau fonctionne et dont la société
31:10 fonctionne.
31:11 C'est ça que je trouve essentiel.
31:14 D'accord, merci.
31:15 Merci, Madame l'ambassadrice.
31:16 Est-ce que nous avons le temps pour une dernière question ?
31:20 Toute petite, juste le temps de dire au revoir parce qu'il faut que j'en aille.
31:24 Est-ce que les élèves de Pleven voudraient intervenir s'il vous plaît, très rapidement ?
31:31 Très rapidement, nous avons une petite question à Marty.
31:39 Allez-y.
31:40 En ce qui concerne, il va intervenir, il va poser la question, il va dire son opinion
31:49 sur l'intelligence artificielle.
31:51 Ah super, j'aurais adoré qu'on ait du temps pour parler de ça, c'est un des sujets
31:56 qui me fait plaisir.
31:58 Je vous écoute.
31:59 Je suis pour l'intelligence artificielle parce que de nos jours, être humain et machine
32:07 génère des données plus vite qu'une humainement possible.
32:12 Je l'ai absorbée et je l'ai interprétée pour prendre des décisions complexes.
32:19 Mon question pour vous, est-ce que vous pensez que l'intelligence artificielle peut avoir
32:26 un gouvernement ?
32:28 Peut avoir un gouvernement.
32:33 Un gouvernement, qu'est-ce que vous voulez dire par là ?
32:36 Est-ce que vous voulez qu'il y ait un gouvernement qui soit entièrement dirigé par l'intelligence
32:42 artificielle, que ce soit l'intelligence artificielle qui gouverne ?
32:45 Oui, oui c'est ça.
32:47 Où ? Où ? Où ? Au secours.
32:51 Je pense que tout est possible.
32:53 L'humanité est tellement folle que tout est possible.
32:57 Je ne suis pas sûre que ce soit souhaitable.
32:59 Mais par contre, que l'intelligence artificielle ait de plus en plus de poids dans notre société
33:06 et y compris prenne un certain nombre de décisions à notre place parce que volontairement, et
33:11 c'est peut-être ça qui est le plus passionnant, intéressant et dangereux, parce que volontairement
33:17 nous aurons décidé de déléguer à l'intelligence artificielle un certain nombre de responsabilités
33:26 et de notre liberté, oui je pense que ça peut arriver.
33:30 Je pense que même chaque individu est en train d'aller un petit peu vers ça.
33:34 Les intelligences artificielles deviennent de plus en plus fortes, vous le savez, et
33:40 réfléchissent plus vite et mieux que nous pour un certain nombre de sujets, et qu'on
33:45 va finir par se convaincre que finalement, voilà, elle va mieux parler que nous, elle
33:51 va répondre et elle va mieux penser que nous sur un certain nombre de domaines.
33:55 Et tout c'est d'arriver à garder ça dans des domaines où je pense qu'elle travaillera
34:03 mieux que nous.
34:04 Regardez les progrès incroyables qu'est en train de faire la médecine grâce à l'intelligence
34:09 artificielle, le diagnostic par exemple sur les cancers, sur un certain nombre de maladies,
34:14 mille fois mieux que ce qu'un médecin peut faire.
34:16 Mais est-ce qu'à un moment donné, on lui déléguera l'intégralité de cette liberté,
34:21 de cette responsabilité, ou est-ce que l'humain gardera une part du contrôle ? Je pense
34:26 que toute la question est là et que je n'ai pas la réponse parce que je ne suis pas assez
34:31 spécialiste de ça, mais que c'est certainement l'un des points sur lesquels on devrait
34:35 tous ensemble réfléchir et se prémunir.
34:38 J'espère que vous aurez l'occasion d'en discuter, je serai ravie d'y assister.
34:43 Merci infiniment, Madame l'ambassadrice.
34:46 Je suis ravie de saluer Pleven et de saluer évidemment tous les élèves avec qui j'ai
34:52 eu le bonheur de discuter.
34:53 Merci.
34:54 Et d'Astrovakia, par contre, qui est un lieu que je ne connais pas.
34:56 C'était un plaisir de vous avoir entendus.
34:58 Merci.
34:59 Est-ce que hors antenne, je pourrais vous dire un petit mot, Madame l'ambassadrice ?
35:01 Avec plaisir.
35:02 Merci.
35:03 Nous arrivions donc au terme de ce programme.
35:04 Merci à notre invitée, Madame Florence Rovin, ambassadrice de France en Norvège,
35:10 à tous les élèves de Varna, de Banskavistriza, de Pleven et bien évidemment toute notre
35:18 équipe, Jean-Luc Gaffard, Antoine Châtelet.
35:21 Merci au lycée Jean-Pierre Vernon à Sèvres de nous avoir de nouveau reçus ce matin pour
35:26 ce programme disponible très rapidement en vidéo et en podcast.
35:30 Merci.
35:31 Merci.
35:32 Merci.
35:34 Merci.
35:36 Merci.
35:38 Merci.
35:40 Merci.
35:42 Merci.
35:44 Merci.
35:46 Merci.
35:48 On est à 7 et demi pour le fascade vers Z,
35:51 on nous pose des questions...
35:54 On va faire fort, on va mais plus fort,
35:57 on va faut se massacrer mais...
35:58 on va se feminiser un peu comme au quad

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