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LE GRAND DÉBAT / Europe : après l'élection de Donald Trump, union ou désunion ?

« Le récap » par Thibault Hénocque

Alors que l'élection de Donald Trump a fait pâlir l'Union européenne, le Sommet de la Communauté politique européenne (CPE) a eu lieu le jeudi 7 novembre à Budapest, en Hongrie. Réjoui par le retour de son ami Républicain à la présidence, le Premier ministre hongrois sent que le vent politique tourne en sa faveur et se retrouve en position de force. Viktor Orban est le seul à avoir affirmé son soutien au nouveau président américain, il a salué un « succès éclatant, peut-être le plus grand retour dans l'histoire politique occidentale ». Le retour au pouvoir du milliardaire rebat les cartes en Europe. Emmanuel Macron, épaulé par le chancelier allemand Olaf Scholz qui doit lui-même faire face à une crise politique dans son pays, tient à préserver son influence. L'Union européenne parviendra-t-elle à maintenir son unité pour tenir tête à Donald Trump ?

Invités :
- Chloé Ridel, eurodéputée, porte-parole du parti socialiste
- Patrick Martin-Genier, enseignant à Sciences Po spécialiste des questions européennes
- Pascale Joannin, directrice générale de la Fondation Robert Schuman
- En Skype : Valérie Hayer, eurodéputée, Présidente du groupe « Renew »

LE GRAND ENTRETIEN / Noémie et Gérard Ejnès : « Noémie est en vie », ou l'enfer du harcèlement scolaire

« Noémie est en vie » est un récit à trois voix dans lequel des parents, Gérard et Marie-Frédérique Ejnès et leur fille, Noémie, racontent leur expérience d'un fléau : le harcèlement scolaire. Novembre 2023 marque le début de la descente aux enfers pour Noémie. Des élèves de son collège lancent une rumeur selon laquelle elle apparaîtrait sur une vidéo nue. Démentie par cette dernière, la vidéo à caractère pornographique circule sur Snapchat entre quatre protagonistes qui salissent la réputation de l'adolescente. La conseillère principale d'éducation est rapidement informée de la situation et tente vainement de faire réagir la direction de l'établissement. Une plainte est déposée. Les parents se rabattent sur le responsable pHARe (un programme de lutte contre le harcèlement à l'école). La dégradation de l'état mental et physique de Noémie et l'immobilisme de la direction poussent la famille à changer d'établissement au cours d'année. Pourquoi les harceleurs de Noémie n'ont-ils jamais été vraiment sanctionnés ? Comment la jeune fille parvient-elle à se reconstruire ?

- Grands invités : Noémie Ejnès, adolescente victime de harcèlement scolaire, et son père, Gérard Ejnès, co-auteurs de « Noémie est en vie » (Robert Laffont)

LA QUESTION QUI FÂCHE / Déficits publics : Bruno Le Maire, le bouc émissaire ?
- Julie Ruiz Perez, journaliste économique au « Figaro »
- Fanny Guinochet, journaliste économique à « La Tribune » et « France Info »

Ça vous regarde, votre rendez-vous quotidien qui prend le pouls de la société : un débat, animé par Myriam Encaoua, en prise directe avec l'a

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Transcription
00:00Générique
00:02...
00:05Bonsoir et bienvenue.
00:07Très heureuse de vous retrouver dans Ça vous regarde,
00:10ce soir, l'Europe face à Donald Trump.
00:13Les dirigeants de l'Union sont réunis à Budapest
00:16sur les terres du populiste hongrois Viktor Orban.
00:19Les répercussions du scrutin américain
00:21s'annoncent brutales pour les 27.
00:24Alors sont-ils capables de s'unir pour y faire face ?
00:27C'est notre grand débat dans un instant avec mes invités.
00:30Notre invitée Franc-Parley, ce soir, a 14 ans, presque 15.
00:35Elle raconte avec ses parents
00:37l'enfer du harcèlement scolaire dans un livre.
00:40Noémie est en vie chez Robert Laffont.
00:43Nous la recevrons avec son père.
00:45Gérard et Noémie et Jeunesse seront avec nous
00:48en cette Journée nationale de lutte contre le harcèlement à l'école.
00:52Enfin, la question qui fâche ce soir, Bruno Le Maire, est-il,
00:55le bon commissaire des déficits publics ?
00:58L'ancien patron de Bercy s'est défendu au Sénat.
01:01On en parlera avec nos chroniqueuses à la fin de l'émission.
01:04Pour le sommaire, ça vous regarde, installez-vous.
01:07C'est parti.
01:08Générique
01:10...
01:20L'ombre de Donald Trump a plané toute la journée sur Budapest,
01:24où se réunissaient les chefs d'Etat européens aujourd'hui,
01:27l'Union, plus que jamais mise au défi de son unité
01:32et face à des enjeux existentiels, et oui, existentiels,
01:36sur l'Ukraine, sur sa sécurité européenne
01:38et sur la guerre commerciale que va lui livrer
01:41le nouveau locataire de la Maison Blanche.
01:43Alors, comment éviter le chacun pour soi ?
01:46Bonsoir, Chloé Rydel.
01:47Merci d'être avec nous.
01:48Vous êtes eurodéputée socialiste et porte-parole du groupe PS
01:53au niveau du pays, au niveau national.
01:56Bonsoir, Valérie Ayé.
01:58Et bienvenue.
01:59Vous êtes à distance avec nous ce soir,
02:01eurodéputée Renaissance
02:03et présidente du groupe Renew à Bruxelles,
02:05qui rassemble, je le rappelle,
02:07les eurodéputés macronistes français,
02:09mais aussi les centristes des autres pays européens.
02:12Bonsoir, Pascal Johannin.
02:14Bienvenue, directrice générale de la Fondation Robert Schuman.
02:17Et bonsoir, Patrick-Martin Jeunier.
02:19Ravi que vous soyez avec nous ce soir.
02:22Vous enseignez à Sciences Po
02:24et vous êtes spécialiste des questions européennes.
02:27Un débat qui s'ouvre, comme chaque soir,
02:29signé ce soir par Thibaut Hénocq, qu'on accueille tout de suite.
02:33Musique rythmée
02:35...
02:42Bonsoir, Thibaut.
02:4342 chefs d'Etat et de gouvernement européens
02:46se sont réunis à Budapest pour deux jours, en Hongrie,
02:49au lendemain de la victoire de Donald Trump.
02:51Oui, réunis où ?
02:53Eh bien, regardez, dans un stade de football,
02:55cadre inédit pour un rendez-vous européen
02:58et dans un moment aussi crucial,
03:00une fantaisie que l'on doit à l'hôte de ce sommet,
03:03le leader populiste hongrois,
03:05Viktor Orban, le trublion de l'Union,
03:07l'homme du blocage de l'aide à l'Ukraine
03:09et allié de Trump en Europe,
03:11choisit, ironie de l'histoire, pour accueillir cette rencontre.
03:15Qu'importe, l'Europe est résiliente,
03:17c'est ce que veulent croire les dirigeants européens.
03:20Après l'élection de Trump, ils ont une réponse, l'unité.
03:23-"Le futur de l'Europe est entre nos mains.
03:26Restons ensemble pour faire face aux défis."
03:29-"Une chose est certaine,
03:31l'Union européenne est forte quand nous sommes unis.
03:34Nous devons être davantage maîtres de notre destin."
03:37Et si c'était le moment de vérité ?
03:39L'Europe unie face aux défis commerciaux et militaires,
03:42une Europe qui va peut-être devoir faire face
03:45seule au sauvetage de l'Ukraine, mais le peut-elle et le fera-t-elle ?
03:49Oui, bien sûr, lors de ce sommet,
03:51Volodymyr Zelensky a eu le droit à des accolades,
03:54à des messages de soutien et à des discours de réassurance.
03:57-"Nous sommes totalement engagés.
03:59Si nous abandonnions l'Ukraine, quel serait le message,
04:02pas seulement pour l'Ukraine, mais aussi pour Poutine ?"
04:05-"Si nous abandonnions l'Ukraine, cela semble inimaginable,
04:09et pourtant, la tentation risque d'être grande",
04:11en témoigne l'inquiétude de nombreux spécialistes.
04:14Prenez l'ancien Premier ministre belge, Guy Verhofstadt.
04:17Les pays de lieu essaient d'avoir une bonne relation avec Trump,
04:21que ce soit pour éviter les droits de douane ou pour la défense.
04:24Cela pourrait finir par une désintégration
04:27de l'Union européenne, un enjeu dont les représentants
04:30sont conscients et qui a été dramatisé par Emmanuel Macron.
04:33-"Est-ce que nous, on est prêts à défendre
04:35l'intérêt des Européens ? C'est la seule question qui nous est posée.
04:39Pour moi, ce moment, c'est celui où on décide d'agir,
04:42de défendre nos intérêts nationaux et européens en même temps."
04:46-"Défendre les intérêts nationaux et européens en même temps".
04:49Ce fameux en même temps d'Emmanuel Macron résistera-t-il
04:52à l'épreuve de la réalité ? Si la question se pose,
04:55c'est que la pression n'a jamais été aussi forte.
04:58Le camp populiste en Europe et l'autre grand vainqueur
05:01de ces élections américaines pourra compter sur un axe fort
05:04autour de Viktor Orban et de Giorgia Meloni,
05:06la première ministre italienne, tout deboostée par la victoire
05:10de Donald Trump. L'axe historique, l'axe franco-allemand,
05:13et l'instabilité politique dans les deux pays.
05:15En cas de victoire de Trump, Orban avait prévenu
05:18qu'il comptait sabrer le champagne. On verra s'il le fait ce soir
05:22lors du dîner de gala, en tout cas pour les Européens.
05:25Cette cuvée est celle de tous les dangers.
05:27Merci, Thibault Hénocq. On dit toujours que c'est dans les crises
05:30que l'Europe est capable des plus grands sursauts,
05:33sauf que là, on a l'impression que les défis sont tellement lourds
05:37et que les divisions sont tellement fortes
05:39qu'on va avoir du mal à s'en sortir.
05:41Pourquoi est-on entré, Chloé Rydel,
05:43depuis le retour fracassant de Donald Trump ?
05:47J'espère qu'en Europe, on est rentré dans une forme de sursaut,
05:50de réaction saine face à l'élection de Donald Trump,
05:53qui nous posera plusieurs problèmes en matière de défense,
05:56de régulation des réseaux sociaux.
05:58Un des principaux alliés de Trump, c'est Elon Musk,
06:01le patron de X, qui fait l'objet d'une enquête
06:03de la Commission européenne, car il n'applique pas la loi
06:07pour modérer les contenus, la haine en ligne.
06:09Si on décide de sanctionner ce monsieur,
06:11et on doit le faire, car si on tire la leçon
06:13de l'élection américaine, il faut lutter contre les fake news
06:17et que les réseaux sociaux amènent la polarisation de la société,
06:20il va falloir tenir tête à Trump sur ce sujet.
06:23Et puis, le gros sujet de la guerre commerciale.
06:25On va y venir.
06:26Le gros sujet de la guerre commerciale,
06:28avec le retour...
06:30L'Europe n'est pas déjà trop faible ?
06:32Bien sûr que l'Europe a longtemps été beaucoup trop faible
06:35vis-à-vis des Etats-Unis, et aujourd'hui,
06:37M. Orban, qui préside le Sommet européen,
06:41n'entend pas du tout remettre en cause cette faiblesse,
06:44puisqu'il est l'allié de M. Orban,
06:46il est le premier chef d'Etat que Trump a appelé,
06:50et ces gens qui se disent patriotes, nationalistes,
06:53ou que sais-je, en réalité, trahissent.
06:55Donc, il faut se préparer, peut-être, à une crise profonde.
06:58L'essentiel, ça va être ce que dit Verstappen,
07:01vous le montrez, très juste.
07:03Le risque, c'est que chacun aille négocier avec Trump
07:05avec un petit avantage comparatif de peur de subir des grandes pertes.
07:09Il faut éviter ça et maintenir notre unité.
07:12Comment on fait ? Emmanuel Macron va-t-il réailler
07:14l'homme de la situation ? Il a dit à Budapest
07:17qu'il fallait alerter contre les carnivores
07:20qui viendraient nous dévorer, je le cite.
07:23Il croit possible cette Europe-puissance,
07:26encore, à bâtir, mais avec qui ?
07:28Qui sont vraiment nos alliés
07:31pour résister à Trump, aujourd'hui ?
07:34En fait, la situation qu'on connaît, aujourd'hui,
07:38n'est qu'une phase accélérée d'un constat qu'on faisait déjà,
07:41à savoir qu'on a trop longtemps été naïfs
07:44dans notre rapport à la Chine, à la Russie,
07:47et aux Etats-Unis, y compris sous l'ère des démocrates.
07:50La réélection de Trump,
07:52j'aurais utilisé le même terme que Claudie Riedel,
07:55ça nous oblige à entrer dans une nouvelle ère,
07:58et c'est elle, je l'espère, du sursaut.
08:01Il faut être efficaces,
08:03les plus réactifs possibles,
08:05pour mettre en oeuvre les propositions
08:08qu'on a déjà sur la table.
08:09On sait depuis des années,
08:11c'est poussé par la France,
08:12mais pas que, qu'il faut avancer sur l'Europe de la défense.
08:15On sait depuis des années,
08:17et ça a été renforcé par le rapport Draghi,
08:19qu'on a un énorme problème de compétitivité
08:22vis-à-vis des Etats-Unis et de la Chine.
08:24On subit des attaques commerciales
08:26de la part des Etats-Unis, de la Chine,
08:28depuis des années, aujourd'hui, également.
08:31On accélère, on a aussi un souci,
08:32un sujet sur la voie de l'Europe dans le monde,
08:37donc il faut qu'on soit unis, déterminés.
08:39Le moment est venu.
08:40Les objectifs sont connus,
08:42et c'est vrai qu'Emmanuel Macron les a fixés
08:44bien avant la victoire de Donald Trump.
08:46La question, c'est l'unité.
08:48Il y a deux Europes aujourd'hui.
08:50Regardez ce qu'a tweeté Matteo Salvini.
08:52Il veut
08:53make West great again,
08:55où l'on voit le président américain,
08:57Viktor Orban, Marine Le Pen,
08:58Gerd Wilders, aux Pays-Bas,
09:00tous ensemble.
09:01On voit une fracture.
09:02Il y a deux Europes.
09:03Est-ce que vous croyez vraiment que ce sursaut est possible,
09:07avec autant de divisions,
09:08un camp pro-Trump et pro-Poutine, très clairement,
09:11et la démocratie de l'autre ?
09:13On voit bien que l'élection de Trump
09:15donne des ailes à tous ses alliés en Europe,
09:17ceux qui sont déjà en responsabilité,
09:20c'est le cas d'Orban,
09:21et ceux qui prétendent accéder au pouvoir demain.
09:24Il faut qu'on accélère avec tous les pro-européens
09:26et entre les chefs d'Etat et de gouvernement.
09:29On est dans une situation difficile.
09:31Vous avez rappelé la situation politique en France,
09:34la situation politique en Allemagne.
09:36Moi, ce que je veux croire, c'est qu'on aura ce sursaut.
09:39Il y a un réel cheval de trois, c'est Viktor Orban,
09:42qui, évidemment, fera le jeu de Donald Trump,
09:45mais je veux croire que les 26 autres seront unis.
09:48Je... Peut-être que, pour cette touche d'optimisme,
09:51peut-être qu'on peut se reporter à 2022, par exemple.
09:56Guerre en Ukraine, agression de la Russie en Ukraine.
09:59Vladimir Poutine avait misé sur la division des Européens.
10:02On a fait la démonstration qu'on avait réussi à rester unis.
10:06Dans un moment de crise comme celui-là,
10:08il faut que l'ensemble des responsables
10:10et nos dirigeants européens soient lucides
10:12sur la nécessité d'avancer le plus vite possible.
10:15Je voulais entendre les élus que vous êtes,
10:17les eurodéputés, pour voir un peu si vous étiez d'accord.
10:21Le diagnostic est partagé
10:22entre la gauche européenne et le centre européen.
10:25On peut même imaginer qu'une partie du PPE est d'accord.
10:28On va entrer dans le détail des dossiers.
10:30Patrick Martin-Jeunier, l'Ukraine.
10:32Très clairement, il faudrait que les 27
10:36soient capables d'assumer seuls l'aide militaire à Kiev,
10:40pour assurer seuls, à terme,
10:43sa propre sécurité sans l'OTAN.
10:45Ca semble extrêmement difficile.
10:48Est-ce que vous y croyez vraiment ?
10:50Ecoutez, moi, je pense que l'Union européenne a été très forte,
10:53également, sur ce défi, la guerre en Ukraine,
10:55mais ça a été essentiellement une aide financière,
10:58une aide à la reconstruction.
11:00Mme Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission,
11:03s'est rendue là-bas et, désormais, l'Ukraine est candidate
11:06officielle à l'entrée dans l'Union européenne.
11:09Ca ne veut pas dire que ça se fera tout de suite.
11:11Mais l'aide américaine en dizaines de milliards, elle vient...
11:15C'est incontournable.
11:16Qu'est-ce qu'on fait dans ces cas-là ?
11:18L'Allemagne, la France envoient quelques équipements,
11:21mais on ne fait pas le poids vis-à-vis des Etats-Unis
11:24pour l'aide militaire.
11:25Ca veut dire quoi ? Ca veut dire que l'Europe
11:28va regarder une paix signée entre Poutine et Trump
11:30et que les Ukrainiens peuvent dire au revoir
11:33à un tiers de leur territoire ?
11:35Il y a de fortes chances que tout cela échappe à l'Europe.
11:38Nous n'avons pas l'Europe de la défense,
11:40nous ne sommes même pas une puissance politique.
11:43Il y a des divisions sur ce point.
11:44Vous parliez d'Orban qui est le vert dans le fruit.
11:47Ce soir, il dit, quand même, depuis Budapest,
11:50qu'il faut rester unis.
11:51Il faut rester unis, mais ça veut dire quoi, rester unis ?
11:54Maintenant, si Donald Trump fait un deal
11:57avec Vladimir Poutine, même Volodymyr Zelensky,
12:01il sera peut-être obligé de le faire,
12:03même si on a toujours dit qu'il ne se ferait rien sur l'Ukraine.
12:07En réalité, Donald Trump a été élu avec une telle puissance,
12:11avec une telle... J'allais dire un tel succès,
12:15un tel séisme politique qu'en réalité,
12:17il est capable de faire tout et son contraire,
12:20parce qu'on a dit qu'il laisserait tomber l'Ukraine.
12:23On ne sait pas ce qu'il va faire.
12:25Il réglerait très rapidement le conflit.
12:27Je remarquerais que Volodymyr Zelensky a envoyé
12:30un mail, un texto de félicitations,
12:33un Twitter de civilisation, pardon,
12:35de félicitations à Donald Trump.
12:38Il dit aussi, ce soir, Volodymyr Zelensky,
12:40depuis Budapest, que des concessions à Poutine
12:43sur l'Ukraine seraient inacceptables.
12:45Oui, bien sûr, mais vous savez bien
12:47qu'il n'y a pas qu'aux Etats-Unis,
12:49il y a aussi dans les chanceliers occidentaux.
12:52Regardez le chancelier allemand, il pense lui-même
12:55qu'un jour, il faudra faire des concessions.
12:57Donc, d'ores et déjà, le nouveau président élu sait
13:00qu'il aura des alliés éventuellement
13:02pour une négociation territoriale en Ukraine.
13:05Sur l'Ukraine, Pascal Johannin,
13:07vous êtes pessimiste, comme Patrick Martin-Jeunier.
13:10Il faudrait que les 27 soient tous d'accord
13:12pour prendre le relais des Etats-Unis.
13:14C'est pas le cas du tout.
13:16Il y a Orban, seulement, il faut pas extrapoler,
13:19il y a qu'Orban, qui est contre l'armée militaire.
13:22Oui, mais enfin, c'est...
13:23Comme l'ont dit Valérie Ayé et Chloé Riedel,
13:26il y a eu une unité le 24 février 2022
13:29qui n'était pas immédiate,
13:30et ça a fait plutôt plaisir,
13:32parce qu'on pensait qu'il allait y avoir des divisions.
13:35Là, je crois qu'il faut... Le pire n'est jamais sûr.
13:38C'est-à-dire qu'en effet, Donald Trump n'est pas là
13:41avant le 20 janvier, et d'ici le 20 janvier,
13:43on va procéder à la réforme de toutes nos institutions,
13:46puisque le Parlement a été élu au moins le 2 juin,
13:49et on est en train, les députés le savent bien,
13:52d'auditionner les commissaires
13:54pour que la commission puisse entrer en application.
13:57Il y aura un nouveau président du Conseil européen
13:59qui rentrera en fonction du 1er décembre.
14:02Si on veut afficher un message d'unité,
14:04il y a une occasion de le faire.
14:06C'était pas aujourd'hui, c'était une réunion de 44 pays,
14:09qui étaient tous les pays de l'Union européenne,
14:12et 20 autres membres.
14:13C'est le 1er conseil européen, le 19 et 20 décembre.
14:16Officiel, celui-là, pas informel comme demain.
14:18Il va y avoir la possibilité, c'est le seul,
14:21entre le maintenant et le 20 janvier,
14:23avec les institutions renouvelées, le nouveau président, etc.
14:26C'est le moment où l'Union européenne
14:29peut afficher un message...
14:30-"On est tous ensemble pour l'Ukraine",
14:33ou dire qu'on va faire une économie de guerre
14:35pour pouvoir assurer sa sécurité ?
14:37C'est pas pareil.
14:38Il faut faire la part des choses.
14:40Si les Etats-Unis décident de se retirer
14:43militairement d'Ukraine, mais attention,
14:46il y a quand même une industrie militaro-industrielle
14:49proche de Trump qui a des intérêts à avoir, en effet, un marché.
14:52Si ce marché est coupé, ça va leur faire quand même
14:55un manque à gagner.
14:56Les avions de chasse américains, par exemple,
14:59sont livrés aux Ukrainiens.
15:01Est-ce qu'ils vont le couper tout de suite ?
15:03Nous, Européens, avec nos petits bras
15:05qui sont en train de se réarmer,
15:07mais à petite dose, de pouvoir, en effet,
15:10compenser une aide américaine militaire
15:12qui serait coupée complètement.
15:14Donc tout le monde se tient, plus ou moins.
15:16C'est le soutien du pire. Deuxième chose,
15:19Poutine, c'est quand même...
15:21Il n'a rien dit aujourd'hui, mais il doit se frotter de joie,
15:24de l'élection de Trump, mais est-ce que Trump a intérêt
15:27à afficher un message vis-à-vis de la Russie
15:31qui, de toutes les façons, aborde le modèle occidental ?
15:36L'expression du modèle occidental immédiat,
15:38c'est le modèle européen, mais il aborde le modèle américain.
15:42C'est l'ennemi de toujours.
15:43Est-ce que Trump va lui faire ce cadeau-là ?
15:47Est-ce que je suis reconsidérée comme un grand,
15:50alors que j'étais un peu déclassée,
15:52le grand, c'était la Chine et plus la Russie ?
15:55Est-ce que je vais avoir dans ce combat-là ?
15:57Est-ce que Trump va lui offrir cette faveur ?
16:00Je ne suis pas sûre qu'à Washington...
16:02Il faut attendre l'investiture le 20 janvier
16:04et pas forcément prendre au pied de la lettre
16:07ce qu'a dit le candidat Trump.
16:09On avance sur la guerre commerciale.
16:11Ca fait très longtemps qu'il a annoncé la couleur,
16:14Donald Trump.
16:15Il va y avoir une vraie guerre commerciale,
16:18jusqu'à 100 % pour la Chine, 20 % pour les produits européens.
16:21Qu'est-ce qu'on fait ?
16:23Est-ce qu'on dit, oeil pour oeil, dent pour dent,
16:25on annonce la couleur à 27 et peut-être qu'il y a davantage
16:29de pays qui seraient d'accord pour faire du protectionnisme
16:32ou les Allemands feront toujours bande à part
16:34parce qu'ils vendent leur voiture, leur BMW, leur Mercedes ?
16:37Je vous remercie d'insister sur ce point
16:40parce que je pense que c'est la menace principale pour l'Europe.
16:43C'est la hausse des tarifs douaniers américains
16:46sur les produits d'exportation européenne.
16:48Par exemple, nous, on serait touchés sur la filière viticole,
16:52le vin qu'on exporte aux Etats-Unis.
16:54Le champagne.
16:55Et c'est aussi par, comment dirais-je,
16:58enchaînement, le fait que les droits de douane
17:02sur les produits chinois et la guerre commerciale avec la Chine
17:06que, du coup, les marchandises chinoises vont se déverser
17:09encore plus vers le marché européen
17:11puisque le marché américain le leur sera fermé.
17:13Et donc, si on ne rétablit pas la protection commerciale
17:16et des droits de douane à la hauteur,
17:19on va avoir des filières industrielles
17:21entièrement décimées sur notre continent.
17:23Je sonne l'alarme parce que si on est sérieux
17:25dans les leçons qu'on veut tirer de l'élection de Donald Trump
17:29aux Etats-Unis, où on a vu notamment une Amérique rurale
17:32versus une Amérique des villes
17:34et des Américains précarisés,
17:36même si c'est plus complexe que ça
17:37parce que Trump a été porté par des machines médiatiques
17:40défectueuses et compagnie,
17:42mais quand même, au coeur du vote Trump,
17:44il y a ce malaise rural
17:46et ce désir d'avoir accès à de bons emplois.
17:49Il faut absolument qu'on maintienne
17:52nos emplois et notre industrie en Europe.
17:54Et moi, je n'ai pas grande confiance, à ce stade,
17:57dans la capacité du Parlement européen,
17:59telle que la majorité.
18:01Il y a trop de populistes ?
18:02Non, parce qu'il y a trop de libéraux.
18:04Il y a trop de gens...
18:06Le PPE serait responsable de ne pas voter ?
18:08Pardon, Rignon.
18:09On va lui demander de s'y occuper.
18:11Sont-ils prêts à réellement protéger notre industrie ?
18:14Je rappelle qu'il n'y a pas plus tard que deux semaines,
18:17M. Orban s'est opposé à la hausse des tarifs douaniers européens
18:21sur les véhicules électriques chinois,
18:23et ces tarifs douaniers sont de 30 % uniquement.
18:27Alors, Valérie Ayel est pour vous la question.
18:29Prête à protéger véritablement l'économie européenne ?
18:33Europe first.
18:35Merci, Mme Bridell,
18:36parce que vous me donnez l'occasion
18:38d'expliquer tout ce qu'on a fait sur le mandat
18:41qui vise à être moins naïf dans la mondialisation.
18:43Personne n'a intérêt à une guerre commerciale.
18:46Ni nos consommateurs, ni d'autres producteurs.
18:49On a toujours été les tenants du multilatéralisme,
18:52mais en même temps, on a été trop naïfs.
18:54On a pensé que le commerce international
18:56allait régler toutes les affaires du monde
18:59et que nos partenaires respecteraient
19:01les règles du commerce mondial.
19:03Or, ça n'est pas le cas.
19:04Sur le précédent mandat, on a négocié
19:07toute une série d'outils,
19:08de la possibilité de mettre en oeuvre des tarifs douaniers.
19:12On l'a fait, et Ursula von der Leyen l'a fait,
19:14sur les véhicules électriques chinois,
19:17après avoir mis en place une enquête.
19:19On a mis en place un outil de filtrage des investissements étrangers,
19:23qui oblige à la réciprocité dans l'accès au marché public.
19:26Par exemple, on laissait les entreprises chinoises
19:29accéder à nos marchés publics, mais on n'avait pas la réciprocité.
19:32Je me permets de relayer une question de Chloé Rydel en plateau.
19:36Pas forcément évident.
19:37Des outils, mais est-ce qu'on les utilise ?
19:40On met ces barrières douanières
19:43sur les produits importés américains.
19:45J'allais y venir.
19:47Ces outils, on les a créés.
19:48L'enjeu de la future Commission européenne,
19:51c'est de les mettre en place.
19:52Je le redis, ces 35 % de tarifs douaniers
19:55sur l'électricité chinoise, on les a soutenus.
19:57Peut-être qu'il va falloir aller plus loin.
20:00Le protectionnisme, c'est un gros mot chez nous.
20:03L'enjeu, c'est de ne pas être naïf dans le jeu mondial
20:07et, sans entrer dans une guerre commerciale,
20:09de créer les conditions du rapport de force
20:12pour ne pas se faire écraser nos entreprises et nos producteurs
20:15dans la concurrence mondiale.
20:17Évidemment, on devra être offensif,
20:20mais c'est vrai que, et là, je suis d'accord avec Chloé Rydel,
20:23il y a encore un certain dogmatisme
20:26sur les questions commerciales,
20:29mais ce dogmatisme est en train de tomber.
20:31On a vu qu'il a commencé à tomber à la faveur de la crise sanitaire,
20:35à la faveur de la guerre en Ukraine,
20:37et, véritablement, les positionnements changent
20:39aussi sur ces questions-là.
20:41Je voudrais revenir et remettre un peu de perspective
20:45par rapport à l'élection de Donald Trump.
20:48Évidemment, c'est un choc
20:49et ça va avoir une incidence majeure sur le cours du monde.
20:53Mais, simplement, pour relativiser aussi un petit peu,
20:56Donald Trump, sur son premier mandat,
20:59avait déjà mis en place des tarifs douaniers,
21:02avait déjà été offensif.
21:03Est-ce que Biden avait retiré les tarifs douaniers ? Non.
21:06Les États-Unis étaient déjà engagés dans une démarche assez offensive.
21:10Il y a une continuité sur cette offensive de la politique commerciale.
21:14Ça va s'accélérer avec Trump,
21:16mais l'IRA américain qui a été mis en place sous Biden en 2022,
21:19c'est 370 milliards d'euros pour attirer,
21:21ça a tellement bien marché qu'ils ont dépassé
21:24les mini-milliards d'euros pour attirer des industries vertes.
21:27Ils sont venus les chercher chez nous, les industriels.
21:30Il y a la question des barrières douanières
21:33et il y a la question de la politique industrielle
21:35de nos usines.
21:36Il y a énormément de patrons qui commencent à se dire
21:39qu'on va là-bas, les aides sont trop intéressantes
21:42et il va y avoir un flux énorme.
21:46Comment on fait pour stopper ça ?
21:47Notamment aux industries vertes.
21:49Vous savez, Trump, je suis allé aux Etats-Unis,
21:52cette semaine, avant l'élection,
21:54il a une véritable obsession, c'est la concurrence européenne.
21:57J'ai écouté son discours, il a cité Angela Merkel,
22:00qui n'est plus chancelière, c'était son obsession,
22:03il a cité Mercedes, il a cité BMW,
22:05et il a une véritable obsession,
22:07il veut absolument protéger son industrie.
22:10Et donc, la guerre commerciale, elle va être terrible.
22:13Elle va être là, et rappelez-vous cet épisode
22:16lorsque Donald Trump était venu à Paris
22:19en disant, eh bien,
22:20tu veux mettre des taxes sur mes produits,
22:22eh bien, moi, tu vas voir, je vais augmenter
22:25sur le champagne de 20 %, 40 %,
22:27et là, Emmanuel Macron a été obligé de reculer,
22:29de renoncer. En d'autres termes,
22:31cette guerre commerciale, si elle doit avoir lieu,
22:34ce sera du perdant perdant.
22:36Mais Donald Trump n'est pas un homme d'Etat,
22:38c'est un businessman,
22:40c'est quelqu'un qui a toujours fait des affaires,
22:42il veut toujours gagner, et donc, par conséquent,
22:45c'est extrêmement terrible. Je ne suis pas certain
22:48que nous ayons la possibilité politique d'en isy opposer
22:51lorsqu'on voit qu'effectivement, la moitié de l'Europe,
22:54presque, est pro-Trump, eh bien, beaucoup vont se précipiter
22:57à Washington, probablement, pour négocier quelques avantages.
23:00On va parler de l'Allemagne dans un instant,
23:03parce que le couple franco-allemand
23:05est affaibli des deux côtés, et c'est assez inédit.
23:08Mais avant ça, il faut parler d'une seule voie,
23:10si on veut faire du protectionnisme.
23:12Les Allemands veulent vendre leurs voitures.
23:15Mais regardez ce qui leur arrive, aujourd'hui.
23:17Ils ont une économie qui est en charpie,
23:19parce qu'ils n'ont pas ouvert les yeux
23:21et qu'ils ont été trop dépendants vis-à-vis de la Russie
23:24sur les hydrocarbures et de la Chine.
23:27Quand la Chine tousse, parce que le marché, la croissance tousse,
23:30les colonies allemandes sont en récession
23:33et plongent un petit peu, en effet,
23:35avec le dernier échelon de cette crise économique,
23:38la crise politique...
23:39On va en parler dans un instant.
23:41Sur la défense, autant il n'y a pas de compétences européennes,
23:44mais sur le commerce, il y en a une.
23:46Il y a rarement dans le panier commun des compétences européennes.
23:50Sur le commerce, il y a les outils et il y a les méthodes
23:53où on peut avoir une position commune.
23:55Je rappelle qu'on parle de la Chine, des Etats-Unis,
23:58ce sont des Etats.
23:59Nous, on n'est pas un Etat, il y en a 27.
24:01On a mis dans le pot commun, volontairement,
24:04quelques compétences.
24:05Il y en a une, la concurrence, et l'autre, le commerce.
24:08Et l'unanimité des 27, c'est possible ?
24:10Si on veut, il y a la volonté politique.
24:13Alors, Olaf Scholz n'était pas présent
24:16à ce sommet de Budapest, chaises vides.
24:19Sa coalition a implosé.
24:21Explication, Hélène Monduel.
24:23Il l'a fait exploser.
24:24Applaudissements
24:26Olaf Scholz, applaudi par ses troupes du SPD,
24:29le parti social-démocrate allemand.
24:32Quelques instants plus tôt, le chancelier allemand
24:34l'émogeait son ministre des Finances,
24:36le chef du Parti libéral, Christian Lindner.
24:40Trop souvent, il a rompu ma confiance.
24:43Il a même annulé unilatéralement l'accord sur le budget,
24:47alors que nous nous étions déjà mis d'accord
24:49lors de longues négociations.
24:51Une décision qui fait immédiatement éclater
24:54la coalition allemande, signée en novembre 2021,
24:57car dans la foulée, la plupart des ministres issus du FPD
25:01démissionnent.
25:02Olaf Scholz n'est plus intéressé par un accord viable pour tous,
25:06mais par une rupture calculée avec cette coalition.
25:10Il entraîne l'Allemagne dans une phase d'incertitude.
25:15Après des semaines de vacillements,
25:17de crises industrielles et économiques,
25:19l'Allemagne plonge dans une crise politique.
25:22Les oppositions pressent le chancelier
25:24d'organiser des élections anticipées.
25:27Le président appelle à la raison.
25:29L'heure n'est pas à la tactique et aux escarmouches.
25:34C'est le temps de la raison et de la responsabilité.
25:38Notre pays a besoin de majorités stables
25:40et d'un gouvernement capable d'agir.
25:43La première puissance européenne implose
25:46au moment où le continent doit s'armer et faire face
25:50à une nouvelle ère américaine.
25:52Chloé Riedel, ça ne pouvait pas plus mal tomber.
25:56Oui, ça tombe très mal, effectivement,
25:58parce que là, on est partis pour trois mois de campagne
26:01avant les élections anticipées allemandes.
26:04Après une élection allemande, c'est des mois et des mois
26:07pour former une coalition.
26:08Tout ce que vous venez de dire sur le sursaut,
26:11la volonté, la détermination, ça n'est que du sable.
26:14Il faut attendre trois mois.
26:16Ca ne se fera pas tout seul.
26:17Il y aura des obstacles sur notre chemin,
26:20notamment les élections allemandes.
26:22Ce n'est pas un bon moment, même si cette coalition...
26:25On peut parler d'une seule voie d'ici le 1 décembre.
26:28Sur la question de l'Allemagne,
26:30c'est une crise de modèle.
26:31Volkswagen a annoncé des dizaines de milliers d'emplois supprimés
26:35parce qu'il y a eu cette naïveté vis-à-vis de la Chine,
26:38où on a investi massivement l'industrie chimique et automobile.
26:41Les Chinois ont récupéré la technologie,
26:44savent produire des voitures aussi belles et performantes
26:47que celles des Allemands et nous les ré-exportent.
26:50Ca détruit des emplois en Allemagne.
26:52Cette crise de modèle que l'Allemagne traverse
26:54peut produire le pire, l'arrivée de l'extrême droite en Allemagne,
26:58qui a probablement augmenté aux dernières élections,
27:01mais peut aussi créer un sursaut en Allemagne.
27:03Il n'y aura pas de sursaut européen
27:05s'il n'y a pas de sursaut en Allemagne.
27:07C'est très intéressant.
27:09Le sursaut de l'Europe passera d'abord par le sursaut de l'Allemagne ?
27:15D'abord, effectivement, en Allemagne,
27:17il y a une instabilité politique et structurelle.
27:20Structurelle, parce qu'ils se sont mis dans les mains,
27:23ça a été dit, de la Russie pour les hydrocarbures,
27:26de la Chine pour le volet commercial
27:28et des Etats-Unis sur le volet de la défense.
27:30Et instabilité politique.
27:32En fait, cette coalition,
27:34on sait depuis trois ans qu'elle existe,
27:36qu'elle est très difficile.
27:38Aujourd'hui, c'est une forme de clarification
27:40parce que ça fonctionnait très mal.
27:42Le moment est probablement le pire qu'il soit,
27:45parce qu'on a besoin que l'Allemagne soit forte.
27:48Moi, le constat que je fais aussi,
27:50c'est qu'Olaf Scholz a été très faible
27:52en tant que chancelier dans cette coalition.
27:55Elle est très difficile à piloter.
27:57Et M. Liener est aussi probablement très difficile.
28:00Il est dans ma famille politique,
28:02mais je pense que c'est difficile de travailler avec lui.
28:05Néanmoins, Scholz avait l'opportunité
28:07de se dire, je vais me détacher des contingences nationales
28:11en embrassant complètement le volet européen.
28:14Or, il ne l'a pas fait.
28:15Et moi, ce qui m'inquiète, c'est ce qui va se passer
28:18dans les prochaines semaines.
28:20Mais quand on compare l'ère Scholz et l'ère Merkel,
28:23Scholz a été plus conservateur que l'était Angela Merkel.
28:26Il est socialiste, il faut le rappeler.
28:28Social-démocrate.
28:30Angela Merkel, sur les questions migratoires,
28:32a ouvert la voie au demandeur d'asile Olaf Scholz,
28:37qui referme les frontières,
28:39remet des contrôles aux frontières avec Schengen.
28:42Sur la question budgétaire, Angela Merkel lève le tabou
28:45de l'endettement commun.
28:47Et en fait, Scholz a été, sur beaucoup de positions,
28:51pas très pro-européen, assez peu engagé,
28:53et il n'a pas saisi l'opportunité...
28:56Vous n'allez pas le regretter.
28:58On a bien compris.
28:59En tout et de cas de cause, on a un intérêt européen
29:02à ce que la situation en Allemagne soit stabilisée
29:05la plus vite possible.
29:06Ensuite, on parle beaucoup du couple franco-allemand.
29:09Il est assez idéalisé du côté français
29:12beaucoup plus que du côté allemand.
29:14Il ne faut pas oublier non plus les autres acteurs
29:17qui sont importants en Europe.
29:18Je pense à la Pologne de Donald Tusk
29:20ou aux Etats baltes qui jouent un rôle de plus en plus important
29:24dans la construction européenne.
29:26Leur proximité avec la Russie fait qu'ils veulent s'engager
29:29et avoir du leadership.
29:31Il faut compter sur eux.
29:32Toujours le verre à moitié plein, ça fait plaisir.
29:35On a besoin d'optimisme.
29:37Je laisse la parole aux experts pour conclure.
29:39Pascal Johannin, comment voyez-vous l'Europe
29:42dans les quelques mois qui viennent ?
29:44Au pied du mur et capable de rebondir,
29:46parce que c'est toujours dans les crises,
29:49cette Europe que Robert Schuman a mise en place en 1950,
29:52on arrive à la peut-être quatrième génération,
29:54c'est une nouvelle ère qui s'ouvre.
29:56On a eu l'ère avec la chute du mur de Berlin,
29:59l'élargissement, la coupure.
30:01On doit pouvoir être en mesure de défendre nos intérêts.
30:04Ce que dit Donald Trump, c'est
30:06make America great again, c'est mon intérêt d'abord.
30:09On ne partage plus les mêmes intérêts.
30:11On peut partager les mêmes valeurs,
30:13mais on ne partage plus les mêmes intérêts.
30:15La balle est dans notre camp.
30:17Soit on est capables de faire quelque chose ensemble,
30:20on l'a prouvé par le passé, on a des outils.
30:22Il y a la volonté politique.
30:24Bien entendu, il y a l'Allemagne en ce moment.
30:27Vous aurez le mot de la fin.
30:28C'est qui ?
30:29Il y a un énorme problème de leadership.
30:32Le coup franco-allemand est nécessaire
30:34pour avoir un accord européen.
30:36Mais qui peut incarner cette ambition ?
30:38On n'a pas l'impression d'un homme ou d'une femme.
30:41Aujourd'hui, nous avons l'impression...
30:44Je dirais pour la construire,
30:45parce que je n'imagine pas faire l'Europe
30:48avec l'extrême droite ou Mélanie.
30:49C'est impossible, au regard des pères fondateurs.
30:52Il faut trouver des grands pays.
30:54Aujourd'hui, la France, l'Allemagne,
30:56ce sont deux pays fragilisés
30:58par une situation politique extrêmement délicate.
31:01Pour l'instant, effectivement, c'est assez délicat.
31:04J'espère que vous reviendrez.
31:05C'était passionnant de vous écouter malgré la dureté des temps.
31:09Merci à vous. On va accueillir à présent
31:11une jeune fille de presque 15 ans avec son père
31:14en cette journée nationale de lutte contre le harcèlement scolaire.
31:18Il publie Noémie est en vie,
31:19chez Robert Lafon, c'est un récit intime,
31:22c'est un récit glaçant, aussi, écrit à trois voix.
31:25Le père, Gérard, la mère, Marie-Frédérique et Noémie,
31:28et Jeunesse, qui nous plongent
31:29dans le tourbillon infernal du harcèlement.
31:32Regardez l'invitation de Marco Pommier.
31:34Il nous rejoint juste après.
31:36Si on vous invite, Noémie et Gérard et Jeunesse,
31:40c'est pour nous raconter un calvaire,
31:42celui de votre famille,
31:44confrontée à l'enfer du harcèlement scolaire.
31:47Un récit à trois voix, à commencer par la vôtre, Noémie,
31:51cible d'une rumeur circulant dans les couloirs du collège
31:54à propos d'une vidéo montrant une jeune fille nue,
31:57votre nom y est associé, à tort,
32:00et les insultes fusent.
32:05Le début d'une spirale infernale,
32:07condamnée à croiser vos bourreaux chaque jour
32:10qui vivent en toute impunité,
32:12de plus en plus isolées, épuisées mentalement.
32:15Seul moyen de sortir du cauchemar, dormir, toujours plus.
32:19Vous commencez à déserter le collège,
32:21votre corps vous lâche, mal au dos, au ventre,
32:245 kg de perdus.
32:25Alerte rouge, vous abandonnez votre passion, le cheval,
32:28jusqu'à cette phrase qui terrifie votre mère.
32:31Elle m'a dit sur un ton très doux,
32:33je veux juste que tout s'arrête.
32:35Quand vous êtes maman et que votre fils se trouve
32:38dans un tel état de détresse,
32:40vous ne pouvez imaginer qu'un seul sens, le pire.
32:43Marie-Frédérique et vous, Gérard, êtes désemparés.
32:47Face à l'immobilisme de la principale du collège,
32:50incapable de sanctionner les coupables,
32:52face aux dysfonctionnements multiples,
32:54le 30-18, ce numéro spécial réservé au cas de harcèlement
32:58qui ne rappellera jamais,
33:00délaissé malgré une plainte déposée à la gendarmerie,
33:03une véritable épreuve.
33:05Cela fait partie des moments de notre vie
33:07où la réalité est distanciée,
33:09où l'on a l'impression d'être hors sol.
33:11Ca n'arrive pas qu'aux autres.
33:13Une décision s'impose,
33:14changez Noémie d'établissement, la double peine,
33:18et la machine du harcèlement ne s'arrêtera pas.
33:20D'un collège à l'autre, les rumeurs vous suivent.
33:23Tu baisais avec plein de mecs dans l'autre collège ?
33:26Aujourd'hui, Noémie, vous êtes en seconde,
33:28loin de vos camarades toxiques.
33:30Le début peut-être d'une reconstruction.
33:36Bonsoir, Noémie.
33:37Merci beaucoup d'être là avec nous sur LCP.
33:41Bonsoir, Gérard Régnès.
33:42Merci également d'être là.
33:45C'est pas évident, quand même, de voir un sujet comme ça.
33:48Alors, on s'accroche. C'est pas facile,
33:50mais qui a convaincu qui d'écrire ce livre,
33:53de raconter ça, de raconter son histoire publiquement ?
33:56En premier, mon père, qui est de base un écrivain.
34:00Donc, il a eu cette idée dans mes moments les plus bas.
34:05Et il m'en a directement parlé
34:07et proposé cette idée d'écrire ce livre.
34:10Et vous, Gérard ?
34:12Comment est né ce projet ?
34:13Il fallait coucher sur le papier ce que vous avez traversé ?
34:16C'était... Oui.
34:17La première fois que j'en ai parlé à Noémie,
34:20c'était encore une illusion, ce livre.
34:22Parce que Noémie était au plus bas de sa dépression
34:25et on communiquait pratiquement plus avec elle
34:27parce qu'elle ne nous entendait plus,
34:30elle était plongée dans son calvaire.
34:32Et je me suis dit que lui proposer ce livre,
34:36c'est-à-dire un projet d'avenir,
34:38c'était une façon de la maintenir en vie,
34:40parce que nous craignions pour sa vie à cette époque-là.
34:43Une manière de la maintenir en vie,
34:46de lui donner un espoir,
34:47non pas de...
34:49Si c'était possible, si on se sortait de tout ça,
34:52non pas de se venger, parce qu'il n'est pas question de vengeance,
34:56mais au moins, pour elle, de prendre une petite revanche
34:59parce qu'elle a été tellement salie et humiliée
35:02qu'il fallait qu'on lui rende sa fierté.
35:05Il vous convient, ce mot de revanche, Noémie ?
35:07Je pense que oui, parce qu'une vengeance,
35:10on ne peut pas se venger,
35:12mais une revanche personnelle, je suis d'accord,
35:15parce que je pense que ce livre m'a beaucoup aidée
35:17et va, par la suite, beaucoup m'aider.
35:19Il sort aujourd'hui. Ca libère aussi de quelque chose.
35:22Vous le sentez déjà ?
35:24Oui, ça fait assez spécial quand même
35:26de sentir qu'un livre sur moi-même sort,
35:28mais ça m'a beaucoup aidée et ça va beaucoup m'aider.
35:31-"C'est un livre à trois voix",
35:33ça fait son originalité et sa sincérité, sa force aussi.
35:37Il y a la mère, il y a le père,
35:39il y a la fille qui parle, chapitre après chapitre.
35:42C'est un livre qui s'ouvre sur une scène édifiante,
35:45une matinée de grisaille, on est début mars 2024,
35:48vous êtes tous les trois, avec votre mère, Noémie,
35:52au volant de la vieille Clio familiale,
35:54en route vers le nouveau collège,
35:56puisqu'il a fallu, contraintes et forcées,
35:59changer de collège.
36:00Et là, je sais pas si c'est le sort qui s'acharne,
36:04mais vous allez devoir, le premier jour,
36:07alors que c'est le début de la fin du calvaire,
36:10être confrontée à voir ce que racontait Noémie.
36:14Noémie ?
36:15Le théâtre, la pièce de théâtre.
36:19Le théâtre, du coup, déjà...
36:21Bon, j'y vais comme une nouvelle élève,
36:24donc je suis assez seule,
36:25mais je pense que ça peut être pas mal
36:27de commencer par une sortie avec sa classe,
36:30mais elle aurait été beaucoup mieux
36:34si j'aurais pas eu à voir toutes les personnes
36:37de mon ancien collège,
36:39parce que, du coup, c'était une pièce de théâtre
36:42où les deux collèges de la ville étaient réunis.
36:45Donc...
36:46Et les élèves de 3e qui vous avaient harcelés.
36:48C'est assez spécial.
36:50C'est quand même incroyable.
36:51Les conséquences malicieuses, vous appelez ça.
36:55Je crois pas du tout au hasard,
36:56mais à des forces qui nous guident.
36:58Elles doivent nous amener...
37:00Elles le savent, nous, on sait pas,
37:02mais effectivement, sa première matinée,
37:04elle se retrouve confrontée à tous ses anciens condisciples
37:08du collège qu'elle vient de quitter,
37:10dont ses harceleurs,
37:11et qui sont eux-mêmes un peu surpris, d'ailleurs,
37:14je crois, pour beaucoup, parce qu'ils ne le savaient pas.
37:17C'était la première matinée
37:19d'après les vacances qu'elle avait changé de collège.
37:22Surtout les regards des élèves de son nouveau collège
37:25et les regards des élèves de son ancien collège.
37:28C'est un moment extrêmement compliqué.
37:31Et cette scène inaugurale permet de mieux comprendre
37:34la hantise de les revoir,
37:35la hantise qui vous accompagne pratiquement tout le temps.
37:39Le harcèlement, il commence dès la 6e.
37:42Vous êtes accusé à tort par une amie,
37:44en fait, c'est pas du tout une amie, en 6e.
37:46Après, c'est l'enfer de la 3e. Je vais un peu vite.
37:49En début d'année, il y a cette vidéo
37:51où on le voyait dans le sujet.
37:53Une femme nue, ça n'est évidemment pas vous,
37:55mais il y a celui que vous nommez Arthur,
37:58Gérard Regnès, dans ce livre,
38:00qui va diffuser cette vidéo.
38:02Le poison de la rumeur se diffuse
38:04et vous êtes salie.
38:06Vous êtes d'abord terriblement gênée.
38:08Vous vous tournez vers qui au tout début ?
38:10C'est pas tout de suite vers les parents que vous allez.
38:13Non, au début, je ne me tourne absolument pas
38:16par mes parents.
38:17C'était pas possible.
38:18C'est compliqué et je pense, encore aujourd'hui,
38:21que si quelqu'un ne m'aurait pas aidée,
38:23j'en aurais jamais parlé à mes parents.
38:26Il y a un sentiment de gêne, de honte et de honte.
38:28Oui, totalement.
38:30Et du coup,
38:32une des premières personnes informées,
38:34ça a été mon amie,
38:35qui a elle-même aussi été harcelée.
38:38Celle qu'on appelle Alice ?
38:39Oui. Du coup, on a essayé de se battre toutes les deux
38:43et la CPE a très vite été mise au courant.
38:46Voilà. Alors, c'est vrai qu'elle fait le boulot.
38:49Il y a une surveillante qui repère votre détresse
38:54et la CPE, qui va vous conduire
38:57à appeler le 30-18.
38:59C'est quand même aussi édifiant.
39:00Quand, aujourd'hui, j'entendais, en cette journée nationale,
39:04vanter les mérites de ce numéro,
39:06il n'a pas été utile, il n'a servi à rien.
39:08Oui, voilà. Alors, il faut faire sas attention.
39:11Je ne voudrais pas que notre cas particulier
39:13soit confondu avec le cas général.
39:15C'est-à-dire que, dans le harcèlement de Noemi,
39:19rien de ce qui aurait dû être fait n'a été fait
39:22par les gens qui avaient pouvoir d'agir, évidemment.
39:26La CPE, elle n'a pas de pouvoir.
39:27Une proviseure, une responsable d'établissement,
39:30elle a un pouvoir.
39:31A l'académie, il y a des gens qui ont du pouvoir,
39:34au rectorat, il y a des gens qui ont du pouvoir.
39:37Mais donc, on s'est retrouvés face à...
39:40à une situation complètement bloquée,
39:43c'est-à-dire de voir Noemi plonger et, en face,
39:47on avait, dans toute sa splendeur, le pas de vagues.
39:51C'est exactement ce qui nous est arrivé.
39:53Tout a été fait à l'envers du début à la fin.
39:56Le 30-18...
39:57-...n'est pas véritablement une aide,
39:59et les autres parents d'élèves non plus.
40:01Les autres parents, ils sont au courant ou pas au courant.
40:04Pour nous, c'est difficile.
40:06On n'avait pas de contact avec les autres parents.
40:09En revanche, le 30-18, on l'a tout de suite fait.
40:12Noemi l'a fait.
40:13Donc, dans tous les...
40:15Dans toutes les directives
40:17qu'ont les gens du 30-18,
40:19il faut, dans les 48 heures,
40:21alerter l'académie.
40:23Quand une proviseure,
40:25une principale d'établissement de collège,
40:27apprend un cas avéré, bien sûr, de harcèlement,
40:31elle doit, dans les 48 heures, prévenir l'académie.
40:34La fait... Oui ?
40:35Vous n'avez rien vu venir, honnêtement ?
40:37Il y a aussi ces très jolies pages dans ce livre
40:40où vous dites qu'au fond, depuis longtemps,
40:43votre fille vous met à distance,
40:44elle parle davantage avec sa maman.
40:47Vous tombez des nus, quand vous comprenez ce qui se passe ?
40:50On a l'impression que c'est pas à nous que ça arrive,
40:53c'est une histoire qu'on lit dans le journal.
40:55C'est votre propre histoire.
40:57Bien sûr, avec Noemi, il faut le dire,
40:59entre Noemi et moi, ça a toujours été un peu compliqué.
41:02La relation, elle a un caractère très fort.
41:05Et moi, je suis un vieux papa.
41:07Vous voyez, nous avons 58 ans d'écart, imaginez-vous.
41:10Mais c'est pas comme au XIIIe ou au XIVe siècle,
41:1358 ans d'écart.
41:15Vous voyez d'où je viens ?
41:16Je viens du milieu du XXe siècle,
41:18ça n'a rien à voir avec aujourd'hui.
41:20On n'est pas du même monde.
41:22Et toute petite, déjà au début de l'école primaire,
41:25les élèves qui étaient avec elle se moquaient un peu d'elle
41:28parce qu'au début, ils pensaient que c'était son papi
41:31qui venait la chercher.
41:33Mais on sent que ce texte vous a beaucoup rapproché, non ?
41:36Bien sûr.
41:37Noemi, il faut expliquer aussi la plainte.
41:40Parce que c'est intéressant de voir
41:42qu'à aucun moment, vous n'avez hésité à dénoncer.
41:45Vous étiez d'accord tout de suite pour porter plainte.
41:48C'était une épreuve d'aller à la gendarmerie.
41:50Vous y êtes allées tous les deux
41:52sans avoir forcément les mêmes éléments.
41:55Comment ça s'est passé ?
41:56Il faut savoir que quand mon père m'a proposé,
41:59j'ai tout de suite dit oui,
42:00parce qu'on était donc au début de l'histoire,
42:03mais je trouvais ça déjà important.
42:05Et c'était pour moi une...
42:08Une certe de...
42:09Une manière de dire que ça n'est pas bien ce qui se passe.
42:13Et surtout, me dire que j'ai fait mon travail,
42:15que j'ai fait ce que je pouvais faire de mieux,
42:18c'est-à-dire porter plainte.
42:20Mais...
42:21Mais malgré la plainte,
42:22et donc l'enquête qui va commencer à s'ouvrir,
42:25eh bien, rien ne se passe.
42:26Et la principale de collège a bien du mal
42:29à sanctionner les coupables.
42:31Et là, c'est le début de la descente aux enfers.
42:34Bien sûr. Elle a plus que du mal.
42:35Bien sûr. Elle a plus que du mal.
42:38Je saute quelques étapes.
42:40L'année scolaire s'est terminée
42:42avec changement d'établissement pour Noemi,
42:44qui a été rattrapé par la rumeur dans ce nouvel établissement,
42:47et aucune sanction contre les harceleurs
42:50qui sont totalement identifiés,
42:51puisque lorsqu'on a déposé plainte,
42:53et on était au mois de décembre 2023,
42:56nous avons déposé des plaintes nominatives,
42:58car nous avions les noms.
43:00Donc, enfin, tout le monde les connaissait,
43:02ces noms et ces élèves.
43:04Or, ils ont terminé l'année sans jamais être sanctionnés.
43:07C'est ça, le pas de vague,
43:08parce que des sanctions, ça oblige à en référer
43:11à l'échelon supérieur,
43:12et donc, moins on en parle,
43:14et mieux c'est pour certains responsables d'établissement,
43:17pas pour tous.
43:18C'est le plus dur à vivre,
43:20de voir Noemi que les sanctions ne tombent pas.
43:23Comment vous avez traversé tout ça ?
43:25C'était compliqué. Après, moi, la sanction...
43:27J'aurais pas voulu qu'elle tombe juste pour dire
43:30qu'ils sont sanctionnés, mais vraiment,
43:33pour, moi, envers moi, qu'on comprenne
43:36que c'est pas normal qu'ils n'ont pas à faire ça.
43:39Donc, pour moi, les sanctions étaient plutôt là
43:42pour, moi, me rassurer et me dire qu'on m'écoute,
43:45on me croit, on m'aide et on fait ce qu'on peut
43:47pour éviter ce harcèlement, mais ce n'a pas été le cas.
43:50J'avais l'impression d'être laissée dans le vide
43:53et être laissée face à moi-même dans ces histoires.
43:56-"Laisser face à soi-même",
43:58vous avez cette phrase qui crée une forme de panique
44:01auprès de vos parents.
44:02Je veux juste que tout s'arrête.
44:04Vous dormez beaucoup, vous désertez le collège.
44:07Du coup, pour moi, le sommeil est une forme d'oubli total
44:11parce que c'est les seuls moments
44:14où je ne vis pas ce que je vis au collège.
44:18Et du coup, je dors tout le temps, je ne me nourris plus
44:21parce que je n'avais pas la force,
44:23je ne sortais pas de ma chambre, je faisais rien.
44:26Et c'était vraiment pour me renfermer sur moi-même
44:29et essayer d'oublier le plus possible.
44:31Vous avez pensé au pire ?
44:33Penser à le faire, non, mais y penser,
44:35malheureusement, on y pense, parce que c'est...
44:38Quand on y réfléchit, on trouve que cette solution
44:41pour mettre fin à tout ce qui nous arrive.
44:44Aujourd'hui, c'est le lycée.
44:46Après ce collège, d'ailleurs, c'est toujours comme ça,
44:49la double peine, c'est la victime qui part,
44:52et souvent à 4 km, parce que c'est évidemment
44:54beaucoup plus simple pour ceux qui restent.
44:56Il y a des lois qui ont été mises en place,
44:59ici même, à l'Assemblée nationale,
45:01elles ont été votées, ces propositions de loi.
45:03Normalement, il y a un travail sur les réseaux sociaux,
45:07dans le cas de Noemi, il y a beaucoup
45:09cette application de Snapchat,
45:10où les auteurs des messages disparaissent,
45:13et Instagram, normalement, les coupables,
45:15on leur sanctionne leur téléphone portable,
45:18rien de tout cela.
45:19Qu'est-ce que vous attendez, très concrètement,
45:22comme papa de Noemi, après tout ça ?
45:24Alors, ce qu'on attend, c'est que ce livre serve à quelque chose
45:29et que le calvaire de Noemi n'est pas servi à rien.
45:32Si vous voulez, les statistiques disent,
45:35même si c'est assez flou, parce que ce n'est pas un sondage,
45:38que 700 000 élèves par an sont harcelés,
45:43à des titres divers et variés, vous imaginez bien.
45:46700 000, ça veut donc dire 1,4 million par an.
45:50Donc, il y a déjà les gens qui ont vécu ça.
45:56En face, il y a des harceleurs.
45:58C'est un phénomène de meute, de bande.
46:00Et donc, il y a 5-6 personnes, au moins à chaque fois.
46:035-6 personnes par rapport à 700 000 harcelés,
46:06on est quand même à 7 millions de parents de harceleurs,
46:10en France, de CM1 ou CE2,
46:14jusqu'à la terminale.
46:15Mais ce n'est pas facile non plus d'être parent de harceleur.
46:19Et à un moment, quand elle est sortie...
46:21-...pour rencontrer les parents d'Arthur.
46:24-...oui, mais là, bon, j'ai été amené
46:26à rencontrer la mère d'un harceleur
46:28à la demande de la principale du collège,
46:31qui ne nous demandait jamais des nouvelles de Noemi,
46:34d'ailleurs, quand on la voyait.
46:36On la voyait assez rarement.
46:37De toute façon, elle ne nous a jamais téléphoné
46:40pour parler de cette affaire.
46:42-...ce soupçon de savoir si c'est Noemi sur cette vidéo,
46:45ce qui rend insupportable.
46:46Et donc, cette personne croyait encore,
46:48cette mère d'élèves, que c'était Noemi sur la vidéo.
46:51Ma dernière question est pour vous, Noemi.
46:54Le titre, c'est Noemi est en vie.
46:55Est-ce qu'elle va bien, aujourd'hui ?
46:58Alors, forcément, je vais beaucoup mieux.
47:00Si on me parle de quand j'étais au plus bas,
47:04je ne pense pas que je pouvais l'être encore plus.
47:07Je ne pouvais pas aller plus mal que ce que j'étais déjà,
47:10mais aujourd'hui, forcément, ça va mieux
47:13parce que je ne les croise plus.
47:16En ville, mais bon, ça, on ne peut rien y faire,
47:18on habite dans la même ville,
47:20mais je ne les croise plus dans un cadre scolaire
47:23et je ne me fais plus embêter directement.
47:26Merci beaucoup.
47:27Merci à vous d'être venus dans cette émission.
47:30Noemi est en vie, c'est à lire aux éditions.
47:33Robert Laffont, une famille dans l'enfer du harcèlement scolaire.
47:37On va terminer avec la question qui fâche.
47:39Elle concerne notre ancien ministre de l'Economie.
47:42Je vous laisse la découvrir avant d'accueillir nos chroniques.
47:46Pourquoi la France se retrouve-t-elle
47:48avec un déficit historique ?
47:50Au banc des accusés, l'ancien ministre de l'Economie,
47:53Bruno Le Maire, en poste pendant sept ans
47:56jusqu'en septembre dernier.
47:58En 2024, le déficit atteint 6,1 % du PIB,
48:03loin devant les 4,4 % prévus dans le budget voté fin 2023.
48:08Ce matin, Bruno Le Maire est passé sur le gril des sénateurs.
48:12Il renvoie la balle à l'actuel gouvernement.
48:14Quand on me dit que le déficit pour 2024
48:18sera à 6,1 %,
48:20c'est le choix du gouvernement actuel.
48:24Je vous apporterai toutes les preuves que nous pouvions avoir en 2024,
48:28avec des mesures de redressement plus vigoureuses,
48:31un déficit autour de 5,5 %.
48:34Bruno Le Maire estime avoir fait le nécessaire
48:37en coupant 10 milliards d'euros de dépenses dès fin février 2024
48:41et en gelant 17 milliards de crédits cet été.
48:44Le problème, c'est que les recettes sont bien inférieures aux prévisions.
48:48L'ancien ministre de l'Economie reconnaît une erreur,
48:51mais se défend de tous mensonges.
48:53Comme chef de l'administration des Finances,
48:55j'endosse toutes les responsabilités de mes services.
48:58Mais il n'y a eu ni faute, ni dissimulation,
49:02ni volonté de tromper.
49:04Il y a eu, fondamentalement,
49:06une grave erreur technique d'évaluation des recettes,
49:09dont nous payons le prix.
49:11Bruno Le Maire n'a pas totalement convaincu
49:13ni les sénateurs, ni certains députés.
49:16Quand il dit qu'il y a eu une erreur technique d'appréciation,
49:21oui, le responsable, c'est lui.
49:23Par contre, sur l'idée que ça ne peut pas être lui, le lampiste,
49:27et celui qui prend toutes les causes et les responsabilités
49:31de ce qui est arrivé, ça, ça fait longtemps que je le considère.
49:34Bruno Le Maire devra aussi s'expliquer
49:36devant la commission d'enquête de l'Assemblée nationale.
49:39Demain, les sénateurs, eux, interrogent l'ancien Premier ministre,
49:43Gabriel Attal, et sa prédécesseur, Elisabeth Borne.
49:47La question qui fâche, la voici.
49:49Bruno Le Maire est-il un bouc émissaire ?
49:52-"La question qui fâche",
49:54signée Stéphanie Despierre et deux chroniqueuses ce soir,
49:57deux journalistes économiques de talent pour répondre à cette question.
50:01Fanny Guinochet, de La Tribune et de France Info,
50:04et Julie Ruiz-Pérez, qu'on accueille avec plaisir.
50:07Journaliste éco au Figaro.
50:08Bouc émissaire, facile, Bruno Le Maire ?
50:11Oui, quelque part, forcément, on se tourne vers lui.
50:14En plus, il a quitté le ministère,
50:17donc c'est plus facile de s'attaquer à quelqu'un
50:20qui est hors champ politique aujourd'hui
50:23que s'il était encore aux manettes.
50:26Il faut trouver un coupable, un responsable,
50:28parce que c'est un choc, un trauma, cette erreur.
50:31Est-ce une erreur ?
50:32En tout cas, ce différentiel concernant le déficit,
50:35et puis ça a des grosses conséquences,
50:37parce que c'est à cause de ce différentiel de prévision
50:41qu'on se retrouve à avoir un budget et à demander des efforts.
50:45Pour bien comprendre, pour ceux qui nous regardent,
50:47ce différentiel, on perd peut-être 4-4 et on se retrouve à 6-1,
50:51c'est quand même pas rien.
50:53C'est uniquement lié à cette mauvaise estimation
50:55des recettes fiscales, des erreurs techniques à Bercy ?
50:59Il y a plusieurs choses.
51:00Il y a les recettes fiscales, le contexte économique,
51:03la conjoncture qui s'est retournée.
51:05Quand on écoute Bruno Le Maire, il détaille bien.
51:09Après, le sujet, ce qui m'a étonnée...
51:11-...dans l'audition de ce matin ?
51:13-...cette audition, c'est erreur technique.
51:16Quelque chose qui n'est jamais apparu.
51:18On peut se dire que la technique est à mon dos.
51:20En tout cas, ça crée une surprise et une attente.
51:23On se dit que, quelque part, c'est un peu court,
51:26parce que les services du ministère de l'Economie
51:28ont toujours été réputés en France comme extrêmement solides,
51:32extrêmement bons.
51:33Marc Ferracci, je me souviens,
51:35il y a quelques semaines,
51:36le ministre de l'Industrie, a aussi évoqué
51:39une erreur, ou en tout cas, revoir les logiciels.
51:43On peut aussi se dire que s'il y a erreur technique,
51:46nos logiciels ne sont pas bons, et c'est assez inquiétant,
51:50parce qu'on continue à tourner aujourd'hui.
51:52On va les faire de la même façon.
51:56Bon, alors, Julie Ruiz-Pérez,
51:58convaincue par Bruno Le Maire ou pas ?
52:00Je voudrais rebondir sur ce que disait Fanny.
52:02C'est d'autant plus que ça a été deux années de suite.
52:05On parle maintenant du déficit 2024,
52:07parce que c'est celui qui est à l'ordre du jour,
52:10mais en 2023, on a eu exactement les mêmes causes,
52:13c'est-à-dire un dérapage du déficit,
52:15avec, nous a-t-on dit aussi, les mêmes justifications,
52:18c'est-à-dire, il y a eu un dérapage sur l'air 7,
52:20et à l'époque, d'ailleurs, les sénateurs l'ont rappelé
52:23ce matin, on nous avait dit, non, mais c'est une erreur,
52:26c'est une erreur, mais c'est à cause du Covid,
52:29ça ne se reproduira pas, c'était une tempête inédite,
52:32mais cette fois-ci, on a fait attention.
52:34Là, on part quand même de 40 milliards, c'est ça.
52:37On est à près de 50 milliards.
52:39Ca fait cher l'erreur, quand même, technique.
52:41Voilà, exactement, et donc, et ça s'est reproduit,
52:44effectivement, deux fois, donc la question...
52:47La première fois, on peut dire, voilà, il y a eu,
52:49effectivement, le Covid qui a perturbé les modèles,
52:52ça a été aussi le cas chez nos voisins,
52:54deux années...
52:56Donc, il y avait eu des alertes du Trésor à Bercy,
52:58et donc, on aurait peut-être pu corriger avant.
53:01Le PLFR, il y a ça, mais...
53:03Les spectateurs, ils connaissent.
53:05Le projet de finance rectificative.
53:07Le projet de loi de finance rectificative,
53:09Bruno Le Maire explique qu'il a eu connaissance de cette erreur,
53:13donc, deux fois de suite, et qu'il a dit qu'il faut rectifier
53:16le tir assez vite.
53:17Donc, il ne l'a pas eu, ça, ce budget rectificatif.
53:20Il a demandé un budget rectificatif,
53:22un fameux PLR,
53:23et là, on lui a dit, et là, c'est une réponse politique,
53:26et effectivement, là, on comprend
53:28que ça interroge les parlementaires,
53:31la démocratie, et il dit,
53:32je suis allée du côté de Matignon, du côté de l'Elysée,
53:35et on m'a dit, surtout, ça n'est pas le moment d'en parler.
53:39On allait rentrer parce que c'était début d'année dernière,
53:42cette année, donc on avait la campagne des Européennes
53:45qui se profilait, ça n'était pas le moment
53:47d'inquiéter les Français face à une erreur,
53:50ou en tout cas, indifférenciée.
53:52Il aurait nécessité de prendre des mesures beaucoup plus tôt.
53:55Et puis, en fait, après, le temps a passé,
53:57et c'est vrai que quand on écoute Bruno Le Maire,
54:00il dit qu'il sait, et c'est peut-être son tort,
54:03il s'est retourné vers Matignon, vers l'Elysée,
54:06pour dire, écoutez, j'ai un constat qui n'est pas le même,
54:09il y a une petite... Là, l'administration nous alerte,
54:12mais il ne s'est pas retourné vers les parlementaires.
54:15Il n'en a pas parlé, effectivement,
54:17aux parlementaires.
54:18Il aurait fallu rendre public ce différentiel beaucoup plus tôt.
54:22Est-ce que c'est bon pour sa défense de dire, au fond,
54:25j'ai plaidé pour corriger le budget,
54:27c'est pas de ma faute, c'est politique,
54:29les élections, Matignon, Elysée ?
54:31Le grand... La grande scénaristique
54:33autour de la modification du budget,
54:36donc du PLFR, qui est une rhétorique
54:38que Bruno Le Maire met beaucoup en scène
54:41depuis un petit peu avant son départ à Bercy,
54:44en disant que pour les finances publiques,
54:46il voulait faire un PLFR, et il le dit pas comme ça,
54:49mais en gros, l'Elysée n'a pas voulu,
54:51pour le dire un petit peu rapidement.
54:53Donc, ce n'est pas de ma faute.
54:55Il dit pas encore que c'est de l'Elysée,
54:57mais quasiment. Le problème de Bruno Le Maire,
55:00c'est un petit peu la question chevènement,
55:02ce ministre connu qui disait
55:04un ministre, ça ferme sa gueule ou ça démissionne.
55:08Et donc, dans la mesure où Bruno Le Maire,
55:10effectivement, je le crois,
55:12quand il dit qu'il a demandé un PLFR et il se l'est vu refuser...
55:15Le fait qu'il se soit maintenu...
55:17-...le fait qu'il soit arresté,
55:19c'est aussi quelque part suspect, en tout cas,
55:22il a souscrit, le rend en tout cas solidaire...
55:24-...complice de la décision de l'Elysée
55:26ou de Maéstignon de ne pas faire ce PLFR.
55:29Alors, lui, il dit, pour sa défense, quand même,
55:31que c'est pas parce qu'il y avait une alerte,
55:34c'est pas parce qu'on lui refuse un arbitrage
55:36qu'il faut aller à la démission.
55:38Est-ce que cet arbitrage était suffisamment important ?
55:41On parle de 50 milliards d'euros.
55:43Certains diront que c'est quand même énorme
55:46et d'autres diront que c'était une décision, parmi d'autres,
55:49au bout de sept années à Bercy.
55:50Mais c'est vrai qu'en tout cas, pour le prochain budget
55:53qu'on est en train de...
55:55Les parlementaires sont en train d'éliminer,
55:57ça pose la question.
55:58On ne pourra pas nous refaire le coup une 3e fois
56:01de mauvaise prévision.
56:02Certains parlent, comme Pierre Moscovici,
56:05ancien ministre des Finances,
56:06de... Est-ce qu'il faudrait pas
56:08une autorité indépendante qui regarde ce budget ?
56:11Est-ce qu'il faudrait pas plus de transparence ?
56:13Est-ce qu'il faut revoir la technicité
56:16que l'on pensait ?
56:17Et la nature de la croissance,
56:18si elle est forte en exportation ou pas ?
56:21Autant de sujets s'ouvrent.
56:22On s'arrête là.
56:24Merci à toutes les deux.
56:25Pas sûr que Bruno Le Maire vous prenne comme son avocat.
56:28C'est la fin de cette émission.
56:30Merci de l'avoir suivie.
56:31Belle soirée documentaire sur LCP. A demain.
56:34Même nuit, même heure.
56:35SOUS-TITRAGE ET RÉALISATION D'ENTRETE AMARA.ORG

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