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Okomera, une biotech française, a mis au point un dispositif permettant de produire des répliques de tumeurs cancéreuses. De quoi s’agit-il exactement ? Pourquoi cette avancée est-elle majeure ? Eléments de réponse avec Sandra Jernström, CSO, d'Okomera.

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Transcription
00:00Et on termine cette émission avec la pépite santé, Sandra Jernstrom nous a rejoints sur
00:09le plateau de Santé Futur.
00:11Bonjour Sandra.
00:12Bonjour.
00:13Vous êtes la cofondatrice et CSO d'Ocomera, une biothèque française spécialisée dans
00:19la lutte contre le cancer.
00:20Ocomera a mis au point un dispositif permettant de produire des répliques de tumeurs cancéreuses,
00:28arrêtez-moi si je me trompe.
00:29C'est un jumeau physique.
00:31Oui, c'est ça.
00:33En fait, on a développé une puce microfluidique et ce qu'on fait, c'est qu'on prend des biopsies,
00:44on peut faire 78 mini-tumeuroïdes ici et puis on peut tester sur ce petit...
00:54Sur ce petit, oui.
00:55Si vous voulez, vous pouvez le regarder, bien sûr.
00:58Et on fait 78 petits tumeuroïdes et puis on peut ajouter des médicaments ou des traitements
01:05différents.
01:06Et comme ça, on peut, avec la microscopie, on peut regarder lequel traitement est le
01:13plus efficace.
01:14Et pourquoi cette avancée est majeure?
01:16Parce qu'aujourd'hui, on utilise beaucoup de technologies comme vraiment...
01:25Pas conservative, mais pas très développée, sauf génomique, on ne va pas là.
01:33Mais quand même, il y a 50% de patients qui ne respondent pas pour la première ligne
01:39de son médicament, donc il y a beaucoup d'espace pour améliorer comment on le choisit.
01:46Et ces répliques miniatures, on peut appeler ça comme ça, elles sont conçues pour être
01:51complémentaires aux jumeaux numériques rendus possibles par l'intelligence artificielle
01:56ou est-ce que c'est un concurrent direct des jumeaux numériques?
01:59Non, en fait, c'est pas un concurrent, c'est un ajout.
02:02Et aussi, nous, on a une...
02:05Un software où on fait du IA et c'est surtout pour savoir...
02:12Pour savoir ce qui passe.
02:17Si on a des différentes cellules, c'est lesquelles cellules qui sont morts et c'est
02:22lesquelles qui sont suivies, suivies, suivies, suivies, suivies, suivies, suivies, ah merci.
02:27Et c'est comme ça, on n'est vraiment pas une concurrence.
02:33D'accord, et l'objectif, c'est d'industrialiser cette solution.
02:37Là, vous en êtes à quelle étape?
02:39Maintenant, on a une équipe de 22 experts et on est en train de montrer que c'est vraiment
02:46valide ce qu'on fait sur ce puce-là, qu'on peut vraiment valider la biologie qui se passe
02:53dans le corps humain.
02:54Et aussi, on a des partenariats avec du pharma où on fait des essais qu'il peut vraiment
03:04mettre sur son drug development pipeline.
03:08Et vous êtes implanté aux Etats-Unis?
03:11On est en train d'ouvrir un autre bureau aux Etats-Unis, mais c'est parce que notre solution,
03:23ce n'est pas seulement pour France, c'est vraiment quelque chose de global et c'est
03:28pour ça que c'est évident qu'on va aux Etats-Unis.
03:32Et là-bas, il existe des biothèques comme les vôtres?
03:36Oui, on a des compétitions là-bas.
03:40Et en France?
03:41En France aussi, mais pas vraiment comme la technologie comme ça, parce que nous,
03:45c'est ce qui est notre avantage.
03:48C'est comme vraiment développer une technologie.
03:50On n'utilise pas d'autres technologies et des compétitions.
03:57Ici, en France, c'est la plupart des organoïdes.
04:01C'est des gens qui vraiment focusent sur les organoïdes.
04:05Je vous entends des réagir.
04:07Oui, je voudrais la féliciter.
04:09Moi, je suis très, très admiratif de se lancer dans cette histoire.
04:15Parce qu'une histoire, je veux dire, il y a des très grandes sociétés américaines.
04:19Et on disait ensemble, ou à Hollande aussi, en Europe.
04:22Et je crois qu'il faut que vous puissiez faire la différence.
04:28Alors, ce que j'ai cru comprendre, effectivement, c'est qu'il y a beaucoup mise sur ce qu'on
04:33disait, les exosomes, les droplettes, les organoïdes.
04:39Mais directement sur la cellule, il y a moins de...
04:42Voilà, je veux dire, c'est des technologies toutes effets particulières qui jouent directement
04:46sur la cellule.
04:49Ce qui fait une différence.
04:51Voilà, mais est-ce que sur ces cellules, vous pouvez tester quoi ?
04:56Je termine ma question.
05:00Soit des drogues, soit de l'ingénierie style immunologique, etc.
05:09Est-ce que vous pouvez tester ces deux voies de traitement ?
05:15Oui, on a des, comment dire en anglais, proof of concept sur les deux.
05:20Donc, on peut avoir une librairie de médicaments qu'on peut ajouter sur le même puce.
05:28Donc, ça veut dire qu'on peut tester comme 10 différentes conditions sur une puce, mais
05:35on peut aussi tester des CAR Therapies, donc immuno-oncologie, pour savoir si les cellules
05:44vraiment attaquent le cancer ou pas.
05:48Donc, oui, on peut faire les deux et on est en train de faire les deux aussi.
05:52Dorothée, qu'est-ce que ça vous évoque ?
05:55Déjà, effectivement, bravo, la médecine personnalisée, de toute façon, c'est à la fois l'avenir et vers où il faut tendre.
06:04Là-dessus, on a besoin d'aller au plus proche de la pathologie du patient.
06:08Donc, c'est des choses dont on va avoir besoin.
06:10Moi, peut-être que j'avais une question pour vous, de savoir que nous, on est un acteur très franco-français.
06:15Tous nos établissements sont en France et je voulais avoir votre perception du financement de l'innovation, à la fois sur ces sujets
06:23en phase de développement, mais aussi en routine.
06:24On sait aujourd'hui qu'on a pas mal, par exemple, de biomarqueurs génétiques en cancérologie, mais qui, aujourd'hui, ne sont pas remboursés.
06:31Donc, pour lesquels l'accès aux patients est quand même compromis.
06:35Donc, je vois que vous vous implantez aux Etats-Unis.
06:36Peut-être un peu comprendre aussi, c'est dans cet environnement-là, la France, ce que ça représente pour vous.
06:42Oui, en fait, la France, c'est pas mauvais, c'est très, très bon.
06:50On a beaucoup de support, comme avec BPI France et RHU, recherche, hôpitals universitaires, les grants, comme ça.
07:05C'est vraiment très, très bon ici.
07:07Et aussi, on a des choses, je me souviens plus le nom, mais c'est quelque chose qui peut être remboursé si on a une technologie innovante ici.
07:17Ça n'existe pas dans les pays nordiques, par exemple, et on n'a pas de très grands grants comme ici.
07:27Donc, moi, je trouve que la France, c'est très, très bon.
07:31On a aussi beaucoup de support par rapport aux accélérateurs et aux experts.
07:37Et aussi parce que Paris, c'est super joli.
07:40Tout le monde veut venir ici et tout le monde veut visiter.
07:43Donc, c'est beaucoup plus facile d'attraper des gens.
07:48Bien sûr, aux États-Unis, il y a une autre manière.
07:51On a le plus privatif.
07:55Donc, ça marche dans une autre manière qu'ici.
08:01Oui, je voulais dire quelque chose à ce sujet là.
08:04On a un problème encore.
08:08Nicolas, excuse moi, je veux dire qu'on est un peu schizophrénique.
08:11On a un problème, c'est qu'il y a eu un effort gigantesque, ce que tu viens de nous dire.
08:16Un effort gigantesque qui a fait sur les investissements d'amont, c'est-à-dire Ma Santé 2030,
08:21c'est-à-dire les financements, je veux dire, de hauts volumes financiers.
08:28On a vu tout ça, je veux dire des aides, les pôles de compétitivité, etc., etc.
08:37Mais contrairement aux États-Unis, où le payeur, en fin de compte, le payeur, c'est l'assurance et c'est complètement différent.
08:45Pour nous, le retour sur investissement en France, c'est le passage au droit commun, c'est-à-dire le moment où on a...
08:51Et là, on travaille beaucoup.
08:54Moi, je travaille sur l'innovation.
08:56C'est surtout l'accès à l'innovation.
08:58C'est trouver une voie alternative, en tout cas pour certaines des innovations.
09:04Ce qu'on a fait avec l'agence de l'innovation, pour qu'il y ait une possibilité de multiplier cet accès,
09:15enfin, je veux dire l'accès au droit commun.
09:16La première chose qui est très importante, c'est qu'actuellement, on a une validation qui se fait en série.
09:27Je veux dire, c'est-à-dire vous passez par le bottleneck de la HAS.
09:32Alors que ce qu'on essaye de faire, c'est de dire qu'il y a des délégations à des consortiums pour que dans l'ensemble de la France,
09:38on puisse mener ces investigations et qu'il y ait des délégations, comme il y en a pour les organismes notifiés,
09:45des délégations qui puissent donner des niveaux de validation pour qu'on puisse multiplier le nombre des...
09:52Voilà. Et les deux choses qui ont été faites, tu viens de le dire, ce sont une nomenclature provisoire qu'on peut avoir.
10:01Je veux dire qui passe hors la réglementation. Et dans cette nomenclature provisoire, il faut remplir des registres.
10:08Il faut le faire avec certaines équipes et une tarification provisoire pour justement qu'on puisse continuer ces évaluations,
10:17qui est très importante. Les majors, les grandes corporates arrivent à franchir ces obstacles assez facilement.
10:23Mais toute l'innovation qui est faite par les startups rentre dans des complications financières qui sont excessivement importantes
10:29pour conduire ces évaluations secondaires.
10:34Nicolas, une réaction peut-être pour conclure cette séquence ?
10:37Oui. En fait, c'est très intéressant parce que ça montre les freins et les enjeux.
10:43C'est-à-dire que les freins, en effet, je pense que c'est l'accès au marché.
10:46Votre démonstration est très convaincante sur le fait que la France a à peu près fait ce qu'il faut pour aider les entreprises,
10:53pour aider l'innovation. Mais en fait, on a cette difficulté d'accès au marché.
10:57Puis la deuxième chose, en vous écoutant, je me disais, mais là encore, il faudrait se dire,
11:00mais en quoi ce type d'innovation peut nous aider aussi à faire mieux en matière d'organisation à l'hôpital ?
11:08Parce que j'imagine que des traitements plus ciblés, des traitements plus personnalisés,
11:12ça doit permettre aussi de rester moins à l'hôpital.
11:15Ça doit permettre sans doute d'aller vers une sorte peut-être de désescalade thérapeutique,
11:20c'est-à-dire peut-être aussi de permettre à des gens qui ont des cancers, des actifs qui ont des cancers,
11:25il y en a de plus en plus, de travailler, de continuer à travailler avec le moins d'interruptions possibles.
11:30Donc, je trouve très intéressant quand je vous écoute aussi, d'essayer de réfléchir à ce que ça implique
11:34pour l'organisation du système de santé et puis pour la société tout entière.
11:39Merci à tous les quatre. Le temps file. C'est la fin de cette émission.
11:42Je crois qu'on est un peu en retard. Merci, Sandra Jernström, d'être venue nous présenter au Coméra.
11:49Merci à vous, Dorothée Moisy-Gouarin.
11:51Je rappelle que vous êtes directrice de l'innovation des hôpitaux privés ELSAN.
11:55Merci, Nicolas Bozou, économiste et fondateur du cabinet Asterès.
11:59Et enfin, merci, Jean-Claude Coffinal.
12:01Je rappelle que vous êtes chirurgien, responsable d'innovation robotique et formation à l'Académie nationale de chirurgie.
12:08Quant à moi, je vous donne rendez-vous le mois prochain pour une nouvelle édition de Santé Futur.

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