Tous les vendredis, samedis et dimanches soirs, Pascale de La Tour du Pin reçoit deux invités pour des débats d'actualités. Avis tranchés et arguments incisifs sont aux programmes de 19h30 à 20h00.
Retrouvez "Ça fait débat" sur : http://www.europe1.fr/emissions/les-grandes-voix-du-weekend
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00:00Europe 1 Soir Week-end. 19h, 21h, Pascal de la Tour du Pain.
00:05Emmanuel Macron a donc pris la parole depuis l'Argentine pour tenter d'envoyer un message
00:10aux agriculteurs.
00:11Ce soir, les agriculteurs qui ont commencé à se mobiliser, ça va monter crescendo jusqu'à
00:15demain.
00:1680 départements concernés, selon la FNSEA, par des actions sur les routes, notamment
00:21vous allez voir des tracteurs autour de chez vous, je vous le disais, renseignez-vous ça
00:25risque d'être compliqué de circuler à la bord des grandes villes, même si on adore
00:29voir les tracteurs sur le périphérique, ça nous fait enrager mais c'est fort sympathique.
00:35J'aimerais qu'on réécoute peut-être Emmanuel Macron, on va en parler, qui a évoqué tout
00:41à l'heure la souveraineté agricole européenne.
00:44La souveraineté alimentaire a un sens, c'est-à-dire qu'on veut pouvoir produire en européen
00:49et en particulier en français, ce qui est important pour nous, notre alimentation.
00:53C'est vrai aujourd'hui et donc je ne veux pas qu'on cède de notre souveraineté alimentaire.
00:59Et l'agriculture française, européenne, n'est pas un facteur d'ajustement à des mauvais accords.
01:04Alors Jules Torres, on ne vous a pas entendu encore, sur les mots d'Emmanuel Macron, d'abord
01:09sur le tempo, sur la forme, je trouve que ça arrive un peu tard, c'est-à-dire que
01:13depuis l'Argentine, il a parlé avec le Président argentin, il envoie un message sur le tarmac
01:17de l'aéroport, Emmanuel Macron dit alors que les tracteurs commencent à se cheminer
01:21vers les grandes villes, ah mais non, mais le traité, il ne pouvait pas le dire avant ?
01:24Ça fait 7 ans qu'Emmanuel Macron dit son opposition au Mercosur, on ne peut pas lui
01:27en vouloir de ne pas l'avoir dit bien avant, le sujet c'est est-ce qu'il aurait pu le
01:32faire 2-3 jours avant son déplacement, ça c'est une réalité d'ailleurs, dans la présentation
01:37du déplacement qui a été faite par l'Elysée aux journalistes, l'Elysée n'insistait pas
01:42du tout sur le sujet du Mercosur, il disait qu'Emmanuel Macron allait en Argentine notamment
01:48pour discuter avec Javier Melei, notamment pour parler des 3 sous-marins que la France
01:52va acheter et pas pour prendre position sur le Mercosur, donc ça c'est la réalité et
01:57le problème c'est qu'en politique les impressions sont des faits, là aujourd'hui nos agriculteurs
02:03ont l'impression que ce Mercosur est une mauvaise chose, une très mauvaise chose, il y a du
02:07bon, il y a du mauvais, c'est comme pour l'accord avec le Canada sur le CETA, il y a pour notre
02:12exportation ça va être très bien, en revanche les agriculteurs ont raison, ont des raisons
02:17d'avoir peur de ce traité, quand bien même il va, Christophe Jacobisin l'a très bien
02:21dit, augmenter une part considérable de notre marché, c'est-à-dire qu'il y a 280 millions
02:24de personnes qui vont faire partie de ce traité de libre-échange, donc le sujet pour
02:28Emmanuel Macron c'est est-ce qu'il va pouvoir influencer aujourd'hui les Etats membres pour
02:35arriver notamment à avancer sur la question des normes, parce que pour que ce traité
02:39rentre en vigueur il faut l'accord des 27, donc si la France aujourd'hui est l'un des
02:44seuls, parce qu'il est un petit peu isolé Emmanuel Macron il faut le dire, parce que
02:46pour l'instant il a reçu la vente d'Air Leon qui est donc allemande, les Allemands sont
02:50absolument pour ce traité comme les Espagnols, comme les Portugais pour des raisons différentes,
02:54d'abord les Espagnols et les Portugais ont une relation un petit peu historique si je
02:58puis dire avec les pays d'Amérique Latine et d'Amérique du Sud, l'Allemagne voit d'un
03:02très bon oeil ses accords notamment pour importer, ce qui n'est pas du tout le cas de la France,
03:06on verra ce que les pays comme la Belgique, l'Autriche, la Pologne envisagent parce qu'ils
03:10ont quelques réserves aussi sur ce traité là, mais en tout cas Emmanuel Macron pour
03:14l'instant il est tout seul, il a raison de faire pression parce que la réalité aujourd'hui
03:17c'est que dans notre pays on a un gouffre démocratique et on a aussi des revendications
03:21auxquelles personne n'a répondu après cette crise des agriculteurs, Emmanuel Macron il
03:25a dit sous l'Assemblée Nationale ça a amputé la France de son projet de loi d'orientation
03:29agricole, les agriculteurs ils sont très en colère et donc la première des réponses
03:33c'est de prendre fait et cause contre aujourd'hui ce Mercosur et surtout d'apporter des réponses
03:38très concrètes.
03:39Alors Christophe Jacubizine, vous nous dites finalement que ce projet n'est pas si mal
03:43que ça, il faut l'expliquer parce que ça nous paraît surprenant.
03:47Il y a beaucoup de choses dans cet accord, il y a évidemment un volet agricole sur lequel
03:50on discute ce soir et on les discute légitimement, c'est vrai qu'alors pareil, les inquiétudes
03:54sur la viande, il y a un quota qui a été prévu par l'accord avec le Mercosur de 1%
04:00maximum de viande qui viendrait d'Amérique du Sud, donc c'est très peu.
04:04Ce n'est pas les mêmes normes que chez nous.
04:06Ok mais c'est 1% et vous ne mangez pas le Black Angus vous ?
04:08C'est très bon ça le Black Angus.
04:09Vous disiez tout à l'heure que ce n'était pas bon, mais ce n'est pas bon, parfois c'est
04:13bon.
04:14Qui a dit ça, je n'ai jamais dit que ce n'était pas bon.
04:16Tout ça pour dire qu'il y a quand même de la viande, chacun son truc, mais simplement
04:22pour revenir sur des choses un peu sérieuses, il y a beaucoup de choses dans l'accord,
04:27par exemple on parlait des matières premières importantes pour la voiture électrique, c'est
04:31le lithium, le cobalt, on en trouve en Amérique du Sud et si ce n'est pas les Sud-Américains
04:35qui nous en vendent, ce sera les Chinois.
04:37Alors il ne faut plus être dépendant des Chinois ou des Sud-Américains et est-ce
04:41que ce n'est pas bien d'avoir deux fournisseurs, deux continents pour s'approvisionner sur
04:44des métaux qui seront stratégiques demain pour notre industrie, pour notre automobile,
04:48pour notre électrification ?
04:49Si c'est si bien, pourquoi ils sont si inquiets nos agriculteurs, Christophe Jacobin ?
04:53Parce que le volet agricole, il y a des points qui n'ont pas été suffisamment négociés,
04:58il y a peut-être matière à renforcer, vous le disiez Pascal, certains contrôles, non
05:02pas que, normalement, sur le papier il est interdit d'importer des viandes, notamment
05:08qui contiennent des médicaments, des antibiotiques interdits en Europe, sauf que le problème
05:13c'est qui va contrôler ?
05:14Souvent on se contente d'un contrôle du pays exportateur qui dit je vous jure que
05:18je n'ai pas mis d'antibiotiques dans ma viande, et nous on va faire des tests, donc
05:22c'est vrai que là il y a sans doute une défaillance de l'accord, mais globalement
05:25moi oui je pense que c'est un très bon accord, encore une fois il y a plein de continents
05:28qui vont se fermer, les Etats-Unis de Donald Trump vont mettre des droits de douane sur
05:32tous les produits, pas que sur les produits chinois, sur tous les produits, et donc d'avoir
05:36280 millions de consommateurs prêts à prendre nos produits, que ce soit des produits d'agriculture
05:43on a parlé du lait, la poudre de lait, les fromages, les AOP, tout ça on va pouvoir
05:46leur vendre, et puis évidemment les produits de luxe, plein d'autres choses, mais objectivement
05:53le fonctionnement de l'Europe il est quand même basé sur des accords de libre-échange,
05:56et on est une grande puissance exportatrice l'Europe, c'est la plus grosse puissance
06:00exportatrice du monde, pas forcément le cas de la France, mais c'est le cas de l'Europe,
06:04donc c'est un accord qui, oui, qui serait bon pour le pays et bon pour le continent,
06:08mais il y a peut-être des choses effectivement à améliorer.
06:10Oui, des petits points à améliorer, c'est ce que dit Emmanuel Macron qui ne laissera
06:13pas faire, et qui envoie Michel Barnier mercredi à Bruxelles pour essayer de, il va se retrouver
06:17un peu seul Michel Barnier mercredi, non ?
06:19Oui, bon, Michel Barnier je pense qu'il est rôdé à l'exercice, il a été ministre
06:22de l'agriculture, il sait, il est commissaire européen, et ministre bien avant, ça fait
06:2740 ans qu'il navigue dans ses négociations, il a négocié le Brexit, donc je peux lui
06:31faire confiance pour faire peser en tout cas la voix de la France sur cette question du
06:35mercredi.
06:36Mais elle est seule la France, non, Jules Thorez ?
06:37Elle est en tout cas, c'est le pays, et je parle sous le contrôle de la France, elle
06:38est le pays, et je parle sous le contrôle de Christophe Jacobini, qui est le plus opposé
06:42aujourd'hui au Mercosur, pourquoi ? Parce qu'on a une agriculture en France qui est
06:46l'une des plus importantes en Europe, ce n'est pas du tout le cas de l'Espagne, ce
06:50n'est pas du tout le cas de l'Allemagne, et on a des pays notamment de l'Europe centrale...
06:53L'Allemagne qui s'est malheureusement beaucoup développée en matière agricole et qui exporte
06:56même plus que nous sur certains produits patent.
06:58Qui exporte mais qui a de nombreuses demandes, notamment sur son importation.
07:03Mais le sujet, c'est surtout le timing, c'est qu'on a parlé de viticulture, on a parlé
07:09de céréales, les céréales et français ont connu la pire année depuis des années.
07:16Sur la viticulture, allez voir des marchands de vin, allez voir les viticulteurs, je peux
07:22vous dire qu'ils sont vraiment démoralisés, qu'un certain nombre pensent fermés, d'ailleurs
07:29ce que nous disaient quel que soit les syndicats ou les associations, c'est que ce mercosur
07:34pourrait provoquer la fermeture de 4000 fermes.
07:37Mais vous vous rendez compte, 4000 fermes de mois, le nombre d'agriculteurs n'a cessé
07:42de diminuer depuis les années 70, plus d'un million et demi dans les années 70, il n'était
07:46plus que 389 000 lors du dernier recensement agricole effectué en 2020, 389 000, c'est-à-dire
07:53qu'effectivement...
07:54Ce n'est pas la suite du mercosur.
07:55Non, mais...
07:56Qui a dit ça à Christophe Jacques du Cuisine ? Tout de suite, vous vous sentez agressé.
08:01En l'espace de 10 ans, il y a 100 000 fermes qui ont disparu quand même en France, il
08:05faut aider nos agriculteurs.
08:06Il y a évidemment une crise d'évocation, mais aujourd'hui être agriculteur, c'est
08:09un sacerdoce, c'est-à-dire que vous l'avez très bien dit au début quand vous avez reçu
08:13le représentant de la FNSEA, c'est-à-dire que c'est 7 jours sur 7, c'est 24-24, quand
08:18on veut prendre des vacances, que ce soit en été ou en hiver, et bien on n'a pas forcément
08:22un remplaçant.
08:23Alors, il y a évidemment des techniques qui aujourd'hui en France sont en train d'être
08:26mises en place, mais aujourd'hui, être agriculteur est l'un des métiers les plus durs qu'on
08:31peut avoir en France.
08:32Oui, c'est ça, c'est une vocation, on ne devient pas agriculteur, on se demande souvent
08:36qu'est-ce que je vais faire demain ? C'est de perdre en fice, quand on veut monter des
08:39exploitations, c'est la galère, qu'est-ce qu'il y a qu'au Cuisine ?
08:40Je ne veux pas que vous fassiez le bébé avec l'eau du bain, parce que vous avez entendu
08:42tout à l'heure le vice-président de la FNSEA qui nous expliquait quand même que dans le
08:46mécontentement agricole, ce n'est pas uniquement le Mercosur, c'est aussi parce qu'on n'a
08:50pas tenu les promesses il y a un an, parce qu'il y a eu une dissolution et que la loi
08:53de transformation de l'agriculture n'a pas été votée, et il nous a dit qu'entre 20
08:57et 25% des promesses seulement avaient été remplies et tenues.
09:01Donc, il faut peut-être aussi s'interroger, pourquoi est-ce qu'on n'a pas fait les 75% ?
09:04Alors, évidemment, il y a eu la dissolution, il n'y a pas de gouvernement, etc., mais enfin
09:07bon, on a promis des choses aux agriculteurs, je les comprends, c'est normal qu'un an après,
09:10ils reviennent et ils demandent.
09:11C'est normal, c'est normal.
09:13Mais attention, je veux vous défendre quand même, vous le savez, vous avez compris du
09:16coup, un peu le Mercosur, parce que je pense qu'il nous sera très favorables à moyen
09:23et long terme.
09:24Non, mais c'est intéressant d'entendre cette voix-là, c'est vrai qu'on ne l'entend pas
09:26beaucoup.
09:27Ce que je disais, c'est que les impressions sont des faits en politique, c'est-à-dire
09:29que l'an dernier, la crise des agriculteurs, elle parle de quoi ? Elle parle du GNR, ce
09:34gazole non routier.
09:36Et ça, ils ont reproduit la dissolution.
09:37Absolument, et c'est exactement ce que le Mercosur, c'est la même chose, c'est que
09:40ça pourrait être le début, finalement, de cette crise, alors que quand on regarde
09:44dans le détail, il y a du bon, il y a du mauvais et c'est souvent comme ça en politique,
09:48il n'y a jamais que du mauvais.
09:49Il n'y a jamais que du mauvais en politique.
09:51Ces agriculteurs, donc, ils veulent faire entendre leur voix, mobilisation, je vous
09:55le disais, à partir de demain, ce sera impressionnant.
09:59Il y a déjà des points de blocage ce soir, le retour vers les grandes villes va peut-être
10:03être un peu compliqué et peut-être que vous nous écoutez, ce n'est vraiment pas...
10:07Ah, justement, on va en parler, justement, dans un tout petit instant, on va en écouter
10:11les mots de Bruno Retailleau qui, ce matin, a donné le ton, qui est un fermier également.
10:16Oui, mais c'est exactement ça, il a toujours soutenu les agriculteurs, Bruno Retailleau.
10:20Ah, voilà, et qui dit, attention, il y a des limites à ne pas dépasser, sinon, tolérance
10:24zéro.
10:25Ça vaut pour la CNCF aussi, je ne sais pas, mais je veux dire, les agriculteurs, on leur
10:32tape peut-être un peu vite dessus, je ne sais pas, on va en parler dans un instant,
10:35il est 19h43.
10:36Nous parlons de la mobilisation des agriculteurs, certes, c'est pénible quand on doit se rendre
10:46au travail, quand on rentre d'un week-end, d'avoir des ralentissements et des blocages,
10:50mais les agriculteurs, ils le disent, ils n'ont pas d'autre choix que de faire entendre
10:54leur voix.
10:55Nos agriculteurs vont mal, ils se mobilisent, ils attendent des promesses, on le disait
11:00juste avant le journal Permanent, des promesses qui n'ont pas été entièrement tenues, on
11:05les a expliquées.
11:06Pourquoi ? Ils sont très inquiets de ce projet d'accord de libre-échange avec l'Amérique
11:12du Sud.
11:13Christophe Jacubizine, le patron des Echos, nous disait, finalement, ce ne serait peut-être
11:16pas une mauvaise chose, mais il faut des garanties.
11:18Voilà pour le fond du dossier.
11:20Maintenant, sur la forme, la mobilisation des agriculteurs est accueillie par une voix,
11:24celle de Bruno Retailleau, ministre de l'Intérieur, qui leur a dit, écoutez les gars, allez-y,
11:28mais je vous préviens, au moindre débordement, au moindre blocage des routes qui durent, ce
11:32sera tolérance zéro.
11:34On a toujours des craintes avec des manifestations, c'est la raison pour laquelle j'ai reçu
11:38cette semaine des responsables syndicaux agricoles pour avoir un dialogue, mais pour leur dire
11:43aussi les limites, puisque le droit de manifester, c'est un droit constitutionnel, évidemment,
11:47mais il y a des limites et je leur ai indiqué qu'il y a trois limites, pas d'atteinte
11:51aux biens, pas d'atteinte à plus forte raison aux personnes et pas d'enquistement, pas de
11:56blocage durable, parce que sinon, ce sera tolérance zéro.
12:00S'il y a un blocage durable, un enquistement, nous n'hésiterons pas à mobiliser les forces
12:04mobiles pour qu'on puisse assumer la liberté de circulation.
12:08Bien, le message est passé.
12:11Le message est clair.
12:12Bon, après, il est dans son rôle, le ministre de l'Intérieur.
12:14Il doit défendre la sécurité des Français.
12:16Qu'est-ce qu'on dirait si Bruno Retailleau nous disait, finalement, allez-y, bloquez
12:21le périphérique et qu'il y avait un drame, on s'en prendrait directement au premier
12:24flic de France, au ministre de l'Intérieur, donc il a raison et surtout Bruno Retailleau,
12:29il fait ce discours qui est très sécuritaire, mais il ajoute à cela un soutien très fort
12:35aux agriculteurs, c'est-à-dire que les Français ne connaissent pas forcément Bruno Retailleau,
12:38mais c'est sans doute l'un des seuls hommes politiques qui vit dans une ferme, à Saint-Malo-du-Bois,
12:43en Vendée.
12:44Donc, voilà, quand on a par exemple le téléphone, bon, avant qu'il soit ministre, on peut l'avoir
12:48quand il donne à manger à ses moutons, à ses brevis ou quand il nourrit ses chevaux
12:52puisqu'il est passionné d'équitation.
12:53Ça, je pense que les auditeurs d'Europe 1 ne le savaient pas, moi je ne le savais pas.
12:56Non, d'ailleurs, c'est comme ça qu'il le repère au Puy-du-Fou, c'est parce qu'il
13:00est cavalier, il le repère quand il a 16 ans et donc, voilà, c'est quelqu'un qui vit
13:04dans la terre.
13:05Mais là, il est à Sbobo, il n'a pas le droit d'aller au Nouveau-Brunswick.
13:06Non, non, non, c'est un jacobisme rationnel.
13:07Oui, il y a un week-end sur deux, il le passe en Vendée, d'après nos informations.
13:12Mais donc, voilà, il y a ce message en effet très sécuritaire et il y a à côté cette
13:17éloge, si je puis dire, de la ruralité proche de la terre qui est très importante et qui
13:22est au-delà des revendications politiques, des revendications économiques des agriculteurs.
13:27Ce qu'ils disent aussi, c'est qu'ils veulent être reconnus pour ce qu'ils sont, c'est-à-dire
13:30des hommes de la terre qui sont parfois là, qui possèdent parfois des terres qui étaient
13:36celles de leurs ancêtres, de leurs aïeuls, de leurs parents.
13:39Et donc, voilà, il y a aussi ce ressenti qui est très très fort chez les agriculteurs,
13:44c'est qu'ils veulent être chez eux, avoir leurs terres au-delà des considérations
13:49politiques partisanes et économiques.
13:51Alors, Bruno Retailleau a envoyé ce message aux agriculteurs, à la SNCF également qui
13:55prévoit de se mobiliser, peut-être au secteur aérien aussi, Christophe Jacubizine ?
13:58Non, mais c'est vrai qu'il faut quand même surveiller tout ça comme le lait sur le feu
14:02parce qu'on est quand même dans une situation politique extrêmement fragile, un gouvernement
14:06extrêmement fragilisé qui n'a pas de majorité, ça on le sait depuis qu'il a été nommé,
14:10des oppositions qui sont très vives, y compris en interne, y compris au sein du bloc majoritaire,
14:16enfin entre guillemets.
14:17Et donc, c'est vrai qu'un pays qui s'embrase avec des agriculteurs d'un côté, et vous
14:21le rappeliez Pascal, les cheminots de l'autre, avec un pouvoir politique faible, c'est très
14:27inquiétant.
14:28Et donc d'où, effectivement, Bruno Retailleau, je pense qu'il a conscience de ça, et s'il
14:32appelle un peu au calme une population qui d'ailleurs, avec laquelle il a une forme
14:35de sensibilité, vous le disiez, est d'accord, c'est aussi pour leur dire, attention les
14:40gars, n'allez pas trop loin, parce que moi je n'ai pas forcément l'autorité, les moyens
14:46et l'autorité politique en ce moment, pour gérer tous ces conflits sociaux en même temps.
14:51Donc voilà, je pense qu'il faut quand même mesurer qu'on est dans un pays qui est en
14:56ce moment très fragilisé, et que des conflits sociaux qui se multiplient, je n'ai pas parlé
14:59évidemment des conflits potentiels dans beaucoup d'entreprises, on en a parlé les semaines
15:04passées des plans sociaux, qui risquent de se multiplier, tout ça fait beaucoup de tensions
15:09sociales à gérer.
15:10Et puis surtout, les agriculteurs, comme au début de l'année, possèdent quelque chose
15:17qui est très important, c'est qu'ils ont un soutien écrasant de l'opinion.
15:20Donc quand on a le soutien écrasant de l'opinion, on n'a pas besoin de bloquer durablement,
15:25on n'a pas besoin d'enquister, on n'a pas besoin de faire des atteintes aux biens, aujourd'hui
15:30dans le mouvement des agriculteurs, il n'y a pas de black bloc, il n'y a pas de casseurs,
15:33il n'y a pas d'antifa, c'est des revendications qui sont communes, qui sont partagées par
15:38un certain nombre de français, et un mouvement qui possède, encore une fois, un soutien
15:43massif chez l'électorat, ou en tout cas chez les français, je crois que pendant le
15:47mouvement des agriculteurs, on avait obtenu quasiment 88% d'approbation à un moment T
15:52de la mobilisation.
15:53Et pour ajouter, Pascal, quelque chose sur le climat politique et social actuel, et ce
15:58qui peut expliquer aussi la sortie d'Emmanuel Macron, vous le disiez, sur le tarmac entre
16:02l'Argentine et le Brésil, c'est que la France n'a pas toutes les cartes en main.
16:07C'est-à-dire que cet accord à Bruxelles peut être adopté sans doute.
16:11C'est une compétence communautaire, une compétence européenne, d'ailleurs, ça vous
16:15est, c'est après du temps, mais l'Europe, elle ne va pas vite, mais elle mène son petit
16:18bonhomme de chemin, elle ira au bout, et elle fera voter le mercosur comme elle avait fait
16:23voter le rétard.
16:24Ce sera un camouflet énorme pour Emmanuel Macron, parce que la France est un des piliers
16:27de l'Europe.
16:28Oui, mais on a ralenti au maximum, à un moment donné, ça va basculer et ça va être adopté.
16:32Alors évidemment, on pourra mettre des réserves, vous savez que sur le CETA, l'accord avec
16:35l'Amérique du Nord, le Canada, il y avait certaines choses qui n'étaient pas appliquées
16:38parce que certains états avaient dit non, mais la plupart de l'accord sur le CETA, l'accord
16:43commercial avec l'Amérique du Nord, est en place, et ça sera la même chose pour le
16:46mercosur.
16:47Donc le fait que tous les ministres, le Président, disent je suis contre, c'est pour dire j'étais
16:52contre mais je n'ai rien pu faire à Bruxelles, c'est une manière aussi de préparer les
16:56esprits.
16:57Parce que théoriquement, et Christophe Jacobusine l'a très bien dit, parce que tout à l'heure
16:59j'ai dit que sans l'accord de la France, on ne pourrait pas faire que ce traité rentre
17:04en vigueur.
17:05Théoriquement, c'est vrai, la France a un droit de veto, elle pourrait avoir une minorité
17:09de blocage de ces termes, mais ce sont des termes qui sont profondément européens,
17:14que l'on utilise au Parlement et au Conseil européen, mais il y a des mécanismes institutionnels
17:18au Parlement européen qui permettent par exemple, en coupant en deux un traité, on
17:23met le volet commercial d'un côté et le volet politique de l'autre, et bien de faire
17:26adopter ce traité, le volet commercial pour le coup, sans l'accord de la France, sachant
17:32qu'il faut 30% pour l'instant pour la voter, et l'Allemagne, l'Espagne et le Portugal ont
17:38assez d'habitants pour peser dans ces négociations et dans ce vote-là.
17:43Donc c'est vrai qu'on a un petit peu l'impression qu'aujourd'hui le gouvernement Emmanuel Macron,
17:47ses ministres, Antoine Armand le premier, bombe un petit peu le torse, à la fin, je
17:52pense que ce texte sera adopté, que la France n'y pourra pas grand-chose, que nos agriculteurs
17:57seront déçus, donc là le sujet c'est, qu'est-ce qu'on peut faire sur le plan national ?
18:02Et surtout, nos agriculteurs sont courtisés, sont courtisés nos agriculteurs, parce que
18:07c'est un électorat qui compte, qui a du poids en France, donc il faut les chouchouter
18:12les agriculteurs.
18:13Vous avez raison Pascal, surtout par l'impact qu'ils ont sur d'autres électeurs, d'autres
18:16c'est la famille, vous disiez on a tous des racines paysannes, parce qu'en nombre ils
18:20sont très peu, mais effectivement ils ont une influence politique qui va au-delà du
18:26nombre d'agriculteurs.
18:27Oui, et sur le plan national, Jean-Marc nous a dit que le fameux plan d'orientation agricole
18:30arrivera je crois que c'est le 14 janvier au Sénat, il y aura avant ça une proposition
18:36de loi sur les normes qui arrivera pour le coup à l'Assemblée, mais ça c'est le 17
18:40décembre, donc on peut faire des choses sur le plan national, on peut faire des choses
18:44via notre Assemblée, via notre Sénat, on a un certain nombre, Annie Gennevard elle
18:48vient du Doubs, elle les connaît par cœur les agriculteurs, on a un certain nombre d'élus
18:52que ce soit des députés ou des sénateurs qui connaissent très bien le sujet, donc c'est
18:55vrai qu'on a un petit peu aussi tendance à s'enfermer avec ce débat-là sur le Mercosur,
18:59mais il y a plein d'autres sujets, plein d'autres possibilités, et la France a une
19:02capacité à aujourd'hui aider ses agriculteurs sans forcément passer par le Parlement ou
19:07le Conseil Européen.
19:08Et je disais Valérie Pécresse d'ailleurs, la présidente de la région Île-de-France
19:11est arrivée à Vélizy, aux côtés des agriculteurs, certainement pour les soutenir, mais ça
19:17rejoint ce que je disais effectivement, être aux côtés des agriculteurs ça va dans le
19:20bon sens, c'est aussi une question d'image, voilà c'est pour ça que je disais qu'Emmanuel
19:25Macron avait réagi un peu tard, Bruno Retailleau a dit qu'il avait reçu les syndicats d'agriculteurs
19:30cette semaine, bon Emmanuel Macron arrive la veille pour dire non non mais ce traité,
19:36rappelez, vous avez raison de dire qu'il a toujours été imposé.
19:38Vous voulez dire que certains font un peu de démagogie ?
19:40Exactement, je ne sais pas, vous m'arrachez les mots ? Non mais c'est vrai, mais c'est
19:46gros, c'est un peu gros, c'est naturel, à pouvoir les agacer les agriculteurs.
19:51Il ne faut pas faire de démagogie sur ce sujet, notamment sur le Mercosur parce qu'il y a des
19:54aspects, pour ceux qui n'étaient pas là au début, très positifs, lesquels vous n'en avez pas du tout parlé.
20:01Christophe Jacubus n'est pas venu pour nous parler de ça ce soir.
20:03On va approcher des politiques de faire de la politique, mais c'est toujours la manière de le faire, et là c'est vrai que Valérie Pécresse arrive visiblement avec ses gros sabots sur son coin.
20:18On verra ce qui peut se passer dans les prochains jours, mais en tout cas, c'est le débat qui va animer notre semaine.
20:24Il va falloir que ça se passe dans le calme, en revanche, parce que c'est vrai que Christophe Jacubus a raison, c'est une fin d'année qui risque d'être tendue.
20:30Il y a des mobilisations annoncées dans la fonction publique un peu partout en France, c'est-à-dire que c'est en train de couver.
20:35Et le tout, il ne faut pas que la cocotte explose.
20:37C'est le rôle de Bruno Retailleau, c'est peut-être pour ça aussi qu'il a voulu faire passer ses messages cette semaine.
20:44Mais les agriculteurs ont promis, entre guillemets, d'être sages, vous avez entendu ? Non, non, il n'y a pas de prévu de débordement.
20:49Mais en tout cas, il faut entendre leur voix.
20:51Merci beaucoup.
20:53Jules Thorez, vous filez ?
20:54Je vais filer chez l'ami Eliott Deval.
20:55D'accord, très bien.
20:57J'ai passé une très belle heure avec vous.
20:59Merci infiniment.
21:00Et avec Christophe Jacubus.
21:01Bon Dio ! Bon Dio ! Bon Dio !
21:03Je sais que Paul Melun vous manque.
21:05Je ne sais pas où il est Paul Melun.
21:07Merci beaucoup Christophe Jacubus.
21:09Merci beaucoup Christophe Jacubus.
21:10On va prendre des échos d'être venu sur le plateau d'Europe 1 soir, week-end.
21:14Il est 19h57 sur Europe 1.