Les démons du web : Cyberharceleur

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Personnes
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00:00On doit être présent sur les réseaux. Facebook, Instagram, on fait même des vidéos.
00:10Il n'est pas possible de séparer sa vie personnelle et sa vie privée.
00:14Mais vous devenez par conséquent une cible pour les prédateurs en ligne.
00:18Il s'adressait à elle en l'appelant par son nom.
00:21C'était des appels à caractère sexuel, violents et crus.
00:28Imaginez que vous ayez peur de répondre au téléphone.
00:31J'ai dit, laissez-moi tranquille, arrêtez de m'appeler.
00:34Et il a répondu, je veux te violer.
00:36Je suis allée au commissariat et ils m'ont dit, on ne peut rien faire.
00:40Je pensais qu'on allait me retrouver morte.
00:43Je savais au fond de moi qu'il ne s'arrêterait pas à des appels.
00:47C'était le mal incarné, un malade complètement détraqué qui prenait plaisir à terroriser les femmes.
00:53Et on a appris qu'il avait fait encore pire.
00:58C'est ce qu'on a appris.
01:28À notre époque, le contact se fait par téléphone, par mail ou par SMS.
01:32Donc je ne reconnais pas toujours mes clients dans la rue.
01:35Mais je fais tout pour qu'eux aient l'impression de me connaître en instaurant une relation de confiance.
01:41Je suis agent immobilier depuis 2017.
01:44Ce que j'apprécie dans mon métier, c'est qu'on ne s'ennuie jamais.
01:48Tous les clients et tous les biens sont différents.
01:50Il y a un côté excitant parce qu'il se passe toujours quelque chose.
01:54Une journée normale réserve souvent plein de surprises.
01:57On ne sait jamais sur qui on va tomber à l'autre bout du fil.
02:04J'étais au bureau au mois de mai 2018.
02:06J'ai reçu un appel et c'est là que tout a commencé.
02:10C'était un numéro de téléphone que je ne connaissais pas.
02:13Mais des numéros inconnus m'appellent souvent, étant donné la nature de mon activité.
02:19J'ai répondu au téléphone et mon correspondant n'avait pas l'air de s'intéresser à l'immobilier du tout.
02:26Il m'a tout de suite demandé quand est-ce que vous êtes au bureau
02:29ou à quelle heure je suis sûre de vous croiser si je passe à votre bureau.
02:35J'ai dit à mes collègues que je pensais qu'il s'agissait d'un canular
02:38ou bien que la personne était alcoolisée.
02:41Je ne me suis pas plus inquiétée que ça sur le coup.
02:44Jusqu'au moment où j'ai reçu un autre appel, puis un autre,
02:48la personne m'appelait avec des numéros de téléphone différents.
02:51Et évidemment, dans mon métier, je reçois souvent des appels de numéros que je ne connais pas.
02:57Les agents immobiliers transmettent leurs numéros de téléphone.
03:02Ils placardent leurs photos.
03:05C'est inhérent à la nature de leur activité.
03:09On doit être présent sur les réseaux en permanence.
03:12Facebook, Instagram, on fait même des vidéos.
03:16Les gens veulent savoir qui on est et pas juste qu'on vend des maisons.
03:20Donc on publie des photos de nos enfants, de ce qu'on fait de nos journées.
03:25Je suis très présente sur les différents réseaux sociaux.
03:29Je publie les maisons que j'ai vendues, les avis de mes clients.
03:32Il n'est pas possible de séparer sa vie personnelle et sa vie privée.
03:38Mon numéro de téléphone est partout, mon visage est partout.
03:41C'est obligatoire dans l'immobilier.
03:43La visibilité, c'est crucial.
03:45Si les clients ne vous connaissent pas,
03:47comment peuvent-ils vous confier l'achat le plus important de leur vie ?
03:52Je dois répondre à tous mes appels,
03:54parce qu'un appel peut valoir 500 000 dollars.
04:00Depuis mes débuts d'agent immobilier,
04:02je n'avais jamais reçu de coups de téléphone obscènes.
04:05J'avais eu des personnes très désagréables à l'autre bout du fil.
04:10Mais je ne m'étais jamais sentie menacée.
04:12Je n'avais jamais ressenti physiquement
04:16les poils de ma nuque se hérisser,
04:18et c'est l'effet que cet homme me faisait.
04:21Tous ces coups de téléphone se sont rapidement transformés
04:24en violentes menaces de nature physique et sexuelle.
04:29J'ai essayé de raccrocher.
04:31J'ai essayé de lui dire poliment,
04:33s'il vous plaît, arrêtez de m'appeler.
04:35J'ai essayé de l'insulter en le menaçant d'informer les forces de l'ordre.
04:39Honnêtement, je pense que ça l'excitait encore plus.
04:44C'est là que j'ai compris que je n'arriverais pas à m'en sortir toute seule.
04:47Donc j'ai demandé de l'aide aux forces de l'ordre.
04:51Je savais que s'il se passait quelque chose de grave,
04:54il fallait que j'aie une trace écrite de tout ça.
04:56J'en étais arrivée à ce point-là.
04:58Je pensais qu'on allait me retrouver morte,
05:00dans une maison à vendre.
05:04Il me donnait des détails sur une photo de moi qu'il avait vue,
05:07où j'avais du rouge à lèvres rouge.
05:10Je venais de poser des pancartes toutes neuves avec ma photo dessus.
05:14Et s'il avait vu la photo en question,
05:16ça voulait dire qu'il vivait dans le coin.
05:22Je me creusais la tête.
05:24Je me demandais si ça pouvait être quelqu'un à qui j'avais pu parler récemment,
05:27et qui pourrait m'en vouloir pour quelque chose.
05:32J'avais déjà eu des clients qui m'en avaient voulu après une transaction,
05:36qui avaient réagi de façon excessive et qui m'avaient menacée.
05:40Et il m'était aussi arrivé qu'un homme un peu douteux
05:42me suive dans une maison où j'organisais des visites groupées.
05:47Je publie toujours les annonces de mes visites groupées sur Facebook.
05:51Cet homme est venu à la visite et il m'a dit
05:53« Salut Cathy ! » comme si on était très proche.
05:56Il avait un comportement très étrange à son arrivée.
05:59Quand il a vu qu'une autre personne était présente,
06:01il ne semblait plus du tout intéressé par la maison,
06:04et il est parti.
06:07Mais je n'ai pas reconnu la voix de l'homme au téléphone.
06:12J'ai commencé à arrêter de répondre aux appels,
06:15des numéros que je ne connaissais pas.
06:20Donc il s'est mis à me laisser des messages.
06:36Quand j'entends sa voix,
06:38j'ai l'impression qu'elle sort tout droit d'un film d'horreur.
06:46Oh yeah !
06:49On a vraiment l'impression que quelqu'un est en train
06:52de nous violer,
06:54mais pas physiquement.
06:56Pour beaucoup de gens, ça ne compte pas si la personne n'est pas là.
07:00Mais ça n'a rien de rassurant,
07:02d'être séparé par un téléphone
07:04et d'ignorer où la personne se trouve.
07:06C'est peut-être même encore plus terrifiant.
07:09Imaginez que vous ayez peur de répondre au téléphone
07:12et que ça fasse partie de votre métier.
07:14Imaginez que vous ayez peur de sortir de chez vous
07:16et d'aller travailler.
07:18On commence à se faire des films
07:20et à se demander jusqu'où ça peut aller.
07:22Et c'est là que la peur prend le dessus.
07:27Je pense que ça doit être absolument terrifiant
07:30de se retrouver confronté à quelqu'un
07:32qui se sert de votre activité professionnelle
07:34pour vous harceler.
07:36Il pourrait s'agir d'un individu enfermé chez lui
07:38qui ne passera jamais à l'acte.
07:40Ou il pourrait s'agir de quelqu'un
07:42qui peut devenir véritablement dangereux.
07:44Donc ça peut rendre votre quotidien tout à fait terrifiant.
07:49Les appels téléphoniques ont cessé quelque temps.
07:52Donc pendant un moment,
07:54je me suis dit qu'il avait probablement eu
07:56ce qu'il voulait avec moi
07:58et qu'il avait dû passer à sa prochaine victime.
08:01J'espérais que tout ça était enfin derrière moi.
08:05Mais ça a recommencé quelques mois après.
08:08J'ai prévenu les forces de l'ordre.
08:10J'ai dit que cet individu était toujours dans la nature,
08:13qu'il sévissait toujours,
08:15que je ne savais pas de qui il s'agissait
08:17et que j'étais terrifiée.
08:26Au mois de mai 2019,
08:28une agent immobilier local
08:30nous a signalé qu'elle recevait
08:32des coups de téléphone indésirables.
08:34Quand j'ai écouté les messages vocaux
08:36que le suspect avait laissés,
08:38j'ai été saisi par leur nature ubuesque
08:40ainsi que par les descriptions détaillées
08:42de ses fantasmes à l'égard de la victime.
08:45J'étais extrêmement inquiet
08:47à l'idée que l'individu qui passait
08:49ces coups de téléphone
08:51finisse par mettre ses désirs à exécution.
08:56Il s'adressait à elle en l'appelant par son nom
08:58dans un premier temps.
09:00Dans un deuxième temps,
09:02il faisait référence à des photographies
09:04présentes sur son profil professionnel.
09:06Qui plus est, à cette période,
09:08aucun autre agent immobilier localisé
09:10à Beaufort, en Caroline du Sud,
09:12n'avait reçu de coups de fil similaires.
09:15Ces éléments mis côte à côte
09:17me faisaient penser que le suspect
09:19avait ciblé cette personne en particulier.
09:22Le point sur lequel l'enquête
09:24devait se pencher ensuite,
09:26c'était le numéro depuis lequel
09:28le suspect téléphonait.
09:30Muni du numéro de téléphone,
09:32je me suis connecté sur le site Web
09:34Phone Finder est un outil
09:36qui permet aux enquêteurs ou à n'importe qui
09:38de connaître l'opérateur
09:40d'un numéro de téléphone.
09:42L'opérateur en question
09:44était relié à un système de voix sur IP
09:46qui permet de créer un numéro
09:48de téléphone de toute pièce.
09:50La voix sur IP
09:52permet de passer des coups de fil depuis Internet.
09:54En gros, au lieu d'utiliser
09:56un réseau fixe ou un réseau mobile,
09:58on passe ses coups de téléphone en ligne.
10:00L'opérateur ne vous localise pas
10:02et on peut créer un nouveau numéro de téléphone
10:04puis un autre, puis un autre, à l'infini.
10:18J'ai trouvé toute une série d'appels sortants
10:20émis depuis ce numéro de téléphone.
10:22Il fallait ensuite
10:24que je découvre l'identité du coupable.
10:26Pour ce faire,
10:28j'ai entré sur Google
10:30et j'ai vu le numéro de téléphone qu'il contactait.
10:32J'ai immédiatement remarqué
10:34que tous les appels
10:36qu'il avait émis depuis ce numéro
10:38avaient servi à contacter des agents immobiliers
10:40de sexe féminin.
10:42Il y avait des agents immobiliers
10:44basés en Californie,
10:46dans le Nevada,
10:48au Texas, au nord-est du pays,
10:50sur tout le territoire, en fait.
10:52Il avait passé
10:54des centaines d'appels.
10:56On n'avait pas affaire à quelqu'un
10:58de spécifique.
11:00C'était visiblement bien plus vaste que ce qu'on imaginait.
11:12J'ai commencé à appeler les agents
11:14que le suspect avait contactés.
11:16Chacune d'entre elles m'a confirmé
11:18qu'elle avait bien reçu des appels
11:20de la part de ce numéro.
11:22Mais aucune d'entre elles ne savait
11:24qui les contactait.
11:26Elles ne savaient pas
11:28pourquoi on les avait ciblés.
11:32Il m'a alors paru évident
11:34que le suspect se servait d'Internet
11:36pour chercher des profils d'agents immobiliers
11:38à travers tout le pays
11:40afin de cibler ces nouvelles victimes.
11:42Il se procurait leurs photos
11:44et leurs numéros de téléphone
11:46qui étaient en libre accès en ligne.
11:48Ces personnes sont extrêmement vulnérables
11:50parce qu'elles se servent de Facebook
11:52et d'Instagram pour leur activité.
11:54Et sur leurs réseaux sociaux,
11:56elles partagent beaucoup d'informations
11:58sur leur vie privée.
12:00On connaît leur famille, leurs enfants,
12:02l'école de leurs enfants.
12:04Dans la vie de tous les jours,
12:06on peut fermer sa porte à clé.
12:08Or, sur Internet,
12:10on laisse entrer un public très large.
12:12Tout le monde peut accéder
12:14à vos réseaux sociaux ou à vos sites Web.
12:24J'ai toujours été passionnée d'immobilier.
12:26Acheter une maison,
12:28ça fait partie du rêve américain.
12:30Et je voulais aider les gens
12:32à réaliser ce rêve.
12:34Je suis dans l'immobilier depuis 4 ans.
12:36Quand j'ai reçu le tout premier rappel,
12:38j'allais récupérer le courrier
12:40pour aller à l'immobilier.
12:42Et j'ai vu
12:44que j'allais recevoir un courrier
12:46pour aller à l'immobilier.
12:48Je me suis dit que j'allais
12:50récupérer le courrier
12:52J'allais récupérer le courrier
12:54dans ma boîte aux lettres.
12:56Il était midi quand j'ai décroché le téléphone.
12:58Et j'ai entendu une forte respiration.
13:00J'arrêtais pas de dire
13:02« Allô ? »
13:04Et j'ai fini par raccrocher.
13:06Quelques jours plus tard,
13:08il a rappelé et j'ai dit « Allô ? »
13:10Et je l'ai entendu respirer.
13:12Donc j'ai dit « Laissez-moi tranquille,
13:14arrêtez de m'appeler. »
13:16Et il a répondu.
13:18Il connaissait mon nom
13:20et il voulait me faire un tas de choses affreuses.
13:22Et je savais pas
13:24à quoi faire.
13:26J'étais paralysée par la peur.
13:28J'étais en état de choc.
13:30Et j'ai raccroché toute tremblante et terrifiée.
13:34La toute première fois
13:36qu'il m'a appelée,
13:38je débutais dans l'immobilier.
13:40Je venais juste de réaliser ma première vente.
13:42Donc j'avais planté une pancarte
13:44avec mon visage devant la maison en question.
13:46Je me suis dit
13:48que c'était peut-être quelqu'un du coin
13:50qui avait vu mon visage sur la pancarte.
13:54J'étais jamais sereine
13:56parce que je me demandais qui était cette personne.
13:58Est-ce que c'était mon voisin ?
14:00Est-ce que c'était l'un des parents de l'école ?
14:02Est-ce que c'était l'homme du supermarché ?
14:06J'ignorais comment réagir ou quoi faire.
14:08Je savais pas vers qui me tourner
14:10ni s'il fallait que j'en parle à quelqu'un.
14:12Parce qu'à ce moment-là,
14:14c'était juste un pauvre type
14:16qui m'appelait au téléphone.
14:18Mais il s'en était pas pris à moi physiquement.
14:20La plupart du temps,
14:22il m'appelait une ou deux fois par semaine.
14:26Il me laissait des messages vocaux
14:28pour me dire ce qu'il allait me faire.
14:32Il avait un numéro à San Francisco,
14:34un numéro à Los Angeles,
14:36plusieurs numéros au Texas.
14:38C'était toujours un numéro différent
14:40pour me prendre au dépourvu.
14:42Je me demandais toujours, est-ce que c'est lui ?
14:44Il traquait aussi mes faits et gestes sur Internet.
14:46Il n'y avait pas que les appels et les SMS.
14:48Il cherchait toutes les infos
14:50qu'il pouvait trouver à mon sujet.
14:52Les photos de profil Facebook sont publiques.
14:54Donc, il y avait des photos de moi
14:56et de mes enfants,
14:58et il les avait consultées.
15:02Il savait que j'avais des enfants.
15:04Il connaissait leur tranche d'âge et leur sexe.
15:10Le comportement du suspect
15:12est devenu de plus en plus intrusif
15:14avec le temps.
15:16Il était passé de simples coups de fil
15:18à l'envoi de SMS
15:20qui contenaient des images
15:22à caractère pornographique,
15:24ce qui constituait une forme odieuse
15:26de cyberagression et de harcèlement
15:28parce que ses agents immobiliers
15:30étaient convaincus que le suspect
15:32vivait près de chez elle.
15:34Elles pensaient qu'il allait passer à l'acte.
15:36Elles ne savaient pas ce qui pouvait leur arriver
15:38par la suite.
15:40C'était comme un cauchemar.
15:42Il ne s'arrêterait pas à de simples appels
15:44ou des SMS et que ça pouvait devenir
15:46beaucoup plus dangereux.
15:48C'était un véritable cauchemar.
15:52Quand j'ai commencé à recevoir
15:54les premiers appels,
15:56une amie m'a laissé entendre
15:58que je l'avais peut-être un peu cherché.
16:00Comme quoi j'aurais pas dû mettre
16:02ma photo sur les pancartes
16:04que j'affichais devant les maisons
16:06parce que je permettais aux gens
16:08d'en parler.
16:10Voilà.
16:14Je suis une femme intelligente
16:16donc je sais que j'ai pas cherché tout ça.
16:18Mais quand on est confronté
16:20à ce genre de situation,
16:22on se pose forcément des questions.
16:24Je me suis demandé si j'avais pas fait quelque chose.
16:26Quand elle m'a dit ça,
16:28sur le coup, j'ai pensé.
16:30Bien sûr que non, je l'ai pas cherché.
16:32Mais plus le temps passait, plus je doutais.
16:34Je disais à mon mari
16:36il est peut-être devant la fenêtre de la chambre
16:38et s'il décide d'entrer et que t'es pas là.
16:40Et s'il s'en prend à moi physiquement.
16:44Et s'il finit par me tuer.
16:46On savait pas comment ça allait se terminer
16:48ni jusqu'où il était capable d'aller.
17:02Le contenu de ces messages est devenu de plus en plus cru.
17:06Il m'a appelé une fois
17:08pour me dire qu'il voulait violer mes enfants.
17:12Donc mon mari a pris son portable,
17:14il a rappelé le numéro
17:16et il a dit au type
17:18laisse ma famille et ma femme tranquille.
17:20Si tu la rappelles, je te trouverai et je te tuerai.
17:24Et le type m'a envoyé un texto me disant
17:26ne laisse pas ta petite tapette répondre à ta place.
17:28Et il a envoyé des images
17:30de pornographie homosexuelle à mon mari.
17:32J'ai appelé la police
17:34et
17:36on m'a dit
17:38désolée mais on peut rien faire.
17:40Il ne vous a pas agressé, vous ne savez pas d'où il appelle
17:42et il change tout le temps de numéro.
17:44Donc on peut rien faire.
17:46Et j'ai répondu
17:48donc je dois attendre qu'il s'en prenne à moi physiquement
17:50pour que ça devienne un crime.
17:52C'est là qu'on m'aidera.
17:56Mon mari m'a acheté un pistolet
17:58et il m'a dit
18:00qu'il m'a emmené au stand de tir
18:02pour m'apprendre à m'en servir.
18:06Je vivais avec la peur au ventre en permanence.
18:12La technologie évolue très vite.
18:14La police n'a déjà pas le temps
18:16de gérer toutes les affaires de la vie courante
18:18alors encore moins
18:20des milliers de déviances qu'on trouve tous les jours
18:22sur le net et qui sont associées
18:24à des nouvelles technologies
18:26que très peu de policiers maîtrisent.
18:28Donc la quantité de pratiques déviantes
18:30et dangereuses, défractions,
18:32de menaces et de crimes
18:34est ingérable pour la police.
18:36En fait,
18:38on pourrait comparer Internet au Far West.
18:40C'est un endroit où tout évolue
18:42beaucoup trop vite pour que la loi ait le temps
18:44de s'adapter.
18:46Et ça ne date pas d'hier.
18:48La technologie a toujours eu plusieurs longueurs d'avance
18:50sur la loi.
18:52La loi a toujours un temps de retard.
18:54Donc
18:56c'est très très difficile
18:58de suivre
19:00avec toutes les nouvelles applis qui sont créées.
19:02On est souvent
19:04confronté à des affaires de harcèlement
19:06similaires à celle-ci
19:08où quelqu'un est contacté par un faux numéro.
19:10Et pour nous, dans la police,
19:12c'est très compliqué.
19:14On sait tout de suite si un numéro est bidon.
19:16Mais pour retrouver la personne qui se cache derrière,
19:18c'est beaucoup plus dur.
19:20En premier lieu,
19:22on doit obtenir un mandat à l'encontre de l'entreprise
19:24qui cherche le numéro.
19:26Ensuite, on doit parfois demander un deuxième mandat
19:28pour recueillir les informations
19:30liées à l'adresse mail,
19:32celle qui a servi à créer le numéro.
19:34Donc on peut être amené à réquisitionner
19:36ces informations auprès de Google,
19:38par exemple.
19:40Ça va être arrivé.
19:42Et une fois qu'on a franchi toutes ces étapes,
19:44il peut encore être nécessaire de délivrer
19:46trois ou cinq, voire six mandats supplémentaires
19:48pour espérer trouver la personne physique
19:50qui se cache
19:52derrière ce numéro et derrière ce harcèlement.
19:58Le suspect se servait d'un système de voix sur IP
20:00qui enregistre les adresses IP
20:02de ses utilisateurs.
20:04Le sigle IP d'adresse IP signifie
20:06Internet Protocol.
20:08C'est un outil qui permet
20:10au réseau, dans ce cas précis
20:12Internet, de savoir
20:14où se trouve quelque chose.
20:16À chaque fois que le suspect
20:18se connectait au système de voix sur IP,
20:20on remarquait qu'une même
20:22adresse IP se connectait au serveur.
20:24Donc,
20:26grâce à mes nombreuses recherches,
20:28j'ai fini par identifier cette adresse IP
20:30et par découvrir qu'elle était
20:32reliée à un serveur hébergé
20:34dans l'État du Texas.
20:42Grâce au mandat
20:44de perquisition, j'ai été
20:46en mesure d'obtenir les informations
20:48personnelles de l'utilisateur.
20:50Il était domicilié à Lubbock, au Texas.
20:52Je suis entré en contact
20:54avec le commissariat de police de Lubbock,
20:56au Texas, et je me suis
20:58entretenu avec les enquêteurs.
21:00Je leur ai expliqué que nous avions
21:02identifié le bâtiment du suspect.
21:12Je m'appelle David Schreiber.
21:14Je suis inspecteur de police pour la ville de Lubbock.
21:16J'ai rejoint cette affaire
21:18au mois de mai 2019.
21:20L'inspecteur Dowling m'a décrit
21:22des appels à caractères sexuels
21:24violents et crus.
21:26Il était évident que la personne qui tenait ces propos
21:28y prenait du plaisir.
21:30L'inspecteur Dowling m'a fourni
21:32des informations très précises
21:34avec le numéro d'appartement du suspect.
21:36J'ai regardé qui habitait
21:38dans cet appartement,
21:40et le locataire était un délinquant sexuel.
21:42Tout ce que me disait
21:44l'inspecteur Dowling correspondait
21:46aux éléments présents à Lubbock.
21:48Je pensais donc qu'on était sur la bonne voie.
22:02Son appartement était situé
22:04dans un quartier plutôt singulier.
22:06Il y avait un relais routier
22:08et quelques habitations.
22:10C'est une zone
22:12connue pour abriter
22:14un bon nombre de délinquants sexuels.
22:20On a procédé à la perquisition.
22:22Quand je suis rentré dans l'appartement,
22:24je n'ai pas trouvé
22:26ce à quoi je m'attendais.
22:28Je cherchais du contenu à caractère sexuel,
22:30de la pornographie,
22:32du matériel électronique,
22:34des preuves qui rattacheraient cet individu
22:36au coup de fil passé aux agents immobiliers.
22:40Quand j'ai interrogé le suspect,
22:42je n'étais pas convaincu que cet homme
22:44était en lien avec notre affaire.
22:46C'était un homme assez âgé.
22:48Il travaillait dans une usine de coton
22:50à l'est de la ville.
22:52C'était un poste physique,
22:54mais il était en liberté conditionnelle
22:56et il tenait à se réinsérer.
22:58Je n'avais pas le sentiment que c'était le genre d'homme
23:00qui saurait comment télécharger des faux numéros
23:02et harceler des femmes au téléphone.
23:06À ce stade de l'enquête,
23:08j'ai mis tout le matériel électronique
23:10que j'avais collecté sous scellé.
23:12Je l'ai renvoyé à l'inspecteur Dowling
23:14et on est resté en contact.
23:18On a récupéré les téléphones portables
23:20et on en a fait analyser le contenu.
23:22On pouvait à présent prendre connaissance
23:24des appels sortants,
23:26des mails envoyés et reçus
23:28et des SMS.
23:30Il nous est apparu évident
23:32que les coups de fil reçus par les agents immobiliers
23:34n'avaient pas été émis par ces téléphones.
23:38Dans ces circonstances,
23:40il me semblait très peu probable
23:42que cet homme soit notre suspect.
23:44Faute de nouveaux éléments susceptibles
23:46de faire avancer l'enquête,
23:48nous avons malheureusement été contraints
23:50de classer l'affaire sans suite.
23:54Nous n'avions plus rien qui nous permettait d'avancer.
23:58Quand on classe une affaire non résolue,
24:00on appréhende toujours énormément
24:02ce que va faire le suspect.
24:08LA RÉFLEXION
24:34Je m'appelle Brooke Ashley Dowd.
24:36d'un agent immobilier à Waco, au Texas.
24:38J'étais en voiture,
24:40je venais de récupérer ma plus jeune fille à l'école
24:42et je me sers toujours du kit main libre au volant.
24:45Donc, j'ai répondu en disant,
24:47« Bonjour, c'est Brooke Ashley, que puis-je pour vous ? »
24:50Et il a tout de suite commencé à tenir des propos à caractère sexuel.
24:54Je veux te tuer, putain, c'est si bien et si dur.
24:58Je veux te tuer, bébé, je te jure que t'es si tiède.
25:04Donc, j'ai essayé de raccrocher tout en conduisant
25:07et ma fille m'a demandé, « C'était quoi, cet appel bizarre ? »
25:11Et je lui ai dit que c'était juste un canular.
25:15Quelques jours plus tard, on me rappelle.
25:18Même chose.
25:19Cette fois-ci, j'ai répondu, « Pourquoi vous m'appelez ? Qui êtes-vous ? »
25:23Et je me suis dit que j'allais bloquer ces numéros
25:26jusqu'à ce qu'ils n'en aient plus.
25:29Au début, ils ne m'appelaient que tous les deux jours,
25:31mais très vite, c'était à longueur de journée.
25:35J'ai fini par bloquer tellement de numéros que je ne savais plus quoi faire.
25:41Je suis allée au commissariat pour demander de l'aide
25:44et ils m'ont dit, « On ne peut rien faire. Bloquez les numéros.
25:48Tout ce que vous pouvez faire, c'est déposer une main courante. »
25:51C'était horrible de me dire que ça n'allait pas s'arrêter.
25:54La seule main qu'on me tendait, c'était une main courante.
26:00Un week-end, je passais l'après-midi
26:03en compagnie de quelques collègues et de mes amis,
26:06et il a rappelé.
26:10J'ai mis son appel en haut-parleur pour que mes collègues et amis entendent.
26:14Et je leur ai dit que ça durait depuis plusieurs semaines
26:17et que je n'arrivais pas à m'en débarrasser.
26:20Ils ont commencé à le taquiner en lui demandant,
26:23« C'est qui ? Tu n'as pas mieux à faire ? »
26:25Et il l'a mal pris.
26:27Ses propos sont devenus encore plus vulgaires.
26:30Il est devenu plus menaçant et il a donné des détails sur ma vie privée.
26:34Il a dit qu'il savait où j'habitais.
26:38Et d'un coup, au milieu de la conversation,
26:41il finit par ajouter, « Je vais te dire exactement ce que je vais te faire
26:45et je vais te dire quel jour je vais te le faire. »
26:50Il avait un sentiment de puissance,
26:52même face à une communication négative.
26:54Ils avaient beau lui crier dessus et lui dire d'arrêter,
26:57ils s'adressaient quand même à elle.
27:00Et son comportement a empiré.
27:02Après ce jour-là, j'ai commencé à recevoir des SMS.
27:06Il avait trouvé des photos de mes enfants
27:09et il m'appelait ou il m'envoyait des SMS
27:11pour me dire ce qu'il comptait leur faire.
27:14Mon fils m'a dit que je n'étais pas capable de faire ce qu'il me demandait.
27:19Mes filles n'avaient le droit d'aller nulle part sans un adulte avec elles.
27:23Mon mari avait décidé de faire du télétravail
27:26jusqu'à ce qu'on trouve une solution.
27:29On prenait des nouvelles en permanence.
27:32C'était terrifiant.
27:40Je m'appelle Alison Chulak.
27:42Je travaille dans l'immobilier à Waco depuis sept ans.
27:46C'était le matin de Noël et je regardais les enfants ouvrir leurs cadeaux
27:50quand mon portable a sonné.
27:52C'était une photo de mon enfant
27:56avec des propos très crus
27:57expliquant ce qu'il voulait faire à mon enfant.
28:02J'étais désemparée et je...
28:05Je ne comprenais pas qu'on puisse envoyer un message pareil,
28:08surtout à Noël.
28:11Mon mari m'a dit,
28:13« Pose ton portable. Qu'est-ce que tu fais ? »
28:15Donc, je lui ai tendu mon téléphone et il est devenu tout pâle.
28:19J'ai fondu en larmes. Mon fils m'a dit,
28:21« Qu'est-ce qu'il y a ? »
28:22Et je lui ai répondu, « C'est rien.
28:24Je suis contente que vous ouvriez vos cadeaux. »
28:28C'était bouleversant.
28:33J'ai tout de suite fait suivre le SMS à Kate.
28:36Kate, c'est ma collègue de travail, mais c'est aussi ma meilleure amie.
28:41Et Kate, elle m'a dit, « Ça m'est arrivé aussi. »
28:45Je me souviens du tout premier SMS que j'ai reçu.
28:48J'étais chez moi, dans la salle de jeu de mon enfant.
28:53Et...
28:56les appels ne se sont plus arrêtés.
28:59Il commençait à m'appeler dans l'après-midi
29:01et ça durait toute la soirée.
29:03Je bloquais ses numéros, je lui demandais d'arrêter.
29:07Je bloquais tous ses numéros et je ne répondais plus.
29:10Mais il était très insistant.
29:12Il appelait avec un nouveau numéro, puis un autre, puis encore un autre.
29:18Ses SMS étaient extrêmement sexuels.
29:21Ils décrivaient toutes les choses qu'il avait envie de me faire.
29:26Et aussi...
29:28la façon dont il s'y prendrait pour me faire taire.
29:32Quand j'ai appris qu'il harcelait aussi Alison,
29:36j'ai ressenti le besoin irrépressible d'empêcher cet homme de nuire.
29:43Il doit y avoir plus d'un millier d'agents immobiliers à Waco,
29:47donc on fait tous partie d'un groupe Facebook privé pour échanger.
29:51Comme à l'époque, je ne me sentais pas à l'aise
29:54à l'idée d'annoncer publiquement
29:56que je recevais des messages de nature très explicites,
30:00j'ai demandé à un ami dont je suis très proche
30:02de poster un message à ma place.
30:05Il a donc demandé si d'autres femmes recevaient ce genre de messages
30:10et si elles seraient prêtes à m'en parler.
30:14Il y a eu un grand nombre de femmes qui ont répondu
30:17en disant qu'elles recevaient des SMS, elles aussi.
30:21J'ai parlé à l'une de ces femmes par téléphone,
30:24et c'est là que tout s'est accéléré.
30:27Il leur envoyait des photos de leurs enfants
30:29qu'il avait trouvées sur les réseaux sociaux,
30:32et il décrivait ce qu'il voulait faire à ces enfants.
30:35Des agressions physiques, des agressions sexuelles.
30:38Il voulait forcer les parents à regarder.
30:40C'était le genre de propos qui me révoltait et qui me retournait l'estomac.
30:47Donc, on a contacté le bureau du shérif.
30:57Je m'appelle Joseph Scaramucci.
30:59Je fais partie de la brigade qui lutte contre la traite des êtres humains.
31:03Au bureau du shérif du comté de McLennan.
31:05J'ai récupéré cette affaire
31:07parce que l'individu menaçait d'agresser sexuellement
31:09les enfants des agents immobiliers.
31:11On me confie toujours les dossiers en lien
31:13avec l'exploitation des enfants sur Internet.
31:16On a reçu une première plainte.
31:18Et je crois que le soir même,
31:20on totalisait une dizaine de plaintes d'agents immobiliers à Waco
31:23qui nous signalaient qu'elles étaient harcelées.
31:26Elles étaient amenées, du fait de leur activité,
31:29à rencontrer de parfaits inconnus
31:31pour leur faire visiter des maisons.
31:33De ce fait, la plupart d'entre elles vivaient dans la peur
31:37parce qu'elles ne savaient pas si l'homme qui les menaçait
31:40serait présent à leur prochaine visite.
31:45Il avait recours à des numéros de voix sur IP
31:48pour dissimuler son identité.
31:52Les criminels numériques sont de plus en plus créatifs.
31:55Mais ce qu'il y a de merveilleux, c'est qu'ils laissent toujours une trace.
31:59Le lendemain, je me suis entretenu avec les entreprises de voix sur IP
32:03pour identifier l'adresse IP du suspect.
32:06Toute information était susceptible de nous être utile
32:09et ils nous ont rapidement renseigné.
32:11L'adresse IP qu'on a identifiée
32:13nous a dirigé vers une résidence de Lubbock, au Texas.
32:19Quand je me suis rapproché des autorités de Lubbock,
32:22les enquêteurs m'ont informé qu'un apportement de la résidence
32:25avait déjà été perquisitionné plusieurs mois auparavant.
32:28A cause de cette même adresse IP.
32:31Et que le locataire avait été innocenté, faute de preuves.
32:34Mais nous savions qu'une personne se connectait à Internet
32:37depuis cette résidence pour commettre ces crimes.
32:53La première fois que la police avait perquisitionné la résidence,
32:57les recherches s'étaient concentrées sur un seul appartement.
33:00Le numéro 1.
33:02Les enquêteurs avaient analysé le contenu
33:04de tous les appareils électroniques du suspect,
33:06mais ils n'avaient rien trouvé d'incriminant.
33:13Une adresse IP, c'est comme un numéro de téléphone.
33:16Ça permet de savoir où se trouve quelque chose.
33:19Ce Wi-Fi a une adresse IP destinée au public, une adresse Internet.
33:23Donc tous les appareils qui sont connectés à ce Wi-Fi
33:26possèdent la même adresse IP.
33:29Mon téléphone portable, ma tablette,
33:31mes ordinateurs portables et de bureau,
33:33le téléphone portable de ma femme, sa tablette, son ordinateur,
33:37tous ces appareils ont la même adresse IP
33:40parce qu'elle provient du réseau sans fil.
33:43Maintenant, imaginez qu'il ne s'agisse pas d'une maison individuelle,
33:46mais d'une résidence avec 10 locataires indépendants.
33:50De qui s'agit-il ?
33:53Le premier mandat était très précis.
33:55Rien n'indiquait qu'il pouvait s'agir d'un autre habitant de la résidence.
33:59Et on ne peut décemment pas fouiller les autres appartements
34:02à la recherche d'une aiguille dans une botte de foin.
34:05La loi nous l'interdit.
34:06Il nous faut une raison de perquisitionner.
34:11Je partais avec un avantage
34:13parce que je savais que je pouvais déjà exclure le locataire
34:16de l'appartement numéro un.
34:18Nous étions en mesure de faire un enquête.
34:21Nous avons pu établir que tous les locataires de la résidence
34:24avaient accès au mot de passe du serveur Wi-Fi.
34:28Et ça a rendu les choses beaucoup plus simples,
34:30car nous n'avions plus qu'à déterminer
34:32qui avait vécu dans la résidence au moment de la perquisition
34:36et qui y vivait encore à ce moment-là.
34:39Il n'y avait qu'Andy Castillon.
34:51Andy Castillon était accusé d'attouchement envers des femmes.
34:55A l'époque, au Texas, on écopait uniquement d'une contravention
34:58pour ce genre de fait.
35:00Quand on touchait quelqu'un en public,
35:02on ne prenait qu'un simple PV.
35:04Il a également été accusé d'agression sexuelle sur une parente.
35:08Comme elle était handicapée,
35:10elle n'était pas en mesure de s'exprimer
35:12et elle n'a jamais pu le mettre en cause.
35:14Il avait fait plein de petits boulots.
35:16Il n'avait jamais eu d'emploi stable.
35:19Il avait vécu avec des membres de sa famille jusqu'à un âge très avancé.
35:23On a obtenu un mandat de perquisition
35:26et un mandat d'arrêt à son encontre.
35:28On s'est ensuite rendus à Le Boc
35:30pour se coordonner avec les équipes sur place et l'arrêter.
35:34On a arrêté Andy Castillon le 6 janvier 2020.
35:38Lors de son arrestation, il avait la cinquantaine.
35:42Quand on a perquisitionné son appartement,
35:45on a trouvé une tablette sur son lit.
35:47Elle était en évidence
35:48et on a pu consulter les SMS qu'il avait envoyés.
35:51On a identifié 120 agents immobiliers
35:54avec qui il était entré en contact à travers les États-Unis.
35:59Comme il était au chômage,
36:01il passait littéralement toutes ses journées chez lui à harceler des femmes.
36:05Et à en croire certains messages vocaux qu'il laissait à ses victimes,
36:09il se masturbait probablement en même temps.
36:13Il ne semblait pas envisager d'arrêter.
36:15Il aurait plutôt harcelé encore plus de femmes,
36:18mais il n'aurait pas arrêté.
36:26Quand j'ai appris qu'on l'avait arrêtée,
36:28j'ai découvert son visage et je ne l'ai pas reconnue.
36:32Je ne savais pas qui était cet homme.
36:34J'étais extrêmement rassurée parce qu'il ne pourrait plus harceler personne.
36:38Ni moi, ni personne d'autre.
36:41J'allais faire mes courses
36:43quand l'inspecteur Scaramucci m'a passé un coup de fil.
36:46Je me suis rangée sur le bas-côté et je me suis mise à pleurer.
36:51Je savais pourquoi il appelait.
36:55Donc, je lui ai dit merci.
36:57C'est tout ce que j'ai pu dire. J'ai fondu en larmes.
37:01J'ai dû rester cinq minutes comme ça,
37:03à pleurer dans ma voiture de soulagement et de joie
37:06parce que c'était fini.
37:08Je savais qu'on avait attrapé ce monstre.
37:14Je m'appelle Christy Hartin
37:16et je suis journaliste pour la chaîne régionale KCBD TV
37:19du comté de Lubbock.
37:21Je pense que le plus surprenant, c'est qu'il était tout près.
37:24C'était quelqu'un du coin.
37:26Et on se demandait qui pouvait être ce monstre
37:29qui faisait partie de notre communauté.
37:31Un voisin, un paroissien, un collègue ?
37:33Après son arrestation et sa mort,
37:36après son arrestation et sa mise en examen,
37:38personne n'a pris sa défense publiquement.
37:41Aucun membre de sa famille n'est venu l'entourer ni le soutenir.
37:47Comme M. Castillo sollicitait des relations sexuelles
37:50avec les enfants des agents immobiliers,
37:52on a pu le mettre en examen
37:54pour tentative d'atteinte sexuelle sur mineurs.
37:58Ce qui nous a permis de procéder à un prélèvement ADN
38:01pour le relier à d'éventuels crimes sexuels.
38:04Après le prélèvement,
38:05son ADN a été envoyé au département de sécurité publique du Texas
38:09pour le comparer au CODIS, le fichier ADN
38:12qui répertorie les empreintes génétiques des affaires criminelles.
38:17On a obtenu les résultats, et ça correspondait.
38:21On savait déjà que c'était le mal incarné,
38:24un malade complètement détraqué
38:26qui prenait plaisir à terroriser les femmes.
38:30Et on a appris qu'il avait fait encore pire.
38:35C'était en 2003,
38:36quand les policiers ont trouvé Cynthia Palacios' corps.
38:47C'était un appel 911,
38:49après avoir trouvé Palacios' corps.
38:51Le mois suivant,
38:52la tête d'Adeba Hall a été retrouvée à North Lovett County
38:55avec de similaires blessures.
38:57Les deux femmes étaient de 21 ans et de bons amis.
39:01J'étais jeune.
39:03J'étais une jeune journaliste, je n'avais que 23 ans à l'époque,
39:06et Cynthia et Linda avaient 21 ans quand elles ont été assassinées.
39:11On avait interviewé Linda un an auparavant.
39:15Elle nous avait accueillies en prison pendant sa détention
39:19pour nous parler de...
39:22de ses années de prostitution.
39:25Elle avait 11 ans lorsque sa mère est allée en prison,
39:28donc elle a survécu comme ça.
39:30Mais elle avait compris que la vie avait plus à offrir
39:33maintenant qu'elle avait une fille.
39:45Quand on a interviewé Linda, elle était tellement aimable.
39:49Elle était adorable, c'était un amour de jeune femme.
40:00On se dit qu'elle savait qu'elle connaîtrait
40:02le même destin tragique que son amie, et elle avait raison.
40:07On l'a violée, on l'a étranglée
40:09et on l'a abandonnée sur le bord de la route comme une malpropre.
40:19Je m'appelle Anthony Castillo.
40:21Je suis lieutenant au sein du bureau du shérif du comté de la Bocque.
40:25Je n'ai aucun lien de parenté avec Andy Castillo.
40:28Pendant l'enquête qui a été menée pour tenter de résoudre ces deux meurtres,
40:32les enquêteurs ont interrogé un nombre conséquent de témoins
40:37et ils ont reçu énormément de signalements.
40:40On leur a transmis des informations qui se sont avérées inutiles
40:44et n'ont mené à rien.
40:45Je connais plusieurs enquêteurs qui ont travaillé sur cette affaire
40:48et elle n'a jamais été classée sans suite.
40:50L'enquête était toujours en cours.
40:52Même avec les années, il y a des affaires qu'on n'oublie pas.
40:56Il y a des affaires qui ne nous quittent jamais.
41:04Au mois de mai 2020,
41:06l'ADN a parlé dans l'affaire de nos deux victimes de meurtre.
41:10On avait trouvé une correspondance.
41:13Et notre suspect venait enfin d'être identifié.
41:17Il s'agissait d'Andy Castillo.
41:26On a arrêté un délinquant sexuel extrêmement violent grâce à des faits
41:30que certains auraient pu qualifier de quelques appels ou SMS sans conséquence.
41:37Quand j'ai appris qu'il était responsable du meurtre et du viol
41:40des deux jeunes femmes portées disparues,
41:42j'ai tout de suite dit à mon mari,
41:44« Tu vois, je t'avais bien dit qu'il était capable de crimes beaucoup plus graves
41:48que ceux qui ont été faits par des femmes.
41:50»
41:51Et il m'a dit que c'était le cas.
41:53« Je t'avais bien dit qu'il était capable de crimes beaucoup plus graves. »
41:58Le mec Chiu en se pose forcément des questions.
42:00Qu'est-ce qu'il a bien pu faire d'autre
42:02pendant les années qui ont précédé son arrestation ?
42:04Qui sont ces autres victimes ?
42:07Qui d'autre a-t-il terrorisé ? Qui d'autre a-t-il assassiné ?
42:17Monsieur Castillo attendait son jugement à la prison de Lubbock
42:20lorsqu'il est décédé du Covid-19 en août 2021.
42:24L'arrestation des victimes
42:26En partageant leurs coordonnées dans le cadre de leur métier,
42:30elles ne se doutaient pas qu'elles s'exposaient à du harcèlement
42:33et à une vie de terreur.
42:34Mais c'est ce qui leur est arrivé,
42:37et ça a dû les inquiéter pour leur avenir.
42:39Est-ce que ça s'arrêtera vraiment ?
42:41Même si ça s'arrête aujourd'hui, est-ce que ça pourrait recommencer ?
42:46Il m'arrive de douter,
42:48et j'ai peur alors que ce n'était pas le cas auparavant.
42:51J'ai le droit de porter une arme dissimulée.
42:54Avant, je la laissais dans ma voiture.
42:57Je ne ressentais pas le besoin de l'avoir sur moi.
42:59Maintenant, si.
43:01Je l'ai sur moi quand je fais visiter un bien à des inconnus.
43:05On a disposé pas moins de sept caméras tout autour de la maison
43:09qui filment 24 heures sur 24
43:12et qui sont reliées à un système de vidéosurveillance en temps réel.
43:15Et on ne vivra plus jamais sans ces caméras.
43:18Je n'arrive toujours pas à me sentir en sécurité.
43:22Tous les soirs, quand j'arrive dans ma chambre,
43:25je ne peux pas m'empêcher de fixer les rideaux
43:27et de me demander si quelqu'un m'observe.
43:29Je me sens même obligée de me changer dans mon dressing.
43:34J'ai l'impression de ne plus avoir d'intimité
43:37et de ne plus être en sécurité.
43:39Plus on expose sa vie de tous les jours,
43:42et plus on expose ses enfants,
43:44plus on donne l'opportunité aux gens
43:46d'exploiter les informations qu'on partage.
43:49Et c'est ce qu'a fait Andi Castillo.
43:52Je publie toujours du contenu tous les jours.
43:55Je ne m'arrêterai pas de publier et de partager ma vie avec les autres
43:59juste à cause d'un seul homme, s'il malfaisant soit-il.
44:04On doit s'accommoder du monde dangereux dans lequel on vit.
44:08Et je ne suis pas du genre à vivre dans la peur.

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