Les informés du matin du 10 septembre 2024

  • il y a 4 jours
Les informés du matin du 10 septembre 2024

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00:00Et toujours ce plaisir de vous retrouver pour les informer jusqu'à 9h30 en direct sur France Info Radio et sur le canal 27 de la TNT France Info Télé.
00:20Bonjour Renaud Delis, et bonjour à nos informés du jour. Aurélien Herbemont, chef adjoint du service politique de France Info, bonjour.
00:26Et Étienne Gérard qui est à vos côtés, rédacteur en chef à L'Express, bienvenue Étienne.
00:31Renaud Delis, nombreux sont les dossiers sur la table du Premier Ministre et parmi eux il y a celui de l'immigration, il en a parlé dès sa nomination.
00:38Avec l'objectif dit Michel Barnier de maîtriser l'immigration, maîtriser les flux migratoires, effectivement un dossier urgent sur la table du nouveau Premier Ministre
00:47pour répondre d'une part aux attentes d'une frange électorale qui rappelons-le au premier tour législative a porté en tête au premier tour le Rassemblement National
00:54et on sait, et toutes les études le montrent, que dans les motivations de ce vote-là, la question de l'immigration pèse lourd.
01:01Mais aussi peut-être, de la part de Michel Barnier, l'intention de se ménager justement les bonnes grâces pour un temps des députés du RN
01:08et d'éviter la fameuse censure de l'Assemblée Nationale.
01:12Plusieurs pistes ont été évoquées, à droite certains évoquent le retour, la création d'un ministère de l'immigration
01:21qui avait existé il y a une quinzaine d'années sous Nicolas Sarkozy.
01:24Matignon a fait savoir hier qu'il n'en était pas question, en tout cas que ce sujet-là, cette proposition-là n'était pas sur la table.
01:31Si c'était le cas, d'ailleurs, on voit que dans la majorité, si tant est que la majorité soit très précisément définie,
01:37en tout cas dans le camp présidentiel, certains seraient hostiles à cette hypothèse.
01:42C'était le cas de Roland Lescure, ce qu'a fait savoir Roland Lescure, ex-ministre chargé de l'Industrie et de l'Énergie, redevenu député,
01:49qui était l'invité de France Info hier.
01:51Si c'est pour ressusciter le ministère d'identité nationale, franchement très peu pour moi.
01:57Si c'est pour mettre en place des réflexions et des discussions apaisées sur un sujet qui les mérite bien, pourquoi pas ?
02:03Si on créait ce type de ministère, il faudrait me rassurer en tout cas moi personnellement sur ses objectifs et ses finalités.
02:09Supprimer la HME, c'est non, c'est sans moi.
02:12Si c'est faire un moratoire sur l'immigration qui consisterait à dire l'immigration économique, par exemple, c'est terminé, c'est non, c'est sans moi.
02:18Par le sujet de l'immigration, on s'en souvient qu'il y avait profondément divisé d'ailleurs les macronistes ces derniers mois et ces dernières années.
02:24Donc il faudrait rassurer de ce côté-là.
02:26Mais de l'autre côté, le Rassemblement National, lui, fait déjà de la surenchère.
02:31C'était le cas hier de Philippe Ballard, député RN de l'Oise.
02:35Nous on souhaite, c'est le programme de Marine Le Pen de 2022, qui avait été repris par Jean Bardella, un référendum sur l'immigration,
02:42qui nous permettrait de changer notre constitution, le bouclier suprême, pour nous mettre à l'abri de toutes ces jurisprudences
02:49qui nous proviennent de la Cour européenne des droits de l'homme ou de la Cour de justice de l'Union européenne.
02:53Alors, comment éviter le grand écart pour Michel Barnier s'emparer du dossier de l'immigration tout en étant soutenu par une majorité à l'Assemblée nationale ?
03:01Allez, on commence avec Aurélie.
03:03Comment résoudre cette équation qui semble insoluble ?
03:07C'est vrai que ça va être un des enjeux pour Michel Barnier, parce qu'en fait, il n'a pas vraiment de majorité pour l'instant.
03:14Il doit, alors il peut s'appuyer sur les LR a priori, mais rappelons que c'est 47 députés.
03:20Donc 47 députés, c'est pas bien lourd.
03:23Donc il a besoin de l'ancienne majorité présidentielle.
03:27Et en même temps, il faut pas qu'il se mette trop à dos le Rassemblement National,
03:32qui menace d'une motion de censure, pas automatique, mais si jamais ça ne va pas dans leur sens,
03:37forcément, ils peuvent renverser Michel Barnier.
03:40Et l'immigration, c'est un sujet particulièrement épineux,
03:44parce que, Renaud le rappelait, 11 millions d'électeurs ont voté pour le Rassemblement National.
03:49Donc c'est un sujet aussi qui est très important pour l'électorat de droite.
03:54Même dans une partie, l'électorat de gauche, c'est un sujet qui n'est pas du tout laissé de côté,
03:59comme peuvent le faire les responsables politiques de gauche.
04:01Mais alors comment vous faites pour faire un grand écart ?
04:03C'est tout le dilemme pour Michel Barnier, qui est allé très à droite pendant la primaire LR en 2021,
04:10mais qui là, doit composer avec une ancienne majorité présidentielle qui s'est fracturée.
04:14Il faut quand même se souvenir qu'en décembre, pour la loi de Gérald Darmanin,
04:17il y a quasiment 60 députés du camp présidentiel qui ne la votent pas.
04:21Donc imaginez que, reparlé d'immigration, il s'était dit, les macronistes,
04:25après la loi qui avait été douloureusement adoptée,
04:27c'est fini, on n'en parle plus, on est débarrassés de cette loi,
04:32et maintenant, surtout, plus personne ne remet ça sur la table.
04:34Un sujet qui d'ailleurs, déjà en 2018, la première loi qui avait été portée par Gérard Collomb,
04:39il y avait une vingtaine de députés macronistes qui ne l'avaient pas votée.
04:44Là, on était à 60. Vous imaginez bien qu'en mettant ce sujet sur la table,
04:48c'est épidermique, éruptif et hautement inflammable pour des macronistes.
04:52C'est pas vraiment macronisme qui est divisé, mais sur le fond, est-ce que,
04:55parce qu'on connaît les positions de Michel Barnier, d'ailleurs en 2021,
04:59il les a énoncées lors du congrès DLR,
05:02est-ce que ces positions de Michel Barnier,
05:05elles ne sont pas un peu plus compatibles avec les positions du Rassemblement national ?
05:08Si, bien sûr, mais Michel Barnier aura pour mission, s'il veut perdurer,
05:13non pas de faire vivre ses propres positions à lui,
05:17mais les positions qui lui permettent de ne pas être censuré,
05:20c'est-à-dire avec doigté, d'obtenir la bienveillance ou la tolérance
05:25à la fois du Rassemblement national, évidemment, on ne parle que de ça depuis une semaine,
05:29mais quand même du camp présidentiel et de l'aile gauche de la majorité
05:33qui se réveillent hier, à bon sens, me semble-t-il, dans les jeux politiques,
05:39pour dire, OK, il y a le Rassemblement national,
05:41mais on fait aussi partie de l'Assemblée nationale,
05:44on a aussi nos lignes rouges, et si Michel Barnier les franchit,
05:48on n'hésitera pas, c'est le sens, me semble-t-il,
05:51du propos du ministre démissionnaire Roland Lescure,
05:53on n'hésitera pas, nous aussi, à censurer,
05:56c'est-à-dire que Michel Barnier ne sera pas libre,
05:58il n'a pas un quitus pour négocier à sa main
06:01avec le Rassemblement national sur la question de l'immigration,
06:04il a aussi le dimini-cricket de son aile gauche,
06:08de son esprit gauche, de l'Assemblée, qui va lui dire,
06:12non, l'AME, par exemple, ce sera non.
06:16– L'Aide médicale d'État, d'où la difficulté de placer le curseur.
06:19– Voilà, il faut rappeler, effectivement,
06:21parce qu'on évoquait le fait que Michel Barnier
06:23a pris des positions extrêmement fermes, extrêmement dures
06:25durant la primaire de la droite, c'était en 2021,
06:27il avait évolué sur ce sujet d'ailleurs,
06:29ce n'étaient pas ses positions antérieures,
06:31mais on peut juste rappeler que ses propositions à l'époque
06:33avaient d'ailleurs un peu surpris au regard de son parcours politique préalable,
06:36il préconisait un moratoire sur l'immigration de 3 à 5 ans,
06:40une pause qui serait impréalable, disait-il,
06:42à la reprise en main de notre politique migratoire,
06:44la fin des régularisations inconditionnelles des sans-papiers,
06:47il n'y a pas de régularisation d'ailleurs inconditionnelle aujourd'hui,
06:49mais en tout cas, il préconisait la fin,
06:52accélérer le parcours du deux morts d'Asie,
06:54durcir les critères du regroupement familial,
06:57et puis surtout, ce qui avait surpris,
06:59et même un peu choqué jusque dans son propre camp,
07:01Michel Barnier à l'époque prenait un référendum pour permettre,
07:04disait-il, de retrouver une liberté de manœuvre en matière d'immigration,
07:07façon de suggérer en quelque sorte que la France
07:09devrait s'affranchir des règles européennes,
07:11des règles garanties par les instances juridiques de l'Union Européenne.
07:14Il n'a pas dit, depuis qu'il est nommé à Matignon,
07:17qu'il reprenait ses propositions, bien entendu,
07:19mais c'est vrai que le curseur était allé fort dans ce sens-là à l'époque,
07:23et juste un dernier point, il faut rappeler qu'effectivement,
07:25le camp présidentiel, lui, s'est fracturé à de multiples reprises
07:29sur ce sujet migratoire, depuis 2017, et plus encore depuis 2022,
07:32et d'ailleurs, on l'a vu, le fameux texte qu'évoquait Erbemont,
07:35adopté en décembre dernier, à l'origine,
07:38c'était un texte qui était supposé,
07:40donc sur l'immigration, être un peu un texte en même temps.
07:42On se souvient qu'il avait été présenté, d'ailleurs en tandem,
07:44par Olivier Dussopt, le ministre du Travail,
07:46et Gérald Darmanin, le ministre de l'Intérieur de l'époque,
07:49et que finalement, il n'a pas été en même temps,
07:53mais ça a été un texte plutôt plus répressif,
07:55et le volet intégration a peu à peu disparu au cours de ce débat,
07:59donc on voit que c'était un débat explosif, politiquement très compliqué.
08:01Le texte réécrit par les sénateurs de droite, d'ailleurs,
08:04sur ce que proposait Michel Barnier en 2021,
08:09on a dit que le curseur avait été placé extrêmement à droite,
08:13et c'est ce qui fait dire aussi à certains qu'il y a deux Michel Barnier.
08:16Il faut remettre dans le contexte,
08:18donc fin 2021, il y a donc cette primaire LR,
08:21on sait comment ça se passe les primaires internes,
08:23il faut toujours être plus radical,
08:25parce que votre base est plus radicale que votre électorat.
08:27Surtout que Michel Barnier arrive dans cette primaire,
08:30c'est le commissaire européen, c'est l'européen convaincu,
08:34ce qui était moins à la mode à droite,
08:36donc Michel Barnier passait quasiment pour un centriste
08:39qui était Macron compatible.
08:40Donc quand il arrive dans la primaire,
08:42il met le curseur très à droite, effectivement,
08:44pour montrer aux militants que si, si,
08:46il est bien un candidat de droite.
08:47D'ailleurs, pour l'instant, on n'a pas entendu avec précision...
08:50Vous voulez dire qu'ils ne croyaient pas vraiment ?
08:52Qui est arrivé en tête du premier tour de cette primaire, d'ailleurs ?
08:54C'est Éric Ciotti.
08:55C'est Éric Ciotti, et il faut se souvenir qu'à l'époque, fin 2021,
08:58on est en pleine période où Éric Zemmour,
09:00qui est candidat à la présidentielle,
09:02monte, monte, monte dans les sondages,
09:04donc Michel Barnier, en arrivant dans la primaire,
09:07était théoriquement le plus centriste de la bande,
09:10et puis finalement, il met le curseur très à droite
09:13pour que les militants LR lui donnent une chance,
09:15ce qu'ils n'ont pas fait puisque Michel Barnier
09:17est arrivé troisième de la primaire.
09:19Mais voilà, il y avait ce contexte-là,
09:20et donc on ne sait pas pour l'instant précisément
09:22qu'est-ce que propose sur l'immigration
09:25Michel Barnier, Premier ministre.
09:26On n'a que ce dernier référentiel qui, effectivement,
09:29met dans le cadre d'une primaire interne de Michel Barnier,
09:31candidat pour espérer à l'époque
09:33être candidat à la présidentielle pour LR.
09:35– Juste rapidement, Étienne, même si Matignon dit
09:37que ce n'est pas à l'ordre du jour, ce n'est pas sur la table,
09:40la création d'un ministère de l'immigration,
09:42on se rappelle du ministère de l'immigration
09:44et de l'identité nationale sous Nicolas Sarkozy,
09:46si c'était créé à nouveau sous la pression
09:49et effectivement de certains LR, des LR ou de l'extrême droite,
09:53ça aurait quel symbole aujourd'hui en France en 2024 ?
09:57– Comme toujours, ce type de mesures,
10:00c'est des coûts politiques qui ne recouvrent rien
10:04sinon ce qu'on veut leur faire recouvrir.
10:06Créer un ministère de l'immigration
10:08ou même de l'identité nationale, ça ne veut rien dire.
10:11Ça ne veut rien dire en termes de fonctionnaires,
10:13ça ne veut rien dire en termes de politique publique.
10:15Il y a une direction des étrangers en France,
10:17il y a un office de l'immigration, ça existe déjà.
10:19– Au sein du ministère de l'Intérieur.
10:21– Voilà, donc si on construit ça,
10:23c'est qu'on veut lui donner une connotation politique,
10:26ça avait été le cas en 2007 avec Nicolas Sarkozy,
10:29ça avait extrêmement bien marché.
10:31D'ailleurs, le clin d'œil, l'électorat l'avait bien compris.
10:34Beaucoup d'électeurs de Jean-Marie Le Pen
10:36s'étaient prononcés pour Nicolas Sarkozy.
10:39L'idée c'est qu'on va serrer la vis.
10:41En utilisant un ministère à temps plein sur cette question-là,
10:47on montre que c'est un problème qu'on va prendre à bras le corps
10:50et généralement, quand on parle d'immigration
10:52et qu'on prend le problème à le bras le corps,
10:54c'est pas pour faire du en même temps
10:56et pour faire du, comme il avait été dit,
10:59du sopt et d'Armanin, gentil avec les gentils
11:01et méchant avec les méchants,
11:03c'est pour faire méchant avec les méchants.
11:05– Méchant avec les gentils aussi.
11:07– Là, vous avez raison, la grosse différence,
11:09effectivement, vous vous rappelez que ça avait bien marché
11:11pendant la campagne présidentielle,
11:12parce que Nicolas Sarkozy l'avait promis
11:14pendant la campagne présidentielle de ce ministère d'immigration.
11:16Là, ce n'est pas le cas du tout aujourd'hui.
11:17On ne sait pas justement où on va,
11:19puisqu'on ne sait même pas où est exactement la majorité.
11:21– Et on rappelle que c'est la gauche qui arrivait en tête
11:23aux élections législatives.
11:24Les informés continuent dans un instant,
11:26après le fil d'info à 9h17 de Maureen Suniard.
11:29– Il faut refonder le modèle des EHPAD
11:31et de leur financement en France.
11:33L'appel sur France Info du directeur général des MEIS,
11:35le nouveau nom d'Orpea,
11:37les assises des EHPAD s'ouvrent aujourd'hui.
11:39Deux tiers des établissements sont en déficit.
11:42L'inflation n'a pas été compensée par une hausse des tarifs
11:45ou des dotations de l'État, selon Laurent Guyot.
11:48Une condamnation en appel à trois ans de prison,
11:50dont un enferme, Tariq Ramadan,
11:52reconnu coupable de viol en Suisse.
11:54Il avait été acquitté l'année dernière.
11:56Il reste une dernière possibilité de recours à l'islamologue.
12:00Un bilan 2023 bien mauvais pour la SNCF.
12:03Un TER sur cinq a été annulé ou en retard l'année dernière,
12:06selon l'UFC Que Choisir.
12:08Et cela malgré des investissements importants
12:10de la part des régions.
12:11La FNOT, qui défend les usagers des transports,
12:13dénonce un sous-financement de la part de l'État.
12:16C'est un rendez-vous qui peut tout faire basculer.
12:18Le débat entre Kamala Harris et Donald Trump,
12:20la nuit prochaine, à deux mois de l'élection présidentielle américaine.
12:24Ce sera la première fois que les candidats démocrates
12:27et républicains se rencontrent.
12:29Harris veut montrer qu'elle est présidentiable
12:31et Trump doit éviter d'être agressif.
12:35France Info
12:40Les informés, Renaud Dely, Saliha Drakia
12:45Les informés continuent avec Aurélie Herbemont,
12:47chef adjointe du service politique de France Info,
12:49avec Étienne Girard, rédacteur en chef à L'Express.
12:52Et Renaud, Michel Barnier continue ses consultations
12:55en vue de former son prochain gouvernement.
12:58Aujourd'hui, nouveau rendez-vous avec les macronistes.
13:01Et où il rencontrera en fin de journée
13:03les députés du groupe Ensemble pour la République,
13:06groupe présidé par Gabriel Attal,
13:08deuxième groupe de l'Assemblée nationale,
13:09derrière celui de l'Assemblée nationale.
13:11Et donc qui accueillera le nouveau prémice ce soir,
13:14à l'occasion de ces journées parlementaires.
13:16Dans quel état d'esprit ?
13:17On l'a vu avec le communiqué publié par le Parti Renaissance,
13:21mais aussi le message de Gabriel Attal à l'endroit de ses députés.
13:23Un accueil assez frais, on va dire,
13:25à la nomination de Michel Barnier.
13:27Pas de censure automatique, bien sûr.
13:29Pas de censure a priori, mais pas de chèque en blanc,
13:31en quelque sorte, de la part de ses députés,
13:33issus du camp présidentiel.
13:35Une position qui illustre assez bien l'état d'esprit,
13:37d'ailleurs, du chef de ce groupe, Gabriel Attal,
13:39l'ancien Premier ministre,
13:41qui, lors de la passation de pouvoir,
13:43c'était vendredi, avec Michel Barnier à Matignon,
13:46se remémorait les leçons que lui donnait sa maman.
13:50Ma mère, qui est là,
13:53quand on lui demandait, quand on était petits,
13:56avec mes soeurs,
13:57qu'est-ce que tu aimerais qu'on fasse plus tard ?
14:00Elle me disait, elle nous disait,
14:02tout me va, je vous suivrai toujours,
14:05à condition que vous soyez libres.
14:08La liberté.
14:10Quelle plus belle valeur que la liberté ?
14:12Et je veux vous dire qu'au moment où je quitte Matignon,
14:15et peut-être plus encore qu'auparavant,
14:18la liberté sera au cœur des valeurs
14:20qui m'animeront dans les mois et les années à venir.
14:23Et c'est vrai que c'est important, les libertés.
14:26Il y a d'ailleurs de plus en plus d'hommes libres
14:28au sein du camp présidentiel.
14:29On se souvient que longtemps,
14:30Edouard Philippe se disait libre et loyal.
14:32Il est en tout cas de plus en plus libre.
14:34Forcément très loyal,
14:35dès lors qu'il semble parier sur une présidentielle anticipée.
14:38Gabriel Attal lui aussi est donc très très libre.
14:40Est-ce à dire que finalement,
14:42l'ex-camp présidentiel ne l'est plus vraiment,
14:45ce camp présidentiel ?
14:46En tout cas qu'il s'est émancipé d'Emmanuel Macron
14:48et que les députés du groupe Ensemble pour la République,
14:52leur chef Gabriel Attal,
14:54ont en quelque sorte basculé dans l'après Macron,
14:57au risque d'ailleurs de mettre parfois en difficulté
14:59le gouvernement Barnier.
15:01Aurélie Herbemont ?
15:02La liberté, effectivement, ça va être une valeur cardinale.
15:05D'ailleurs, puisque Gabriel Attal parlait de sa maman,
15:09Michel Barnier avait lui aussi parlé de sa maman.
15:11Il a dit « moi aussi j'ai une maman ».
15:12La maman de Michel Barnier, c'était plutôt
15:14« il faut refuser le sectarisme ».
15:16Donc oui, la liberté, ça va être fondamental chez les macronistes
15:20parce qu'il faut partir du principe
15:21que depuis la dissolution que beaucoup ont mal vécu,
15:24surtout ceux qui n'ont pas été réélus,
15:26ils se disent « Emmanuel Macron nous a envoyés à l'abattoir ».
15:30Beaucoup d'ailleurs n'en sont pas ressortis vivants.
15:33Donc les consignes de l'Elysée, on va moins...
15:36Et vous savez, au tout début, en 2017,
15:39les députés macronistes étaient considérés
15:41par l'opposition comme des plaies mobiles.
15:43On n'est clairement plus du tout là-dedans.
15:46Sachant que voilà, ils ont un Premier ministre de droite,
15:49beaucoup se disaient « on va finir avec un Premier ministre de gauche ».
15:52Ce ne serait pas illogique vu que la gauche est arrivée en tête.
15:54Donc ils regardent ce Premier ministre en se disant
15:57« effectivement, pas de soutien automatique ».
15:59D'ailleurs, Michel Barnier, il va ce soir,
16:01mais je peux vous dire que quand vendredi j'avais posé la question,
16:03ce n'était pas du tout évident qu'il soit invité.
16:05Moi, c'est vrai que ça m'avait frappé en voyant les programmes,
16:07en me disant « mais en fait, on est dans une situation tellement particulière.
16:11On a un Premier ministre qui n'a pas vraiment de majorité.
16:13Est-ce que le Premier ministre va faire des journées parlementaires ?
16:16Où va-t-il être invité ? ».
16:18Donc vendredi, ce n'était pas du tout gagné
16:20qu'il soit invité chez les macronistes ce soir
16:22parce que ce n'est pas vraiment leur Premier ministre, de fait.
16:25Mais Horizon, le parti d'Edouard Philippe,
16:27qui lui a salué très chaleureusement, très vite,
16:30la nomination de Michel Barnier, Horizon a fait savoir
16:32qu'il serait invité chez eux.
16:34Le Modem aussi attendait et voulait l'inviter.
16:36Donc finalement, Michel Barnier ira partout, mais ce n'était pas gagné.
16:38Le paradoxe, c'est que Michel Barnier, en fait,
16:40était déjà invité à des journées parlementaires,
16:42celles de LR qui se tiennent à partir de jeudi en Savoie.
16:45Il est invité en tant que local de l'Étape
16:47puisque c'est un Savoyard.
16:49Alors maintenant, LR attend de savoir si il revient
16:51avec sa nouvelle casquette de Premier ministre.
16:53Mais voilà, c'était très particulier ce côté
16:55où peut aller le Premier ministre
16:57qui n'a pas vraiment de majorité constituée derrière lui.
16:59Parce qu'il est en opération séduction,
17:01Michel Barnier doit parler à tout le monde
17:03parce qu'il veut rassembler, c'est ce qu'il dit.
17:05Forcément. Il y a une vraie difficulté
17:07à séduire le camp présidentiel
17:09et le groupe macroniste à l'Assemblée nationale.
17:11Comment vous le séduisez ?
17:13Avec quels mots ? Avec quelles positions politiques ?
17:16Il y a un énorme flottement.
17:18On ne sait plus très bien.
17:20D'ailleurs, est-ce qu'il y a eu
17:22une idéologie macroniste extrêmement ancrée ?
17:24Ce n'est pas sûr.
17:26Mais on sait de moins en moins
17:28ce qu'est l'idéologie qui lie
17:30ces députés du camp présidentiel.
17:32Alors, ce sera le programme, justement,
17:34en partie de leur séminaire.
17:36Mais ce sera surtout leur défi
17:38pour les prochains mois.
17:40Parce qu'être un Playmobil, ce n'est pas bien, bien sûr.
17:42On n'est pas crédible quand on est un Playmobil
17:44qui appuie juste sur un bouton pour voter.
17:46Mais on n'est pas non plus très crédible
17:48quand on est un groupe qui est vu
17:50comme un groupe de frondeurs,
17:52où il n'y a pas vraiment de liant
17:54et où chacun fait à sa guise,
17:56sans aucune discipline.
17:58C'est le défi de Gabriel Attal, ça.
18:00Faire naître un véritable liant idéologique
18:02qui va redonner du souffle
18:04à son groupe parlementaire
18:06et surtout de l'influence
18:08à son groupe parlementaire.
18:10Parce que quand même, si aujourd'hui
18:12le Premier ministre est issu des Républicains,
18:14c'est une énorme claque
18:16pour le groupe macroniste
18:18à l'Assemblée nationale.
18:20Il y a quelque chose de profondément anormal.
18:22Qui a perdu les élections, réinventer le collectif,
18:24c'est le défi de Gabriel Attal.
18:26Mais alors, je vais être un peu machiavélique, Bruno Delis.
18:28Est-ce que Gabriel Attal,
18:30il peut se servir de son groupe
18:32à l'Assemblée nationale,
18:34être un peu machiavélique,
18:36avoir de mauvaises relations avec le Premier ministre,
18:38mais tout ça pour embêter le Président de la République
18:40qui a nommé ce Premier ministre-là ?
18:42Vous allez loin.
18:44Gabriel Attal est très mécontent
18:46d'Emmanuel Macron.
18:48Il n'a pas cessé de le dire, de le montrer
18:50jusque sur le perron de Matignon,
18:52il est très fâché, très vexé
18:54d'avoir été vincé de Matignon
18:56au bout de 8 mois. Il n'a évidemment pas digéré
18:58cette dissolution suicidaire.
19:00Maintenant, il n'est pas non plus dans une position
19:02extrêmement confortable. Pourquoi ? Parce qu'effectivement,
19:04il n'y a pas de ciment idéologique de ce groupe
19:06en question. Beaucoup au sein du groupe
19:08sont pour Bernard Cazeneuve à Matignon,
19:10ils ont du mal à digérer Michel Barnier. En même temps,
19:12il y a aussi une aile droite. Bref, le tendu en même temps
19:14semble un petit peu
19:16périmé. La seule chose
19:18avec laquelle Gabriel Attal va certainement essayer
19:20de souder ce groupe,
19:22c'est sa propre personne et ses propres ambitions.
19:24Mais là aussi, alors qu'il n'est pas non plus
19:26totalement unanimité,
19:28le problème auquel il va se heurter, c'est qu'arithmétiquement,
19:30ce groupe est indispensable à la survie
19:32du gouvernement Barnier.
19:34Il peut à la fois effectivement
19:36peser, influencer, grogner,
19:38protester, réclamer telle ou telle chose, ce groupe.
19:40On imagine mal, Gabriel Attal
19:42et ce groupe-là, censurer le gouvernement
19:44Barnier à un moment ou à un autre, parce que là,
19:46ça mettrait vraiment en péril la fin du mandat d'Emmanuel Macron.
19:48Si la censure vient de ce groupe-là,
19:50la démission d'Emmanuel Macron
19:52de l'Elysée devient quasi automatique.
19:54Donc, c'est très difficile pour Gabriel Attal
19:56d'appuyer sur ce bouton-là.
19:58Et puis, on voit bien que la difficulté qu'il a aussi,
20:00c'est ce qu'explique l'accueil chaleureux d'Edouard Philippe
20:02et du groupe Horizon à l'énomination de Michel Barnier,
20:04c'est qu'Edouard Philippe, un candidat commun
20:06en 2027, soutenu à la fois par
20:08l'ex-camp présidentiel macroniste
20:10et puis LR, ça lui va très bien, puisque c'est
20:12exactement sa stratégie. Il souhaiterait être le candidat
20:14unique de cet ensemble-là.
20:16C'est pas la stratégie de Gabriel Attal
20:18qui voulait, d'une façon ou d'autre, faire perdurer
20:20le en même temps. Et donc, on voit bien
20:22que Michel Barnier, ça lui convient
20:24à moins, puisque là, le en même temps, c'est fini.
20:26Là, c'est en même temps de droite et de droite.
20:28– Donc, on n'est plus sur une relation
20:30c'est mon petit frère, c'est ce qu'avait dit Emmanuel Macron
20:32en parlant de Gabriel Attal. Là, ça devient
20:34plus compliqué et la politique
20:36entre vraiment dans le quinquennat.
20:38– Vous savez, les relations ne sont pas forcément toujours
20:40au beau fixe dans les familles.
20:42– Non, mais c'est vrai que
20:44l'annonce de la dissolution a marqué
20:46une rupture entre les deux hommes.
20:48Gabriel Attal
20:50a été propulsé à Matignon et au bout de six mois,
20:52Emmanuel Macron appuie sur le bouton
20:54de la dissolution, donc Gabriel Attal sait à partir
20:56de ce jour-là que ses jours
20:58sont comptés à Matignon.
21:00Forcément, ça complique
21:02la relation entre les deux hommes.
21:04Il lui avait fait un magnifique cadeau en le nommant Premier ministre
21:06il a repris le cadeau aussi vite
21:08avec la dissolution.
21:10Et puis voilà,
21:12Gabriel Attal, il était contre
21:14cette dissolution, mais il s'est battu.
21:16Il a fait la campagne tout en disant
21:18qu'il n'était pas favorable à cette dissolution,
21:20mais il s'est battu. Et c'est vrai que du coup,
21:22chez les macronistes, chez les députés,
21:24il a pu créer des fidélités
21:26parce que certains se sont dit
21:28grâce à l'engagement de Gabriel Attal
21:30qu'on est revenu
21:32en moins mauvais état qu'on aurait pu
21:34revenir au moment où la
21:36dissolution est enclenchée.
21:38Donc voilà, c'est vrai qu'entre
21:40l'Elysée et Matignon
21:42ces derniers temps,
21:44les relations n'étaient pas réduites
21:46à ce qui était le strict nécessaire.
21:48Une dernière question pour nous informer quand même
21:50parce qu'on a mis
21:52plus de 50 jours pour avoir un nouveau Premier ministre.
21:54Là, en ce qui se concerne le prochain gouvernement,
21:56il y a un calendrier ?
21:58Le 1er octobre,
22:00il faut que l'Assemblée nationale
22:02siège et donc il y a un gouvernement
22:04ce jour-là pour répondre
22:06aux questions des députés.
22:08D'ici au 1er octobre, tout peut se passer.
22:10On peut penser que ça va se jouer
22:12dans la semaine, dans les dix prochains jours
22:14pour former ce gouvernement.
22:16Mais dans la Constitution, il n'y a aucune date limite.
22:18Non, il n'y a pas de date butoir.
22:20Il y a des dates butoirs politiques
22:22puisque quand même il y a un budget à préparer.
22:24Mais à Bercy, ils sont déjà
22:26prêts à dire
22:28si Matignon nous donne les consignes,
22:30nous on modifie le budget en conséquence
22:32et on applique ce que veut le nouveau Premier ministre.
22:34Et d'ailleurs, dans la Constitution,
22:36sachez que rien n'interdit Michel Barnier
22:38de renommer tous les ministres
22:40qui deviendraient non plus des ministres démissionnaires
22:42mais redeviendraient des ministres de pleine exercice.
22:44Et là, l'élection a vraiment servi à rien.
22:46Merci à tous les trois.
22:48Faisons encore preuve de patience donc.
22:50Merci Aurélie Herbe, mon chef adjoint du service politique de France Info.
22:52Merci à Étienne Girard,
22:54rédacteur en chef à L'Express.
22:56Gros dossier sur le nucléaire dans votre magazine
22:58L'Express cette semaine
23:00avec Vladimir Poutine en une
23:02avec ses belles lunettes d'ailleurs.
23:04L'Express qu'on retrouve où ?
23:06Toujours disponible dans tous les bons kiosques de France.
23:08Évidemment, les bons kiosques.
23:10Merci beaucoup Renaud Delis.
23:12On se retrouve demain. Les informés, eux, reviennent ce soir à 20h
23:14avec Jean-Rémi Baudot et Agathe Lombré.

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