Dans ses interviews, Sophie de Menthon, présidente du mouvement patronal Ethic, se met dans la peau des patrons...
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00:00Damien Morin, bonjour, bienvenue dans Pas trop en question.
00:04Vous êtes le créateur, fondateur de mobile.club.
00:08Et c'est des histoires comme on en aime, parce que c'est passionnant,
00:12nouvelles technologies, vous fondez ça presque au berceau,
00:15enfin à 15 ans vous réparez les ordinateurs,
00:17votre école de commerce, ça vous permet de monter une boîte au passage,
00:20parce que c'était facile.
00:22Et c'est un principe très nouveau.
00:25Pierre, vous avez démarré à une allure fulgurante.
00:28Oui, je pense que j'ai eu pas mal de chance dans mon parcours.
00:32J'ai monté une première société à 18 ans.
00:35C'était un peu dans le prolongement, en effet, de ce que je faisais à 15 ans,
00:38c'est-à-dire réparer les ordinateurs dans mon voisinage.
00:40Je l'ai un peu professionnalisé.
00:42À 22 ans, pendant ma quatrième année d'école de commerce,
00:45j'ai décidé de me lancer sur la réparation de smartphones avec un petit magasin.
00:48Et en effet, ça s'est vite accéléré.
00:51Après trois ans, on avait un peu plus de 500 employés et on était sur 160 magasins.
00:55C'est ça qui est passionnant. Est-ce que c'est génétique ?
00:58Vous êtes des parents entrepreneurs ou pas ?
00:59Non, pas du tout.
01:01Alors, qu'est-ce qui passe par la tête quand même à 18 ans, à 25 ans,
01:05de dire je vais monter ma boîte ?
01:07Ça correspond à quoi ?
01:09Et qu'est-ce qui vous donne cette confiance ?
01:10Parce qu'une entreprise, d'ailleurs vous en avez fait l'expérience après,
01:14ce n'est pas toujours facile.
01:16Exactement.
01:17Je pense que j'ai toujours été un peu dans le business étant jeune.
01:20J'achetais, je revendais des trucs.
01:22Je faisais justement des réparations d'ordinateurs dans le voisinage.
01:26Donc, j'avais l'habitude d'avoir une indépendance financière, on va dire.
01:29Et donc, ça ne m'a pas bloqué pour lancer ces projets-là pendant mes études.
01:33Et puis après, l'ambition, elle grandit.
01:36J'ai ouvert un premier magasin, un deuxième, un troisième.
01:38Puis, je me suis dit que c'était possible d'en ouvrir plus.
01:40Alors, votre premier magasin, qu'est-ce qu'il faisait ?
01:42Qu'est-ce qu'il vendait ?
01:43Alors, je faisais de la réparation de téléphone dans une petite boutique
01:46qui était située dans le 16e.
01:48Je faisais des réparations en une vingtaine de minutes.
01:51Et puis, ça s'est professionnalisé.
01:52Ça a grandi jusqu'à arriver à 150 magasins après trois ans.
01:56150 magasins.
01:57Et après, vous avez laissé tomber la réparation ?
01:59Non, c'est une boîte qu'on a vendue en 2017.
02:02Ce n'est pas dans de super conditions parce qu'on a après restructuré la société.
02:05Quand on a ouvert 150 magasins en trois ans,
02:07on s'est rendu compte qu'on n'avait pas la rentabilité sur tous les magasins.
02:10Et vous avez été obligé d'en fermer.
02:11Et donc, on a fermé la moitié de nos magasins.
02:13Ça, ce n'était pas la vitesse.
02:14À quel âge, ça ?
02:1526.
02:16À 26 ans, quand on ferme la moitié des magasins et qu'on licencie,
02:19on commence à apprendre les choses.
02:20Exactement.
02:21J'ai licencié 250 personnes en trois mois dans mon entreprise.
02:23Donc, ça, c'était difficile.
02:24Mais à la fin, la société était de nouveau rentable.
02:26Et comment vous avez su ça ?
02:27Parce qu'humainement, quand on est chef d'entreprise,
02:29on sait bien que c'est les trucs les plus durs.
02:31Donc, il faut y aller.
02:32En plus, il faut que les gens…
02:36Juridiquement, il y a énormément de process, etc.
02:40Ça, ça a été facile ?
02:41Oui, on est accompagné.
02:43C'était une société qui faisait 45 millions d'euros de chiffre d'affaires.
02:45Il y a des avocats spécialisés en droit social
02:47qui nous accompagnent dans un PSE.
02:49On va dire que ça se passe plutôt bien.
02:51Heureusement, on a un peu de moyens.
02:52On est un peu conseillés dans ces situations-là.
02:54Et donc, le stade suivant, c'était quoi ?
02:56C'est une société qu'on a revendue 12 millions d'euros en début 2017.
03:00Moi, je suis resté un an avec le groupe qui nous a rachetés.
03:03Et j'ai commencé à travailler sur ce nouveau projet Mobile Club,
03:06toujours dans le mobile,
03:07sauf que maintenant, du coup, je fais du financement.
03:09Mes clients sont des personnes qui ne payent pas 1 000 euros,
03:13parfois jusqu'à 1 500 euros, leur nouveau téléphone,
03:16mais vont le payer 30 euros par mois, assurance comprise.
03:19Donc, vous êtes écolo en plus ?
03:20Tout à fait, puisqu'on travaille sur des produits
03:22qui sont quasi exclusivement d'occasion.
03:25D'occasion.
03:26Et des occasions que vous avez réparées vous-même ?
03:29Généralement, on achète tout simplement des stocks
03:31qui sont déjà d'occasion et dans un bon état
03:33pour être tout de suite reloués.
03:35Vous l'achetez déjà à une entreprise qui fait du recyclage ?
03:39Oui, on peut dire ça.
03:40On va dire que ce sont des brokers qui vont acheter les mobiles.
03:44C'est quoi un broker ?
03:45C'est une société qui va juste acheter et revendre des unités
03:48qui viennent généralement soit des grands opérateurs,
03:51soit des constructeurs comme Apple,
03:52et ils vont acheter en très grande quantité tous ces lots
03:55et ils vont les revendre en plus petits lots à des sociétés comme nous.
03:58Finalement, c'est du service ?
04:01Vous avez eu l'idée d'un service
04:03et vous avez tout de suite pensé que ça marcherait
04:06de louer tous les mois plutôt que d'acheter ?
04:08Oui, parce que je pense que les smartphones,
04:11c'est un produit qui…
04:12Tout le monde est équipé d'un smartphone,
04:14c'est un produit qui coûte de plus en plus cher.
04:16Chaque année, Apple et les autres constructeurs
04:18sortent des produits qui deviennent…
04:20Aujourd'hui, le nouvel iPhone, c'est un SMIC.
04:23Tout le monde ne peut pas se l'offrir.
04:25Et donc, on permet avec ce service financier,
04:27déjà un, d'acquérir un produit tout de suite
04:31sans avoir à économiser parfois peut-être un an
04:33pour pouvoir se l'offrir.
04:35Et en même temps, du coup,
04:37on y apporte le service dont ils ont besoin,
04:39de la flexibilité.
04:40Ils peuvent changer leur smartphone n'importe quand.
04:42Après un an, deux ans,
04:44ce qui est dans la plupart des cas.
04:46Et puis, on leur offre une assurance casse et vol,
04:48de la garantie pendant toute la durée de la location, etc.
04:50Et vous êtes innovant là-dessus
04:54ou il y a d'autres pays qui font ça, beaucoup ?
04:56Comment ça se passe ?
04:57Alors, on a des concurrents à l'étranger, en effet.
04:59On a un concurrent en Allemagne qui s'appelle Grover
05:01qui a pris un petit peu d'avance,
05:02qui est une société qui a été lancée bien avant la mienne.
05:05Et puis, on a également un concurrent au UK
05:07qui s'appelle Rylo.
05:08Mais en France,
05:09il n'y a pas beaucoup d'autres initiatives de ce type.
05:11D'ailleurs, même les gros distributeurs
05:13que peuvent être les grands marchands comme Fnac Darty
05:16ou les opérateurs
05:17ne proposent pas encore ce type de financement.
05:19Et dernière question,
05:21puisque vous avez toujours innové, etc.
05:23Comment vous voyez la suite ?
05:25Est-ce qu'il y a autre chose à faire dans ce domaine ?
05:27Comment vous voyez ça ?
05:28Je pense qu'on n'est qu'au début.
05:29Aujourd'hui, on est à 30 000 clients
05:31et il y a 20 millions de téléphones en France
05:33qui sont vendus chaque année.
05:34Donc, l'idée c'est de continuer
05:36à faire grossir ce service en France.
05:38Eh bien, écoutez, bravo.
05:39On va tous être des futurs clients.
05:41Merci beaucoup.