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Cours et échanges inter-lycéens franco-européens diffusés le 17/10/ 2024 sur la plateforme du Projet Europe, Éducation, École :
https://projet-eee.eu/diffusion-en-direct-564/

Dossier pédagogique : https://projet-eee.eu/wp-content/uploads/2024/10/eee.24-25_La_diplomatie_climatique_ROBINE_Florence.pdf

Agora européenne des lycées : programme 2024-2025 :
- https://projet-eee.eu/wp-content/uploads/2024/10/Agora_europeenne_des_lycees_Programme_2024-2025.pdf

Cours en vidéo classés par thèmes :
https://projet-eee.eu/cours-classes-par-themes/
E.E.E. sur Dailymotion : http://www.dailymotion.com/projeteee
Podcast du Projet EEE :
https://soundcloud.com/podcastprojeteee
https://www.deezer.com/fr/show/634442
Transcription
00:00Bonjour à tous, soyez les bienvenus sur la plateforme du projet Europe éducation école
00:21qui est implanté au lycée Jean-Pierre Vernon à Sèvres et qui ce matin a l'honneur et le
00:29plaisir d'accueillir donc madame Florence Robin, ambassadrice de France à Oslo pour une réflexion
00:37d'environ une heure et demie, deux heures sur l'importance du changement climatique. Nous
00:44avons le plaisir mais exceptionnel de partager ce programme avec beaucoup de lycées à Moscou,
00:51à Blagojevgrad, à Grenoble, à Jakarta, à Quimper, à Bamako évidemment et la meilleure façon en
01:03quelque sorte pour moi sur ma vive reconnaissance à vous tous c'est de le dire, de demander à madame
01:11Martorelle, proviseure du lycée Jean-Pierre Vernon de vous accueillir tous parce que nous
01:16avons notre certificat de naissance dans cet établissement depuis une vingtaine d'années,
01:23l'administration du lycée nous soutient, supporte, encourage et je tenais à ce que madame Martorelle
01:30vous accueille tous. Chère madame la parole est à vous. Votre micro s'il vous plaît.
01:37Le micro s'il vous plaît madame Martorelle. Désolé madame nous allons patienter un petit peu,
02:03vous prendrez la parole tout à l'heure. Je me tourne maintenant vers le lycée Liberté à Bamako,
02:09vers monsieur le proviseur Jean-Pierre Rejekra. S'il vous plaît monsieur le proviseur laisse le
02:18temps de présenter un peu vos invités et votre motivation. Nous sommes à Bamako s'il vous plaît
02:27si vous pouviez reprendre votre présentation. Je fais signe à la régie pour corriger les options
02:35à Bamako. Jean-Luc on donne la parole à la direction du lycée. C'est bon allez-y.
02:45Oui donc bonjour à toutes, bonjour à tous, bonjour collègues et surtout à madame la
02:53maîtresse que je retrouve avec grand plaisir ce matin puisque nous avons travaillé dans plusieurs
02:56académies et je suis honoré d'être en présence du ministère des affaires permanentes qui nous
03:02soutient beaucoup dans notre travail en tant que lycée français dans le contexte du Sahel que
03:07vous connaissez. Mais nous avons 1400 élèves, parité, garçons, filles et ce matin se mobiliser
03:13sous l'autorité de trois enseignants, les élèves de la spécialité humanité, littérature et
03:19philosophie et sciences économiques et sociales. Donc nous sommes ravis que nos élèves puissent
03:24avoir cette ouverture et cette possibilité d'échanger sur la question climatique qui leur
03:30parle quotidiennement puisque ici nous avons des inondations, nous avons différents phénomènes
03:34qui nous font penser à ce que c'est une réalité matérielle et pas le cas. Mais je voudrais quand
03:40même que monsieur Didiot qui est toujours à mes côtés, qui est la clé de voûte de l'établissement
03:46du réseau français, qui comprend cet établissement à Bamako puisse dire un mot. Je ne vais pas
03:52monopoliser la parole, merci beaucoup cher Jean-Pierre, bonjour à toutes, bonjour à tous et bonjour
03:56chers collègues, je suis très hâte de vous écouter sur un sujet qui concerne mon quotidien et qui se
04:00manifeste jusque dans les rues de Bamako en ce moment. Donc j'espère que ça suscitera beaucoup
04:06de questions parmi les élèves. Comment ? Non pas encore, mais je suis en train de te reprendre des
04:12éléments sur le numérique. Merci beaucoup. Maintenant un petit mot de la part de madame
04:20Béatrice. Nous nous orientons vers Moscou s'il vous plaît, si vous pouviez nous dire un petit mot à
04:32l'ouverture de ce programme. Madame la présidente adjointe, on vous écoute. Bonjour monsieur,
04:40bonjour madame, merci de nous accueillir dans le lycée de Moscou. Nous sommes très heureux de
04:45pouvoir participer à cet événement auquel nos élèves sont également ravis. Ils ont préparé
04:53l'événement avec beaucoup d'engouement. Nous nous sommes arrivés avec monsieur Choum cette année,
04:57donc pour nous c'est aussi un plaisir d'être ici dans ce lycée très actif avec beaucoup de projets
05:04et je vais sans plus tarder laisser la parole à mes collègues. Merci madame, merci. Je me tourne
05:17maintenant vers vous madame l'ambassadrice à l'ambassade de France à Oslo. Votre proposition
05:23nous a beaucoup touché, elle a eu un très grand écho auprès de beaucoup d'établissements,
05:30nous avons reçu beaucoup de courriers. Les élèves vous suivent en direct et vous suivront
05:36également en différé pour des raisons d'emploi du temps. Si vous pouviez nous exposer dans une
05:41quinzaine de minutes un peu l'essentiel de votre argument, ensuite les élèves prendraient la parole
05:46pour échanger avec vous. Merci, on vous écoute. Merci beaucoup. Je redis d'ailleurs en premier
05:55mon très grand plaisir de vous retrouver tous et toutes. Je salue les élèves, je salue les
06:02professeurs, les chefs d'établissement. C'est un très très grand bonheur pour moi de pouvoir
06:07échanger avec vous sur un sujet qui me tient à cœur, qui est un peu à la convergence de ce qui
06:14a finalement forgé ma carrière et les éléments qui me font agir tous les jours, à la fois ces
06:23questions scientifiques très importantes et puis la diplomatie, les négociations internationales
06:28autour de ces sujets puisque j'ai choisi de vous parler de diplomatie climatique. Peut-être qu'on
06:34peut se demander un peu ce que cela sous-entend. On va dire que la diplomatie climatique, ça
06:41représente l'ensemble des initiatives internationales qui permettent de construire une réponse
06:49collective à la crise environnementale mondiale. Vous en avez parlé tout à l'heure, cette crise
06:57elle est évidemment très manifeste et tous les jours, mais la manière dont on essaie d'y répondre,
07:04ce sont par des négociations internationales, des accords, de la coopération entre États,
07:10en particulier pour limiter les émissions de gaz à effet de serre et ainsi essayer de freiner
07:19le réchauffement climatique. Vous savez que c'est vraiment la chose qui nous anime le plus et le
07:25défi peut-être le plus urgent que nous avons. Tout le monde connaît je pense désormais ce qu'on
07:33appelle le GIEC, le groupe des experts intergouvernemental sur les questions d'évolution
07:39du climat et qui nous rappelle que la température moyenne mondiale a déjà augmenté de plus de 1,2
07:47degrés comparé à l'ère pré-industrielle, qu'elle pourrait atteindre 1,5 degrés d'ici 2030 si nous
07:58ne faisons rien d'ici là, avec des conséquences extrêmement importantes. Le proviseur du lycée de
08:04Bamako le rappelait, des événements climatiques extrêmes, des sécheresses, des inondations,
08:10des cyclones. Et puis par exemple moi qui suis en Norvège, la constatation tous les jours par
08:16les scientifiques de la fonte accélérée des glaciers et de l'élévation des niveaux des
08:22mers. Ceci avec des conséquences extrêmement importantes pour l'humanité, pour les
08:28écosystèmes, pour la biodiversité et puis qui augmente finalement les inégalités dans le monde.
08:33Alors juste pour, je voudrais développer mon propos en trois points. Peut-être d'abord rappeler
08:42comment est née la diplomatie climatique grâce aux alertes des scientifiques et amplifiées par
08:49les médias avec une prise de conscience mondiale, une mobilisation des citoyens qui a commencé à
08:55faire pression sur les gouvernements pour qu'ils agissent. Dans un deuxième temps rappeler en quoi
09:02consiste tous les jours la diplomatie climatique, ce jeu un peu compliqué d'équilibre entre les
09:08scientifiques, les impératifs économiques aussi et les citoyens. Et en dernier élément, indiquer
09:17que cette multitude finalement d'acteurs et d'attentes nous amène à repenser vraiment,
09:25complètement ce qu'est la diplomatie climatique de manière un peu plus inclusive et participative.
09:31Et c'était le propos de mon titre aussi, comment est-ce qu'une citoyenneté engagée peut vraiment
09:37peser davantage sur ces négociations internationales. Alors le premier point sur la
09:42naissance de la diplomatie diplomatique. En fait, dès les années 70, on a entendu les premiers
09:50scientifiques qui ont commencé à alerter sur les effets potentiels de l'accumulation des gaz à
09:56effet de serre, donc ont vraiment joué un rôle de lanceur d'alerte et qui ont essayé d'utiliser
10:02les médias traditionnels pour diffuser leur expertise et pour essayer de mettre à l'agenda
10:09politique la question climatique. Moi je me souviens, j'étais encore assez jeune à l'époque,
10:14mais le premier événement c'est la publication du rapport du Club de Rome en 1972. Je me souviens
10:21d'avoir eu un professeur m'ayant demandé de faire un exposé en classe sur le rapport du Club de Rome.
10:28Donc finalement, ça date d'assez loin cette ambition de travailler sur un certain nombre de
10:33sujets. Et ce Club de Rome qui commence à avertir le monde en disant « d'abord nous avons des
10:39ressources limitées et il y aura des effets réels de cette consommation de ressources et de l'impact
10:49de l'industrialisation ». Et puis la création du GIEC comme je le disais en 1988 avec un premier
10:55rapport en 1990, j'aurai l'occasion de revenir sur ce point. Ce qui m'intéresse c'est de dire
11:01que dès le départ, les médias ont joué un rôle assez crucial dans la diffusion de ces connaissances
11:07scientifiques et dans la sensibilisation de l'opinion publique. Ils ont essayé finalement
11:13de relayer les travaux scientifiques et puis surtout de vulgariser des notions assez complexes
11:19que personne ne possédait à l'époque sur le réchauffement climatique, sur le fait que l'homme
11:26participe énormément à ce réchauffement climatique. Vous savez qu'il y a encore des débats assez
11:31conspirationnistes d'ailleurs pour essayer de dire que pas du tout, ce sont des variations assez
11:37usuelles et que l'homme n'y est pour rien, alors que les démonstrations scientifiques sont clairement
11:43là. Et donc à partir de ces années, un peu plus tard, des années 90, on commence à voir des
11:50reportages à la télévision, dans les journaux, sur les catastrophes climatiques, je pense aux
11:57effets des ouragans en particulier. Et peut-être que vos élèves sont encore un peu trop jeunes
12:03pour s'en souvenir, mais on est nombreux à se souvenir par exemple des événements dévastateurs
12:09du premier ouragan qui a vraiment été médiatisé, l'ouragan Katrina en 2005 qui a dévasté la ville
12:16de la Nouvelle-Orléans et qui a beaucoup frappé les imaginations. Et donc à partir de là, on commence
12:22à voir des citoyens qui sont de plus en plus conscients et de plus en plus engagés. Et je
12:29pense évidemment à un élément assez fondateur finalement de cette citoyenneté engagée qui est
12:37le mouvement Fridays for Future qui a été initié par la militante suédoise que tout le monde connaît,
12:43Greta Thunberg. Et à partir de là, on voit une dynamique vraiment s'amplifier, aussi grâce
12:51aux réseaux sociaux, avec des mobilisations de millions de jeunes à travers le monde pour exiger
12:57de la part des gouvernements des actions concrètes. Donc c'est assez intéressant de voir que les
13:04médias ont permis à la fois d'amener la question climatique dans le débat public, mais aussi ont
13:09permis de relayer les actions citoyennes et ont offert aux citoyens un espace véritablement pour
13:17s'informer, pour échanger et pour faire pression sur les institutions et également les entreprises.
13:25Et c'est à partir de là, je crois qu'on peut vraiment dire qu'une diplomatie climatique s'est
13:30engagée, chargée de coordonner les actions des États dans un cadre multilatéral. Et donc c'est le
13:37deuxième point que je souhaiterais aborder maintenant. Qu'est-ce que c'est que cette
13:40diplomatie diplomatique et comment elle se manifeste depuis ces premiers moments que
13:47je viens de rappeler ? Ce que je peux dire c'est que la diplomatie climatique c'est d'abord finalement
13:53un jeu d'équilibre assez complexe, assez délicat entre expertise scientifique d'une part et puis
14:01quand même les impératifs économiques et les attentes des citoyens. Le premier point sur lequel
14:08je voudrais énoncer c'est de rappeler que depuis le premier rapport fondateur finalement du GIEC,
14:17la science a toujours joué un rôle absolument central dans l'élaboration des politiques
14:24climatiques. Puisque les divers rapports et le rapport de 2021 en particulier alertent sur la
14:34nécessité de réduire drastiquement les émissions de gaz à effet de serre pour limiter le réchauffement
14:40climatique si possible à 1,5 degré comme je le disais d'ici 2050, ce qui va être un
14:47très compliqué. Ce seuil de 1,5 degré il a été déterminé par des scientifiques, par des
14:53modélisations pour essayer de voir quels sont les divers scénarios, comment va évoluer la planète
14:59suivant la nature de ce réchauffement et il s'accompagne de recommandations formulées par
15:06les scientifiques adressées au gouvernement. Il faut absolument réduire les émissions de CO2
15:12d'au moins 45% d'ici 2030 et atteindre la neutralité carbone d'ici 2050. À partir de là,
15:23il y a toute une mécanique qui s'est enclenchée de pression sur les autorités politiques. Ce qu'il
15:31faut savoir, et je pense que c'est un point important, c'est que traditionnellement les
15:36scientifiques, qu'est-ce qu'ils ont comme rôle ? On leur demande de donner des informations,
15:41des faits, des modélisations et puis après de rentrer quand même un peu gentiment chez eux
15:46dans leur laboratoire et ensuite que les politiques commencent à réfléchir à partir de là. Donc,
15:53traditionnellement, c'est plutôt une expertise qui apporte des connaissances à la diplomatie et
15:59voilà. En fait, le rôle est de plus en plus en train de changer et les scientifiques ont fait
16:05davantage pression sur le monde politique voire sur le monde économique pour essayer aussi de
16:10leur donner des trajectoires, des solutions, des manières de travailler. Tout ceci, je crois,
16:16a permis en particulier aux dirigeants politiques de mieux comprendre les enjeux climatiques qui
16:22sont parfois complexes et donc d'envisager un certain nombre de politiques. Je voudrais
16:29aussi rappeler que toutes ces alertes réitérées depuis des années ont conduit à la mise en place,
16:36en particulier de deux actions internationales qui sont très connues et qui ont concrètement
16:41entraîné la mise en œuvre de politiques dédiées aux questions environnementales.
16:47Donc d'abord, ce qu'on appelle les COP, vous en avez certainement tous entendu parler. Alors,
16:53COP, ça veut dire Conference of the Parties. Plus personne ne sait ce que l'acronyme veut dire,
17:00mais c'est un point assez important parce que ces parties, ce sont les États qui ont été signataires
17:06de la première convention cadre des Nations Unies sur le changement climatique, deux ans après le
17:15premier rapport du GIEC. Donc tout ça commence en fait à Rio en 1990 avec ce qu'on appelle le sommet
17:23de la Terre qui a été un point extrêmement important, une conférence historique qui a
17:28débouché sur l'adoption de la première convention internationale, sur les premières conventions
17:35internationales, une sur le climat, une sur la biodiversité et une sur la désertification de la
17:43planète. Donc il y a eu ce grand moment, ce qu'on appelle la déclaration de Rio de Janeiro, qui a
17:50permis de dire bon ben voilà, maintenant on va travailler très concrètement sur ces trois
17:54éléments-là, sur ces trois difficultés, sur ces trois problématiques et l'ensemble des États vont
18:00prendre des dispositions assez contraignantes pour essayer de lutter contre ces phénomènes.
18:06C'est intéressant d'ailleurs de voir que c'est au moment de cette déclaration de Rio qu'on a pour
18:11la première fois véritablement parlé de développement durable et mis une définition,
18:16d'ailleurs ces mots que nous utilisons à peu près tous les jours. Et donc depuis,
18:21la première COP s'est tenue à Berlin en 1995 et depuis nous avons tous les ans ces COP qui se
18:29tiennent. Et on a eu plusieurs qui ont été extrêmement marquantes, ce qu'on appelle la COP
18:333 en 1997, qui a adopté le protocole de Kyoto, très important puisque c'est le premier engagement
18:41contraignant à réduire des émissions de gaz à effet de serre, réduction de 5%, ça ne va pas
18:49encore très loin, mais ce sont des engagements contraignants pour des réductions avant 2008.
18:54Et puis évidemment la COP 21 qui a eu lieu en 2015 avec l'accord de Paris, c'est un accord qui a
19:02été ratifié par 195 États et qui fait vraiment date dans l'histoire de la diplomatie internationale,
19:14et c'est cet accord-là qui vise à limiter le réchauffement climatique, comme je le disais,
19:20à 1,5 degré à la fin du XXIe siècle. C'est un accord qui est à l'heure actuelle à la base
19:26de toutes les discussions internationales. Et le deuxième point que je veux souligner,
19:31parce que je suis sûre que les élèves le connaissent et qu'ils ont travaillé dans
19:34les établissements scolaires, ce sont les objectifs de développement durable, ce qu'on appelle les
19:39ODD qui ont été adoptés par les Nations Unies en 2015, et en particulier l'ODD 13,
19:45lutte contre les changements climatiques. Et puis depuis, en particulier pour l'Union
19:51européenne, le pacte vert qui est encore plus contraignant et qui vise à la neutralité carbone
19:59d'ici 2050. Donc voilà, ce sont des choses qui sont extrêmement importantes, mais pour autant,
20:06toutes ces recommandations-là ne sont pas si facile à mettre en œuvre parce qu'elles se
20:11heurtent souvent à des obstacles politiques, économiques, parce qu'elles impliquent des
20:17transformations absolument majeures de nos secteurs industriels, de notre manière de
20:22consommer de l'énergie, et puis finalement de toutes les infrastructures qui permettent,
20:27par exemple, je ne sais pas, sur le transport maritime, sur les mobilités dans les villes.
20:34Donc il y a énormément de réalités politiques et économiques qui limitent quelquefois la mise
20:42en œuvre de ces solutions. Et puis, comme je le disais, on a un certain nombre de pays dont
20:48l'économie repose essentiellement sur les énergies fossiles qui ne sont pas forcément
20:52très heureux de ces nouvelles-là, de ces décisions, donc il faut travailler avec eux.
20:58On a aussi tous les pays qu'on appelle en développement qui font remarquer, à juste
21:05titre, que s'ils adoptent des politiques climatiques qui sont un peu trop restrictives,
21:09en particulier pour les industries, ça pénalise complètement leur développement social et humain,
21:15et qui reproche un peu aux pays développés d'avoir longtemps profité de ça, d'avoir largement
21:21pollué pendant des décennies, voire des siècles, ce qui leur a permis de se développer, et maintenant
21:26d'imposer des restrictions au reste du monde. Et en fait, tout ceci demande des investissements
21:32financiers absolument massifs. Je donne juste un chiffre pour que vous vous rendiez compte.
21:39Le Pacte vert pour l'Europe, dont de l'Union européenne, qui a été adopté tout à fait
21:44récemment, représente à lui tout seul un budget de 1 000 milliards d'euros à dépenser, à mettre
21:53en œuvre, pour la période 2021-2030. Cet argent, il faut quand même le trouver, et quand on l'utilise
21:59pour ça, on ne l'utilise pas pour autre chose, donc évidemment c'est assez compliqué. Bien
22:03entendu, on pourra en reparler, ça peut aussi avoir des effets très positifs sur la croissance,
22:08ça stimule de nouveaux types d'industries, donc c'est aussi quelque chose d'assez intéressant.
22:12Ce que je voulais se dire, c'est que nous avons vu la pression scientifique, nous avons vu les
22:18difficultés du point de vue économique et politique, mais au-delà de ça, la diplomatie climatique doit
22:25aussi prendre en compte la pression citoyenne. Donc c'est cet équilibre-là qui est intéressant,
22:31politique, économique et citoyen. Parce que les mobilisations sociales en matière climatique,
22:40souvent d'ailleurs initiées, il faut le dire, par les jeunes générations, merci à eux, ont vraiment
22:46joué et continuent à jouer un rôle très important pour faire pression sur les gouvernements,
22:51continuer finalement d'alimenter un discours en disant « il est urgent de réagir, nous on n'a pas
22:57le temps d'attendre, c'est tout de suite, c'est maintenant qu'il faut agir ». Et toutes ces
23:02nouvelles formes d'engagement citoyen, plus actives, jouent un rôle et sont de plus en plus visibles
23:10je pense à tout ce qu'on a, par exemple, pour citer le cas de la France, de la Convention
23:14citoyenne pour le climat, qui a été un élément assez important. Et puis toutes les actions,
23:23y compris faites par des groupements de citoyens, pour essayer d'engager la responsabilité juridique
23:29des États, qui sont quelquefois traînées en justice devant les cours internationales pour dire « vous
23:34n'en faites pas assez et vous mettez finalement gravement en danger la santé des citoyens et
23:41l'avenir ». Donc voilà, cette diplomatie climatique, elle se trouve vraiment au croisement de la science,
23:47de l'économie et des actions citoyennes, et ça c'est un point qui est extrêmement important et
23:54qui est en train de changer la donne. Je voudrais juste vous en donner un exemple du fait que la
23:59démocratie, on peut dire délibérative, prend de plus en plus de poids finalement dans ces
24:04processus. Et nous allons organiser en France un événement qui, je crois, va être extrêmement
24:10important en juin 2025, qui est à Nice, qui est la conférence des Nations Unies sur les océans,
24:17avec un très grand travail sur la préservation de la biodiversité, sur l'économie bleue,
24:25sur la manière dont on peut tenir compte des avis scientifiques sur la santé des océans. Et
24:33de plus en plus, en marge de ce sommet, on va avoir des forums économiques, des forums scientifiques,
24:39mais aussi une participation très active de la société civile sur toutes ces questions pour
24:45leur donner la parole, en particulier au panel jeune, aux jeunes citoyens, et ça c'est un point
24:52très important. Et finalement, dans ma dernière partie, je voudrais justement aller vers cet
24:59élément-là, comment est-ce qu'on peut construire une diplomatie climatique qui soit plus inclusive,
25:04qui permette davantage de promouvoir l'engagement citoyen, et puis l'expertise scientifique,
25:10et aussi un élément très important qui est l'inclusion de l'ensemble des pays dans ces
25:17dynamiques-là, et une équité peut-être davantage travaillée, plus importante,
25:25une justice sociale entre les divers pays. Et cette participation des citoyens est de plus en
25:33plus nécessaire, nous en avons besoin, non seulement pour qu'ils s'informent, mais aussi
25:38dans le processus décisionnel, pour une raison simple aussi, c'est que toutes ces politiques-là,
25:45ok, elles ont des effets extrêmement bénéfiques et nous l'espérons sur le climat, mais elles ont
25:50des conséquences extrêmement importantes maintenant sur la vie des citoyens. C'est
25:57en train de transformer par exemple le tissu économique, ça veut dire qu'il y a des industries
26:00qui sont en train de fermer, d'autres qui doivent être de nouveau créées, donc c'est plus les mêmes
26:06métiers, c'est plus le même paysage. Je pense par exemple aux éoliennes, où à la fois on veut
26:12travailler sur les énergies renouvelables, mais on voit des mouvements citoyens ruraux qui disent
26:17qu'on ne veut pas que notre paysage soit complètement dévasté par des éoliennes terrestres, ça pose
26:23des vraies questions de ce point de vue-là, et donc si on veut travailler sur l'acceptabilité
26:27de ces mesures-là, à l'évidence, il faut qu'on ait une diplomatie et une politique beaucoup plus
26:34inclusive. Je pense par exemple au fait d'avoir une communication qui soit plus transparente,
26:40comment est-ce qu'on peut travailler là-dessus ? Dans les établissements scolaires, vous connaissez
26:45bien cela, vous savez qu'on essaye de travailler sur une éducation au développement durable,
26:50qui a vraiment été poussée beaucoup par l'UNESCO, et pour le fait que chaque citoyen,
26:57et en particulier les élèves et les jeunes générations, soient vraiment informés là-dessus,
27:02et comment est-ce qu'on peut essayer de travailler sur la mise en place de forums de délibération,
27:07pour qu'on ait un engagement vraiment démocratique autour de ces questions,
27:11et aussi améliorer la transparence et la communication sur toutes ces négociations
27:16climatiques. Ce sont des éléments très importants qui sont poussés par exemple par l'OCDE,
27:22pour avoir par exemple des plateformes interactives qui permettraient l'accès à des informations
27:29fiables et à jour sur tout ce qui est en train de se faire. Il y a un des points qui moi me
27:37tient très à cœur, c'est que, ok, il faut être plus transparent, être plus inclusif,
27:43avoir davantage de participation, mais pour moi, un des points essentiels, c'est qu'il ne faut
27:49jamais diminuer nos attentes sur la rigueur scientifique de ce que nous faisons. Tout
27:58ceci doit être ancré dans des faits, dans des connaissances, et la place des scientifiques
28:04est aussi quelque chose qui est extrêmement important. Et la place des scientifiques,
28:08elle est en train de bouger. Comme je le disais, généralement, elle était traditionnellement
28:14limitée au rôle d'information, on vous donne des informations et débrouillez-vous avec ça.
28:19En réalité, cette expertise scientifique, il est absolument important qu'elle soit
28:25davantage intégrée, qu'elle fasse partie vraiment du processus, et c'est un élément
28:31qui est un peu compliqué parce que, quelquefois, on voit la parole des experts qui est remise en
28:38question, y compris d'ailleurs du point de vue de leur légitimité démocratique, puisqu'on dit,
28:42c'est bien sympathique que les scientifiques prennent à ce point-là la parole et un rôle
28:48décisif dans la prise de décision, mais ils n'ont pas été élus, à ce que je sache, donc de quel
28:53droit finalement prennent-ils des décisions pour l'ensemble de la population ? Et donc,
28:59c'est vraiment de ce point de vue-là un rôle que nous, diplomates, nous essayons de jouer pour
29:05nous approprier des connaissances scientifiques, porter finalement la voix de l'expert dans les
29:12enceintes institutionnelles internationales afin de pouvoir prendre des décisions qui sont les plus
29:20utiles possibles. Et on essaye de voir, y compris comment est-ce qu'on pourrait, de temps en temps,
29:28donner un rôle beaucoup plus prégnant à ces avis scientifiques. Vous savez qu'il y a une discussion,
29:32par exemple, sur la question de l'avis contraignant. C'est intéressant, ça veut dire,
29:37est-ce qu'il y a des instances scientifiques qui pourraient avoir un avis qui finalement
29:42obligerait les États à se mettre en conformité avec ces avis-là ? Donc, toutes ces questions-là,
29:48elles sont importantes. Et il y a un dernier point que je voudrais souligner. Comment est-ce
29:53que toutes ces négociations internationales, donc la diplomatie climatique, peuvent davantage
29:58intégrer les questions d'inégalité de développement entre les pays ? Oui, je crois qu'il y a des pays
30:05qui sont plus responsables que l'autre de ce qui est en train de se passer. Et donc, on peut avoir
30:11peut-être l'idée que les pays industrialisés, en particulier, qui sont à l'origine de la très
30:18grande majorité des émissions historiques, finalement, du gaz à effet de serre et de l'état
30:24du monde, aient une obligation éthique, finalement, de soutenir davantage les pays en développement.
30:31Ce sont des questions d'équité et qui sont très au cœur aussi des problématiques que nous avons
30:37à traiter. Voilà, je vais m'arrêter là, je pense, pour pouvoir laisser la parole à la discussion et
30:47aux questions. Je suis à votre disposition. Merci beaucoup. Merci, madame la moissatrice. Merci
30:55beaucoup. Je me tourne donc vers le lycée Liberté à Bamako, vers les élèves en particulier de
31:06Benjamin Oudraogo, mais aussi des autres classes. Si vous aviez des questions, venez donc devant
31:14l'écran de votre ordinateur, activez le micro, coupez les enceintes dans la salle et on vous écoute,
31:22s'il vous plaît. Bonjour, je tenais d'abord à vous remercier pour ce que vous nous permettez,
31:45cette éveille politique par rapport aux déclarations du RAC, qui est très important pour nous tous.
31:50Moi, ma question se porte par rapport au jour du dépassement. Chaque année, le jour du dépassement,
31:55on sait qu'il arrive de plus en plus tôt. En 2024, il était le 1er août et c'est une question qu'il
32:03faut traiter puisque on ne peut pas aller de plus en plus tôt dans le jour du dépassement. Ça a de
32:09grandes conséquences par rapport au monde entier. On sait aussi qu'en 2020, durant le COVID, le jour
32:15du dépassement a été retardé puisqu'il était le 22 août 2020. Alors, ma question est la suivante,
32:21est-ce que vous pensez qu'il est possible de retarder, sinon de ralentir grandement ce jour
32:26du dépassement dans le futur ? Et si oui, est-ce que la communauté internationale se pose déjà la
32:31question et tient déjà des mesures pour retarder ce jour du dépassement ? Merci beaucoup pour cette
32:38question. C'est effectivement un point très important. Nous surconsommons très clairement
32:47les ressources de notre planète, vous l'avez très clairement dit, et nous la surconsommons de
32:54façon différente d'un pays à l'autre. Donc, c'est aussi lié à cette question d'équité finalement
33:00entre les pays que je mentionnais. Parce qu'en fait, ça pose deux questions d'une certaine
33:07façon. Premièrement, il faut que nous consommions mieux. Ça veut dire quoi ? Ça veut dire que
33:15consommer en particulier en limitant les conséquences de notre consommation, je parlais
33:20beaucoup des gaz à effet de serre, c'est un point très important. Donc voilà, comment est-ce qu'on
33:25peut consommer en limitant cette production-là ? Comment est-ce qu'on peut consommer en limitant
33:30les effets dévastateurs de nos modes de production ? Donc, consommer mieux, mais aussi
33:38consommer moins, c'est-à-dire moins gâcher. Et de ce point de vue-là, par exemple, tout ce qui
33:45est mis en place en termes de recyclage est un des éléments très importants de la politique
33:51que nous devons arriver à développer. Donc, ces deux éléments-là sont essentiels. Alors,
33:56ça passe évidemment par des questions d'éducation, beaucoup, et puis ça passe par la transformation
34:03de nos industries. Je pense par exemple à un point assez évident, il faut qu'on consomme moins
34:12d'énergie, mais il faut qu'on consomme de l'énergie qui soit plus propre, qui vienne davantage des
34:17énergies ce qu'on appelle bas carbone ou renouvelables. Sur les questions de recyclage,
34:22on est en train de mettre en place des politiques, je donne un seul exemple sur le
34:29recyclage des batteries électriques parce que pour avoir des énergies renouvelables, il faut
34:34être capable de stocker de l'énergie. Pour stocker de l'énergie, il faut des batteries. Pour avoir
34:39des batteries, il faut des minéraux qui sont à l'heure actuelle rares et qui sont durs à trouver.
34:46Au lieu de jeter toutes les vieilles batteries que nous avons, des véhicules électriques de
34:51Tannoy, on essaie de développer une industrie qui va récupérer ces batteries, être capable de
34:57extraire à nouveau de ces vieilles batteries tous les minéraux précieux, rares dont nous
35:04avons besoin pour en construire de nouvelles. Donc c'est ces deux points-là qui sont absolument
35:09essentiels, mais qui demandent de lourds investissements. Donc on se retrouve encore
35:13toujours à la croisée des chemins. Il faut d'abord que les États aident les industries
35:20à se transformer parce qu'au début, ça coûte trop cher et elles ne vont pas investir et les
35:26rendements seront utiles beaucoup plus tard. Et il faut beaucoup d'éducation dans ce domaine pour
35:31transformer aussi les mentalités. Mais évidemment, c'est un point central. Merci.
35:35Merci. Nous avons une deuxième question. Abba Malco, veuillez activer votre micro.
35:43Rapprochez-vous du micro. On vous écoute avec plaisir. Allez-y.
35:48Si vous permettez, il y a deux demoiselles qui ont des questions courtes.
35:50Très bien.
35:51Bonjour, moi c'est Traoré Lamoussa. Et ma question est la suivante. Des pays à forte croissance comme
36:00la Chine et les États-Unis sont des pays à fort impact négatif sur l'environnement. Pensez-vous
36:06qu'il y a une forme d'injustice sociale lorsque ces pays et d'autres pays exigent de l'Afrique
36:11un comportement plus respectueux de l'environnement?
36:13Et moi, ma question c'est sur la géopolitique. Je voulais savoir comment les pays géopolitiques
36:26affectent les efforts de la diplomatie climatique?
36:29Merci. Ce sont des questions pointues et pas simples. Mais j'en attendais pas moins de vous.
36:40Oui, j'ai essayé moi-même d'en parler. Je crois qu'il y a de plus en plus de prise de conscience du
36:48fait que la diplomatie climatique doit prendre en compte ces inégalités régionales, sociales
36:57extrêmement importantes. Je le disais, les pays développés ont largement pollué pendant des
37:04siècles et des décennies sans s'en rendre compte d'une certaine façon parce que les connaissances
37:12n'étaient pas là. Et donc effectivement, dire à tout le monde, fixer à tout le monde les mêmes
37:19objectifs en empêchant en particulier l'Afrique de se développer, c'est une vraie problématique.
37:24Pour autant, est-ce que ça veut dire qu'on doit dire à l'Afrique de continuer à avoir des centrales
37:33à charbon, à émettre des gaz à effet de serre, c'est pas si grave que ça ? Non, je ne crois pas.
37:39Mais par contre, il y a une vraie responsabilité des pays dits développés à aider l'Afrique à se
37:46développer de la manière la plus propre possible. Et donc ces questions d'aide au développement,
37:51ces questions de solidarité internationale, elles sont absolument essentielles parce qu'on peut
37:58développer des énergies propres partout. C'est une question d'investissement, c'est une question
38:03d'infrastructure, c'est une question de moyens et donc c'est une question de solidarité. Donc je
38:11pense pas qu'il faille diminuer nos ambitions. Évidemment, il faut avoir des objectifs qui
38:15soient différenciés suivant les continents et suivant les pays. Et puis surtout, il faut que
38:22les pays développés se rendent compte qu'aider l'Afrique à se développer de manière propre,
38:27c'est aider aussi évidemment les citoyens européens et du monde occidental à avoir moins
38:37de cyclone, moins de sécheresse, etc. Je pense que la prise de conscience, elle est là. Après,
38:42c'est les mécanismes financiers et l'expertise scientifique qui doivent vraiment être mis
38:49davantage en œuvre. Quant aux questions géopolitiques, oui, évidemment, elles sont
38:54centrales. Vous avez constaté comme moi que nous vivons dans un monde où nous avons des tensions
39:01politiques qui sont extrêmement accrues. En ce moment, discuter avec la Russie sur les enjeux
39:09climatiques, ce n'est pas la chose la plus simple du monde pour nous. Discuter avec la Chine,
39:16nous y arrivons assez bien, nous avons des intérêts communs, nous avons aussi des sources de
39:23compétition qui sont un petit peu dures avec la Chine aussi. On le voit par exemple avec le fait
39:29que l'Union européenne est en train de mettre des droits de douane pour essayer d'empêcher les
39:34voitures électriques chinoises de trop envahir le marché européen. Donc oui, les questions
39:39géopolitiques, elles sont là et c'est bien pour cela que, quand je parle de diplomatie climatique,
39:45je ne parle pas d'une chose qui est simple à mettre en œuvre, mais bien quelque chose qui
39:50est au croisement d'enjeux extrêmement complexes et qui ne vont pas forcément dans le même sens,
39:54les enjeux scientifiques, les enjeux politiques, les enjeux économiques. C'est aussi pour cela que,
40:01d'une certaine façon, nous avons énormément besoin de cet engagement citoyen dans le monde
40:07entier pour arriver à dépasser ces enjeux divergents et faire pression globalement sur
40:15les décideurs pour avancer dans le bon sens. Mais oui, c'est évidemment quelque chose qui
40:19est au cœur de toutes les négociations. Merci beaucoup. Merci madame l'ambassadrice.
40:25Je me permets de modifier légèrement notre projet de déroulé puisque les élèves du lycée
40:31Porte de Loisan à Grenoble, à Vizy, souhaitaient vous poser une question. Je leur demande d'activer
40:39leur micro et je reviendrai ensuite pour une deuxième question en direction du lycée français
40:47de Moscou. Si vous êtes prêts, on vous écoute. Coupez les enceintes dans votre salle, s'il vous
40:53plaît. Allez-y. Bonjour à tous. Asseyez-vous, mettez-vous au milieu, face à la caméra s'il
41:13vous plaît. Vous avez parlé que les médias avaient un rôle de diffusion des informations,
41:18mais également de sensibiliser les gens. J'ai pensé aussi au fait qu'il y avait aussi des
41:25diffusions assez exponentielles des idées climato-sceptiques. Je me demandais si vous
41:30aviez un moyen de limiter ces diffusions et de les trier. Merci. C'est une question super
41:38importante. Le moyen, je ne l'ai pas, sinon franchement j'aurais pris Nobel depuis longtemps,
41:43mais en réalité il n'y a pas tellement d'autres moyens que l'éducation, l'éducation et encore
41:51l'éducation. Et aussi la lutte contre la désinformation, la lutte contre la manipulation,
41:56parce que quelquefois il y a des gens de bonne foi qui sont climato-sceptiques, mais il y a
42:01aussi pas mal d'entreprises qui sont des entreprises malveillantes de ce point de vue.
42:09Donc les climato-sceptiques, comment est-ce qu'on peut arriver à les convaincre ? Je veux dire,
42:14pour des gens qui sont sincères là-dedans et qui sont embrigadés finalement dans des modes
42:18de pensée, c'est assez compliqué. Je crois qu'il faut garder son sang-froid, il faut toujours
42:25essayer de garder un mode de raisonnement le plus rationnel possible. C'est aussi pour ça que je
42:32suis une passionnée et une fervente de l'éducation scientifique et de la science pour tous, dès le
42:37plus jeune âge. Je pense que c'est ça qui commence, c'est ça qui est au cœur. Essayer de comprendre
42:42comment la science fonctionne, parce qu'on entend des grosses bêtises là-dessus. Oui,
42:50mais la science elle se trompe, les experts ils changent d'avis, etc. Si on comprend pas
42:55l'élaboration de la science, la manière dont elle s'occupe de fait, elle élabore des hypothèses,
43:01elle confronte ces hypothèses à la réalité, elle se remet en question aussi l'évaluation par les
43:08pairs, une communauté scientifique qui s'observe, qui contrôle, etc. Alors finalement, on perd le
43:16sens même de ce qu'est la rationalité. Et donc je pense que c'est grâce à vous, grâce à une
43:21jeunesse éduquée qui comprend comment est-ce que les connaissances se construisent et qui aussi
43:28est capable de raisonner, d'avoir de l'esprit critique, de juger qu'on peut essayer de travailler
43:35là-dessus. Mais quelquefois, les gens ne sont pas de bonne foi et il y a une instrumentalisation
43:39qui est destinée aussi à miner la confiance des citoyens dans leurs institutions et donc il y a
43:45une réponse politique à faire. Ce que nous faisons de plus en plus, par exemple l'Union
43:50européenne travaille beaucoup avec les majors des réseaux sociaux, Google, Facebook, Meta,
43:58etc. pour les obliger à faire du fact-checking, donc à vérifier les informations et à enlever
44:05en ligne les informations qui sont de la manipulation, qui ont de plus en plus cours
44:11avec l'intelligence artificielle, nous le savons bien. Et donc il y a aussi une réponse politique
44:17là-dedans sur laquelle nous travaillons. Merci. Je me tourne maintenant vers le lycée.
44:24Alexandre Dumas, Moscou. Activez votre micro et si vous avez une question, on apprend. Allez-y,
44:31la parole est à vous. Bonjour mesdames, messieurs, madame l'ambassadeur. Aujourd'hui,
44:38nous, le lycée français de Moscou, nous sommes mobilisés pour aborder un sujet qui transcende
44:43les frontières et qui touche chacun d'entre nous, le réchauffement climatique. Pour en savoir plus,
44:49certains de nos élèves ici présents voudraient vous poser quelques questions diverses concernant
44:54la France, la Norvège et l'Union européenne. Donc, bonjour, la première question est quelles
45:00selon vous sont les priorités de la France en matière de développement durable dans
45:04le cadre de l'Union européenne ? Alors, c'est une vaste question. Nous, en fait,
45:11la France s'inscrit essentiellement dans un agenda européen. Notre travail, il est de faire
45:17en sorte que l'ensemble des pays de l'Union européenne aient la même politique dans ce
45:23domaine et aussi, évidemment, dans le cadre des Nations unies. Alors, je dirais qu'on est
45:29évidemment à fond, si je puis dire, sur le fait de respecter l'accord de Paris. Pour nous,
45:35c'est vraiment le point absolument central. Donc, travailler à faire en sorte d'augmenter la part
45:42des énergies renouvelables et bas carbone pour limiter les gaz à effet de serre, du point de
45:48vue du climat, je pense que c'est notre absolue priorité. Mais ce que je peux dire, c'est que
45:52nous travaillons dans bien d'autres domaines dans la question du développement durable. Je vous
45:56ai parlé des océans tout à l'heure. On est beaucoup, beaucoup sur ces questions-là, la
46:01protection de la biodiversité, de la santé des océans avec un traité, par exemple, sur la
46:09protection de la haute mer, faire en sorte que 30% de l'océan soit au moins des réserves protégées
46:21en termes de biodiversité. On travaille aussi beaucoup sur le traité international sur le
46:27plastique, là encore avec des conséquences énormes sur la santé des êtres humains et la santé des
46:35océans. Vous savez qu'y compris maintenant dans les analyses qu'on fait du corps humain, les
46:40microplastiques et nanoplastiques, on en trouve dans tous les êtres humains et dans tous les
46:49êtres vivants, je pense aux poissons en particulier. Donc voilà, on est beaucoup sur ce genre de sujet
46:56autour du développement durable et d'autres qui ne me viennent pas en tête immédiatement. Mais
47:02ces questions de biodiversité, de climat, elles sont essentielles et je redis que nous espérons
47:14vraiment que la conférence de Nice en juin prochain, où on va se retrouver avec peut-être 200 pays qui
47:22vont être présents, tous décidés à préserver l'océan, va être une chose très importante. Puisque
47:28vous parlez, vous avez aussi un peu parlé de la France et de la Norvège, moi ici en Norvège,
47:32pour la première fois de ma vie, je me confronte à la réalité de l'Arctique et du Grand Nord. Et
47:40la question de la fonte des glaciers, c'est quelque chose que j'ai vu de mes yeux. J'ai eu
47:44l'occasion d'aller au Svalbard, vous regarderez sur la carte où c'est. C'est un grand archipel qui
47:51est à mi-chemin entre la Norvège et le Pôle Nord, à 1300 kilomètres du Pôle Nord à peu près. Et
47:56vous pouvez voir de vos yeux la fonte des glaciers et l'impact sur la biodiversité, sur les ours
48:03polaires, sur le climat, sur les types de poissons qui sont à l'heure actuelle en danger. Donc cette
48:11question aussi par exemple de l'Arctique et de l'Antarctique, des pôles, c'est aussi un point
48:18extrêmement important et qui va jouer sur l'ensemble de la machine climatique avec des
48:26conséquences, y compris au niveau de l'Équateur et en Afrique. Merci. Il y a peut-être une deuxième
48:33question à Moscou, dans la foulée. Oui, merci beaucoup pour votre réponse. On a une deuxième
48:41question toute simple. Quelles sont selon vous les actions les plus importantes que chacun peut
48:48entreprendre pour protéger notre planète et changer l'environnement ? Merci, parce que je
48:56trouve que c'est important effectivement de dire qu'il ne faut pas seulement attendre que les
49:01décisions se fassent au plus haut niveau. Elles sont absolument essentielles. Les accords entre
49:06États et donc le travail diplomatique, il est absolument essentiel. Mais en fait, ça se joue
49:11aussi à chaque niveau intermédiaire, au niveau individuel, au niveau de ce que vous pouvez faire
49:18dans votre établissement scolaire, dans votre ville, dans les régions. Je pense qu'il y a tout
49:24un tas de niveaux qui permettent aussi à chacun de prendre ses responsabilités. En termes de
49:31développement durable, les questions de recyclage, par exemple, sont absolument essentielles. Oui,
49:37et là-dessus, on a un vrai travail d'éducation à faire, de prise de conscience. Recyclage et
49:45diminuer sa consommation, les consommations de choses inutiles. Je veux dire qu'avec simplement
49:52sa carte bancaire et son compte bancaire, on a déjà une action essentielle. C'est-à-dire,
49:58si vous choisissez bien les produits que vous achetez, si vous consommez moins, si vous regardez
50:03l'impact, par exemple, l'impact carbone du produit que vous êtes en train d'acheter, et de plus en
50:08plus ces connaissances-là, elles sont à disposition, vous pouvez avoir un effet absolument concret. Et
50:15puis, les actions citoyennes de mobilisation pour que tout le monde se rende compte de cet impact.
50:22Merci beaucoup, madame. Est-ce que, très rapidement, nous pourrions encore nous tourner
50:33vers Blagoevgrad, s'il vous plaît, s'il y avait une question, avant la pause qui nous attend vers
50:3811h12 à peu près. Je vous donne la parole à activer votre micro, s'il vous plaît.
50:45Bonjour, madame Robyn, monsieur Michalewski, chers participants de la conférence de tous les
50:57coins du monde. Notre question, madame Robyn, porte sur la politique et l'économie. Être
51:05citoyenne engagée signifie s'occuper du développement de la société. Pensez-vous
51:11que nous ayons atteint un équilibre entre le développement économique et la protection
51:17de l'environnement ? Est-ce que mon micro est ouvert ? Oui, vous m'entendez. D'abord, mes très
51:26grandes salutations à Blagoevgrad. La Bulgarie est très présente dans mon cœur et ça me fait
51:32vraiment très plaisir de vous entendre et de vous voir. Non, je ne crois pas que nous ayons atteint
51:39un point d'équilibre. Je pense qu'il y a encore beaucoup à faire pour convaincre que les intérêts
51:45économiques ne sont pas en conflit avec le développement durable, au niveau des États,
51:54au niveau des entreprises, mais aussi au niveau des citoyens. Je le redis parce que ça va demander
51:59une transformation importante du tissu industriel. On ne va pas produire les mêmes choses, on va les
52:04produire différemment. Et donc, ça transforme un peu les habitudes et ça a des impacts sur un
52:11certain nombre de nos concitoyens. Je connais bien le cas de la Bulgarie, ça veut dire que,
52:17par exemple, les mines de charbon, il va falloir un jour arriver à les fermer. Les centrales à
52:23charbon, il va falloir les transformer en un autre type d'énergie. Ça impacte vraiment le
52:27travail des mineurs, ça a un impact sur les familles. Et donc, oui, il va falloir faire en
52:33sorte que tout ceci aille dans le bon sens sans mettre en danger les familles et le travail des
52:41gens. Donc, ça veut dire de l'éducation, de la formation à de nouveaux métiers, à de nouvelles
52:47façons de produire et de consommer. Donc, nous avons encore beaucoup, beaucoup, beaucoup de
52:52travail à faire pour que tout ceci soit acceptable par les citoyens et qu'on aide suffisamment les
53:01régions, les communes à se transformer pour consommer et produire de manière plus durable.
53:08Et pour ça, il va falloir de l'aide internationale et l'Union européenne en particulier. Quand on a
53:14la chance d'être dans l'Union européenne, je pense que ça a du sens parce que là,
53:17il y a une vraie volonté de solidarité. Avec la Bulgarie, évidemment.
53:22Merci beaucoup, madame l'ambassadrice. Nous arrivons donc au terme de cette première
53:28partie du programme ce matin. Je vous propose de faire une très brève pause pour nous retrouver
53:34rapidement avec une reprise du sujet traité et les questions des élèves qui n'ont pas pu être
53:41entendues tout de suite. Merci à tous. On se retrouve dans deux, trois minutes.

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