Christophe Barbier et Jean Garrigues sont les invités d'Yves Calvi

  • il y a 1 heure
Le premier ministre, Michel Barnier, a soumis une liste de ministres à Emmanuel Macron jeudi, mais plusieurs noms font débat au sein du camp présidentiel et du MoDem. Regardez les analyses de Christophe Barbier, journaliste et éditorialiste et Jean Garrigues, historien, président du Comité d'histoire parlementaire
Regardez L'invité de Yves Calvi avec Yves Calvi du 20 septembre 2024.

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00:00Il est 18h19, décidément quand c'est fini ça recommence, on croyait que tout le monde
00:07s'était mis d'accord de la droite au centre, en tout cas ça reste très compliqué de
00:11trouver un accord pour entrer au gouvernement, puis la phrase du jour elle est signée Emmanuel
00:14Macron, il faut laisser Michel Barnier travailler.
00:17Bonsoir Jean Garrigue.
00:18Bonsoir Yves Calvi.
00:19Je souris en lisant cette phrase.
00:20Vous êtes historien, président du comité d'histoire parlementaire et je salue notre
00:23camarade Christophe Barbier, journaliste, éditorialiste.
00:25Bonsoir Christophe.
00:26Bonsoir Yves, bonsoir Jean.
00:28On aura un gouvernement ce week-end, Christophe Barbier ?
00:31Normalement oui, dimanche ça devrait être le cas.
00:33Ce qui bloque maintenant c'est sans doute encore des arbitrages politiques, vous avez
00:36évoqué ces tensions dans la majorité, dans ce qui est la nouvelle coalition, et puis
00:40c'est aussi quand même un petit blocage technique, une épreuve technique.
00:43C'est la haute autorité de transparence de la vie publique qui doit passer quand même
00:46au peigne fin les dossiers de tous ces futurs ministres pour vérifier qu'il n'y en a pas
00:50un qui a oublié de payer ses impôts comme Thomas Thévenoud il y a quelques années.
00:54Les centristes, le modem qui se posent vraiment des questions, enfin d'ailleurs pardonnez-moi,
00:59est-ce qu'ils se posent vraiment des questions ou est-ce qu'ils veulent tout simplement
01:01qu'on s'occupe d'eux ?
01:02Il y a des deux, bien sûr ils ont envie d'être gâtés et s'ils obtiennent les ministères
01:08qu'on leur prête, la santé, les affaires étrangères, ils sont plutôt bien lotis,
01:11mieux lotis en tout cas que les proches d'Édouard Philippe.
01:13C'était une manière aussi pour François Bayrou et ses troupes de marquer une sorte
01:17de ligne rouge idéologique, les membres des LR qui sont entrés dans ce gouvernement sont
01:21très à droite, beaucoup sont issus des soutiens à François Fillon d'il y a quelques
01:25années et donc le modem vous laisse en distancier.
01:28Je pense que François Bayrou prépare aussi la suite, il se dit que ce gouvernement a
01:31une durée de vie limitée, que peut-être à la fin de l'automne, au début de l'année
01:352025, une autre formule sera essayée, peut-être le retour de Bernard Cazeneuve et là le modem
01:41pourra stayer la part du Lyon, vous voyez il essaye d'avoir un coup d'avance.
01:44Bon Jean-Garrick, le modem, je vous ai vu réagir mais d'abord cette question, le modem
01:48boudait aujourd'hui, de toute façon ils vont rentrer au gouvernement ?
01:51Oui, c'est un sketch, c'est l'arithmétique de cette majorité pour Michel Barnier, il
01:59faut qu'il y ait de la place pour les républicains, c'est normal, il est républicain, c'est
02:03normal aussi qu'il y ait une majorité de macronistes, ils sont majoritaires à soutenir
02:09Michel Barnier.
02:10Et puis c'est normal évidemment qu'il y ait quelques modems et c'est vrai que les
02:15affaires étrangères c'est pas mal, on parle de Jean-Noël Barreau qui a l'expérience
02:19du ministère délégué à l'Europe et Geneviève Darriussec qui est médecin à
02:25la santé, c'est pas choquant, je pense que ça serait bien pour le modem.
02:29Quel est le problème au moment où nous parlons ? Qu'est-ce qui bloque exactement
02:32d'après vous ? Chacun fait un peu de surenchère et ça permet au Président de la République
02:37de faire du second degré en disant il faut laisser Michel Barnier travailler.
02:40Non mais moi ça annonce ce qui est pour moi, je parle de triple voire de quadruple cohabitation.
02:45On est habitué à la cohabitation, ça n'en est pas une puisque au fond la force majoritaire
02:52qui soutient le Premier Ministre c'est la majorité présidentielle, c'est le parti
02:57d'Emmanuel Macron, c'est ensemble, donc c'est pas une vraie cohabitation.
03:01Il n'empêche que ça fragilise Michel Barnier et forcément dans les quatre cohabitations
03:05habituelles le Premier Ministre est le chef d'une majorité absolue.
03:09Donc vous avez la cohabitation avec un Président de la République qui de facto est finalement
03:14renforcé pour une période de cohabitation habituelle.
03:18Il est plus fort que dans une période de cohabitation habituelle parce que Michel Barnier
03:21est plus faible et parce que Michel Barnier doit être en cohabitation avec l'Assemblée,
03:27le reste de l'Assemblée, mais aussi il doit être en cohabitation avec sa majorité parlementaire
03:33et je dirais même qu'à l'intérieur de cette majorité parlementaire il doit être
03:36en cohabitation avec non seulement son parti, vous avez vu que Laurent Wauquiez lui a refusé
03:41d'entrer dans le gouvernement, parce qu'on ne lui donnait pas le poste qu'il voulait,
03:45et puis surtout parce que Laurent Wauquiez lui il prépare l'élection présidentielle
03:50de 2027.
03:51Alors on rappelle les chiffres Christophe Barbier, 7 ministres macronistes, 3 les Républicains,
03:552 Modem, 1 Horizon, le parti d'Édouard Philippe et un centriste UDI, on cherche le
04:00divers gauche non ?
04:01Oui on cherche encore le divers gauche, il m'a l'air d'être plus divers que gauche
04:05d'ailleurs, c'est évidemment un élargissement vers la gauche de la coalition qui a échoué
04:10Michel Barnier n'a trouvé que des portes fermées, celles de Stéphane Lefol, celles
04:14du maire de Saint-Ouen, celles de Karim Adéli, rien ne s'est ouvert.
04:18Alors c'est la responsabilité de la gauche, Didier Migaud pourrait rentrer au ministère
04:22de la justice, oui alors là ça ne serait pas un second couteau, Didier Migaud d'évidence
04:26a un parcours de gauche, c'est en plus un rône alpin, il était élu dans l'ISER
04:30donc il a fréquenté Michel Barnier quand ils étaient tous les deux en politique active,
04:33mais Didier Migaud c'est surtout l'ancien premier président de la cour des comptes,
04:37donc il va rentrer comme magistrat spécialiste des comptes publics, ça sera surtout cette
04:41fonction technique, il n'aura pas d'emprise sur le PS, il ne va pas décrocher des votes
04:45favorables du PS, donc c'est un affichage de gauche, ce n'est pas un levier de gauche.
04:52Alors on va récupérer notre Christophe Barbier puisqu'on a une rupture, il est à distance,
04:58Jean Garret que j'en profite puisque vous êtes avec nous, on n'avait jamais connu
05:00pareille situation sous la Vème République.
05:02Non, c'est quelque chose qui est totalement inédit, pourquoi ? Parce que tout simplement
05:06vous avez une situation, un rapport de force politique qui ressemble au fond à des choses
05:10qui ont existé sous la Troisième et surtout sous la Quatrième République, par exemple
05:13ce qu'on appelait la Troisième Force, vous aviez une coalition de partis centraux et
05:17puis entre les deux, enfin aux extrêmes pardon, d'un côté les gaullistes, de l'autre
05:21côté les communistes, on voit très bien aujourd'hui qui joue ce rôle, LFI c'est
05:25un petit peu le rôle protestataire que jouaient les communistes à l'époque et puis à droite,
05:30très à droite, il y avait les gaullistes, aujourd'hui il y a le Rassemblement National.
05:34Et donc on a une situation de ce type, par rapport aux institutions de la Vème République,
05:40c'est-à-dire que c'est complètement contre-intuitif, la Vème République a été fabriquée par
05:44le général De Gaulle, pour qu'on ait une majorité absolue qui soutient le président
05:49de la République, donc on est dans quelque chose de complètement inédit et ça explique
05:53aussi pourquoi il y a comme ça toutes ces hésitations, c'est une révolution culturelle
05:58qu'il faut faire pour ces hommes qui ont été habitués à ce petit jeu, même quand
06:02il y avait cohabitation, il y avait une majorité absolue, on savait qui faisait quoi, qui
06:07faisait quoi, là vous êtes dans quelque chose de totalement inédit et on comprend
06:11que ça tâtonne beaucoup, j'ajoute là-dessus évidemment qu'on reste en Vème République,
06:17c'est-à-dire que tout est dominé derrière par la perspective de l'élection présidentielle,
06:22ça vous explique pourquoi Édouard Philippe n'est pas entré là-dedans et qui mène
06:26sa barque, Gabriel Attal à la tête du groupe parlementaire va aussi regarder 2027, Laurent
06:33Wauquiez n'est pas entré parce qu'il est à l'horizon de 2027 et Mélenchon joue la
06:37stratégie de la tension parce que lui aussi veut être le candidat de la gauche en 2027.
06:42Christophe Barbier, j'ai une dernière question à vous poser, excusez-moi mais je vous donnerai
06:4530 secondes, est-ce qu'on est en train d'abîmer la Vème République ou plutôt est-ce qu'elle
06:49est en train d'une certaine façon de s'abîmer elle-même ?
06:52Oui, on est en train d'achever cette Vème République qui a été fort malmenée depuis
06:57l'invention du quinquennat et le fait que les calendriers ne soient pas inversés avec
07:00les législatives derrière la présidentielle, la pratique de certains présidents très
07:04centralisateurs, Sarkozy comme Macron, tout cela est en train de faire entrer la Vème
07:09République dans son quatrième âge, la IIIème République a duré 70 ans, 70 ans ça nous
07:13mène à 2028 pour la Vème République, je ne suis pas sûr qu'on les atteigne.
07:17Bon alors je sais que Jean Garrigue n'est pas du tout d'accord avec vous mais ça nous
07:19permettra de refaire un débat un jour ou l'autre avec grand plaisir.
07:22Mais oui, c'est déjà plus la cinquième Jean !
07:23Pas tout à fait d'accord.
07:24Ne me lancez pas s'il vous plaît ! Jean Garrigue, Christophe Barbier, merci infiniment d'avoir
07:29été avec nous pour commenter la situation politique, on attend donc toujours notre gouvernement.
07:32Dans un instant, une ancienne ministre qui a bien connu ses moments d'incertitude et
07:36de tension, votre nom est cité, on vous propose un ministère, puis on vous en donne un autre,
07:41à tout de suite avec Roselyne Bachelot.

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