• il y a 13 heures

Tous les vendredis, samedis et dimanches soirs, Pascale de La Tour du Pin reçoit deux invités pour des débats d'actualités. Avis tranchés et arguments incisifs sont aux programmes de 19h30 à 20h00.
Retrouvez "Ça fait débat" sur : http://www.europe1.fr/emissions/les-grandes-voix-du-weekend

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00:00Europe 1 Soir Week-end, 19h21, Pascal Delatorre Dupin.
00:05Jules Torres et Paul Melun sont avec moi dans ce studio.
00:08Jules Torres, journaliste politique au JDD, bien sûr, Paul Melun, écrivain et essayiste.
00:12Bonsoir Pascal.
00:13Nous avons choisi de parler ensemble du budget demain qui arrive à l'Assemblée Nationale.
00:19Ça ne va pas être simple.
00:21C'est le moins qu'on puisse dire.
00:22C'est le moins qu'on puisse dire.
00:23Pierre Moscovici, président de la Cour des Comptes, demande des efforts, je dis bien considérables,
00:28ce sont les mots qu'il a employés ce soir, à faire pour assainir nos finances publiques.
00:34Bien.
00:35On n'a pas le choix, il va falloir se serrer la ceinture.
00:37Mais qui va devoir se serrer la ceinture ?
00:39J'ai un peu le sentiment, et c'est pour ça que j'étais un petit peu remonté ce soir,
00:42que ce sont toujours les mêmes.
00:43C'est-à-dire qu'on va taper sur les Français, comme ça a été le cas ces 50 dernières années.
00:49Toutes les impôts qui ont été mis en place, qui devaient être temporaires, sont tous restés.
00:54On est une des sociétés les plus taxées au monde, et on nous dit, partout on entend ce petit message,
01:00tous les politiques montent au créneau en disant, attention il va falloir se serrer la ceinture.
01:04Pardon, mais moi ça m'exaspère.
01:06Je pense qu'il y a des solutions peut-être alternatives à trouver.
01:08Au moins, il faut en débattre à l'Assemblée Nationale, pour ne pas taxer le porte-monnaie des Français,
01:14qui croule déjà sous un niveau de charge exceptionnel.
01:18Non ?
01:19Absolument, Pascale, vous avez raison, c'est exaspérant.
01:23C'est exaspérant, c'est exaspérant.
01:25Alors moi, ce que Pascale veut, je le veux.
01:29J'ai raison.
01:30Mais il y a une vérité qu'il faut rappeler, c'est que Michel Barnier a eu 15 jours pour faire ce budget.
01:3615 jours, ça ne permet pas de faire un budget avec des réformes structurelles, avec des grandes coupes budgétaires.
01:43Ça permet de faire quelques économies par-ci par-là, et en effet il a dû dégainer cette carte de l'impôt.
01:50Michel Barnier, quand on connaît son CV, on sait que ce n'est pas un apôtre de la hausse de la fiscalité.
01:56Quand il se présente à la primaire des Républicains en 2021, il n'est pas du tout sur cette ligne-là, il ne dit pas une seule hausse d'impôt.
02:02Mais Michel Barnier, il a prévenu dès le début, il a prévenu que tout le monde devrait serrer la ceinture.
02:07Que ce soient les grandes entreprises, que ce soient les personnes les plus fortunées,
02:11que ce soient les classes populaires et les classes moyennes, notamment via la hausse de l'électricité,
02:16que ce soient les retraités totem, s'il en est, de tous les gouvernements successifs qui refusent de toucher aux retraités
02:24pour la simple et bonne raison que 1 électeur sur 2 selon les campagnes sont des retraités.
02:30Donc il touche à tout le monde et il nous a prévenu.
02:33Le sujet c'est, est-ce qu'on va lui laisser la chance de faire plus de 6 mois à Matignon ?
02:38Et pourquoi pas avoir un budget et des réformes structurelles sur l'année 2025 ?
02:41Parce qu'on pourra avoir tous les débats qu'on veut à l'Assemblée Nationale.
02:45D'ailleurs, moi je crains qu'il y ait des discussions qui ne soient pas très intéressantes,
02:48qu'il y ait des blocages, notamment via la France Insoumise qui depuis 2 ans, voire même 3 ans,
02:53nous a habitués au pire des scénarios et à un théâtre assez mortifère.
02:57Je crains qu'on n'ait pas ce débat-là, qu'on ne puisse pas l'avoir sur des grands sujets de fond.
03:02Parce que le sujet c'est pas de récupérer 1 ou 2 millions par-ci par-là.
03:05On a des débats sur l'AME qui sont assez stériles, moi je trouve.
03:08C'est-à-dire que c'est pas en récupérant 500 millions par-ci, 500 millions par-là qu'on va y arriver.
03:12Il faudra des réformes structurelles. Malheureusement, on le sait, ce ne sera pas lors de ce budget-là.
03:17Mais pour la simple et bonne raison, je le rappelle, il y a un responsable, il s'appelle Emmanuel Macron,
03:21il a dit sous l'Assemblée Nationale, il a mis du temps à nommer un Premier Ministre,
03:25qui a lui-même mis du temps à nommer un gouvernement.
03:27Résultat, on a un budget qui a été fait en 15 jours.
03:30Dans l'histoire de l'Institut Camerounais Public, ça n'a jamais existé.
03:33Il y a un point sur lequel je suis d'accord avec ce que vient de dire Jules,
03:37c'est qu'effectivement, en 15 jours, on n'allait pas avoir un budget de rupture.
03:42Donc ça, ce n'est pas l'objet de ce budget, je crois, de dire que ce soit un budget de rupture.
03:46D'autant que, vu la composition du Parlement et vu l'absence de majorité forte pour porter ce budget,
03:52c'était normal que ce ne soit pas un budget de rupture.
03:54Premièrement. Ensuite, sur la fiscalité, il y a une chose qui me choque et il y a une chose qui ne me choque pas,
03:59que l'on tape sur, entre guillemets, de façon provisoire, les grandes entreprises et sur les plus fortunées.
04:06Je reprends le Premier ministre Pascal, parce que j'ai sa citation sous les yeux.
04:09L'Avenir Toto, par exemple, qui a duré 50 ans, qui devait être provisoire.
04:12La CRG qui a bondi de plus de 1% dans le 91 à 9%.
04:15Elle s'est généralisée. La CRDS qui devait s'éteindre en 2024.
04:19D'accord, mais je suis d'accord avec vous, mais on ne va pas faire un procès d'intention à Michel Barnier.
04:22Il vient d'arriver, lui, il nous dit, dans le journal du dimanche, excellente référence,
04:25il nous dit qu'aucune taxe temporaire ne deviendra permanente.
04:28Si jamais, dans 6 mois ou dans un an, la taxe n'est pas temporaire, on reviendra le voir et puis on lui dira
04:33Monsieur le Premier ministre, dans le JDD du 20 octobre, vous avez dit quelque chose et vous avez fait le contraire.
04:38Et on le mettra face à ses responsabilités.
04:39Pour le moment, il a pris un engagement, c'est que ce soit temporaire.
04:42Et ça touche les grandes entreprises et les plus fortunées, ça, ça ne me choque pas.
04:46Ce qui me choque, en revanche, et ce qui me déplaît dans ce budget,
04:48c'est les augmentations sur l'électricité ou sur le prix du gaz,
04:51qui, là, vont toucher les ménages les moins favorisés.
04:54Je pense que, par rapport aux problématiques de pouvoir d'achat que nous avons déjà dans ce pays,
04:59notamment pour les classes moyennes et pour les ménages les plus défavorisés,
05:01ce n'est pas normal qu'ils soient mis, eux aussi, à contribution.
05:04Moi, j'aurais préféré qu'il y ait une contribution que pour les très riches.
05:07Et ensuite, il y a un point sur lequel vous avez parlé tout à l'heure, Pascal, et je suis d'accord avec vous,
05:11c'est sur les autres sources d'économie qu'il pourrait y avoir.
05:13Il n'y a pas que la fiscalité, il y a le nombre de fonctionnaires, il y a les collectivités territoriales,
05:18il y a des recettes qui peuvent être aussi acquises par l'État.
05:20On a bradé nos autoroutes, ça représentait des sommes extraordinaires.
05:23Pourquoi est-ce qu'on n'a pas renationalisé nos autoroutes pour reprendre les recettes
05:27qui vont dans les poches d'un certain nombre de groupes autoroutiers ?
05:29Donc, il y avait des choses à faire, mais on ne peut pas tout changer en 15 jours, encore une fois.
05:33Oui. Alors, un mot, Jules, parce qu'aujourd'hui, on écoute le député Philippe Juvin qui a des propositions,
05:37qui est membre de la Commission des Finances.
05:39Paul parlait de la hausse sur l'électricité, on a parlé de la hausse de la fiscalité pour les grandes entreprises.
05:43En commission, il s'est passé beaucoup de choses.
05:45Les députés en commission, notamment le duo Infernal, Charles de Courson et Éric Coquerel,
05:50qui sont plus socialistes que les socialistes,
05:53ont décidé non seulement de désactiver le caractère temporaire de la hausse de la fiscalité.
05:59Et là, je peux vous dire que ni l'ERN, ni la majorité présidentielle ne votera un tel budget
06:04qui finalement ronde complètement avec la promesse de Michel Barnier,
06:07qui est faite en effet dans le JDD et qui l'a fait bien avant.
06:10Et deuxième chose, en commission, les députés ont choisi de supprimer la taxe sur l'électricité.
06:15Elle sera quand même débattue à l'Assemblée nationale, il ne faut pas qu'on mente aux gens.
06:19Vous faites bien de parler de cette commission.
06:21Alors, on va écouter dans un instant Philippe Juvin,
06:24mais puisque vous évoquez Éric Coquerel,
06:26écoutez, on a une séquence à faire écouter aux auditeurs d'Europe 1.
06:29On vous promet qu'elle n'a pas été montée.
06:31Non, mais vous allez comprendre pourquoi.
06:34Les députés ont rejeté en commission des finances la première partie du budget 2025,
06:39j'en parlais dans le journal, consacrée aux recettes de l'État
06:41à cause des nouvelles taxes ajoutées au texte par la gauche via des centaines d'amendements.
06:46Et pour que vous vous rendiez bien compte de la quantité d'amendements déposés par la gauche,
06:52écoutez l'insoumis Éric Coquerel, président de la commission des finances.
06:56Ce n'est pas un montage, on pourrait le croire.
06:58Taxe sur les multinationales sur leurs bénéfices réellement réalisés en France,
07:01taxe sur les super profits, taxe sur les super dividendes,
07:04taxe sur les opérations d'achat d'électricité, augmentation de la taxe GAFAM,
07:08renforcement de la taxe sur les transactions financières,
07:10taxe sur les importations de bovins,
07:12création d'une taxe kilométrique pour intégrer le coût écologique et social dans les produits importés.
07:17Non mais attendez, c'est qu'un extrait, ça a duré comme ça 5 minutes avant, 5 minutes après, sans blague.
07:22Le duo infernal, là pour le coup illustré par Éric Coquerel,
07:26on avait raison de s'inquiéter quand on a donné,
07:30finalement la Macronie a donné la commission des finances à la France Insoumise.
07:34On avait raison de s'inquiéter, on savait ce qui se passerait.
07:37D'autant plus quand on a nommé Charles Le Courson,
07:39qui normalement est un libéral mais qui depuis quelques années a décidé qu'Emmanuel Macron était son pire ennemi
07:44et il est devenu plus LFiste que les LFistes.
07:47Et donc on a un président de la commission des finances qui est LFI,
07:52un rapporteur général du budget qui n'est pas LFI mais qui est sur la même ligne qu'Éric Coquerel,
07:57ils s'amusent tous les deux, et résultat ? Quel est le résultat ?
08:00Des taxes, des taxes, des taxes, des taxes, c'est encore des taxes.
08:03Non c'est pas caricatural.
08:05Dans la litanie de taxes que propose M. Coquerel et qu'on a diffusée il y a quelques instants,
08:08il n'y a pas une seule taxe qu'il propose qui soit une taxe des français.
08:12Il a parlé de taxer les GAFAM, il a parlé de taxer des bovins qui arrivent,
08:15donc ça c'est par exemple par rapport à notre traité avec le Canada, le CETA.
08:18Il a proposé de taxer les transactions financières M. Chenu qui était ici vendredi,
08:22il nous a proposé la même chose que lui.
08:23Je ne suis pas sûr que M. Chenu soit non plus un socialiste.
08:25Si vous voyez mon cher Jules du socialisme,
08:29dès lors qu'on propose une taxe pour protéger à nos frontières nos intérêts économiques
08:33comme l'a proposé là M. Coquerel,
08:36franchement vous avez une vision assez expansive du socialisme.
08:39On est déjà le pays le plus taxé d'Europe.
08:41Il ne faut pas être binaire comme ça, il y a des bonnes et des mauvaises taxes.
08:44Non mais il y a des propositions qui sont faites.
08:46Par exemple, Gérald Darmanin propose de vendre 10% des participations de l'État
08:52dans des grandes entreprises qui permettraient à la France de s'en sortir au lieu d'augmenter les impôts.
08:57Est-ce que c'est une idée pertinente ?
08:59Vendre des participations dans des grandes entreprises ?
09:02C'est une erreur, parce que c'est notre souveraineté, c'est notre bien commun.
09:05Moi je pense que vendre à la découpe ce qui appartient aux Français est toujours une erreur.
09:09Et d'ailleurs, ça a été une erreur qui a été partagée à la fois par les socialistes et parfois par la droite
09:13puisque D. Jospin a été celui qui a le plus privatisé les autoroutes.
09:16Je pense que tout ce que nous pouvons conserver dans le giron de l'État,
09:20donc dans le portefeuille des Français, est une bonne chose
09:22et que ce sont des mesures en plus de très court terme.
09:24Vous vendez des participations de l'État, vous prenez un peu d'argent
09:27et puis après il n'y a plus rien.
09:28Donc non, ce n'est pas du tout une bonne solution.
09:31Philippe Juvin, membre de la commission des finances,
09:37qui dresse une liste d'organismes qui ne servent pas à grand chose,
09:41il faudrait peut-être les supprimer, il le propose en tout cas.
09:45Les dépenses, honnêtement il y a du gras, il y a de la gabegie.
09:49Le Conseil économique, social et environnemental est un organisme,
09:53c'est la troisième chambre de la République,
09:55qui coûte environ 46 millions d'euros par an.
09:58Et en tant que parlementaire, je n'ai jamais vu un avis du CESE qui m'a éclairé.
10:01Je pense que le CESE, c'est très bien quand on a les moyens,
10:04mais quand on n'a plus les moyens, ça ne marche pas du tout.
10:06Donc je vais présenter plusieurs amendements
10:08et un amendement ce sera de fixer le nombre de demandes du CESE à zéro.
10:11Voilà, le CESE, alors attendez, il dresse toute une liste, il n'y a pas que le CESE.
10:16Je vais vous faire une liste, il y a le CESE, ça coûte 60 millions d'euros par an.
10:19L'ARCOM, on en a beaucoup parlé ici, 60 millions par an.
10:22Le pass culture, vous savez combien, quel est le budget du pass culture ?
10:26267 millions pour que mon petit frère aille acheter des mangas.
10:31L'industrie cinématographique...
10:33Vous supprimez le pass culture, allez dire ça aux éditeurs, ça va leur faire plaisir.
10:36L'industrie cinématographique qui subventionne à coup de millions d'euros chaque année
10:41des films que personne ne va voir.
10:43Et le vrai sujet, le vrai sujet tabou, et là ce n'est pas une institution,
10:47à un moment donné, il faudra parler des retraites.
10:49Il faudra parler des retraites.
10:51Je vais vous donner un chiffre qui normalement va vous faire tomber de l'armoire.
10:54Ces 60 dernières années, 50% de l'augmentation de la dépense publique
10:59n'est liée, n'est imputable qu'à la question des retraites.
11:02L'indexation du début de l'année, est-ce que vous savez combien elle a coûté ?
11:06Non.
11:0714 milliards d'euros.
11:08Il y a un truc qui s'appelle le vieillissement de la population.
11:10Précisément, Paul.
11:11C'est pour ça qu'il faut passer non seulement par une réforme de retraite,
11:15par capitalisation, et qu'il faut un plafonnement des retraites.
11:20Il faudra y aller.
11:22Nous avons M. Pascal ce soir, Jules Torres qui est le fils spirituel de Margaret Thatcher.
11:26Je ne sais pas ce qu'il a à dire.
11:28Il veut faire des découpes partout.
11:29L'urgence est au Thatcherisme, mon cher Paul.
11:31Vous êtes inquiétant.
11:32Mais à un moment donné, il faut faire des dépenses.
11:34On est là à discuter de réformes structurelles.
11:37Il y en a.
11:38On ne pourra pas sortir de cette situation de dérapage des finances publiques
11:41sans parler de la question des agences.
11:43On est à 30 secondes.
11:45Probablement, vous avez raison, Jules, des agences qui ne servent pas à grand-chose.
11:48Peut-être y a-t-il des économies à faire dans certaines agences de l'État.
11:50Peut-être au CESE.
11:51Mais de grâce, ne tombez pas dans une vision caricaturale
11:53où vous voulez tout supprimer.
11:55Tout ce qu'il y a de l'État à mis en place.
11:57Le pass culture, c'est une très bonne initiative.
11:59Vous permettez à des jeunes d'aller vers la lecture,
12:01d'aller vers des outils culturels pour se former intellectuellement.
12:04Si vous mettez ça par terre au nom de votre idéologie néolibérale,
12:08vous allez dans le mur, Jules.
12:10Pardonnez-moi.
12:11Est-ce que l'État a à nous acheter nos propres livres ?
12:13Pour des gens qui n'ont pas les moyens d'en acheter des livres,
12:16c'est normal que l'État appuie là-dessus ?
12:18C'est les grandes politiques culturelles qui se sont inscrites là-dessus ?
12:21Le prix unique du livre, c'était ça ?
12:23Vous voulez revenir, chacun pour soi, avec votre tasse parfaite.
12:26C'est le stop à l'État mammouth et à l'État nounou.

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