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00:00 (Générique)
00:07 Ravi de vous retrouver pour les informer. Le rendez-vous de décryptage de l'actualité sur France Info.
00:11 On est ensemble en direct jusqu'à 9h30 avec Renaud Nelly. Bonjour Renaud.
00:15 Bonjour Salia.
00:16 Et autour de la table ce matin, nos informés. Alex Bouyague, éditorialiste politique à France Info Télé.
00:21 Audrey Thibon, journaliste au service politique de France Info. Bienvenue à toutes les deux.
00:25 Renaud, on commence par parler d'Emmanuel Macron qui a décidé de mettre le paquet sur la sécurité.
00:29 Et oui, ce déplacement aujourd'hui du chef de l'État à Thonins, donc dans le Lot-et-Garonne,
00:33 où il va dévoiler la carte de 200 nouvelles brigades de gendarmerie,
00:38 donc qui vont être ouvertes dans les mois qui viennent.
00:41 C'était une promesse de campagne d'ailleurs du candidat Macron au mois de janvier 2022.
00:45 Et c'est une décision historique selon l'Élysée qui veut en quelque sorte mettre du bleu, du bleu partout.
00:52 Allez les bleus, c'est le mot d'ordre à l'Élysée, effectivement, avec le chef de l'État qui met le paquet sur la sécurité.
00:57 Un exemple parmi ces 200 brigades de gendarmerie.
01:00 Je vous propose d'écouter ce qu'en dit le préfet d'Île-et-Vilaine, Philippe Gustin,
01:05 qui évoque précisément l'ouverture d'une future brigade dans une petite commune,
01:09 car ce sont principalement les petites communes qui sont les cibles de ces annonces.
01:13 En l'occurrence, la commune de Louvine-de-Baie en Île-et-Vilaine, une commune de 6 000 habitants.
01:19 On a une évolution des atteintes aux biens de 57% entre 2021 et 2022.
01:26 Un réel problème de sécurité routière.
01:29 Et donc tout ça permettra aussi, élément déterminant, d'avoir des temps d'intervention avec une brigade ici présente qui seront vraiment énormément réduites.
01:38 On le voit donc avec cet exemple, l'objectif politique et territorial de l'exécutif,
01:43 c'est d'abord de viser justement la France rurale, la France périurbaine,
01:47 et d'y implanter ces nouvelles brigades de gendarmerie pour répondre à cette délinquance du quotidien plutôt en rose.
01:53 D'ailleurs, les dernières statistiques sont assez négatives.
01:56 Et puis, il y a aussi évidemment la mémoire des émeutes du début du mois de juillet qui ont parfois aussi concerné des petites communes.
02:02 Tout ceci est mis en avant par l'Elysée pour justifier cette annonce aujourd'hui par Emmanuel Macron.
02:08 Alex Bouyagué, cette annonce de nouvelles brigades de gendarmerie dans les territoires ruraux et périurbains,
02:14 c'est une manière aussi de dire il n'y a pas que les banlieues.
02:16 Oui, c'est vraiment une double réponse, ces 200 brigades.
02:19 C'est naturellement un début de réponse à la crise des émeutes qui s'est passée à la fin juin.
02:28 Et c'est vrai que c'est en regardant la cartographie, on s'est rendu compte qu'il y avait notamment 500 communes qui avaient été touchées
02:35 et des petites communes.
02:36 On parle de Vierzon, de Fougère, donc avec une forme de délinquance qu'on n'avait pas l'habitude de voir.
02:42 Et puis, il y a aussi le profil des émeutiers.
02:45 Ils se sont rendus compte qu'une partie de ces émeutiers, en fait, ils vivent loin des quartiers.
02:49 Ils ne sont pas du tout dans les banlieues.
02:51 Et donc, c'était effectivement une manière de répondre à ça, tout en se disant qu'aujourd'hui,
02:57 Emmanuel Macron n'a toujours pas eu une réponse globale.
03:01 Je disais double réponse parce qu'il y a les émeutes.
03:04 Et puis, il y a également ces fameux chiffres des statistiques qui sont une actualisation des chiffres de la délinquance
03:11 qui sont tombés pour 2022.
03:13 Et effectivement, ils sont mauvais.
03:14 Alors, l'Élysée dit qu'il n'y a aucun rapport de cause à effet entre le déplacement.
03:18 Mais enfin, reste que ces chiffres ne sont pas bons.
03:19 Ils ne sont pas bons sur les viols, les violences sexuelles, les violences intrafamiliales, les homicides, les coups et blessures.
03:25 Une augmentation pour ces actes de délinquance, comprise entre 8 et 17 %.
03:31 C'était donc aussi une manière, finalement, de marquer le coup.
03:35 Et c'est vrai que la sécurité, ça reste aujourd'hui la deuxième priorité du pays.
03:40 Donc, c'est une double réponse sur ce sujet-là.
03:44 Plus de bleu dans les campagnes.
03:46 On continue d'en parler dans un instant.
03:48 Juste après le Fil info, à 9h10, Mathilde Roumanien.
03:50 La dématérialisation des tickets restaurants.
03:54 Olivier Grégoire, la ministre déléguée aux petites et moyennes entreprises, l'annonce ce matin sur France Info.
03:59 Objectif simplifié et faire en sorte que ça coûte moins cher aux restaurateurs avant 2026.
04:07 Une campagne de vaccination contre les papillomavirus démarre aujourd'hui dans les collèges.
04:12 Elle concerne les élèves de 5e, garçons et filles.
04:15 Les papillomavirus sont à l'origine de plusieurs cancers, dont celui du col de l'utérus.
04:20 Il faudra une deuxième dose dans 6 mois pour un schéma vaccinal complet.
04:26 Aux Etats-Unis, Donald Trump assistera bien à son procès civil pour fraude.
04:30 Il s'ouvre aujourd'hui à New York.
04:32 L'ancien président américain est accusé d'avoir gonflé pendant des années
04:35 la valeur des actifs immobiliers et financiers de son entreprise.
04:40 Le groupe Casino a réalisé aujourd'hui, comme prévu, la cession de 61 de ses magasins à intermarché.
04:46 L'opération permet à Casino de réduire son endettement et à Intermarché de gonfler ses parts de marché.
04:51 Au total, 119 magasins Casino seront cédés au groupe Intermarché.
04:56 *Générique*
05:07 De retour sur Plateau des Informés avec Renaud Delis, Alex Bouyague, éditorialiste politique à France Info,
05:12 et Audrey Tison, journaliste au service politique de France Info, 200 nouvelles brigades de gendarmerie.
05:18 C'est l'annonce que va faire aujourd'hui Emmanuel Macron en déplacement dans le Lot-et-Garonne.
05:22 Plus de bleu, c'est un signe politique aussi, c'est un message politique que le président veut envoyer.
05:26 Oui, parce que ces nouvelles brigades, qui vont être en partie des brigades en dur fixe
05:32 et en partie des brigades mobiles dans des camions qui vont aller dans différents endroits de campagne,
05:37 elles sont aussi là pour apporter plus de sécurité au plus près des Français,
05:42 notamment dans les zones rurales et périurbaines.
05:44 C'est les deux zones qui ont été identifiées. Forcément, ce sont des zones gendarmerie.
05:49 Le but, c'est de parler à cette France rurale qui n'a pas vu de renfort de police ces dernières années.
05:56 Au contraire, qui a plutôt vu des brigades de gendarmerie se fermer.
05:59 Une France rurale qui ne vote pas tellement pour Emmanuel Macron,
06:04 qui vote plutôt de plus en plus pour le Rassemblement national.
06:08 On l'a vu pour les présidentielles, les législatives, mais aussi avec cette poussée tout récemment sur les sénatoriales.
06:15 Une France rurale qui se sent abandonnée, qui ne voit plus les services publics à proximité de chez elle.
06:21 Rouvrir des brigades chez elle et faire venir des camions avec des gendarmes qui peuvent par exemple venir prendre des plaintes,
06:28 c'est aussi s'adresser à cet électorat.
06:30 Très clairement, le choix aussi de ce département de l'Haute-Garonne pour faire cette annonce
06:35 rentre aussi dans le contexte que vient de décrire Audrey Tison en l'instant,
06:38 ce contexte politique, c'est-à-dire cette poussée du Rassemblement national,
06:40 y compris dans un département comme le Haute-Garonne.
06:42 Donc il y a la volonté du côté de l'Elysée d'essayer de s'adresser à cette France-là,
06:46 qui à la fois socialement, géographiquement j'allais dire, et puis politiquement, électoralement,
06:50 s'est éloignée considérablement d'Emmanuel Macron.
06:52 Donc c'est vrai que ces annonces entrent aussi en résonance avec d'autres.
06:56 Il y a les fameuses maisons France-Service qui ont été multipliées.
07:00 – Réinjectées du service public dans les campagnes.
07:02 – Plus de 2 500, il y a la réouverture de 6 sous-préfectures,
07:06 il y a aussi le projet de rénovation des écoles qui doit concerner
07:10 un certain nombre de zones, de régions de cette France-là.
07:14 Et puis je pense qu'il y a aussi le souci de la part de l'exécutif,
07:17 mais c'est très compliqué justement, d'éviter une opposition entre plusieurs Frances.
07:22 Et à la suite des émeutes de la fin juin et du début du mois de juillet,
07:26 très vite le gouvernement a fait passer un texte pour reconstruire les bâtiments publics,
07:32 pour financer la reconstruction des bâtiments publics détruits en particulier.
07:35 Le fait est que ça concernait essentiellement quand même,
07:37 même si ce n'était pas exclusivement, on l'a dit, il y a eu aussi des petites communes touchées,
07:41 mais aussi des banlieues, des communes de banlieues.
07:45 Et il y a une France qui se sent éloignée géographiquement ou socialement,
07:50 qui a parfois le sentiment de se dire "on est oublié justement",
07:53 alors que d'autres zones du pays sont-elles "privilégiées" par les dépenses publiques.
07:59 Et donc je pense que ça c'est un vrai risque politique,
08:03 et ça aussi ça nourrit évidemment le vote à l'extrême droite.
08:06 Et donc c'est une des raisons, sur le plan politique c'est sûrement la raison principale,
08:11 du déploiement de ce plan.
08:14 Reste à savoir évidemment s'il sera efficace d'abord pour lutter contre l'insécurité en croissance,
08:19 comme l'évoquait tout à l'heure Alex Bouiaguet en citant les chiffres,
08:24 et puis à quel terme aussi, parce qu'évidemment il y a une urgence,
08:26 et on le sait le problème c'est qu'en matière de sécurité en général,
08:29 obtenir des résultats ça prend du temps, ça prend souvent beaucoup de temps.
08:32 Justement c'est le reproche qui est fait.
08:34 Le déploiement va aussi prendre du temps,
08:37 puisqu'il y a des brigades mobiles qui vont être dans des camions,
08:40 donc ça ce sera assez vite en place,
08:43 mais il y a aussi des brigades en "durs" entre guillemets.
08:45 Il va falloir les installer.
08:46 Alors soit des constructions, soit des rénovations de bâtiments existants
08:51 qui ont été un petit peu abandonnées justement par les services publics,
08:54 et ça, ça va prendre du temps.
08:56 On ne sait pas si tout sera installé d'ici la fin du quinquennat.
08:58 Vouloir parler aux territoires ruraux, Alex Bouiaguet,
09:02 sur le thème de la sécurité, parce que vous l'avez dit tout à l'heure,
09:04 c'est la deuxième préoccupation des Français.
09:06 C'était urgent.
09:07 C'était urgent, deuxième préoccupation des Français,
09:10 et aujourd'hui deux Français sur trois craignent d'être victimes d'une agression,
09:14 et ça c'est où qu'ils soient,
09:16 c'est pas forcément à Paris ou dans les grandes villes.
09:18 Donc c'était important pour Emmanuel Macron de rassurer là-dessus,
09:24 de se rapprocher des maires ruraux,
09:27 qui aussi se sentent délaissés.
09:29 On sait combien les liens avec les fameux corps intermédiaires
09:33 entre Emmanuel Macron et eux,
09:34 parfois, ont pu être délicats par le passé.
09:37 Et puis c'est aussi améliorer ce maillage territorial,
09:40 avec la promesse d'Emmanuel Macron,
09:42 qui était que tous les Français auraient accès à un service public de qualité,
09:47 où qu'il soit en France.
09:49 Donc il est effectivement en train d'essayer de consolider tout ça.
09:52 – Olivier de Lis.
09:53 – Et ça va vraiment à rebours de l'image politique
09:55 et de la construction politique d'Emmanuel Macron,
09:57 apparaissant comme le président des grandes villes,
10:00 des grandes agglomérations,
10:01 le président des privilégiés,
10:03 comme l'en accusent en tout cas ses contempteurs, ses adversaires.
10:06 Donc c'est vrai qu'il y a une volonté d'essayer de corriger le tir de ce point de vue-là.
10:10 Mais le problème étant que cette image,
10:13 elle lui est maintenant accolée,
10:15 il est au pouvoir depuis plus de six ans.
10:17 Et donc c'est vrai que d'un point de vue politique,
10:19 c'est extrêmement compliqué,
10:21 mais c'est sûrement une urgence,
10:22 une urgence électorale, une urgence politique.
10:25 Encore une fois, en la matière,
10:27 c'est vrai qu'on considère quasiment depuis l'élection d'Emmanuel Macron
10:31 que l'insécurité est son talon d'Achille,
10:33 parce que ça ne faisait pas partie justement de sa matrice idéologique originelle,
10:37 ce n'était pas un champ, un terrain sur lequel il avait construit un véritable projet.
10:43 Et on attribue souvent une prééminence à la droite, en général, sur ce sujet-là,
10:47 même si les résultats ne sont pas forcément au rendez-vous,
10:49 parce qu'on se souvient aussi précisément que la baisse du nombre de policiers
10:52 a été spectaculaire sous le quinquennat de Nicolas Sarkozy.
10:54 Et pourtant, il est resté dans la mémoire collective,
10:57 comme étant, avant même d'avoir été président,
10:59 ce ministre de l'Intérieur extrêmement présent,
11:02 qui communiquait énormément.
11:04 Donc il y a un décalage, souvent, entre l'image donnée par un responsable politique,
11:10 quel qu'il soit, qui s'attaque au sujet de l'insécurité,
11:13 et les résultats, encore une fois, qui sont difficiles à atteindre,
11:16 et qui nécessitent beaucoup plus de temps,
11:18 et souvent beaucoup plus de temps que les échéances électorales elles-mêmes.
11:20 C'est-à-dire que les élections arrivent souvent beaucoup plus vite
11:23 que les résultats positifs éventuels se fassent sentir.
11:26 – Mais ça veut dire que cette image qu'on a d'Emmanuel Macron,
11:29 qui n'est pas sur le devant de la scène, sur la sécurité,
11:31 c'est une fausse image ?
11:33 – Je vous rappelle qu'il y en a un autre qui est quand même beaucoup
11:35 sur le devant de la scène, c'est Gérald Darmanin.
11:37 C'est-à-dire que le ministre de l'Intérieur, lui, Gérald Darmanin,
11:39 on ne peut pas lui reprocher de peu communiquer, en tout cas, sur le sujet.
11:43 Et c'est vrai qu'Emmanuel Macron, on le regardait,
11:45 enfin, depuis cette rentrée, et d'ailleurs cette dernière prestation télévisée,
11:48 et encore la semaine dernière à la télévision,
11:50 c'est un sujet que le chef de l'État n'aborde pas.
11:53 Il y a d'autres urgences, évidemment, il y a l'urgence du pouvoir d'achat,
11:56 de l'inflation extrêmement présente, il y a l'urgence environnementale,
11:59 il y a évidemment la guerre, et puis la semaine dernière,
12:02 on se souvient qu'il a aussi annoncé le retour des forces françaises du Niger
12:05 à la suite de la crise qu'on connaît.
12:07 Mais il n'empêche que, dans une émission d'ailleurs
12:09 qui était extrêmement dense avec beaucoup de sujets,
12:12 il n'y a pas eu un mot sur les questions de sécurité.
12:16 Et depuis la rentrée politique, c'est vrai que l'exécutif est absent de ce terrain-là,
12:21 de ce sujet-là, et je pense que c'est aussi une absence qui est mesurée
12:24 comme une crainte du côté du gouvernement.
12:26 Il faut faire attention parce que ses opposants, eux, s'y attellent.
12:30 – C'est peut-être pour ça qu'il rajoute une interview à ce déplacement du jour.
12:34 Il va annoncer ses 200 brigades en allant sur le terrain,
12:37 il y a un certain nombre de journalistes qui vont le suivre,
12:39 on peut se dire qu'à priori, voilà, le sujet va être couvert,
12:42 mais il va prendre la parole aussi ce soir.
12:44 – Il rajoute une petite couche, parce qu'il faut bien appuyer dessus.
12:46 Et pour parler à la France des territoires, comme il dit, la France rurale,
12:51 on va sur France 3, la chaîne des régions, avec une interview à partir de 19h15
12:56 qui sera diffusée sur l'ensemble des régions.
12:58 Donc le but c'est vraiment, on appuie dessus, le message va être souligné,
13:03 sursouligné, service à prévente de son message sécurité,
13:06 et puis on nous promet aussi un message au territoire.
13:09 Bon alors là, je ne sais pas de quoi il s'agit exactement,
13:12 un petit cadeau surprise peut-être ce soir.
13:14 – Et peut-être un petit complément, on parle de son bilan,
13:16 ou en tout cas de ses tentatives d'avoir un bilan en matière de sécurité,
13:19 il faut peut-être se poser la question sur Gérald Darmanin,
13:21 parce qu'on parlait tout à l'heure de Nicolas Sarkozy,
13:24 qui effectivement les effectifs baissaient, mais il incarnait la sécurité,
13:27 l'autorité, et dans l'esprit de beaucoup, ça a été un formidable ministre de l'Intérieur.
13:31 Aujourd'hui Gérald Darmanin, c'est peut-être aussi beaucoup de burri pour rien,
13:35 c'est-à-dire qu'on voit des chiffres qui ne baissent pas forcément,
13:38 on voit beaucoup de communication, beaucoup de claquements de talons.
13:41 – Il y a des problèmes, Alex vous l'avez dit.
13:43 – Il y a des problèmes peut-être, mais il lui reste 4 ans,
13:45 il lui reste 4 ans s'il reste à ce poste.
13:47 Mais ça pose quand même la question de l'efficacité de sa méthode.
13:50 – Oui, les statistiques ne baissent pas, au contraire,
13:52 vous l'en parliez tout à l'heure, les chiffres de l'insécurité.
13:54 – Justement, les chiffres de l'insécurité, on en parlera demain avec Gérald Darmanin,
13:58 puisqu'il est l'invité de France Info à 7h40.
14:01 – Vous me passerez le bonjour.
14:03 – On passera vos messages Alex, dans un instant on parle d'un ambitieux
14:06 qui s'appelle Laurent Wauquiez, à tout de suite après le Fil info à 9h20, Mathilde Roubagnon.
14:10 Les habitants du Haut-Karabakh qui ont quitté l'Azerbaïdjan l'ont fait volontairement,
14:15 c'est ce qu'affirme ce matin l'ambassadrice d'Azerbaïdjan en France,
14:19 elle répond aux accusations de nettoyage ethnique au Haut-Karabakh.
14:22 Plus de 100 000 habitants de cette région ont fui en Arménie
14:26 où la ministre française des Affaires étrangères, Catherine Colonna, se rendra demain.
14:31 Une nouvelle campagne de vaccination contre le Covid commence aujourd'hui,
14:35 elle est ouverte à tous mais en priorité aux plus fragiles.
14:38 Campagne qui démarre avec deux semaines d'avance,
14:41 plusieurs variants du coronavirus circulent en ce moment en France.
14:46 Les tickets restaurants seront dématérialisés d'ici trois ans,
14:49 annonce sur France Info ce matin d'Olivia Grégoire,
14:52 la ministre déléguée aux petites et moyennes entreprises.
14:55 Objectif simplifié, et faire en sorte que ça coûte moins cher aux restaurateurs.
15:00 Plus de 30 degrés de température maximale prévue aujourd'hui à Toulouse,
15:04 à Bordeaux ou à Clermont-Ferrand.
15:06 Entre l'Auvergne et le Sud-Ouest, on attend de nouveaux records de chaleur pour un mois d'octobre.
15:11 De retour sur le plateau des informés avec Alix Bouyague,
15:24 éditorialiste politique à France Info et qui risque d'avoir des problèmes avec le ministre de l'Intérieur.
15:28 À ses côtés Audrey Tison, journaliste au service politique de France Info et Renaud Delis.
15:33 Il y en a un qui est sorti du bois ce week-end.
15:35 Il s'appelle Laurent Wauquiez.
15:36 Laurent Wauquiez, il a parlé, il a parlé.
15:38 Laurent Wauquiez qui était accusé par certains de ses proches,
15:42 dans son entourage y compris au sein des Républicains,
15:45 d'être trop discret ces derniers mois justement,
15:47 de ne pas suffisamment manifester ses ambitions présidentielles.
15:50 Il a parlé, il est prêt, a dit Laurent Wauquiez.
15:53 C'était hier devant les jeunes républicains réunis à Valence.
15:56 Prêt à quoi ?
15:57 Eh bien prêt à changer la France si demain il est candidat à la présidentielle.
16:02 Cette France des régions heureuses, c'est comprendre qu'il faut laisser respirer le pays
16:06 et arrêter de tout imposer depuis Paris.
16:08 Ce qui épuise les Français à force d'être corsetés de normes et de règles.
16:12 Et voilà la cible principale de Laurent Wauquiez pour bâtir ce qu'il appelle
16:18 cette France des régions heureuses, expression qu'il a répétée à six reprises hier lors de son discours.
16:22 Eh bien redonner du souffle, libérer la France et à s'attaquer d'abord aux normes,
16:28 aux réglementations et d'abord à celles qui pèsent sur les contraintes environnementales.
16:33 Il a d'ailleurs annoncé au passage ce week-end, Laurent Wauquiez,
16:36 qu'il souhaitait que sa région Auvergne-Rhône-Alpes quitte le dispositif zéro artificialisation des sols,
16:42 qui est un dispositif défini par la loi, la loi Climat et Résilience de 2021,
16:47 qu'il qualifie d'ailleurs de loi "ruralicide", c'est l'expression de Laurent Wauquiez,
16:51 mais qui est pilotée par les régions.
16:53 Donc ce dispositif, Laurent Wauquiez, qui prend résolument le ton d'une croisade anti-écolo en quelque sorte.
17:00 Pourquoi ce tournant, cette prise de position, Alex Bouyagué ?
17:04 Il applique un principe qui a été dicté par Georges Pompidou,
17:09 qui est qu'il faut arrêter d'emmerder les Français.
17:11 Et donc lui, il se place comme le candidat des territoires, le candidat de la ruralité,
17:16 avec à la fois, grosso modo, des métropoles riches versus des campagnes appauvries.
17:24 Alors pourquoi il fait ça ?
17:26 Parce que ça lui permet de parler justement à cette France des territoires.
17:30 Donc il n'y va pas par le dos de la cuillère.
17:33 Les écolos, c'est des "y'a la taula" écologistes,
17:37 il ne veut pas une écologie de contrainte, il veut au contraire, ce que vous disiez, la ruralicide.
17:44 Enfin, c'est un mot quand même qui a ses torts.
17:47 La ruralicide, ça veut dire que cette loi vise à éradiquer la ruralité et ses habitants, selon lui.
17:52 Oui, oui, je te rappelle, l'écologie, ça commence à bien faire de Nicolas Sarkozy.
17:55 Oui, oui, exactement. Il est pro-chasse, il est pro-agriculteur, il est pro-mère-ruraux, il est pro-emploi,
18:00 donc il préfère mettre un Center Parcs qu'autre chose.
18:03 Donc vraiment, son objectif, c'est de parler à cette classe moyenne
18:07 qui croule sous l'inflation, sous l'électricité, sous les hausses de prix de l'électricité,
18:11 qui a l'impression de ne pas être entendue, de ne pas être soutenue.
18:14 Et donc, il a aussi en arrière-plan cette espèce de climat social qui est assez tendu.
18:20 Et donc, oui, clairement, il a choisi son camp.
18:23 Audrey Tison, ça peut marcher politiquement de tenir ce genre de discours ?
18:28 Le but, c'est de convaincre justement la ruralité, ceux qui se sentent éloignés ?
18:33 C'est un contre-discours à celui de la Macronie.
18:36 Donc, pour une fois, Laurent Wauquiez prend une position claire.
18:40 C'est quand même notable, parce qu'en vrai, il prend une position, elle est déjà satisfaite.
18:44 Non, mais parce qu'on l'a assez peu entendu sur les dossiers d'actualité ces derniers temps,
18:50 même ces dernières années.
18:52 Il est donc, nous dit-on, concentré sur sa région,
18:55 et en même temps, il se prépare activement pour des échéances, pour 2027, on le sait.
19:01 Il répète sans cesse sa détermination quand on arrive à le croiser, à l'interroger autour d'un café.
19:08 Mais c'est bien difficile de le faire venir sur les plateaux.
19:11 Il refuse toutes les invitations.
19:13 Il se vante de ne pas accepter les interviews en plateau, etc.
19:16 et de ne pas avoir à commenter l'actualité.
19:19 Lui, il prend de la hauteur, il prend du recul.
19:22 Donc, il est en train de nous concocter apparemment un programme présidentiel.
19:26 Et là, il avance enfin sur un sujet concret, le sujet de l'écologie.
19:31 Il prend cette prise de position un petit peu clivante sur les ânes,
19:35 zéro artificialisation nette, et ça parle à cette France rurale,
19:40 et notamment à tous ces petits maires qu'on a notamment...
19:43 Enfin, moi, j'étais allée les voir en reportage en amont des sénatoriales,
19:47 et ils en ont marre du carcan administratif.
19:50 Et en effet, certains me disaient, nous, on aimerait bien construire un petit peu plus,
19:54 un nouveau lotissement, on n'est pas si loin d'une agglomération,
19:57 mais on ne peut plus parce qu'on va être bloqué par cette loi ZAN.
20:01 Ce qui est intéressant, je trouve, dans le positionnement de Laurent Wauquiez,
20:04 c'est que le positionnement de base n'est pas très nouveau.
20:07 Alex Bouiaguet a cité Georges Pompidou,
20:10 quant au candidat qui prend du recul, qui refuse des médias,
20:13 on a vu ça des tonnes de fois.
20:15 On a notamment en mémoire Jacques Chirac prenant du recul avant de se lancer en 1995.
20:19 Donc, ça, c'est des grands classiques.
20:21 Ce qui me semble intéressant, c'est que Laurent Wauquiez,
20:24 quand on regarde son attitude politique ces dernières années,
20:27 lorsqu'il s'est fait entendre, effectivement, ces moments sont devenus plus rares,
20:30 ça a souvent été un peu le thermomètre des oscillations du populisme
20:33 dans le débat politique.
20:34 On se souvient, par exemple, qu'il avait fustigé sur tous les tons
20:37 ce qu'il appelait le "cancer de la cistana", pour dénoncer des dérives liées au RSA.
20:41 Il en avait fait un thème extrêmement, il avait des propos extrêmement violents,
20:44 extrêmement brutaux sur ce sujet-là.
20:46 Même chose, lorsqu'il dénonçait l'invasion du Burkini sur nos plages,
20:50 c'était devenu une croisade extrêmement importante pour lui.
20:54 Alors, dans ces cas précis, d'ailleurs, ce n'est pas lui qui en a tiré
20:57 le bénéfice politique personnel, mais en tout cas, il avait senti,
21:01 dans l'opinion, des thèmes qui ont fonctionné,
21:04 qui ont plutôt nourri d'ailleurs la droite extrême ou l'extrême droite,
21:07 plutôt qu'il n'en ait tiré un profit.
21:09 Là, s'il prend ce positionnement anti-écolo, très clairement,
21:12 en expliquant trop de normes, trop de réglementations,
21:14 au nom de la fameuse âne qu'évoquait à l'instant André Tison,
21:17 c'est parce qu'il voit qu'au-delà même, d'ailleurs, de nos frontières,
21:22 il y a une forme de montée des partis populistes d'extrême droite
21:27 qui disent "non, bien sûr, le réchauffement climatique existe,
21:30 il y a un danger pour notre environnement",
21:32 mais qui sont hostiles à toutes les mesures et toutes les contraintes
21:35 liées justement à ces politiques-là.
21:36 On peut penser aussi à un autre débat qui est en train de monter,
21:38 et Bruno Le Maire l'a évoqué lui-même la semaine dernière,
21:40 c'est l'allocation des passeports thermiques,
21:42 l'interdiction future de l'allocation des passeports thermiques.
21:44 - Toute petite parenthèse, il n'est pas le seul à droite à faire cette stratégie,
21:48 Edouard Philippe, qu'est-ce qu'il dit ?
21:49 Il veut la lever de l'interdiction de l'allocation des passeports thermiques,
21:52 ça aussi c'est une mini-bombe,
21:54 et donc ça veut dire qu'ils ont tous compris
21:58 qu'il fallait aussi regarder du côté des classes moyennes.
22:00 - Merci beaucoup, merci à tous les trois,
22:02 Alex Bouillaguet, éditorialiste politique à France Info, Télécanal 27,
22:05 Audrey Tison, merci d'être venu ce matin,
22:07 journaliste au service politique de France Info,
22:09 bon reportage à vous, Renaud Delis, on se retrouve demain.
22:11 - Avec plaisir, Salia Adam.
22:12 - Avec plaisir, les informations de retour ce soir à 20h
22:15 avec Bérangère Bonte et Jean-François Aquilli.
22:17 ♪ ♪ ♪